Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Ecrans2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearNetflix s'offre un peu d'histoire sur Hollywood Bd avec l'Egyptian Theaterurn:md5:da468ec7086f0cd591de62d4f8aaa7db2023-11-09T22:22:00+01:002023-11-09T23:14:23+01:00Capucine CousinEcranscinemaHollywoodNetflixstreaming <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.photo_Egypt_theater_travx_m.jpg" alt="photo Egypt theater travx.jpg, nov. 2023" /></p>
<p>Photo CC - prise à Hollywood Bd, Los Angeles, mars 2023</p>
<p><strong>Ç</strong>a y est, Netflix vient d'inaugurer «son» nouveau cinéma, ce 9 novembre, sur Hollywood Boulevard à Los Angeles. Il n'a pas choisi n'importe quel cinéma: c'est l'<strong>Egyptian Theater</strong>, dont l'architecture similaire à celle d'un temple égyptien évoque bien la recherche d'"exotisme" qui était en vogue à Hollywood dans les années 1920.</p>
<p>Lorsque j'ai parcouru Hollywood Bd à LA, au mois de mars, j'avais aperçu ce cinéma encore en travaux de restauration derrière des bâches. Non sans tristesse, j'avais remarqué que la plupart des anciens cinémas de cete avenue étaient à l'abandon, ou reconvertis en boutiques. A part ce nouveau cinéma, il ne reste plus que le Chinese Theater, qui appartient maintenant à... TCL, un géant chinois de la tech.</p>
<p><strong>Avant-première mondiale du prochain film de David Fincher</strong></p>
<p>Ce cinéma centenaire rouvre donc cette semaine après une rénovation évaluée par la presse à 70 millions de dollars. C'est bien Netflix, qui, associé à la Cinemathèque US, l'a restauré à grand frais, avec pour objectif d'utiliser cet endroit somptueux comme lieu pour des avant-premières et des événements. Ce jeudi 9 novembre, il devait y accueillir l'avant-première mondiale de <em>The killer,</em> prochain film de David Fincher - collaborateur de longue date de la plateforme, depuis sa mythique série politique <em>House of Cards</em>. Film qui, dans la grande tradition netflixienne, sera ensuite réservé aux seuls abonnés de la plateforme.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Netflix_Egyptian_Theatre_10222023_0377__1__m.jpg" alt="Netflix_Egyptian_Theatre_10222023_0377__1_.jpg, nov. 2023" /></p>
<p>The Egyptian Theatre a accueilli pa première avant-première mondiale e 1922. Photographie: Courtesy Netflix</p>
<p><strong>A</strong>vec ce cinéma, Netflix s'offre un lieu emblématique, sur le <strong>Walk of Fame</strong>, l'Avenue du cinéma, mais aussi un lieu classé, chargé d'histoire. Comme s'il s'inscriait dans les pas des grands studios d'antan. L'Egyptian Theater, qui a accueilli la première avant-première d'un film à Hollywood en 1922, a accueilli des premières de films les plus prestigieux, de <em>Ben-Hur</em> à <em>My Fair Lady</em> en passant par le <em>Retour du Jedi</em>. Il projettera des films classiques le week-end, programmés par l'American Cinemateque, l'organisation à but non lucratif qui possédait auparavant le théâtre. En semaine, il accueillera des projections pour Netflix.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.3840_m.jpg" alt="3840.jpg, nov. 2023" /></p>
<p>Il est assez ironique que cette inauguration intervient alors que les acteurs hollywoodiens ont achevé la veille un long mouvement de grève (116 jours !), déclenché en grande partie par les perturbations économiques provoquées par la montée en puissance du modèle de streaming en ligne de Netflix.
Il est d'autant plus ironique de voir <a href="https://www.netflix.com/fr/title/81586257">ce documentaire</a> de 10 minutes publié par Netflix sur l’Egyptian Theater qui célèbre le pouvoir inégalé de regarder des films collectivement sur un écran géant.
Netflix, dont le modèle économique a conduit de nombreuses personnes à regarder des films seuls sur leurs ordinateurs portables et leurs téléphones. Un modèle économique qu'il a réussi à imposer en moins de dix ans en Europe, comme je le rappelle dans la réédition de mon livre, <em>Netflix, Amazon, Disney & Cie - La bataille des nouveaux titans de l'audiovisuel</em> (<a href="https://www.dunod.com/lettres-et-arts/netflix-amazon-disney-cie-bataille-nouveaux-titans-audiovisuel">lien par ici</a>).</p>
<pre></pre>
<p>Ce n’est pas la première fois que Netflix acquiert une salle de cinéma historique pour accueillir des événements et montrer son engagement envers les traditions de l’industrie. En 2019, la société a conclu un accord similaire pour restaurer et rouvrir le Paris Theater de New York, un ancien théâtre d’art et essai et le dernier cinéma à écran unique de Manhattan.</p>Quand les professionnels du cinéma s'inquiètent du projet de Festival Netflix... en sallesurn:md5:5b8ccd4c6e9cb20e32f23d1bc1b622c22021-10-27T12:22:00+02:002021-10-27T17:24:09+02:00Capucine CousinEcransdistributeursfestival de cinémaNetflix <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/pouvoir-du-chien2021082403.jpg" alt="pouvoir-du-chien2021082403.jpg, oct. 2021" /></p>
<p><strong>P</strong>our ma chronik du moment, je ne pouvais pas passer à côté de ce qui risque d'être bien plus qu'une petite polémique picrocholine.</p>
<p>Cette semaine, on apprenait que Netflix lui-même a prévu d'organiser, courant décembre, une poignée de projections événementielles autour de certains de ses longs-métrages. Dans des salles de cinéma. Ce sont même des salles art et essai, des réseaux MK2, Utopia ou encore Lumière de Thierry Frémaux à Lyon, qu'il a approchées, selon la revue spécialisée <em>Le Film Français</em>, qui a révélé l'info.</p>
<p>Ce sont donc des films produits et/ou commandés par Netflix - qui avaient vocation à être diffusés uniquement sur la plateforme - qui y seront projetés. La plupart de ceux programmés seront déjà disponibles sur la plateforme, seuls quelques-uns d'entre eux feront l'objet d'avant-premières, étant véritablement inédits.</p>
<p>Le projet n'est pas encore bouclé qu'il provoque déjà une levée de boucliers chez les syndicats professionnels, notamment du côté des distributeurs et associations de cinéastes, comme l'a relevé <a href="https://www.boxofficepro.fr/">BoxOffice Pro</a>.</p>
<p><strong>D</strong>ès lundi, le puissant distributeur Le Pacte dénonçait <a href="https://le-pacte.com/france/news/cp-dire-sdi">dans un communiqué</a> l'initiative, portée "par des salles de cinéma d’art et essai emblématiques courant décembre".</p>
<p><strong>M</strong>ardi, le syndicat des distributeurs indépendants (SDI) et les distributeurs indépendants réunis européens (DIRE) fustigeaient l'initiative dans un communiqué commun, y voyant <em>«une campagne marketing de grande échelle, une bande-annonce promotionnelle géante pour inciter des spectateurs de cinéma à s'abonner à un service payant»</em>. Les cinéastes de l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID), pour leur part, rappelaient que <strong><em>«Les films de cinéma n’existent que s’ils sont vus dans des salles de cinéma»</em></strong> - vous noterez la définition de ce qu'est un film pour eux, on y reviendra. Ils faisaient référence à l’action symbolique menée le 14 mars dernier par 22 cinémas, qui avaient alors ouvert leurs portes au public pour contester la fermeture prolongée des lieux culturels.</p>
<p><strong>L</strong>a Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF) a ensuite réagi ce mercredi, ainsi que la Fédération nationale des cinémas (FNC), cette dernière estimant que ce projet de “Festival Netflix” <em>«sèmerait clairement la confusion en termes de perception de la chronologie des médias entre les films de cinémas et les productions Netflix pour les spectateurs et les médias»</em>.</p>
<p>L'Association Française des cinémas art et essai (AFCAE), dénonce elle aussi ce mercredi la <em>«forte dimension symbolique et politique»</em> de ce 'festival' organisé par Netflix, qui vise à <em>«faire la promotion d’une plate-forme</em>».</p>
<p>Pas faux. Si ce n'est que durant la crise sanitaire, certains producteurs et distributeurs des deux syndicats n'avaient pas hésité à vendre directement des films aux plateformes de streaming - dont Netflix, comme le souligne Le Figaro.</p>
<p>En clair, Netflix démarche actuellement des exploitants de salles de cinéma art et essai pour organiser ce festival, en leur proposant une programmation alléchante, <a href="https://www.liberation.fr/culture/cinema/avis-de-tempete-sur-le-projet-de-festival-netflix-en-salles-20211026_G5OF72DSZ5HVBBNCWJBUOKWXHY/?redirected=1">rapporte</a> <em>Libération</em> - des productions Netflix, parfois déjà passées par les grands festivals, telles les premières réalisations des actrices Rebecca Hall et Maggie Gyllenhaal (<em>Clair-Obscur</em> et <em>The Lost Daughter</em>) ; <em>The Hand of God</em> de Paolo Sorrentino, primé à Venise ; la dernière satire d’Adam McKay (avec Leonardo DiCaprio) <em>Don’t Look Up</em> ; ou encore le très attendu <em>le Pouvoir du chien</em> de Jane Campion, prévu sur la plateforme le 1er décembre.</p>
<p>Du Netflix dans les salles de cinéma, ce serait bien une première. Dans l'Hexagone, tout juste avait-on vu Netflix organiser quelques projections événementielles privées pour certaines productions exceptionnelles - comme <em>The Irishman</em> de Martin Scorsese projeté (une fois) à la Cinémathèque de Paris.</p>
<p>Mais ce projet de 'festival Netflix', s'il aboutit, permettrait à la firme de Los Gatos de creuser une brèche, une fois de plus, et de jouer le paradoxe,
alors que son fondateur Reed Hastings a toujours dit que les productions Netflix avaient vocation à être réservées exclusivement à ses abonnés.</p>
<p>La question est toujours la même: <strong>un film doit-il sortir en salles pour être un *vrai* film</strong>, comme l'évoque l'ACID? Et donc, un long métrage diffusé uniquement sur une plateforme de streaming est-il toujours un film?</p>
<p>C'est déjà la question en creux dans le conflit entre Netflix et les organisateurs du festival de Cannes, qui, cette année encore, ont refusé des productions Netflix en compétition officielle (dont les films des Jane Campion et Paolo Sorrentino) tant qu'elles ne sortent pas en salles *dans des conditions normales*.</p>
<p>En outre, ces films de Netflix viendraient de facto concurrencer les films des circuits traditionnels, pour lesquels les entrées reprennent (très) lentement.</p>
<p>Ensuite, un festival de Netflix pourrait de nouveau brouiller le message sur la chronologie des médias, soit les fenêtres de diffusion des films sur les différents supports - alors que les professionnels du secteur discutent actuellement de celle-ci. Mais il faudra bien faire une place dans cette chronologie aux plateformes de streaming comme Netflix puisqu'elles ont désormais des obligations de financement du cinéma.</p>'Dune' va être diffusé en salles de cinéma... et sur petits écrans aux US (et pourquoi cela fait polémique)urn:md5:00cb7f8d36578b632daec13e963a64912021-09-28T12:21:00+02:002021-09-28T15:00:30+02:00Capucine CousinEcransDuneHBO MaxScience fictionstreaming vidéoSVoD <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe width="250" height="120" src="https://www.youtube.com/embed/CjVqieIWGjM?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p><strong><em>Dune</em></strong> a le potentiel pour devenir le plus grand film de l'année. En France et en Europe, comme attendu, c'est un succès public et critique quasi-unanime: 1,6 millions d'entrées en cumulé à ce jour, une diffusion sur 893 écrans, depuis sa sortie il y a bientôt deux semaines, 13,4 millions de dollars de chiffre d'affaires... Et il totalise déjà 75 millions de dollars au box-office mondial (les 24 pays où il est déjà sorti). Pas mal pour un film au budget de 165 millions de dollars.</p>
<p>Ce n'est pas totalement une surprise pour le film crépusculaire de Denis Villeneuve, nouvelle adaptation du romain-culte de science-fiction de Franck Herbert, un des blockbusters les plus attendus de l'année.</p>
<p>Et pourtant, ce film va sortir dans des conditions particulières aux Etats-Unis, où il sortira seulement le 22 octobre prochain. J'en parlais dans ma <del>bafouille</del> chronique <a href="https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/tech-and-co/la-sortie-du-film-dune-l-entree-de-netflix-dans-le-transmedia-le-debrief-de-l-actu-tech-du-lundi-27-09_VN-202109270504.html">hier soir</a> dans <em>'Tech & co</em>' sur BFM Business, il va sortir à la fois en salles *et* sur la plateforme de streaming de la Warner, HBO Max, le 22 octobre. Et cela fait déjà polémique, comme le montre une tribune que vient de publier le très influent <em>Variety</em>, la Bible du business à Hollywood.</p>
<p>Pourquoi ? Parce que, que ce soit un succès ou pas au box office, c'est le film <em>«le plus grandiose depuis longtemps, avec les images et les sons qui remplissent l'écran et remplissent les sens»</em>, écrit Owen Gleiberman. Et c'est vrai que le film vous transporte sur la planète désertique d'Arrakis, pendant 2 heures et 35 minutes, vous y vivez, vous y êtes. Comme dans <em>Blade Runner 2049</em>, Denis Villeneuve prend son temps pour nous montrer ce désert sableux aux couleurs ocres - tourné en bonne partie dans les déserts de Jordanie et d'Abu Dhabi. Ce film est calibré pour être vu sur très grand écran - au cinéma, donc.</p>
<p><em>«Pourquoi ce film de pop-corn de science-fiction incroyablement épique, visuellement spectaculaire et unique en son genre sortirait-il le 22 octobre sur un téléviseur près de chez vous ?»</em>, s'insurge Owen Gleiberman.</p>
<p><strong><em>'It's all business, folks</em></strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.1588861885_m.jpg" alt="1588861885.jpg, déc. 2020" /></p>
<p><strong>O</strong>n connaît la réponse, et elle répond à une logique imparable (ou presque). <em>It's all business, folks</em>. En fait, la Warner Bros, énorme conglomérat détenu par l'opérateur télécom AT&T, possède également HBO Max, le service de streaming où <em>Dune</em> sera mis à la disposition (sans frais supplémentaires) des abonnés. Elle veut faire tout son possible pour mettre son nouveau service de streaming en orbite. Et comme les gens, pendant la majeure partie de l'année dernière, ne pouvaient pas aller au cinéma, il a été décidé, comme je l'expliquais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/12/04/Le-coup-de-canif-de-la-Warner-%C3%A0-l-industrie-du-cin%C3%A9ma-%28des-sorties-en-salles-bient%C3%B4t-d%C3%A9su%C3%A8tes-%29">alors dans ce billet</a>, que chacun des films 2021 du studio serait disponible, le jour même de sa sortie en salles, sur HBO Max.</p>
<p>Mais pour <em>Variety</em>, cette stratégie est vouée à l'échec. <strong>Un</strong>, le film sera moins rentable en sortant à la fois en salles et en streaming vidéo, puisqu'il sera proposé gratuitement aux abonnés HBO Max. <strong>Deux</strong>, cette sortie 'hybride' réduira l’impact événementiel de la sortie du film, s'il sort aussi sur petits écrans. Rappelons qu'il a été vendu comme *le* nouveau <em>Star Wars</em> ou <em>Le seigneur des anneaux</em> de l'année. En l'occurrence, Le film spectaculaire, à voir au cinéma - c'est l'essence du cinéma depuis 100 ans, de <em>Lawrence d'Arabie</em> à <em>Star Wars</em>, vous allez voir un film à grand spectacle. <em>Trois</em>, toute l'industrie du cinéma table sur le succès de <em>Dune</em> en salles, qui est censé marquer le regain d'intérêt du grand public pour le cinéma - malgré le pass sanitaire et autres aléas. <em>Tenet</em> était supposé être le film qui marquerait le retour en salles, ça n'a pas été le cas.</p>
<p>Au passage, on notera que Disney, qui avait adopté la même stratégie fin 2020, vient de faire marche arrière : il a annoncé le 10 septembre que tous ses films dont la sortie est prévue d'ici la fin de l'année seront désormais *d'abord* diffusés dans les cinémas. Des blockbusters susceptibles de faire (re)venir les foules dans les familles en salles à l'approche des fêtes de fin d'année, tels le film d'animation <em>Encanto</em>, qui sortira sur grand écran le 24 novembre, <em>The Last Duel</em> de Ridley Scott, <em>Eternals</em> des studios Marvel, ou encore le <em>West Side Story</em> de Steven Spielberg. Aux Etats-Unis, ils seront réservés aux salles obscures pendant 45 jours consécutifs au moins avant d’être proposés sur la plateforme de streaming vidéo Disney+.</p>
<p>Il est vrai que, cet été, l'actrice Scarlett Johansson <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2021/08/03/Scarlett-Johansson-vs-Disney%3A-comment-Mickey-compromet-lourdement-le-cin%C3%A9ma-en-salles">a poursuivi</a> Disney en justice pour avoir sorti en même temps sur Disney+ et au cinéma <em>Black Widow</em>. Une rupture de contrat qui lui aurait coûté des millions de dollars.</p>Amazon fait son entrée au festival de Cannes, après Hollywoodurn:md5:232773609039e82ed5deadec66a70b8b2021-06-07T15:49:00+02:002021-06-08T09:55:04+02:00Capucine CousinEcransAmazon PrimeAmazon StudiosChronologie des médiasFestival de CannesHollywoodNetflixOscars <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.5c92ed6f240000ad064df325_m.jpg" alt="5c92ed6f240000ad064df325.jpeg, juin 2021" /></p>
<p><strong>U</strong>ne première, nouvelle preuve des bouleversements à vitesse accélérée que connaît l'industrie du cinéma, malmenée à l'heure de la pandémie.</p>
<p>Amazon fera son entrée dans la prochaine édition du Festival de Cannes, avec un film en compétition, ont annoncé ses organisateurs jeudi dernier. L'heureux élu: le film <strong><em>Annette</em></strong>, qui signe le grand retour du réalisateur franco-américain <strong>Leos Carax</strong>, neuf ans après la présentation de <em>Holy Motors</em>, et avec Marion Cotillard et Adam Driver en têtes d'affiche. Un <em>musical</em> dont la musique a été écrite et composée par les fondateurs du groupe pop californien Sparks, déjà guetté par les cinéphiles, où Adam Driver jouera un comédien de stand-up, et Marion Cotillard sa femme chanteuse d’opéra.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe width="425" height="350" src="https://www.youtube.com/embed/di3mNRymKZg?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p><strong>M</strong>ieux, ce film fera l'ouverture du festival de Cannes, le 6 juillet prochain. Décidément, alors que le Festival va rouvrir dans des conditions à peu près normales, après une édition 100% numérique l'an dernier en raison de la pandémie, le tapis rouge est déroulé à son producteur, Amazon Studios. La raison? Le géant du e-commerce, qui a progressivement déployé ses ailes dans la production audiovisuelles et la diffusion via son propre service de streaming vidéo sur abonnement, Amazon Prime Video, lancé en décembre 2016, coche toutes les cases pour figurer en compétition à Cannes, avec sa production: <em>«Amazon accepte que le film soit projeté en salles. Donc Annette est en compétition à Cannes»</em>, expliquait jeudi dernier Thierry Frémaux, délégué général du Festival, <a href="https://variety.com/2021/film/news/cannes-film-festival-thierry-fremaux-women-netflix-1234988217/">dans une interview</a> à l'hebdomadaire californien <em>Variety</em>.</p>
<h3>Netflix toujours persona non grata</h3>
<p>Ce qui n'est pas le cas de Netflix, toute-puissante avec ses 208 millions d'abonnés, qui, selon les organisateurs du Festival, n'accepte toujours pas de jouer les règles du jeu du festival français - soit de sortir son film en salles dans des conditions normales. Pour le festival de Cannes, un film est un 'vrai' film dès lors qu'il sort en salles. <em>«Un film est toujours un travail artistique qui doit être découvert sur grand écran, et nous restons sur ce 'mantra' pour les films en compétition»</em>, rappelle-t-il. Et de souligner: il a bien vu que <em>«beaucoup de réalisateurs de talent»</em> ont présenté des films à Cannes par le passé, et travaillent maintenant avec Netflix (<em>«qui fait de beaux films»</em>), tels Jane Campion et Paolo Sorrentino - la firme de Los Gatos a fait grand bruit en début d'année en <a href="https://about.netflix.com/fr/news/netflix-2021-film-preview">annonçant</a> qu'elle diffuserait 'à titre exclusif' sur sa plateforme leurs prochains films, respectivement <em>Le pouvoir du chien</em> et <em>È stata la mano di Dio</em>.</p>
<p>Or selon <a href="https://www.lefigaro.fr/medias/pas-de-festival-de-cannes-pour-netflix-20210607">cet article</a> du <em>Figaro</em>, Thierry Frémaux a proposé à Netflix de figurer à Cannes avec ces films, mais seulement hors compétition. <em>«Il s’agit d’une fausse main tendue. Proposer un strapontin à l’un des nouveaux argentiers du cinéma mondial relève davantage du camouflet, voire de la gifle.»</em></p>
<p>Et ce petit scud: <em>«La différence entre Netflix et Amazon est que ce dernier accepte que ses films sortent en salles»</em>, précise Thierry Frémaux à <em>Variety</em>.</p>
<p>On en revient au sujet originel du litige entre Cannes et Netflix, depuis la polémique autour des films <em>Okja</em> et <em>The Meyerowitz Stories</em> en mai 2017: comme je le racontais dans mon livre, <strong><em>Netflix & Co: Histoire d'une (r)évolution</em></strong>, Netflix a présenté cette année-là ces deux films en compétition pour la Palme, films qui, même s'ils étaient primés, ne seraient pas projetés dans les salles de cinéma françaises, avait alors annoncé la firme californienne.</p>
<p>Depuis ce clash, les organisateurs du Festival ont fixé une règle depuis 2018 : les films en lice doivent sortir en salles dans des conditions 'normales'. Et non juste dans une poignée de salles (et encore moins aucune ;). Quand bien même certains autres festivals acceptent désormais ces conditions, comme celui de Venise. Il semble donc que le statu quo demeure pour cette année encore. Peut-être au détriment de Cannes, qui se prive donc des productions Netflix - alors que le contexte a évolué. On peut comprendre le point du vue du patron de Netflix, Reed Hastings, qui a toujours dit vouloir proposer des contenus exclusifs - dont des films - à ses abonnés.</p>
<pre></pre>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.E1qvG9AXoAYzFzi_m.jpg" alt="E1qvG9AXoAYzFzi.jpg, juin 2021" /></p>
<p>Le cameraman et de l'ingénieur du son enregistrant "Léo le lion" pour le logo de la Metro Goldwyn Mayer en 1928 (Getty Images/Axios)</p>
<p><strong>E</strong>n tous cas, avec cette présence à Cannes, Amazon remporte une manche. Une autre, après avoir acquis fin mai le grand studio <strong>MGM</strong> <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20210527/amazon-teste-politique-americaine-controle-322009">pour 8,45 milliards de dollars</a> (cette acquisition restant certes suspendue à l'accord des régulateurs), ce qui le fait entrer définitivement dans la cour des grands à Hollywood.</p>
<p>Et Amazon est loin d'être perdant. Sa production <em>Annette</em> sortira dans les salles du monde entier à partir du 6 juillet (via UGC Distribution dans l'Hexagone), le jour même de sa première à Cannes. Aux Etats-Unis, il sortira en salles le 6 août, puis sera ensuite proposé à les abonnés (américains) Amazon Prime sur sa plateforme de SVoD Amazon Prime... <strong>dès le 20 août</strong>, indique notamment <em>Indiewire</em> <a href="https://www.indiewire.com/2021/05/annette-adam-driver-marion-cotillard-sing-musical-number-1234640734/">dans cet article</a>.</p>
<h3>'Annette' le 6 juillet en salles... Et le 20 août sur Amazon Prime</h3>
<p>Soit un délai de 15 jours entre la sortie en salles et celle sur Amazon Video. Etonnant, non? C'est surtout révélateur du <strong>virage en cours à Hollywood</strong>. La pandémie ayant entraîné la fermeture forcée des salles de cinéma partout dans le monde - elles rouvrent tout juste - le contexte profite de facto aux diffuseurs que sont les streamers.</p>
<p>Jusqu'à présent, l'usage voulait aux Etats-Unis qu'un délai de 90 jours s'écoule entre la première projection d'un film et sa sortie sur un quelconque format numérique (DVD, vidéo à la demande, etc). Mais les règles du jeu ont changé - <strong>le semblant de chronologie des médias version US semble s'effacer</strong>. Déjà en juillet 2020, Universal et AMC ont annoncé un accord "pluri-annuel" qui ramenait ce délai minimum à 17 jours.</p>
<p>Puis fin 2020, tour à tour, Warner Bros, Paramount et Disney annonçaient que la période d'exclusivité pour les salles de leurs films ne durerait que 45 jours en 2021, avant que les films ne soient proposés en VoD ou en sVoD, soit la moitié du délai normal de 90 jours.</p>
<p>Déjà <em>Nomadland</em> de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao, qui sort en salles en France ce mercredi, une fois primé aux Oscars, <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2021/03/09/%C2%AB-Nomadland%C2%BB%2C-candidat-aux-Oscars%2C-sur-Disney-d%C3%A8s-le-30-avril">est sorti directement</a> sur la plateforme de streaming vidéo Disney+, notamment aux Etats-Unis, dès le 30 avril, soit quatre jours après la cérémonie des Oscars. Décidément, une brèche est ouverte.</p>Le CNC autorise (temporairement) la sortie des films directement sur petit écranurn:md5:bfa6240a0c7770f69d8fda9b1d2d1b0e2021-04-06T19:26:00+02:002021-04-06T19:26:00+02:00Capucine CousinEcransblockbusterCNCNetflixSVoDWonder Woman <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.0ff7708_515951255-rev-1-ww84-trl-00066r-high-res-jpeg_m.jpg" alt="0ff7708_515951255-rev-1-ww84-trl-00066r-high-res-jpeg.jpeg, avr. 2021" /></p>
<p><em>Wonder Woman 1984</em>, sorti directement sur petits écrans</p>
<p><strong>C</strong>'est un blockbuster de plus de 4 heures, un déluge d'effets spéciaux et de péripéties, où l'on en prend plein les yeux. spéciaux. La Warner a finalement accepté de divulguer en ligne le montage original, signé Zack Snyder, du blockbuster <strong><em>Justice League</em></strong>, sorti initialement en 2017. Ce film de super-héros estampillé «DC Comics» est disponible depuis quelques jours exclusivement sur Amazon Prime Video. En temps normal, les fans seraient allés en salles voir ce film qui en fait des caisses. En temps normal...</p>
<p><strong>A</strong>utre exemple: la Warner Bros, encore elle, s'est résolue à «sortir» en ligne le 31 mars, sur toutes les plateformes de VOD <strong><em>Wonder Woman 1984</em></strong>, les nouvelles aventures de Diana Prince mises en scène par Patty Jenkis, après le premier opus <strong><em>Wonder Woman</em></strong>, carton en salles de 2017. Ce nouvel opus gargantuesque de 2 heures 30, coloré, pop (et un peu indigeste) était déjà sorti aux Etats-Unis le 25 décembre 2020 - simultanément sur grand écran et sur HBO Max, conformément au «modèle économique» de sorties de films qu'a adopté la Warner face au flou entourant les réouvertures de salles de cinéma, comme je <a href="http://blog.miscellanees.net/post/2020/12/04/Le-coup-de-canif-de-la-Warner-%C3%A0-l-industrie-du-cin%C3%A9ma-%28des-sorties-en-salles-bient%C3%B4t-d%C3%A9su%C3%A8tes-%29">l'écrivais fin 2020</a>. Dans l'Hexagone, c'est bien faute de mieux, alors que la réouverture des salles de cinéma a été repoussée plusieurs fois du fait de la crise sanitaire, que la Warner a opté pour cette sortie sur petits écrans, pour un de ses films qui était censé remplir les salles...</p>
<p>Faut-il s'y faire, à ces blockbusters que l'on regarde chez soi, faute de salles ouvertes? Alors que ces films à plusieurs centaines de millions de dollars de budgets sont calibrés pour être vus sur grand écran,</p>
<p><strong>C</strong>ette logique commence en tous cas à s'ancrer dans les faits et les usages, pour tous les films, alors que les cinémas sont fermés dans l'Hexagone depuis la fin octobre. Et rouvriront, au mieux, vers mi-mai ou mi-juin.</p>
<p>Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a annoncé, jeudi 1er avril, une dérogation pour permettre exceptionnellement aux nouveaux films destinés aux salles obscures de <strong>sortir directement sur petit écran</strong>. Objectif : éviter un trop-plein de films lors de la réouverture des salles. Avec près de 400 films français et étrangers qui sont prêts à sortir, les professionnels redoutent un énorme embouteillage lorsque les salles rouvriront.</p>
<p>Concrètement, entre la mi-mai et la mi-juin, les films qui le souhaitent pourront demander, à titre exceptionnel, une diffusion sur les plateformes en ligne comme Netflix, Amazon Prime Video, en DVD ou encore à la télévision sur Canal+, OCS, TF1, M6… Et ce jusqu’à un mois après la réouverture des salles, <em>«tout en conservant les aides reçues»</em> par le CNC lors de leur production.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Bronx-Banniere-800x445_m.jpg" alt="Bronx-Banniere-800x445.jpg, avr. 2021" /></p>
<p><strong>L</strong>ors du premier confinement il y a un an , le CNC avait déjà accordé des dérogations pour une petite poignée de films - douzaine, comme <em>Bronx</em> d'Olivier Marchal, produit par Gaumont et sorti directement sur Netflix - et ce seulement pour une sortie en vidéo à la demande. Là, l’autorisation est donc élargie à la SVOD et la télé gratuite et payante. Et devrait profiter à bien plus de films.</p>
<p>Certes, le CNC prend soin de préciser que cette mesure <em>«ne remet en cause en aucune manière la chronologie des médias ni son évolution prochaine»</em>. Mais alors que ces sacro-saintes règles, qui régissent la sortie des films en France depuis leur sortie en salles jusqu’à leur diffusion à la télévision sont actuellement renégociées, cela risque bien d'ouvrir une brèche plus importante. Et de créer une jurisprudence.</p>Une brèche de plus: « Nomadland», candidat aux Oscars, sur Disney+ dès le 30 avrilurn:md5:5295d25987ade2997f0c523dbefb7eea2021-03-09T12:48:00+01:002021-03-09T15:08:54+01:00Capucine CousinEcrans <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.a62a93b8-db51-11e9-a65c-0eda3a42da3c_m.jpg" alt="a62a93b8-db51-11e9-a65c-0eda3a42da3c.jpg, mar. 2021" /></p>
<p>Cérémonie d'ouverture des Oscars 2020</p>
<p><strong>I</strong>l a décroché deux des récompenses les plus prestigieuses lors des Golden Globes fin février, sorte de répétition générale des Oscars, celles du meilleur cinéaste et du meilleur film. Mieux, selon la Bible du cinéma à L.A <em>Variety</em>, il a raflé, en une saison, 58 prix au total dans différents festivals et cérémonies, dont le Lion d'Or à Venise en août dernier. Au total, 35 prix pour la réalisatrice, 13 pour le scénario, neuf pour le montage, et un pour le film. Un film de calibre donc, qui est logiquement donné favori pour l'édition 2021 des Oscars, qui se tiendront ce dimanche - dans des conditions évidemment particulières, pandémie oblige, sans parterre de stars aux robes chatoyantes sur tapis rouge.</p>
<p>Et pourtant. <strong><em>Nomadland</em></strong> de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao, film déjà bardé de prix, une fois la cérémonie des Oscars bouclée, quelle que soit l'issue, sortira... directement sur la plateforme de streaming vidéo <strong>Disney+</strong> <em>«dans plusieurs pays européens»</em>. Et ce dès le 30 avril, soit quatre jours après la cérémonie des Oscars, affirmait il y a quelques jours Satellifax. Autant dire que les règles régissant la chronologie des médias, et qui plus est celles réglant implicitement le parcours d'un film susceptible de dérocher la récompense suprême, sont <del>explosées</del> entaillées. Une fois de plus.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe width="425" height="350" src="https://www.youtube.com/embed/6sxCFZ8_d84?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p>Bande annonce de <em>Nomadland</em></p>
<p><strong>C</strong>e film, entre fiction et documentaire, avec la grande Frances McDormand, raconte comment, après la crise des subprimes de 2008, des Américains moyens se sont retrouvés chassés de leur maison et ont fait le choix de vivre sur la route, dans leur voiture ou camionnette, au gré des petits boulots qu'ils pouvaient décrocher.</p>
<p>Un indice, déjà: ce long métrage a été produit par Fox Searchlight, division «indépendante» du studio Fox, racheté par Disney depuis. Il est déjà sorti sur une petite combinaison de salles et sur la plateforme Disney+ aux Etats-Unis. En France, il est (était ?) programmé au 21 avril au cinéma, à condition que les salles soient ouvertes d'ici là, indiquait <em>Le Parisien</em> le 1er mars.</p>
<p><strong>U</strong>n autre indice: dès avril 2020, l'Académie des Oscars, pressentant que la pandémie serait une tendance longue, avait édicté une nouvelle règle d'admissibilité - s'appliquant uniquement pour l'année 2021 : les films en lice n'ont plus l'obligation d'être sortis en salles au moins une semaine, à raison de trois séances par jour, dans le comté de Los Angeles, ce qui d'ordinaire est la condition minimum. En clair, la compétition pour cette 94e édition - qui a été décalée au 25 avril (au lieu du 28 février) - était d'emblée ouverte aux films qui sont sortis sur les plateformes de streaming. La règle était également valable pour les Golden Globes.</p>
<p>Et il est vrai que, depuis avril dernier, la majorité des salles de cinéma sont restées fermées dans le monde entier - dont à Los Angeles, véritable baromètre mondial pour les studios quant aux sorties de films, les tournages ont repris de manière chaotique aux Etats-Unis, et peu de films américains sont sortis.</p>
<p>Dès avril 2020, les règles étaient claires du côté de l'Académie des Oscars: <em>Nomadland</em> serait précédé d'une distribution dans des salles IMAX dès le 29 janvier. Et si les salles de cinéma n'étaient toujours pas ouvertes le 19 février, Disney, le distributeur, pourrait le diffuser sur sa plateforme Disney+. Le studio ne s'en prive donc pas. Au risque d'ouvrir encore plus une brèche.</p>
<p>Comme je l'avais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/12/04/Le-coup-de-canif-de-la-Warner-%C3%A0-l-industrie-du-cin%C3%A9ma-%28des-sorties-en-salles-bient%C3%B4t-d%C3%A9su%C3%A8tes-%29">écrit fin 2020</a>, coup sur coup, la Warner puis Disney avaient annoncé la sortie simultanée en salles pendant un mois (aux US) *et* sur leurs plateformes de streaming vidéo respectives, HBO Max et Disney+ de tous leurs films en catalogue pour l'année 2021.</p>
<p>Sans compter que, lorsque les salles rouvriront, il y aura inévitablement un <strong>embouteillage</strong> de productions à diffuser. On compterait actuellement<strong> 250 films français et 150 films internationaux</strong> produits en France et non diffusés depuis le début de la crise, relevaient plusieurs spécialistes ce matin sur Twitter, dont Jean Labadie.</p>Le coup de canif de la Warner à l'industrie du cinéma (des sorties en salles bientôt désuètes ?)urn:md5:bda8e43194a7bcf32e8ac0f4b48e26482020-12-04T11:29:00+01:002020-12-04T11:38:02+01:00Capucine CousinEcrans <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.1588861885_m.jpg" alt="1588861885.jpg, déc. 2020" /></p>
<p><strong>L</strong>e couperet est tombé hier. Aux Etats-Unis, *tous* les films WarnerBros attendus pour 2021 sortiront sur la plateforme américaine de vidéo à la demande HBO Max pour un mois, le même jour que lors de leur sortie en salles, a annoncé le studio dans un communiqué. La Warner sortira donc ses films à la fois en streaming et au cinéma. Une première.</p>
<p>En temps normal, dans la version US de la chronologie des médias, les grosses productions hollywoodiennes doivent être projetées uniquement en salle durant 90 jours qui suivent leur sortie avant d'être diffusées sur d'autres supports. Mais la fermeture des cinémas dans de nombreuses régions américaines, dont New York et Los Angeles, a contraint les distributeurs à trouver des solutions de repli.</p>
<p>Les studios tentent ainsi la <strong>recette de la dernière chance</strong> pour tenter de limiter l'impact de la pandémie de coronavirus sur leur activité, après une année catastrophique pour eux. <em>«Nous vivons dans une période sans précédent, qui nécessite de faire preuve de créativité pour trouver des solutions»</em>, a expliqué la PDG de Warner Bros, Ann Sarnoff, en présentant cette décision. Alors que les salles ont été fermées une bonne partie de l'année aux Etats-Unis, confinement oblige - or, les US servent souvent de baromètre aux studios de cinéma pour leurs sorties de films.</p>
<p>Aux quatre coins du monde, la plupart des salles ont été soumises au même régime sec - en France, les cinémas ont dû fermer pendant le premier confinement, de mi-mars à mi-mai, et de fin octobre jusque vraisemblablement mi-décembre.</p>
<p><strong>Au moins 17 titres concernés</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.3283826_m.jpg" alt="3283826.jpg, déc. 2020" /></p>
<p><em>Dune</em> de Denis Villeneuve</p>
<p><strong>A</strong>bsolument <strong>tous</strong> les films de Warner Bros sont concernés, y compris les blockbusters attendus, censés drainer du public en salle - tels les très attendus <em>Matrix 4</em> - il devait drainer 1,6 milliard de dollars de recettes dans le monde - et <em>Dune</em>. Ce dernier, film à gros budget réalisé par Denis Villeneuve, remake du film de SF mythique de David Lynch, avec en tête d'affiche une star montante, Timothée Chalamet, dans le rôle du héros Paul Atréides, devait être un des grands rendez-vous de la saison cinématographique 2020, et recréer un sentiment de communion. Sa sortie avait déjà été reportée.</p>
<p>En tout, au moins <strong>17 titres</strong> seraient concernés l'an prochain, parmi lesquels un «préquel» inspiré par la série <em>Sopranos</em> et une suite au film de super-héros DC <em>Suicide Squad</em>. Ce «tombeau» de films compte aussi des espoirs pour les Oscars 2021 (<em>Judas and the Black Messiah, The Many Saints of Newark, King Richard, and Cry Macho</em>), et des blockbusters, comme le <em>sequel Godzilla vs. Kong</em>.</p>
<p>Mi-novembre, Warner avait déjà annoncé que <em>Wonder Woman 1984</em> sortirait aux Etats-Unis simultanément dans les salles et sur HBO Max le jour de Noël.</p>
<p>Certes, cette annonce ne s'appliquera dans l'immédiat qu'aux Etats-Unis, le service HBO Max n'étant pas disponible à ce stade dans d'autres pays, où le catalogue Warner Bros sortira normalement dans les salles de cinéma l'an prochain.</p>
<p>Il n'en n'est pas question en France, où de toute façon, la chronologie des médias sert de pare-feu: elle interdit la sortie simultanée d'un film en salles et sur une plateforme de streaming. Tout juste a-t-on ceu, cette année, lors des confinements, certains films sortir directement en VOD, après l'accord express du CNC.</p>
<p><strong>Séisme attendu</strong></p>
<p>Le problème, c'est que cette annonce de la Warner témoigne de la difficulté pour Hollywood de s'adapter à la crise sanitaire aux Etats-Unis. Et elle apporte un <strong>sérieux coup de canif</strong> aux codes et les pratiques de l'industrie du cinéma. Elle crée un précédent. Est-ce que cela ne va pas donner des idées à d'autres studios, acculés face à cette pandémie, malgré les espoirs que suscitent l'arrivée de vaccins ?</p>
<p>Après tout, <strong>Disney</strong> dispose lui aussi, depuis quelques mois, de sa plateforme de streaming vidéo mondiale, Disney+, qui semble plutôt bien marcher. Lui aussi a sous le coude des blockbusters dont il a dû reporter la sortie en salles à plusieurs reprises - trop risqué avec la pandémie. Et il a entamé cette logique: il a sorti son remake de <em>Mulan</em> sur Disney+ en septembre.<em> Soul</em>, dernière production des studios d'animation Pixar, «sortira» (ou plutôt sera diffusée) aussi sur Disney+ aux Etats-Unis le jour de Noël.</p>
<p><strong>E</strong>st-ce que, comme le craignent certains analystes, les cinémas traditionnels vont être relégués au second plan du modèle économique derrière le streaming pour les sorties de salles, en vitesse accélérée ? Voire, comme je me posais la question hier, et déjà <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/08/21/Cet-%C3%A9t%C3%A9-de-tous-les-bouleversements-pour-le-cin%C3%A9ma-et-pour-Netflix">dans ce billet</a> il y a quelques semaines, est-ce que aller au cinéma ne va pas devenir quelque chose de désuet ?</p>Va-t-on retourner "au cinéma" demain ?urn:md5:aa78b4a541ce756aedb102adcb2dbb8d2020-04-30T18:09:00+02:002020-05-01T09:57:13+02:00Capucine CousinEcransCinémacoronavirusDrive-inNetflixprojections de films <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.vue-n91-sortie-dusine_m.jpg" alt="vue-n91-sortie-dusine.jpg" title="vue-n91-sortie-dusine.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><em>Vue n°91 Sortie d'Usine I premier film des frères Lumières,
1895</em></p>
<p><strong>E</strong>st-ce que se rendre dans des salles obscures, "au cinéma",
restera quelque chose de normal demain? Ou du moins, sous la forme que nous
connaissons depuis des décennies - depuis que Louis Lumière et d'autres nous
ont habitués à sortir "au cinéma" pour voir des projections de films ?
Dans ce nouveau quotidien littéralement extraordinaire que nous connaissons
depuis mi-mars, nous avons brutalement dû cesser de nous rendre dans des lieux
publics - dont des salles de cinéma. Et le premier ministre Edouard Philippe
l'a abruptement confirmé, avant-hier, à l'Assemblée nationale: si notre
"déconfinement" aura lieu à partir du 11 mai, les salles de cinéma, elles,
resteront fermées au-delà de cette date. Au moins jusque début juillet, espère
Richard Patry, patron de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF),
cité par <em>Le Point</em>. Voire jusque septembre, ou novembre, m'ont soufflé
des professionnels du secteur ces derniers jours.</p>
<p>Ce n'est qu'une demi-surprise pour les exploitants de salles et les
diffuseurs, au vu des risques économiques et sanitaires que pourrait engendrer
une réouverture trop rapide des salles obscures - la Chine, premier pays à
"déconfiner" ses habitants, a dû refermer ses 700 salles fin mars, au bout de
15 jours d'exploitaiton, à caue de craintes de résurgence de l'épidémie.</p>
<p>Une réouverture des salles dans l'Hexagone s'accompagnera d'enjeux
colossaux, pour faire respecter cette nouvelle règle de "distanciation sociale"
devenue vitale face à la pandémie de Covid-19. D'après les premières
hypothèses, cela passerait par de <strong>nouvelles règles</strong>: par
exemple nettoyage des salles après chaque séance, réduction des jauges avec
peut-être un fauteuil sur trois et une rangée sur deux, jusqu'à la question de
la climatisation (soupçonnée de faire circuler le virus)...</p>
<p><strong>E</strong>t ce point épineux: <strong>le public retrouvera-t-il
suffisamment confiance</strong> pour retourner dans des salles de cinéma ?
Dans un climat particulièrement anxiogène, où, en deux mois, nous avons tous
intégré l'idée que nous risquions d'attraper ce virus, cette "chose" dans un
espace clos, aurons-nous le cœur à "aller au cinéma", espace confiné par
excellence?</p>
<p><strong>Netflix a déjà désacralisé la sortie "au cinéma"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/disney_.jpg" alt="disney_.jpg" title="disney_.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>D</strong>epuis quelques années, l'arrivée en trombe de Netflix,
Disney+, et d'autres acteurs du jeune segment du streaming vidéo sur
abonnement, avaient commencé à bouleverser ce modèle à priori bien installé de
la sortie au cinéma, <strong>d'aller en salles</strong> voir un film. Les
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2019/05/14/Cannes-sans-Netflix">polémiques régulières</a> sur
les conditions de participation de Netflix (et ses "webfilms") à la compétition
officielle du Festival de Cannes ont d'autant plus remis en cause ce modèle,
comme j'en parle <a href="https://livre.fnac.com/a12459883/Capucine-Cousin-Netflix-et-Cie-la-mort-du-cinema">
dans mon livre</a>. Et voilà que, face à la pandémie, le Centre national du
cinéma (CNC) a décidé, dans l'urgence, de briser la sacro-sainte chronologie
des médias pour autoriser la sortie de films directement sur petit écran, comme
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/20/Fran%C3%A7ois-Truffaut-%28et-Jacques-Demy%2C-Claude-Chabrol...%29-sur-Netflix">
j'en parlais ici</a>. Moyennant un paiement à l'acte, ou peut louer ou
"acheter" un film pour le visionner chez nous via un service de vidéo à la
demande (VoD). Une décision "temporaire" oui, mais qui pourrait <strong>sceller
de nouveaux usages.</strong></p>
<p>Alors, <strong>va-t-on retourner au cinéma ?</strong> Ce serait pourtant un
des symboles de notre "liberté" retrouvée après ces longues semaines de
confinement contraint chez nous - dans nos prisons (plus ou moins) dorées. En
attendant la Libération, des alternatives commencent à poindre. Avec de
l'espoir: cette période trouble pourrait être l'occasion pour la profession de
se réinventer, avec des nouveaux formats. Toutes cherchent à respecter ce qui
fait l'âme de la séance de cinéma: un événement qui rassemble des personnes
venues partager des émotions devant une même projection de film.</p>
<p><strong>Projections sur des façades de murs, drive-in: des nouveaux
formats</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.projnuitduchasseur-0487_m.jpg" alt="Projection &quot;La nuit du chasseur&quot; (c) La Clef Survival" title="Projection &quot;La nuit du chasseur&quot; (c) La Clef Survival, avr. 2020" /></p>
<p>Projo de la <em>Nuit du chasseur,</em> cinéma La Clé</p>
<p><strong>E</strong>n Italie, on a vu des passionnés cinéphiles improviser,
puis organiser, le soir, des <strong>projections de films</strong> sur des
façades de murs depuis leur vidéoprojecteur. Le concept a été repris en France,
par des cinémas, par exemple par le cinéma associatif parisien La Clé, dans le
5ème arrondissement, qui projette lui aussi des films pendant le confinement.
Et les initiatives se multiplient: Archipop, cinémathèque amateur des
Hauts-de-France, vient de <a href="https://www.archipop.org/actualites-et-agenda/agenda/projection/2020/04/16/projection-pour-vos-voisins/">
mettre en ligne</a> quatre films qui peuvent être librement projetées sur les
façades ou pignons d’immeuble.</p>
<p>On peut espérer que les projections de films en plein air, qui font florès
chaque été à Paris (comme <a href="https://lavillette.com/programmation/cinema-en-plein-air_e556">par La
Villette</a>) et dans d'autres villes, vont reprendre cette année. Après tout,
ce format permet de respecter les conditions sanitaires d'aujourd'hui, en
imposant une distance physique entre chaque spectateur. Tout en organisant un
événement qui respecte l'ADN d'une séance de cinéma.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Grease-Drive-in_m.jpg" alt="Grease-Drive-in.jpg" title="Grease-Drive-in.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>Voire, pourquoi ne pas <strong>importer les drive-in</strong> en France?
Dans les années 50, les jeunes gens américains adoraient se retrouver entre
amis et/ou leur conquête, avec leur voiture (décapotable de préférence) sur un
vaste parking pour des projections de films sur grand écran en plein air. Petit
touche tech, le son était diffusé dans les véhicules par des hauts-parleurs
reliés à des bornes implantées sur le parking. Rappelez-vous de la scène
d'ouverture de <em>Grease</em>, dans un drive-in...</p>
<p>Dans la culture américaine, on "sortait" au drive-in pour voir entre potes
un film d'horreur ou de science-fiction - avec toujours pour idée de sortir et
voir un film. Merveille: justement, à Caen, le 11 mai, le <strong>cinéma art et
essai Lux</strong> devrait pouvoir organiser plusieurs séances hebdomadaires de
drive-in sur le parking du parc des expositions de la ville, indique Le Monde
de ce jour. Il n'attend plus que le feu vert de la préfecture. Il imagine déjà
un tarif "de 20 à 25 euros par véhicule", avec, déjà prévu en projection, la
Palme d'or 2020 Parasite.</p>François Truffaut (et Jacques Demy, Claude Chabrol...) sur Netflixurn:md5:8c70752da1b74ae19e8897e4da6182b22020-04-20T14:44:00+02:002020-04-20T17:43:25+02:00Capucine CousinEcransCiné-clubCinémaMK2NetflixSVoD <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/Antoine-Doinel.jpg" alt="Antoine-Doinel.jpg" title="Antoine-Doinel.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>M</strong>oteur! Dans une France confinée, privée d'accès aux salles
de cinémas depuis un peu plus d'un mois, Netflix frappe un gros coup, en
s'offrant le catalogue de films français du groupe MK2, <a href="http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/netflix-s-offre-presque-tout-francois-truffaut-20-04-2020-8302560.php">
a révélé</a> <em>Le Parisien</em> ce midi. Netflix a signé un partenariat en ce
sens avec le groupe français MK2, producteur et distributeur, qui possède ou
loue une kyrielle de salles de cinéma à Paris et en proche banlieue.</p>
<p>Netflix proposera donc à ses abonnés, à partir de ce vendredi, le meilleur
des films d'auteur: douze des 21 films réalisés par François Truffaut (dont la
saga consacrée à Antoine Doisnel, le double de François Truffaut, <em>Baisers
volés, Domicile conjugal</em> et <em>L'amour en fuite</em>, <em>Le Dernier
métro</em>, avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, ou encore
<em>Fahrenheit 451</em>, d'après le classique de science-fiction de Ray
Bradbury.</p>
<p>La firme de Los Gatos ne va pas s'arrêter là: toujours selon <em>Le
Parisien</em>, elle diffusera à partir de fin 2020 des films d'autres émules de
la Nouvelle Vague, tels Claude Chabrol, et Jacques Demy, qui incarne la comédie
musicale à la française, avec <em>Les demoiselles de Rochefort</em> et les
<em>Parapluies de Cherbourg</em>, qui ont révélé Catherine Deneuve et Françoise
Dorléac, décédée trop vite. Puis viendront aussi les films de Charlie Chaplin,
dont les droits sont également détenus par MK2, puis ceux de David Lynch, du
cinéaste polonais Kieslowski, et du Canadien Xavier Dolan.</p>
<p><strong>Niche ciné-club</strong></p>
<p>En clair, Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande sur
abonnement (SVoD), propose désormais une offre de classiques du cinéma français
- une niche ciné-club qui lui faisait cruellement défaut jusqu'à présent. Cela
a quelque chose de vertigineux, et de réjouissant:le meilleur du cinéma
français sera désormais exposé aux quatre coins du monde sur cette vitrine
internationale qu'est devenu Netflix, fort de ses 164 millions d'abonnés
payants. Une étudiante en cinéma à New York, une ado vivant à Mexico City, ou
un cadre japonais pourront se visionner un Truffaut.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_ecran__13__m.jpg" alt="Capture_d_ecran__13_.png" title="Capture_d_ecran__13_.png, avr. 2020" /></p>
<p>Alors oui, d'un point de vue symbolique, en termes de communication, et de
business, c'est un nouveau coup magistral qu'a réalisé Netflix.
Progressivement, ces derniers mois, il a réalisé quelques autres belles
acquisitions de catalogues "de patrimoine", comme en début d'année avec
l'intégralité des dessins animés écolos et oniriques de Hayao Miyazaki, des
studios japonais Ghibli. Par ce deal avec le groupe MK2, il s'offre le meilleur
du cinéma français - un paradoxe, alors que son dirigeant Reed Hastings
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2019/05/14/Cannes-sans-Netflix">nourrit des relations
tendues</a> avec les organisateurs du Festival de Cannes - autre vitrine
mondiale du savoir-faire français dans le business du cinéma.</p>
<p>Pourquoi le groupe MK2 a-t-il signé ce partenariat ? Quelles en sont
les modalités et la durée ? Pour l'heure, aucune précision n'est apportée
par le groupe français par communiqué, ni par la voix d'un de ses dirigeants.
Dans un communiqué diffusé en fin d'après-midi, on apprend juste que ce deal
porte sur 501 films. Et MK2 se dit <em>"très heureux que Netflix se renforce
sur le cinéma de patrimoine et les grands auteurs internationaux avec cet
accord. Le rôle de MK2 à travers son catalogue de plus de 800 titres
représentant une partie de l’histoire mondiale du cinéma est de contribuer à la
transmission de ce patrimoine universel du cinéma et de faire découvrir en
permanence ces films au plus grand nombre dont les plus jeunes. Cet accord de
diffusion est une bonne nouvelle pour tous les Français amoureux du cinéma et
de son histoire"</em>, selon un communiqué diffusé par Netflix, où est cité
Nathanaël Karmitz, Président du Directoire de MK2.</p>
<p>Difficile de connaître l'état de santé du groupe MK2, dont l'essentiel du
chiffre d'affaires - 92 millions d'euros en 2018 - provient de son activité de
distributeur et de diffuseur en salles, à l'arrêt depuis mi-mars, alors que le
gouvernement a demandé la fermeture des lieux publics, dont les cinémas. Relire
<a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/nathanael-karmitz-n-karmitz-mk2-netflix-est-dans-une-position-de-predateur-par-rapport-au-cinema-1000071">
cette interview de mai 2019</a> de Nathanaël Karmitz, (<em>"Netflix fait de la
télévision, pas du cinéma, mais cette plate-forme a besoin du prestige que lui
apportent le cinéma et le Festival de Cannes"</em>), paraît aujourd'hui presque
d'un autre temps.</p>
<p><strong>C</strong>'est un gros coup de Netflix, et une énorme surprise - car
il aurait paru plus logique que MK2 noue un partenariat avec un acteur français
de la SVoD, comme Canal+, ou un spécialiste du ciné-club tel que La Cinetek,
UniversCiné ou FlilmoTV. Le fait que Netflix propose désormais cette niche de
films d'auteurs tricolores pourrait les mettre à mal.</p>Ce que la série "The handmaid's tale" dit de l'Amérique de Trumpurn:md5:1259ed62e33802a0f43b047b779bc1e62017-08-24T22:27:00+02:002017-08-24T22:59:10+02:00Capucine CousinEcransDystopieFéminismeHuluOCSScience fictionSérieThe handsmaid s tale <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.maxresdefault_m.jpg" alt="maxresdefault.jpg" title="maxresdefault.jpg, août 2017" /></p>
<p>Une fuite éperdue en voiture, les sirènes de flics retentissant derrière. La
femme et sa fille en fuite sont rattrapées par de mystérieux hommes casqués, en
noir. Plan suivant, le changement de décor est radical. dans un élégant
contrejour, la même femme étrangement accoutrée, à la manière d'une servante,
longue tunique rouge et casaque blanche. Elle est enfermée dans une chambre
nous dit-elle, "mais ils n'ont pas prévu que je m'échappe. Une servante n'irait
pas loin. Ils craignent les autres évasions. Celles qu'on peut ouvrir en soi
avec un objet tranchant". Au fil des épisodes, cette plongée en continu dans un
enfer du futur nous est narrée, en voix off, par Offred (incroyable Elisabeth
Moss, révélée dans la série vintage <em>Mad Men</em>, ces élégants pubards),
avec une ironie - et une rébellion - constante. "J'avais un autre nom, mais il
est interdit à présent". Beaucoup de choses sont interdites à présent".</p>
<p>Bienvenue à Gilead, dictature patriarcale et ses extrémistes chrétiens. Dans
un futur (très) proche, ceux-ci ont pris le pouvoir aux États-Unis, et en
profitent au passage pour le soustraire totalement aux femmes, reléguées dans
ce monde en grave crise de natalité au rang de vulgaires pondeuses. Cette
dystopie terrifiante est une adaptation du roman de Margaret Atwood, méconnu en
France jusque là, en une série lancée sur la plateforme Hulu (une des
concurrentes US de Netflix), et diffusée en France cet été sur OCS (Orange) à
partir du 27 juin. C'est une des séries les plus commentées ces derniers mois
en France, et une des meilleures que j'aie vues ces dernières années dans les
perles de science-fiction (que j'adore et vante ici depuis plusieurs années ;)
depuis, mettons, Real Humans, et plus récemment Westworld, où Anthony Hopkins
imagine des parc d'attraction peuplés de robots aux faux airs de cow-boys.</p>
<p>Depuis son élection en novembre dernier, l'Amérique de Trump trouve
décidément un miroir dans les séries, films et livres. Sorti en début d'année,
l'horrifique film <strong><em>Get out</em></strong> reflète une Amérique qui
n'en n'a pas fini avec le racisme, ou l'étrange accueil de Chris, beau jeune
homme noir, par sa très WASP belle-famille, avant que le tout ne vire façon
Tarantino (nos spoils !). Le film, budget de 7 millions de dollars, a raflé
175,4 millions de dollars de recette aux Etats-Unis. Au même moment, Netflix
diffusait une série quelque peu borderline, Dear White People dans l'université
imaginaire de Winchester, où une soirée "blackface" révélait les tensions
raciales…</p>
<p>Il était une fois, donc, le royaume de Gilead, monde futuriste étouffant que
n'aurait pas renié René Barjavel. Nous sommes dans un monde futur, où on semble
pourtant avoir fait un retour des siècles en arrière. Ici, pas de smartphones,
ni machines. On fait le pain soi-même. Chaque foyer est dirigé par un homme
omnipotent, et composé de son épouse (privée de tout droit, du droit de vote au
droit de travailler, ou encore de détenir son propre compte bancaire,) et d'une
servante. Sa robe rouge signifie qu'elle est reconnue, certifiée fertile dans
une société où la natalité a chuté en raison d'une grave crise écologique. Elle
est violée à échéances régulières par le maître de maison dans une étrange
"cérémonie" en présence de l'épouse, dans l'espoir qu'elle donnera un enfant au
couple.</p>
<p>Ces servantes sont au centre du récit de cette dystopie, <em>The handmaid's
tale</em> ("La servante écarlate"), qui multiplie les symboles parlants. Leur
tenue déjà, cette robe rouge qui symbolise leur rôle principal, l'enfantement.
Exactement comme dans '<strong>'Ravage''</strong> de René Barjavel, roman
fondateur de la SF, qui imaginait déjà, en 1943, une société
ultra-technologique qui s'effondrait au profit du retour à un traditionnalisme
aliénant. Je vous glisse au passage cet extrait révélateur...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.-1_m.jpg" alt="-1.jpg" title="-1.jpg, août 2017" /></p>
<p>Dans ce monde de Gilead, cette société étouffante a donc créé des rituels,
des codes, avec ces étranges phrases pseudo-religieuses devenues banales
formules de salutations. "Béni soit le fruit". "Que le Seigneur ouvre". "Gloire
à Vous. Que Dieu me rende digne".</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_0967_1__m.jpg" alt="IMG_0967_1_.jpg" title="IMG_0967_1_.jpg, août 2017" /></p>
<p>L'image soignée, l'éclairage nuancé, qui donne à de nombreuses scènes des
airs de tableaux de Vermeer, traduit ce retour à un passé oublié. Et signifie
une hiérarchisation stricte de la société, organisée autour de la vie
domestique, du foyer.</p>
<p>Comme toute dystopie, le scénario prend appui sur des fragilités de la
société actuelle pour alerter sur dérives totalitaires possibles. Il met en
scène nos craintes, il dit l’inquiétude d’un monde qui court à sa perte:
anxiété de l’excès matériel, des dérèglements climatiques, montée des
inégalités et des violences populistes… Les retours en arrière réguliers
montrent avec cruauté la vie passée agréable qu'on a connue, jusqu'il y a peu.
Ces personnages, c'est nous, dans un passé proche, comme nous, elles furent des
bobos qui prenaient leur caffè latte dans un bar branché. Une manière d'avertir
que, si l'on y prend garde, c'est un risque.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_0987_m.jpg" alt="IMG_0987.jpg" title="IMG_0987.jpg, août 2017" /></p>
<p>Plus qu'un récit rétro-futuriste flippant, la série est une terrible fable
féministe. Elle prend bien sûr un relief particulier dans l'Amérique de Trump.
"Quand ils ont massacré le Congrès, on ne s'est pas réveillés, quand ils ont
mis ça sur le dos des terroristes et suspendu la Constitution, on ne s'est pas
réveillés non plus", avertit Offred.</p>
<p>Ces dernières semaines, cette série a semblé, parfois, être rattrapée par la
réalité. "Au moment de se lancer, on se demandait si cela serait plausible.
(...) et soudain, six mois plus tard, tout cela était devenu affreusement plus
crédible", soulignait Elisabeth Moss dans une interview au magazine Time. La
série met en scène le nouveau pouvoir, des réactionnaires ultra cathos mais
aussi écolos radicaux, qui prônent un retour au tout-naturel. Cela ne vous
rappelle rien? Troublant.</p>
<p>D'autant plus depuis l'élection de Donald Trump, la réalité semble rattraper
la fiction. Des exemples? La remise en cause régulière du droit à l'avortement,
des Etats-Unis à la Pologne, l'abrogation de l'Obamacare, qui menace le
financement du planning familial.</p>
<p>Dans un post sur Facebook, Emmanuel Vivier montre les troublants reflets de
l'actualité: des extrêmistes qui réclament l'exclusion de minorités et la fin
du droit de vote pour les femmes <a href="https://www.facebook.com/TheAtlantic/videos/10155734902553487/?fref=mentions&pnref=story">
selon The Atlantic</a>, ou encore quand une part de plus en plus importante de
la police américaine (coucou Palantir de Peter Thiel) connecté des données
personnelles d'individus sans supervision claire, <a href="https://www.wired.com/story/how-peter-thiels-secretive-data-company-pushed-into-policing/">
selon Wired</a>.</p>
<p>Et cet été, l'ultra-violence des manifestations racistes à Charlottesville,
qui ont révélé l'Amérique des supremacistes et le retour des cagoules blanches
du Ku Klux Klan, que l'on croyait d'un autre temps.</p>La leçon de cinéma de Matthew Weinerurn:md5:49b9cf50cd7a243c217b343eb3afecfb2015-04-26T21:45:00+02:002015-04-28T07:24:14+02:00Capucine CousinEcransLeçon de cinémaMad MenMatthew WeinerSeries Mania <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_1522_m.jpg" alt="IMG_1522.JPG" title="IMG_1522.JPG, avr. 2015" /></p>
<p><strong>J</strong>'ai eu la chance d'assister, lundi 20 avril, lors du
festival Series Mania, qui se tenait au Forum des images, à une conférence un
peu spéciale, intitulée A Question of Life and Cinema. En fait un véritable
cours de cinéma déroulé par Matthew Weiner, réalisateur de l'une des plus
remarquables séries TV de ces dernières années, <strong><em>Mad
Men</em></strong>, dont la 7ème et ultime saison est diffusée (Canal+ a entamé
le jeudi 23 avril la diffusion du second volet de cette saison).</p>
<p>J'ai écrit à plusieurs reprises sur cela, <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">
dont ici</a>, les séries TV sont entrées dans notre culture - notre
consommation - audiovisuelle grâce à la multiplication des canaux de diffusion
(coucou la vidéo à la demande sur mesure et Netflix), mais aussi parce qu'elles
sont remarquablement montées en gamme ces dernières années, avec aux manettes
des réalisateurs parfois venus du cinéma, et dont les codes de tournage, la
qualité, empruntent de plus en plus au cinéma. Ce qui est le cas pour Matthew
Weiner, cinéphile invétéré, dont on sent les influences dans son déroulé de
l'Amérique des années 50, <em>Mad Men</em>, que j'avais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/05/02/Mad-Men">chroniqué ici</a>. Avant la saga <em>Mad Men</em>,
il a également participé à la série de HBO, <em>Les Soprano</em>, doù il était
scénariste et producteur des cinquième et sixième saisons.</p>
<p><strong>"L’histoire de Don Draper est la même que celle de
Pinocchio"</strong></p>
<p><strong>M</strong>atthew Weiner, de passage à Paris, nous a donc délivré un
cours de cinéma lundi, en citant ses films de référence, qui l'ont inspiré pour
<em>Mad Men</em>, avec extraits à l'appui, qu'il analysait à sa manière. Pour
lui, il y a bien une continuité entre cinéma et séries télévisées, mais ces
dernières, tout en empruntant aux codes du cinéma, ont leurs propres atouts.
<em>"Mad Men est un cinematic show. C'est une nouvelle définition de la
télévision. Alors que le cinéma coûte cher : il y a plusieurs
prises"</em>. D'ailleurs, il fait dire à son personnage principal, Don Draper,
"<em>Allez voir les films, pour comprendre ce qui se passe dans la
culture"</em>.</p>
<p>Déjà petit, dans une maison sans télévision, il regardait "toujours des
films le weekend", dont des films français. Dans les premiers films dont il se
souvient, il cite <em>City of lights</em> de Charlie Chaplin, et <em>Yellow
submarine</em> (1968), ainsi que <em>Pinocchio</em> (<em>"L’histoire de Don
Draper est la même que celle de Pinocchio"</em>, sourit-il). Il évoque aussi
l’importance durant son enfance des sorties en famille au drive-in, alors
qu'ils n'avaient pas de téléviseur. A 11 ans, sa famille déménage à Los
Angeles. Là, il sera marqué en assistant en 1976, au tournage du Dernier Nabab
dans son quartier de Los Angeles. Il fera ensuite une école de cinéma.</p>
<p>Première référence pour Matthew Weiner, <strong><em>Once upon a time in
America</em></strong> de Sergio Leone (1984). La révélation pour lui. Et de
citer la séquence où le jeune camarade de Noodles préfère manger un gâteau à la
crème plutôt que de perdre sa virginité. Un symbole coquin pour Matthew Weiner
du pouvoir du cinéma, capable d’exprimer par l’image des multitudes d’émotions
que les mots ne peuvent parfois traduire.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/Le-Decalogue-Krysztof-Kieslowski-1988_portrait_w322.jpg" alt="Le-Decalogue-Krysztof-Kieslowski-1988_portrait_w322.jpg" title="Le-Decalogue-Krysztof-Kieslowski-1988_portrait_w322.jpg, avr. 2015" /></p>
<p>Seconde référence, <strong><em>Le Décalogue</em></strong> de Kieslowski.
L'extrait qu'il a choisi (extrait du deuxième des dix segments, <em>Tu ne
commettras point de parjure</em>) montre une scène, dans le coin d'un immeuble,
où un homme meurt progressivement, au rythme du goutte à goutte insupportable
d'un robinet. <em>"C'est une masterpiece: on y voit les différentes parties du
même immeuble, un homme qui meurt, sans vouloir le spoiler... Il voulait donner
une impression de déliquescence, d'un monde qui tombe en ruine, avec cet homme
aux cheveux gras et la respiration hachée. (...) J'ai repris dans Mad Men
l'image d'un New York des années 70 qui se désagrège, où les services publics
étaient alors terribles, la ville proche de la banqueroute"</em>, explique
Matthew Weiner.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.demoiselles-de-rochefort-04-g_m.jpg" alt="demoiselles-de-rochefort-04-g.jpg" title="demoiselles-de-rochefort-04-g.jpg, avr. 2015" /></p>
<p>Référence suivante: la fraîcheur colorée de la comédie musicale de Jacques
Demy, <strong><em>Les demoiselles de Rochefort</em></strong>. Dans l'extrait
qu'il a choisit, on voit des jeunes hommes habillés en couleurs pastel chanter
<em>"Nous voyageons ici / ailleurs, dans la vie tout nous est facile"</em>.
''"Les hommes chantent et dansent autant que les femmes dans ce film, c'est
sexy. Il a été influencé par West Side Story, mais il a un contrôle compte sur
son univers. Ça semble familier mais c'est nouveau"'', détaille Matthew
Weiner.</p>
<p>Son autre modèle, c'est <strong><em>Toute une vie</em></strong> de Claude
Lelouch, dont l'anti-héros de son extrait évoque un peu Don Draper. Ce film se
déroule sur une période de plus de 80 ans (de 1918 à l’an 2000), et raconte un
coup de foudre entre Marthe Keller et un publicitaire (André Dussollier). Dans
la séquence choisie par le showrunner, on voit sur scène un chanteur à succès
(Gilbert Bécaud, qui joue son propre rôle), chanter <em>"Si si si si la vie est
belle..."</em>. En coulisses de son spectacle, il quitte une femme de façon peu
amène. Dans la séquence suivante, on voit un homme échappé de prison rouler à
toute vitesse en voiture: le réalisateur américain a été impressionné par le
réalisme moderne de la scène (on a l'impression d'être dans la voiture !).
Matthew Weiner s'est inspiré ici, pour <em>Mad Men</em>, de l'articulation
entre les grands évènements historiques et le destin sentimental des
personnages.</p>
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<p>Il cite aussi un film en apparence plus léger, <strong><em>La
notte</em></strong> de Antonioni. Là, <em>"femmes et maîtresses dans la même
salle, ce film illustre la décadence du mariage, comme dans Mad Men. Là, la
difficulté était d'expliquer quand quelqu'un fait quelque chose de différent de
la culture de l'époque. Don Drapper fait des films publicitaires, il doit être
ouvert à de nouvelles idées"</em>, développe Matthew Weiner. Une manière
d'expliquer en partie la vie personnelle sombre et parfois débridée de
Don ? Ce film a directement inspiré un des épisodes de <em>Mad Men</em>
(épisode 3 saison 3), "My Old Kentucky Home," dans lequel une énorme fête
révèle l’échec du mariage Don/Betty.</p>
<p>Vient ensuite un classique de la comédie américaine, <strong><em>Les jeux de
l'amour et de la guerre</em></strong> de Arthur Miller. <em>"Le film se déroule
durant la seconde guerre mondiale, il y a de superbes dialogues. Dans cette
séquence, le personnage homme m'a inspiré Don Drapper: il plaisante, mais dit
être un couard. Dans Mad Men, comme lui, Don a fui la guère du Vietnam et pris
l'identité de quelqu'un d'autre"</em>.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_1540__2__m.jpg" alt="IMG_1540__2_.jpg" title="IMG_1540__2_.jpg, avr. 2015" /></p>
<p>Autre référence pour lui, <strong><em>Patterns</em></strong> de Fielder Cook
(1956). Dans la séquence qu'il a retenue, on voit une réunion d'un conseil
d'administration dans un immeuble moderne à Manhattan, dans les années 60. Une
vision peu amène du monde de travail, des premiers cadres sup' de l'époque, qui
l'a sans doute inspiré pour les "pubards" de <em>Mad Men</em>. <em>"On y voit
une cruauté, comment quelqu'un se fait éjecter. J'étais malade à la maison
quand je l'ai vu, ce film m'a terrifié : il n'y a pas pas de pistolets,
mals le discours peut être une arme"</em>, commente le réalisateur. Ce qui est
remarquable dans cette scène est que la tension naît de la succession rapide
des prises de vues différentes, des contre-plongées, jusque la crise cardiaque
en caméra subjective. De toute évidence, <em>Patterns</em> a influencé les
séquences de <em>Mad Men</em> avec des réunions, qui traitent de pitchs, de
finance, de rachats de sociétés et de faillites.</p>
<p>Matthew Weiner a aussi retenu <strong>''Les bonnes femmes'</strong>' de
Chabrol. <em>"Je l'ai vu quand j'étais étudiant en cinéma, c'est un reflet de
la classe moyenne de l'époque. On voit dans cette séquence des hommes qui
violent une femme (interprétée par Bernadette Laffont), qui retourne travailler
le lendemain, comme si de rien n'était. On voit le décalage entre les attentes
romantiques de cette femme et la réalité cruelle"</em>.</p>
<p>Enfin vient le fabuleux <strong><em>Blue velvet</em></strong> de David
Lynch. Matthew Weirner évoque l'ambiance électrique qu'il y avait dans la salle
de cinéma lorsque Isabella Rossellini arrive nue face à Kyle MacLachlan et
Laura Dern, sans que l’on comprenne réellement ce qu’il se passe à l’écran.
<em>Blue Velvet</em> évoque pour Matthew Weiner la dureté du reaganisme des
années 1980.</p>Les annonceurs (et les diffuseurs) sommés de baisser le son à la téléurn:md5:d1b4f15b532a8fd90a09a5f1cc60de952011-10-17T17:07:00+02:002011-10-17T21:35:42+02:00Capucine CousinEcransAntipubsCSAPublicitéTV <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/110629_04z95_moto_bruit_4.jpg" alt="110629_04z95_moto_bruit_4.jpg" title="110629_04z95_moto_bruit_4.jpg, oct. 2011" /></p>
<p>Une victoire pour les antipub ? En tous cas, un coup dur pour les
annonceurs. Après trois ans (!) de négociations avec les associations de
consommateurs et structures représentant les annonceurs, le CSA <a href="http://www.csa.fr/actualite/communiques/communiques_detail.php?id=134407">vient
de publier un avis</a> loin d'être anodin, qui somme les chaînes de télévision
de baisser durant les pubs TV. Ou plus exactement, d'aligner leur volume sur
celui des programmes TV.</p>
<p>Cela ne vous aura pas échappé, à chaque intermède publicitaire, le volume de
votre téléviseur augmente brutalement. Logique, la loi interdisait pourtant aux
annonceurs (et aux diffuseurs...) que le volume sonore des pubs dépasse celui
des programmes TV. Seulement voilà, les annonceurs avaient tôt fait de
contourner cette obligation: <em>"notamment depuis l'avènement du numérique et
l'utilisation, par les publicitaires, de la technologie dite de la "
compression ". Empruntée à l'industrie musicale, elle permet de gonfler
l'intensité sonore sans pour autant augmenter le volume"</em>, apprend-t-on
<a href="http://abonnes.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2011/10/14/les-annonceurs-pries-de-baisser-le-son_1587865_3238.html">
dans cet article</a> du <em>Monde</em>.</p>
<p>Là, le CSA a donc décidé de mettre les choses au clair dans cet avis. Bon,
pas d'affolement pour les annonceurs, ces mesures prendront effet trèèès
progressivement. Les chaînes et annonceurs devront baisser le son à partir du
1er janvier 2012. Ce n'est qu'à partir de 2013 qu'ils seront soumis à cet
impératif, que le "son publicitaire" ne dépasse plus celui des autres
programmes. Mais mine de rien, d'ici là, les annonceurs devront adapter leurs
pubs à cette nouvelle donne, et... réenregistrer les sons de leurs anciens
spots.</p>
<p>Au passage, les chaînes sont aussi concernées - même si elles ont semblé se
défausser du côté des annonceurs, par leur rôle de diffuseur, elles seront au
moins responsables d'un point de vue technique. D'ailleurs, dès le 19 décembre,
le son devra être homogène entre les chaînes. Du boulot en perspective pour
celles-ci, qui vont devoir reprendre le calibrage sonore de tous les
programmes,</p>Mad Men, photo à la Hitchcock, reflets du machisme (racisme, homophobie...) de l'époque, bouscule le cinémaurn:md5:21ba0e945e1aaaa2071d98805234330f2011-05-03T21:41:00+02:002011-05-04T11:43:41+02:00Capucine CousinEcransConsumérismeGraziaHitchcockMad MenNetflixPublicité <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.o_mad-men-web_m.jpg" alt="o_mad-men-web.jpg" title="o_mad-men-web.jpg, mai 2011" /></p>
<p>Une ombre en costume qui s'avance dans un bureau, dont les pièces
s'éparpillent comme un puzzle, puis chute dans le vide sans fin, entre des
gratte-ciels aux reflets d'affiches publicitaires d'époque, sur une musique,
version instrumentale de <em>A Beautiful Mine</em> de RJD2.... Le générique
d'ouverture, visuellement magnifique et déjà (un peu) glaçant, à l'élégance des
génériques de James Bond et des films de Hitchcock (dont <em>Sueurs
Froides</em>), on croirait y déceler la patte d'un <strong>Saul
Bass</strong>.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Mad_Men_s.jpg" alt="Mad_Men.jpg" title="Mad_Men.jpg, mai 2011" /></p>
<p><strong><em>Mad Men</em></strong>, je l'ai découverte il y a quelques
semaines... Episode par épisode, saison par saison, je l'ai savamment dégustée,
par petits bouts. Cela faisait longtemps que je voulais écrire quelque chose
dessus, ici ou ailleurs, parce que c'est sans doute une des meilleures séries
que j'ai vues ces dernières années. Dont la qualité la rapproche dangereusement
d'un film cinématographique. Et en la matière, les références ne manquent pas.
Les mad men, expression US de la fin des années 50 (néologisme - jeu de mots
avec Ad men, littéralement <em>"les hommes de la pub"</em>, qui en anticipe
d'autres, tels les <strong>yuppies</strong> des 80s), ce sont ces cadres
publicitaires de l'Avenue Madison.</p>
<p>Cette série met donc en scène des publicitaires américains des années 60, en
plein dans les années Kennedy, dans une société US opulente, où la population
découvre les joies du consumérisme de la consommation... et la publicité qui
suscite chez eux de nouveaux besoins.</p>
<p>Pourquoi j'en parle maintenant ? La série, à peine connue en France il
y a encore un an (elle est diffusée sur Canal +ainsi que sur TPS Star depuis
2008, la saison 3 sort tout juste en DVD en France), titille gentiment
l'industrie du cinéma. Une nouvelle illustration de cette <strong>nouvelle
génération de séries haut de gamme</strong>, qui esquisse leur rapprochement
avec des films. La série, créée en 2007, diffusée sur AMC, est déjà bardée de
13 Grammy awards et 4 Golden Globes - une première pour une série diffusée sur
une chaîne câblée. Consécration, un des trublions de la diffusion web,
<strong>Netflix</strong>, vient d'en acquérir les droits de diffusion -
exclusifs - sur le Web, comme j'en parle <a href="http://www.strategies.fr/actualites/medias/160914W/netflix-futur-hbo-du-web.html">
dans cette enquête</a> pour <em>Stratégies</em>. Ce qui n'a rien d'anecdotique,
puisque grâce à la télévision connectée, dont commencent à s'équiper les
foyers, la distribution des contenus issus du Web devient possible.</p>
<p><strong>Bienvenue chez les Mad Men à New York</strong>, dans les années 60,
sur Madison Avenue, dans la grande agence de publicité fictive <strong>Sterling
Cooper</strong>. Série faussement rétro, absolument pas nostalgique,
incroyablement actuelle sur le fond. On y voit donc le quotidien d'une équipe
de pubeux : Peggy Olson, Pete Campbell, Roger Sterling... Et avant tout le
personnage de <strong>Don Draper</strong>, interprété par Jon Hamm, directeur
créatif de Sterling Cooper et associé de Sterling Cooper Draper Pryce, créatif
brillant et manipulateur. Au travers des différents personnages et des
évènements, la série dépeint les changements sociaux et moraux qui ont eu lieu
aux États-Unis dans les sixties. C'est une de ses forces.</p>
<p>Premier épisode, premier plan: dans un bar chic, musique 50s, travelling
avant par-derrière un brun élégant, cheveux gominés, l'air préoccupé. Il sonde
le serveur sur sa marque de clopes - des Old God, alors que lui fume des Lucky
Strike. Et tente de le convaincre de passer aux Lucky. Long travelling sur la
clientèle so schic, au look 60s, de ce bar huppé où tous clopent...</p>
<p><strong>Consumérisme et publicité</strong></p>
<p>C'est bien sûr l'un des thèmes-phares de la série: <em>Mad Men</em> décrit
les composantes de la société et de la culture américaine des années
1960 : <strong>le tabagisme, l'alcool, le sexisme, l'adultère,
l'homophobie, l'antisémitisme, le racisme et l'absence totale de préoccupations
envers l'environnement</strong>, sont régulièrement abordés dans la série.
Minutieusement documentée, sans aucun anachronisme (du moins m'a-t-il semblé,
dans mes souvenirs en tant qu'historienne de formation..), la série accentue
ainsi les différences entre cette époque et aujourd'hui, lors de la diffusion.
Matthew Weiner a d'ailleurs eu pour consultant publicitaire <strong>Robert
Levinson</strong>, qui a travaillé chez BBDO de 1960 à 1980. Dans cette
<a href="http://www.nytimes.com/2008/06/22/magazine/22madmen-t.html">très
longue enquête</a> publiée par le <em>NY Times</em>, il souligne: <em>"Ce que
Matthew a filmé est tellement réaliste. L'alcool était une pratique courante,
le tabagisme était constant, les relations entre les cadres et leurs
secrétaires étaient semblables"</em>.</p>
<p><strong>Le claquement raffiné d'un briquet</strong> qu'on referme ou le
tintement des glaçons dans un verre: un des leitmotivs de la série, où le
whisky coule à flots dès le matin, et la fumée envahit chaque image.
Omniprésent à l'époque, et dans la série, presque tous les personnages sont
filmés en train de fumer très souvent tout au long des saisons - inimaginable
aujourd'hui... L'épisode pilote annonce la couleur: les gérants de la marque de
cigarettes Lucky Strike y embauchent Sterling Cooper pour une nouvelle campagne
de pub, suite à un rapport publié dans le magazine féminin <em>Reader's
Digest</em>, affirmant que le tabagisme peut entraîner un cancer du poumon.
L'argumentaire de l'annonceur Lucky Strike à l'agence est clair: <em>"La
manipulation des médias ? C'est pour cela que je vous paie".</em></p>
<p><strong>Le secteur publicitaire</strong> est un métier encore naissant à
l'époque, mais les créatifs et commerciaux sont déjà des pros. Les séances de
brainstorming et présentations de pitchs autour de campagnes de pubs à des
clients sont des occasions rêvées pour nous esquisser un portrait des formes
émergentes de consommation - et comment les publicitaires <del>créent de
nouveaux besoins</del> les accompagnent. Et répondent ainsi aux attentes de
leurs clients, des annonceurs qui souhaitent <strong>modeler les attitudes
sociales des consommateurs</strong>. Les publicitaires sont censés ressentir
l'air du temps et anticiper les changements de société pour les faire passer
dans leurs campagnes de pub. Une lame de fond rêvée pour la série, dont
scénario met constamment en scène des personnages qui ressentent les
<strong>frémissements du changement</strong> - les prémisses de Mai 68... -
dans l'industrie de la publicité. Dans <em>Mad Men</em>, la toile de fond du
monde publicitaire est le prétexte à une approche didactique des stratégies
publicitaires alors conçues, telle la fabrication du consentement.</p>
<p>Un des premiers révélateurs, cette tirade cynique et désabusée de Don Draper
sur l'amour, <em>"un slogan publicitaire. "Elle ne veut pas se marier parce
qu'elle n'a jamais été amoureuse" - j'ai écrit cela pour vendre des bas le
crois L'amour, le vrai, le grand, ce lui qui vous transperce, où vous ne pouvez
plus manger, vous fait fuir, ça n'existe pas. Ce que vous appelez amour a été
inventé par des gens comme moi pour vendre des bas. On naît et on meurt seul,
ce monde vous abreuve de règles pour vous faire oublier cela".</em></p>
<p>Au fil des épisodes, <em>Mad Men</em> sème des indices sur la
<strong>"révolution silencieuse"</strong> en approche des années 1960 :
les problèmes d'anxiété de Betty, la Beat Generation découverte par Don à
travers Midge, les remarques sur l'éventuelle dangerosité du tabac sur la santé
(le plus souvent ignorées), l'émancipation du peuple noir-américain...</p>
<p>Sans doute un des plus beaux dialogues - remarquablement écrit de la série,
ce discours brillant de Don Draper (Saison 1, épisode 13) sur la <strong>valeur
nostalgique</strong> et sur le potentiel commercial du projecteur
<strong>Kodak</strong> - une des premières apparitions du marketing de la
nostalgie... Juste pour le plaisir, verbatim, en VO please.</p>
<blockquote>
<p>"Nostalgia. It’s delicate, but potent… Teddy told me that in Greek,
nostalgia literally means the pain from an old wound. It’s a twinge in your
heart, far more powerful than memory alone. This device… isn’t a spaceship,
it’s a time machine. It goes backwards, forwards. It takes us to a place where
we ache to go again. It’s not called the Wheel. It’s called the Carousel. It
lets us travel the way a child travels. Around and around and back home again,
to a place where we know we are loved".</p>
</blockquote>
<p><strong>Machisme, racisme et homophobie ordinaires...</strong></p>
<p>Si la série peut parfois laisser filtrer une nostalgie pour une époque
antérieure, magnifiée (j'en parlerai plus bas), <strong>la cruauté, la mobilité
sociale et les diverses formes de rejet "ordinaires" de l'époque</strong> y
sont traitées sans concessions. En réponse au frémissement que promet le
discours de Martin Luther King (<em>"il est peut-être un peu trop tôt"</em>,
commente naturellement Betty Drapper à sa nurse noire en regardant le discours
sur son téléviseur), dans <em>Mad Men</em>, les Noirs occupent des fonctions
subalternes: serveur de bar, portier, dans l'ascenseur, nurse...</p>
<p>L'homosexualité est taboue à l'époque: le créatif Salvatore découvre son
penchant au fil des épisodes, jusqu'au jour où il est ouvertement dragué par un
gros client de l'agence (saison 3). Il repousse ses avances. Le client menace
alors de quitter Starling Cooper à moins que Salvatore ne soit exclu de sa
campagne... Salvatore sera sacrifié, licencié illico - par tactique, Don
refusera de croire à ses explications (qui brisent un tabou ?).</p>
<p><strong>... Et prémices fragiles d'émancipation de la femme</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.mad-men-s2-11-3938197spkgq_m.jpg" alt="Betty Draper" title="Betty Draper, mai 2011" /></p>
<p>Betty Draper, héroïne hitchcockienne de la série</p>
<p><strong>Les femmes dans la série ?</strong> Le développement des divorces,
l'égalité des sexes sont aussi une des révolutions silencieuses de l'époque,
omniprésentes dans la série. Parallèlement, autre constante de <em>Mad
Men</em>, elle dépeint aussi une sous-culture où les hommes mariés s'engagent
fréquemment dans des relations extra-conjugales avec d'autres femmes.</p>
<p>Les maîtresses de Don sont des figures de femmes émancipées de
l'époque : seules, indépendantes financièrement, telles Midge, créatrice
publicitaire indépendante qui travaille chez elle, créatrices d'entreprise,
Rachel Menken, repreneuse de la boîte familiale, l'institutrice Suzanne... A
contrario, l'émancipation de plusieurs des héroïnes est progressive et fragile.
Betty Draper, blonde glacée (grande bourgeoise mère au foyer) épouse de Don,
finit certes par demander le divorce, en apprenant ses écarts extra-conjugaux -
mais pour se recaser aussitôt avec un notable local.</p>
<p>Peggy Olson, sage et discrète secrétaire de Draper, illustre les espoirs de
mobilité et d'émancipation pour une nouvelle génération de femmes. Elle devient
concepteur-rédacteur dans l'équipe de ce dernier - une première au sein de
l'agence, elle y sera la seule femme à occuper un tel poste. Les portraits des
autres salariées révèlent hélas moins de promesses de mobilité sociale :
les autres femmes de Starling Coopers sont toutes des secrétaires, sur
lesquelles les créatifs exercent à l'occasion un "droit de cuissage", et dont
l'objectif secret reste de trouver un mari.</p>
<p>Conseils de Joan Holloway, à la tête du secrétariat de Sterling Cooper, à
Peggy Olson, lorsqu'elle arrive comme nouvelle secrétaire: <em>"Suis mes
conseils et tu ne commettras pas d'erreurs. Dans quelques années, si tu as une
bonne promotion, tu seras en ville comme nous tous. Bien sûr, si tu as une très
bonne promotion, tu ne travailleras plus du tout (sous-entendu 'Si tu as le
chance de faire un beau mariage'). Munis-toi d'aspirines, compresses, fil,
aiguilles. Ils veulent une secrétaire, mais cherchent souvent quelqu'un entre
la mère et la bonne"</em>. Tout est dit.</p>
<p><strong>Magnétisme hitchcockien</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.mad_men_building_m.jpg" alt="mad_men_building.jpg" title="mad_men_building.jpg, mai 2011" /></p>
<p><strong>Du côté photo et montage</strong>, Matthew Weiner a collaboré avec
le directeur de la photographie Phil Abraham et avec le créateur de décors Dan
Bishop, pour développer une style visuel qui serait <em>"davantage influencé
par le cinéma que par la télévision"</em>. Dans cet immense hommage à
Hitchcock, il s'autorise tout: travellings de dos des personnages, gros plans
sur un verre, une cigarette ou une main, caméra qui glisse de haut en bas des
buildings, dans les pieds des employés franchissant la porte tournante de leur
immeuble...</p>
<p>Hitchcock est évidemment omniprésent dans Mad Men, chez les personnages
mêmes: une des héroïnes, Betty Drapper, est une blonde glacée à l'élégance un
rien surannée, clone de Tippi Heddren, tout comme Don Drapper, dont le charisme
rappelle Cary Grant ou James Stewart.</p>
<p><strong>Mode, design: le "rétro-chic", ou comment "Mad Men" remet le passé
au présent</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.grazia_m.jpg" alt="grazia" title="grazia, mai 2011" /></p>
<p><strong>Là je ne vous apprendrai rien</strong>, le style fifties, looks de
pin-ups aux formes généreuses, avec gaines, serre-taille, lunettes à écailles
et jupes-crayons ont fait un retour en force dans la presse féminine, depuis un
an en France. Un vintage retour aux sources, teinté de nostalgie (pas forcément
bienvenue), symbole de retour aux valeurs sûres à l'ère du jetable... Ce
qu'explique Nathalie Azoulay dans <em>Mad Men, un art de vivre</em> (ed. La
Martinière), qui paraît le 26 mai.</p>
<p>Après la première saison, le couturier Michael Kors a dédié un défilé entier
à la série. Après la troisième, la styliste de la série, Janie Bryant, qui
s'est inspirée des collections Brook Brothers des années 60, a aidé la griffe
pour hommes à lancer une ligne spéciale Mad Men, écrivait Adèle Smith dans
<em>Le Figaro</em>, le 8 février dernier. Dernièrement, Tom Ford, Marc Jacobs,
Céline ou Prada se sont réemparés du style rétro-chic (certains parlant de
style "néo-bourge").</p>
<p>Ce style des Trente Glorieuses dépoussiéré a un nouveau nom, le
<strong>style "rétro-chic"</strong>, avec pour icône la pulpeuse actrice
Christina Hendricks, la secrétaire rousse de <em>Man Men</em>. Encore cette
semaine, Grazia y consacre 4 pages, avec un focus sur les blitz parties, entre
reproductions historiques et soirées underground, ressuscitées à Londres.
Chignons crêpés et bas résilles obligatoires pour les femmes, le cha-cha-cha,
le twist et le rock'n roll sont les danses obligées.</p>"Les Vivants et les Morts", fresque sociale et révoltée - du retour du récit engagéurn:md5:e27c47c51cb23910132d4e4f10462c392010-10-13T23:21:00+02:002010-10-14T11:16:04+02:00Capucine CousinEcransDocumentaireFrance 2Gérard MordillatLes vivants et les morts <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/._101006-vivants-morts-film_m.jpg" alt="_101006-vivants-morts-film.jpg" title="_101006-vivants-morts-film.jpg, oct. 2010" /></p>
<p><a href="http://www.lavoixdunord.fr/stories/image460x00/mediastore/VDN/Region/A2010/M10/_101006-vivants-morts-film.jpg">
Source image</a></p>
<p>Un téléfilm français on ne peut plus politique et social, consacré à une
usine qui ferme dans le Nord, et aux ouvriers qui luttent pour sauver leur
emploi. C'est fou, carrément inimaginable, mais France 2 a eu le cran de
programmer cette série de 8 épisodes sur 4 soirées, en prime time.
<strong><em>Les Vivants et les Morts</em></strong>, tirée du livre à succès
éponyme de Gérard Mordillat, est adaptée ici avec une puissance incroyable.
C'est sans doute la première fois que l'on voit débarquer ce genre
d'<strong>ovni télévisuel</strong> sur le petit écran. Et pour la seconde
soirée, j'ai encore une fois été scotchée.</p>
<p><strong>Fresque sociale</strong></p>
<p>C'est donc une fresque sociale étalée sur 8 épisodes de 55 minutes - un
format télévisuel lui-même incroyablement osé et inédit - où l'on voit Rudi,
Lorquin, Hachemi et Dallas, OS du XXIème siècle à la KOS, une usine de fibre
plastique condamnée à mort <del>par la volonté des actionnaires</del>
capitalisme financier oblige. Face à la fermeture inexorable de l'usine, par
étapes successives, les ouvriers vont donc se battre avec l'énergie du
désespoir, et se débattre avec des vies persos d'autant plus compliquées.</p>
<div><object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.wat.tv/swf2/144236nIc0K115236551" width="480" height="270" id="wat_5236551"><param name="movie" value="http://www.wat.tv/swf2/144236nIc0K115236551" />
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Veuillez installer Flash Player pour lire la
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<div class="watlinks" style="width:480px;font-size:11px; background:#CCCCCC; padding:2px 0 4px 0; text-align: center;">
<a target="_blank" class="waturl" href="http://www.wat.tv/video/bande-annonce-vivants-morts-348jr_2jwu1_.html" title="Vidéo Bande Annonce les vivants et les morts sur France 2 sur wat.tv"><strong>Bande
Annonce les vivants et les morts sur France 2</strong></a> Vidéo <a class="waturl altuser" href="http://www.wat.tv/lezappingdupaf" title="Retrouvez toutes les vidéos lezappingdupaf sur wat.tv">lezappingdupaf</a>
sélectionnée dans <a href="http://www.wat.tv/guide/cinema" class="waturl alttheme" title="Toutes les vidéos Cinéma sont sur wat.tv">Cinéma</a></div>
<p>Alors oui, France 2 a pris un pari risqué en diffusant ce <strong>récit
documentaire et exigeant</strong> en prime time. L'<strong>audience</strong>
est d'ailleurs moyenne: 2,71 millions de téléspectateurs (soit 10,3% des parts
d'audience) pour le second volet, diffusé hier soir, bien loin derrière "Le
Mentalist" de TF1 (36,3% des PDA), et même "Des racines et des ailes" (13,7%
des PDA) ; et 3,32 millions (12,8% des PDA) pour le premier volet, diffusé
le 6 octobre (36,5% des PDA pour "Le Mentalist")</p>
<p>Pourtant, c'est follement émouvant et impliquant, parce que l'on y voit pas
de caricatures d'ouvriers et de syndicalistes, mais on ressent une émotion
brute, dans ce récit on ne peut plus concret, où l'on est immergé dans les vies
de la cinquantaine de personnages - la lycéenne bourgeoise qui tombe amoureuse
d'un jeune apprenti, les couples d'ouvriers...</p>
<p>Un <strong>récit social engagé et collectif</strong> qui n'est jamais
dissocié des histoires d'amour, des drames persos, des espoirs brisés. Tout
compte, rien n'est dérisoire, la force des sentiments des personnages est mise
en avant. Dans ce récit incandescent, les personnages ne sont pas très éloignés
des Gavroche et Lantier d'Hugo et de Zola.</p>
<p>La caméra plonge au coeur du combat, des manifs, des occupations, des
groupes de femmes solidaires, des négociations ardues entre délégués syndicaux
et patrons... Du récit "de terrain", qui passerait presque pour un
documentaire. Et m'a vraiment rappelé le journalisme social, le reportage
"industriel", où les héros sont ceux qui luttent pour sauver leur emploi.</p>
<p><strong>Une fresque symptomatique d'une "crise (qui) crève
l'écran"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.photo_s.jpg" alt="photo.JPG" title="photo.JPG, oct. 2010" /></p>
<p>Car ce récit documentaire est diffusé à pic au moment où la situation de
l'emploi stagne en France, et où notre tissu industriel se délite en continu.
Après les précédents Métaleurop, Continental, Cellatex, sa diffusion
<strong>s'entrechoque avec l'actualité</strong> - dont la fermeture de l'usine
Lejaby, à l'occasion de laquelle des ouvrière sont mené une grève de 15 jours
pour être licenciées dans des conditions décentes. Ou quand la fiction rejoint
la réalité...</p>
<p>Ce récit renvoie bien sûr aux innombrables fermetures d'usines dans des
bassins mono-industriels, comme le Nord, où se déroule ce récit - l'usine est
implantée dans une ville imaginaire du Nord, Raussel - tellement bien cerné
dans ce téléfilm (oui, j'en viens ;). La ville moyenne avec les maisons en
brique rouge, où le vrai centre névralgique est l'usine, les demeures
bourgeoises des responsables d'usines bien distinctes de celles des
ouvriers...</p>TV connectée: c'est (bientôt) partiurn:md5:d14d21be70b5c27137e937fe8fd03b512010-09-19T19:28:00+02:002010-10-14T09:36:00+02:00Capucine CousinEcransFrance 24IFAMichel Levy-ProvencalQuaeroTélévision <p>C'est un sujet récurrent depuis le début des années 2000. Je me souviens
avoir écrit mes premiers papiers sur la <em>"télévision interactive"</em>
(comme on disait alors) <a href="http://archives.lesechos.fr/archives/2002/LesEchos/18635-537-ECH.htm">en 2002
pour ''Les Echos''</a>, puis de nouveau en septembre 2008, où étaient dévoilés
les premiers projets de télévision connectée à l'IFA, le salon électronique
grand public qui se tient chaque année à Berlin.</p>
<p>Mais cette année, la télé connectée était LE nouveau service qui fait rêver
les constructeurs, à côté de la TV 3D. Car la télé hyper-connectée à Internet
est une des formes les plus probables - et prometteuses - que revêtira la
télévision de demain.</p>
<p><strong>Tous les constructeurs ont leurs TV "connectées"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IFA_sept_2010_012_m.jpg" alt=" " title=" , sept. 2010" /></p>
<p>Le projet de TV connectée de France Télévisions, dévoilé à l'IFA - Photo C.
C.</p>
<p>La plupart des constructeurs (LG, Samsung, Sony, Loewe, Philips,
Panasonic...) ont dévoilé leurs <strong>télés connectées</strong>, qui seront
commercialisées cet automne, d'ici les fêtes de fin d'année. Du côté des
diffuseurs, comme j'en parlais <a href="http://www.cnetfrance.fr/news/l-avenir-de-la-television-connectee-s-esquisse-a-l-ifa-39754355.htm">
dans mon papier</a>, France Télévisions est lancée à fond sur cette télé du
futur. Une équipe dédiée, avec à sa tête Arthur Mayrand, directeur des
technologies des nouveaux services, planche dessus à plein temps. D'ailleurs,
Arthur Mayrand présentait à l'IFA, sur le stand de LG, une version bêta des
services de télévision connectée. Des services basés sur ce qui sera peut-être
LA norme de la TV connectée, le standard HbbTV (<a href="http://www.hbbtv.org/">Hybrid Broadcast Broadband TV</a>), qui vient d’être
approuvé par le CSA.</p>
<p><strong>"Hyper-TV" de France 24 sur Google TV au premier trimestre
2011</strong></p>
<p>Cette semaine, c'est France 24 qui dévoilait son projet. Il me l'avait
annoncé via Twitter, Michel Levy-Provençal (@<a href="http://twitter.com/mikiane">mikiane</a>), responsable Internet à France 24,
présentait cette semaine au Gartner PPC 2010 à Londres un projet web
d’hyper-TV, qui sera d'abord disponible sur Google TV l’an prochain. Le
prototype du service sera lancé début 2011, annonce Michel Levy-Provençal, avec
une version alpha du service (hâte de pouvoir la tester ^^). Un projet qu'il
détaille <a href="http://www.mikiane.com/node/2010/09/17/l-hypertv-ou-quand-la-tv-laissera-tout-le-contr-le-l-audience?utm_source=feedburner&utm_medium=twitter&utm_campaign=Feed%3A+mikianefeed+%28mikiane.com%29&utm_content=Twitter">
dans un billet publié ce matin</a>, comme l'a signalé <a href="http://benoitraphael.com/2010/09/18/un-avant-gout-de-la-tele-du-futur-chez-france-24/">
Benoît Raphaël</a>.</p>
<p>Voilà 2 ans que Michel Levy-Provençal planchait avec <a href="http://labs.france24.fr">son équipe chez France 24</a> sur ce projet, ainsi
qu'avec plusieurs sociétés du consortium <a href="http://www.quaero.org/modules/movie/scenes/home/">Quaero</a> - avec notamment
les sociétés françaises Exalead et Yakast. D'après ce qu'il décrit sur son
blog, leur hyperTV - si le prototype se transforme bien en une version
industrialisable - proposera des fonctionnalités telles que vidéo à la demande,
indexation sémantique, chapitrage, géolocalisation, sous-titrage, hyperliens
vidéos, contrôle du direct…</p>
<p>Ce qui colle parfaitement avec la TV connectée, et les services que l'on a
pu voir dans les premières démos à l'IFA.</p>
<p>Dans sa démo telle que présentée à Londres (allez un jeter un oeil à la
vidéo ci-dessous, c'est passionnant), Michel Levy-Provencal rappelle que France
24 a d'abord été diffusée sur le web dès 2006, et s'est dotée d'un portail
collaboratif dès 2007, <a href="http://observers.france24.com/">The
Observers</a>.</p>
<p>La démo est assez bluffante : le JT s'accompagne d'une transcription
synchronisée, et d'une timeline horizontale, qui comporte mots-clés (tags),
noms cités... par séquences. A la clé également, de la VoD, qui donnera accès à
l'ensemble du catalogue de programmes de France 24 en 3 langues. Il sera aussi
possible d'accéder à des contenus via une recherche pas mots-clés (les débuts
du web sémantique...).</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/oko02h2AxGw?fs=1&hl=en_US&fs=1" width="480" height="385"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/oko02h2AxGw?fs=1&fs=1" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p><em>Source: Gartner PPC 2010 / Michel Levy-Provencal (FRANCE 24) /
Exalead</em></p>