Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Prometheus2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearPrometheus: SF métaphysique, multiplication des écransurn:md5:911703531d6c73b6672c1260c1b7bbdd2012-05-30T23:01:00+02:002012-06-03T18:53:09+02:00Capucine CousinR&D, innovations3DAndroïdeBlade RunnerPrometheusRidley ScottScience fiction <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
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<p><strong>C</strong>'était un des films de science-fiction les plus attendus
de l'année, réalisé par un des maîtres du genre, Ridley Scott, pour lequel
c'était le premier retour à la SF depuis 1982 (année de sortie de <em>Blade
Runner</em>), et son coup d'essai en 3D. Film d'autant plus attendu que la
culture SF semblait muséifiée, en recul au cinéma ces dernières années, comme
j'en parlais <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/01/02/Et-si-la-science-fiction-%C3%A9tait-has-been">dans ce
billet</a> l'an dernier (repris <a href="http://owni.fr/2011/01/12/la-science-fiction-en-voie-de-disparition/">chez
Owni</a>). Ridley Scott est donc revenu à la SF avec Prometheus, prologue (ou
prequel) à la série (saga?) culte des <em>Alien</em>. Un film - blockbuster à
gros budget, avec une véritable machine de guerre marketing, décryptée <a href="http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/prometheus-un-scenario-transmedia-deja-culte_296481.html?xtor=EPR-175-[XPN_18h">
ici</a>-20120529--14358774@207149190-20120529203749] par
<em>L'Expansion</em>.</p>
<p>Un prequel - genèse, avec les premières minutes du film une genèse de la
créature, de l'existence de l'homme sur Terre, qui aborde des thèmes
métaphysiques classiques en science-fiction, les origines de l'homme et
l'évolution de la condition humaine, autour du mythe de Prométhée, rebelle
chassé de l'Olympe et condamné à se faire dévorer quotidiennement le foie par
un aigle, après avoir volé le feu aux dieux au profit des humains.</p>
<p><strong>P</strong>our résumer l'histoire donc, elle se déroule dans les
années 2090, soit avant l'action des Alien (le premier se passe en 2122) - donc
on connaît déjà la suite, la substance. Suite à la découverte de pictogrammes
formant une carte spatiale, avec un astre inconnu, un vaisseau (Prometheus) se
lance à sa recherche. Avec à bord, notamment, des scientifiques idéalistes,
Meredith Vickers, la blonde glacée qui pilote l'expédition (Charlize Theron),
un vieil homme en quête d’immortalité (Guy Pearce), ou encore David, un
majordome-androïde ambigü à souhait (Michael Fassbender). Ils vont découvrir
les vestiges d’une civilisation éteinte de géants - référence au mythe de Golem
- dans un univers qui n'est pas sans rappeler celui d'Enki Bilal. De fil en
aiguille, Ridley Scott raccorde plutôt habilement son récit à la suite annoncée
des <em>Alien</em>.</p>
<p>Je passe sur l'accueil mitigé qu'a reçu ce film, tant à cause des faiblesses
du scénario que le côté trop "blockbuster" du film, et des personnages trop peu
épais, bien loin de la subtilité dont Ridley Scott a fait preuve dans ses films
précédents, comme <em>Blade Runner</em>.</p>
<p><strong>Robot teinté d'humanité</strong></p>
<p><strong>P</strong>ourtant, le film accomplit presque sa mission, en
effleurant les classiques propres à la science-fiction, entre métaphysique,
questionnements sur le genre humain et sur ses excès. Son personnage le plus
intéressant est sans doute le robot androïde, complexe, trouble, qui a des
soupçons d'humanité: il use de la ruse, du double jeu (on découvrira plus tard
dans le film qui est son véritable commanditaire), et de l'ambiguïté sur son
statut. Lorsqu’il dit à la scientifique (Naomi Rapace) <em>"Parfois, on
aimerait tuer son créateur"</em> et qu'il aura sans doute <em>"sa liberté"</em>
suite à l'expédition, toute l'ambiguïté est là. Il semble presque vouloir
ressembler à ses créateurs. Il cherche même à négocier, à la fin du film, pour
de ruse dans le film pour sauver sa peau (comme le ferait un humain...),
demandant par exemple à l'une des protagonistes de la secourir, en lui
promettant en échange de lui trouver un vaisseau sur la planète. Troublante
aussi, cette scène, ou David se regarde dans un miroir et se recoiffe - comme
le ferait machinalement un humain...</p>
<p>Un véritable personnage qui aurait un caractère presque... humain, lointain
cousin du non moins complexe Répliquant Roy de <em>Blade Runner</em> (séquence
piquée dans <a href="http://monecranradar.blogspot.fr/2010/09/freres-humains-quest-ce-que-twitter-est.html">
ce billet</a> chez Jean-Christophe Féraud).</p>
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<p><strong>Foisonnement d'écrans, mise en abyme de l'image</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.ecrans3_m.jpg" alt="ecrans3.jpg" title="ecrans3.jpg, juin 2012" /></p>
<p>Dans des décors époustouflants créés par l'artiste suisse <strong>H.R.
Giger</strong> (il a déjà travaillé sur <em>Alien</em>), qui encore une fois,
me rappellent l'univers visuel d'Enki Bilal, un de mes auteurs préférés de BD
de science-fiction, on est dans des paysages lunaires, aux couleurs sombres et
froides, et quelques éléments lumineux, tels cette multitude d'écrans et
d'hologrammes.</p>
<p>Surtout, Ridley Scott s'essaie donc à la 3D. Il en use avec parcimonie, sans
abuser des effets de relief à répétition sur les premiers plans. La 3D est
utilisée de manière naturelle et discrète, tout pour juste pour quelques effets
de relief en avant-plan de certaines scènes, ou pour ces fascinantes séquences
de fantômes entourés d'une bruine, qui semble nous arriver sur le visage durant
le film.</p>
<p>Et, dans un vertigineux exercice de mise en abîme, le cinéaste <strong>met
en scène les écrans du futur</strong>. Comme dans tout film d'anticipation, il
part de nouvelles formes d'usage pour imaginer comment les technologies se
seront installées dans notre quotidien. Et il s'amuse donc à mettre en scène un
foisonnement d'écrans, omniprésents dans chaque plan : on retrouve bien
sûr les hologrammes, des classiques de la SF depuis <em>La guerre des
étoiles</em>... Des hologrammes qui lui permettent de mettre en scène des
écosystèmes complexes de planètes en 4D, ou encore des hologrammes que les
personnages peuvent activer instantanément, par exemple à partir d'une tablette
tactile, ou encore d'un surprenant Rubik's cube futuriste.</p>
<p><strong>O</strong>n y voit aussi les personnages utiliser des tablettes
tactiles basées sur des supports translucides, ou encore afficher des écrans
virtuels grand format. Même la très "robotique" Meredith Vickers a un écran
virtuel géant au fond de son appartement, sur lequel elle alterne différents
"fonds d'écrans", comme un champ de blé. Une mise en abyme aussi, lorsque
David, dont on découvrira ensuite qu'il est androïde, fait défiler les images
de la mémoire d'un personnage "endormi" en cryogénisation - des images aux
couleurs passées, qui semblent s'afficher sur un vieux téléviseur.</p>