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lundi 14 mai 2007

Disease mongering, des maladies sur ordonnance

(Encore) un peu d'autopromo, j'ai publié dernièrement dans le bimensuel éco "Terra Economica" (un journal un peu alter qui gagne à être connu, allez faire un tour sur leur site...), dans l'édition du 26 avril, article sur le "disease mongering", ces pathologies plus ou moins créées ou gonflées par les labos pharmaceutiques.

Inutile de vous dire que le sujet est difficile à aborder sans exagérer le phénomène... Article consultable , sur abonnement.

Pour résumer : un des précédents les plus connus date d'automne 2001, où en plein traumatisme post-11 septembre, le laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) annonce des « millions d’Américains » souffriraient de « troubles d’angoisse sociale ». Epidémie ? Non, stratégie marketing. C’est Cohn & Wolfe, l’agence de relations publiques du laboratoire, qui tire les ficelles. Pour doper les ventes d’un antidépresseur du nom de Paxil, laminé par son concurrent mondialement connu : le Prozac. Et l’agence Cohn & Wolfe casse les habitudes de la profession. Plutôt que vanter son médicament, elle opte pour une campagne « d’information » à destination du grand public et des médias. Cohn & Wolfe va créer et « vendre » à l’opinion un trouble mental calibré pour les propriétés du Paxil. ..

Le « disease mongering » consiste donc à « construire » une maladie pour vendre des médicaments. Calvitie, problèmes d’érection masculine, dysfonction sexuelle féminine, hyperactivité de l’enfant, dépression : ces syndromes, authentiques mais complexes à définir et à quantifier, sont montés en épingle par l’industrie pharmaceutique nord-américaine.

En fait, le phénomène s’est accéléré en partie grâce à la réglementation sur le « direct to consumer advertising », par laquelle les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande autorisent la publicité grand public pour des médicaments sur prescription.

En Europe, on peut citer la start-up Neorphys, qui brevete depuis septembre 2005 des molécules de médicaments du bien-être, destinés à « rendre la vie plus agréable plutôt que de soigner », ou Pelvipharm, prestataire de recherches pour des laboratoires, qui planche aussi sur les troubles sexuels féminins, un « domaine médical presque vide », estime le professeur François Giuliano, son directeur scientifique.

Voir à ce sujet le site dédié, monté par des chercheurs, et l'édition spéciale de la revue PLoS Medicine.