Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Nerve2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclear"Nerve", Trick or Treat, dystopie pour ados à l'heure de Pokemon Gourn:md5:43c95fa5ae9021a20f7a20b746183fbd2016-09-04T18:54:00+02:002016-09-04T18:54:00+02:00Capucine CousinCulture numériqueDystopieNervePeriscopePokemon Go <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.2885c900-319f-0134-0cb2-0a0b9a139ea7_m.jpg" alt="2885c900-319f-0134-0cb2-0a0b9a139ea7.jpe" title="2885c900-319f-0134-0cb2-0a0b9a139ea7.jpe, sept. 2016" /></p>
<p>Allumage de l'ordinateur (un MacBook évidemment, tout comme tous les
personnages du film seront dotés d'iPhone), cliquettement rapide des touches du
clavier, puis elle ouvre tour à tour Spotify, sa boîte Gmail, avant d'être
interrompue par une notification Facebook, puis un appel sur FaceTime. Puis une
notification sur son mobile venue de <strong>Nerve</strong>, le dernier jeu
virtuel à la mode... Dès les premières secondes du film, nous sommes immergés
dans le quotidien très numérique de Venus (Emma Watson), lycéenne new-yorkaise
de 18 ans, dont la post-adolescence est rythmée par une vie numérique effrénée.
A première vue, Nerve est un film qui cible les ados et la génération Y.
Précisément en mettant en scène leur quotidien imprégné du Net et des réseaux
sociaux. Et par une intrigue menée tambour battant, très (trop) vite, musique
pop douceâtre (bande originale xx) , images saccadées et ultra-rapides, qui
semblent souvent tout droit sorties d'un clip. Ou plutôt, d'un jeu vidéo, sur
lequel le film semble calqué. Logique: déjà aux manettes de la saga-blockbuster
<em>Paranormal Activity</em>, le duo de réalisateurs américains Ariel Schulman
- Henry Joost sont des habitués des films à gros budgets pour ados, dont ils
manient à la perfection les codes. Un petit carton: près de 300 000 entrées la
première semaine, <strong><em>Nerve</em></strong> étant ainsi numéro 2 au box
office français.</p>
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<p><strong>M</strong>ais ce film va plus loin, ce qui m'a donné envie d'écrire
dessus (chronique garantie sans <em>spoilers</em>), après avoir (longuement)
déserté ce blog, au gré d'une nouvelle étape professionnelle (pardonnez-moi,
chères lectrices et chers lecteurs !). Sous un vernis de films pour ados un
rien agaçant, <strong>Nerve s'avère être un thriller horrifique et une
dystopie</strong>, qui met en scène de façon glaçante les futures dérives
possibles de nos usages numériques, l'omniprésence des réseaux sociaux et du
numérique dans nos vies. Ce qui rejoint mes obsessions que je nourris ici ;) Il
prend parfois un tour de <strong>film d'horreur futuriste</strong>: au cinéma,
tout à l'heure, une bande d'ados (la génération Y mise en scène dans Nerve) à
côté de nous se gaussaient au début en engloutissant leur pop-corn, avant de
pousser des cris effrayés par moments, totalement immergés dans le film.</p>
<p><strong>Trick or Treat, Dystopie à l'heure des réseaux sociaux</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.nerve2_m.jpg" alt="nerve2.jpe" title="nerve2.jpe, sept. 2016" /></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.nerve-1460x950-1463066792_m.jpg" alt="nerve-1460x950-1463066792.jpe" title="nerve-1460x950-1463066792.jpe, sept. 2016" /></p>
<p>Le pitch, donc: dans un futur proche (en 2020), Vee (Venus), pas vraiment
accro à la tourmente des réseaux sociaux, cède au champ des sirènes, par défi
envers sa meilleure amie, en s'inscrivant à Nerve, mi-jeu en ligne, mi-réseau
social clandestin. Le film est tiré d'un roman pour ados,
<strong><em>Addict</em></strong>, de Jeanne Ryan. Métaphore de la "vraie vie",
de la société, forme de <strong>Trick or Treat</strong> (Action ou vérité), il
divise ses membres en deux catégories: les "<strong>players"</strong> (joueurs)
acceptent de relever des défis, contre de l'argent, allant du french kiss à un
inconnu dans un bar à une situation parfois mortelle (passer entre deux
immeubles sur une échelle placée à l'horizontale en attitude). Les
<strong>"viewers"</strong> (voyeurs) paient, et en échange, soumettent des
défis aux joueurs, que ceux-ci doivent relever et filmer en direct. Pas de
spoil ici ;) mais en très raccourci, Vee se voit vite intronisée comme joueuse,
à un certain prix: son identité numérique est littéralement vampirisée par le
jeu virtuel, qui, dès qu’elle a accepté d'être "player", aspire tous les
éléments sur elle (photos de vacances, etc) qu'il aspire immédiatement sur son
ordinateur et sur les réseaux sociaux, et toutes ses traces numériques qui
ressortent via Google. Elle va devenir une star virtuelle du jeu, mais les
voyeurs dictent les règles: ce sont eux qui lui imposent de former un couple
avec son partenaire so sexy (James Franco), et d'aller essayer en 10 minutes La
robe lamée verte dans ce magasin de luxe. C'est là que l'on voit la dimension
dystopique du film.</p>
<p><strong><em>"Nerve est une démocratie directe"</em></strong>, ose un des
personnages du film. Les voyeurs dictent les règles, et pourchassent le couple
dans ses défis en le filmant avec les caméras de leur smartphone. On voit bien
les références explicites et très actuelles du film: Twitter, et plus encore
Snapchat, Periscope, ou Facebook Live, où le mobinaute a pris l'habitude de
partager en direct des instants, et attend des réactions en direct
(commentaires, cœurs sur Periscope). D'ailleurs, un autre film-phare de la
rentrée met en scène cette jeune génération Y (film très différent, hein):
l'explosif et vital <strong><em>Divines</em></strong> de Houda Benyamina,
Caméra d'or au festival de Cannes cette année. Chez elle, les premières minutes
du film ressemblent à des images tournées en direct depuis un smartphone sur
Periscope.</p>
<p>Le film met en scène, dans une écriture nerveuse et rapide, ce speed lié aux
réseaux sociaux. Vee et filmée en contrevue à l'envers de son écran
d'ordinateur (comme s'il l'observait). A plusieurs reprises, on voit les
notifications des ordres des "viewers" s'afficher sur son smartphone (iPhone
évidemment, dont le film est une longue pub gratuite). Dans plusieurs scènes,
les réalisateurs superposent à l'image des SMS, ou sur des vues de New York, la
localisation en direct des joueurs secrets de <em>Nerve</em> (pour montrer son
caractère invasif)...</p>
<p>Avec <strong><em>Nerve</em></strong>, où les personnages relèvent des défis
parfois mortels, on pense aussi aux "faits divers" sordides que l'on a commencé
à voir émerger ces derniers mois autour de ces réseaux sociaux mobiles: le cas
terrifiant, en mai dernier, de cette jeune femme de 19 ans qui s'est suicidée
en direct avec son Periscope allumé. Le film évoque aussi fortement le site de
streaming de jeux vidéo en direct Twitch, <em>"qui a popularisé la dichotomie
entre le caster (le diffuseur, celui qui se montre), et les viewers (les
spectateurs)"</em>, comme le relève mon confrère William Audureau <a href="http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/08/26/nerve-le-film-de-science-fiction-tellement-proche-de-la-realite_4988504_4408996.html#yEJAz3idx5AaX1ju.99">
dans cet article</a>. Pour moi, il faut écho de façon encore plus brûlante à
<strong>Pokemon Go</strong>, ce jeu virtuel sur mobile de chasse (certes
pacifique, elle ;) à des bestioles virtuelles. Qui a conduit des joueurs à
prendre des risques parfois mortels.</p>
<p><strong>Les hackers (et les voyeuristes) stars de Hollywood</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Mrrobot_2_m.jpg" alt="Mrrobot_2.jpg" title="Mrrobot_2.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>Extrait de <em>Mr Robot</em></p>
<p>Le film révèle aussi une certaine fascination d'Hollywood pour le monde
numérique, les dystopies effrayantes, et ses acteurs: hackers de génie, voyeurs
pervers, société ultra capitaliste. Les exemples de films et séries sont
légion. Les hackers nouvelles stars, j'en <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/10/03/Les-hackers%2C-super-h%C3%A9ros-des-temps-modernes-%28pourquoi-Hollywood-les-adore%29">
ai parlé dans ce billet</a> il y a pile un an. La (top) série <strong><em>Mr
Robot</em></strong>, qui débarque sur France2 cet automne, met en scène un
hacker paranoïaque. Un des épisodes de la série. Le réseau social ultra
intrusif, c'est le sujet du livre <strong><em>The circle</em></strong>
(chronique en 2013 <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2013/12/21/The-Circle%2C-dystopie-horrifique-o%C3%B9-%22Privacy-is-theft%22">
dans ce billet</a>, sorti en VF cette année), qui met en scène un Google bis,
où <em>"La vie privée, c'est du vol"</em>. Le sujet est très contemporain: Mark
Zuckerberg affirmait en 2010, dans le <em>Washington Post</em>, <em>"Si les
gens partagent plus de choses, le monde sera plus ouvert et plus connecté. Et
(...) c'est un monde meilleur"</em>. Vive la transparence, à bas le secret.</p>
<p><strong><em>Nerve</em></strong> dénonce aussi les voyeuristes sadiques (eux
qui lancent des défis mortels), protégés derrière leurs écrans par leur
anonymat, et l'univers qu'annonce la télé-réalité. Tout comme dans la saga
<strong><em>Hunger games</em></strong>, ou la très radicale série TV
britannique <strong><em>Black Mirror</em></strong> (production: Channel 4),
notamment l'épisode <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pisodes_de_Black_Mirror#.C3.89pisode_2_:_La_Chasse">
La chasse</a>.</p>