Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - hacker2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclear"Mr Robot", & les hackers, super-héros des temps modernes (et pourquoi Hollywood les adore)urn:md5:a958bff132fd84a8f9f83df3774fcba22015-10-03T11:51:00+02:002015-10-05T18:34:14+02:00Capucine CousinCulture numériqueAnonymousChristian SlaterEvil CorphackerLisbeth SalanderMr RobotTron <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Mrrobot_2_m.jpg" alt="Mrrobot_2.jpg" title="Mrrobot_2.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>Voix off sur fondu noir. <em>"Bonjour mon ami. Bonjour mon ami? C'est
faible. Peut-être que je devrais te donner un nom, mais c'est une pente
glissante. Tu es seulement dans ma tête. Tu dois t'en rappeler. Merde! C'est en
train d'arriver. Je parle à une personne imaginaire"</em>. Petit uppercut dès
l'entrée en matière, révélatrice...</p>
<p><strong>D</strong>urant ces derniers jours, j'ai dégusté, puis dévoré, dans
un de ces <strong>accès de binge-watching</strong> qui <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">
deviennent la norme</a> dans notre "consommation" de la culture, la première
saison d'une nouvelle série, dont bon nombre de geeks de mon entourage parlent
en cette rentrée, alors qu'elle n'est même pas (pas encore ?) diffusée en
France. <strong>Mr Robot</strong> : c'est la plongée dans l'enfer
psychotique d'un nerd absolu, un hacker révolté, radical. En juin dernier, USA
Networks a commencé à diffuser la première saison de cette série, <em>Mr
Robot</em>, récompensée au très hype festival SXSW. La série a été réalisée par
Sam Esmail, et produite par United Cable ainsi que Anonymous Content (admirez
le clin d'eil)...</p>
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<p><strong>L</strong>e pitch: un jeune new-yorkais réservé, entre anxiété
sociale et dépression, Elliot Alderson (Rami Malek, acteur méconnu, génial)
développeur hyperdoué dans une grosse société de sécurité informatique
(Allsafe) le jour, hacker-voyeur-justicier la nuit, va se retrouver embringué
par une bande de hackers radicaux, par ailleurs militants hacktivistes (qui
renvoient bien sûr aux Anonymous) au sein d'un mystérieux groupe, Fsociety. Un
groupe dirigé par Edward Alderson, alias "Mr Robot" (Christian Slater). Ils
veulent détruire les infrastructures des plus grosses banques et entreprises du
monde, notamment le conglomérat tentaculaire E Corp (qu'il surnomme Evil Corp),
où l'on peut voir un mélange de Enron, Microsoft et Google. Avec cet idéal
volontiers libertaire, "casser" le système informatique de la multinationale,
et ainsi libérer tous les particuliers de leurs dettes... Cela va marcher, bien
au-delà de leurs espérances, au point d'entraîner des soulèvements populaires.
La série multiplie les références geeks : comme chez Tarantino, les
pirates de Fsociety ont des dialogues truffés de référances pour initiés
(<em>"je dois naviguer à travers un répertoire de structure en mode Tron", "Mon
subconscient tournant en tâche de fond me faisait douter de ce que j'avais fait
croire à tous les autres"</em>, lâche Elliot). Voilà pour résumer. Je ne vais
pas jouer les <em>spoilers</em> sur cette série que j'ai trouvée brillante,
radicale, provocatrice (peut-être trop pour qu'elle trouve un diffuseur chez
nos diffuseurs française ?), malgré quelques facilités dans le scénario.</p>
<p>Assurément, Mr Robot consacre <strong>un nouveau type de super-héros des
temps modernes</strong>, équipé de sa cape et son épée virtuels : le
hacker. Et j'y reviendrai, mais Hollywood adore : il a besoin en
permanence de nouveaux héros autour desquels broder des storytellings qui vont
faire rêver les foules... De quoi ringardiser les vieux super-héros qui donnent
des films cheap à (trop) gros budget. Qu'est-ce qui colle mieux à notre époque
déstabilisée q'un héros solitaire, rebelle, névrosé, et shooté à sa vie
numérique ?</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.mrrobot__m.jpg" alt="mrrobot_.jpg" title="mrrobot_.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>C'est bien le personnage de Elliot qui est au cœur de la série : tout
se déroule de son point de vue, il commente parfois en voix off, voire, semble
prendre à témoin nous, les téléspectateurs, dans certaines séquences. Elliot
donc, est en résumé "différent", n'accepte qu'a minima les codes de la vie en
société et en entreprise, a une vie numérique cachée, solitaire, a ses névroses
(qui deviendront centrales au fil de la série), ses addictions, a des opinions
politiques radicales (tendance gauche libertaire)... Mais il se veut justicier,
appliquant la justice à sa manière dans la vie numérique. Car il dispose de
compétences rares et peu connues, comme prodige de l'informatique, capable
d'accéder aux profondeurs du Dark Net - de quoi faire fantasmer le commun des
mortels, et, là encore, Hollywood...</p>
<p><strong>"Je ne sais pas comment parler aux gens"</strong></p>
<p><strong>P</strong>ortrait-robot de notre jeune (anti)-héros donc, qui
possède nombre de caractéristiques du hacker (et nerd)-type: l'adaptation au
monde du travail et la vie sociale n'ont rien de naturel pour lui. Son boss,
plutôt bienveillant à son égard, l'enjoint à ôter son hoodie (costume-type du
nerd depuis Mark Zuckerberg) pour être sagement en chemise sur son lieu de
travail. Sa meilleure amie, dans la même boîte que lui, tente vaimeent de le
convertir au bases de la vie sociale en l'invitant régulièrement aux pots
after-work avec d'autres jeunes dans le bar du coin. Souvent, il renonce au
moment de franchir la porte du bar. D'ailleurs, Elliot l'avoue: <em>"je ne sais
pas comment parler aux gens"</em>.</p>
<p>Sa vision de la société est radicale : il n'a pas de page Facebook,
qu'il hait, car <em>"les réseaux sociaux <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/10/03/gros%20plan%20sur%20un%20fil%20Twitter" title="gros plan sur un fil Twitter">gros plan sur un fil Twitter</a> consistent à se
spammer les uns les autres avec nos communautés de m***, en se faisant passer
pour un fake, sur les réseaux sociaux qui nous volent notre intimité"</em>.
Steve Jobs, héros des geeks, <em>"s'est fait des millions de dollars sur le dos
d'enfants"</em> <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/10/03/images%20d'une%20keynote%20de%20Steve%20Jobs,%20puis%20d'enfants%20qui%20travaillent%20dans%20des%20usines" title="images d'une keynote de Steve Jobs, puis d'enfants qui travaillent dans des usines">
images d'une keynote de Steve Jobs,...</a>. <em>"C'est pas parce que les Hunger
Games nous rendent heureux, mais parce qu'on veut être sous sédatifs. (...)
J'emmerde la société!"</em>, lâche Elliott à sa psy.</p>
<p>Il y a d'ailleurs des fulgurances dans la série, sous le prisme de la
dénonciation de la fausse transparence des réseaux sociaux : à un moment
donné (épisode 3), il lâche: <em>"Et si on affichait le code-source pour les
gens aussi ? Les gens aimeraient-ils voir?..."</em> Et cette séquence
surréaliste où il imagine les employés de son bureau portant des pancartes sont
placardés leurs secrets inavouables... Des fulgurances qui rendent la série
radicale, en se référant clairement à <em>Fight Club</em> de David Funcher
(1999).</p>
<p>Il a une haine certaine des multinationales, de 'Evil Corp', des puissants,
qui forment à ses yeux une secte secrète, <em>"un groupe puissant de gens
secrètement en train de contrôler le monde"</em>.</p>
<p>Il a <strong>un secret obsessionnel, une addiction</strong>: il hacke tous
les gens de son entourage: amis, collègues... Evidemment, il excelle dans le
hacking, ce qui lui servira au de Fsociety, allant jusqu'à hacker un parking, à
se créer une fausse page Wikipedia pour intègre le siège des serveurs de E
Corp, ou encore une prison en piratant à distance le portable t'un flic posté à
l'entrée... Parfois pour jouer les justiciers - autre caractéristique de la
culture hacker (référence aux Anonymous...), comme menacer l'amant infidèle de
sa psy. C'est d'ailleurs pour jouer les justiciers qu'il s'embarquera dans
l'aventure Fsociety, pour mettre à genoux 'Evil Corp'. A un moment donné
(épisode 3), il fixe le téléspectateur, affirmant <em>"J'ai bien droit à
quelques erreurs, je suis sur le point de changer le monde"</em>. Avec ce côté
noir et blanc propre à tout hacker ( <strong><em>Black hat & White
hat</em></strong>), à la fois "gentil" qui veut améliorer la sécurité
informatique pour le bien de l'Humanité (car le hacher est souvent idéaliste),
et "méchant" qui utilise se compétences à des fins criminelles.</p>
<p><strong>Le hacker, ce rebelle du Dark Net qu'Hollywood adore</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.v-for-vendetta-02_m.jpg" alt="v-for-vendetta-02.jpg" title="v-for-vendetta-02.jpg, oct. 2015" /></p>
<p><strong>A</strong>ssurément, le hacker est hype. Un reflet de la société, et
d'un certain syndrome de Stockholm auquel semble être en proie l'industrie de
l'entertainment US. En novembre 2014, alors que USA Network commandait à Sam
Esmail les 10 épisodes de la série, Sony Pictures était victime d'un piratage
des mails de ses dirigeants par le collectif Guardians of Peace, dévoilant
caprices de stars et blagues de mauvais aloi. Quatre mois plus tôt, les comptes
iCloud de dizaines de people étaient hackés par un sale gosse, et les photos de
Kate Upton et autres Kirsten Dunst circulaient sur 4chan et Reddit... La série
<em>Mr Robot</em> est aussi imprégnée des mouvements comme le Printemps arabe
en 2010 - 2011 et le rôle des réseaux sociaux (le réalisateur Sam Esmail est
égyptien), Occupy Wall Street en 2011 qui fustige le monde de la finance, ou
encore le piratage du site de rencontres extraconjugal Ashley Madison en
juillet 2015.</p>
<p>Il y a quelques années encore, le hacker vu par Hollywood était cet ado
boutonneux et bidouilleur à lunettes, cantonné à des seconds rôles. Puis il
devient un héros, tant dans la société que les médias. <strong>Edward
Snowden</strong> (consacré dans le documentaire <em>Citizenfour</em>, sorti en
2014), est devenu la star intègre des lanceurs d'alerte (une nouvelle race de
hackers intègres qui risquent leur vie au nom de la vérité...), comme le plus
ambigü <strong>Julian Assange</strong>. Dans le dernier James Bond,
<em>Skyfall</em>, on a vu réapparaître <strong>Q</strong> (vous savez,
l'inventeur) sous les traits d'un jeune geek hacker sexy.</p>
<p><strong>"Black hat, white hat", hacker freak, et cyber
justicier</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.millenium_m.jpg" alt="millenium.jpg" title="millenium.jpg, fév. 2012" /></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.thecode_main-620x349_m.jpg" alt="thecode_main-620x349.jpg" title="thecode_main-620x349.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>Le hacker le plus connu est bien sûr <strong>Lisbeth Salander</strong> (une
femme, enfin), personnage central de la saga <em>Millenium</em> (dont le tome 4
cartonne): la punkette gothique sombre, un brin hardcore, passée par la case
hôpitaux psychiatriques, aide le journaliste dans son enquête par sa propre
investigation en ligne grâce au hacking. Elle aussi, elle a ce côté un peu
freak où elle a une difficulté à interagir avec l'autre, et manie donc mieux le
clavier que les relations humaines. Comme <strong>Elliot</strong> de <em>Mr
Robot</em>. Ou encore comme <strong>Jess</strong> dans la série TV dystopique
<em>The Code</em> (diffusée par Arte ce printemps), dont on comprendra au fil
de la série qu'il est atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme qui
serait propre aux nerds.</p>
<p>C'est justement un hacker que Michael Mann a mis en scène dans son dernier
polar subtil, <em>Hacker</em> (Blackhat, en VO, sorti en mars 2015),
<strong>Nicholas Hathaway</strong>, un pirate informatique qui purge une peine
de prison, et est libéré s'il accepte de collaborer avec le FBI et le
gouvernement chinois pour démasquer le coupable d'une attaque informatique
contre une centrale nucléaire chinoise... Le héros solitaire est donc confronté
à un ennemi virtuel, une nouvelle Mafia numérique qui menace de détruire une
centrale. Michael Mann représente comme personne ce nouveau virus virtuel, qui
circule dans une multitude de circuits informatiques...</p>
<p>Cela fait longtemps que Hollywood représente le hacker comme justicier
masqué, tel un nouveau Batman. Depuis la mythique saga 80s <em>Tron</em>, ou
encore <em>Matrix</em>, et bien sûr <strong>Guy Fawkes</strong> dans <em>V for
Vendetta</em>, ce collectif de justiciers - bientôt rattrapé par la réalité,
lorsque les <strong>Anonymous</strong>, au début des années 2000, en viennent
revêtir son masque. Masque de justicier grimaçant qui est réapparu dans <em>Mr
Robot</em>.</p>