Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Netflix2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearNetflix s'offre un peu d'histoire sur Hollywood Bd avec l'Egyptian Theaterurn:md5:da468ec7086f0cd591de62d4f8aaa7db2023-11-09T22:22:00+01:002023-11-09T23:14:23+01:00Capucine CousinEcranscinemaHollywoodNetflixstreaming <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.photo_Egypt_theater_travx_m.jpg" alt="photo Egypt theater travx.jpg, nov. 2023" /></p>
<p>Photo CC - prise à Hollywood Bd, Los Angeles, mars 2023</p>
<p><strong>Ç</strong>a y est, Netflix vient d'inaugurer «son» nouveau cinéma, ce 9 novembre, sur Hollywood Boulevard à Los Angeles. Il n'a pas choisi n'importe quel cinéma: c'est l'<strong>Egyptian Theater</strong>, dont l'architecture similaire à celle d'un temple égyptien évoque bien la recherche d'"exotisme" qui était en vogue à Hollywood dans les années 1920.</p>
<p>Lorsque j'ai parcouru Hollywood Bd à LA, au mois de mars, j'avais aperçu ce cinéma encore en travaux de restauration derrière des bâches. Non sans tristesse, j'avais remarqué que la plupart des anciens cinémas de cete avenue étaient à l'abandon, ou reconvertis en boutiques. A part ce nouveau cinéma, il ne reste plus que le Chinese Theater, qui appartient maintenant à... TCL, un géant chinois de la tech.</p>
<p><strong>Avant-première mondiale du prochain film de David Fincher</strong></p>
<p>Ce cinéma centenaire rouvre donc cette semaine après une rénovation évaluée par la presse à 70 millions de dollars. C'est bien Netflix, qui, associé à la Cinemathèque US, l'a restauré à grand frais, avec pour objectif d'utiliser cet endroit somptueux comme lieu pour des avant-premières et des événements. Ce jeudi 9 novembre, il devait y accueillir l'avant-première mondiale de <em>The killer,</em> prochain film de David Fincher - collaborateur de longue date de la plateforme, depuis sa mythique série politique <em>House of Cards</em>. Film qui, dans la grande tradition netflixienne, sera ensuite réservé aux seuls abonnés de la plateforme.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Netflix_Egyptian_Theatre_10222023_0377__1__m.jpg" alt="Netflix_Egyptian_Theatre_10222023_0377__1_.jpg, nov. 2023" /></p>
<p>The Egyptian Theatre a accueilli pa première avant-première mondiale e 1922. Photographie: Courtesy Netflix</p>
<p><strong>A</strong>vec ce cinéma, Netflix s'offre un lieu emblématique, sur le <strong>Walk of Fame</strong>, l'Avenue du cinéma, mais aussi un lieu classé, chargé d'histoire. Comme s'il s'inscriait dans les pas des grands studios d'antan. L'Egyptian Theater, qui a accueilli la première avant-première d'un film à Hollywood en 1922, a accueilli des premières de films les plus prestigieux, de <em>Ben-Hur</em> à <em>My Fair Lady</em> en passant par le <em>Retour du Jedi</em>. Il projettera des films classiques le week-end, programmés par l'American Cinemateque, l'organisation à but non lucratif qui possédait auparavant le théâtre. En semaine, il accueillera des projections pour Netflix.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.3840_m.jpg" alt="3840.jpg, nov. 2023" /></p>
<p>Il est assez ironique que cette inauguration intervient alors que les acteurs hollywoodiens ont achevé la veille un long mouvement de grève (116 jours !), déclenché en grande partie par les perturbations économiques provoquées par la montée en puissance du modèle de streaming en ligne de Netflix.
Il est d'autant plus ironique de voir <a href="https://www.netflix.com/fr/title/81586257">ce documentaire</a> de 10 minutes publié par Netflix sur l’Egyptian Theater qui célèbre le pouvoir inégalé de regarder des films collectivement sur un écran géant.
Netflix, dont le modèle économique a conduit de nombreuses personnes à regarder des films seuls sur leurs ordinateurs portables et leurs téléphones. Un modèle économique qu'il a réussi à imposer en moins de dix ans en Europe, comme je le rappelle dans la réédition de mon livre, <em>Netflix, Amazon, Disney & Cie - La bataille des nouveaux titans de l'audiovisuel</em> (<a href="https://www.dunod.com/lettres-et-arts/netflix-amazon-disney-cie-bataille-nouveaux-titans-audiovisuel">lien par ici</a>).</p>
<pre></pre>
<p>Ce n’est pas la première fois que Netflix acquiert une salle de cinéma historique pour accueillir des événements et montrer son engagement envers les traditions de l’industrie. En 2019, la société a conclu un accord similaire pour restaurer et rouvrir le Paris Theater de New York, un ancien théâtre d’art et essai et le dernier cinéma à écran unique de Manhattan.</p>Quand les professionnels du cinéma s'inquiètent du projet de Festival Netflix... en sallesurn:md5:5b8ccd4c6e9cb20e32f23d1bc1b622c22021-10-27T12:22:00+02:002021-10-27T17:24:09+02:00Capucine CousinEcransdistributeursfestival de cinémaNetflix <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/pouvoir-du-chien2021082403.jpg" alt="pouvoir-du-chien2021082403.jpg, oct. 2021" /></p>
<p><strong>P</strong>our ma chronik du moment, je ne pouvais pas passer à côté de ce qui risque d'être bien plus qu'une petite polémique picrocholine.</p>
<p>Cette semaine, on apprenait que Netflix lui-même a prévu d'organiser, courant décembre, une poignée de projections événementielles autour de certains de ses longs-métrages. Dans des salles de cinéma. Ce sont même des salles art et essai, des réseaux MK2, Utopia ou encore Lumière de Thierry Frémaux à Lyon, qu'il a approchées, selon la revue spécialisée <em>Le Film Français</em>, qui a révélé l'info.</p>
<p>Ce sont donc des films produits et/ou commandés par Netflix - qui avaient vocation à être diffusés uniquement sur la plateforme - qui y seront projetés. La plupart de ceux programmés seront déjà disponibles sur la plateforme, seuls quelques-uns d'entre eux feront l'objet d'avant-premières, étant véritablement inédits.</p>
<p>Le projet n'est pas encore bouclé qu'il provoque déjà une levée de boucliers chez les syndicats professionnels, notamment du côté des distributeurs et associations de cinéastes, comme l'a relevé <a href="https://www.boxofficepro.fr/">BoxOffice Pro</a>.</p>
<p><strong>D</strong>ès lundi, le puissant distributeur Le Pacte dénonçait <a href="https://le-pacte.com/france/news/cp-dire-sdi">dans un communiqué</a> l'initiative, portée "par des salles de cinéma d’art et essai emblématiques courant décembre".</p>
<p><strong>M</strong>ardi, le syndicat des distributeurs indépendants (SDI) et les distributeurs indépendants réunis européens (DIRE) fustigeaient l'initiative dans un communiqué commun, y voyant <em>«une campagne marketing de grande échelle, une bande-annonce promotionnelle géante pour inciter des spectateurs de cinéma à s'abonner à un service payant»</em>. Les cinéastes de l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID), pour leur part, rappelaient que <strong><em>«Les films de cinéma n’existent que s’ils sont vus dans des salles de cinéma»</em></strong> - vous noterez la définition de ce qu'est un film pour eux, on y reviendra. Ils faisaient référence à l’action symbolique menée le 14 mars dernier par 22 cinémas, qui avaient alors ouvert leurs portes au public pour contester la fermeture prolongée des lieux culturels.</p>
<p><strong>L</strong>a Fédération nationale des éditeurs de films (FNEF) a ensuite réagi ce mercredi, ainsi que la Fédération nationale des cinémas (FNC), cette dernière estimant que ce projet de “Festival Netflix” <em>«sèmerait clairement la confusion en termes de perception de la chronologie des médias entre les films de cinémas et les productions Netflix pour les spectateurs et les médias»</em>.</p>
<p>L'Association Française des cinémas art et essai (AFCAE), dénonce elle aussi ce mercredi la <em>«forte dimension symbolique et politique»</em> de ce 'festival' organisé par Netflix, qui vise à <em>«faire la promotion d’une plate-forme</em>».</p>
<p>Pas faux. Si ce n'est que durant la crise sanitaire, certains producteurs et distributeurs des deux syndicats n'avaient pas hésité à vendre directement des films aux plateformes de streaming - dont Netflix, comme le souligne Le Figaro.</p>
<p>En clair, Netflix démarche actuellement des exploitants de salles de cinéma art et essai pour organiser ce festival, en leur proposant une programmation alléchante, <a href="https://www.liberation.fr/culture/cinema/avis-de-tempete-sur-le-projet-de-festival-netflix-en-salles-20211026_G5OF72DSZ5HVBBNCWJBUOKWXHY/?redirected=1">rapporte</a> <em>Libération</em> - des productions Netflix, parfois déjà passées par les grands festivals, telles les premières réalisations des actrices Rebecca Hall et Maggie Gyllenhaal (<em>Clair-Obscur</em> et <em>The Lost Daughter</em>) ; <em>The Hand of God</em> de Paolo Sorrentino, primé à Venise ; la dernière satire d’Adam McKay (avec Leonardo DiCaprio) <em>Don’t Look Up</em> ; ou encore le très attendu <em>le Pouvoir du chien</em> de Jane Campion, prévu sur la plateforme le 1er décembre.</p>
<p>Du Netflix dans les salles de cinéma, ce serait bien une première. Dans l'Hexagone, tout juste avait-on vu Netflix organiser quelques projections événementielles privées pour certaines productions exceptionnelles - comme <em>The Irishman</em> de Martin Scorsese projeté (une fois) à la Cinémathèque de Paris.</p>
<p>Mais ce projet de 'festival Netflix', s'il aboutit, permettrait à la firme de Los Gatos de creuser une brèche, une fois de plus, et de jouer le paradoxe,
alors que son fondateur Reed Hastings a toujours dit que les productions Netflix avaient vocation à être réservées exclusivement à ses abonnés.</p>
<p>La question est toujours la même: <strong>un film doit-il sortir en salles pour être un *vrai* film</strong>, comme l'évoque l'ACID? Et donc, un long métrage diffusé uniquement sur une plateforme de streaming est-il toujours un film?</p>
<p>C'est déjà la question en creux dans le conflit entre Netflix et les organisateurs du festival de Cannes, qui, cette année encore, ont refusé des productions Netflix en compétition officielle (dont les films des Jane Campion et Paolo Sorrentino) tant qu'elles ne sortent pas en salles *dans des conditions normales*.</p>
<p>En outre, ces films de Netflix viendraient de facto concurrencer les films des circuits traditionnels, pour lesquels les entrées reprennent (très) lentement.</p>
<p>Ensuite, un festival de Netflix pourrait de nouveau brouiller le message sur la chronologie des médias, soit les fenêtres de diffusion des films sur les différents supports - alors que les professionnels du secteur discutent actuellement de celle-ci. Mais il faudra bien faire une place dans cette chronologie aux plateformes de streaming comme Netflix puisqu'elles ont désormais des obligations de financement du cinéma.</p>Squid Game, un phénomène audiovisuel, un manifeste, une marqueurn:md5:656b4d20fa1084fe5cca855dcef600de2021-10-05T11:41:00+02:002021-10-06T09:37:08+02:00Capucine CousinCulture numériquegoreNetflixParasiteSquide game <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe width="350" height="230" src="https://www.youtube.com/embed/_434vl32oJY?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p><em>C</em>e sera le sujet de ma chronik de cette semaine, parce que c'est encore un de ces phénomènes audiovisuels que Netflix a créés - bien malgré lui. C'es une série sud-coréenne, parfois sanglante, parfois gore, qui pourrait devenir le plus gros succès de la plateforme américaine</p>
<p>La série <strong><em>Squid Game</em></strong> est diffusée depuis le 17 septembre sur la plateforme de streaming, et les premiers chiffres et estimations donnent le tournis : n°1 dans 82 pays (§) dans le monde dont la France, d'après FlexPatrol, qui l'affiche dans son Top 10 mondial, plus de 16 milliards de vidéos avec le hashtag #squidgame vues sur TikTok...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_ecran__45__m.png" alt="Capture d’écran (45).png, oct. 2021" /></p>
<p>Le 27 septembre dernier, le co-président de Netflix, Ted Sarandos, l'a dit lui-même, lors d'une rencontre professionnelle, le Code Conference: <em>Squid Game</em> pourrait bien devenir le plus gros succès de la plateforme de streaming vidéo.</p>
<p><strong>L</strong>'histoire: Seong Gi-hun (Lee Jung-jae), un quadra très modeste, chômeur, joueur invétéré, en passe de perdre le droit de garde partagée de sa fille, qui va accepter un étrange marché avec un recruteur croisé dans une gare, après avoir joué à quelques parties de <em>ddakji</em> : participer à un jeu grandeur nature. Il se retrouve dans un lieu isolé avec plus de 400 autres personnes. Une voix provenant d'un haut-parleur leur explique qu'ils devront se battre pour remporter une grosse somme d'argent (soit une cagnotte de 45,6 milliards de wons sud-coréens, environ 33 millions d'euros), en jouant à des jeux d'enfants - en version horrifique.</p>
<p>Si la série de neuf épisodes se déroule dans la Corée du Sud d'aujourd'hui, elle a une dimension dystopique - en mettant en scène une situation irréaliste - et férocement engagée, en mettant en scène des (très) pauvres Coréens tués par une poignée de ploutocrates anonymes;.Dans une tonalité parfois humoristique, avec des personnages attachants, d'une manière qui rappelle le phénomène <strong><em>Parasite</em></strong> - film sud-coréen au succès mondial, Palme d'or à Cannes en 2019 et Oscar du meilleur film en 2020.</p>
<p><strong>S</strong>on réalisateur Bong Joon-ho est en outre de la même génération que le créateur de <em>Squid Game</em>, Hwang Dong-hyuck. On retrouve des points communs entre les deux : dénonciation de l'abîme entre riches et pauvres de la société sud-coréenne, en mettant en scène des individus au bord de la misère, et en l'appuyant par des scènes d'horreur sanglante (remember le final de <em>Parasite</em>, une réception chic avec barbecue qui dévie...) ; humour macabre ; idées originales dans la mise en scène ; des sujets qui touchent à la culture sud-coréenne (les jeux d'enfants typiques constituent le fil rouge à <em>Squid Game</em>)... Hwang Dong-hyuck puise dans la culture populaire sud-coréenne pour dresser, en creux, un portrait sombre de la société (de l'humanité ?).</p>
<p>Hwang Dong-hyuk dénonce aussi les rites de la télé-réalité, dans un ton qui rappelle <em>Hunger Games</em> et le film d'horreur <em>Battle Royale</em> de Kinji Fukasaku. Au fil des épisodes se distinguent une poignée de personnages, tous touchants, qui vont faire équipe pour tenter de (sur)vivre aux <del>épreuves</del> "jeux" successifs: autour de Seong Gihun, une jeune Nord-coréenne qui veut rapatrier sa famille, un vieil homme atteint d'un cancer du cerveau, un financier véreux poursuivi par les huissiers, un chef de gang...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_ecran__44__m.png" alt="Capture d’écran (44).png, oct. 2021" /></p>
<p>La série commence à devenir, dans la vraie vie et sur les réseaux, un phénomène: consacrée par les mèmes et scènes détournées, notamment sur Twitter, et avec des événements éphémères dans la vraie vie: samedi et dimanche derniers, une boutique éphémère Squid Game était ainsi ouverte dans le centre de Paris - j'ai peu y voir une très longue file de jeunes gens, prêts à attendre plusieurs heures pour y entrer...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_ecran__41__m.png" alt="Capture d’écran (41).png, oct. 2021" /></p>
<p>Côté merchandising, dans sa boutique de produits dérivés en ligne Netflix.shop, ouverte <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2021/06/11/Netflix%2C-une-marque%2C-des-produits-d%C3%A9riv%C3%A9s-dans-un-Netflix-shop">en juin dernier</a>, Netflix commence déjà à proposer des T-shirts et hoodies <em>Squid Game</em>. Qui devient donc une marque.</p>Steven Spielberg s'allie à son tour à Netflix (et pourquoi c'est historique)urn:md5:eff9faf56e0aff128e3fcbaf9b12a18f2021-06-22T10:27:00+02:002021-06-22T10:27:00+02:00Capucine CousinMédiasHollywoodMGMNetflixSteven Spielberg <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.netflix-et-steven-spielberg-reconcilies-et-prets-pour-de-futurs-films-_m.jpg" alt="netflix-et-steven-spielberg-reconcilies-et-prets-pour-de-futurs-films-.jpeg, juin 2021" /></p>
<p><strong>D</strong>écidément, la terre tremble à Hollywood.</p>
<p>Netflix a annoncé lundi avoir conclu un accord avec Steven Spielberg via sa société de production Amblin Partners. Il produira plusieurs films ces prochaines années pour Netflix. Ce partenariat ne signifie pas forcément que le réalisateur va tourner lui-même des longs métrages pour Netflix, puisque l'accord concerne sa société Amblin, issue de l'union de plusieurs sociétés de productions, notamment DreamWorks Pictures. Amblin a produit, ces dernières années, <em>1917</em>, réalisé par Sam Mendes, <em>Green Book: Sur les routes du sud</em> (Oscar du meilleur film 2020) de Peter Farelly, ou <em>Jurassic World: Fallen Kingdom</em> de Juan Antonio García Bayona.</p>
<p>Cet accord, un symbole très fort, ouvre une brèche de plus. Netflix signe dont avec une signature de plus, un <strong>enchanteur historique</strong> de l'Hollywood (d'antan ?), avec la saga <em>Indiana Jones</em>, ou encore <em>E.T</em>. Et traduit davantage l'intégration poussée de Netflix au sein de Hollywood. La firme de Los Gatos parvient donc à brouiller un peu plus les lignes entre les films en salles et les films en streaming.</p>
<p>Plus troublant, le communiqué publié lundi par Netflix ne précise pas si Spielberg réalisera et signera des films directement diffusés sur Netflix. Ni si les films produits par Amblin pour Netflix bénéficieraient <strong>d'une sortie en salles</strong>. Ce qui est, rappelons-le, un des points de friction continus entre Netflix et plusieurs acteurs-clé du cinéma, dont le Festival de Cannes - Netflix en sera <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2021/06/07/Amazon-fait-son-entr%C3%A9e-au-festival-de-Cannes">encore absent cette année.</a></p>
<p><strong>Spielberg pourfendeur de Netflix</strong></p>
<p>Cela a aussi été, longtemps, un sujet pour Steven Spielberg, qui était assez critique du streaming, s'inquiétant notamment de la menace qu'il faisait peser sur le cinéma en salles. Un peu à la manière des organisateurs du festival de Cannes, il s'est longtemps opposé à la participation aux Oscars de sociétés - dont Netflix - qui refuseraient de sortir leurs films en compétition en salles.</p>
<p>Lors de la tournée de promotion de son film<em> Ready Player One</em>, en 2018, il avait vertement critiqué la façon dont les plateformes se contentaient de mettre certains films à l'affiche une semaine seulement, dans un nombre très limité de salles, uniquement pour leur permettre de satisfaire aux critères d'éligibilité aux Oscars.</p>
<p>A ses yeux, les longs métrages Netflix <strong>n'auraient pas dû <em>«être éligibles»</em></strong> à une nomination aux Oscars, avait-il déclaré à la chaîne britannique ITV. <em>«Une fois que vous vous engagez sur un format télévision, vous êtes un téléfilm»</em>, avait-il lâché. En février 2019, il avait même décidé de présenter un projet qui visait à empêcher la plateforme de pouvoir accéder aux Oscars, <a href="https://www.indiewire.com/2019/02/steven-spielberg-vs-netflix-oscar-academy-wars-1202047846/">rapportait alors</a> IndieWire. Il estimait alors que les films présentés par des plateformes devraient se contenter des récompenses réservées aux œuvres télévisuelles, comme les Emmy Awards.</p>
<p>En avril 2019, il avait <a href="https://www.nytimes.com/2019/04/23/business/media/steven-spielberg-netflix-academy-awards.html">rectifié le tir</a> dans un entretien au <em>New York Times</em>, affirmant ne jamais avoir eu d'opposition aux plateformes.</p>
<p>Depuis, Steven Spielberg a réalisé pour le service Apple TV+ - un autre géant du streaming vidéo - des épisodes de la série <em>Amazing Stories</em>, mise en ligne en mars 2020.</p>
<p>Maintenant, tout va pour le mieux. Ce partenariat est <em>«une opportunité fantastique de raconter de nouvelles histoires ensemble»</em> avec Netflix <em>«et de s'adresser aux spectateurs par de nouvelles voies»</em>, a déclaré Steven Spielberg, cité dans le communiqué, sortant quelque peu les violons ;)</p>
<p>Certes, Amblin Partners continuera à sortir des films en salles. Outre son partenariat avec Netflix, il demeure engagé contractuellement avec Universal Pictures, son partenaire historique, dans la distribution de longs métrages.</p>
<p>Mais quelques semaines à peine après <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20210527/amazon-teste-politique-americaine-controle-322009">le rachat des studios MGM</a> pour près de 9 milliards de dollars par un Big Tech américain, Amazon, cela ouvre une brèche de plus. Alors que plusieurs salles de cinéma sont en train de fermer aux Etats-Unis. En deux ans, une pandémie mondiale aura décidément eu des ondes sismiques inimaginables.</p>Amazon fait son entrée au festival de Cannes, après Hollywoodurn:md5:232773609039e82ed5deadec66a70b8b2021-06-07T15:49:00+02:002021-06-08T09:55:04+02:00Capucine CousinEcransAmazon PrimeAmazon StudiosChronologie des médiasFestival de CannesHollywoodNetflixOscars <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.5c92ed6f240000ad064df325_m.jpg" alt="5c92ed6f240000ad064df325.jpeg, juin 2021" /></p>
<p><strong>U</strong>ne première, nouvelle preuve des bouleversements à vitesse accélérée que connaît l'industrie du cinéma, malmenée à l'heure de la pandémie.</p>
<p>Amazon fera son entrée dans la prochaine édition du Festival de Cannes, avec un film en compétition, ont annoncé ses organisateurs jeudi dernier. L'heureux élu: le film <strong><em>Annette</em></strong>, qui signe le grand retour du réalisateur franco-américain <strong>Leos Carax</strong>, neuf ans après la présentation de <em>Holy Motors</em>, et avec Marion Cotillard et Adam Driver en têtes d'affiche. Un <em>musical</em> dont la musique a été écrite et composée par les fondateurs du groupe pop californien Sparks, déjà guetté par les cinéphiles, où Adam Driver jouera un comédien de stand-up, et Marion Cotillard sa femme chanteuse d’opéra.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<iframe width="425" height="350" src="https://www.youtube.com/embed/di3mNRymKZg?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen></iframe>
</div>
<p><strong>M</strong>ieux, ce film fera l'ouverture du festival de Cannes, le 6 juillet prochain. Décidément, alors que le Festival va rouvrir dans des conditions à peu près normales, après une édition 100% numérique l'an dernier en raison de la pandémie, le tapis rouge est déroulé à son producteur, Amazon Studios. La raison? Le géant du e-commerce, qui a progressivement déployé ses ailes dans la production audiovisuelles et la diffusion via son propre service de streaming vidéo sur abonnement, Amazon Prime Video, lancé en décembre 2016, coche toutes les cases pour figurer en compétition à Cannes, avec sa production: <em>«Amazon accepte que le film soit projeté en salles. Donc Annette est en compétition à Cannes»</em>, expliquait jeudi dernier Thierry Frémaux, délégué général du Festival, <a href="https://variety.com/2021/film/news/cannes-film-festival-thierry-fremaux-women-netflix-1234988217/">dans une interview</a> à l'hebdomadaire californien <em>Variety</em>.</p>
<h3>Netflix toujours persona non grata</h3>
<p>Ce qui n'est pas le cas de Netflix, toute-puissante avec ses 208 millions d'abonnés, qui, selon les organisateurs du Festival, n'accepte toujours pas de jouer les règles du jeu du festival français - soit de sortir son film en salles dans des conditions normales. Pour le festival de Cannes, un film est un 'vrai' film dès lors qu'il sort en salles. <em>«Un film est toujours un travail artistique qui doit être découvert sur grand écran, et nous restons sur ce 'mantra' pour les films en compétition»</em>, rappelle-t-il. Et de souligner: il a bien vu que <em>«beaucoup de réalisateurs de talent»</em> ont présenté des films à Cannes par le passé, et travaillent maintenant avec Netflix (<em>«qui fait de beaux films»</em>), tels Jane Campion et Paolo Sorrentino - la firme de Los Gatos a fait grand bruit en début d'année en <a href="https://about.netflix.com/fr/news/netflix-2021-film-preview">annonçant</a> qu'elle diffuserait 'à titre exclusif' sur sa plateforme leurs prochains films, respectivement <em>Le pouvoir du chien</em> et <em>È stata la mano di Dio</em>.</p>
<p>Or selon <a href="https://www.lefigaro.fr/medias/pas-de-festival-de-cannes-pour-netflix-20210607">cet article</a> du <em>Figaro</em>, Thierry Frémaux a proposé à Netflix de figurer à Cannes avec ces films, mais seulement hors compétition. <em>«Il s’agit d’une fausse main tendue. Proposer un strapontin à l’un des nouveaux argentiers du cinéma mondial relève davantage du camouflet, voire de la gifle.»</em></p>
<p>Et ce petit scud: <em>«La différence entre Netflix et Amazon est que ce dernier accepte que ses films sortent en salles»</em>, précise Thierry Frémaux à <em>Variety</em>.</p>
<p>On en revient au sujet originel du litige entre Cannes et Netflix, depuis la polémique autour des films <em>Okja</em> et <em>The Meyerowitz Stories</em> en mai 2017: comme je le racontais dans mon livre, <strong><em>Netflix & Co: Histoire d'une (r)évolution</em></strong>, Netflix a présenté cette année-là ces deux films en compétition pour la Palme, films qui, même s'ils étaient primés, ne seraient pas projetés dans les salles de cinéma françaises, avait alors annoncé la firme californienne.</p>
<p>Depuis ce clash, les organisateurs du Festival ont fixé une règle depuis 2018 : les films en lice doivent sortir en salles dans des conditions 'normales'. Et non juste dans une poignée de salles (et encore moins aucune ;). Quand bien même certains autres festivals acceptent désormais ces conditions, comme celui de Venise. Il semble donc que le statu quo demeure pour cette année encore. Peut-être au détriment de Cannes, qui se prive donc des productions Netflix - alors que le contexte a évolué. On peut comprendre le point du vue du patron de Netflix, Reed Hastings, qui a toujours dit vouloir proposer des contenus exclusifs - dont des films - à ses abonnés.</p>
<pre></pre>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.E1qvG9AXoAYzFzi_m.jpg" alt="E1qvG9AXoAYzFzi.jpg, juin 2021" /></p>
<p>Le cameraman et de l'ingénieur du son enregistrant "Léo le lion" pour le logo de la Metro Goldwyn Mayer en 1928 (Getty Images/Axios)</p>
<p><strong>E</strong>n tous cas, avec cette présence à Cannes, Amazon remporte une manche. Une autre, après avoir acquis fin mai le grand studio <strong>MGM</strong> <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20210527/amazon-teste-politique-americaine-controle-322009">pour 8,45 milliards de dollars</a> (cette acquisition restant certes suspendue à l'accord des régulateurs), ce qui le fait entrer définitivement dans la cour des grands à Hollywood.</p>
<p>Et Amazon est loin d'être perdant. Sa production <em>Annette</em> sortira dans les salles du monde entier à partir du 6 juillet (via UGC Distribution dans l'Hexagone), le jour même de sa première à Cannes. Aux Etats-Unis, il sortira en salles le 6 août, puis sera ensuite proposé à les abonnés (américains) Amazon Prime sur sa plateforme de SVoD Amazon Prime... <strong>dès le 20 août</strong>, indique notamment <em>Indiewire</em> <a href="https://www.indiewire.com/2021/05/annette-adam-driver-marion-cotillard-sing-musical-number-1234640734/">dans cet article</a>.</p>
<h3>'Annette' le 6 juillet en salles... Et le 20 août sur Amazon Prime</h3>
<p>Soit un délai de 15 jours entre la sortie en salles et celle sur Amazon Video. Etonnant, non? C'est surtout révélateur du <strong>virage en cours à Hollywood</strong>. La pandémie ayant entraîné la fermeture forcée des salles de cinéma partout dans le monde - elles rouvrent tout juste - le contexte profite de facto aux diffuseurs que sont les streamers.</p>
<p>Jusqu'à présent, l'usage voulait aux Etats-Unis qu'un délai de 90 jours s'écoule entre la première projection d'un film et sa sortie sur un quelconque format numérique (DVD, vidéo à la demande, etc). Mais les règles du jeu ont changé - <strong>le semblant de chronologie des médias version US semble s'effacer</strong>. Déjà en juillet 2020, Universal et AMC ont annoncé un accord "pluri-annuel" qui ramenait ce délai minimum à 17 jours.</p>
<p>Puis fin 2020, tour à tour, Warner Bros, Paramount et Disney annonçaient que la période d'exclusivité pour les salles de leurs films ne durerait que 45 jours en 2021, avant que les films ne soient proposés en VoD ou en sVoD, soit la moitié du délai normal de 90 jours.</p>
<p>Déjà <em>Nomadland</em> de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao, qui sort en salles en France ce mercredi, une fois primé aux Oscars, <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2021/03/09/%C2%AB-Nomadland%C2%BB%2C-candidat-aux-Oscars%2C-sur-Disney-d%C3%A8s-le-30-avril">est sorti directement</a> sur la plateforme de streaming vidéo Disney+, notamment aux Etats-Unis, dès le 30 avril, soit quatre jours après la cérémonie des Oscars. Décidément, une brèche est ouverte.</p>Le CNC autorise (temporairement) la sortie des films directement sur petit écranurn:md5:bfa6240a0c7770f69d8fda9b1d2d1b0e2021-04-06T19:26:00+02:002021-04-06T19:26:00+02:00Capucine CousinEcransblockbusterCNCNetflixSVoDWonder Woman <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.0ff7708_515951255-rev-1-ww84-trl-00066r-high-res-jpeg_m.jpg" alt="0ff7708_515951255-rev-1-ww84-trl-00066r-high-res-jpeg.jpeg, avr. 2021" /></p>
<p><em>Wonder Woman 1984</em>, sorti directement sur petits écrans</p>
<p><strong>C</strong>'est un blockbuster de plus de 4 heures, un déluge d'effets spéciaux et de péripéties, où l'on en prend plein les yeux. spéciaux. La Warner a finalement accepté de divulguer en ligne le montage original, signé Zack Snyder, du blockbuster <strong><em>Justice League</em></strong>, sorti initialement en 2017. Ce film de super-héros estampillé «DC Comics» est disponible depuis quelques jours exclusivement sur Amazon Prime Video. En temps normal, les fans seraient allés en salles voir ce film qui en fait des caisses. En temps normal...</p>
<p><strong>A</strong>utre exemple: la Warner Bros, encore elle, s'est résolue à «sortir» en ligne le 31 mars, sur toutes les plateformes de VOD <strong><em>Wonder Woman 1984</em></strong>, les nouvelles aventures de Diana Prince mises en scène par Patty Jenkis, après le premier opus <strong><em>Wonder Woman</em></strong>, carton en salles de 2017. Ce nouvel opus gargantuesque de 2 heures 30, coloré, pop (et un peu indigeste) était déjà sorti aux Etats-Unis le 25 décembre 2020 - simultanément sur grand écran et sur HBO Max, conformément au «modèle économique» de sorties de films qu'a adopté la Warner face au flou entourant les réouvertures de salles de cinéma, comme je <a href="http://blog.miscellanees.net/post/2020/12/04/Le-coup-de-canif-de-la-Warner-%C3%A0-l-industrie-du-cin%C3%A9ma-%28des-sorties-en-salles-bient%C3%B4t-d%C3%A9su%C3%A8tes-%29">l'écrivais fin 2020</a>. Dans l'Hexagone, c'est bien faute de mieux, alors que la réouverture des salles de cinéma a été repoussée plusieurs fois du fait de la crise sanitaire, que la Warner a opté pour cette sortie sur petits écrans, pour un de ses films qui était censé remplir les salles...</p>
<p>Faut-il s'y faire, à ces blockbusters que l'on regarde chez soi, faute de salles ouvertes? Alors que ces films à plusieurs centaines de millions de dollars de budgets sont calibrés pour être vus sur grand écran,</p>
<p><strong>C</strong>ette logique commence en tous cas à s'ancrer dans les faits et les usages, pour tous les films, alors que les cinémas sont fermés dans l'Hexagone depuis la fin octobre. Et rouvriront, au mieux, vers mi-mai ou mi-juin.</p>
<p>Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a annoncé, jeudi 1er avril, une dérogation pour permettre exceptionnellement aux nouveaux films destinés aux salles obscures de <strong>sortir directement sur petit écran</strong>. Objectif : éviter un trop-plein de films lors de la réouverture des salles. Avec près de 400 films français et étrangers qui sont prêts à sortir, les professionnels redoutent un énorme embouteillage lorsque les salles rouvriront.</p>
<p>Concrètement, entre la mi-mai et la mi-juin, les films qui le souhaitent pourront demander, à titre exceptionnel, une diffusion sur les plateformes en ligne comme Netflix, Amazon Prime Video, en DVD ou encore à la télévision sur Canal+, OCS, TF1, M6… Et ce jusqu’à un mois après la réouverture des salles, <em>«tout en conservant les aides reçues»</em> par le CNC lors de leur production.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Bronx-Banniere-800x445_m.jpg" alt="Bronx-Banniere-800x445.jpg, avr. 2021" /></p>
<p><strong>L</strong>ors du premier confinement il y a un an , le CNC avait déjà accordé des dérogations pour une petite poignée de films - douzaine, comme <em>Bronx</em> d'Olivier Marchal, produit par Gaumont et sorti directement sur Netflix - et ce seulement pour une sortie en vidéo à la demande. Là, l’autorisation est donc élargie à la SVOD et la télé gratuite et payante. Et devrait profiter à bien plus de films.</p>
<p>Certes, le CNC prend soin de préciser que cette mesure <em>«ne remet en cause en aucune manière la chronologie des médias ni son évolution prochaine»</em>. Mais alors que ces sacro-saintes règles, qui régissent la sortie des films en France depuis leur sortie en salles jusqu’à leur diffusion à la télévision sont actuellement renégociées, cela risque bien d'ouvrir une brèche plus importante. Et de créer une jurisprudence.</p>Passeport immunitaire, fitness en ligne, cinéma "de luxe": sept tendances tech pour l'année (post-dystopique?) 2021urn:md5:d546fa3b3691a101fac8b293266eac3d2021-01-06T10:58:00+01:002021-01-06T11:46:55+01:00Capucine CousinR&D, innovationsApple FitnessBullhoundCinémaCovid-19DystopiedystopieFortniteGafamNetflixPasseport immunitaire <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.cyberpunk-2077-se-devoile-un-peu-plus-avec-des-premieres-images-de-gameplay_3b721f2f9ff5627fa5ce7263b4b80dfa305ed08a_m.jpg" alt="" /></p>
<p>Image extraite du jeu vidéo <em>Cyberpunk 2077</em></p>
<p><strong>L</strong>'année qui vient de s'achever restera sans doute gravée comme une <strong>dystopie grandeur nature</strong>, où la réalité du quotidien a rattrapé celle narrée dans les romans d'anticipation. En un an, des nouveaux gestes irréels devenus des pratiques du quotidien se sont imposés - flâner dans la rue au milieu d'une foule masquée, remplir une «attestation» papier ou via son mobile avant toute sortie, saluer ses parents d'un étrange mouvement du coude, entrer dans un magasin après s'être frictionné les mains de gel hydroalcoolique. Etrangement, nous avons (à peu près) intégré cette dystopie quotidienne qui nous semblait inacceptable il y a encore peu.</p>
<p>Cela relève de la lapalissade: la pandémie de Covid-19 a été le fait majeur de l'année 2020, qui nous marquera à vie. C'est aussi l'événement qui a le plus marqué le monde entier depuis la seconde guerre mondiale. Cette infection respiratoire s'est répandue dans le monde comme une traînée de poudre en quelques mois, provoquant près de 2 millions de décès en moins d'un an, faisant plonger les cours du brut au-dessous de zéro, et contraignant les gouvernements à confiner plus de la moitié de l'humanité - quitte à réduire de manière spectaculaire leurs libertés personnelles, puis à limiter la casse économique en adoptant des 'Plans Marshall'.</p>
<p>Autant de changements qui vont durablement bouleverser notre existence et rendre difficile tout retour en arrière. Même si nous regardons fixement la crise sanitaire, au jour le jour, la planète est en train de se transformer. A marche forcée.</p>
<p>Dans ce contexte littéralement extraordinaire, de nouveaux usages se sont imposés dans notre quotidien. Et demain, quel sera le «monde d'après»? De la même manière que durant les deux guerres mondiales, la crise du Covid a accéléré des tendances qui n'étaient qu'en germe, et a favorisé le passage d'une société à une autre.</p>
<p><strong>Tous vaccinés, vers un Passeport immunitaire</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.passeport-scovid_m.jpg" alt="passeport-scovid.jpg, janv. 2021" /></p>
<p><strong>G</strong>râce à l'apparition des vaccins, et aux plans de vaccinations déployés par les différents pays, les épidémiologistes ont bon espoir que la situation s'améliore. Ces vaccins seront peut-être *La* solution pour que les pays mettent fin aux (re)confinements qu'ils sont parfois contraints d'imposer, pour ralentir les nouvelles vagues du virus.</p>
<p>Certes, le vaccin contre le Covid ne sera pas obligatoire - en tous cas pas en France. Mais comme <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/05/26/Surveillance-%28%C3%A0-distance%29%2C-passeport-d-immunit%C3%A9%2C-t%C3%A9l%C3%A9travail%3A-la-vie-de-demain-%C3%A0-l-heure-de-la-distanciation-sociale">je l'évoquais ici</a>, un passeport immunitaire, par exemple stocké sur nos mobiles, fera tôt ou tard son apparition. Y figureront les résultats de notre dernier test PCR ou test sérologique, démontrant que nous sommes négatifs. Voire le fait que nous sommes vaccinés (comme dans le traditionnel carnet de vaccinations) - ce qui sera peut-être exigé, à l'avenir, pour prendre l'avion ou entrer dans certains pays.</p>
<p>Déjà à Los Angeles, les personnes vaccinées contre le coronavirus peuvent en enregistrer la preuve dans leur iPhone, avec le service «Wallet», <a href="https://www.letemps.ch/economie/carnet-vaccination-chez-apple-non-merci-dit-suisse">indique le journal</a> <em>Le Temps.</em> <em>«Une preuve de vaccination stockée au cœur de son iPhone, au sein d’un service développé par Apple.»</em> Avec Android de Google, cette possibilité leur est aussi offerte via le service «Pay Pass». Les géants américains de la tech vont-ils jouer un rôle majeur dans la campagne de vaccination mondiale? En Suisse, l’OFSP préfère que ces données soient stockées dans l’application helvétique myViavac.</p>
<p><strong>Avènement du télétravail et du télé- enseignement</strong></p>
<p>Souvent lancé dans la précipitation lors du premier confinement en mars 2021, le télétravail devrait continuer de se développer. De nouveaux outils sont entré dans les usages des entreprises et des salariés, notamment des plateformes de collaboration (comme Slack, Teams de Microsoft) et les outils de visioconférence, comme Zoom. Réunions (virtuelles certes), envois de fichiers numériques lourds, échanges informels par messagerie instantanée privée, ou échanges en direct avec son équipe dans un fil de discussion, ravivé par des blagues et des émojis: malgré tout, les salariés ont tenté de <strong>reconstituer (un peu) la vie sociale du bureau</strong> via ces outils virtuels.
Au point que, en entreprises, les applications vidéos sont devenues le moyen par défaut pour communiquer, détrônant ainsi les simples appels téléphoniques traditionnels.</p>
<p>Parallèlement, les écoliers et instituteurs et professeurs se sont familiarisés avec l'école à distance, là aussi avec des outils qui étaient parfois déjà prééxistants, comme la plateforme d'apprentissage en ligne (sous licence libre GNU :) Moodle, le logiciel Discord, initialement destiné aux fans de jeux vidéos, quia cartonné chez les profs, des campus virtuels créés par certaines écoles, telle Neoma Business School...</p>
<p><strong>E-commerce massif</strong></p>
<p>Si la France était déjà une des championnes européennes dans l'utilisation du e-commerce - lointain héritage de la vente par correspondance imposée par La Redoute et consorts -, son développement s'est généralisé durant les deux confinements en 2020. Avec même des variantes comme le <strong>clic and collect</strong> (pour commander en ligne et aller récupérer ses courses sur place en boutique), imposant à des acteurs traditionnels du retail de pactiser avec des start-up du secteur, comme <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20200402/uber-eats-accelere-dans-livraison-produits-d-296641">Carrefour avec Uber Eats</a> en avril dernier.</p>
<p><strong>Consécration du fitness en ligne</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.og__bahei39dfoxu_m.png" alt="og__bahei39dfoxu.png, janv. 2021" /></p>
<p><strong>A</strong>u-delà de l'achat à distance de biens, le modèle du e-commerce a renforcé la <strong>généralisation des abonnements</strong> (remember, je vous en parlais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">dans ce billet</a> sur la vogue des abonnements, de Netflix aux kiosques numériques de presse). <em>«Des achats en ligne aux paiements et aux (nouvelles formes de) fitness (...). La technologie maintient les entreprises en vie et peut-être modifie-t-elle de façon permanente nos comportements»</em>, souligne la banque d'affaires GP Bullhound <a href="https://www.gpbullhound.com/insights/tech-predictions-2021/">dans cette étude</a> sur les tendances tech 2021.</p>
<p>Il cite donc les cours de fitness en ligne - qui survivront au Covid-19. De fait, face à la fermeture des salles des sport, plusieurs réseaux et associations sportives ont développé leurs formules de cours vidéo sur abonnement. Même Apple a lancé son propre service de cours de fitness, <strong>Apple Fitness+</strong>, le 14 décembre dernier. Des cours sur abonnement, à suivre sur iPad ou iPhone, pendant que l'Apple Watch collecte des données sur les exercices réalisés. Les utilisateurs recevront ensuite un feedback de leur séance, indiquant le nombre de calories dépensées, leur fréquence cardiaque ou encore la durée exacte de leur entrainement.</p>
<p><strong>Les jeux vidéos, réseaux sociaux de demain</strong></p>
<p><strong>L</strong>à encore, la pandémie a accéléré ce changement, qui était déjà latent dans l'univers du jeu vidéo, les éditeurs rajoutant des fonctionnalités qui ont renforcé la dimension communautaire de ces jeux: tchats, visioconférence intégrée... <em>«Les joueurs commencent à choisir de se regrouper dans 'Call of Duty: Warzone' ou de se rendre sur l'île de leurs amis dans 'Animal Crossing : New Horizons' plutôt que de passer un coup de fil»</em>, souligne l'étude de Bullhound.</p>
<p>Exemple: évidemment le jeu <strong><em>Fortnite</em></strong>, Le carton qui s'est confirmé en 2020, dont je parlais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/06/12/Fortnite%2C-un-nouveau-%C2%ABr%C3%A9seau-social%C2%BB">dans ce billet</a> - comme nouveau réseau social potentiel. Dans Fortnite, il n’y a pas de sang et les graphismes sont cartoonesques. On peut inviter ses amis dans un jeu, et leur parler grâce à la fonction vocale incluse. Son Battle Royale aux 350 millions de joueurs dispose d'un sérieux avantage: il est disponible sur tous les supports, pour consoles de jeux vidéos (Xbox, Nintendo Switch), PC et Mac, et, surtout ,depuis un an, pour les mobiles (iOS et Android) - parfait pour les ados.</p>
<p>Il a commencé à accueillir des événements virtuels - normal, ils ne peuvent avoir lieu dans la vraie vie, grippée par le coronavirus - comme des concerts virtuels du rappeur américain Travis Scott. Et bientôt des événements sponsorisés par des marques?</p>
<p><strong>Aller au cinéma, bientôt un luxe?</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.netflix-salle-cinema_m.jpg" alt="netflix-salle-cinema.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>E</strong>videmment, c'est le sujet qui me tient le plus à cœur: alors que les salles ont été fermées une bonne partie de l'année 2020 - et le sont toujours dans bon nombre de pays - en raison de la pandémie, est-ce que cela risque de rendre ringarde la sortie au cinéma?</p>
<p>Demain, est-ce que aller au cinéma (re)deviendra une sortie normale, comme dans le «monde d'avant»? Je me posais déjà cette question <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/30/Ira-t-on-encore-%22au-cin%C3%A9ma%22-demain">dans ce billet</a> fin avril 2020, puis <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/08/21/Cet-%C3%A9t%C3%A9-de-tous-les-bouleversements-pour-le-cin%C3%A9ma-et-pour-Netflix">fin août</a>, puis en décembre dernier, <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/12/04/Le-coup-de-canif-de-la-Warner-%C3%A0-l-industrie-du-cin%C3%A9ma-%28des-sorties-en-salles-bient%C3%B4t-d%C3%A9su%C3%A8tes-%29">lorsque la Warner a annoncé</a> que *tous* ses films de l'année 2021 sortiraient simultanément en salles et sur sa plateforme de streaming vidéo HBO Max pendant un mois, pour les Etats-Unis. Disney a suivi peu de temps après, faisant une annonce similaire.</p>
<p>Alors que les salles de cinéma sont encore fermées aujourd'hui, dont en France, les réalisateurs et diffuseurs cherchent des solutions pour assurer leurs sorties de l'année. Ce qui sera en salles ou pas. Certains ont déjà trouvé la parade: Aka <a href="https://twitter.com/FilmsdeLover">@FilmsDeLover</a> développait un long thread Twitter mardi sur les très nombreux films réalisés par des réalisateurs et réalisatrices de renom, qui sortent leurs films direct sur Netflix cette année. <a href="https://film.netflixawards.com/">LA liste</a> est impressionnante (ou accablante, c'est selon): Jean-Pierre Jeunet (<em>Big bug</em>), Alexandre Aja <em>(O2</em>), Paolo Sorrentino (<em>E stata la mano si dio</em>), Richard Linklater (<em>Appolo 10 1/2</em>), Jane Campion (<em>The power of the dog</em>)...</p>
<p><strong>Prédominance totale des Gafa</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.gafam_m.jpg" alt="gafam.jpg, janv. 2021" /></p>
<p><strong>C</strong>'est un fait: les géants technologiques, dont les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et consorts) ont grossi à la faveur des différentes crises, telle celle de 2008, pour devenir des mastodontes. Sans limites. L'an dernier, même la crise sanitaire et économique liée à la pandémie du Covid-19 ne les a guère affaiblis. Au contraire : les nouveaux usages liés au confinement et au télétravail leur a permis de croître encore davantage – ainsi que leur capitalisation boursière (voir <a href="https://www.agefi.fr/corporate/actualites/quotidien/20200428/covid-19-consacre-big-tech-nouvelles-valeurs-298108">cette enquête</a>), qui a atteint des sommets sans précédent.</p>
<p>Mais la <strong>régulation du numérique</strong> - et donc de ces monstres - <a href="https://www.agefi.fr/regulation/actualites/quotidien/20201202/l-europe-veut-redevenir-pionniere-dans-regulation-311075">est devenue un sujet-clé</a>, tant au niveau européen avec la discussion des «Digital Services Act» et «Digital Market Act», de nouvelles régulations européennes présentées depuis décembre dernier par la Commission européenne, qu'aux Etats-Unis, après un rapport assez radical à leur sujet émis par le Congrès en octobre dernier, qui pointe leurs comportements anticoncurrentiels, le nouveau président démocrate Joe Biden pourrait bien pousser dans ce sens. Bruxelles comme Washington pourrait mettre ces géants à l'amende, depuis des précédents où l’Europe a déjà mis à l’amende plusieurs de ces firmes pour abus de position dominante, tel Microsoft, qui a écopé dès 2004 d’une amende de 497 millions d'euros.</p>
<p>2021 peut donc tout de même êtr esynonyme d'optimisme, d'espoir. Je vous le souhaite, bonne année 2021 !</p>Quelques leçons à retenir d'un été (peut-être) meurtrier pour le cinémaurn:md5:1d90acd143d1b262d2f994df31a0f4942020-08-23T15:27:00+02:002020-08-23T16:43:48+02:00Capucine CousinMédiasCinémaDisneyMulanNetflixpandémie <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.570254-photos-du-cinema-sur-l-eau-de-paris-plages-3_m.jpg" alt="570254-photos-du-cinema-sur-l-eau-de-paris-plages-3.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>D</strong>emain, est-ce que aller au cinéma (re)deviendra une sortie normale, comme dans le «monde d'avant»? Je me posais déjà cette question <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/30/Ira-t-on-encore-%22au-cin%C3%A9ma%22-demain">dans ce billet</a> fin avril. Puis le 22 juin, les salles sortaient tout juste de plus de trois mois de fermeture forcée. A cette période, les idées commençaient à bouillonner autour de <strong>nouvelles formes de projection des films</strong>, entre drive-in et reprise des projections. Dans cette veine, début juin, le groupe MK2 a même organisé une projection du film <em>Le Grand Bain</em> pour une poignée de privilégiés sur des bateaux sur la Seine.</p>
<p>Et depuis ? Rien. Ou pas grand-chose qui ne laisse augurer une reprise explosive de l'industrie du cinéma. Un «été meurtrier» pour le 7ème Art, ou presque. Plusieurs signaux ont laissé percevoir les bouleversements que vont connaître l'industrie du cinéma, accélérés par cette crise sanitaire qui n'en finit pas. Des signaux faibles, qui préfigurent un tournant radical tant dans le business du cinéma que dans notre manière de regarder des films - aller en salles sera-t-il encore normal demain?</p>
<p>En cette rentrée, pile <strong>deux ans après la sortie de mon livre</strong> <em>Netflix & Cie, les coulisses d'une (r)évolution</em> (Armand Colin) - livre qui a eu une longue vie (je m'en félicite), et a été <a href="https://www.apses.org/prix-lyceen-du-livre-de-ses-2020/">lauréat cette année</a> du Prix Lycéen du livre SES. j'ai voulu relever plusieurs de ces signaux faibles qui ont marqué cet été l'écosystème du cinéma, chahuté par la crise du Covid-19 et Netflix et les autres acteurs du streaming vidéo.</p>
<h3>Chute de fréquentation des salles</h3>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.le-cinema-francais-et-le-tourisme-en-France_m.jpg" alt="le-cinema-francais-et-le-tourisme-en-France.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>P</strong>remier constat en cette fin d'été, après la joie mêlée à l'incertitude du 22 juin dernier, jour de leur réouverture coordonnée, les salles de cinéma françaises n'ont pas vu le public réaffluer. Même si les professionnels avaient préparé le terrain. La semaine dernière, on comptait 1,3 million de téléspectateurs, en chute de près de 72% par rapport à l’année dernière à la même époque. La meilleure performance depuis la réouverture des salles le 22 juin, selon CBO Box Office, mais la fréquentation reste à la peine.</p>
<p>En cause, une inquiétude diffuse du grand public (quel degré de risque y a-t-il à passer 2 heures dans une salle fermée), et surtout, moins de nouveautés captivantes que prévu à l'affiche. Certes, des films sortis avant le confinement ont pu être reprogrammés, et l'arrivée de comédies, entre les «grosses comédies» un rien balourdes (<em>T'as pêcho?</em>, Les blagues de Toto, numéro un du box office avec près de 200 000 entrées !) et bonnes surprises portées par de bonnes critiques (<em>Tout simplement noir</em> de Jean-Pascal Zadi et John Wax). Mais les blockbusters américains qui devaient sortir fin juillet, les traditionnelles locomotives en été pour les salles, ont été reportés, comme <em>Tenet</em> de Christopher Nolan, ou le dernier Disney, <em>Mulan</em>, de Niki Caro. Quant aux distributeurs français, certains ont renoncé à programmer des sorties pendant cette période critique.</p>
<h3>Le Grand Rex ferme temporairement ses portes</h3>
<p>Pour la première fois de son histoire, le mythique grand cinéma sis sur les grands boulevards parisiens a annoncé, le 27 juillet dernier, baisser le rideau du 3 au 26 août. La cause? Rester ouvert tout l'été n'était pas rentable pour lui. Faute de sorties de blockbusters notamment. Et meubler avec des soirées marathons thématiques, ne suffisait plus. Il rouvrira le jour de la sortie de <em>Mulan</em>.</p>
<p>Qui plus est, <strong>Disney et consorts commencent à moins partager leurs catalogues de films</strong> avec les salles traditionnelles pour des rétrospectives! Un effet pervers naissant des nouvelles plateformes de streaming vidéo, telle Disney+, qui veulent garder leur catalogue pour leurs seuls abonnés. <em>«Il devient difficile d’innover et de proposer d’autres marathons au public avec notamment l’interdiction de piocher dans les catalogues de Disney et de la Fox»</em>, <a href="https://www.boxofficepro.fr/faute-de-frequentation-le-grand-rex-ferme-temporairement-ses-portes/">expliquait récemment</a> Alexandre Hellmann, propriétaire du célèbre cinéma.</p>
<p>Cet été, plusieurs autres cinémas ont décidé de refermer provisoirement: des indépendants du quartier Latin à Paris, Le Palace à Lons-le-Saunier (Jura), le Castillet à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le Darcy à Dijon...</p>
<h3>Netflix & co grillent la politesse aux salles obscures</h3>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.netflix-salle-cinema_m.jpg" alt="netflix-salle-cinema.jpg, août 2020" /></p>
<p><strong>A</strong>utre fait: on commence à voir des films sortir simultanément dans une poignée de salles et sur une plateforme de streaming. <strong>Le rêve de Netflix devient réalité</strong>. Ce printemps, plusieurs films avaient été autorisés à sortir directement en VoD sur les petits écrans, alors que les salles étaient fermées. Pour permettre aux réalisateurs de les diffuser quelque part, et éviter la catastrophe économique.</p>
<p>Ce qui a donné des idées aux streamers. Début août, Hollywood a connu un petit tremblement de terre: Disney a annoncé qu'un de ses mega-blockbusters de l'année, <em>Mulan</em> de Niki Caro, décalé à plusieurs reprises, sortirait finalement le 4 septembre prochain directement sur la plateforme Disney+ aux États-Unis, mais aussi au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Australie et dans plusieurs pays européens.</p>
<p>Cette exclusivité a un prix : pour visionner le film, il faudra payer 29,99 dollars en plus du coût de l'abonnement. Cette annonce a donné des sueurs froides aux exploitants outre-Atlantique, qui comptaient, entre autres, sur <em>Mulan</em> pour de nouveau attirer les spectateurs dans les salles.</p>
<p>D'autres tentent les sorties simultanées. Le grand Werner Herzog sort son dernier film, <em>Family Romance, LLC</em>, petit bijou de SF qui interroge sur nos ultra-solitudes urbaines (demain, devra-t-on «louer» des amis et des proches?), dans une poignée de salles en France - et essentiellement sur Mubi (plateforme anglaise de streaming vidéo) dans les autres pays. Est-il inquiet pour l'avenir des salles? Il botte en touche <a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/08/19/werner-herzog-je-veux-etre-le-frelon-qui-pique_6049306_3246.html">dans cette interview</a> au <em>Monde: «La mère de toutes les batailles, c'est bien les salles et non les plateformes. Mais je ne suis pas un nostalgique»</em>. Son prochain film, <em>Fireball</em>, sera produit par Apple, et présenté au festival de Toronto.</p>
<p><em>Mignonnes</em>, de Maïmouna Doucouré, premier film français très remarqué, est sorti cette semaine en salles dans l'Hexagone - et direct sur Netflix aux US, où la plateforme y a acquis les droits.</p>
<h3>Premiers spots TV pour des sorties de films en salles</h3>
<p>Un autre verrou a sauté - au bénéfice du cinéma ? Un premier décret <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2020/8/5/MICE2015417D/jo/texte">publié le 7 août</a> dernier sur l'assouplissement de la publicité télévisée autorise désormais - pour une période de 18 mois - les publicités télévisées pour le cinéma. Dès le 8 août, M6 diffusait ainsi le premier spot TV pour la sortie d'un film en salle - précisément celui d'un des rares blockbusters ayant maintenu sa sortie cet été, <em>Tenet</em>.</p>
<div class="external-media">
<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Historique : 1er spot TV ce soir pour la sortie d’un film en salle <a href="https://twitter.com/hashtag/tenet?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#tenet</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/m6?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#m6</a> <a href="https://t.co/3mym9XneU2">pic.twitter.com/3mym9XneU2</a></p>— Olivier Snanoudj (@OSnanoudj) <a href="https://twitter.com/OSnanoudj/status/1292176601241845761?ref_src=twsrc%5Etfw">August 8, 2020</a></blockquote>
<script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>
<br /><a href="https://twitter.com/OSnanoudj/status/1292176601241845761">spot TV</a>
</div>
<p>Est-ce que l'ensemble du cinéma bénéficiera de cette ouverture publicitaire? Pas sûr. Les pubs TV pour le cinéma étaient jusqu'à présent interdites précisément pour protéger les films indépendants face aux blockbusters américains disposant d'une énorme force de frappe publicitaire. cette autorisation fera l'objet d'un rapport d'évaluation dans un délai de 15 mois, justement pour vérifier son impact sur la filière cinéma, - et voir quels types de films profitent ou pâtissent de cette réforme.</p>
<h3>Des films diffusés à la télé même le samedi soir</h3>
<p>Une autre brèche s'est ouverte le 7 août: les chaînes de télévision peuvent programmer des films quand elles le veulent, d'après un décret paru ce jour-là. Il a mis fin à une règle très décriée par le PAF, qui leur interdisait de diffuser en clair des films certains jours ou soirées, comme le samedi. Une disposition qui visait à protéger les salles de cinéma, décidée il y a plusieurs décennies au nom de la préservation de la sacro-sainte exception culturelle. Mais elle ne s'appliquait pas aux plateformes de streaming type Netflix - les chaînes en demandaient donc la suppression pour être mieux armées face à ces nouveaux géants. Le nouveau contexte lié à la crise du Covid-19 et les stigmates du confinement ont donc fait voler en éclats d'autant plus rapidement ce tabou. De quoi plomber d'autant plus les salles de cinéma?</p>
<p>Seule exception notable, Canal+ - un des grands argentiers du cinéma dans l'Hexagone - a annoncé le 20 août que ses samedis soirs seraient réservés au foot, avec les matchs de championnat de la Ligue 1.</p>
<h3>Netflix & co s'attaquent à Broadway (et aux comédies musicales)</h3>
<p>Une autre brèche liée à la pandémie permet à Netflix et ses concurrents d'avancer leurs pions sur le terrain de la comédie musicale. Netflix a annoncé la diffusion prochaine sur son service de la comédie musicale inspirée de la vie de la princesse de Galles, <em>Diana</em>, qui devait être jouée à Broadway mais a été repoussée en raison du coronavirus.
Radical, les producteurs de la société Grove Entertainment ont décidé de filmer la pièce dans un théâtre vide. Le spectacle devrait ainsi être publié sur Netflix début 2021, avant d'être joué à Broadway le 25 mai. Disney lui-même a fait sensation en diffusant en exclusivité le show à succès <em>Hamilton</em>, entraînant une augmentation massive des abonnements sur son service Disney+ .</p>Netflix confronté à l'attentisme des investisseursurn:md5:f299601d0ce645b9c1e394b55c933ad42020-07-17T18:02:00+02:002020-07-24T14:02:38+02:00Capucine CousinMédiasDisneyHBO MaxNetflixPeacockThe Last Dance <figure style="margin: 0 auto; display: table;"><img alt="0602975329035-web-tete.jpg, juil. 2020" class="media" src="https://blog.miscellanees.net/public/.0602975329035-web-tete_m.jpg" /></figure>
<p><strong>I</strong>l n'y a pas à dire, Netflix a assuré le show pendant la pandémie, profitant du confinement pour élargir son audience. Logique, les investisseurs attendaient la suite du spectacle avec impatience, à coup de <strong>cornets de popcorn</strong> - les objectifs de cours parfois démesurés des banques d'investissement, telle Goldman Sachs en fin de semaine dernière. Le géant de la vidéo en ligne ne pouvait se permettre de les décevoir, dans un marché du streaming vidéo en pleine ébullition.</p>
<p>Las, en 24 heures, il a subi un sévère revers à Wall Street, après avoir annoncé hier des résultats trimestriels moins bons qu'attendu. Actuellement, son cours de Bourse chute d'environ 7%, après avoir perdu près de 10% dans les échanges post-clôture hier soir, alors qu'il stagnait les jours précédents.</p>
<p>Pour satisfaire les investisseurs, le groupe aurait dû réitérer l'exploit réalisé en avril avec un nombre record de nouveaux abonnés - qu'il avait engrangés grâce à l'effet confinement, comment avait alors prévenu avec prudence son patron, Redd Hastings, dans sa lettre aux actionnaires. Il avait gagné 15,77 millions de nouveaux abonnés payants durant le premier trimestre, contre 7 millions attendus, pour atteindre, courant avril, 182,9 d'abonnés payants dans le monde.</p>
<p>Certes, le géant du streaming vidéo a annoncé hier une forte croissance de son nombre d'abonnés grâce à l'élargissement de son audience pendant le confinement. Il compte maintenant <strong>193 millions d'abonnés</strong> payants dans le monde.</p>
<figure style="margin: 0 auto; display: table;"><img alt="illustr netflix 2.jpg, juil. 2020" class="media" src="https://blog.miscellanees.net/public/.illustr_netflix_2_m.jpg" /></figure>
<p>Mais pas assez aux yeux des investisseurs. Netflix a conquis 10,1 millions de nouveaux abonnés payants sur la période d'avril à juin. C'est moins qu'au premier trimestre, mais honorable: les analystes anticipaient "seulement" un gain de 8,2 millions d'abonnés sur la période, et le groupe annonçait un objectif de 7,5 millions.</p>
<p>Pourtant, côté prévisions, le groupe a déjà prévenu: la croissance de son nombre d'abonnés ralentirait au second semestre après un premier semestre exceptionnel, marqué par un gain net de 26 millions d'abonnés payants. ''"En conséquence, nous prévoyons pour le second semestre une croissance moindre que l'année précédente"'', précise la lettre adressée aux actionnaires.</p>
<p><strong>Garder son audience captive</strong></p>
<p> </p>
<p><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/ZnItIsInKkY" width="460"></iframe></p>
<p>Netflix s'essaie à de <strong>nouveaux formats</strong>, que ce soient les documentaires qu'il propose en exclu - tel <em>The Last Dance</em>, celui consacré à Michael Jordan, ex-basketteur et icône de la pop culture des 90s, a créé un nouveau précédent, comme <a href="https://www.bfmtv.com/people/the-last-dance-l-enorme-succes-du-documentaire-netflix-sur-michael-jordan_VN-202004270117.html">j'en ai parlé ici</a> sur BFMTV. Ou avec ses shows de <strong>télé-réalité</strong>, tels "Too Hot To Handle" et "Floor is Lava" ont diverti ses millions d'abonnés confinés à domicile et/ ou au chômage. La firme de Los Gatos a également sorti plus de trente films depuis mi-mars.<em>Extraction</em>, un film d'action autour d'un trafic de drogue au Bangladesh, a été regardé par 99 millions de foyers en 28 jours.</p>
<p>Reed Hastings l'a toujours dit, son objectif est de garder captifs ses abonnés le plus longtemps possible - comme la télé naguère... «<em>Les abonnés pensaient d'abord à nous comme un endroit pour revoir les shows d'autres chaînes. Puis comme l'endroit pour voir nos contenus originaux. Maintenant, ils viennent pour un vendredi soir au cinéma, avec Netflix proposant les premières des plus grands films au monde</em>», a-t-il déclaré hier. </p>
<p><strong>Nouveaux concurrents</strong></p>
<p>Le problème est que [Netflix|tag:Netflix] est confronté à une nouvelle donne colossale, qui rend les investisseurs encore plus exigeants: il va devoir ferrailler avec de nouveaux concurrents qui disposent - eux aussi - de moyens colossaux sur le marché de la télévision à la demande, comme [Disney+|tag:Disney+] (213 milliards de dollars de capitalisation boursière), [HBO Max|tag:HBO Max], filiale du géant des télécoms AT&T (216 milliards de capitalisation), et la plateforme d'Apple, Apple TV+ (Apple, pour mémoire: 1 670 milliards de dollars de capitalisation).</p>
<p>La concurrence continue de s'intensifier. La plateforme de streaming de NBCUniversal, <a href="https://blog.miscellanees.net/tag/Peacock">Peacock</a>, a été lancée cette semaine tandis que Walt Disney semble disposer d'un blockbuster potentiel avec sa comédie musicale ''Hamilton'', qui aurait dopé les téléchargements de son application de streaming Disney+.</p>
<p>Cet environnement n'a pas empêché son cours de Bourse d'enchaîner les records à Wall Street ces dernières semaines. Et de s'inscrire en hausse de près de 63% depuis le début de l'année. De quoi faire tourner la tête des investisseurs: vendredi dernier, son cours de Bourse a gonflé de 8%, parce que la banque Goldman Sachs anticipait une forte croissance des abonnés de Netflix : +12,5 millions sur le deuxième trimestre (à tort, donc). Goldman avait alors renforcé sa notation de l’action de Netflix à "achat" et augmenté son objectif de cours de l’action sur 12 mois de 540 à 670 dollars. Résultat de cette mini-bulle: sa capitalisation est aujourd'hui de 217 milliards de dollars, contre 241 milliards il y a encore une semaine.</p>
<p><strong>Hollywood à l'arrêt</strong></p>
<p><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/DSCKfXpAGHc" width="460"></iframe></p>
<p>Et pour la suite, Netflix n'est pas non plus totalement immunisé contre les effets négatifs de la pandémie. La production télévisuelle et cinématographique - dont à Hollywood - reste à l'arrêt dans l'ensemble, d'autant que la pandémie semble connaître un regain aux Etats-Unis. Ce qui pourrait perturber ses projets futurs en matière de diffusion.</p>
<p>Netflix a réussi à se préserver jusqu'à présent : au moins 39 programmes originaux doivent être diffusés au cours du troisième trimestre, dont une nouvelle saison de la série ''The Umbrella Academy.'' Mais quid s'il ne peut reprendre ses tournages et post-productions?</p>
<p>Petite consolation pour Netflix, ses rivaux sont logés à la même enseigne. HBO Max a dû être lancé en mai sans son émission exceptionnelle "Friends Reunion Special", qui devait réunir les six héros de la série à succès ''Friends''.</p>Fortnite, un nouveau «réseau social» ?urn:md5:b455f171b2e83cbff3edfd3fb1ed69d92020-06-12T15:20:00+02:002020-06-12T15:28:15+02:00Capucine CousinCulture numériqueComplément d enquêteEpic GamesFortnitemonde virtuelNetflixSecond Life <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/v=wYeFAlVC8qUversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/wYeFAlVC8qUversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p><strong>C</strong>'est un des phénomènes en culture numérique que nous,
quadras geeks (enfin, nous le croyions), n'avons même pas vu arriver sur nos
écrans pendant le confinement. Bon nombre d'écoliers et pré-ados ont été
scotchés à <strong>Fortnite</strong> une bonne partie de leurs journées,
pendant cette période. Fortnite? Une sorte de jeu vidéo en réseau gratuit, que
(presque) tous les enfants connaissent. <em>Complément d'enquête</em> y a
consacré un reportage très intéressant (<a href="https://www.francetvinfo.fr/culture/jeux-video/video-fortnite-le-nouveau-monde-des-ados_4000469.html">par
ici</a> en replay) hier soir, et m'avait conviée à réagir sur ce phénomène
(ainsi que sur Netflix, susceptible de commencer à menacer sérieusement la
bonne vieille lucarne dans les salons), en direct de la Cité du cinéma
(l'ensemble de l'émission <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/complement-d-enquete/complement-d-enquete-et-si-c-etait-la-fin-de-la-tele_3975803.html">
est dispo ici)</a>.</p>
<p>Du coup, à l'arrache, j'ai réalisé un mini-sondage via le WhatsApp familial.
J'en suis presque tombée de ma chaise. Mes neveux et nièces - loin d'être des
enfants accros aux jeux vidéos - connaissent tous bien Fortnite, pour y jouer
et avoir des copains (parfois cancres, a cafté un de mes neveux ;) qui y
jouent. C'est un vrai phénomène. Dans le jeu le plus connu, Fortnite Battle
Royale, un jeu de bataille royale anciennement payant, maintenant en
free-to-play, jusqu'à 100 joueurs se battent dans des espaces de plus en plus
petits pour finir comme dernière personne debout.</p>
<p>Dans les témoignages très éclairés et de mes neveux et nièces, le côte
multijoueurs, entraînant (<em>«On peut y jouer en ligne pendant des heures avec
ses copains»</em>) ressort. <em>«Il y a des gens qui aiment bien dans mon
école, parce qu'on peut se parler en audio avec un casque, et il y a plusieurs
jeux: des cache-cache, des Battle royales, on peut inviter des amis dans notre
groupe. Le principe, ce n'est pas que de tuer des gens: on peut d'aventurer
partout, et dans le Battle Royale, on peut faire des constructions, des
escaliers...»</em>, m"expliquait ma nièce, 10 ans, et déjà bien aguerrie :)</p>
<p>Dans <em>Complément d'enquête</em>, on croise Guylème, 14 ans, qui joue 4
heures par jour <em>«avec des potes»</em> ; Etan, même âge, a dépensé 600
euros en «skins» pour personnaliser son guerrier. Forcément, les journalistes
sont allés chercher des spécimens d'enfants gros joueurs.</p>
<p>Assurément, ce jeu cartonne. Il compte désormais plus de 350 millions de
joueurs inscrits dans le monde, selon les chiffres dévoilés début mai par Epic
Games, l'éditeur du jeu, contre 250 millions il y a un an. Evidemment, le
confinement a bénéficié à Fortnite. Rien qu’en avril, le Battle Royale a
enregistré 3,2 milliards d’heures de jeu.</p>
<p>Les clés du succès ? Dans Fortnite, il n’y a pas de sang et les
graphismes sont cartoonesques. On peut inviter ses amis dans un jeu, et leur
parler grâce à la fonction vocale incluse. Son Battle Royale aux 350 millions
de joueurs dispose d'un sérieux avantage: il est disponible sur tous les
supports, pour consoles de jeux vidéos (Xbox, Nintendo Switch), PC et Mac, et,
surtout ,depuis un an, pour les mobiles (iOS et Android) - ça tombe bien,
aujourd'hui, même un pré-ado joue régulièrement avec le mobile ou la tablette
de ses parents.</p>
<p><strong>Ambassadeurs de marque et «skins» payants</strong></p>
<p><strong>C</strong>ôté business et marketing, l’imagination d'Epic Games
semble sans limites: il organise des championnats démesurés où les joueurs
stars, de véritables ambassadeurs, viennent s’affronter en chair et en os. En
tête desquels Kinstaar, l'une des vedettes françaises dans ce domaine, issue de
l'équipe Solary, qui gagnerait près de 300.000 euros par mois, révélait
Complément d'enquête (visiblement, certains fans du jeu <a href="https://www.team-aaa.com/fr/actualite/complement-denquete-sur-france-2-ya-rien-qui-va_117159">
n'ont pas du tout</a> apprécié cet angle).</p>
<p>Si le jeu est gratuit, il propose des «skins», des tenues - payantes - pour
le personnage virtuel du joueur. À chaque promotion d’un film ou d’une série,
un «skin» est créé pour l’occasion. Epic Games se rémunère ainsi des deux
côtés, grâce aux revenus générés par les annonceurs et par les fans.</p>
<p><strong>L</strong>ors du confinement, Epic Games a présenté un nouvel espace
dans le jeu appelé Fête Royale. Un endroit dans lequel les joueurs se rendent
pour passer du bon temps et écouter de la musique - une manière de
<strong>créer des événements</strong>, type concerts, qui ne peuvent avoir lieu
dans la vraie vie actuellement, en raison des règles de distanciation sociale
du «Nouveau monde», face au Covid-19. Cet espace a notamment accueilli la série
de concerts du rappeur américain Travis Scott dont le premier a été suivi par
12 millions de personnes. On imagine les perspectives marketing par la suite -
et, pourquoi pas, des concerts payants sur Fortnite ?</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.EYkRM3XWoAAbVUd_m.jpg" alt="EYkRM3XWoAAbVUd.jpg" title="EYkRM3XWoAAbVUd.jpg, juin 2020" /></p>
<p>Le 14 décembre dernier, les joueurs y ont découvert en exclusivité un
extrait du dernier opus de la saga Star Wars, en présence du réalisateur J.J
Abrams. Le 22 mai, les joueurs ont pu découvrir la bande-annonce du film de
Christopher Nolan, <em>Tenet</em>.</p>
<p><strong>Fortnite, jeu vidéo, monde virtuel, réseau social...</strong></p>
<p><strong>En</strong> fait, plus qu'un jeu virtuel en réseau, Fortnite est à
la lisière du monde virtuel (un peu comme feu Second Life...) et du réseau
social. Rappelez-vous: <strong><em>Second Life</em></strong>, lancé en 2003,
consiste à se recréer une vie virtuelle. A l’époque, il était devenu si célèbre
que des marques s’y étaient inscrites, des partis politiques, et même des
entreprises y organisaient des entretiens d'embauches virtuel (so cool et
branché à l'époque) - telles L’Oréal, Areva, Unilog, Cap Gemini, Alstom et
Accenture: j'y avais alors <a href="https://www.zdnet.fr/actualites/quand-les-grandes-entreprises-testent-le-recrutement-sur-second-life-39370554.htm">
consacré ce papier</a> pour ZDNet ;)</p>
<p>Fortnite, comme l’expliquait son fondateur Tim Sweeney <a href="https://www.businessinsider.in/the-ceo-behind-fortnite-says-its-evolving-beyond-being-a-game-and-explains-the-companys-ambitious-vision/articleshow/68657982.cms">
à Business Insider</a> l'an dernier, <em>«ce n’est plus seulement un jeu».
« Nous croyons au pouvoir du “gameplay” social»</em>, assurait l'an
dernier Tim Sweeney lors de sa présentation à la GDC, au moment de présenter
l’Epic Games Online Service. Sous ce nom se cache un outil qui permet à
n’importe quel joueur de se mettre en contact avec les autres, et ce quel que
soit leur support. Une petite révolution dans un monde où, jusqu’ici, les
joueurs PlayStation 4 ne pouvaient jouer qu'avec d'autres joueurs de PS4,
etc.</p>
<p>En levant les barrières entre les joueurs, Epic Games s'est débarrass" de
ces encombrants intermédiaires que sont Nintendo, Microsoft, Apple, ou
Facebook.</p>Va-t-on retourner "au cinéma" demain ?urn:md5:aa78b4a541ce756aedb102adcb2dbb8d2020-04-30T18:09:00+02:002020-05-01T09:57:13+02:00Capucine CousinEcransCinémacoronavirusDrive-inNetflixprojections de films <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.vue-n91-sortie-dusine_m.jpg" alt="vue-n91-sortie-dusine.jpg" title="vue-n91-sortie-dusine.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><em>Vue n°91 Sortie d'Usine I premier film des frères Lumières,
1895</em></p>
<p><strong>E</strong>st-ce que se rendre dans des salles obscures, "au cinéma",
restera quelque chose de normal demain? Ou du moins, sous la forme que nous
connaissons depuis des décennies - depuis que Louis Lumière et d'autres nous
ont habitués à sortir "au cinéma" pour voir des projections de films ?
Dans ce nouveau quotidien littéralement extraordinaire que nous connaissons
depuis mi-mars, nous avons brutalement dû cesser de nous rendre dans des lieux
publics - dont des salles de cinéma. Et le premier ministre Edouard Philippe
l'a abruptement confirmé, avant-hier, à l'Assemblée nationale: si notre
"déconfinement" aura lieu à partir du 11 mai, les salles de cinéma, elles,
resteront fermées au-delà de cette date. Au moins jusque début juillet, espère
Richard Patry, patron de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF),
cité par <em>Le Point</em>. Voire jusque septembre, ou novembre, m'ont soufflé
des professionnels du secteur ces derniers jours.</p>
<p>Ce n'est qu'une demi-surprise pour les exploitants de salles et les
diffuseurs, au vu des risques économiques et sanitaires que pourrait engendrer
une réouverture trop rapide des salles obscures - la Chine, premier pays à
"déconfiner" ses habitants, a dû refermer ses 700 salles fin mars, au bout de
15 jours d'exploitaiton, à caue de craintes de résurgence de l'épidémie.</p>
<p>Une réouverture des salles dans l'Hexagone s'accompagnera d'enjeux
colossaux, pour faire respecter cette nouvelle règle de "distanciation sociale"
devenue vitale face à la pandémie de Covid-19. D'après les premières
hypothèses, cela passerait par de <strong>nouvelles règles</strong>: par
exemple nettoyage des salles après chaque séance, réduction des jauges avec
peut-être un fauteuil sur trois et une rangée sur deux, jusqu'à la question de
la climatisation (soupçonnée de faire circuler le virus)...</p>
<p><strong>E</strong>t ce point épineux: <strong>le public retrouvera-t-il
suffisamment confiance</strong> pour retourner dans des salles de cinéma ?
Dans un climat particulièrement anxiogène, où, en deux mois, nous avons tous
intégré l'idée que nous risquions d'attraper ce virus, cette "chose" dans un
espace clos, aurons-nous le cœur à "aller au cinéma", espace confiné par
excellence?</p>
<p><strong>Netflix a déjà désacralisé la sortie "au cinéma"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/disney_.jpg" alt="disney_.jpg" title="disney_.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>D</strong>epuis quelques années, l'arrivée en trombe de Netflix,
Disney+, et d'autres acteurs du jeune segment du streaming vidéo sur
abonnement, avaient commencé à bouleverser ce modèle à priori bien installé de
la sortie au cinéma, <strong>d'aller en salles</strong> voir un film. Les
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2019/05/14/Cannes-sans-Netflix">polémiques régulières</a> sur
les conditions de participation de Netflix (et ses "webfilms") à la compétition
officielle du Festival de Cannes ont d'autant plus remis en cause ce modèle,
comme j'en parle <a href="https://livre.fnac.com/a12459883/Capucine-Cousin-Netflix-et-Cie-la-mort-du-cinema">
dans mon livre</a>. Et voilà que, face à la pandémie, le Centre national du
cinéma (CNC) a décidé, dans l'urgence, de briser la sacro-sainte chronologie
des médias pour autoriser la sortie de films directement sur petit écran, comme
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2020/04/20/Fran%C3%A7ois-Truffaut-%28et-Jacques-Demy%2C-Claude-Chabrol...%29-sur-Netflix">
j'en parlais ici</a>. Moyennant un paiement à l'acte, ou peut louer ou
"acheter" un film pour le visionner chez nous via un service de vidéo à la
demande (VoD). Une décision "temporaire" oui, mais qui pourrait <strong>sceller
de nouveaux usages.</strong></p>
<p>Alors, <strong>va-t-on retourner au cinéma ?</strong> Ce serait pourtant un
des symboles de notre "liberté" retrouvée après ces longues semaines de
confinement contraint chez nous - dans nos prisons (plus ou moins) dorées. En
attendant la Libération, des alternatives commencent à poindre. Avec de
l'espoir: cette période trouble pourrait être l'occasion pour la profession de
se réinventer, avec des nouveaux formats. Toutes cherchent à respecter ce qui
fait l'âme de la séance de cinéma: un événement qui rassemble des personnes
venues partager des émotions devant une même projection de film.</p>
<p><strong>Projections sur des façades de murs, drive-in: des nouveaux
formats</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.projnuitduchasseur-0487_m.jpg" alt="Projection &quot;La nuit du chasseur&quot; (c) La Clef Survival" title="Projection &quot;La nuit du chasseur&quot; (c) La Clef Survival, avr. 2020" /></p>
<p>Projo de la <em>Nuit du chasseur,</em> cinéma La Clé</p>
<p><strong>E</strong>n Italie, on a vu des passionnés cinéphiles improviser,
puis organiser, le soir, des <strong>projections de films</strong> sur des
façades de murs depuis leur vidéoprojecteur. Le concept a été repris en France,
par des cinémas, par exemple par le cinéma associatif parisien La Clé, dans le
5ème arrondissement, qui projette lui aussi des films pendant le confinement.
Et les initiatives se multiplient: Archipop, cinémathèque amateur des
Hauts-de-France, vient de <a href="https://www.archipop.org/actualites-et-agenda/agenda/projection/2020/04/16/projection-pour-vos-voisins/">
mettre en ligne</a> quatre films qui peuvent être librement projetées sur les
façades ou pignons d’immeuble.</p>
<p>On peut espérer que les projections de films en plein air, qui font florès
chaque été à Paris (comme <a href="https://lavillette.com/programmation/cinema-en-plein-air_e556">par La
Villette</a>) et dans d'autres villes, vont reprendre cette année. Après tout,
ce format permet de respecter les conditions sanitaires d'aujourd'hui, en
imposant une distance physique entre chaque spectateur. Tout en organisant un
événement qui respecte l'ADN d'une séance de cinéma.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Grease-Drive-in_m.jpg" alt="Grease-Drive-in.jpg" title="Grease-Drive-in.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>Voire, pourquoi ne pas <strong>importer les drive-in</strong> en France?
Dans les années 50, les jeunes gens américains adoraient se retrouver entre
amis et/ou leur conquête, avec leur voiture (décapotable de préférence) sur un
vaste parking pour des projections de films sur grand écran en plein air. Petit
touche tech, le son était diffusé dans les véhicules par des hauts-parleurs
reliés à des bornes implantées sur le parking. Rappelez-vous de la scène
d'ouverture de <em>Grease</em>, dans un drive-in...</p>
<p>Dans la culture américaine, on "sortait" au drive-in pour voir entre potes
un film d'horreur ou de science-fiction - avec toujours pour idée de sortir et
voir un film. Merveille: justement, à Caen, le 11 mai, le <strong>cinéma art et
essai Lux</strong> devrait pouvoir organiser plusieurs séances hebdomadaires de
drive-in sur le parking du parc des expositions de la ville, indique Le Monde
de ce jour. Il n'attend plus que le feu vert de la préfecture. Il imagine déjà
un tarif "de 20 à 25 euros par véhicule", avec, déjà prévu en projection, la
Palme d'or 2020 Parasite.</p>François Truffaut (et Jacques Demy, Claude Chabrol...) sur Netflixurn:md5:8c70752da1b74ae19e8897e4da6182b22020-04-20T14:44:00+02:002020-04-20T17:43:25+02:00Capucine CousinEcransCiné-clubCinémaMK2NetflixSVoD <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/Antoine-Doinel.jpg" alt="Antoine-Doinel.jpg" title="Antoine-Doinel.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>M</strong>oteur! Dans une France confinée, privée d'accès aux salles
de cinémas depuis un peu plus d'un mois, Netflix frappe un gros coup, en
s'offrant le catalogue de films français du groupe MK2, <a href="http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/netflix-s-offre-presque-tout-francois-truffaut-20-04-2020-8302560.php">
a révélé</a> <em>Le Parisien</em> ce midi. Netflix a signé un partenariat en ce
sens avec le groupe français MK2, producteur et distributeur, qui possède ou
loue une kyrielle de salles de cinéma à Paris et en proche banlieue.</p>
<p>Netflix proposera donc à ses abonnés, à partir de ce vendredi, le meilleur
des films d'auteur: douze des 21 films réalisés par François Truffaut (dont la
saga consacrée à Antoine Doisnel, le double de François Truffaut, <em>Baisers
volés, Domicile conjugal</em> et <em>L'amour en fuite</em>, <em>Le Dernier
métro</em>, avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, ou encore
<em>Fahrenheit 451</em>, d'après le classique de science-fiction de Ray
Bradbury.</p>
<p>La firme de Los Gatos ne va pas s'arrêter là: toujours selon <em>Le
Parisien</em>, elle diffusera à partir de fin 2020 des films d'autres émules de
la Nouvelle Vague, tels Claude Chabrol, et Jacques Demy, qui incarne la comédie
musicale à la française, avec <em>Les demoiselles de Rochefort</em> et les
<em>Parapluies de Cherbourg</em>, qui ont révélé Catherine Deneuve et Françoise
Dorléac, décédée trop vite. Puis viendront aussi les films de Charlie Chaplin,
dont les droits sont également détenus par MK2, puis ceux de David Lynch, du
cinéaste polonais Kieslowski, et du Canadien Xavier Dolan.</p>
<p><strong>Niche ciné-club</strong></p>
<p>En clair, Netflix, le géant américain de la vidéo à la demande sur
abonnement (SVoD), propose désormais une offre de classiques du cinéma français
- une niche ciné-club qui lui faisait cruellement défaut jusqu'à présent. Cela
a quelque chose de vertigineux, et de réjouissant:le meilleur du cinéma
français sera désormais exposé aux quatre coins du monde sur cette vitrine
internationale qu'est devenu Netflix, fort de ses 164 millions d'abonnés
payants. Une étudiante en cinéma à New York, une ado vivant à Mexico City, ou
un cadre japonais pourront se visionner un Truffaut.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_ecran__13__m.jpg" alt="Capture_d_ecran__13_.png" title="Capture_d_ecran__13_.png, avr. 2020" /></p>
<p>Alors oui, d'un point de vue symbolique, en termes de communication, et de
business, c'est un nouveau coup magistral qu'a réalisé Netflix.
Progressivement, ces derniers mois, il a réalisé quelques autres belles
acquisitions de catalogues "de patrimoine", comme en début d'année avec
l'intégralité des dessins animés écolos et oniriques de Hayao Miyazaki, des
studios japonais Ghibli. Par ce deal avec le groupe MK2, il s'offre le meilleur
du cinéma français - un paradoxe, alors que son dirigeant Reed Hastings
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2019/05/14/Cannes-sans-Netflix">nourrit des relations
tendues</a> avec les organisateurs du Festival de Cannes - autre vitrine
mondiale du savoir-faire français dans le business du cinéma.</p>
<p>Pourquoi le groupe MK2 a-t-il signé ce partenariat ? Quelles en sont
les modalités et la durée ? Pour l'heure, aucune précision n'est apportée
par le groupe français par communiqué, ni par la voix d'un de ses dirigeants.
Dans un communiqué diffusé en fin d'après-midi, on apprend juste que ce deal
porte sur 501 films. Et MK2 se dit <em>"très heureux que Netflix se renforce
sur le cinéma de patrimoine et les grands auteurs internationaux avec cet
accord. Le rôle de MK2 à travers son catalogue de plus de 800 titres
représentant une partie de l’histoire mondiale du cinéma est de contribuer à la
transmission de ce patrimoine universel du cinéma et de faire découvrir en
permanence ces films au plus grand nombre dont les plus jeunes. Cet accord de
diffusion est une bonne nouvelle pour tous les Français amoureux du cinéma et
de son histoire"</em>, selon un communiqué diffusé par Netflix, où est cité
Nathanaël Karmitz, Président du Directoire de MK2.</p>
<p>Difficile de connaître l'état de santé du groupe MK2, dont l'essentiel du
chiffre d'affaires - 92 millions d'euros en 2018 - provient de son activité de
distributeur et de diffuseur en salles, à l'arrêt depuis mi-mars, alors que le
gouvernement a demandé la fermeture des lieux publics, dont les cinémas. Relire
<a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/nathanael-karmitz-n-karmitz-mk2-netflix-est-dans-une-position-de-predateur-par-rapport-au-cinema-1000071">
cette interview de mai 2019</a> de Nathanaël Karmitz, (<em>"Netflix fait de la
télévision, pas du cinéma, mais cette plate-forme a besoin du prestige que lui
apportent le cinéma et le Festival de Cannes"</em>), paraît aujourd'hui presque
d'un autre temps.</p>
<p><strong>C</strong>'est un gros coup de Netflix, et une énorme surprise - car
il aurait paru plus logique que MK2 noue un partenariat avec un acteur français
de la SVoD, comme Canal+, ou un spécialiste du ciné-club tel que La Cinetek,
UniversCiné ou FlilmoTV. Le fait que Netflix propose désormais cette niche de
films d'auteurs tricolores pourrait les mettre à mal.</p>Disney+, embarquant Marvel, LucasFilms, Pixar... sur les écrans dans l'Hexagoneurn:md5:58a72a17b49cd8e0d43520608a164d242020-04-07T12:17:00+02:002020-04-07T12:17:00+02:00Capucine CousinMédiasbinge watchingDisneyNetflixThe Walt Disney Company <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/disney_.jpg" alt="disney_.jpg" title="disney_.jpg, avr. 2020" /></p>
<p><strong>C</strong>'est parti: Mickey débarque pleinement sur nos écrans. La
date de lancement ne pouvait mieux tomber pour Disney, qui lance enfin son
service de vidéo à la demande sur abonnement Disney+ en France ce mardi 7
avril, alors que les Français sont confinés chez eux depuis pile 3
semaines.</p>
<p>Avec, une fois encore, un petit goût d'exception française, son lancement,
initialement prévu le 24 mars, comme dans les autres pays européens, avait été
repoussé de deux semaines à la demande du gouvernement français, qui craignait
un engorgement des réseaux - mais l'opérateur télécoms Orange a aussi pesé de
tout son poids ;)</p>
<p>Disney+ est le premier concurrent poids lourd face à Netflix: il peut
s'aligner avec des tarifs moindres, étant proposé pour 6,99 euros par mois, ou
69,99 euros par an. Autres atouts, la très forte notoriété de la marque Disney
dans l'Hexagone, une <strong>marque quasi-patrimoniale</strong> depuis des
décennies: entre nos soirées Disney Channel dans les années 80, les dessins
animés classiques siglés, Disney, les parcs d'attraction Disneyland... Et en
voyant Disney+ à l'écran, le téléspectateur pense Disney + Pixar + Lucas Films
Alors que Netflix, comme je le racontais dans mon livre, a dû faire connaître
sa marque lors de son arrivée en France en septembre 2014.</p>
<p>Résultat, il devrait rapidement engranger des millions d’abonnés, comme
ailleurs. Lancé en novembre dernier aux Etats-Unis, au Canada, aux Pays-Bas, en
Australie et en Nouvelle-Zélande, il y comptait déjà 28,6 millions d’abonnés
début février.</p>
<p>Point de détail savoureux, le chiffre d’affaires généré en France ne sera
pas encaissé dans l’Hexagone, mais... aux Pays-Bas, comme <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/disney-choisit-la-fiscalite-avantageuse-des-pays-bas-1366917">
le révèle ''Capital''</a>. De fait, les CGU (conditions générales d’abonnement
indiquent que l’abonné français contracte avec une filiale immatriculée près
d’Amsterdam, The Walt Disney Company Benelux BV. Ce qui n'empêchera pas Disney
de devoir verser son obole pour financer l’audiovisuel français: soit une taxe
de 5,15% de son chiffre d'affaires français auprès du Centre national du cinéma
(CNC), et d'investir 25% de ses recettes hexagonales dans des productions
européennes (dont environ 20% dans des productions françaises).</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/disney_.jpg" alt="disney_.jpg" title="disney_.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>En tous cas, Disney+ débarque avec un <em>catalogue gargantuesque</em>: soit
plus de 500 films et plus de 300 séries, dont tous les dessins animés mythiques
(<em>Aladdin, Les Aristochats</em>, etc.), aux animations Pixar (<em>Toy Story,
Cars</em>…), les Marvel (<em>Avengers, Iron Man</em>…) aux Star Wars, les 30
premières saisons des <em>Simpson</em>...</p>
<p>En parcourant la plateforme, on remarque que la firme de Burbank a pris soin
de classifier ses contenus par marques: sous l'onglet Disney, les Originals
(dont les séries originales <em>The Clone Wars, The Mandalorian</em>), des
films d'animation (tels les classiques <em>La reine des neiges, Le roi
lion</em>), les Favoris Disney Channel, des "films nostalgiques" (des
catégories qui raviveront la nostalgie des parents quadras, au passage)...
L'onglet Pixar donne accès aux pépites de dessins animés (<em>Le monde de Nemo,
Ratatouille)</em> et sagas (<em>Cars, Toy Story)</em> du studio d'animation
acquis par Disney en 2006 pour quelque 7,4 milliards de dollars. S'y ajoutent
tout l'univers des super héros Marvel: longtemps "loué" à Netflix, Bob Iger,
alors patron de Disney, avait déclaré la guerre à Netflix lorsque, en plein été
2017, il avait annoncé qu'il allait récupérer son catalogue Marvel... pour
lancer sa propre offre de streaming vidéo. ainsi que l'univers Star Wars, et
celui des documentaires National Geographic.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.binge-watching-tv-session_m.jpg" alt="binge-watching-tv-session.jpg" title="binge-watching-tv-session.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>Dans les usages, la Walt Disney Company entend <strong>ne pas se plier à la
règle du <em>binge watching</em></strong> <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">
créée par Netflix</a>: comme Apple TV+, certaines de ses séries originales
seront proposées uniquement à un rythme de diffusion au rythme d’un épisode par
semaine. Soit chaque vendredi à 9h pour <em>The Mandalorian</em>, la première
série live de l’univers Star Wars, aux premières critiques dithyrambiques,
supervisée par Jon Favreau, réalisateur d’Iron Man et du Roi Lion. Une manière
de créer l'événement par la rareté - et, paradoxe, la reprise des codes des
grilles télé old school. Après tout, la très attendue saison 5 du <em>Bureau
des légendes</em> est diffusée à dose homéopathique, depuis ce lundi soir sur
Canal+.</p>2020, année-test pour les "copycats" de Netflixurn:md5:a1bf3d15d775b7e70beb6ab00f7a0d8a2020-01-08T14:41:00+01:002020-01-08T15:29:41+01:00Capucine CousinCulture numériqueAppleDisneyHBONetflixstreaming wars <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Once-upon-a-time-Fleabag-Succession-dominate-the-Golden-Globes-1536x1024-1_m.jpg" alt="Once-upon-a-time-Fleabag-Succession-dominate-the-Golden-Globes-1536x1024-1.jpg" title="Once-upon-a-time-Fleabag-Succession-dominate-the-Golden-Globes-1536x1024-1.jpg, janv. 2020" /></p>
<p><strong>L</strong>a récolte a été décevante pour Netflix, dimanche dernier,
lors de la tenue de la 77ème édition annuelle des Golden Globes, à l’hôtel
Beverly Hilton de Los Angeles. Un baromètre, une sorte de répétition générale
des Oscars, qui récompense les meilleurs films et séries de l'année écoulée. Il
était pourtant donné favori, avec 34 nominations, mais est reparti avec
seulement deux prix, pour un seul pour le cinéma, avec le prix du second rôle
pour Laura Dern (<em>Marriage Story</em>). Ce loupé de Netflix n'est pas
vraiment choquant, malgré la campagne publicitaire à très gros budget qu'il a
menée pour ses chouchous: The Irishman était magnifique, un condensé du style
Scorsese pour ses fans... mais beaucoup trop long (3 h 30 !). <em>Marriage
Story</em>, très bien joué, était extrêmement réaliste (stressant même)- et
nécessitait trop d'efforts émotionnels en période de vacances.</p>
<p>En revanche, AT&T a été le grand gagnant, avec des prix pour les séries
de HBO <em>Chernobyl</em> et <em>Succession</em>, et pour le film Warner Bros
<em>Joker,</em> et le prix d'interprétation masculin - sans surprise - pour
Joaquim Phoenix. Ce qui laisse penser que l'opérateur télécom a tiré profit de
son acquisition cinéphile de Time Warner en 2018. En outre, <em>One Upon a Time
in Hollywood</em>, de Quentin Tarantino, produit par Sony Corp., a raflé les
statuettes du meilleur film et du scénario, le mettant peut-être dans la
meilleure situation en vue des prestigieux Oscars, qui se tiendront le 10
février.</p>
<p><strong>Streaming Wars</strong></p>
<p><strong>M</strong>ais 2020 sera bien l'année de la bataille du streaming -
<em>streaming wars</em> comme on dit déjà outre Atlantique, sorte d'allusion
cinéphilique à <em>Star Wars</em>. que les Golden Globes, Oscars et autres
Palmes ne suffiront pas à évaluer. L'évolution des marchés peut être une jauge
plus fiable: bien que cela soit encore flou en ce début d'année, les cours de
Netflix sont en tête: ils clôturaient en hausse de 3,8% lundi, à 335,83 dollars
par action. Walt Disney Co. est à peine positif, clôturant à -0,55% (145,71
dollars) lundi. Puis suivent AT&T, Comcast, et les autres - qui stagnent ou
sont dans le rouge.</p>
<p>En France, pour l'heure, Netflix, Amazon et Apple ont déjà lancé leurs
propres plateformes de streaming vidéo. Disney doit dégainer la sienne,
Disney+, courant mars. Mais le marché va devenir encore plus encombré
outre-Atlantique: en avril, Comcast va lancer <strong>Peacock</strong>. Le même
mois, un nouveau service de streaming vidéo pour mobiles (coucou la génération
Y) sera lancé par le magnat des médias Jeffrey Katzenberg et Meg Whitman,
ex-CEO de eBay et de HP. En mai, <strong>HBO Max</strong>, le nouveau foyer de
<em>Friends</em> et <em>Game of Thrones,</em> sera aussi lancé.</p>
<p><strong>Les bundles, prochaine étape dans le streaming wars</strong></p>
<p>Les investisseurs de Comcast devraient avoir davantage de détails à propos
de ses projets en streaming la semaine prochaine. Il semblerait que la firme
étudie le lancement d'une version gratuite (oui !) de Peacock, qui préfèrent
s'infliger des écrans publicitaires plutôt que de payer un abonnement. Comcast
repose sur un modèle de package de services câblés (rappelons que l'ADN de la
télé US repose sur des chaînes câblées, aux prix d'abonnements élevés), il se
pourrait aussi que la firme cherche à combiner des offres de streaming vidéo
avec ses services internet. En fait, les <em>bundles</em> (offres combinées)
pourraient être la prochaine étape dans la bataille du streaming, pour se faire
une place avec une valeur ajoutée face aux abonnements Netflix, qui pêchent par
manque de nouveaux services.</p>
<p>Disney+ s'est lancé, à première vue, avec succès en novembre dernier, en
signant 10 millions de nouveaux abonnés le seul premier jour. Il approcherait
maintenant les 25 millions d'abonnés. selon certains analystes, il aurait
contribué à réduire d'au moins 10% la base d'abonnés de Netflix. Mais ce serait
oublier un peu vite que, côté contenus, Disney+ est pour l'instant surtout
calibré pour les superfans de <em>Star Wars</em> et pour les enfants. c'est là
que Hulu, autre service de streaming US (qui appartient désormais à la galaxie
Disney) pourra jouer son rôle: les abonnés qui paient 13 dollars d'abonnement
mensuel à la fois pour Disney+ et Hulu peuvent aussi avoir accès à ESPN+ (un
service de streaming vidéo... sportif) gratuitement - une manière d'attirer une
audience plus large. Au passage, Disney est ainsi le seul à "découper" ses
offres de streaming par cibles.</p>
<p>Le défi pour Disney, cette année, va consister à prouver que ses
investissements coûteux dans des contenus exclusifs pour Disney+ ont permis de
rendre ses clients captifs, et n'est pas une simple option supplémentaire pour
les fans de Netflix. Comme Netflix, Disney commence à afficher des
<strong>pertes monumentales</strong>: elles sont estimées à quelque <strong>4,5
milliards de dollars</strong> rien que pour cette année fiscale, selon Michael
Nathanson, analyste chez MoffettNathanson.</p>
<p>Du côté de AT&T, son service HBO Max sera lancé en mai pour 15 dollars
par mois - le même prix qu'un abonnement à la chaîne câblée HBO. Mais il ne
sera pas rentable d'ici 2025: là aussi, pas de quoi rassurer les
investisseurs.</p>
<p>L'offre de produits en streaming vidéo va donc s'étendre en 2020 - mais la
part de gâteau des revenus ne va pas s'élargir. Ces firmes et d'autres - telles
Apple, Amazon, ViacomCBS, etc - se battent pour capter les mêmes
téléspectateurs qui disposent d'un nombre d'heures limitées pour binge watcher
la télévision chaque jour, et d'un budget restreint.</p>South Park a-t-il été censuré par Netflix ?urn:md5:989f6bd6ec82c33a7e45e7947a9da1872019-10-09T12:41:00+02:002019-10-10T19:36:29+02:00Capucine CousinMédiascensureNetflixSouth Park <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/download.jpg" alt="download.jpg" title="download.jpg, oct. 2019" /></p>
<p><strong>C</strong>'est sans doute le premier gros cafouillage qu'a connu
Netflix, depuis son lancement en France en septembre 2014. Depuis samedi
dernier, la diffusion pour le moins parcellaire de South Park a ému bon nombre
d'internautes.</p>
<p><strong>South Park</strong>, c'est une série animée pour adultes, diffusée
depuis 1997 sur la chaîne américaine Comedy Central, qui met en scène une bande
d'enfants en surpoids, dans une commune imaginaire du Colorado. Au programme,
humour scato, burlesque, et style volontiers anti-politiquement correct.</p>
<p>Ces derniers jours, des abonnés à Netflix constaté que le dessin animé était
disponible de façon très incomplète sur la plateforme de la vidéo à la demande
puisque, comme elle l'a annoncé, seules les saisons 15 à 21 sont en réalité
disponibles. 10 épisodes sur 78 manquaient donc. Ce qui, déjà, n'est en soit
pas dans ses habitudes. Et même dans cette sélection réduite, certains épisodes
manquaient à l'appel, ainsi que l'ont constaté avec agacement des observateurs
sur Twitter.</p>
<p>Dès le début, alors que a 23ème saison commence à être diffusée aux
Etats-Unis, il y avait un certain imbroglio: c'est Amazon Prime Video qui avait
obtenu les droits de diffusion, dont en France, pour les 22 saisons. Mais il a
connu un bug, et Netflix l'a devancé en diffusant, lui, les épisodes depuis la
saison 15.</p>
<p>Dix épisodes manquent à l’appel sur Netflix : quatre épisodes sur la
saison 15 (La machine à rigoler, Taille du Membre Indexée, Chiasse Burger,
Thanksgiving), deux sur la saison 16 (Chupaquhébreux, Un bracelet pour une
cause) et sur la saison 17 (World War Zimmerman, Ginger Cow), ainsi qu’un de la
saison 18 (Va te faire financer) et un autre de la saison 19 (Les Méchants
ninjas). Parmi les épisodes caviardés, l'un mettait en scène les Allemands
comme «le peuple le moins drôle du monde» ; un autre imagine les débuts de
Thanksgiving avec des extraterrestres ; un autre met en scène des
personnages de South Park déguisés en ninjas pour faire peur aux SDF...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_e_cran_2019-10-09_a__12.36.15_m.jpg" alt="Capture_d_e_cran_2019-10-09_a__12.36.15.png" title="Capture_d_e_cran_2019-10-09_a__12.36.15.png, oct. 2019" /></p>
<p>Pourquoi ces manques ? Netflix aurait-il décidé de lui-même, pour la
première fois, de couper dans des contenus qu'il diffuse ? Lundi
après-midi, la plateforme de vidéo a répondu sur Twitter : <em>«Il manque
des épisodes de South Park. Pourquoi ? Des épisodes ont été censurés lors
de leur toute première diffusion en France. Ils sont considérés comme
dénigrants pour certaines communautés par les autorités audiovisuelles locales.
On le respecte pour des raisons légales.»</em></p>
<p>En évoquant des <em>«autorités audiovisuelles locales»</em>, de qui parle
donc Netflix ? Il fait comme si le Conseil supérieur de l'audiovisuel
(CSA), le régulateur de l'audiovisuel en France, avait donc considéré ces
épisodes comme <em>«dénigrants pour les communautés»</em>. Et fait ainsi
référence <a href="http://www.csa.fr/Arbitrer/Espace-juridique/Les-textes-reglementaires-du-CSA/Les-decisions-du-CSA/Serie-South-Park-sous-classifiee-Game-One-mise-en-garde">
à ce texte</a> de... 2007, où le CSA avait réclamé à la chaîne Game One une
nouvelle signalétique sur deux épisodes de la saison 10 de South Park, pour
qu'ils soient déconseillés aux moins de 12 ans.</p>
<p>Les plates-formes comme Netflix ou Prime Video ne sont pas (encore) soumises
à ses règles, comme les chaînes de télévision. A moins qu’il ne s’agisse d’une
question de droits, sur ces épisodes particuliers.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_e_cran_2019-10-09_a__12.35.15_m.jpg" alt="Capture_d_e_cran_2019-10-09_a__12.35.15.png" title="Capture_d_e_cran_2019-10-09_a__12.35.15.png, oct. 2019" /></p>
<p>Six heures après son premier tweet, le compte de Netflix a d'ailleurs donné
un second argument, évoquant des problèmes de droits: et d'assurer que les
épisodes de South Park disponibles sur Netflix seraient <em>«tout simplement,
ceux que les ayant-droits nous ont proposés.»</em></p>
<p>Difficile d'y voir clair, alors que cette décision du CSA ne concerne pas
des épisodes du catalogue Netflix – et date bien avant des débuts de
Netflix ! Netflix se serait-il, pour la première fois, soumis à une forme
de censure ?</p>Disney+ va-t-il enfermer ses abonnés dans sa bulle ?urn:md5:5e7949f96f20f87116c4e110089367402019-09-06T15:34:00+02:002019-09-06T15:55:13+02:00Capucine CousinCulture numériqueDisneyFriendsNetflixStar Warsstreaming vidéo <p>C'est la rentrée ! Je réouvre, pour l'instant du moins, ce blog. Peu
importe si, parait-il, les blogs sont "démodés", pour moi, un média d'écrits
est indémodable. Après une année bien remplie par la promo de mon livre sur
Netflix & Cie, il m'a semblé utile de revenir sur la guerre des titans qui
se profile dans l'audiovisuel. Et ce qui attend les
internautes-téléspectateurs-cinéphiles, de bon et de moins bon...</p>
<p>Disney+ va-t-il enfermer ses abonnés dans sa bulle ?
<strong>L</strong>e 12 novembre prochain, Disney lancera sa machine de guerre,
son propre service de streaming vidéo, d'abord aux Etats-Unis, au Canada et aux
Pays-bas. Disney voit grand: dès le premier jour, il proposera <strong>7 500
épisodes de séries, 500 films</strong>, pour 6,99 dollars par mois. Il vise 90
millions de foyers d'ici fin 2024. Il prévoit déjà un milliard de dollars de
pertes, pour acquérir et produire des contenus originaux.</p>
<p>Qui peut s'aligner, avec de tels moyens, et un tel catalogue ? En
quelques années, l'empire Disney, déjà fort de ses dessins animés (<em>Le Roi
Lion, Toy Story, Cars</em>...), et ses films (comme <em>Pirates des
Caraïbes</em>...) n'a fait que grossir. Avec l'acquisition de la 21th Century
Fox pour 71 milliards de dollars, finalisée en mars, il a à portée de main des
milliers de programmes télévisés estampillés Disney: il a dans son escarcelle
la 20th Century Fox - le vénérable studio de cinéma fondé en 1931, qui a
produit <em>Cléopâtre, Titanic</em>, et <em>Avatar</em> entre autres; les
studios Pixar, rachetése 7,4 milliards de dollars en 2006, Lucas Films (les
sagas <em>Star Wars, Indiana Jones</em>), rachetée 4 milliards en 2012, les
Simpsons, et la licence de super héros Marvel.</p>
<p>En un clic, l'internaute-abonné aura donc accès à l'empire Mickey. A
condition de s'abonner. Ce qui s'esquisse, avec Disney+, c'est une plateforme
où des milliers de films et séries seront <strong>réservés aux seuls
abonnés</strong>.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/v=akWxRqObbEMversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/akWxRqObbEMversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>La guerre des titans est bien lancée. Comme je le retrace <a href="https://m.armand-colin.com/netflix-cie-les-coulisses-dune-revolution-9782200623012">
dans mon livre</a> <strong><em>Netflix & cie, les coulisses d'une
révolution</em></strong>, en quelques années, un autre ogre américain,
Netflix,"pure player" du streaming vidéo, lui, a déjà une longueur d'avance: il
a dépensé 12 milliards de dollars en acquisitions et productions pour la seule
année 2018. Ironie, jeudi dernier, où j'étais invitée à débattre dans "Le
téléphone sonne" sur France Inter (podcast <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-29-aout-2019">
par ici</a>) de la guerre des titans du streaming, Netflix, au départ simple
service de location de DVD sur abonnement, fêtait ses 22 années.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/v=aOC8E8z_ifw?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/v=aOC8E8z_ifwversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Lors du lancement de Disney+, des séries inédites leur seront proposées - en
exclusivité.<em>The Mandalorian</em>, nouveau spin-off de Star Wars, écrit par
l'auteur d<em>'Iron Man</em> ; la série <em>Obi Wan Kenobi</em>, où Ewan
McGregor a accepté de rempiler dans la peau de son personnage ; trois
nouvelles séries Marvel, dont <em>The Eternals</em> avec Kit Harington, qui
s'est fait connaître dans <em>Game of Thrones</em>... a botte secrète de
Disney+, c’est la possibilité de développer un nombre infinis de contenus
exclusifs, à partir de ses marques prestigieuses.</p>
<p>Très attendus aussi, les prochains films Disney en salles: l'épisode 9 de
<em>Star Wars, L'Ascension de Skywalker</em>, qui sort le 18 décembre; <em>La
Reine des Neiges 2</em>, le 22 décembre, <em>Avengers Endgame</em> en
décembre...</p>
<p><strong>O</strong>r, après leur sortie en salles, ces films seront réservés
aux seuls abonnés de la plateforme Disney+. Qui auront par exemple en
exclusivité <em>Captain Marvel</em>. On le sait, Disney est en train de retirer
progressivement ses contenus de Netflix - dont il est désormais concurrent .
Bob Iger avait commencé à déclarer la guerre à Netflix en été 2017, lorsqu'il a
annoncé ne pas reconduire son contrat. Sur Netflix, <em>Jessica Jones</em> (3
saisons), <em>Luke Cage</em> ou encore <em>Daredevil</em> (3 saisons) ont fait
des cartons d'audience, tout comme <em>Agent of S.H.I.E.L.D.</em> (6 saisons),
diffusé sur ABC, entre autres. Tout ce catalogue sera rapatrié sur Disney+ à
son lancement le 12 novembre.</p>
<p>Ce qui s'esquisse, c'est que, peu à peu, <strong>Disney va réserver ses
films et séries, nouveautés ou archives, à ses seuls abonnés</strong>. Il
faudra être obligatoirement abonné à sa plateforme pour pouvoir les visionner.
Dans cette logique, Disney a même annoncé la semaine dernière son intention de
ne plus sortir ses prochains films et séries en DVD ! Une révolution. Et
une manière d<em>'enfermer ses abonnés</em> dans ses propres contenus.</p>
<p><strong>D</strong>isney ne fait que renforcer cette tendance que Netflix a
créée. J'ai déjà abordé ici et dans mon livre la polémique qui a opposé à
plusieurs reprises Netflix aux organisateurs de festivals de cinéma, dont
Cannes: pour Netflix, il est normal de réserver ses productions originales -
films, ET séries - à ses seuls abonnés. Et donc de ne pas les sortir en salles
(ou très peu).</p>
<p><em>Roma</em> d'Alfonso Cuaron, le film aux cinq Oscars? Il est sorti dans
une poignée de salles à Londres, New York et Los Angeles. Mais seuls les
abonnés à Netflix ont pu le voir (directement sur leur téléviseur). LA
prochaine superproduction de 3h30 du maître Martin Scorsese, <em>The
Irishman</em>? Elle sera proposés directement sur Netflix le 27 novembre. Et
peut-être dans quelques salles . Netflix a déboursé au moins 170 millions de
dollars pour le produire, il lui semble donc "normal" de le réserver aux
abonnés. <em>The Landromat</em>, prochain film de Steven Soderbergh, lui aussi
produit par Netflix, présenté il y a quelques jours au festival de Venise,
connaîtra le même sort.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.friends-watching-recommendation-videoSixteenByNineJumbo1600-v2_m.jpg" alt="friends-watching-recommendation-videoSixteenByNineJumbo1600-v2.jpg" title="friends-watching-recommendation-videoSixteenByNineJumbo1600-v2.jpg, sept. 2019" /></p>
<p><strong>V</strong>ous voulez revoir l'intégrale de
<strong><em>Friends</em></strong>, série-culte des années 90 qui connaît un
retour en grâce inattendu? Elle a effectué son come back sur Netflix, dont elle
représentait une bonne part de l'audience. Le 9 juillet, Netflix a annoncé
qu'elle disparaîtrait de son catalogue - aux Etats-Unis - dès 2020. Elle a été
rachetée par la Warner pour son futur service de streaming vidéo HBO Max. Selon
le Hollywood Reporter, Warner a déboursé <strong>85 millions de
dollars</strong> par an pendant cinq ans pour en obtenir les droits; En clair,
à moins de trouver des DVD (ou des cassettes vidéo sur eBay, soyons vintage
jusqu'au bout), les Américains devront s'abonner à HBO Max pour (re)voir la
série. Pour la France, rien n'est sûr pour l'heure. Pourtant, en décembre
dernier, Netflix avait mis <a href="https://www.vox.com/2018/12/4/18126596/friends-netflix-warnermedia-att-hulu-apple-deal">
100 millions de dollars</a> sur la table pour garder la sitcom culte - pour un
deal non-exclusif, de surcroit.</p>
<p><strong>E</strong>t ce n'est que le début. Netflix, Disney, et bientôt Apple
avec son propre service de streaming vidéo Apple+, attendu outre-Atlantique en
novembre, AT&T-WarnerMedia avec HBO Max, Comcast avec NBCUniversal... Tous
ces géants de la tech, pour lancer leurs plateformes concurrents à Netflix, ont
eux aussi préparé leurs munitions: tous investissent des milliards de dollars
(au moins 12 milliards cette année pour Netflix 7 milliards pour Apple) pour
acquérir ou produire des contenus *exclusifs* pour leurs plateformes.
L'internaute n'aura d'autre choix de s'abonner à tel ou tel service pour les
voir. Sauf à passer par un service de téléchargement ou streaming pirate.</p>Le Festival de Cannes s'ouvre (presque) sans Netflixurn:md5:a5ebbc7b7e7b7c7609c84a39bf602ba42019-05-14T12:28:00+02:002019-05-16T16:01:23+02:00Capucine CousinMédiasAmazonDisneyFestival de CannesNetflixQuentin Tarantinostreaming vidéoSundanceSVoD <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.vf_slider_pulp_fiction_3054.jpeg_north_1160x630_white-1_m.jpg" alt="Quentin Tarantino / AFP" title="Quentin Tarantino / AFP, mai 2019" /></p>
<p><strong>D</strong>'ici quelques heures, le Festival de Cannes ouvrira ses
portes, pour sa 72ème édition. Cette année de nouveau, avec pour point
névralgique le Palais des festivals, il offrira son mélange de glamour, de
cinéphilie et de business. Les stars hollywoodiennes seront de nouveau au
rendez-vous: Jim Jarmush foulera le Tapis rouge ce soir, avec un film de
zombies, <em>The dead don't lie</em>, présenté en ouverture. Ces prochains
jours, <strong>Quentin Tarantino</strong> est attendu pour son nouveau film en
compétition officielle, <em>Once upon a time... in Hollywood</em> - 25 ans
après <em>Pulp Fiction</em>, qui lui avait valu la Palme ! - avec Leonardo
di Caprio et Brad Pitt. Antonio Banderas, Pedro Almodovar, Sylvester Stallone,
Bill Murray, Margot Robbie, Isabelle Huppert, les frères Dardenne, Adèle
Haenel, sont attendus. Comme avant. Ou presque.</p>
<p>Mais les choses ne sont plus tout à fait comme avant. La montée en puissance
<strong>de Netflix et Amazon</strong>, désormais à la fois studios de
production, diffuseurs, et mastodontes à plusieurs centaines de milliards de
dollars de capitalisation boursière, et le lancement attendu de nouveaux-venus
du streaming, tels Disney Plus et WarnerMedia, brouillent les pistes dans
l'écosystème de l'entertainment.</p>
<p>Après une polémique sur la présence - ou pas - de Netflix en compétition
officielle à Cannes, il y a deux ans, la firme de Los Gatos en est désormais
absente pour la deuxième année consécutive. Comme je le raconte en détail dans
<strong><em>Netflix & co, Les coulisses d'une (r(évolution</em></strong>,
Netflix est absent de la compétition officielle pour la deuxième année
consécutive, après l'adoption par le Festival d’un règlement imposant une
sortie en salle pour tout film en compétition. <em>«À l’époque, on pensait
demander (à Netflix) et obtenir que ces films-là sortent en salles (...). Ils
n’en sont pas encore là»</em>, pointent les organisateurs du festival, qui
résistent à la plateforme de streaming, là où <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2018/09/09/Netflix-d%C3%A9croche-son-Lion-d-or-%28%C3%A0-d%C3%A9faut-d-une-Palme%29">
d’autres festivals comme la Mostra</a> de Venise accueillent ses films à bras
ouverts comme '<strong>'Roma''</strong> d’Alfonso Cuaron. <strong>Cannes est le
dernier bastion</strong>, le dernier festival à rester sur cette ligne, les
Oscars et la Mostra de Venise ayant accepté des productions Netflix en
compétition officielle.</p>
<h2>Nouvelles règles du jeu</h2>
<p><strong>Ju</strong>squ'à il y a peu, les règles du jeu étaient claires. Les
sociétés réalisaient un film calibré pour une sortie en salles, qui connaissait
ensuite une seconde vie en DVD, puis en diffusion télévisée. Cela ne fonctionne
plus, dans une ère où <strong>Netflix passe outre les traditionnelles
sorties</strong> en salles, et les plateformes de diffusion en streaming
remportent des droits de diffusion - mondiaux et tous écrans - qui auraient été
attribués, naguère, à un HBO ou un Showtime.</p>
<p><strong>P</strong>uis sont arrivées les premières plateformes de streaming,
Netflix et Amazon. Elles ont d'abord été perçues par les studios de cinéma
comme des <strong>vaches à lait</strong>. Elles ont surpayé les droits de
séries télé confirmées, en dizaines de millions de dollars (comme
<em>Friends</em>, pour laquelle Netflix a déboursé <a href="https://www.nytimes.com/2018/12/04/business/media/netflix-friends.html">100
millions de dollars</a> fin 2018 pour en conserver les droits cette année).
Dans mon livre encore, je racontais comment Netflix avait signé un contrat de 5
ans en <strong>2008 avec Starz</strong> (sorte de Canal+ version US) , puis,
fin 2012, un accord de licencing pluriannuel <strong>avec Disney de 350
millions</strong> de dollars par an. un mirifique contrat à 200 millions de
dollars avec Marvel Télévisions et…Disney fin 2013.</p>
<h2>15 milliards de dollars de productions Netflix en 2019</h2>
<p>Puis, les studios ont perçu ces steamers comme des
<strong>frenemies</strong>, ces ennemis indispensables dans le business. Ils
apportaient beaucoup d'argent à ces studios, mais disruptaient leurs modèles
traditionnels. car eux ont les poches pleines: Netflix a investi entre 8 et 12
milliards l'an dernier en production originales, et pourrait y investir 15
milliards cette année, <a href="https://variety.com/2019/digital/news/netflix-content-spending-2019-15-billion-1203112090/">
selon les analystes</a>, cités par <em>Variety</em>.</p>
<p>Depuis 2016, pour enrichir leurs catalogues, Netflix et Amazon font ainsi
régulièrement monter les enchères au <strong>festival de Sundance</strong>.
Cette année, Amazon a claqué 50 millions de dollars pour mettre la main sur les
droits de films tels que <strong><em>The Report</em></strong>, film dramatique
avec Adam Driver et Annette Bening, et <em>Honey Boy</em>, film
semi-autobiographique de Shia LeBeouf. Netflix a misé 10 millions de dollars
sur <strong><em>Knock Down the House</em></strong>, un documentaire sur les
jeunes stars politiques américaines, telle Alexandria Ocasio-Cortez. Les années
précédentes, tous deux y ont acquis les droits de films oscarisables, comme
<em>Manchester by the Sea</em> pour Amazon, six nominations aux Oscars 2017. Et
demain, Apple, Disney, Comcast et WarnerMedia se lanceront aussi dans la course
à l'achat de droits de programmes premium pour leurs propres plateformes de
streaming, attendues dès cet automne 2019 pour la plupart.</p>
<h2>Cannes sur son Aventin ?</h2>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.200635-festival-de-cannes-2016-21-films-en-lice-pour-la-palme-d-or-20_s.jpg" alt="200635-festival-de-cannes-2016-21-films-en-lice-pour-la-palme-d-or-20.jpg" title="200635-festival-de-cannes-2016-21-films-en-lice-pour-la-palme-d-or-20.jpg, mai 2019" /></p>
<p>Est-ce que Cannes resterait sur son Aventin ? Pas si sûr: en parallèle
au très glamour Festival se tient le Marché du Film, où les sociétés de
production viennent des quatre coins du monde pour vendre à des acheteurs des
scripts ou des faims, susceptibles d'être au box office demain. Il suffit de
longer la Croisette pour voir des affiches géantes de (super)productions,
placardées dans la rue ou sur des balcons d'hôtels.</p>
<p>Pour la première fois, le Marché du Film accueillera cette année
<strong>"Meet the steamers"</strong>, un événement destiné à connecter les
producteurs de films et les plateformes de streaming, selon <em>Hollywood
Reporter</em>. Le Festival a sélectionné une vingtaine de plateformes
indépendantes, pour des sessions de <em>speed dating</em> d'une vingtaine de
minutes. Avec notamment Flimin, Kinoscope, Le Cinéma Club, ou encore Watcha
Play. Mais les mastodontes Amazon Studios et Netflix en seront absents - alors
que leurs noms sont sur toutes les lèvres. Netflix ne sera même pas présent au
Marché du film, selon son service de presse parisien, preuve que la Guerre
froide règne encore. Tout juste y aura-t-il une production Netflix présentée
cette année à Cannes, le long-métrage <em>Wounds</em>, <a href="https://deadline.com/2019/04/cannes-directors-fortnight-wounds-netflix-flashes-rebel-spirit-exhibitor-wrath-1202595658/">
à la Quinzaine</a> des réalisateurs.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg" alt="31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg" title="31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg, sept. 2018" /></p>Netflix décroche son Lion d'or (à défaut d'une Palme)urn:md5:f05da0104976052f5147deb8bf165ae72018-09-09T18:39:00+02:002018-09-09T21:18:27+02:00Capucine CousinCulture numériqueAlfonso CuarónAmazon StudiosCinémaFestival de TorontoMarco KoskasMostra de VeniseNetflixNetflix coRoma <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.festival-cannes-2017_m.jpg" alt="festival-cannes-2017.jpg" title="festival-cannes-2017.jpg, sept. 2018" /></p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/Dm3gpeXJNoQ?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/Dm3gpeXJNoQversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Un film Netflix lion d'Or de Venise. Et futur Oscar?</p>
<p><strong>L</strong>a consécration pour Netflix. Avec un sacré goût de
revanche après le précédent du festival de Cannes. Samedi 8 septembre au soir,
la Mostra de Venise, un des plus prestigieux festivals de cinéma, a attribué
son Lion d’or à <strong><em>Roma</em></strong>, film du cinéaste mexicain
Alfonso Cuarón. Un film très personnel, à mille lieues de <em>Gravity</em>
(2013), blockbuster interstellaire qui nous plongeait avec fascination dans
l'espace, et carton international (723 millions de dollars de recettes).</p>
<p><strong><em>Roma</em>,</strong> c'est un film très personnel, un des favoris
du Festival, dans un noir et blanc osé pour le cinéma d'aujourd'hui, pour
lequel le cinéaste s'est inspiré de son enfance, pour raconter l’année 1971, où
il a connu la vaste répression du mouvement contestataire des étudiants, et le
divorce de ses parents), dans le quartier Borghèse de Roma, au Mexique. La
gloire pour le réalisateur.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg" alt="31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg" title="31XpWCyE6TL._AC_US218_-1.jpg, sept. 2018" /></p>
<p><strong>M</strong>ais le vrai vainqueur de la Mostra est sans doute son
distributeur, Netflix. Une première. Une révolution. Bonne nouvelle, garantie
de renouveau, ou cataclysme annoncé pour le monde du cinéma? Comment définir
Netflix aujourd'hui? Cette start-up devenue ogre, mi-GAFA, mi-studio
hollywoodien, qui propose sur sa plateforme une sorte de vidéoclub géant en
ligne? ce sujet est au cœur de mon livre, justement, ''<a href="https://livre.fnac.com/a12459883/Capucine-Cousin-Netflix-et-Cie-la-mort-du-cinema">Netflix
& co, Enquête sur une (r)évolution'</a>', qui sort <strong>ce 12 septembre
(tadaa !)</strong>. Netflix est à la fois un studio de production, un
distributeur de films et séries, un diffuseur, et une plateforme internet de
diffusion de contenus vidéos en streaming, sur abonnement, qui compte près de
130 millions d'abonnés dans le monde, dont 3,5 millions en France. Et une
capitalisation boursière de 151 milliards de dollars.</p>
<p><strong>La sortie en salles obligatoire, (encore) une exception
française</strong></p>
<p><strong>U</strong>ne première, donc. Jamais cette plateforme américaine de
streaming n’avait obtenu la récompense suprême de l’un des principaux festivals
de cinéma. <em>Roma</em> avait d'ailleurs déjà fait parler de lui sur un autre
festival, à Cannes ce printemps, où il faisait initialement partie de la
sélection officielle, au même titre que <em>Norway</em> de Paul Greengrass,
<em>Hold the Dark</em> de Jeremy Saulnier, <em>They’ll Love When I’m Dead</em>,
un documentaire de Morgan Meville sur le cinéaste Orson Welles, légendaire
réalisateur de <em>Citizen Kane</em>, et même <em>The Other Side of the
Wind</em>, le dernier long-métrage inachevé de ce même Orson Welles. Or pour
les organisateurs du Festival de Cannes, tout film en sélection officielle doit
sortir en salles *avant* toute diffusion sur internet.</p>
<p><strong>Un film qui ne sort pas au cinéma est-il encore un film ?</strong>
Je me posais la question déjà <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2018/05/13/Un-film-doit-il-sortir-en-salles-pour-%C3%AAtre-encore-un-film">
il y a quelques mois</a>. Toute la polémique s'était cristallisée sur cela,
<strong>la sortie des films en salles</strong>, indispensable pour les
organisateurs du Festival de Cannes, accessoire pour Netflix. Manifestement,
les organisateurs des autres festivals n'ont pas la même vision des choses.
Comme je détaille dans mon livre, outre-Atlantique, les organisateurs des
Oscars considèrent eux aussi la sortie en salles comme secondaire pour
sélectionner un film. Il semblerait bien que la sortie en salles obligatoire
pour être en lice à un festival de cinéma ne s'impose désormais plus.
<strong>Netflix, décidément, dicte ses règles du jeu.</strong> Et parvient,
progressivement, à ringardiser le festival de Cannes.</p>
<p>A cela s'ajoute une exception française, la désormais fameuse
<strong>"chronologie des médias"</strong>, qui implique un délai de trois ans
entre la sortie en salles d'un film et sa diffusion sur une plate-forme de
vidéo. Ce qui avait donc provoqué l'ire des Netflix à Cannes. On imagine donc
le goût pétillant de revanche qu'a eu cette récompense - un Lion à défaut d'une
Palme - pour les dirigeants de Netflix, hier soir.</p>
<p><strong>Deux productions Netflix primées</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.the-ballad-of-buster-scruggs-james-franco-film_m.jpg" alt="THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS" title="THE BALLAD OF BUSTER SCRUGGS, sept. 2018" /></p>
<p>''The Ballad of Buster Scruggs"</p>
<p><strong>M</strong>ieux, le prix du scénario à la Mostra a été attribué au
western de Joel et Ethan Coen, <strong><em>The Ballad of Buster
Scruggs</em></strong>, le deuxième des trois films Netflix (avec <em>July
22</em>, de Paul Greengrass) en compétition cette année à Venise. Eh oui, les
frères Coen, la crème des cinéastes indépendants américains, réputés depuis
<em>Barton Fink, The big leboswki</em> et <em>Fargo</em>, étaient une des
autres "prises" hollywoodiennes de la firme de Los Gatos,. Au détail près que
leur projet initial consistait en une mini-série télé de six épisodes, vaste
hommage aux western spaghettis italiens des années 60. Soit six récits d'une
heure sur l’Ouest américain, aux personnages divers, entre le cow-boy
solitaire, et le chercheur d’or, avec un humour noir féroce propre au duo de
cinéastes.</p>
<p>Pourtant, à la surprise générale, lors de l'ouverture du festival, le 31
août, leurs auteurs annonçaient que la série était devenue un film à sketchs de
deux heures. C'est bien cette version de deux heures que le public - ou plus
exactement les seuls abonnés Netflix - pourront découvrir sur la plateforme de
streaming d’ici à la fin de l’année, aux Etats-Unis et - probablement - dans la
plupart des pays, mais aussi le commun des mortels en salles.</p>
<p>En France, tout dépendra de sa sortie dans les cinémas – ou pas –, puisque
si tel était le cas, le film devrait attendre trois ans avant d’être disponible
sur Netflix, conformément à l’actuelle chronologie des médias. Quant aux six
heures de la série qui ont été produites, le flou demeure sur leur devenir.</p>
<p><strong>Une autre production 100% Netflix en ouverture à
Toronto</strong></p>
<p>Autre pied de nez à l'industrie traditionnelle du cinéma, deux jours avant,
jeudi 6 septembre, Netflix s’était déjà offert une autre (avant-)première.
C’est un de ses films, <strong><em>Outlaw King : Le roi
hors-la-loi</em></strong>, de David Mackenzie, qui a fait l'ouverture du
Festival international du film de Toronto. Tourné en Ecosse, ce film est
consacré au roi écossais du 14e siècle Robert Bruce, et retrace son combat pour
reprendre le contrôle de l'Ecosse après avoir été déclaré hors-la-loi par
l'Angleterre.</p>
<p>C'était la première fois qu'une production d'une plateforme de streaming
faisait l'ouverture d'un des plus grands festivals de cinéma du monde. Petit
détail: ce film, projeté en première mondiale à Toronto, <strong>ne sortira pas
en salle par la suite</strong>. Il sera réservé aux abonnés de Netflix, qui
pourront le visionner à partir du 9 novembre. Décidément, au fil des Festivals
de cinéma, Netflix impose son propre modèle de diffusion: des productions
destinées exclusivement à ses abonnés, qui n'ont pas vocation à sortir en
salles traditionnelles. D'ailleurs, son patron fondateur Reed Hastings, ne s'en
est jamais caché: <em>"Puisque nos abonnés financent nos films, nous voulons
qu’ils y aient accès rapidement, et pas trois ans plus tard"</em>, déclarait-il
encore au festival Séries Mania à Lille, le 3 mai dernier. Et <strong>les
festivals semblent, les uns après les autres, accepter ce principe</strong>.
Exceptés les seuls organisateurs du festival de Cannes. Pour l'instant.</p>
<p><em>"Nous avons choisi le meilleur film que nous pouvions trouver pour être
à la hauteur de ce que nous voulons pour la soirée d'ouverture"</em>,
justifiait à l'AFP Cameron Bailey, directeur du festival de Toronto. Et
d'insister: <em>"Des plateformes comme Netflix, Amazon et Hulu soutiennent
certains des meilleurs talents de nos jours"</em>. Les studios traditionnels de
cinéma apprécieront.</p>
<p><strong>Le modèle Netflix appliqué à l'édition: Koskas au
Renaudot</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.livre_autopublie_amazon_renaudot_marco_koskas_m.jpg" alt="livre_autopublie_amazon_renaudot_marco_koskas.jpg" title="livre_autopublie_amazon_renaudot_marco_koskas.jpg, sept. 2018" /></p>
<p>Le dernier Koskas, livre "publié" par Amazon</p>
<p>Netflix est-il en train d'imposer son modèle à l'industrie culturelle ?
Il se fait donc producteur de contenus, destinés à être proposés
*exclusivement* à ses seuls abonnés, sur sa plateforme de diffusion.
Consécration de ce modèle, ces films ("webfilms" aux yeux de certains
cinéastes) sont même sélectionnés, voire récompensés, dans des festivals de
cinéma ! Un modèle qui semble irriguer bien plus que l'industrie du
cinéma. Dont l'édition, l'industrie du livre.</p>
<p><strong>I</strong>l y a quelques jours, on apprenait ainsi qu'un livre
autopubié sur la plateforme d'Amazon était sélectionné <strong>pour le Prix
Renaudot</strong>, un des prestigieux prix littéraires de la rentrée en France.
<strong><em>Bande de Français</em></strong>, le dernier livre de <strong>Marco
Koskas</strong>, auteur franco-israélien de plusieurs ouvrages, a ainsi été
sélectionné parmi les 17 romans élus, avec un nom d'éditeur un peu particulier,
Galligrassud. <em>"Une contraction de noms de maisons d'édition qui cache un
ouvrage autopublié grâce au service... d'Amazon"</em>, <a href="https://www.actualitte.com/article/culture-arts-lettres/un-livre-autopublie-sur-amazon-selectionne-pour-le-prix-renaudot/90760">
comme l'a révélé</a> le très bien informé site Actualitte.</p>
<p>Un auteur de livres confirmé, 16 livres publiés à son actif, a donc choisi
de publier son dernier opus via <strong>CreateSpace</strong>, le service
d'autopublication d'Amazon, en passant outre les maisons d'édition
traditionnelles. Ce qui l'a poussé à franchir le Rubicon ? Probablement,
entre autres, le pourcentage sur les ventes assez conséquent reversé par Amazon
à ses auteurs — plus de <strong>50% du prix de vente du livre</strong>, contre
5% à 10% chez les éditeurs "papier" traditionnels (je suis bien placée pour en
témoigner ;)</p>
<p>Plus que l'autoédition, ce qui pose question est bien sûr la présence d'un
livre publié par Amazon, firme haïe par une partie du monde du livre — les
libraires — car elle incarne un risque de monopole. Les organisateurs du Prix
Renaudot ne semblent pas se poser la question. Et décidément, l'arrivée de GAFA
et consorts, tels Netflix, Amazon, et très bientôt Youtube (Google) et Apple,
dans la culture traditionnelle, du cinéma à l'édition, soulève des questions
inédites.</p>Un film doit-il sortir en salles pour être encore un film? (Netflix vs Cannes)urn:md5:8c75547c32dfa537b6c67c2442070d512018-05-13T21:22:00+02:002018-05-13T21:38:09+02:00Capucine CousinCulture numériqueCannesCinémaFestival de CannesFilmNetflixwebfilm <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.taxi-festival-film-cannes_m.jpg" alt="taxi-festival-film-cannes.jpg" title="taxi-festival-film-cannes.jpg, mai 2018" /></p>
<p><strong>Il</strong> était censé venir au Festival de Cannes avec 5 films et
documentaires dans les cartons. Finalement, Netflix a décidé de bouder la
grand-messe du cinéma, qui bat son plein en ce moment. Tout est parti d'une
déclaration le 23 mars dernier de Thierry Frémaux, délégué général du Festival,
précisant <em>"Tout film qui souhaite concourir pour la Palme d'or devra sortir
dans les salles françaises"</em>. La règle est claire, désormais, Cannes
n’accepte en compétition que des œuvres qui sortiront en salles. Ca n'a pas
manqué, le 13 avril, Ted Sarandos, directeur des contenus de Netflix, annonce
sa décision de bouder le festival. "<em>Nous voulons être sur un plan d'égalité
avec les autres cinéastes"</em>, précise-t-il dans un entretien à
<em>Variety</em>, la Bible de la presse cinéma à Hollywood. Et d’ajouter:
<em>"Bien sûr, il y a deux visions différentes. Mais nous avons choisi de nous
inscrire dans l'avenir du cinéma. Si Cannes a choisi d'être bloqué dans
l'histoire du cinéma, c'est son choix"</em>.</p>
<p>Un premier round dans cette bataille avait été mené en mai 2017, lorsque
Netflix avait rechigné à sortir dans les salles obscures ses deux films en
sélection officielle, <em>Okja</em> et <em>The Meyerowitz Stories</em>. Pour
les diffuser uniquement sur sa plateforme de streaming. A la grande colère des
exploitants, qui y voyaient bafoué <strong>le statut roi du film projeté en
salle</strong>, protégé par l'intouchable chronologie des médias. Netflix avait
alors remporté la manche.</p>
<p>En cette année 2018, la mesure de rétorsion ne s’est pas faite
attendre : cinq films produits par la firme de Los Gatos ont été privés de
tapis rouge à Cannes : <em>Norway</em> de Paul Greengrass, <em>Roma</em>
d'Alfonso Cuarón (réalisateur de <em>Gravity), Hold the Dark</em> de Jeremy
Saulnier, <em>They'll Love When I'm Dead,</em> un documentaire de Morgan
Meville sur le cinéaste Orson Welles, et même <em>The Other Side of the
Wind</em>, le dernier long-métrage inachevé de ce même Orson Welles. Un projet
inachevé du légendaire réalisateur de <em>Citizen Kane</em>, qui avait a pu
aboutir… grâce à un investissement de Netflix.</p>
<p><strong>Les Anciens contre les Modernes</strong></p>
<p>Comme une nouvelle bataille des Anciens contre les Modernes. Même si, la
semaine dernière, au festival Series Mania à Lille, consacré aux séries
télévisées, revenant sur cette polémique, Reed Hastings se livrait à un semi
mea culpa, regrettant qu'avec le Festival de Cannes, où aucun de ses films
n'est sélectionné cette année 2018 faute d'accord, Netflix <em>"s'est mis dans
une situation plus délicate que ce que nous aurions voulu"</em>. Avant de
défendre son modèle économique: <em>"comme nos abonnés financent nos films, on
veut qu'ils y aient accès rapidement et pas trois ans plus tard"</em>.</p>
<p>Mais pourquoi ce combat entre le nouveau géant de l'audiovisuel et les
organisateurs du Festival de Cannes ? Toute la polémique repose sur la
<strong>sortie des films en salles,</strong> indispensable pour les
organisateurs du Festival de Cannes, accessoire pour Netflix. Or, un film
projeté dans un cinéma doit attendre trois ans avant qu’une plateforme de vidéo
à la demande par abonnement puisse le diffuser. C’est la règle en France, la
"chronologie des médias".</p>
<p>Or, qu'est-ce qui définit un film aujourd'hui ? Sa sortie en salles
est-elle encore indispensable, obligatoire, pour en faire un film ? Ou un
film est-il un film par ses conditions de tournage, de production ? Alors
que se multiplient les plateformes de vidéo à la demande sur abonnement,
Netflix (qui compterait 3,5 millions d'abonnements en France), Amazon Prime
Video, et bientôt, un "Disney Flix", voire des plateformes de SVoD européenne,
chinoise, entraînant de nouveaux usages dans les modes de
<del>consommation</del> visionnage des films.</p>
<p>Netflix l'a dit à plusieurs reprises, ses 8 milliards de dollars de budget
de production de "contenus originaux" (dont 1 milliard pour l'Europe) visent en
partie à produire des long-métrages, destinés à sortir directement et
uniquement sur sa plateforme, sans passe par la case salles de cinéma.</p>
<p><strong>"Webfilms"</strong></p>
<p>Ces films nouvelle génération, <em>"ce sont des webfilms"</em>, me disait
récemment le cinéaste Radu Mihaileanu, président actuel de l'Association des
réalisateurs producteurs (ARP). Sans préjuger de leur qualité, à ses yeux,
<em>"ce n'est pas du cinéma: ces webfilms ne sont vus que sur un écran
d'ordinateur ou de télévision"</em>.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/hlE688vgoBI?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/hlE688vgoBIversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Justement, peu avant le Festival, le 13 avril, Netflix sortait directement
sur sa plateforme <strong><em>Je ne suis pas un homme facile</em></strong>,
estampillé <strong>"premier film français Netflix original"</strong>. Réalisé
par Eléonore Pourriat, ce film, très drôle, qui imagine un monde où les femmes
auraient précisément la place sociale des hommes, a tout du film indépendant ,
entre son casting, avec à l’affiche Vincent Elbaz et Marie-Sophie Ferdane,
méconnue au cinéma mais pensionnaire de la Comédie française, aguerrie au
théâtre.</p>
<p>La réalisatrice est ravie, elle estime qu’elle n’aurait pas eu sa chance
aussi vite pour monter son premier film en France. Pour elle, c'est sûr, cela
reste un film, <em>"Nous avons travaillé dans les mêmes conditions , et une
même exigence, que si le film était projeté en salles : avec une chef
opératrice, un ingénieur du son…"</em>, m'expliquait-elle.</p>
<p>Le fait qu'il ne sorte pas en salles ne lui pose pas de problème. Elle est
déjà convaincue du bien-fondé des nouvelles formes de distribution en ligne des
films. Elle qui a acquis une "notoriété virale" avec son premier court-métrage,
<strong><em>Majorité opprimée</em></strong>, 9 millions de vues sur YouTube aux
quatre coins du monde. Et même, sur Netflix, elle estime bénéficier <em>"d'une
exposition dans 192 pays. Et il est sorti sans la pression du mercredi à 14
heures : on lui laisse le temps de s’installer par le bouche à
oreille"</em>.</p>Une série pour un Big Mac, le Menu Série de McDonald's, nouveau syndrôme du binge watchingurn:md5:dca8bc60a6c4a155a62e9c3ddb5418462018-02-26T21:17:00+01:002018-02-26T22:42:29+01:00Capucine CousinMarketing & consoBinge watchingMac Donald sNetflixnetflixisationSpotify <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.serie-mcdonald_m.jpg" alt="serie-mcdonald.jpg" title="serie-mcdonald.jpg, fév. 2018" /></p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/1gqSHEP0vKU?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/1gqSHEP0vKUversion=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p><strong><em>"McDo : Maxi Best of = 1 saison de série TV
offerte"</em></strong>. Trivial, mais efficace. Depuis quelques jours, le géant
du burger low cost propose un plus-produit à priori inattendu, une série télé
offerte pour un de ses menus-stars, comme le Maxi Best Of. Un rien provoc', Mac
Donald's souligne, dans un de ses spots publicitaires aux faux airs de
court-métrage, <em>"Un épisode c'est bien, une saison intégrale c'est quand
même mieux"</em>.</p>
<p><strong>J</strong>usqu'au 9 mars 2018, tout menu Maxi Best Of, Signature by
McDonald's, ou une boîte à partager permet en effet de bénéficier d'une saison
intégrale d'une série TV, téléchargeable ou en streaming, grâce à un code de
téléchargement Rakuten joint au menu, compatible avec PC, Mac, Android, iOS,
certains téléviseurs connectés, et les consoles de jeux vidéos Xbox 360 et
One.</p>
<p><strong>A</strong>u menu, une cinquantaine de séries TV sont éligibles,
telles <em>Preacher, How I Met Your Mother, Empire, Breaking Bad, Better Call
Saul</em>... MacDo n'a pas oublié son coeur de cible, les enfants, avec aussi
une multitude de séries calibrées pour les moins de 12 ans, comme <em>Le Petit
Prince, Boule & Bill, Yakari, Babar</em>.</p>
<p><strong>Big Mac + une série, ue pizza + un match sur Bein Sport</strong></p>
<p>Déjà il y a dix ans, le même McDo proposait des DVD offerts avec ses menus.
Les technologies évoluent, le mode de fidélisation par plus-produit
complémentaire reste le même. Dans la même veine, me signalait-on sur Twitter,
Domino’s Pizza propose quant à lui une pizza... et un accès à la chaîne de
sport Bein Sport pour visionner un match de foot pour 20 euros. Votre dîner bon
marché avec en plus-produit un contenu télé, une série ou un mach de foot au
choix, vive la vente couplée !</p>
<p>Mais au fond, derrière la ruse marketing, cette association n'est guère
surprenante - le leader de la restauration low cost épouse ainsi un
comportement de consumérisme culturel consacré par Netflix et son système
d'abonnement pour visionner des séries en tout-illimité, le <strong>binge
watching</strong>. Je l'abordais il y a bientôt trois ans - déjà ! -
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">
dans ce billet</a>, lors de son arrivée explosive en France en septembre 2015,
Netflix a servi de révélateur à cette nouvelle forme de boulimie audiovisuelle,
où chacun découvrait sa capacité à ingurgiter d'affilée des épisodes de séries,
sans attendre la rythme de diffusion hebdomadaire dicté jusque là par les
(vieilles) chaînes de télévision. Il est vrai que les pirates du téléchargement
illégal, puis du streaming (remember Popcorn Time) avait déjà cré ce type
d'addiction (auquel j'ai déjà succombé, je vous rassure ;) chez les internautes
- téléspectateurs.</p>
<p>Depuis 2015, insensiblement, on a assisté à une certaine netflixisation de
la culture (affreux néologisme j'en conviens), où l'accès à des contenus ou
services par abonnement, de manière illimité, s'est banalisé. Avec Spotify bien
sûr, iTunes, la catch-up TV, mais aussi le "Netflix du jeu vidéo", Playstation
Now, lancé par Sony en octobre dernier, XBox Game Pass, la presse avec son
kiosque virtuel sur abonnement ePresse...</p>
<p>Ce comportement irrigue tous les pans de notre économie, au point que notre
quotidien est désormais rythmé par ce mode de consommation par abonnement.
Abonnez-vous pour votre TGVMax, votre voiture (cela viendra pour la Polestar de
Volvo, attendue en 2019), votre PC dématérialisé (ce que propose la start-up
Shadow)... A croire que Netflix a ringardisé la propriété. Ou celle-ci
deviendra un luxe.</p>