Apple sponsor de films ?

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Est-ce que les produits Apple seraient devenus omniprésents au point que l'on ne pourrait plus s'en passer ? Ont-ils pénétré notre quotidien, nos vies, sont-ils entrés massivement dans les usages? Sont-ils devenus indispensables ?

La geekette Lisbeth Salander pour ses recherches de hacher, tout comme le journaliste d'investigation Mikael Blomkvist dans Millenium de David Fincher, Les très bobos personnages de L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder, Juliette Binoche qui incarne une journaliste dans Elles, sur les écrans depuis hier, Tom Cruise dans Mission Impossible 4, les protagonistes de la (très bonne) série Les hommes de l'ombre, actuellement diffusée sur France 2...

Ce sont quelques-uns des derniers films ou séries que j'ai vus. Ils ont tous un point en commun: les personnages y reçoivent des appels ou envoient des SMS depuis leur iPhone, écoutent de la musique depuis... leur iPhone, écrivent, codent, hackent, envoient des mails sur leur Macbook Pro, surfent sur Internet ou font des montages d'images sur leur iPad. Le logo Apple y est à peine dissimulé, bien au contraire: on reconnaît de toute façon facilement un iPhone par sa seule ergonomie (la photo des personnages qui appellent sur un iPhone) et un Macbook par son design (la pomme blanche sur la coque grise du Macbook)...

C'est dire à quel point l'univers Apple est devenu omniprésent dans nos vies. En tous cas, c'est ce que reflète un certain pan du cinéma, avec sa part de rêve, sa prime à la technologie, et donc la nécessité de mettre en scène les marques branchées du moment et/ou qui sont entrées dans les usages. Du moins pour certaines catégories de la population. Il faut rappeler au passage que l'iPhone est loin d'être le téléphone mobile le plus utilisé: il ne représente encore "que" 8,7% de parts de marché dans le monde fin 2011, d'après l'institut IDC.

Bien sûr, le placement de produits est monnaie courante dans le cinéma depuis ses débuts (une pratique que l'on voit aussi débarquer dans la littérature, que j'évoque ici et ). Il est plutôt l'apanage de blockbusters américains, voire fait sens dans la logique narrative de nombre de films (on pense bien sûr aux James Bond)... Même Almodovar y recourt depuis longtemps, depuis Talons aiguilles (ah! Victoria Abril et ses tailleurs Chanel...) à La piel que habito, entre les bagnoles BMW et les écrans plasma Panasonic. Mais il est par essence multimarques, les scénaristes intégrant des marques dès l'écriture du scenar pour apporter du réalisme au récit... et très prosaïquement bénéficier d'avantages en nature (prêts de produits...), en formalisant la pratique par la signature de contrats, en passant par des agences spécialisées, telles Marques et films.

Avec Apple, on franchit un cap. Ce sont bien les produits d'une même marque qui sont mis en scène dans plusieurs films (je vous laisse le soin de compléter ma liste très exhaustive par d'autres exemples de films en commentaires ;). A tel point que l'on a l'impression que certains sont carrément sponsorisés par Apple, tellement les produits sont intégrés dans le récit, mis en scène durant de longues secondes (ou minutes...) avec démos grandeur nature entre les mains des acteurs ! Et je suis prête à parier que les scénaristes desdits films ne sont pas passés par une société de placement de produits pour intégrer des produits Apple dans leurs films ! De toute façon, il n'est pas sûr qu'Apple aurait accepté, culte de la rareté et du secret oblige...

Petit passage en revue...

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Dans Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, c'est manifeste: on a au bas mot 10 minutes d'utilisation de Macbook Pro (logo et nom bien visibles) par les deux personnages principaux, pour écrire, envoyer des mails, hacker en loucedé, faire des agrandissements de photos... Un mode d'emploi grandeur nature pour Mac ;) Alors certes, dans cette magnifique adaptation, David Fincher n'a fait que reprendre des placements de produits déjà (trèèès) omniprésents dans le roman de Stieg Larssen, me faisait-on remarquer sur Twitter la semaine dernière. Pas de jaloux: dans le film US, Nokia, Epson, HP, Canon ont aussi droit à leurs quelques secondes d'apparition.

Si on poursuit l'exercice, dans le très mielleux (et moyen) L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder, le catalogue de produits est assez hallucinant, de GQ à la marque de décor Bo (je vous laisse le plaisir d'admirer la très impressionnante liste de remerciements dans le générique de fin...), en passant, donc, par le Macbook Pro (lorsque le héros esquisse son roman... forcément), et bien évidemment par l'iPhone, utilisé par le héros pour téléphoner, écouter de la musique (le fil blanc des écouteurs reconnaissable entre tous...), envoyer des SMS. A munira 10 minutes de placements de produits Apple.

Autre atout: mettre en scène les nouveaux usages de produits qui constituent eux-mêmes des innovations de rupture. Telle l'iPad, utilisée de manières diverses par Tom Cruise dans Mission Impossible 4, dont dans une impressionnante scène où elle sert de vidéoprojecteur dans un couloir... Certes, on entrevoit à peine la pomme... En tous cas, la tablette est mise en scène parmi d'autres joujoux technos, tels ces gants autogrippants sur des parois vitrées, ou ces lentilles de contacts dotées de caméras infrarouges. Au passage, on apprend au détour de ce billet que son réalisateur Brad Bird, fan d'Apple, a travaillé... chez les studios Pixar, et a ainsi eu l'occasion de travailler avec Steve Jobs.

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Le Macbook Air utilisé par Tom Cruise...

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...Et son iPhone avec une app dédiée

Et dans Les hommes de l'ombre, la grosse production française du moment, une fiction de 8 épisodes sur les spin doctors, réalisée par Dan Franck, les personnages travaillent sur des Mac, et reçoivent leurs appels.... sur des iPhone.

Ce ne sont que quelques exemples, pris sur des productions de ce dernier mois. Je pourrais aussi citer pour l'an dernier le blockbuster d'horreur Scream 4, qui donne la part belle à l'iPhone... jusqu'à la sonnerie récurrent dans le film, qui est la sonnerie par défaut de l'iPhone. Maaagnifique "placement sonore" de marque...

Mais c'est bel et bien une habitude pour Apple, une des marques les plus citées dans les films. Près d'un film sur trois aux Etats-Unis, parmi les films en tête du box office ont fait apparaître un produit de la marque à la pomme en 2010, d'après le site Brandchannel, qui tient un classement annuel de placements de produits.

Commentaires

1. Le dimanche 5 février 2012, 12:14 par Alex Lenoir

Le placement de produit dans la littérature est une très vieille habitude. Quelques un de mes cours à l'IFP il y a 20 ans portaient sur ce sujet. Un habitué du genre : Gérard de Villiers. C'est peut-être plus courant aujourd'hui, ou moins tabou ?

2. Le dimanche 5 février 2012, 18:53 par Xavier

Dans le cas d'Apple, je ne suis même pas sur qu'Apple paye ou gère ces placements de produits ... les décorateurs prennent leur mac ou Iphone car ils les ont sous la main ... Dur pour les autres marques ...

3. Le lundi 6 février 2012, 11:42 par Adrienhb

Euh... rien de nouveau dans ce billet. Cela fait une éternité que les produits pommés sont mis en avant dans les films et séries. Bien bien longtemps, avant même que l'iMac ne soit sorti et relance Apple.
Et le pire, c'est que je crois bien qu'Apple ne paie rien et ne cherche même pas à pousses ses produits... les utilisateurs le font à sa place.

4. Le mardi 7 février 2012, 08:27 par Capucine

@Alex: oui, pratique assez ancienne dans la littérature - j'en parlais dans un billet antérieur vers lequel je renvoie... Même Balzac pratiquait cela dans "La comédie humaine". Mais le fait que ces placements de produits soient formalisés, fassent l'objet de contrats, c'est cela qui est nouveau.

@Xavier: oui, ils n'ont pas besoin, les scénaristes s'en chargent.. Nokia aurait payé pour apparaître dans Millenium? ;)