Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Millon2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearLes jeux vidéos entrent au musée (et en salles de ventes)urn:md5:0914c1df940a395e993679eac7f3fcf62013-06-14T09:50:00+02:002013-06-14T10:48:10+02:00Capucine CousinMarketing & consoJeux vidéosMillonMoMaretrogamingVente aux enchères <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_2328_m.jpg" alt="IMG_2328.JPG" title="IMG_2328.JPG, juin 2013" /></p>
<p><strong>L</strong>es jeux vidéos, un des emblèmes de la culture pop à néons
des années 80, seraient-ils en train d'entrer dans l'histoire ? En tous
cas, ils entrent dans les musées, et même les salles de ventes aux
enchères.</p>
<p><strong>H</strong>ier soir, à 18 heures, la prestigieuse maison de ventes
aux enchères Millon & Associés (Drouot), accueillait Salle VV une foule de
geeks, pour la plupart trentenaires (dont quelques-uns en costume-cravate).
Pour une vente aux enchères de consoles de jeux et jeux vidéos. Une première en
Europe. La maison de ventes inaugure ainsi son Département des arts des
cultures populaires. Avec à l'appui, pour la vente de ces 300 lots, un très
chic catalogue (numéroté s'il vous plaît) répertoriant l'ensemble des lots à
vendre, par thèmes et par périodes, avec des estimations de prix de vente. Une
formalisation digne d'une vente d’œuvres d'art classique... Cette pop culture
serait-elle en voie d’anoblissement - voire de muséification ?</p>
<p>Pour cette première, pour laquelle la maison, fait rare, s'est offert un
plan média (envoi de communiqués de presse et de catalogues numérotés à la
presse), la maison de vente s'est offert les services de Camille Coste, 28 ans,
star parmi les <em>gamers</em>: collectionneur patenté, game designer, il a
notamment collaboré à la traduction de Final Fantasy XI.</p>
<p>Contraste saisissant, au même moment s'achève le salon E3 à Los Angeles,
grand-messe annuelle de l'industrie des jeux vidéos, où ferraillent des géants
tels que Microsoft et Sony, avec des consoles toujours plus connectées, canaux
de diffusion de multiples contenus...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_2329_m.jpg" alt="IMG_2329.JPG" title="IMG_2329.JPG, juin 2013" /></p>
<p>Au menu hier soir, des ventes d'objets multiples : premières
générations de consoles de la fin des années 70, dont la mythique <strong>Atari
2 600</strong> de 1977, consoles Epoch, Nintendo, Mattel; premiers <em>personal
computers</em> pour le jeu, tels les <strong>Commodore Amiga</strong>,
<strong>Sinclair ZX Spectrum +</strong>... Cela a quelque chose de fascinant,
car on a revu là les tous premiers ordinateurs de l'histoire, de la même
génération que les Macintosh nés en 1984. Ils font désormais l'objet de
collections privées...</p>
<p>Parmi les objets cultes figuraient ainsi la version originale de première
console de salon au monde, la <strong>Magnavox Odyssey</strong> créée en 1972.
Estimée à 300 euros, elle sera vendue pour 500. L'exemplaire unique de la
console Magnavox Odyssey de 1974 s'arrache pour 2 800 euros. Dans les plus
beaux jouets vintage de geeks, un classeur de jeux prototypes pour l'Atari 2
600 (le succès commercial de l'époque, distribué de 1977 à 1991) vendu 1 500
euros, et la valise Atari 2 600 complète, vendue pour 750 euros.</p>
<p>Et bien sûr les jeux cultes, comme ces exemplaires uniques de jeux
<strong>Super Mario Bros & Dick Hunt</strong> pour Nintendo NES de
1985 : "des pièces de musées uniques issues de l'histoire du jeu vidéo",
et "ayant servi lors du procès de Nintendo contre Magnavox", précise le
catalogue. On est bien dans <strong>l'histoire du jeu vidéo qui se
construit</strong>, avec ses pièces-cultes... Il sera adjugé 1 500 euros. Tout
de même. Ou encore les jeux vidéos Rubik's Cube 3D pour Attari 2 600, adjugé à
600 euros.</p>
<p>Au fil de la vente, il y a parfois de légers remous dans le public. Les
ventes sont menées tambour battant, plusieurs portables sonnent dans la salle,
les heureux acheteurs étant priés de payer illico par carte bancaire. On entend
les commentaires affûtés des connaisseurs : <em>"évaluation surestimée",
"joli lot", collector"</em>... D'ailleurs, les estimations catalogue sont très
rarement franchies: les acheteurs gardent toujours en tête les 26% des
commission prélevés par la maison de vente, non inclus dans le prix de vente
annoncé.</p>
<p>Les vendeurs de Million mènent cette vente particulière à la cool: à la
vente de la console <strong>Odyssey 300</strong> de 1976, <em>"c'est un petit
morceau d'histoire que l'on vend"</em>, souligne l'un d'entre eux. <em>"Allez,
enchérissez, avec cette vente, vous faites entrer Nintendo dans les
mémoires"</em>, surenchérit-il plus tard. <em>"Le principe, c'est de lever la
main pour enchérir. Mais vous pouvez aussi sautillez"</em>, lance-t-il (la
foule devient compacte dans la salle).</p>
<p><strong>"Thomson, tu me rends micro"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.thomson_platini_m.jpg" alt="thomson_platini.jpg" title="thomson_platini.jpg, juin 2013" /></p>
<p>En filigramme, cette expo retraçait aussi l'émergence de la culture des
premiers <em>gamers</em> de l'époque, <strong>préfigurant ainsi la culture
geek</strong>: leurs codes, leur look, les jeux culte... On y a aperçu aussi de
jolies trouvailles vintage, tel cet ensemble avec l'ordi <strong>Thomson
MOS</strong> édition limitée Michel Platini (!) de 1984, avec la délicieuse
sacoche en vinyl, et le slogan qui tue, <em>"Thomson, tu me rends micro"</em>
;), vendu aux enchères pour 150 euros...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.IMG_2321_m.jpg" alt="IMG_2321.JPG" title="IMG_2321.JPG, juin 2013" /></p>
<p>Ou encore ce charmant blouson "Cosmonaute" lamé argenté (qui n'est pas sans
rappeler ce que portait Mickael Jackson à l'époque) "Accessoire officiel
Atari", "rare", précise le catalogue de ventes !</p>
<p><strong>De la "sous-culture" au retrogaming</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/65938e8f656a4ddab902906ee0ed4b2c.jpg" alt="65938e8f656a4ddab902906ee0ed4b2c.jpg" title="65938e8f656a4ddab902906ee0ed4b2c.jpg, juin 2013" /></p>
<p><strong>D</strong>'autant plus touchant de voir cette "sous-culture" de
l'époque, alors haïe par les bien-pensants tout comme l'étaient les mangas et
les dessins animés japonais, entrer dans des salles de ventes aux enchères, et
dans des musées. Parce qu'elle a fait partie de l'enfance des geeks
d'aujourd'hui, et parce qu'il y a <strong>une mémoire, matérialisée par ces
jouets et consoles</strong> vintage en plastique. Des traces d'autant plus
importantes à l'ère où les jeux vidéos sont devenus multijoueurs, et se
dématérialisent sur les réseaux sociaux et Internet.</p>
<p>Et parce que le "dixième art", phénomène culturel, a été la première forme
artistique à rassembler en un seul média l'image, le son, le scénario et
l'animation, et un langage interactif qui lui est propre, le
<strong><em>gameplay</em></strong>... Il a façonné son univers, ses propres
héros, de Super Mario à Lara Croft.</p>
<p>Cette culture du <em>retrograming</em> s'expose désormais. <a href="http://www.lefigaro.fr/hightech/2011/11/10/01007-20111110ARTFIG00567-au-grand-palais-le-jeu-video-atteint-enfin-la-consecration.php">
L'an dernier</a>, le Grand Palais de Paris a accueilli une expo dédiée au
retrogaming. Du 10 au 21 juin, une expo sur L'Age d'Or du Jeu Vidéo est ainsi
présentée dans le cadre du Cinema Paradiso, Drive-In cinéma installé sous la
Nef du Grand Palais à Paris. On peut y jouer sur des consoles et bornes
d'arcade, de Pong à Pac-Man, en passant par Mario, Space Invaders, Asteroids,
Frogger, Sonic...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.art-of-video-games-smithsonian_m.jpg" alt="art-of-video-games-smithsonian.jpg" title="art-of-video-games-smithsonian.jpg, juin 2013" /></p>
<p><strong>Même le très chic MoMA</strong> (Modern Museum of Arts) a accueilli
il y a quelques mois un département jeux vidéos vintage dans son aile design.
Il devrait passer de 14 à 30 jeux exposés. Des bornes avec des extraits d'une
dizaine de jeux, tels PacMan ou Space Invaders, y sont "exposées", à quelques
mètres de meubles design. Pourquoi ? C'est bel et bien de l'art (vaste
débat...), mais aussi du design, une représentation de l'univers, les jeux
étant choisis selon les formes d<em>'interactive design</em> qu'ils proposent,
<a href="http://artsbeat.blogs.nytimes.com/2012/11/29/moma-adds-video-games-to-its-collection/">
expliquait alors</a> le <em>New York Times</em>.</p>
<blockquote>
<p>"Ces 20 dernières années, le design a pris de nouvelles directions.
Aujourd'hui, un designer peut choisir de se concentrer sur une interaction, des
interfaces, le Web, la visualisation, les espaces immersifs, le biodesign, les
jeux vidéos. Avec des exemples de cette vitalité et cette diversité, tel le jeu
spatial Tetris. Tetris est le premier jeu vidéo à entrer dans la collection
MoMa, sélectionné avec 13 autres comme piliers du design interactif. Cette
acquisition permet au MoMa d'étudier, préserver, et montrer des jeux vidéos
comme des parts de sa collection Architecture et design".</p>
</blockquote>