Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - women children2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclear"Men, women & children", liaisons dangereuses par écrans interposésurn:md5:eb3ba42508ca10725036f68b88fef9752014-12-10T22:51:00+01:002014-12-11T08:38:47+01:00Capucine CousinCulture numériqueFacebookiPhoneMMORPGSpike JonzeTwitterwomen childrenYouPorn <div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/lR_lKig3toQ?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/lR_lKig3toQ?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
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<p><strong>C</strong>ela commence par ces plans de foules, dans le métro, dans
la rue, dans un centre commercial, dans une cantine de lycée, où se superposent
des images d'écrans - des extraits de tweets, de chats, puis plus tard, de
pages Facebook. Ces enchevêtrements de mots parfois très intimes des
personnages du film qui tweetent, textotent, hésitent en écrivant des des
messages sur Facebook. C'est le cœur du film, une de ses originalités. Ces
images frappent déjà dans la bande annonce, il faut y voir <strong>une manière
nouvelle, qui casse les codes du cinéma classique, de mettre en scène notre
société numérique</strong>. Au passage, on notera <a href="http://www.slate.fr/culture/79106/gravity-affiche-twitter">cette mode</a>, sur
les affiches de films - dont du nôtre, évidemment - de citer des tweets en lieu
et place des extraits de critiques de films classiques.</p>
<p>Dans <strong><em>Men, women & children</em></strong>, sorti en salles
mercredi 10 décembre, Jason Reifman esquisse un état de lieu désenchanté des
effets de la culture Internet sur la société d'aujourd'hui. On y voit des
extraits de la vie - trop - numérique sur des habitants d'une banlieue
pavillonnaire américaine. Un brin moralisateur, Jason Reifman est tenté de
laisser entendre que ses personnages sont en partie malheureux à cause de cette
vie numérique. Un peu facile, certes. Le pitch donc: un ado accro au porno en
ligne, ce que son père (lui aussi adepte des Youporn cheap ;), découvre en se
connectant à son ordinateur dans sa chambre, un autre ado accro aux MMORPG, ces
jeux vidéo multijoueurs en ligne, une jeune fille qui suit de trop près les
conseils de sites "pro-ana", une mère parano adepte du cyber-espionnage de sa
fille, une autre mère qui, elle, met en ligne des images aguichantes de sa
fille adolescente...</p>
<p>Le réalisateur illustre ces faits de manière très concrète: la mère qui
flique littéralement sa fille (avec son consentement) en la géolocalisant sur
son smartphone, en parcourant régulièrement sa page Facebook et son profil
MySpace, et même les tréfonds de son ordinateur, l'ado anorexique qui se fait
conseiller sur un forum pro-ana lorsqu'elle est tentée de manger...</p>
<p><strong>Ultra moderne solitude "sociale"</strong></p>
<p><strong>De</strong> manière assez classique au cinéma (un peu à la manière
de l'excellent <em>Short cuts</em> de Robert Altmann), on y voit donc une
multitude de vies, d'histoires, qui s'entrecroisent. Avec un point commun, le
sujet du moment, <strong>le <em>Zeitgeist</em></strong> dont Jason Reifman
tente de s'emparer: les conséquences du tout-numérique, où comment les réseaux
sociaux multiples (Twitter, Facebook, les réseaux de gamers adeptes des MMORPG,
les sites de rencontres...) son devenus omniprésents dans nos vies. Au point de
créer de <strong>nouvelles formes d'ultra moderne solitude</strong> que
dénonçait Alain Souchon, et nos difficultés à communiquer avec ces réseaux
sociaux qui nous isolent autant qu'ils nous connectent partout dans le
monde.</p>
<p>On avait déjà vu Jason Reifman faire dans la satire féroce (super <em>Thank
you for smoking</em>) ou l'analyse sociologique un peu gnangnan (l’ambigu
<em>Juno</em>, ou le désir de maternité d'un adolescente), il fait de nouveau
dans l'analyse sociétale. Un peu simpliste et cliché. Avec, pèle-mêle, l'ado en
proie à se fantasmes à la sauce Youporn, un autre ado isolé par son jeu
vidéo... Sans compter les parents quadras las qui trouvent de nouveaux moyens -
sur ce maudit Web, toujours ;) - pour contourner leurs frustrations de couple,
soit ces nouveaux sites de rencontres extraconjugales - on note au passage le
<strong>placement de produit sur mesure</strong> qu'offre Jason Reifman au site
<em>Ashley Madison</em>, qui <a href="http://www.strategies.fr/actualites/marques/198163W/ashley-madison-ou-l-extra-pub.html">
a tenté son lancement</a> en France avec un coup de pub provoc'.</p>
<p><strong>Si</strong> l'ironie des débuts du film cède ensuite le pas à une
romance plus sage, ce qui m'intéresse ici est la manière innovante dont Reifman
tente de narrer les affres de notre nouvelle société numérique, rythmée par les
Twitter, Instagram, Facebook, YouPorn, et autres Tinder. <a href="http://www.strategies.fr/etudes-tendances/tendances/235009W/robots-series-tv-human-trop-human.html">
De rares fictions</a> ont mis en scène jusqu'à présent ce tournant : cela
a surtout été le cas de films d'anticipation, comme le remarquable <em>Her</em>
de Spike Jonze (que <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2014/03/19/%22Her%22%2C-quelle-voix-%28d%C3%A9sincarn%C3%A9e%29%2C-%C3%A8re-de-l-ultra-moderne-solitude">
je chroniquais ici)</a>, ou, dans une certaine mesure, <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2013/04/03/Des-%22hubots%22-plus-vrais-que-nature">la série</a> <em>Real
Humans</em>.</p>
<p><strong>Texto sur grand écran</strong></p>
<p><strong>Alors,</strong> comment représenter en images ces nouvelles manières
qu'ont les êtres humains de communiquer entre eux?__ Que faire du texto à
l’écran ? Comment l'intégrer le texto dans une fiction ? Après tout,
rien qu'en France, on envoie en moyenne 8 sms ou mms par jour, et même jusque
80 pour un adolescent. Le classique champ-contrechamp ne suffit plus. Pour
représenter cette société où l'on a nos regards fixés sur les écrans de nos
téléphones, tablettes et ordinateurs, Reifman ouvre donc <em>Men, Women &
Children</em> avec cette superbe scène de foule avec en "nuage" ces mini-écrans
de textos et messages sur Facebook que s'envoient les personnages. Un gadget
visuel qu'il abandonne au bout d'une bonne demi-heure, mais qu'il a donc été un
des premiers à tenter dans une fiction.</p>
<p>Le texto en surimpression, on l'a déjà vu, notamment, dans le film politique
<em>L’exercice de l’Etat</em> (Pierre Schoeller, 2011), ou encore la série
politique <em>Les hommes de l'ombre</em> (France 2, 2013/2014). On le vit
ensuite dans la série <em>House of cards</em> de Netflix, ainsi que la série
britannique <em>Sherlock</em> (2010) de la BBC. Au passage, une fois de plus,
la surimpression du texto permet de faire du placement de produit: non plus
simplement la pomme d’Apple, mais une interface, celle de l'iPhone, désormais
familier à tous, décidément entré dans notre quotidien.</p>