Vie privée & données personnelles en ligne

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dimanche 8 juin 2008

Google + Google Health + 23andMe...

art Monde 23andMe

Pour 1 000 dollars, la start-up californienne 23andMe décrypte le génome de ses clients et affiche les résultats sur Internet. Ce n'est que l'une des nombreuses start-ups qui prolifèrent sur ce créneau des tests génétiques proposés via Internet - tests de paternité, tests ADN, ou encore tests «ethniques»... C'est aux Etats-Unis que le marché explose, mais l'Europe suit le mouvement. Notamment dans le créneau de la recherche de paternité. Alors qu'une étude de la revue scientifique The Lancet soulignait qu'un enfant sur 30 ne serait pas de son père déclaré, problèmes identitaires et judiciarisation des affaires familiales oblige, le business des tests ADN de paternité est prometteur. Comme j'en parlais dans cette enquête, publiée il y a quelques temps.

Le Monde revient longuement sur l'exemple de 23andMe, dans cette enquête passionnante de Yves Eudes. qui esquisse les dangers (en termes éthiques, de confidentialité des données des individus...) de ce nouveau type d'offres ; mais aussi les espoirs que cela suscite chez les individus. Troublant , le fait que le code génétique est constitutif de l'identité de l'individu, dans sa part la plus intime. Grâce à lui, il peut connaître ses prédispositions à certaines maladies, ses origines ethniques...

Indéniablement, les perspectives en médecine préventive sont prometteuses. Dont pour des individus atteints de maladies orphelines, ces maladies trop rares pour que les labos pharmaceutiques daignent y consacrer des recherches. Yves Eudes raconte ainsi le cas émouvant de Ann Turner, atteinte d'une maladie orpheline, et qui se bat pour mener ses propres recherches de généalogie pour rechercher le gène responsable de sa maladie.

On y apprend au passage que 23andMe a été créée en 2007 par Anne Wojicki... une biologiste qui est l'épouse de Sergey Brin, cofondateur de Google. Alors certes, pour rassurer ceux qui craindraient une fuite non-autorisée de leurs informations et données personnelles , 23andMeaffirme que sa base de données est très sécurisée. Et fait signer à ses clients un formulaire de consentement, avec un avertissement: "Des données que vous partagez avec des amis, des parents (...) peuvent être utilisées conte votre intérêt. (...). Aujourd'hui, très peu d'entreprises et de compagnies d'assurances exigent de vous des informations génétiques, mais cela pourrait changer dans l'avenir. (...) Un jour, des données que vous aurez divulguées pourraient servir à vous refuser un emploi ou une assurance maladie". Troublant, non ?

Autre fait qui me trouble davantage encore, on connait les velléités du géant Google à s'emparer des questions de santé en tant qu'opérateur privé. D'ailleurs, depuis mai, il propose Google Health, un service pour stocker, gérer et partager ses données médicales, accessible avec un compte Gmail, comme le résume cet article de 01net.

23andMe, Google Health, deux activités connexes, complémentaires, pour Google, qui posent vraiment question à mon avis.

lundi 19 mai 2008

La CNIL veut davantage d'autonomie

... Et à tous points de vue. Lors de la présentation de son rapport d'activités annuel, la CNIL a annoncé avoir proposé au gouvernement un nouveau mode de financement, basé sur un abonnement annuel des entreprises et collectivités recourant à ses services. Ce qui lui permettrait de ne plus dépendre des subsides publics, comme j'en parle dans cet article dans Les Echos d'aujourd'hui.

Et ce dans un contexte où, plus que jamais, elle veut être la gardienne des libertés personnelles : vidéosurveillance, biométrie, conservation des données des internautes par les réseaux sociaux figurent parmi les dossiers chauds du moment. Et ce alors que le gouvernement lui présente cette semaine son nouveau projet de carte d'identité biométrique, discuté au Parlement cet automne... Lequel gouvernement est passé outre l'avis de la CNIL (à lire ) pour lancer par décret le futur passeport biométrique, qui sera doublé d'une base de données centralisées. A suivre de très près, à mon avis.

lundi 25 février 2008

La CNIL s'inquiète des projets européens de vidéosurveillance

De quoi se sentir plus anti-vidéosurveillance que jamais... J'en parle dans Les Echos d'aujourd'hui (article , accès libre pour les non-abonnés à partir de demain), le président de la CNIL Alex Türk s’inquiète des projets européens de vidéosurveillance, pour le moins préoccupants en termes de respect de la vie privée et de conservation des données personnelles d'individus par des sociétés privées...

Avec notamment le projet OpTag, doté d’un budget de 20 millions d'euros, carrément financé par la Commission européenne : il vise à pister les passagers aériens avant leur embarquement, par la vidéosurveillance et des puces RFID insérées dans les billets. Officiellement, il s’agirait de « repérer les 5 % de flâneurs qui retardent le départ des avions en traînant dans l'aérogare » - sic. Une justification absurde, qui montre que les initiateurs d'un tel projet cherchent à peine à masquer son caractère liberticide... C'est finalement cela qui est le plus flippant : leur certitude que ce projet verra de toute manière le jour.

En France, le thème de la vidéosurveillance est pour le moins épineux, alors que le ministère de l’Intérieur veut tripler, en deux ans, le nombre de caméras sur la voie publique, pour passer de 20 000 à 60 000. Et que la Place Beauvau vient de lancer la Commission nationale de la vidéosurveillance (voilà pour la présentation officielle) - contestée par la CNIL - participent des élus, des juristes, des représentants de la police, de la gendarmerie et des transports publics... mais pas de représentants d'associations, telles que Souriez vous êtes filmés.

vendredi 15 février 2008

Identité numérique - suite (ZDNet)

CardSpace, ClaimID, Thawte, MyID.is, FC²... Les projets autour de la gestion et la certification de l’identité numérique des internautes sont nombreux et explorent des voies diverses. Second volet de l'enquête que j'y ai consacrée pour ZDNet, consultable .

jeudi 14 février 2008

Identité numérique - volet 1 - OpenID (ZDNet)

Premier volet publié , avec un focus sur OpenID, pour une enquête pour ZDNet, que j'ai consacrée à l'identité numérique. Aujourd’hui, comment l’internaute utilisateur de multiples applications et services web qui demandent un login et un mot de passe, peut-il gérer ses identités, parfois multiples, sans être victime d’une usurpation d’identité ? La question de la gestion de l’identité numérique promet d’être centrale ces prochaines années. D’ailleurs, industriels et start-ups planchent sur leurs propres solutions. Même la CNIL s’apprête à se pencher sur le sujet...

vendredi 11 janvier 2008

MyID.is et l'identité numérique des internautes

Le projet est peu connu, mais le sujet concerne tout le monde. Et touche en plus à toutes les phobies autour du phishing, de l'usurpation d'identité et de réputation en ligne, à la cyber-criminalité...

La start-up MyID.is, lancée en avril dernier par Charles Nouÿrit, va lancer cette année un service d'authentification de l'identité numérique des internautes sur la Toile. A mon avis, ce n'est que le premier projet sur ce marché incroyablement complexe et prometteur. J'en parle dans cet article, publié dans Les Echos d'hier.

lundi 19 novembre 2007

L'application Facebook "Compare people" rendrait l'accès possible aux profils

Cette info va rajouter du grain à moudre aux anti-facebook (dont certains ont constitué des groupes anti-FaceB au sein de ce réseau, comme le relatait ce papier du Monde), alors que le débat enfle à propos de la préservation des données à caractère personnel sur Facebook. A suivre de près d'ailleurs, ces conseils avisés de Mashable France pour y préserver votre privacy.

C'est au détour d'une brève publiée par le JDNet que l'on apprend ce matin que le caractère privé des profils Facebook serait violé par l'application "Compare People", conçue par la société Chainn. Selon cet article du site Valleywag.com, elle permettrait aux moteurs de recherche d'avoir accès aux informations des profils ayant installé l'application, soit environ 10 millions de membres selon AllFacebook.com., blog unofficial - et très critique - consacré à FaceB. En clair, si j'ai installé l'appli "Compare people" sur ma page Facebook, n'importe qui pourrait accéder à des infos sur mon profil via Google ou MSN, même s'il n'est pas inscrit à FaceB. Qui plus est, "the chainn.com domain is registered to Naval Ravikant, a cofounder of the shopping-review site Epinions", précise Vallywag. Je vous laisse imaginer les conséquences possibles...

A suivre donc... En tous cas, cette nouvelle info, si elle est confirmée, ne fera pas plaisir à la CNIL, avec laquelle Facebook est en négociations (mais Facebook étant basé aux US, l'avis de la CNIL est purement consultatif - CQFD) , tout comme avec le Club de Berlin, un groupe de travail international.

jeudi 16 août 2007

Un Big Brother high-tech en Chine

D'après cet article dans l'International Herald Tribune, la police chinoise va déployer 20 000 caméras "intelligentes" afin d'identifier personnes et comportements "suspects" à Shenzhen, qui compte déjà environ 180 000 caméras privées. Autre fait préoccupant, les habitants des grandes villes devront porter des cartes électroniques de résidents incluant leurs données scolaires, professionnelles, policières, ethniques, religieuses, etc. A l'origine du projet, une société US, China Public Security Technology dont le créateur, inspiré par Bush, a été impressionné par l'utilisation des nouvelles technologies en Irak.

Un projet qui aurait ss doute été décrié dans le monde entier s'il avait été lancé dans la foulée de Tian'anmen. Mais la peur du terrorisme a affaibli l'hostilité du public, comme le souligne l'IHT

lundi 23 avril 2007

Les prémices de l'Etat policier sur Internet ?

"La France est sur le point de devenir fasciste", estime un de mes amis, un chercheur qui vit depuis quelques mois en Italie. Nous avons eu quelques échanges vifs sur le terme fasciste ce matin (surtout venant d'un Italien...), pour étayer ses dires, il a tenu à me parler de la Loi sur la prévention de la délinquance et de l'analyse qu'en fait Reporters sans frontières. Une manière pour Sarkozy de préparer le terrain ?

Il y a aussi ce texte dont on parle déjà beaucoup sur la Toile.

"Un décret qui, s'il était appliqué, tuerait l'Internet "made in France". En effet, sous prétexte de surveiller au plus près les internautes, un décret d'application de la loi sur la confiance dans l'économie numérique du 21 juin 2004, exige que les éditeurs de sites, les hébergeurs, les opérateurs de téléphonie fixe et mobile et les fournisseurs d'accès à Internet, conservent toutes les traces des internautes et des abonnés au mobile, pour les délivrer à la police judiciaire ou à l'Etat, sur simple demande. ... Le décret en préparation exprime le fantasme "Big Brother" : tout savoir sur tout et tous, même l'impossible. Selon ce texte, les opérateurs téléphoniques, les fournisseurs d'accès à Internet, les hébergeurs et les responsables de services en ligne (sites Web, blogs, etc.), devraient conserver pendant un an à leurs frais toutes les coordonnées et traces invisibles que laissent les utilisateurs lors d'un abonnement téléphonique ou à Internet, lors de leurs déplacements avec un téléphone allumé, lors de chaque appel ou de chaque connexion à Internet, de chaque diffusion ou consultation sur le Web d'un article, d'une photo, d'une vidéo, ou lors de chaque contribution à un blog."

Assez flippant, sur ce qui nous attend peut-être ? A lire, "L'Etat veut-il tuer Internet en France ?" Une tribune de Philippe Jannet, directeur des éditions électroniques des Echos, et président du président du Groupement des éditeurs de sites en ligne (Geste).

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