Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - ectogenèse2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearCyborgs, eugénisme génétique... Un homme presque (trop) parfait ?urn:md5:02507ef07d1c0cf8203860559e06f9e42011-06-09T23:01:00+02:002011-06-11T09:30:42+02:00Capucine CousinR&D, innovationsCyborgectogenèsePatrimoine génétiqueTranshumanisme <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.aimee-mullins-dazed-plage_m.jpg" alt="aimee-mullins-dazed-plage.jpg" title="aimee-mullins-dazed-plage.jpg, juin 2011" /></p>
<p>Elle est grande et élancée, à l'élégance classique, actrice, ex-athlète hors
pair (demi-finaliste aux Jeux paralympiques d'Atlanta en 1996), mannequin pour
Alexander McQueen depuis 1999, et une des ambassadrice de L'Oréal Paris depuis
le dernier festival de Cannes, et thésarde. Au détour d'un <a href="http://abonnes.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/ARCHIVES/archives.cgi?ID=10620813a8a088d05e4cc46d23ae00e2d2af97e7d7500948">
article du ''Monde''</a> du 21 mai, elle avoue être <em>"fan des
escarpins"</em>, elle en a une centaine <em>"pour aller avec mes quinze paires
de prothèses de jambes"</em>. Aimee Mullins, Américaine de 34 ans, née sans
péronés, revendique son port de prothèses.</p>
<p>Son discours est troublant, et militant. Il illustre ce passage étonnant du
handicap à la <em>"cosmétique augmentée"</em>, avec un discours radical. Après
tout, <em>"Nous avons déjà nos prothèses: nos portables, ordinateurs... Pamela
Anderson a sans doute plus de prothèses (des implants issus de la chirurgie
esthétique, ndcc) dans son corps que moi. Un jour, nous aurons des membres sous
garantie avec option ,des prothèses au choix dans nos armoires"</em>,
assure-t-elle. On sourit à l’évocation de la série <em>L’Homme qui valait 3
milliards</em> avec Lee Majors, où le héros se voyait poser des membres
bioniques décuplant ses forces. Sûr, les robots ne nous remplaceront pas.</p>
<p><em>"Un homme diminué devient un homme augmenté". "Bienvenue dans un monde
où votre corps sera réinventé"</em>... Malgré des assertions qui flirtaient
parfois avec les slogans accrocheurs, le docu diffusé jeudi soir sur France 2
était passionnant, nous poussant dans nos retranchements. <strong><em>"Un homme
presque parfait"</em></strong> esquissait l'<strong>homme augmenté du
futur</strong>, alors que la robotique, l'intelligence artificielle, la
sélection génétique et la bionique débarquent dans les labos. Et suscitent
nombre de fantasmes sur l'"humain augmenté" du futur, où le hasard n'aura plus
sa place. Ce documentaire de Cécile Denjean nous plonge progressivement dans le
<em>trash technologinique du futur</em>, ou comment améliorer les performances
du corps humain par la technologie. Au détail près que l'on n'est plus
seulement dans une univers à la George Orwell : le futur, c’est - presque
- déjà maintenant. En le voyant, mes vieux démons <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/01/02/Et-si-la-science-fiction-%C3%A9tait-has-been">sur la
science-fiction</a> et l'homme bionique du futur auquel rêvent les <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/02/11/jesuismort">transhumanistes les plus fous</a> m'ont
rattrapée.</p>
<p><strong>Hommes bioniques "implantés"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/big_femmeaugmentee.jpg6.jpg" alt="big_femmeaugmentee.jpg6.jpg" title="big_femmeaugmentee.jpg6.jpg, juin 2011" /></p>
<p>Bienvenue donc dans un monde du futur où tous vos gènes sont sous contrôle
et soigneusement réinventés, et où le hasard n'a plus sa place. Dans cette
enquête très documentée, Cécile Denjean est allée dans plusieurs labos en
Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, pour voir des chercheurs passionnés de
cybernétique, ou qui flirtent avec l'euphorie eugéniste.</p>
<p>Premier exemple: cet Allemand, le <em>"premier homme bionique
d'Europe"</em> : amputé des deux bras suite à une décharge électrique de
20 000 volts, il a accepté de se faire greffer une prothèse inédite. Grâce à
une puce, son cerveau contrôle un bras artificiel avec des capteurs
ultra-sensibles. Le premier pas vers le cyborg... Il cite d'ailleurs
Schwarzenegger en mode <em>Terminator</em> comme modèle. De fait, il a
participé à un programme, Revolutionize prosthetics. Oh, étrangement, un
programme initié aux Etats-Unis par la DARPA( Defense Advanced Research
Projects Agency (DARPA) au début des années 2000: destiné aux militaires qui
rentraient amputés du front d'Irak, vante l'organisme <a href="http://www.darpa.mil/Our_Work/DSO/Programs/Revolutionizing_Prosthetics.aspx">sur
sa page d’accueil</a>. Mais cela esquisse aussi le soldat bionique du futur.
Flippant.</p>
<p>Au fil du documentaire, on nous égrène ces exemples de particuliers qui
acceptent de tester ces innovations scientifiques. Nathalie, qui <em>"a été
implantée il y a un an"</em> (notez le nouveau vocable qui émerge) : ses
électrodes à la clavicule et au cerveau sont destinées à mettre fin à des
troubles obsessionnels compulsifs sévères. Elle se sent "<em>normale, pas du
tout bionique"</em>. Aux Etats-Unis, à Huston, des chercheurs ont implanté 100
électrodes dans le cortex moteur d'un paraplégique. Il peut ainsi faire des
gestes virtuellement qui s'affichent sur un écran.</p>
<p><strong>Castes technologiques</strong></p>
<p>Mais par petites touches, la technologie réparatrice vire vers une
technologie de tri. "Une science de plus en plus invasive pénètre au coeur de
l'humain", avertit Cécile Denjean. La limite entre ceux qui soignent et ceux
qui augment , transforment, remodèlent, est de plus en plus floue. Dans un
univers où les publicités, affiches et icônes de papier glacé qui nous
susurrent à l'oreille la nécessité d'avoir un corps svelte, jeune, non-soumis
au vieillissement, parfait.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
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<p>Eh oui, <strong><em>Bienvenue à Gatacca</em></strong>: ce film de où l'on
distingue des "élus" à partir de leur patrimoine génétique, consciencieusement
trié, préfigure une réalité qui n'est déjà plus vraiment de la science-fiction.
Vous vous souvenez sans doute de cette séquence-culte où le généticien annonce
aux futurs parents qu'il s'est "permis" d'éliminer quelques "gènes"
supplémentaires. Promis, "c'est le meilleur de vous-même" qui a été
retenue...</p>
<p>A Los Angeles et à Hollywood, temple de la chirurgie esthétique, vous avez
déjà le choix : mères porteuses sur catalogue, incubateurs d'embryons, et
même possibilité de choisir le sexe - et plus - de son enfant. De fait,
quelques labos très privés proposent un diagnostic préimplantatoire à partir
d'une biopsie sur les embryons. Le circuit est parfaitement organisé pour les
couples en quête de l'enfant parfait, avec même... un service financier pour
monter un emprunt sur mesure, montre le documentaire. Car la "facture" est
salée: 18 490 dollars pour le diagnostic préimplantatoire pour choisir le sexe
de l'enfant, et jusque 30 000 dollars pour choisir la couleurs des yeux ou des
cheveux. <em>"C'est le bien de consommation ultime, que nous aurons pour
toujours"</em>, lâche un futur père dans le docu, avec une inconscience
absolue. Brrr. La brèche est déjà ouverte: en Angleterre, des médecins ont
accepté d'enlever des embryons qui auraient risqué de faire loucher
l'enfant.</p>
<p>Il faut voir là d'inquiétantes prémices à un <strong>eugénisme
génétique</strong>, qui posent de vertigineuses questions éthiques. Si on
élimine la fin et le hasard, on élimine le sens de la vie, et donc de la
mort.</p>
<p>Et cela est déjà en route: des chercheurs ont réussi à concevoir un
<strong>utérus artificiel</strong>, telle le professeur Hung-Ching Liu de
l’université Cornell à New-York, qui annonce en 2002 qu’elle a réussit à
implanter un embryon humain sur un utérus artificiel qu’elle avait
préalablement créé. Le chercheur Thomas H Shaffer a mis au point un liquide
amniotique artificiel permettant de sauver les bébés prématurés. Pour vérifier
la viabilité de cet utérus artificiel, la scientifique y a implanté des
embryons obtenus par Fécondation In Vitro (FIV). Ils ont bien accroché et ont
commencé à se développer. La législation actuelle n’autorisant pas
l’expérimentation sur l’embryon au delà de 6 jours, ceux-ci ont finalement été
détruits. La polémique a été énorme. Mais la boîte de Pandore est ouverte: elle
a ouvert la brèche à l’ectogenèse qu'avait imaginé Aldous Huxley: on sait que
cela est faisable. Même si Valérie Pécresse, dans un rapport pour l’
information sur la famille et les droits des enfants, a clairement montré
qu’elle était contre l’ectogenèse, la comparant au clonage.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.20090814_kevin_warwick_002_m.jpg" alt="20090814_kevin_warwick_002.jpg" title="20090814_kevin_warwick_002.jpg, juin 2011" /></p>
<p>En Grande-Bretagne, Kevin Warwick, professeur de cybernétique à l'Université
de Reading près de Londres, est devenu le <strong>premier cyborg</strong> après
s’être implanté une puce dans le bras pour mieux comprendre les liens que
pourraient à l’avenir tisser l’homme et la machine. Il s'est fait implanter une
puce RFID dans son bras gauche pour s'identifier et commander la domotique de
son labo, puis une seconde puce dans son bras, doté d'une main artificielle,
qui est connectée à son système nerveux.</p>
<blockquote>
<p>Après 6 semaines d’entrainement, pour que son cerveau et ses muscles
apprennent à maîtriser le système, il a réussi à détecter des objets les yeux
fermés quand ceux-ci étaient capables d’envoyer des informations à son capteur,
à faire bouger une main robotique mimant les mouvements de la sienne à l’autre
bout du monde, via l’internet, et à développer de nouvelles manières de
communiquer, notamment avec sa femme, relate <a href="http://www.internetactu.net/2008/02/27/kevin-warwick-ou-commence-la-machine-ou-finit-lhomme/">
InternetActu</a>.</p>
</blockquote>
<p>Des dingues radicaux en rêvent déjà : les <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/02/11/jesuismort">transhumanistes</a>, qui croient dur comme fer en
la capacité des technologies à améliorer l'être humain. Ils ont déjà leurs
"centres de recherches", comme à la <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Singularity_University">Singularity
university</a>, sur le campus de la Nasa dans la Silicon Valley. Alors qu'il y
a une longue frontière - à ne pas franchir - entre science-fiction et science
au service du business...</p>