Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Cinéma2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearPasseport immunitaire, fitness en ligne, cinéma "de luxe": sept tendances tech pour l'année (post-dystopique?) 2021urn:md5:d546fa3b3691a101fac8b293266eac3d2021-01-06T10:58:00+01:002021-01-06T11:46:55+01:00Capucine CousinR&D, innovationsApple FitnessBullhoundCinémaCovid-19DystopiedystopieFortniteGafamNetflixPasseport immunitaire <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.cyberpunk-2077-se-devoile-un-peu-plus-avec-des-premieres-images-de-gameplay_3b721f2f9ff5627fa5ce7263b4b80dfa305ed08a_m.jpg" alt="" /></p>
<p>Image extraite du jeu vidéo <em>Cyberpunk 2077</em></p>
<p><strong>L</strong>'année qui vient de s'achever restera sans doute gravée comme une <strong>dystopie grandeur nature</strong>, où la réalité du quotidien a rattrapé celle narrée dans les romans d'anticipation. En un an, des nouveaux gestes irréels devenus des pratiques du quotidien se sont imposés - flâner dans la rue au milieu d'une foule masquée, remplir une «attestation» papier ou via son mobile avant toute sortie, saluer ses parents d'un étrange mouvement du coude, entrer dans un magasin après s'être frictionné les mains de gel hydroalcoolique. Etrangement, nous avons (à peu près) intégré cette dystopie quotidienne qui nous semblait inacceptable il y a encore peu.</p>
<p>Cela relève de la lapalissade: la pandémie de Covid-19 a été le fait majeur de l'année 2020, qui nous marquera à vie. C'est aussi l'événement qui a le plus marqué le monde entier depuis la seconde guerre mondiale. Cette infection respiratoire s'est répandue dans le monde comme une traînée de poudre en quelques mois, provoquant près de 2 millions de décès en moins d'un an, faisant plonger les cours du brut au-dessous de zéro, et contraignant les gouvernements à confiner plus de la moitié de l'humanité - quitte à réduire de manière spectaculaire leurs libertés personnelles, puis à limiter la casse économique en adoptant des 'Plans Marshall'.</p>
<p>Autant de changements qui vont durablement bouleverser notre existence et rendre difficile tout retour en arrière. Même si nous regardons fixement la crise sanitaire, au jour le jour, la planète est en train de se transformer. A marche forcée.</p>
<p>Dans ce contexte littéralement extraordinaire, de nouveaux usages se sont imposés dans notre quotidien. Et demain, quel sera le «monde d'après»? De la même manière que durant les deux guerres mondiales, la crise du Covid a accéléré des tendances qui n'étaient qu'en germe, et a favorisé le passage d'une société à une autre.</p>
<p><strong>Tous vaccinés, vers un Passeport immunitaire</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.passeport-scovid_m.jpg" alt="passeport-scovid.jpg, janv. 2021" /></p>
<p><strong>G</strong>râce à l'apparition des vaccins, et aux plans de vaccinations déployés par les différents pays, les épidémiologistes ont bon espoir que la situation s'améliore. Ces vaccins seront peut-être *La* solution pour que les pays mettent fin aux (re)confinements qu'ils sont parfois contraints d'imposer, pour ralentir les nouvelles vagues du virus.</p>
<p>Certes, le vaccin contre le Covid ne sera pas obligatoire - en tous cas pas en France. Mais comme <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/05/26/Surveillance-%28%C3%A0-distance%29%2C-passeport-d-immunit%C3%A9%2C-t%C3%A9l%C3%A9travail%3A-la-vie-de-demain-%C3%A0-l-heure-de-la-distanciation-sociale">je l'évoquais ici</a>, un passeport immunitaire, par exemple stocké sur nos mobiles, fera tôt ou tard son apparition. Y figureront les résultats de notre dernier test PCR ou test sérologique, démontrant que nous sommes négatifs. Voire le fait que nous sommes vaccinés (comme dans le traditionnel carnet de vaccinations) - ce qui sera peut-être exigé, à l'avenir, pour prendre l'avion ou entrer dans certains pays.</p>
<p>Déjà à Los Angeles, les personnes vaccinées contre le coronavirus peuvent en enregistrer la preuve dans leur iPhone, avec le service «Wallet», <a href="https://www.letemps.ch/economie/carnet-vaccination-chez-apple-non-merci-dit-suisse">indique le journal</a> <em>Le Temps.</em> <em>«Une preuve de vaccination stockée au cœur de son iPhone, au sein d’un service développé par Apple.»</em> Avec Android de Google, cette possibilité leur est aussi offerte via le service «Pay Pass». Les géants américains de la tech vont-ils jouer un rôle majeur dans la campagne de vaccination mondiale? En Suisse, l’OFSP préfère que ces données soient stockées dans l’application helvétique myViavac.</p>
<p><strong>Avènement du télétravail et du télé- enseignement</strong></p>
<p>Souvent lancé dans la précipitation lors du premier confinement en mars 2021, le télétravail devrait continuer de se développer. De nouveaux outils sont entré dans les usages des entreprises et des salariés, notamment des plateformes de collaboration (comme Slack, Teams de Microsoft) et les outils de visioconférence, comme Zoom. Réunions (virtuelles certes), envois de fichiers numériques lourds, échanges informels par messagerie instantanée privée, ou échanges en direct avec son équipe dans un fil de discussion, ravivé par des blagues et des émojis: malgré tout, les salariés ont tenté de <strong>reconstituer (un peu) la vie sociale du bureau</strong> via ces outils virtuels.
Au point que, en entreprises, les applications vidéos sont devenues le moyen par défaut pour communiquer, détrônant ainsi les simples appels téléphoniques traditionnels.</p>
<p>Parallèlement, les écoliers et instituteurs et professeurs se sont familiarisés avec l'école à distance, là aussi avec des outils qui étaient parfois déjà prééxistants, comme la plateforme d'apprentissage en ligne (sous licence libre GNU :) Moodle, le logiciel Discord, initialement destiné aux fans de jeux vidéos, quia cartonné chez les profs, des campus virtuels créés par certaines écoles, telle Neoma Business School...</p>
<p><strong>E-commerce massif</strong></p>
<p>Si la France était déjà une des championnes européennes dans l'utilisation du e-commerce - lointain héritage de la vente par correspondance imposée par La Redoute et consorts -, son développement s'est généralisé durant les deux confinements en 2020. Avec même des variantes comme le <strong>clic and collect</strong> (pour commander en ligne et aller récupérer ses courses sur place en boutique), imposant à des acteurs traditionnels du retail de pactiser avec des start-up du secteur, comme <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20200402/uber-eats-accelere-dans-livraison-produits-d-296641">Carrefour avec Uber Eats</a> en avril dernier.</p>
<p><strong>Consécration du fitness en ligne</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.og__bahei39dfoxu_m.png" alt="og__bahei39dfoxu.png, janv. 2021" /></p>
<p><strong>A</strong>u-delà de l'achat à distance de biens, le modèle du e-commerce a renforcé la <strong>généralisation des abonnements</strong> (remember, je vous en parlais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">dans ce billet</a> sur la vogue des abonnements, de Netflix aux kiosques numériques de presse). <em>«Des achats en ligne aux paiements et aux (nouvelles formes de) fitness (...). La technologie maintient les entreprises en vie et peut-être modifie-t-elle de façon permanente nos comportements»</em>, souligne la banque d'affaires GP Bullhound <a href="https://www.gpbullhound.com/insights/tech-predictions-2021/">dans cette étude</a> sur les tendances tech 2021.</p>
<p>Il cite donc les cours de fitness en ligne - qui survivront au Covid-19. De fait, face à la fermeture des salles des sport, plusieurs réseaux et associations sportives ont développé leurs formules de cours vidéo sur abonnement. Même Apple a lancé son propre service de cours de fitness, <strong>Apple Fitness+</strong>, le 14 décembre dernier. Des cours sur abonnement, à suivre sur iPad ou iPhone, pendant que l'Apple Watch collecte des données sur les exercices réalisés. Les utilisateurs recevront ensuite un feedback de leur séance, indiquant le nombre de calories dépensées, leur fréquence cardiaque ou encore la durée exacte de leur entrainement.</p>
<p><strong>Les jeux vidéos, réseaux sociaux de demain</strong></p>
<p><strong>L</strong>à encore, la pandémie a accéléré ce changement, qui était déjà latent dans l'univers du jeu vidéo, les éditeurs rajoutant des fonctionnalités qui ont renforcé la dimension communautaire de ces jeux: tchats, visioconférence intégrée... <em>«Les joueurs commencent à choisir de se regrouper dans 'Call of Duty: Warzone' ou de se rendre sur l'île de leurs amis dans 'Animal Crossing : New Horizons' plutôt que de passer un coup de fil»</em>, souligne l'étude de Bullhound.</p>
<p>Exemple: évidemment le jeu <strong><em>Fortnite</em></strong>, Le carton qui s'est confirmé en 2020, dont je parlais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/06/12/Fortnite%2C-un-nouveau-%C2%ABr%C3%A9seau-social%C2%BB">dans ce billet</a> - comme nouveau réseau social potentiel. Dans Fortnite, il n’y a pas de sang et les graphismes sont cartoonesques. On peut inviter ses amis dans un jeu, et leur parler grâce à la fonction vocale incluse. Son Battle Royale aux 350 millions de joueurs dispose d'un sérieux avantage: il est disponible sur tous les supports, pour consoles de jeux vidéos (Xbox, Nintendo Switch), PC et Mac, et, surtout ,depuis un an, pour les mobiles (iOS et Android) - parfait pour les ados.</p>
<p>Il a commencé à accueillir des événements virtuels - normal, ils ne peuvent avoir lieu dans la vraie vie, grippée par le coronavirus - comme des concerts virtuels du rappeur américain Travis Scott. Et bientôt des événements sponsorisés par des marques?</p>
<p><strong>Aller au cinéma, bientôt un luxe?</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.netflix-salle-cinema_m.jpg" alt="netflix-salle-cinema.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>E</strong>videmment, c'est le sujet qui me tient le plus à cœur: alors que les salles ont été fermées une bonne partie de l'année 2020 - et le sont toujours dans bon nombre de pays - en raison de la pandémie, est-ce que cela risque de rendre ringarde la sortie au cinéma?</p>
<p>Demain, est-ce que aller au cinéma (re)deviendra une sortie normale, comme dans le «monde d'avant»? Je me posais déjà cette question <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/30/Ira-t-on-encore-%22au-cin%C3%A9ma%22-demain">dans ce billet</a> fin avril 2020, puis <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/08/21/Cet-%C3%A9t%C3%A9-de-tous-les-bouleversements-pour-le-cin%C3%A9ma-et-pour-Netflix">fin août</a>, puis en décembre dernier, <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/12/04/Le-coup-de-canif-de-la-Warner-%C3%A0-l-industrie-du-cin%C3%A9ma-%28des-sorties-en-salles-bient%C3%B4t-d%C3%A9su%C3%A8tes-%29">lorsque la Warner a annoncé</a> que *tous* ses films de l'année 2021 sortiraient simultanément en salles et sur sa plateforme de streaming vidéo HBO Max pendant un mois, pour les Etats-Unis. Disney a suivi peu de temps après, faisant une annonce similaire.</p>
<p>Alors que les salles de cinéma sont encore fermées aujourd'hui, dont en France, les réalisateurs et diffuseurs cherchent des solutions pour assurer leurs sorties de l'année. Ce qui sera en salles ou pas. Certains ont déjà trouvé la parade: Aka <a href="https://twitter.com/FilmsdeLover">@FilmsDeLover</a> développait un long thread Twitter mardi sur les très nombreux films réalisés par des réalisateurs et réalisatrices de renom, qui sortent leurs films direct sur Netflix cette année. <a href="https://film.netflixawards.com/">LA liste</a> est impressionnante (ou accablante, c'est selon): Jean-Pierre Jeunet (<em>Big bug</em>), Alexandre Aja <em>(O2</em>), Paolo Sorrentino (<em>E stata la mano si dio</em>), Richard Linklater (<em>Appolo 10 1/2</em>), Jane Campion (<em>The power of the dog</em>)...</p>
<p><strong>Prédominance totale des Gafa</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.gafam_m.jpg" alt="gafam.jpg, janv. 2021" /></p>
<p><strong>C</strong>'est un fait: les géants technologiques, dont les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et consorts) ont grossi à la faveur des différentes crises, telle celle de 2008, pour devenir des mastodontes. Sans limites. L'an dernier, même la crise sanitaire et économique liée à la pandémie du Covid-19 ne les a guère affaiblis. Au contraire : les nouveaux usages liés au confinement et au télétravail leur a permis de croître encore davantage – ainsi que leur capitalisation boursière (voir <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20200428/covid-19-consacre-big-tech-nouvelles-valeurs-298108">cette enquête</a>), qui a atteint des sommets sans précédent.</p>
<p>Mais la <strong>régulation du numérique</strong> - et donc de ces monstres - <a href="https://www.agefi.fr/regulation/actualites/quotidien/20201202/l-europe-veut-redevenir-pionniere-dans-regulation-311075">est devenue un sujet-clé</a>, tant au niveau européen avec la discussion des «Digital Services Act» et «Digital Market Act», de nouvelles régulations européennes présentées depuis décembre dernier par la Commission européenne, qu'aux Etats-Unis, après un rapport assez radical à leur sujet émis par le Congrès en octobre dernier, qui pointe leurs comportements anticoncurrentiels, le nouveau président démocrate Joe Biden pourrait bien pousser dans ce sens. Bruxelles comme Washington pourrait mettre ces géants à l'amende, depuis des précédents où l’Europe a déjà mis à l’amende plusieurs de ces firmes pour abus de position dominante, tel Microsoft, qui a écopé dès 2004 d’une amende de 497 millions d'euros.</p>
<p>2021 peut donc tout de même êtr esynonyme d'optimisme, d'espoir. Je vous le souhaite, bonne année 2021 !</p>Quelques leçons à retenir d'un été (peut-être) meurtrier pour le cinémaurn:md5:1d90acd143d1b262d2f994df31a0f4942020-08-23T15:27:00+02:002020-08-23T16:43:48+02:00Capucine CousinMédiasCinémaDisneyMulanNetflixpandémie <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.570254-photos-du-cinema-sur-l-eau-de-paris-plages-3_m.jpg" alt="570254-photos-du-cinema-sur-l-eau-de-paris-plages-3.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>D</strong>emain, est-ce que aller au cinéma (re)deviendra une sortie normale, comme dans le «monde d'avant»? Je me posais déjà cette question <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/30/Ira-t-on-encore-%22au-cin%C3%A9ma%22-demain">dans ce billet</a> fin avril. Puis le 22 juin, les salles sortaient tout juste de plus de trois mois de fermeture forcée. A cette période, les idées commençaient à bouillonner autour de <strong>nouvelles formes de projection des films</strong>, entre drive-in et reprise des projections. Dans cette veine, début juin, le groupe MK2 a même organisé une projection du film <em>Le Grand Bain</em> pour une poignée de privilégiés sur des bateaux sur la Seine.</p>
<p>Et depuis ? Rien. Ou pas grand-chose qui ne laisse augurer une reprise explosive de l'industrie du cinéma. Un «été meurtrier» pour le 7ème Art, ou presque. Plusieurs signaux ont laissé percevoir les bouleversements que vont connaître l'industrie du cinéma, accélérés par cette crise sanitaire qui n'en finit pas. Des signaux faibles, qui préfigurent un tournant radical tant dans le business du cinéma que dans notre manière de regarder des films - aller en salles sera-t-il encore normal demain?</p>
<p>En cette rentrée, pile <strong>deux ans après la sortie de mon livre</strong> <em>Netflix & Cie, les coulisses d'une (r)évolution</em> (Armand Colin) - livre qui a eu une longue vie (je m'en félicite), et a été <a href="https://www.apses.org/prix-lyceen-du-livre-de-ses-2020/">lauréat cette année</a> du Prix Lycéen du livre SES. j'ai voulu relever plusieurs de ces signaux faibles qui ont marqué cet été l'écosystème du cinéma, chahuté par la crise du Covid-19 et Netflix et les autres acteurs du streaming vidéo.</p>
<h3>Chute de fréquentation des salles</h3>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.le-cinema-francais-et-le-tourisme-en-France_m.jpg" alt="le-cinema-francais-et-le-tourisme-en-France.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>P</strong>remier constat en cette fin d'été, après la joie mêlée à l'incertitude du 22 juin dernier, jour de leur réouverture coordonnée, les salles de cinéma françaises n'ont pas vu le public réaffluer. Même si les professionnels avaient préparé le terrain. La semaine dernière, on comptait 1,3 million de téléspectateurs, en chute de près de 72% par rapport à l’année dernière à la même époque. La meilleure performance depuis la réouverture des salles le 22 juin, selon CBO Box Office, mais la fréquentation reste à la peine.</p>
<p>En cause, une inquiétude diffuse du grand public (quel degré de risque y a-t-il à passer 2 heures dans une salle fermée), et surtout, moins de nouveautés captivantes que prévu à l'affiche. Certes, des films sortis avant le confinement ont pu être reprogrammés, et l'arrivée de comédies, entre les «grosses comédies» un rien balourdes (<em>T'as pêcho?</em>, Les blagues de Toto, numéro un du box office avec près de 200 000 entrées !) et bonnes surprises portées par de bonnes critiques (<em>Tout simplement noir</em> de Jean-Pascal Zadi et John Wax). Mais les blockbusters américains qui devaient sortir fin juillet, les traditionnelles locomotives en été pour les salles, ont été reportés, comme <em>Tenet</em> de Christopher Nolan, ou le dernier Disney, <em>Mulan</em>, de Niki Caro. Quant aux distributeurs français, certains ont renoncé à programmer des sorties pendant cette période critique.</p>
<h3>Le Grand Rex ferme temporairement ses portes</h3>
<p>Pour la première fois de son histoire, le mythique grand cinéma sis sur les grands boulevards parisiens a annoncé, le 27 juillet dernier, baisser le rideau du 3 au 26 août. La cause? Rester ouvert tout l'été n'était pas rentable pour lui. Faute de sorties de blockbusters notamment. Et meubler avec des soirées marathons thématiques, ne suffisait plus. Il rouvrira le jour de la sortie de <em>Mulan</em>.</p>
<p>Qui plus est, <strong>Disney et consorts commencent à moins partager leurs catalogues de films</strong> avec les salles traditionnelles pour des rétrospectives! Un effet pervers naissant des nouvelles plateformes de streaming vidéo, telle Disney+, qui veulent garder leur catalogue pour leurs seuls abonnés. <em>«Il devient difficile d’innover et de proposer d’autres marathons au public avec notamment l’interdiction de piocher dans les catalogues de Disney et de la Fox»</em>, <a href="https://www.boxofficepro.fr/faute-de-frequentation-le-grand-rex-ferme-temporairement-ses-portes/">expliquait récemment</a> Alexandre Hellmann, propriétaire du célèbre cinéma.</p>
<p>Cet été, plusieurs autres cinémas ont décidé de refermer provisoirement: des indépendants du quartier Latin à Paris, Le Palace à Lons-le-Saunier (Jura), le Castillet à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le Darcy à Dijon...</p>
<h3>Netflix & co grillent la politesse aux salles obscures</h3>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.netflix-salle-cinema_m.jpg" alt="netflix-salle-cinema.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>A</strong>utre fait: on commence à voir des films sortir simultanément dans une poignée de salles et sur une plateforme de streaming. <strong>Le rêve de Netflix devient réalité</strong>. Ce printemps, plusieurs films avaient été autorisés à sortir directement en VoD sur les petits écrans, alors que les salles étaient fermées. Pour permettre aux réalisateurs de les diffuser quelque part, et éviter la catastrophe économique.</p>
<p>Ce qui a donné des idées aux streamers. Début août, Hollywood a connu un petit tremblement de terre: Disney a annoncé qu'un de ses mega-blockbusters de l'année, <em>Mulan</em> de Niki Caro, décalé à plusieurs reprises, sortirait finalement le 4 septembre prochain directement sur la plateforme Disney+ aux États-Unis, mais aussi au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Australie et dans plusieurs pays européens.</p>
<p>Cette exclusivité a un prix : pour visionner le film, il faudra payer 29,99 dollars en plus du coût de l'abonnement. Cette annonce a donné des sueurs froides aux exploitants outre-Atlantique, qui comptaient, entre autres, sur <em>Mulan</em> pour de nouveau attirer les spectateurs dans les salles.</p>
<p>D'autres tentent les sorties simultanées. Le grand Werner Herzog sort son dernier film, <em>Family Romance, LLC</em>, petit bijou de SF qui interroge sur nos ultra-solitudes urbaines (demain, devra-t-on «louer» des amis et des proches?), dans une poignée de salles en France - et essentiellement sur Mubi (plateforme anglaise de streaming vidéo) dans les autres pays. Est-il inquiet pour l'avenir des salles? Il botte en touche <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/08/19/werner-herzog-je-veux-etre-le-frelon-qui-pique_6049306_3246.html">dans cette interview</a> au <em>Monde: «La mère de toutes les batailles, c'est bien les salles et non les plateformes. Mais je ne suis pas un nostalgique»</em>. Son prochain film, <em>Fireball</em>, sera produit par Apple, et présenté au festival de Toronto.</p>
<p><em>Mignonnes</em>, de Maïmouna Doucouré, premier film français très remarqué, est sorti cette semaine en salles dans l'Hexagone - et direct sur Netflix aux US, où la plateforme y a acquis les droits.</p>
<h3>Premiers spots TV pour des sorties de films en salles</h3>
<p>Un autre verrou a sauté - au bénéfice du cinéma ? Un premier décret <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2020/8/5/MICE2015417D/jo/texte">publié le 7 août</a> dernier sur l'assouplissement de la publicité télévisée autorise désormais - pour une période de 18 mois - les publicités télévisées pour le cinéma. Dès le 8 août, M6 diffusait ainsi le premier spot TV pour la sortie d'un film en salle - précisément celui d'un des rares blockbusters ayant maintenu sa sortie cet été, <em>Tenet</em>.</p>
<div class="external-media">
<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Historique : 1er spot TV ce soir pour la sortie d’un film en salle <a href="https://twitter.com/hashtag/tenet?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#tenet</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/m6?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#m6</a> <a href="https://t.co/3mym9XneU2">pic.twitter.com/3mym9XneU2</a></p>— Olivier Snanoudj (@OSnanoudj) <a href="https://twitter.com/OSnanoudj/status/1292176601241845761?ref_src=twsrc%5Etfw">August 8, 2020</a></blockquote>
<script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>
<br /><a href="https://twitter.com/OSnanoudj/status/1292176601241845761">spot TV</a>
</div>
<p>Est-ce que l'ensemble du cinéma bénéficiera de cette ouverture publicitaire? Pas sûr. Les pubs TV pour le cinéma étaient jusqu'à présent interdites précisément pour protéger les films indépendants face aux blockbusters américains disposant d'une énorme force de frappe publicitaire. cette autorisation fera l'objet d'un rapport d'évaluation dans un délai de 15 mois, justement pour vérifier son impact sur la filière cinéma, - et voir quels types de films profitent ou pâtissent de cette réforme.</p>
<h3>Des films diffusés à la télé même le samedi soir</h3>
<p>Une autre brèche s'est ouverte le 7 août: les chaînes de télévision peuvent programmer des films quand elles le veulent, d'après un décret paru ce jour-là. Il a mis fin à une règle très décriée par le PAF, qui leur interdisait de diffuser en clair des films certains jours ou soirées, comme le samedi. Une disposition qui visait à protéger les salles de cinéma, décidée il y a plusieurs décennies au nom de la préservation de la sacro-sainte exception culturelle. Mais elle ne s'appliquait pas aux plateformes de streaming type Netflix - les chaînes en demandaient donc la suppression pour être mieux armées face à ces nouveaux géants. Le nouveau contexte lié à la crise du Covid-19 et les stigmates du confinement ont donc fait voler en éclats d'autant plus rapidement ce tabou. De quoi plomber d'autant plus les salles de cinéma?</p>
<p>Seule exception notable, Canal+ - un des grands argentiers du cinéma dans l'Hexagone - a annoncé le 20 août que ses samedis soirs seraient réservés au foot, avec les matchs de championnat de la Ligue 1.</p>
<h3>Netflix & co s'attaquent à Broadway (et aux comédies musicales)</h3>
<p>Une autre brèche liée à la pandémie permet à Netflix et ses concurrents d'avancer leurs pions sur le terrain de la comédie musicale. Netflix a annoncé la diffusion prochaine sur son service de la comédie musicale inspirée de la vie de la princesse de Galles, <em>Diana</em>, qui devait être jouée à Broadway mais a été repoussée en raison du coronavirus.
Radical, les producteurs de la société Grove Entertainment ont décidé de filmer la pièce dans un théâtre vide. Le spectacle devrait ainsi être publié sur Netflix début 2021, avant d'être joué à Broadway le 25 mai. Disney lui-même a fait sensation en diffusant en exclusivité le show à succès <em>Hamilton</em>, entraînant une augmentation massive des abonnements sur son service Disney+ .</p>Va-t-on retourner "au cinéma" demain ?urn:md5:aa78b4a541ce756aedb102adcb2dbb8d2020-04-30T18:09:00+02:002020-05-01T09:57:13+02:00Capucine CousinEcransCinémacoronavirusDrive-inNetflixprojections de films <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.vue-n91-sortie-dusine_m.jpg" alt="vue-n91-sortie-dusine.jpg" title="vue-n91-sortie-dusine.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><em>Vue n°91 Sortie d'Usine I premier film des frères Lumières,
1895</em></p>
<p><strong>E</strong>st-ce que se rendre dans des salles obscures, "au cinéma",
restera quelque chose de normal demain? Ou du moins, sous la forme que nous
connaissons depuis des décennies - depuis que Louis Lumière et d'autres nous
ont habitués à sortir "au cinéma" pour voir des projections de films ?
Dans ce nouveau quotidien littéralement extraordinaire que nous connaissons
depuis mi-mars, nous avons brutalement dû cesser de nous rendre dans des lieux
publics - dont des salles de cinéma. Et le premier ministre Edouard Philippe
l'a abruptement confirmé, avant-hier, à l'Assemblée nationale: si notre
"déconfinement" aura lieu à partir du 11 mai, les salles de cinéma, elles,
resteront fermées au-delà de cette date. Au moins jusque début juillet, espère
Richard Patry, patron de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF),
cité par <em>Le Point</em>. Voire jusque septembre, ou novembre, m'ont soufflé
des professionnels du secteur ces derniers jours.</p>
<p>Ce n'est qu'une demi-surprise pour les exploitants de salles et les
diffuseurs, au vu des risques économiques et sanitaires que pourrait engendrer
une réouverture trop rapide des salles obscures - la Chine, premier pays à
"déconfiner" ses habitants, a dû refermer ses 700 salles fin mars, au bout de
15 jours d'exploitaiton, à caue de craintes de résurgence de l'épidémie.</p>
<p>Une réouverture des salles dans l'Hexagone s'accompagnera d'enjeux
colossaux, pour faire respecter cette nouvelle règle de "distanciation sociale"
devenue vitale face à la pandémie de Covid-19. D'après les premières
hypothèses, cela passerait par de <strong>nouvelles règles</strong>: par
exemple nettoyage des salles après chaque séance, réduction des jauges avec
peut-être un fauteuil sur trois et une rangée sur deux, jusqu'à la question de
la climatisation (soupçonnée de faire circuler le virus)...</p>
<p><strong>E</strong>t ce point épineux: <strong>le public retrouvera-t-il
suffisamment confiance</strong> pour retourner dans des salles de cinéma ?
Dans un climat particulièrement anxiogène, où, en deux mois, nous avons tous
intégré l'idée que nous risquions d'attraper ce virus, cette "chose" dans un
espace clos, aurons-nous le cœur à "aller au cinéma", espace confiné par
excellence?</p>
<p><strong>Netflix a déjà désacralisé la sortie "au cinéma"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/disney_.jpg" alt="disney_.jpg" title="disney_.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>D</strong>epuis quelques années, l'arrivée en trombe de Netflix,
Disney+, et d'autres acteurs du jeune segment du streaming vidéo sur
abonnement, avaient commencé à bouleverser ce modèle à priori bien installé de
la sortie au cinéma, <strong>d'aller en salles</strong> voir un film. Les
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2019/05/14/Cannes-sans-Netflix">polémiques régulières</a> sur
les conditions de participation de Netflix (et ses "webfilms") à la compétition
officielle du Festival de Cannes ont d'autant plus remis en cause ce modèle,
comme j'en parle <a href="https://livre.fnac.com/a12459883/Capucine-Cousin-Netflix-et-Cie-la-mort-du-cinema">
dans mon livre</a>. Et voilà que, face à la pandémie, le Centre national du
cinéma (CNC) a décidé, dans l'urgence, de briser la sacro-sainte chronologie
des médias pour autoriser la sortie de films directement sur petit écran, comme
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/20/Fran%C3%A7ois-Truffaut-%28et-Jacques-Demy%2C-Claude-Chabrol...%29-sur-Netflix">
j'en parlais ici</a>. Moyennant un paiement à l'acte, ou peut louer ou
"acheter" un film pour le visionner chez nous via un service de vidéo à la
demande (VoD). Une décision "temporaire" oui, mais qui pourrait <strong>sceller
de nouveaux usages.</strong></p>
<p>Alors, <strong>va-t-on retourner au cinéma ?</strong> Ce serait pourtant un
des symboles de notre "liberté" retrouvée après ces longues semaines de
confinement contraint chez nous - dans nos prisons (plus ou moins) dorées. En
attendant la Libération, des alternatives commencent à poindre. Avec de
l'espoir: cette période trouble pourrait être l'occasion pour la profession de
se réinventer, avec des nouveaux formats. Toutes cherchent à respecter ce qui
fait l'âme de la séance de cinéma: un événement qui rassemble des personnes
venues partager des émotions devant une même projection de film.</p>
<p><strong>Projections sur des façades de murs, drive-in: des nouveaux
formats</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.projnuitduchasseur-0487_m.jpg" alt="Projection &quot;La nuit du chasseur&quot; (c) La Clef Survival" title="Projection &quot;La nuit du chasseur&quot; (c) La Clef Survival, avr. 2020" /></p>
<p>Projo de la <em>Nuit du chasseur,</em> cinéma La Clé</p>
<p><strong>E</strong>n Italie, on a vu des passionnés cinéphiles improviser,
puis organiser, le soir, des <strong>projections de films</strong> sur des
façades de murs depuis leur vidéoprojecteur. Le concept a été repris en France,
par des cinémas, par exemple par le cinéma associatif parisien La Clé, dans le
5ème arrondissement, qui projette lui aussi des films pendant le confinement.
Et les initiatives se multiplient: Archipop, cinémathèque amateur des
Hauts-de-France, vient de <a href="https://www.archipop.org/actualites-et-agenda/agenda/projection/2020/04/16/projection-pour-vos-voisins/">
mettre en ligne</a> quatre films qui peuvent être librement projetées sur les
façades ou pignons d’immeuble.</p>
<p>On peut espérer que les projections de films en plein air, qui font florès
chaque été à Paris (comme <a href="https://lavillette.com/programmation/cinema-en-plein-air_e556">par La
Villette</a>) et dans d'autres villes, vont reprendre cette année. Après tout,
ce format permet de respecter les conditions sanitaires d'aujourd'hui, en
imposant une distance physique entre chaque spectateur. Tout en organisant un
événement qui respecte l'ADN d'une séance de cinéma.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Grease-Drive-in_m.jpg" alt="Grease-Drive-in.jpg" title="Grease-Drive-in.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>Voire, pourquoi ne pas <strong>importer les drive-in</strong> en France?
Dans les années 50, les jeunes gens américains adoraient se retrouver entre
amis et/ou leur conquête, avec leur voiture (décapotable de préférence) sur un
vaste parking pour des projections de films sur grand écran en plein air. Petit
touche tech, le son était diffusé dans les véhicules par des hauts-parleurs
reliés à des bornes implantées sur le parking. Rappelez-vous de la scène
d'ouverture de <em>Grease</em>, dans un drive-in...</p>
<p>Dans la culture américaine, on "sortait" au drive-in pour voir entre potes
un film d'horreur ou de science-fiction - avec toujours pour idée de sortir et
voir un film. Merveille: justement, à Caen, le 11 mai, le <strong>cinéma art et
essai Lux</strong> devrait pouvoir organiser plusieurs séances hebdomadaires de
drive-in sur le parking du parc des expositions de la ville, indique Le Monde
de ce jour. Il n'attend plus que le feu vert de la préfecture. Il imagine déjà
un tarif "de 20 à 25 euros par véhicule", avec, déjà prévu en projection, la
Palme d'or 2020 Parasite.</p>François Truffaut (et Jacques Demy, Claude Chabrol...) sur Netflixurn:md5:8c70752da1b74ae19e8897e4da6182b22020-04-20T14:44:00+02:002020-04-20T17:43:25+02:00Capucine CousinEcransCiné-clubCinémaMK2NetflixSVoD <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/Antoine-Doinel.jpg" alt="Antoine-Doinel.jpg" title="Antoine-Doinel.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>M</strong>oteur! Dans une France confinée, privée d'accès aux salles
de cinémas depuis un peu plus d'un mois, Netflix frappe un gros coup, en
s'offrant le catalogue de films français du groupe MK2, <a href="http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/netflix-s-offre-presque-tout-francois-truffaut-20-04-2020-8302560.php">
a révélé</a> <em>Le Parisien</em> ce midi. Netflix a signé un partenariat en ce
sens avec le groupe français MK2, producteur et distributeur, qui possède ou
loue une kyrielle de salles de cinéma à Paris et en proche banlieue.</p>
<p>Netflix proposera donc à ses abonnés, à partir de ce vendredi, le meilleur
des films d'auteur: douze des 21 films réalisés par François Truffaut (dont la
saga consacrée à Antoine Doisnel, le double de François Truffaut, <em>Baisers
volés, Domicile conjugal</em> et <em>L'amour en fuite</em>, <em>Le Dernier
métro</em>, avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, ou encore
<em>Fahrenheit 451</em>, d'après le classique de science-fiction de Ray
Bradbury.</p>
<p>La firme de Los Gatos ne va pas s'arrêter là: toujours selon <em>Le
Parisien</em>, elle diffusera à partir de fin 2020 des films d'autres émules de
la Nouvelle Vague, tels Claude Chabrol, et Jacques Demy, qui incarne la comédie
musicale à la française, avec <em>Les demoiselles de Rochefort</em> et les
<em>Parapluies de Cherbourg</em>, qui ont révélé Catherine Deneuve et Françoise
Dorléac, décédée trop vite. Puis viendront aussi les films de Charlie Chaplin,
dont les droits sont également détenus par MK2, puis ceux de David Lynch, du
cinéaste polonais Kieslowski, et du Canadien Xavier Dolan.</p>
<p><strong>Niche ciné-club</strong></p>
<p>En clair, Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande sur
abonnement (SVoD), propose désormais une offre de classiques du cinéma français
- une niche ciné-club qui lui faisait cruellement défaut jusqu'à présent. Cela
a quelque chose de vertigineux, et de réjouissant:le meilleur du cinéma
français sera désormais exposé aux quatre coins du monde sur cette vitrine
internationale qu'est devenu Netflix, fort de ses 164 millions d'abonnés
payants. Une étudiante en cinéma à New York, une ado vivant à Mexico City, ou
un cadre japonais pourront se visionner un Truffaut.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_ecran__13__m.jpg" alt="Capture_d_ecran__13_.png" title="Capture_d_ecran__13_.png, avr. 2020" /></p>
<p>Alors oui, d'un point de vue symbolique, en termes de communication, et de
business, c'est un nouveau coup magistral qu'a réalisé Netflix.
Progressivement, ces derniers mois, il a réalisé quelques autres belles
acquisitions de catalogues "de patrimoine", comme en début d'année avec
l'intégralité des dessins animés écolos et oniriques de Hayao Miyazaki, des
studios japonais Ghibli. Par ce deal avec le groupe MK2, il s'offre le meilleur
du cinéma français - un paradoxe, alors que son dirigeant Reed Hastings
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2019/05/14/Cannes-sans-Netflix">nourrit des relations
tendues</a> avec les organisateurs du Festival de Cannes - autre vitrine
mondiale du savoir-faire français dans le business du cinéma.</p>
<p>Pourquoi le groupe MK2 a-t-il signé ce partenariat ? Quelles en sont
les modalités et la durée ? Pour l'heure, aucune précision n'est apportée
par le groupe français par communiqué, ni par la voix d'un de ses dirigeants.
Dans un communiqué diffusé en fin d'après-midi, on apprend juste que ce deal
porte sur 501 films. Et MK2 se dit <em>"très heureux que Netflix se renforce
sur le cinéma de patrimoine et les grands auteurs internationaux avec cet
accord. Le rôle de MK2 à travers son catalogue de plus de 800 titres
représentant une partie de l’histoire mondiale du cinéma est de contribuer à la
transmission de ce patrimoine universel du cinéma et de faire découvrir en
permanence ces films au plus grand nombre dont les plus jeunes. Cet accord de
diffusion est une bonne nouvelle pour tous les Français amoureux du cinéma et
de son histoire"</em>, selon un communiqué diffusé par Netflix, où est cité
Nathanaël Karmitz, Président du Directoire de MK2.</p>
<p>Difficile de connaître l'état de santé du groupe MK2, dont l'essentiel du
chiffre d'affaires - 92 millions d'euros en 2018 - provient de son activité de
distributeur et de diffuseur en salles, à l'arrêt depuis mi-mars, alors que le
gouvernement a demandé la fermeture des lieux publics, dont les cinémas. Relire
<a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/nathanael-karmitz-n-karmitz-mk2-netflix-est-dans-une-position-de-predateur-par-rapport-au-cinema-1000071">
cette interview de mai 2019</a> de Nathanaël Karmitz, (<em>"Netflix fait de la
télévision, pas du cinéma, mais cette plate-forme a besoin du prestige que lui
apportent le cinéma et le Festival de Cannes"</em>), paraît aujourd'hui presque
d'un autre temps.</p>
<p><strong>C</strong>'est un gros coup de Netflix, et une énorme surprise - car
il aurait paru plus logique que MK2 noue un partenariat avec un acteur français
de la SVoD, comme Canal+, ou un spécialiste du ciné-club tel que La Cinetek,
UniversCiné ou FlilmoTV. Le fait que Netflix propose désormais cette niche de
films d'auteurs tricolores pourrait les mettre à mal.</p>Netflix décroche son Lion d'or (à défaut d'une Palme)urn:md5:f05da0104976052f5147deb8bf165ae72018-09-09T18:39:00+02:002018-09-09T21:18:27+02:00Capucine CousinCulture numériqueAlfonso CuarónAmazon StudiosCinémaFestival de TorontoMarco KoskasMostra de VeniseNetflixNetflix coRoma <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.festival-cannes-2017_m.jpg" alt="festival-cannes-2017.jpg" title="festival-cannes-2017.jpg, sept. 2018" /></p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/Dm3gpeXJNoQ?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/Dm3gpeXJNoQversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Un film Netflix lion d'Or de Venise. Et futur Oscar?</p>
<p><strong>L</strong>a consécration pour Netflix. Avec un sacré goût de
revanche après le précédent du festival de Cannes. Samedi 8 septembre au soir,
la Mostra de Venise, un des plus prestigieux festivals de cinéma, a attribué
son Lion d’or à <strong><em>Roma</em></strong>, film du cinéaste mexicain
Alfonso Cuarón. Un film très personnel, à mille lieues de <em>Gravity</em>
(2013), blockbuster interstellaire qui nous plongeait avec fascination dans
l'espace, et carton international (723 millions de dollars de recettes).</p>
<p><strong><em>Roma</em>,</strong> c'est un film très personnel, un des favoris
du Festival, dans un noir et blanc osé pour le cinéma d'aujourd'hui, pour
lequel le cinéaste s'est inspiré de son enfance, pour raconter l’année 1971, où
il a connu la vaste répression du mouvement contestataire des étudiants, et le
divorce de ses parents), dans le quartier Borghèse de Roma, au Mexique. La
gloire pour le réalisateur.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg" alt="31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg" title="31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg, sept. 2018" /></p>
<p><strong>M</strong>ais le vrai vainqueur de la Mostra est sans doute son
distributeur, Netflix. Une première. Une révolution. Bonne nouvelle, garantie
de renouveau, ou cataclysme annoncé pour le monde du cinéma? Comment définir
Netflix aujourd'hui? Cette start-up devenue ogre, mi-GAFA, mi-studio
hollywoodien, qui propose sur sa plateforme une sorte de vidéoclub géant en
ligne? ce sujet est au cœur de mon livre, justement, ''<a href="https://livre.fnac.com/a12459883/Capucine-Cousin-Netflix-et-Cie-la-mort-du-cinema">Netflix
& co, Enquête sur une (r)évolution'</a>', qui sort <strong>ce 12 septembre
(tadaa !)</strong>. Netflix est à la fois un studio de production, un
distributeur de films et séries, un diffuseur, et une plateforme internet de
diffusion de contenus vidéos en streaming, sur abonnement, qui compte près de
130 millions d'abonnés dans le monde, dont 3,5 millions en France. Et une
capitalisation boursière de 151 milliards de dollars.</p>
<p><strong>La sortie en salles obligatoire, (encore) une exception
française</strong></p>
<p><strong>U</strong>ne première, donc. Jamais cette plateforme américaine de
streaming n’avait obtenu la récompense suprême de l’un des principaux festivals
de cinéma. <em>Roma</em> avait d'ailleurs déjà fait parler de lui sur un autre
festival, à Cannes ce printemps, où il faisait initialement partie de la
sélection officielle, au même titre que <em>Norway</em> de Paul Greengrass,
<em>Hold the Dark</em> de Jeremy Saulnier, <em>They’ll Love When I’m Dead</em>,
un documentaire de Morgan Meville sur le cinéaste Orson Welles, légendaire
réalisateur de <em>Citizen Kane</em>, et même <em>The Other Side of the
Wind</em>, le dernier long-métrage inachevé de ce même Orson Welles. Or pour
les organisateurs du Festival de Cannes, tout film en sélection officielle doit
sortir en salles *avant* toute diffusion sur internet.</p>
<p><strong>Un film qui ne sort pas au cinéma est-il encore un film ?</strong>
Je me posais la question déjà <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2018/05/13/Un-film-doit-il-sortir-en-salles-pour-%C3%AAtre-encore-un-film">
il y a quelques mois</a>. Toute la polémique s'était cristallisée sur cela,
<strong>la sortie des films en salles</strong>, indispensable pour les
organisateurs du Festival de Cannes, accessoire pour Netflix. Manifestement,
les organisateurs des autres festivals n'ont pas la même vision des choses.
Comme je détaille dans mon livre, outre-Atlantique, les organisateurs des
Oscars considèrent eux aussi la sortie en salles comme secondaire pour
sélectionner un film. Il semblerait bien que la sortie en salles obligatoire
pour être en lice à un festival de cinéma ne s'impose désormais plus.
<strong>Netflix, décidément, dicte ses règles du jeu.</strong> Et parvient,
progressivement, à ringardiser le festival de Cannes.</p>
<p>A cela s'ajoute une exception française, la désormais fameuse
<strong>"chronologie des médias"</strong>, qui implique un délai de trois ans
entre la sortie en salles d'un film et sa diffusion sur une plate-forme de
vidéo. Ce qui avait donc provoqué l'ire des Netflix à Cannes. On imagine donc
le goût pétillant de revanche qu'a eu cette récompense - un Lion à défaut d'une
Palme - pour les dirigeants de Netflix, hier soir.</p>
<p><strong>Deux productions Netflix primées</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.the-ballad-of-buster-scruggs-james-franco-film_m.jpg" alt="THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS" title="THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS, sept. 2018" /></p>
<p>''The Ballad of Buster Scruggs"</p>
<p><strong>M</strong>ieux, le prix du scénario à la Mostra a été attribué au
western de Joel et Ethan Coen, <strong><em>The Ballad of Buster
Scruggs</em></strong>, le deuxième des trois films Netflix (avec <em>July
22</em>, de Paul Greengrass) en compétition cette année à Venise. Eh oui, les
frères Coen, la crème des cinéastes indépendants américains, réputés depuis
<em>Barton Fink, The big leboswki</em> et <em>Fargo</em>, étaient une des
autres "prises" hollywoodiennes de la firme de Los Gatos,. Au détail près que
leur projet initial consistait en une mini-série télé de six épisodes, vaste
hommage aux western spaghettis italiens des années 60. Soit six récits d'une
heure sur l’Ouest américain, aux personnages divers, entre le cow-boy
solitaire, et le chercheur d’or, avec un humour noir féroce propre au duo de
cinéastes.</p>
<p>Pourtant, à la surprise générale, lors de l'ouverture du festival, le 31
août, leurs auteurs annonçaient que la série était devenue un film à sketchs de
deux heures. C'est bien cette version de deux heures que le public - ou plus
exactement les seuls abonnés Netflix - pourront découvrir sur la plateforme de
streaming d’ici à la fin de l’année, aux Etats-Unis et - probablement - dans la
plupart des pays, mais aussi le commun des mortels en salles.</p>
<p>En France, tout dépendra de sa sortie dans les cinémas – ou pas –, puisque
si tel était le cas, le film devrait attendre trois ans avant d’être disponible
sur Netflix, conformément à l’actuelle chronologie des médias. Quant aux six
heures de la série qui ont été produites, le flou demeure sur leur devenir.</p>
<p><strong>Une autre production 100% Netflix en ouverture à
Toronto</strong></p>
<p>Autre pied de nez à l'industrie traditionnelle du cinéma, deux jours avant,
jeudi 6 septembre, Netflix s’était déjà offert une autre (avant-)première.
C’est un de ses films, <strong><em>Outlaw King : Le roi
hors-la-loi</em></strong>, de David Mackenzie, qui a fait l'ouverture du
Festival international du film de Toronto. Tourné en Ecosse, ce film est
consacré au roi écossais du 14e siècle Robert Bruce, et retrace son combat pour
reprendre le contrôle de l'Ecosse après avoir été déclaré hors-la-loi par
l'Angleterre.</p>
<p>C'était la première fois qu'une production d'une plateforme de streaming
faisait l'ouverture d'un des plus grands festivals de cinéma du monde. Petit
détail: ce film, projeté en première mondiale à Toronto, <strong>ne sortira pas
en salle par la suite</strong>. Il sera réservé aux abonnés de Netflix, qui
pourront le visionner à partir du 9 novembre. Décidément, au fil des Festivals
de cinéma, Netflix impose son propre modèle de diffusion: des productions
destinées exclusivement à ses abonnés, qui n'ont pas vocation à sortir en
salles traditionnelles. D'ailleurs, son patron fondateur Reed Hastings, ne s'en
est jamais caché: <em>"Puisque nos abonnés financent nos films, nous voulons
qu’ils y aient accès rapidement, et pas trois ans plus tard"</em>, déclarait-il
encore au festival Séries Mania à Lille, le 3 mai dernier. Et <strong>les
festivals semblent, les uns après les autres, accepter ce principe</strong>.
Exceptés les seuls organisateurs du festival de Cannes. Pour l'instant.</p>
<p><em>"Nous avons choisi le meilleur film que nous pouvions trouver pour être
à la hauteur de ce que nous voulons pour la soirée d'ouverture"</em>,
justifiait à l'AFP Cameron Bailey, directeur du festival de Toronto. Et
d'insister: <em>"Des plateformes comme Netflix, Amazon et Hulu soutiennent
certains des meilleurs talents de nos jours"</em>. Les studios traditionnels de
cinéma apprécieront.</p>
<p><strong>Le modèle Netflix appliqué à l'édition: Koskas au
Renaudot</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.livre_autopublie_amazon_renaudot_marco_koskas_m.jpg" alt="livre_autopublie_amazon_renaudot_marco_koskas.jpg" title="livre_autopublie_amazon_renaudot_marco_koskas.jpg, sept. 2018" /></p>
<p>Le dernier Koskas, livre "publié" par Amazon</p>
<p>Netflix est-il en train d'imposer son modèle à l'industrie culturelle ?
Il se fait donc producteur de contenus, destinés à être proposés
*exclusivement* à ses seuls abonnés, sur sa plateforme de diffusion.
Consécration de ce modèle, ces films ("webfilms" aux yeux de certains
cinéastes) sont même sélectionnés, voire récompensés, dans des festivals de
cinéma ! Un modèle qui semble irriguer bien plus que l'industrie du
cinéma. Dont l'édition, l'industrie du livre.</p>
<p><strong>I</strong>l y a quelques jours, on apprenait ainsi qu'un livre
autopubié sur la plateforme d'Amazon était sélectionné <strong>pour le Prix
Renaudot</strong>, un des prestigieux prix littéraires de la rentrée en France.
<strong><em>Bande de Français</em></strong>, le dernier livre de <strong>Marco
Koskas</strong>, auteur franco-israélien de plusieurs ouvrages, a ainsi été
sélectionné parmi les 17 romans élus, avec un nom d'éditeur un peu particulier,
Galligrassud. <em>"Une contraction de noms de maisons d'édition qui cache un
ouvrage autopublié grâce au service... d'Amazon"</em>, <a href="https://www.actualitte.com/article/culture-arts-lettres/un-livre-autopublie-sur-amazon-selectionne-pour-le-prix-renaudot/90760">
comme l'a révélé</a> le très bien informé site Actualitte.</p>
<p>Un auteur de livres confirmé, 16 livres publiés à son actif, a donc choisi
de publier son dernier opus via <strong>CreateSpace</strong>, le service
d'autopublication d'Amazon, en passant outre les maisons d'édition
traditionnelles. Ce qui l'a poussé à franchir le Rubicon ? Probablement,
entre autres, le pourcentage sur les ventes assez conséquent reversé par Amazon
à ses auteurs — plus de <strong>50% du prix de vente du livre</strong>, contre
5% à 10% chez les éditeurs "papier" traditionnels (je suis bien placée pour en
témoigner ;)</p>
<p>Plus que l'autoédition, ce qui pose question est bien sûr la présence d'un
livre publié par Amazon, firme haïe par une partie du monde du livre — les
libraires — car elle incarne un risque de monopole. Les organisateurs du Prix
Renaudot ne semblent pas se poser la question. Et décidément, l'arrivée de GAFA
et consorts, tels Netflix, Amazon, et très bientôt Youtube (Google) et Apple,
dans la culture traditionnelle, du cinéma à l'édition, soulève des questions
inédites.</p>Un film doit-il sortir en salles pour être encore un film? (Netflix vs Cannes)urn:md5:8c75547c32dfa537b6c67c2442070d512018-05-13T21:22:00+02:002018-05-13T21:38:09+02:00Capucine CousinCulture numériqueCannesCinémaFestival de CannesFilmNetflixwebfilm <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.taxi-festival-film-cannes_m.jpg" alt="taxi-festival-film-cannes.jpg" title="taxi-festival-film-cannes.jpg, mai 2018" /></p>
<p><strong>Il</strong> était censé venir au Festival de Cannes avec 5 films et
documentaires dans les cartons. Finalement, Netflix a décidé de bouder la
grand-messe du cinéma, qui bat son plein en ce moment. Tout est parti d'une
déclaration le 23 mars dernier de Thierry Frémaux, délégué général du Festival,
précisant <em>"Tout film qui souhaite concourir pour la Palme d'or devra sortir
dans les salles françaises"</em>. La règle est claire, désormais, Cannes
n’accepte en compétition que des œuvres qui sortiront en salles. Ca n'a pas
manqué, le 13 avril, Ted Sarandos, directeur des contenus de Netflix, annonce
sa décision de bouder le festival. "<em>Nous voulons être sur un plan d'égalité
avec les autres cinéastes"</em>, précise-t-il dans un entretien à
<em>Variety</em>, la Bible de la presse cinéma à Hollywood. Et d’ajouter:
<em>"Bien sûr, il y a deux visions différentes. Mais nous avons choisi de nous
inscrire dans l'avenir du cinéma. Si Cannes a choisi d'être bloqué dans
l'histoire du cinéma, c'est son choix"</em>.</p>
<p>Un premier round dans cette bataille avait été mené en mai 2017, lorsque
Netflix avait rechigné à sortir dans les salles obscures ses deux films en
sélection officielle, <em>Okja</em> et <em>The Meyerowitz Stories</em>. Pour
les diffuser uniquement sur sa plateforme de streaming. A la grande colère des
exploitants, qui y voyaient bafoué <strong>le statut roi du film projeté en
salle</strong>, protégé par l'intouchable chronologie des médias. Netflix avait
alors remporté la manche.</p>
<p>En cette année 2018, la mesure de rétorsion ne s’est pas faite
attendre : cinq films produits par la firme de Los Gatos ont été privés de
tapis rouge à Cannes : <em>Norway</em> de Paul Greengrass, <em>Roma</em>
d'Alfonso Cuarón (réalisateur de <em>Gravity), Hold the Dark</em> de Jeremy
Saulnier, <em>They'll Love When I'm Dead,</em> un documentaire de Morgan
Meville sur le cinéaste Orson Welles, et même <em>The Other Side of the
Wind</em>, le dernier long-métrage inachevé de ce même Orson Welles. Un projet
inachevé du légendaire réalisateur de <em>Citizen Kane</em>, qui avait a pu
aboutir… grâce à un investissement de Netflix.</p>
<p><strong>Les Anciens contre les Modernes</strong></p>
<p>Comme une nouvelle bataille des Anciens contre les Modernes. Même si, la
semaine dernière, au festival Series Mania à Lille, consacré aux séries
télévisées, revenant sur cette polémique, Reed Hastings se livrait à un semi
mea culpa, regrettant qu'avec le Festival de Cannes, où aucun de ses films
n'est sélectionné cette année 2018 faute d'accord, Netflix <em>"s'est mis dans
une situation plus délicate que ce que nous aurions voulu"</em>. Avant de
défendre son modèle économique: <em>"comme nos abonnés financent nos films, on
veut qu'ils y aient accès rapidement et pas trois ans plus tard"</em>.</p>
<p>Mais pourquoi ce combat entre le nouveau géant de l'audiovisuel et les
organisateurs du Festival de Cannes ? Toute la polémique repose sur la
<strong>sortie des films en salles,</strong> indispensable pour les
organisateurs du Festival de Cannes, accessoire pour Netflix. Or, un film
projeté dans un cinéma doit attendre trois ans avant qu’une plateforme de vidéo
à la demande par abonnement puisse le diffuser. C’est la règle en France, la
"chronologie des médias".</p>
<p>Or, qu'est-ce qui définit un film aujourd'hui ? Sa sortie en salles
est-elle encore indispensable, obligatoire, pour en faire un film ? Ou un
film est-il un film par ses conditions de tournage, de production ? Alors
que se multiplient les plateformes de vidéo à la demande sur abonnement,
Netflix (qui compterait 3,5 millions d'abonnements en France), Amazon Prime
Video, et bientôt, un "Disney Flix", voire des plateformes de SVoD européenne,
chinoise, entraînant de nouveaux usages dans les modes de
<del>consommation</del> visionnage des films.</p>
<p>Netflix l'a dit à plusieurs reprises, ses 8 milliards de dollars de budget
de production de "contenus originaux" (dont 1 milliard pour l'Europe) visent en
partie à produire des long-métrages, destinés à sortir directement et
uniquement sur sa plateforme, sans passe par la case salles de cinéma.</p>
<p><strong>"Webfilms"</strong></p>
<p>Ces films nouvelle génération, <em>"ce sont des webfilms"</em>, me disait
récemment le cinéaste Radu Mihaileanu, président actuel de l'Association des
réalisateurs producteurs (ARP). Sans préjuger de leur qualité, à ses yeux,
<em>"ce n'est pas du cinéma: ces webfilms ne sont vus que sur un écran
d'ordinateur ou de télévision"</em>.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/hlE688vgoBI?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/hlE688vgoBIversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Justement, peu avant le Festival, le 13 avril, Netflix sortait directement
sur sa plateforme <strong><em>Je ne suis pas un homme facile</em></strong>,
estampillé <strong>"premier film français Netflix original"</strong>. Réalisé
par Eléonore Pourriat, ce film, très drôle, qui imagine un monde où les femmes
auraient précisément la place sociale des hommes, a tout du film indépendant ,
entre son casting, avec à l’affiche Vincent Elbaz et Marie-Sophie Ferdane,
méconnue au cinéma mais pensionnaire de la Comédie française, aguerrie au
théâtre.</p>
<p>La réalisatrice est ravie, elle estime qu’elle n’aurait pas eu sa chance
aussi vite pour monter son premier film en France. Pour elle, c'est sûr, cela
reste un film, <em>"Nous avons travaillé dans les mêmes conditions , et une
même exigence, que si le film était projeté en salles : avec une chef
opératrice, un ingénieur du son…"</em>, m'expliquait-elle.</p>
<p>Le fait qu'il ne sorte pas en salles ne lui pose pas de problème. Elle est
déjà convaincue du bien-fondé des nouvelles formes de distribution en ligne des
films. Elle qui a acquis une "notoriété virale" avec son premier court-métrage,
<strong><em>Majorité opprimée</em></strong>, 9 millions de vues sur YouTube aux
quatre coins du monde. Et même, sur Netflix, elle estime bénéficier <em>"d'une
exposition dans 192 pays. Et il est sorti sans la pression du mercredi à 14
heures : on lui laisse le temps de s’installer par le bouche à
oreille"</em>.</p>L'e-cinéma, nouvelle forme de consommation des films ?urn:md5:a29ca5a350f8a2116616ee6185a1c3772015-07-05T17:00:00+02:002015-07-05T17:55:35+02:00Capucine CousinCulture numériqueCinémae-cinémaNetflixUn incroyable talentVoDWild Bunch <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/9_zjOL29i4A?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/9_zjOL29i4A?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
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<p><strong>C</strong>'est un aimable divertissement, ce genre de film que l'on
regarderait lors d'une soirée loose en zappant distraitement, ou alors le
sacro-saint "film du dimanche soir", que l'on daigne précisément regarder à ce
moment-là à la télé, après l’avoir sciemment ignoré lors de sa sortie en salle.
Car il ne nous semblait pas "digne" de l'acquisition d'un billet de cinéma.
<strong><em>Un incroyable talent</em></strong>, dernier film de David Frankel
(<em>Le diable s'habille en Prada, Marley et moi</em>...), que j'ai donc
regardé pour vous, chers lecteurs ;), raconte l'histoire (vraie) d'un certain
Paul Potts (interprété par James Corden), sympathique et maladroit vendeur de
téléphone portables de son état, dans la ville de Port Talbot, qui va trouver
sa destinée grâce à sa voix exceptionnelle, devenant le premier gagnant de
l'émission de téléréalité britannique «Britain’s Got Talent». Bref, un "feel
good movie" inspiré d'une success story comme les adooorent les anglo-saxons,
et qui surfe sur la vogue des émissions de télé-réalité musicales (coucou La
Star Ac', The Voice, Nouvelle Star, et consorts). La présence d'acteurs
britanniques renommés dans de seconds rôles (tels Colm Meaney, Mackenzie Crook)
lui permet de se situer juste au-dessus du niveau du film "acceptable".</p>
<p><strong>"Un incroyable talent", premier long-métrage programmé sciemment en
VoD</strong></p>
<p>Mais la particularité, la nouveauté réside dans son mode de distribution, et
par conséquent de diffusion. Depuis ce vendredi 3 juillet 20 heures, il est
distribué sur la quasi-totalité des services de vidéo à la demande (Filmo TV,
iTunes, MyTF1VOD, Club vidéo SFR, Google Play, Orange, Pluzz Vad de France
Télévisions...). Les créateurs de ce long-métrage ont gentiment ignoré la
traditionnelle sortie au cinéma du mercredi matin.</p>
<p>Explication: son distributeur en France, <strong>Wild Bunch</strong>
(dénicheur de talents, qui a notamment distribué Quentin Tarantino depuis
<em>Reservoir Dogs</em>), a choisi volontairement de le sortir directement sur
la plupart des plateformes de vidéo à la demande, et des terminaux
<strong>OTT</strong> ("over the top" dans le jargon, comprenez mode de
distribution de contenus via internet, sans intermédiaire, par les fournisseurs
d'accès internet - sur TV connectées, ordinateurs, consoles etc.). Il est donc
disponible en ligne depuis vendredi soir, pour 6,99 euros.</p>
<p>Il ne s'agit même pas du <strong>purgatoire réservé aux nanars</strong> ou
films aux piètres performances dans leur pays d'origine, qui les condamnent à
sortir directement en DVD (et jadis en cassette VHS). C'est un choix de
distribution d'un nouveau genre: bienvenue dans l'ère du
<strong>"e-cinéma"</strong>. Mais derrière cette appellation au vernis
d'innovation rassurant, sur le fond, le principe est assumé : zapper la
sortie traditionnelle sur grand écran, et proposer un nouveau film directement
au foyer des <del>consommateurs</del> téléspectateurs.</p>
<p>Wild Bunch s'est carrément doté d'une filière dédiée, <strong>Wild
Side</strong>, qui gère donc les sorties e-cinéma. Et il compte sortir avec
celle-ci, créée il y a quelques mois (comme le révélait alors <em>Le Monde</em>
<a href="http://www.lemonde.fr/cinema/article/2015/03/27/wild-bunch-poursuit-ses-experiences-en-vod_4602897_3476.html#">
dans cet article</a>), au moins cinq films par an.</p>
<p><strong>Abel Ferrara en e-cinéma</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.welcome-to-new-york-en-vod_M150090_m.jpg" alt="welcome-to-new-york-en-vod_M150090.jpg" title="welcome-to-new-york-en-vod_M150090.jpg, juil. 2015" /></p>
<p>Certes, ce nouveau mode de distribution avait déjà été éprouvé par Wild
Bunch pour la sortie de <em>Welcome to New York</em> d'Abel Ferrara, en mai
2014. Mais le contexte était alors très différent: par son sujet même, par sa
(piètre) qualité, et son accueil pour le moins mitigé à Cannes en mai 2014, et
surtout son mode de financement original, a poussé Wild Bunch à opter pour la
VoD. A l'origine, aucune chaîne de télévision française n’avait voulu financer
le film (qui avait pour inconvénient, pour elles, malgré la présence de la star
Gérard Depardieu, de toucher à DSK), offrant du coup à Wild Bunch une liberté
absolue sur la diffusion du film (<em>"les chaînes de télévision, en échange de
leur financement, demandent à disposer d'une fenêtre de diffusion
exclusive"</em>, <a href="http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/dsk-welcome-to-new-york-ne-sort-pas-salles-776647.html">
rappelait</a> alors BFMTV.com). D'ailleurs, le bouche à oreille aidant (le
fameux goût du scandale...), le film avait alors décroché 200 000
commandes.</p>
<p>Avec <em>Un incroyable talent</em>, Wild Bunch assume (et crédibilise)
totalement l'utilisation de cette nouvelle "filière": il distribue par ce biais
un blockbuster peu risqué, qui aurait probablement fait une carrière honorable
sur grand écran.</p>
<p>Autre preuve qu'il assume, il a accompagné sa "sortie" d'une mécanique
promotionnelle similaire à celle d'un film "classique": avant-premières pour la
presse spécialisée, équipes ayant fait le déplacement à Paris pour accorder des
interviews (campagne affichage ? ) Atout incroyable dans cette machine
promo face au cinéma old school, l'e-cinéma a la droit de faire de la publicité
à la télévision</p>
<p><strong>Nouvelle forme de consommation du cinéma</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.couch-potato_m.jpg" alt="couch-potato.gif" title="couch-potato.gif, juil. 2015" /></p>
<p><strong>R</strong>este à voir si cette nouvelle forme de consommation du
cinéma va s'imposer dans les usages. Le modèle est le suivant: on paie 6,99
euros sur une des plateformes, pour "louer" le film pour une durée de 48 heures
(comme naguère, une cassette vidéo ou un DVD chez son loueur favori, donc), que
l'on regarde à sa guise, d'une traite ou pas, sur un écran (téléviseur,
ordinateur...) chez soi. Le film reste diffusé en exclusivité pendant 6
semaines.</p>
<p>Le grand public est-il prêt à débourser 6,99 euros pour un film qu'il "loue"
pour 48 heures ? Rappelons que bon nombre ont pris l'habitude de regarder
une multitude de films et de séries chez eux pour 7 euros par mois (l'offre de
base de Netflix), ou carrément sans rien payer (coucou le piratage et les
offres illégales), prenant l'habitude de se "goinfrer" de cette multitude de
contenus culturels (comme j'en parlais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">
dans ce billet</a>). Et si un billet de cinéma coûte en théorie autour de 10
euros (hors de prix, je vous l'accorde), la plupart des spectateurs déboursent
en moyenne 4,50 euro par ticket de cinéma (entre les pass illimités, les pass 5
films, les chèque-cinéma fournis par tous les comités d'entreprise...). Et rien
ne remplacera la sortie au cinéma, au sein d'un public, le cérémonial, le
plaisir de l'écran noir avant (et du cônes en début de séance l'été... Enfin
ça, c'est un de mes plaisirs de cinéphile :)</p>
<p><strong>M</strong>ais l'e-cinéma pourrait vite s'imposer comme autre circuit
de distribution : il est beaucoup moins cher que le réseau de salles de
cinéma, pour un public-cible bien plus large (80% des foyers français ont par
exemple potentiellement accès à <em>Un incroyable talent</em>). D'autant plus
que les ménages français sont désormais (sur) équipés en téléviseurs HD et
autres tablettes. Autre atout, il donnerait une chance de succès à nombre de
films alternatifs et/ou à petit budget, n'ayant pas les moyens de "monter" en
salle. Alors que le réseau de salles traditionnelles est saturé, avec en
moyenne une dizaine de sorties de films par semaine. Accessoirement, l'e-cinéma
permet aux distributeurs de contourner gentiment la <strong>chronologie des
médias</strong>, (pour l'instant) inaliénable en France, soit laisser passer
quatre mois entre les sorties en salles et en VoD.</p>
<p><strong>TF1 eCinema... Et l'ombre de Netflix</strong></p>
<p>Une chose est sûre, Wild Bunch n'est pas le seul. Le géant TF1 s'y met
aussi. Le 1er mai, <a href="http://lci.tf1.fr/cinema/news/tf1-video-lance-son-offre-ecinema-8592137.html">TF1
Vidéo lançait</a> <strong>son offre eCinema</strong> , avec <em>Son of a
Gun</em> (avec Ewan McGregor), puis le 3 juillet <em>Everly</em> (avec Salma
Hayek). Il promet au second semestre des titres comme <em>Momentum</em> (avec
Olga Kurylenko et Morgan Freeman), ou encore <em>MI-5 Le film</em> (avec Kit
Harrington).</p>
<p>Tout comme Netflix, arrivé en France de manière fracassante avec son offre
de SVoD en septembre dernier. A sa manière: il propose des séries exclusives de
haut niveau, produites par -lui-même, et signées de cinéastes de renom
(dernière en date, <em>Sense8</em>, série de science-fiction des Waschowski) ,
mais aussi des films qui ne sortiront jamais en salles (<em>The Disappearance
of Eleanor Rigby</em>, ou encore <em>St. Vincent</em> de Theodore Melfi, une
comédie avec Bill Murray et Melissa McCarthy). Ça y est, une brèche est bien
ouverte.</p>"Her", quelle voix (désincarnée), ère de l'ultra moderne solitudeurn:md5:18d6a01998749a6536369dd1e10ea2e02014-03-19T23:19:00+01:002014-03-20T08:31:50+01:00Capucine CousinCulture numériqueCinémaDystopieIntelligence artificielleRobotsScience fictionSpike Jonze <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/WzV6mXIOVl4?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/WzV6mXIOVl4?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
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<p><strong>Sa</strong> voix sonne comme celle d'une "<em>girl next door"</em>,
immédiatement familière juste ce qu'il faut, sa tonalité légèrement éraillée de
fumeuse lui assurant un charme certain, et elle sait créer une complicité, par
son sens de la répartie et son empathie. Samantha (Scarlett Johansson), comme
elle s'est baptisée à la demande de son "propriétaire-utilisateur", est bien le
personnage principal du film, <strong>"Her"</strong>, Ovni cinématographique de
Spike Jonze, qui penche vers le film de science-fiction en version dystopie.
Par essence, par sa voix, elle s'impose peu à peu comme un personnage à part
entière.</p>
<p>L'histoire, <em>Her</em> donc, tournée par Spike Jonze, sur les écrans
depuis ce mercredi, se déroule dans un futur pas si lointain (supposons dans 20
ans ?), dans un Los Angeles où les gratte-ciels sont devenus plus grands, le
design des pièces et des meubles minimaliste (et impersonnalisé), et où l'on
circule dans des transports en communs et couloirs à l'ambiance ouatée.</p>
<p>Theodore Twombly (Joaquin Phoenix, devenu antisexy au possible par une
moustache et une silhouette légèrement voûtée), dont on suppose au fil du film
qu'il fut journaliste par le passé, gagne sa vie dans une start-up,
Belle-lettre-manuscrite.com. Ecrivain public du futur, il écrit des courriers
du coeur divers et variés - des correspondances très intimes - pour le compte
de clients. Mais son univers de travail est déjà en partie dématérialisé: il
dicte ses lettres à une sorte de logiciel Nuance du futur, saisies
automatiquement dans un type manuscrit (et couleur d'encre ou de stylo à
l'ancienne) prédéfinis. Ici déjà, <strong>la voix prédomine</strong>: les
écrans de PC sont comme les nôtres, plats et fins mais ornés de délicats cadres
en bois clair. Les claviers et souris n'existent plus, on commande son
ordinateur en effleurant le bureau de quelques gestes. Logique: déjà
aujourd'hui, la commande par le geste s'est imposée pour piloter nos appareils,
tels la Kinect de Microsoft, ou certains téléviseurs, comme chez Samsung.</p>
<p>En quittant le bureau, comme tous dans le métro, il s'empresse de mettre à
son oreille l'objet connecté d'alors qui cartonne, une oreillette sans fil
depuis laquelle il peut passer des commandes vocales à son smartphone glissé
dans sa poche. Un lointain héritier de Siri, l'assistant téléphonique à la voix
métallique de l'iPhone: il pilote bien ses appareils par la voix.
L'intelligence artificielle appliquée à la voix, <a href="http://www.strategies.fr/etudes-tendances/tendances/177800W/ici-la-voix.html">comme
déjà aujourd'hui avec Siri</a> . En arrivant chez lui, les lumières s'allument
automatiquement à son passage. Durant sa soirée, ses loisirs consisteront à
jouer à un jeu vidéo en réalité augmentée, puis ils s'autorise, depuis son lit
et par son oreillette connectée, quelques "chats" coquins avec des inconnues
depuis un réseau social vocal. L'ultra-moderne solitude que chantait Alain
Souchon, avec quelques artifices virtuels pour la combler...</p>
<p><strong>D</strong>e fait, Theodore Twombly se remet difficilement de son
divorce. Il décide, pour combler le vide autour de lui, d'acheter un tout
nouveau système d'exploitation (OS) ultra-intelligent qui vient de sortir,
installé sur son smartphone et son PC. Un Siri en version ultra-améliorée,
donc. Une forme d'_intelligence artificielle<strong>, qui a - comme tout robot
-</strong> la redoutable capacité d'apprendre au fur et à mesure depuis l'être
humain<strong>, de s'adapter. Et de mîmer au mieux les émotions, jusqu'à
l'empathie totale. Theodore va progressivement tomber amoureux de cette très
virtuelle Samantha. C'est cette situation absurde, un humain qui tombe amoureux
d'une intelligence très artificielle, que Spike Jonze tourne. Le réalisateur de
<em>Dans la peau de John Malkovich</em> plonge une nouvelle fois dans le
cerveau masculin et explore à la fois notre rapport à la machine et les
rapports humains. Il souligne délicatement le contraste entre cette situation
extrême propre à la science-fiction - de</strong> nouvelles formes
d'interaction__ qui naissent entre des humains et des machines, comme dans la
formidable série <em>Real Humans</em>, que j'avais chroniquée <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2013/04/03/Des-%22hubots%22-plus-vrais-que-nature">ici</a> et <a href="http://www.strategies.fr/actualites/medias/209391W/trop-humains.html">là</a> -
et l'histoire d'"amour" très banal de cet homme pas moins banal, accompagné par
la musique délicate d'Arcade Fire.</p>
<p>Sa vie bascule. C'est tellement plus confortable, et moins douloureux que
dans une "vraie" relations amoureuse avec un être humain <em>"dont il faut
accepter les évolutions"</em>, avoue-t-il. La précision de la perception de
"Samantha" (même si elle ne voit que par la caméra du téléphone), ses facultés
de calcul (arithmétique, psychologique, social) font d'elle la présence idéale,
qui manquait à la vie du solitaire. A un moment, lors d'un dîner avec une
nouvelle rencontre (bien réelle, elle), il renonce lorsqu'elle lui demande de
s'engager: il croit avoir le choix entre la réalité de l'imperfection humaine
et la perfection numérique, qui avance sous le masque de la voix complice de
Scarlett Johansson.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Spike-Jonze-Her-ss-02_m.jpg" alt="Spike-Jonze-Her-ss-02.jpg" title="Spike-Jonze-Her-ss-02.jpg, mar. 2014" /></p>
<p>Plus troublant encore, au fil du récit, "Samantha" sort de son rôle de
logiciel pratique et perfectionné : elle trie ses dossiers, ses contacts,
ses mails, lui rappelle ses rendez-vous avec une bonhomie apparente. Très vite,
elle connaît très bien son propriétaire en parcourant ses films et le disque
dur de son PC. Elle prend des initiatives. Elle le divertit, lui fait la
conversation dans l'oreillette. Il la présente à ses amis comme sa petite amie
officielle, l'"emmène" en vacances. Puis, programmée pour évoluer, elle en
vient à réclamer de l'attention, et revendique elle-même des comportements et
des émotions très humains, allant jusqu'à "jalouser" ouvertement l'ex-femme de
Theodore (<em>"elle est très belle, a une carrière... Moi, je n'ai pas de forme
humaine"</em>). Les écahnges entre les deux sont vifs et intelligents. On a peu
à peu <strong>ce sentiment dérangeant qu'ils sont faits l'un pour l'autre
l'autre</strong>, et forment le couple idéal. C'est finalement une comédie
romantique à l'ère de la dématérialisation.</p>
<p>Comme d'autres avant, tel Spielberg dans <em>A.I.</em> en 2001, où un robot
voulait être aimé - et avoir une couverture charnelle - comme un enfant
ordinaire, Spike Jonze effleure le sujet des rapports homme-machine, et la
capacité pour des machines du futur de mîmer toujours au plus près les
comportements d'humains. Et cette question vertigineuse: le futur de l'amour
passe-t-il par l'absence de corps? L'amour ne peut-il être que cérébral pour
durer?</p>
<p>A un moment donné, Theodore revendique de déclarer à des amis qu'il
<em>"sort avec son OS"</em>, vante le fait d'être <em>"avec quelqu'un qui adore
la vie"</em>(sic)... Jusqu'à découvrir qu'il n'est pas le seul, et que nombre
de personnes, comme lui, dans la rue ou le métro, à converser et plaisanter
avec quelqu'un de virtuel par oreillette interposée, dans un bourdonnement de
monologues.</p>«Les stagiaires», long-métrage publicitaire pour le Googleplexurn:md5:a7dd4fbcb1746847d1c2c7b4903456532013-06-26T23:08:00+02:002013-06-27T08:15:00+02:00Capucine CousinMarketing & consoCinémaGoogleGoogleplexGénération YLes stagiairesSpot publicitaire <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.affiche-les-stagiaires_m.jpg" alt="affiche-les-stagiaires.jpg" title="affiche-les-stagiaires.jpg, juin 2013" /></p>
<p><strong>I</strong>l y a déjà cette affiche, avec cette bonne idée
visuelle : deux adultes qui regardent d'un air un peu héété le fameux logo
multicolore, et que l'on voit depuis l'autre côté de l'écran - comme s'ils
étaient vus du point de vue de de la machine, Google même.</p>
<p><strong>U</strong>n fait sans doute inédit dans l'histoire du cinéma :
un film dont le lieu de tournage, et même le centre de l'intrigue est une des
entreprises les plus puissantes et tentaculaires dans le monde. Une entreprise
technologique qui a grossi de manière incroyable depuis sa naissance, il y a
une dizaine d'années. <strong><em>Les stagiaires</em></strong> nous montre
pendant près de deux heures, <strong>le petit monde merveilleux de
Google</strong>, le Googleplex, sis au ceux de la Silicon Valley. Plus
surprenant encore, il ne s'agit nullement de dépeindre un nouveau monde
industriel, comme <em>Les temps modernes</em> de Chaplin : cela prend la
forme d'une comédie, avec parfois des grosses ficelles, un peu lol, quelques
références geek, où tout finit (forcément) pour le mieux.</p>
<p><strong>C</strong>'est donc l'histoire de la reconversion plutôt forcée de
Billy et Nick (incarnés par Vince Vaughn et Owen Wilson), deux VRP quadras mis
à la porte de leur entreprise. Billy, en cherchant un job sur... Google, a
l'idée d'y postuler : après tout, n'est-ce pas "le meilleur employeur du
monde" ? Avec son acolyte, tous deux décrochent donc un stage chez Google,
au Googleplex même. Le défi : ils vont devoir prouver qu’ils ne sont pas
complètement ringards, confrontés à des échantillon bien représentatifs de la
génération Y : des jeunes adultes hyper brillants, rapides, surnourris de
culture geek, prêts à tout pour décrocher un job dans l'usine Google alors que
<em>"un jeune diplômé sur 4 n'a pas de boulot aux Etats-Unis"</em>. Voilà le
pitch des <em>«Stagiaires»</em>, sorti en salles ce mercredi 26 juin.</p>
<p>Très vite, alors que se déroule le film, on a l'impression de voir un
véritable long-métrage publicitaire pour le firme de Mountain View : déjà,
avec toute la panoplie de produits Google que nous montre le film. Nos deux
héros passent leur premier entretien d'embauche par webcam, sur... Google +.
Lors des premières scènes du film se déroulant au siège de Google, on nous
montre à l'envi les différentes marques de Google, de Gmail à Google Docs.
Jusqu'au générique de fin du film, où les noms de l'équipe sont affichés dans
des cases Gmail, GChat ou Google+...</p>
<p><strong>Le merveilleux monde de Google</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/Sta2.jpg" alt="Sta2.jpg" title="Sta2.jpg, juin 2013" /></p>
<p>Surtout, le film nous donne très vite à voir un monde du travail (presque)
idyllique dans ce Googleplex : tout le monde s’y éclate. <em>"Parc
d'attraction", "pays d'Eden"</em> pour les héros : Il est vrai que Google
a été consacré <a href="http://money.cnn.com/magazines/fortune/bestcompanies/2008/full_list/index.html">
"meilleur employeur au monde"</a> à quatre reprises, dont par Dans ce
Googleland, à l'image de son logo, tout est gai et multicolore: dans les
espaces (très) verdoyants, les salariés circulent en vélos (multicolores), où y
aperçoit des Google cars qui roulent toutes seules, d'étranges jouets, des
parasols. Dans le Googleplex, des poufs sont dispersés un peu partout, des
espaces zen avec des fauteuils de relaxation, à la cafétéria, tout est gratuit
et à volonté, des services (du vélo au pressing) sont proposés aux salariés,
les stagiaires se baladent avec d'étranges casquettes multicolores. Sur
l'Intranet, un simple stagiaire peut découvrir le profil et l'agenda des
salariés. <strong>Toute la panoplie de la start-up "so cool" est là</strong>.
Il manquerait juste le panier de basket, le babyfoot et la table de ping-pong
pour les séances de brainstorming (véridique - même feu Transfert, au débutes
années 2000, avec ce dernier accessoires). De véritables slogans sont distillés
tout au long du film, comme"Google aime les gens à mieux vivre".</p>
<p>A vrai dire, dès sa sortie aux Etats-Unis, cette production de la Twentieth
Century Fox a suscité des inquiétudes dans la presse geek, qui l'a tôt
surnommée <strong><em>«Google, the movie»</em></strong>. Très vite, la Bible
<em>AdAge</em> <a href="http://adage.com/article/the-media-guy/vince-vaughn-google-movie-intership-terrible/241726/?utm_source=mediaworks&utm_medium=newsletter&utm_campaign=adage&ttl=1370455912">
s'en est inquiétée</a>, (<em>"how awful will that Google movie be?"</em>), tout
comme <a href="http://entertainment.slashdot.org/story/13/06/07/1837212/google-loves-the-internship-critics-not-so-much">
Slashdot</a>.</p>
<p>Donc pas, ou très peu de satire sociale ou de critique d'un certain monde du
travail, alors que le "modèle" Google, méta- start up, incarne un certain
nouveau type d'entreprises, où l'on ne compte pas ses heures, et où l'on est
récompensé en actions... En fait, Google devient le sympathique cadre d'une
comédie qui se veut cool, avec Vince Vaughn et Owen Wilson, duo comique qui
suscite la sympathie, depuis qu'il s'incrustait dans les mariages pour la
(grosse) comédie Serial Noceurs de David Dobkin. Dans <em>Les Stagiaires</em>,
Shawn Levy donne à voir une certaine forme du rêve américain à l'heure de la
crise.</p>
<p><strong>Génération Y</strong></p>
<p><strong>C</strong>ertes, on effleure certaines questions sociétales :
le choc des générations avec une Génération Y désabusée : chez Google,
tout n'est pas si rose : lors de leur entretien d'embauche, les recruteurs
de Google leurs signalent <em>"beaucoup pensent différemment, on ne les prend
pas"</em>. La flopée de stagiaires devra se rassembler en équipes pour mener à
terme différentes missions: trouver un bug dans des lignes de code, gérer la
hotline de Google... <em>"95% de vous partiront sans rien, 5% seront
embauchés"</em>, signale aux stagiaires le coach lors du premier séminaire. Nos
deux quadras se verront taclés par ces jeunes génies: <em>"vos compétences ne
servent à rien dans ce siècle"</em>, leur lâche une Y. Mais tout se finit pour
le mieux: les deux quadras apportent des compétences complémentaires à leurs
jeunes copains geeks, et surtout, leur démontrent que la vraie vie se déroule
bien hors de leurs écrans d'ordinateurs. Ouf.</p>
<p>Nullement de quoi déplaire à Eric Schmidt, en tous cas. On se serait presque
attendus à voir figurer Google dans les partenaires du film. S'il n'a rien
déboursé, en tous cas, d'après la presse américaine, il a largement aidé au
tournage du film, entre le cadre de tournage gracieusement mis à disposition
(certaines scènes ont été tournées à Googleplex même, <a href="http://www.latimes.com/entertainment/movies/moviesnow/la-et-mn-google-the-internship-owen-wilson-vince-vaughn-20130525,0,979080.story">
d'après le Los Angeles Times</a>), une centaine d'employés de Google ont joué
les figurants, et Google a prêté des produits comme ses Google cars.</p>
<p><strong>Campagne de recrutement</strong></p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/9No-FiEInLA?hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/9No-FiEInLA?hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Un <strong>coup de pub</strong> et une campagne de recrutement sur mesure,
donc. d'ailleurs, <em>Le Figaro</em> a révélé cette vidéo qu'a publiée fort
opportunément Google, où des (vrais) stagiaires racontent leurs extraordinaires
conditions de travail.</p>
<p>C'est un fait inédit de voir un film mis en scène dans une entreprise
contemporaine, avec son propre nom, ses propres locaux, ses propres pratiques
managériales (plusieurs anecdotes du film sont authentiques). Mais sous forme,
ici, de "publireportage cinématographique", bien loin du sombre et splendide
bioptic conscré à Facebook par David Finsher, <strong><em>The social
network</em></strong>, où il dressait un portrait grinçant de Mark Zuckerberg,
ôtant de l'affiche le logo de Facebook.</p>Et si la science-fiction était en voie de disparition ?urn:md5:5440834e3c5652d5460d416fc055ea232011-01-05T20:17:00+01:002011-01-29T19:10:49+01:00Capucine CousinR&D, innovations3DAvatarCinémaCulture geekRobotsScience-fictionStar Wars <p>J'y ai passé près de 3 heures dimanche matin, j'en ai pris plein les yeux;
Tous ces personnages, ces images me renvoyaient à mon enfance... ma culture SF
en quelque sorte - accumulée dans les bouquins, séries et films. Il faut
absolument courir voir l'expo "Sciences & science-fiction", qui se tient en
ce moment à la <a href="http://www.cite-sciences.fr/">Cité des Sciences</a>.
Comme souvent à La Villette, l'expo est d'une richesse inouïe, autant
scientifique que culturelle.</p>
<p>La boutique de produits dérivés, à quelques pas de l'expo, vaut aussi le
détour: mugs <em>Star Wars</em>, sabre laser grandeur nature (déboursez 150 €),
DVD, BD, et même affiche de Star Wars en effet 3D...</p>
<p>C'est assez touchant, car notre culture SF se rejoint forcément avec notre
culture culture geek: quel techie n'est pas fan de <em>Star Wars</em>, ne voue
pas un culte absolu à <em>Blade Runner</em>, <em>Terminator</em> ou encore
<em>Minority Report</em> ?</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Expo_SF_La_Vilette_006_m.jpg" alt="Expo_SF_La_Vilette_006.jpg" title="Expo_SF_La_Vilette_006.jpg, janv. 2011" /></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Expo_SF_La_Vilette_016_m.jpg" alt="Expo_SF_La_Vilette_016.jpg" title="Expo_SF_La_Vilette_016.jpg, janv. 2011" /></p>
<p>Un couloir pédagogique impressionnant, où j'ai de nouveau 12 ans, des
étoiles plein les yeux: entre ces exemplaires de livres de Mary Shelley, Edgar
Poe et Jules Verne, qui ont été les premiers auteurs à s'emparer de la science
comme support à des récits réalistes, les premiers films de science-fiction qui
tournent en boucle (<em>Voyage dans la Lune</em> de Méliès en 1902, <em>La
femme dans la lune</em> de Fritz Lang, 1919, <em>Métropolis</em> de Fritz Lang,
1929...), la culture SF a été jalonnée de plusieurs œuvres fondatrices...
jusqu'aux premiers pas d'Amstrong sur la lune, où tout devenait possible. Pour
Isaac Asimov, la SF est <q><em>la branche de la littérature qui se soucie des
réponses de l'être humain aux progrès de la science et de la
technologie</em></q>. Elle tient autant du divertissement, qui nous permet de
nous évader, de rêver, que du récit d'anticipation, avec en creux une réflexion
sur l'avenir de l'humanité (rien que cela...).</p>
<p>Une culture SF nourrie, donc, par une pléiade de livres anciens, mais aussi,
véritables jalons pour une culture de fan, d'affiches, et des premiers produits
dérivés et premières revues - les <em>pulps</em>, dont <em>Science Wonder
Stories</em>, revue où apparaît pour la première fois le terme
"science-fiction", en 1929.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Expo_SF_La_Vilette_007_m.jpg" alt="Expo_SF_La_Vilette_007.jpg" title="Expo_SF_La_Vilette_007.jpg, janv. 2011" /></p>
<p>Le cinéma hollywoodien s'est emparé à merveille de la culture SF. Au fil des
couloirs que l'on parcourt, on prend conscience de ces films et sagas
(intergalactiques) qui ont <strong>nourri un imaginaire collectif</strong>, ont
façonné notre univers mental. Les combinaisons et les robots conçus pour le
cinéma s'alignent dans les couloirs, alors que des extraits des films-cultes
tournent en boucle. Ils sont tous devenus cultes, font partie de la
<strong>culture SF de l'honnête homme du XXIème siècle</strong>: <em>Star Wars,
la Planète des singes, Star Trek, Terminator</em>...</p>
<p><strong>Culture SF muséifiée</strong></p>
<p>Est-ce que la culture SF parvient encore se renouveler, alors que ce qu'elle
préfigurait - l'ère du numérique, des mondes virtuels, des nanotechnologies,
des robots - se concrétise plus vite que l'on aurait pu le croire ? Il
semblerait bien que la vraie culture SF soit en train de s'éteindre. Et que
cette gigantesque expo, qui présente manuscrits, romans, pulps, storyboards
(celui de <em>Star Wars</em> a déjà une valeur historique), extraits de films
en pagaille, et vaisseaux grandeur nature retracent <strong>une culture SF
(déjà) muséifiée</strong>, en voie d'extinction.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Expo_SF_La_Vilette_008_m.jpg" alt="Expo_SF_La_Vilette_008.jpg" title="Expo_SF_La_Vilette_008.jpg, janv. 2011" /></p>
<p>Provoc' de ma part, vu le succès gigantesque qu'a rencontré en 2010
<em>Avatar</em>, incarnation d'une <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2010/01/03/x-tendances-tech-prometteuses-/-so-sexy-pour-2010">nouvelle
génération de films de SF</a> en 3D ? Par vraiment. Si on regarde la
chronologie des films de science-fiction, la production hollywoodienne de ce
genre en devenir connaît un pic dans les années 60-70, grâce à ce bon vieux
Neil Armstrong qui en a fait rêver plus d'un en foulant de quelques pas sur la
Lune - et surtout à la Guerre Froide, où les extraterrestres et autres petits
hommes verts menaçants permettaient de symboliser l'Ennemi, l'hydre
communiste...</p>
<p>Années 80-90 : sortie de sagas comme <em>Star Wars, Terminator</em>,
<em>Star Trek</em>, <em>Alien</em>... Des films d'actions hollywoodiens certes,
mais où s'entremêlent récits d'anticipation, une réelle réflexion sur notre
avenir, les enjeux environnementaux et humains,</p>
<p><strong>Philip K. Dick, génial inspirateur de scénarios
hollywoodiens</strong></p>
<p>Dans cette même période sortent trois films cultes pour moi (mais pas que
;): <em>Blade Runner</em> de Ridley Scott, sombre film où Harisson Ford incarne
un flic face à des androides / répliquants qui semblent de plus en plus
humains... Et qui sait, peuvent <del>mîmer</del> manifester des émotions.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
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<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Mais aussi <em>Total Recall</em> de Paul Verhoeven, et <strong>Minority
Report</strong> de Steven Spielberg (en 2002, certes). Leur point commun: tous
trois sont tirés de romans de Philip K. Dick. Seulement voilà, le maître des
récits d'anticipation est décédé en 1982 - une source d'inspiration non
négligeable pour l'industrie du cinéma s'est alors tarie.</p>
<p>Les films qui s'ensuivent sont plutôt des dérivés de SF : des
<strong>space operas</strong> tirés de <em>Star Wars</em>. Mais aussi des
récits d'<strong>heroic fantasy</strong>, films à grand spectacle pour enfants
qui sortent souvent lors des fêtes de fin d'année - tels Le seigneur des
anneaux ou Les contes de Narnia.</p>
<p><strong>La culture SF condamnée ?</strong></p>
<p>Les derniers films dans le sillage de la culture SF d'anticipation:
<strong>Minority Report</strong> donc, qui anticipait plusieurs innovations
technologiques qui commencent <a href="http://www.mediapart.fr/journal/economie/271010/publicite-les-ecrans-numeriques-investissent-les-lieux-publics">
à s'inscrire dans notre quotidien</a> - Steven Spielberg s'était d'ailleurs
entouré de scientifiques du MIT entre autres.</p>
<p>Mais aussi le très sous-estimé <em>Starship Troopers</em> de Paul Verhoeven
(1997): il y dénonce avec une ironie subtile une société dirigée par des
militaires, et une diffusion en masse de la propagande par les médias: le film,
d'avant-garde, qui sort à peine quelques années après la Guerre du Golfe, et
coïncide avec l'arrivée du phénomène de l'internet dans les foyers, et
injustement décrié par la presse US.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/JZg63Rq32m4?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/JZg63Rq32m4?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Ou encore la trilogie <em>Matrix</em>, entamée par les frères Washowski en
1999 - alors que le grand public commençait à s'emparer de l'univers du Net et
des réseaux virtuels.</p>
<p>Les derniers en date ? <em>2012</em>, qui tient plutôt du
film-catastrophe (et blockbuster, avec plus de 225 millions de dollars de
recettes), carrément épinglé par la Nasa comme <a href="http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/57156/date/2011-01-03/article/2012-pire-film-de-science-fiction-pour-la-nasa-1/">
"pire film de science-fiction"</a> d'un point de vue scientifique... Laquelle a
dû ouvrir <a href="http://www.nasa.gov/topics/earth/features/2012.html">un site
pour contrebalancer</a> les contre-vérités qu'il véhiculait !</p>
<p><em>Inception</em>, certes gros succès outre-Atlantique, relevait plutôt du
film complexe que du film qui nous projetait vers le futur. <em>Avatar</em> a
avant tout installé la 3D sur le grand écran... Mais repose avant tout sur un
scénario gentillet et écolo.</p>
<p>Comme me le signale @tiot en commentaire, il y a eu aussi le surprenant
<em>District 9</em> (qui avait pour particularité de se dérouler en Afrique du
Sud), et surtout <strong><em>Moon</em></strong>, un Ovni cinématographique
hommage à 2001, <em>L'Odyssée de l'espace</em> (réalisé par le fils de David
Bowie, pour la petite histoire), que j'avais beaucoup aimé. Le pitch: Sam Bell
vit depuis plus de trois ans dans la station lunaire de Selene, où il gère
l’extraction de l’hélium 32, seule solution à la pénurie d’énergie sur Terre.
Implanté dans sa «ferme lunaire», ce fermier du futur souffre en silence de son
isolement et de la distance le séparant de sa femme, avec laquelle il
communique par web-conférences. Il a pour seul compagnon un robot futé et
(trop) protecteur... Jusqu’à ce que, à quelques semaines de l’échéance de son
contrat, il se découvre un clone. Un film peut-être trop strangfe pour
l'industrie du cinéma... Malgré deux ans de buzz sur la toile, le film est
sorti <a href="http://www.20minutes.fr/article/579365/Culture-Le-film-Moon-zappe-la-sortie-en-salles.php">
au printemps 2010... directement en DVD</a>!</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
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<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Les sorties de films SF prévues <strong>ces prochains mois</strong> ?
Pour l'essentiel des remakes ou suites des chefs d'œuvres passés... Preuve que
l'industrie du cinéma a du mal à se renouveler dans ce registre. Il y a bien
sûr <em>Tron : Legacy</em>, suite du cultissime <em>Tron</em> de... 1980.
Et, pour 2012 est annoncé une réadaptation par Pierre Morel de <em>Dune</em>...
En attendant <em>Avatar 2</em> et <em>Avatar 3</em>...</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/xJHcyGS9tkI?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/xJHcyGS9tkI?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Merci à Owni pour la <a href="http://owni.fr/2011/01/12/la-science-fiction-en-voie-de-disparition/">reprise
super bien maquettée</a> de ce billet</p>Y a-t-il (déjà) overdose de 3D ?urn:md5:7cfbc66de57dd2138f7638766dbc69192010-09-09T09:58:00+02:002010-09-09T09:58:00+02:00Capucine CousinR&D, innovations3DAvatarChristopher NolanCinémaComic ConIFAJames CameronMediapart <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.if_you_cant_make_it_m.jpg" alt="if_you_cant_make_it.JPG" title="if_you_cant_make_it.JPG, sept. 2010" /></p>
<p>Les films en 3D seraient-ils déjà condamnés ? Ou plutôt, n'y aurait-il
pas <strong>overdose de productions</strong> de films exploitant ce nouveau
format ? On en parle plus que jamais, à tel point qu'il commence à envahir
les écrans télé, potentiellement les joujoux high-tech qui pourraient cartonner
en ces fêtes de fin d'année. En tous cas c'est ce qu'espèrent les
constructeurs, qui se démènent pour <strong>imposer leurs tous jeunes écrans
télés 3D</strong>, les stars de la dernière édition de l'IFA, le salon de
l'électronique de Berlin, qui fermait ses portes mercredi. Comme j'en parle
longuement dans <a href="http://www.mediapart.fr/journal/economie/050910/les-televiseurs-3d-la-conquete-des-salons">
cette enquête parue dans ''Mediapart''</a> (en accès réservé aux abonnés,
sorry).</p>
<p><strong>"If you can't make it good, make it 3D"...</strong></p>
<p>La 3D était aussi une des stars du dernier <a href="http://www.comic-con.org/cci/">Comic-Con</a> de San Diego (une convention
spéciale pour fans de BD), outre-Atlantique. Mais pas tout à fait de la manière
attendue: elle semble bien avoir provoqué un début de polémique à Hollywood,
relayée lors de ce dernier Comic-Con.</p>
<p>Il y a <a href="http://www.doobybrain.com/2010/04/26/if-you-cant-make-it-good-make-it-3d/">cette
image, qui circule en ce moment sur le Net</a>, un photomontage où l'on voit
des lunettes bicolores pour voir en relief, et, au-dessus en flou, ce slogan
qui s'affiche: <em>"Votre film n'est vraiment pas bon ? Faites-le en
3D"</em>. Une image parodique qui ressemble furieusement à une
contre-campagne...</p>
<p><strong>La 3D, pépite pour les studios</strong></p>
<p>Dommage, il y a encore quelques mois, dopé par <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2009/12/13/La-couv-de-la-semaine-%3A-James-Cameron%2C-%22Avatar%22%2C-la-3D-dans-le-cin%C3%A9ma...">
l'effet ''Avatar''</a>, Hollywood était persuadé que le spectacle des films en
3D <strong>relancerait les entrées</strong> en salles, freinées par le home
cinema et le téléchargement. Entre parenthèses, <del>avec un bon sens du
business</del> curieusement, en cette rentrée, James Cameron a ressorti en
salles <em>Avatar 3D</em> <a href="http://www.20minutes.fr/article/585283/Culture-Pourquoi-James-Cameron-s-apprete-a-ressortir-Avatar-en-salles.php">
en une sortie de version reloaded</a>, avec "quelques minutes inédites".</p>
<p>Mieux, pour les studios et les exploitants, cette pépite permettait de
<strong>majorer les prix des tickets</strong> d'entrée. Seulement voilà, au
Comic Con, plusieurs cinéastes se sont exprimés contre la 3D, demandant le
retour du "plat", approuvés par la foule, comme <a href="http://www.nytimes.com/2010/08/03/business/media/03-3d.html">le relatait le
''New York Times''</a>| (traduction <a href="http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/09/la-resistance-s-organise-contre-la-3d">
ici</a>) , relayé par <em>Télérama</em> la semaine dernière.</p>
<p>Ce sont pourtant des représentants de la fine fleur Hollywood qui ont mené
cette fronde anti-3D, raconte le <em>NY Times</em>: J.J. Abrams, auquel on doit
<em>24 Heures chrono</em> et <em>Star Trek</em>, Jon Favreau (<em>Iron
Man</em>), Edgar Wright (qui vient de terminer <em>Scott Pilgrim vs. the
world</em>, tiré d'une BD).</p>
<p><strong>Prouesse technique</strong></p>
<p>James Cameron a tourné son film dans les règles de l'art avec une véritable
caméra à double objectif, après avoir développé avec l'ingénieur Vince Pace une
gamme de caméras 3D dernier cri en haute définition, comme le raconte <a href="http://www.lefigaro.fr/cinema/2010/09/04/03002-20100904ARTFIG00005-la-3-d-menacee-par-son-succes.php">
ce passionnant papier paru dans ''Le Figaro''</a>. Une prouesse technique qui
rend les images d'Avatar d'autant plus bluffantes (même si on peut ne pas être
fan du scenar, ce qui fut mon cas ;), et préfigure le cinéma à grand spectacle
de demain. Du même coup, il a consacré - et industrialisé - la 3D au
cinéma.</p>
<p>Au vu de son succès, plusieurs studios hollywoodiens ont choisi d'adapter,
dans la précipitation, en phase de post-production, leurs films déjà tournés en
2D pour une diffusion en 3D. Erreur fatale : le rendu était loin d'être le
même. Exemples: <em>Alice au pays des merveilles</em> de Tim Burton, <strong>Le
Dernier Maître de l'air</strong> de M. Night Shyamalan, et <em>Le Choc des
Titans</em> de Louis Leterrier. A la grande fureur de James Cameron, qui a
brocardé ce dernier, un film en <em>"2,5D, voire en 1,8D "</em>.</p>
<p>Certains réalisateurs ont d'ailleurs dû lutter contre leurs producteurs pour
ne pas se voir imposer la 3D: ce fut le cas de Christopher Nolan, avec son
exigeant film fantastique <em>Inception</em>. Il a d'ailleurs exprimé à
plusieurs reprises <a href="http://blastr.com/2010/06/why-christopher-nolan-bel.php">ses réserves pour
tourner en 3D relief</a>. Son film en 2D a (pourtant) cartonné en salles.</p>
<p><strong>Passage trop rapide à la TV 3D ?</strong></p>
<p>Du coup, les spectateurs vont-ils accepter d'adopter ce <strong>format
encore balbutiant</strong> sur leur télé ? Le rendu 3D sur les télés est
loin d'être parfait, avait un certain nombre d'imperfections. En vrac, comme me
le citait @replikart dans un commentaire très détaillé à <a href="http://www.mediapart.fr/journal/economie/050910/la-3d-la-conquete-des-salons#">
mon papier</a> publié dans <em>Mediapart</em>, on a "une purge de la
colorimétrie, une purge du contraste, une réduction drastique du piqué, un
aplatissement des nuances/teintes, des problèmes de profondeur souvent liés à
un mauvais ajustement en post-prod', des angles de vision dérisoires que les
dalles TN ne font qu'empirer"... Voilà pour les imperfections techniques.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Full_HD_3D_Cinema_21-9_Platinum_Series_Lifestyle_Product_Image_1_s.jpg" alt="Full_HD_3D_Cinema_21-9_Platinum_Series_Lifestyle_Product_Image_1.jpg" title="Full_HD_3D_Cinema_21-9_Platinum_Series_Lifestyle_Product_Image_1.jpg, sept. 2010" /></p>
<p>Image Philips</p>
<p>Et sur la question des usages (là, c'est davantage mon rayon ;), alors que
le consommateur lambda s'habitue à peine à la haute définition (HD) et au
Blue-Ray, n'est-ce pas un peu tôt ? Il y a ce chiffre issu du Japon que
l'on m'a cité plusieurs fois à l'IFA ("10% des utilisateurs auraient des
problèmes oculaires avec la 3D")... Sans compter les nombreux astigmates, ou
personnes ayant des problèmes oculaires plus complexes (une bonne part de la
population mine de rien), qui ne peuvent regarder plus de 2 heures d'un
programme en 3D sans avoir mal à la tête - ou, carrément, ne peuvent voir
l'effet de relief inhérent à la 3D.</p>
<p>Un sacré saut technologique, où en plus le cerveau doit s'habituer à ce mode
de vision. Il faudra voir si la 3D est entrée dans les foyers d'ici quelques
années. Rendez-vous dans dix ans ;)</p>La chronologie des médias audiovisuels rompue avec "Alice au pays des merveilles" ?urn:md5:659d7f04a427e6bb31453223f98b2eb52010-03-12T11:51:00+01:002010-03-12T18:15:20+01:00Capucine CousinMédias3DChronologie des médiasCinémaDisneyTim BurtonVoD <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.1261435057_Tim-Burton-Alice-au-Pays-des-Merveilles-Wallpaper-1-1280x1024_s.jpg" alt="1261435057_Tim-Burton-Alice-au-Pays-des-Merveilles-Wallpaper-1-1280x1024.jpg" title="1261435057_Tim-Burton-Alice-au-Pays-des-Merveilles-Wallpaper-1-1280x1024.jpg, mar. 2010" /></p>
<p>Je parlais dernièrement d<em>'Alice au pays des merveilles</em>, blockbuster
attendu de Tim Burton, en partie parce qu'il sera <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2010/03/07/La-pub-passe-aussi-%C3%A0-la-3D">diffusé en 3D</a>. On en
parle - et il commence à faire polémique - pour une autre raison : Bob
Iger, patron des studios Disney, a annoncé son intention de sortir le film en
version DVD... seulement <strong>3 mois</strong> après son arrivée sur grand
écran. De cette manière, il sait très bien qu'il rompt une pratique, et du même
coup entame une brèche : actuellement, le délai minimum entre la sortie
cinéma et la sortie DVD est de 4 mois (17 semaines exactement).</p>
<p>Il a sans doute fait cette annonce pour tester les réactions suscitées - en
clair, voir si le marché professionnel était prêt à sauter le pas. Un ballon
d'essai, en somme.</p>
<p>Les effets ne se sont pas fait attendre. Des exploitants hollandais,
rejoints par plusieurs de leurs homologues britanniques et italiens, voire
certains américains, ont menacé de ne pas projeter le film dans leurs salles
(en clair le boycotter) si Disney maintenait en l'état son projet. Il
n'empêche, cela se confirme : le film sera bien commercialisé en DVD et en
vidéo à la demande (VoD)12 semaines après son lancement en salles, dans bon
nombre de pays (USA, Royaume-Uni...), <a href="http://www.liberation.fr/cinema/0101622310-de-la-salle-au-dvd-le-raccourci-d-alice">
d'après</a> <em>Libération</em> du 3 mars.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/20080118_chronologie_medias_4.jpg" alt="20080118_chronologie_medias_4.jpg" title="20080118_chronologie_medias_4.jpg, mar. 2010" /></p>
<p>Chronologie des médias - <a href="http://arcome.typepad.fr/arcome/2008/01/la-chronologie.html">Source</a> -
Romain BAL – Consultant Département Internet et Nouveaux Médias</p>
<p>Exception faite (encore une fois... ;) de la France, où la chronologie des
médias est encadrée juridiquement,avec une loi - celle <a href="http://www.ddm.gouv.fr/article.php3?id_article=260">du 29 juillet 1982</a> sur
la communication audiovisuelle - qui fixe ces fameux délais. En France,
<em>Alice</em> sortira donc le 24 mars, et sortira en DVD vers fin juillet.</p>
<p>Attention : le tableau (de 2008) que je publie ci-dessus est pour
partie obsolète, puisque depuis juillet 2009, le délai pour la VoD et le DVD
est ramené à 4 mois (et non plus 6 mois)</p>
<p>Mais clairement, Disney a eu gain de cause, et a ouvert une brèche, en toute
conscience. Plusieurs rebelles ont replié leur drapeau, notamment face aux
bonnes critiques du film, tel le réseau américain AMC, qui menaçait de
boycotter le film. Sans doute aussi, Disney a dû consentir des compensations
(financières ou autres).</p>
<p>Le précédent est d'autant plus énorme - voire problématique au niveau
économique - que Disney a choisi de rompre cette fameuse <strong>chronologie
des médias</strong> pour un film en 3D. Un des premiers films en 3D, donc, pour
lesquels les exploitants de salles doivent encore rentabiliser leurs lourds -
et récents - investissements récents pour numériser leurs salles. Ce qui
risquent d'être chaud puisque, suite aux desiderata de Disney, ils vont perdre
5 semaines d'exploitation.</p>
<p>La brèche est ouverte, reste à voir quand les autres exploitants de films
vont s'y engager.. Les sorties cinéma et DVD rapprochées dans le temps
répondent à une logique d'appât du gain, basée sur le court terme : il est
tentant de cumuler les sorties pour faire de l'argent le plus vite possible
autour d'un film ou un dessin animé (d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un
blockbuster - et en 3D, qui a mobilisé un budget important). Et pour surfer sur
la notoriété du film, sans devoir faire une campagne importante lors de la
sortie DVD. Esquisse peut-être, d'un nouveau modèle économique autour du
film...</p>