Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Photo2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearA qui appartiennent vos photos sur Instagram ?urn:md5:58ae38bd488561e5844668c55ab2900b2015-05-27T21:13:00+02:002015-05-27T21:39:38+02:00Capucine CousinPhotoInstagramPhotoPropriété intellectuelleRichard PrinceRéseaux sociaux <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.richard-prince-gagosian-3-10-20-14_m.jpg" alt="richard-prince-gagosian-3-10-20-14.jpg" title="richard-prince-gagosian-3-10-20-14.jpg, mai 2015" /></p>
<p><strong>I</strong>l y avait longtemps que je ne vous avais pas parlé photo
ici... L'actualité qui m'a interpellée cette semaine est intéressante car,
derrière le scandale arty un rien absurde, se mêlent des questions inédites
d'usages autour d'un des réseaux sociaux les plus hype (Instagram), racheté en
2012 à prix d'or par Facebook, qui <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2012/09/12/Appareil-Photo-Facebook%2C-Instagram%3A-comment-la-photo-%28vintage%29-devient-centrale-sur-les-media-sociaux">
doit son succès à ses photos faussement vintage</a>, le principe du droit
d'auteur foulé aux pieds, la surenchère des prix, et même le vol. Et cette
question de fond : les photos que vous partagez sur les réseaux sociaux
vous appartiennent-elles vraiment ?</p>
<p>Cela a fait scandale il y a quelques jours, bien au-delà du petit milieu
arty new-yorkais, et même de la bulle des réseaux sociaux. L'artiste américain
Richard Prince a organisé une exposition de photographies, à la Gagosian
Gallery de New York, qui s'est tenue de septembre à octobre 2014. Mais pas
n'importe lesquelles : des photos qu'il avait sélectionnées sur Instagram,
et dûment retouchées à sa sauce. Avant de les revendre, au prix fort.
Imaginez : 38 clichés Instagram ont été présentés à la <a href="http://www.gagosian.com/">Gagosian Gallery</a>, et se sont ainsi écoulés aux
alentours de 100 000 $ pièce. Jolie flambée des prix.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.screen-shot-2015-05-22-at-12-14-31-pm_m.jpg" alt="screen-shot-2015-05-22-at-12-14-31-pm.png" title="screen-shot-2015-05-22-at-12-14-31-pm.png, mai 2015" /></p>
<p><strong>I</strong>l y a quelques jours, on apprenait ainsi qu'il avait vendu
pour 90 000 dollars un portrait de femme, <a href="http://www.doedeereblogazine.com/">Doe Deere</a>, créatrice d'une marque de
cosmétiques. Laquelle a fait savoir la semaine dernière - sur Instagram - sa
stupéfaction (on peut la comprendre) en voyant son portrait vendu pour cette
somme plutôt coquette. Une photo qu'elle avait vue placardée sur les murs de la
galerie, sans que l'artiste ne lui ait demandé au préalable son accord. Pour
autant, elle n'a aucunement déposer plainte.</p>
<p>Au fil des clichés, on voit souvent des femmes dénudées. Pour attirer le
chaland, l'artiste aussi avait sélectionné autant des photos de people (telle
Kate Moss, Pamela Anderson), de personnes influentes, et d'illustres inconnus.
Il glisse des commentaires volontiers grivois, et même carrément sexistes,
comme <a href="https://news.artnet.com/art-world/richard-prince-sucks-136358">l'a pointé
Artnet</a>.</p>
<p>La méthode de Richard Prince : sélectionner une photo dans le "feed" de
son compte Instagram, l'agrémenter de ses commentaires (sa propre légende de
ladite photo, en quelque sorte), faire une capture d'écran, et l'envoyer par
mail à un assistant. Le document sera ensuite recadré, agrandi, pour un tirage
de 1,20 m sur 1,65 m, puis imprimé en bonne définition avant d'être accroché au
mur. Comme une oeuvre d'art ?</p>
<p><strong>Flambée des prix, goût du scandale</strong></p>
<p><strong>A</strong>ssurément, l'artiste américain a monté son "coup" avec un
art assumé du scandale, et s'est offert un joli coup de com'. Et il foule
gentiment des pieds le marché - de plus en plus juteux - de la vente de photos
de collection. Dans les plus grandes maisons de ventes aux enchères, telles
Sotheby's, les stars de la photo classique, tels Eugene Smith, Robert Capa,
Marc Riboud, Sebastião Salgado, ou plus à la mode, un Richard Avedon, affichent
des prix qui plafonnent à 10 000 $.</p>
<p>Mais Richard Prince soulève ainsi d'abyssales questions. Un tirage papier
d'une photo dégotée sur le Net, est-ce une oeuvre d'art ? Est-ce un art
reflet de son époque, une mise en abyme critique de ce site de partage de
photos qui repose en partie sur le culte de l'ego à travers
l'auto-portrait ? Est-ce du plagiat ? Des oeuvres détournées ?
Et surtout, peut-on piocher à sa guise des photos d'inconnus sur les réseaux
sociaux pour en faire oeuvre commerciale ?</p>
<p><strong>Propriété intellectuelle</strong></p>
<p><strong>A</strong> qui appartiennent ces photos nouvelle génération ?
Certes, elles sont mises à disposition de tous sur des réseaux sociaux, mais ne
sont-elles pas protégés par le droit d'auteur ou le copyright ? In fine,
les clichés que vous prenez et que vous partagez sur Instagram, ou même
Facebook ou Twitter, vous appartiennent-ils ? Pas si sûr... Il y avait eu
en 2010 (oui, il y a longtemps...) <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2010/11/11/A-qui-appartient-une-photo-sur-Twitter">ce précédent</a>, à
propos d'une photo récupérée par l'AFP sur Twitter.</p>
<p>Il faut y voir aussi une remise en cause radicale et inédite de la propriété
intellectuelle, dont témoigne le cas Doe Deere.</p>
<p>Encore plus sujet à caution, le fait qu'il fasse commerce de ces clichés
Instagram. Par le simple fait qu'il les commente et les tire sur papier, ces
clichés instagram deviennent-ils des oeuvres d'art ? Le malaise, le
sentiment d'impudeur absolue et d'opportunisme tient aussi au fait qu'il vend
ces "œuvres". Les 38 clichés Instagram qui ont été présentés à la Gagosian
Gallery se sont ainsi arrachés pour des prix disproportionnés (le goût du
scandale aurait-il créé une explosion des prix ?). Sans qu'un seul centime ne
soit reversé aux auteurs de ces photos.</p>