Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Anonymous2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclear"Mr Robot", & les hackers, super-héros des temps modernes (et pourquoi Hollywood les adore)urn:md5:a958bff132fd84a8f9f83df3774fcba22015-10-03T11:51:00+02:002015-10-05T18:34:14+02:00Capucine CousinCulture numériqueAnonymousChristian SlaterEvil CorphackerLisbeth SalanderMr RobotTron <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Mrrobot_2_m.jpg" alt="Mrrobot_2.jpg" title="Mrrobot_2.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>Voix off sur fondu noir. <em>"Bonjour mon ami. Bonjour mon ami? C'est
faible. Peut-être que je devrais te donner un nom, mais c'est une pente
glissante. Tu es seulement dans ma tête. Tu dois t'en rappeler. Merde! C'est en
train d'arriver. Je parle à une personne imaginaire"</em>. Petit uppercut dès
l'entrée en matière, révélatrice...</p>
<p><strong>D</strong>urant ces derniers jours, j'ai dégusté, puis dévoré, dans
un de ces <strong>accès de binge-watching</strong> qui <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/04/16/De-Netflix-%C3%A0-Spotify%2C-un-nouveau-consum%C3%A9risme-culturel">
deviennent la norme</a> dans notre "consommation" de la culture, la première
saison d'une nouvelle série, dont bon nombre de geeks de mon entourage parlent
en cette rentrée, alors qu'elle n'est même pas (pas encore ?) diffusée en
France. <strong>Mr Robot</strong> : c'est la plongée dans l'enfer
psychotique d'un nerd absolu, un hacker révolté, radical. En juin dernier, USA
Networks a commencé à diffuser la première saison de cette série, <em>Mr
Robot</em>, récompensée au très hype festival SXSW. La série a été réalisée par
Sam Esmail, et produite par United Cable ainsi que Anonymous Content (admirez
le clin d'eil)...</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/embed/U94litUpZuc?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/embed/U94litUpZuc?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p><strong>L</strong>e pitch: un jeune new-yorkais réservé, entre anxiété
sociale et dépression, Elliot Alderson (Rami Malek, acteur méconnu, génial)
développeur hyperdoué dans une grosse société de sécurité informatique
(Allsafe) le jour, hacker-voyeur-justicier la nuit, va se retrouver embringué
par une bande de hackers radicaux, par ailleurs militants hacktivistes (qui
renvoient bien sûr aux Anonymous) au sein d'un mystérieux groupe, Fsociety. Un
groupe dirigé par Edward Alderson, alias "Mr Robot" (Christian Slater). Ils
veulent détruire les infrastructures des plus grosses banques et entreprises du
monde, notamment le conglomérat tentaculaire E Corp (qu'il surnomme Evil Corp),
où l'on peut voir un mélange de Enron, Microsoft et Google. Avec cet idéal
volontiers libertaire, "casser" le système informatique de la multinationale,
et ainsi libérer tous les particuliers de leurs dettes... Cela va marcher, bien
au-delà de leurs espérances, au point d'entraîner des soulèvements populaires.
La série multiplie les références geeks : comme chez Tarantino, les
pirates de Fsociety ont des dialogues truffés de référances pour initiés
(<em>"je dois naviguer à travers un répertoire de structure en mode Tron", "Mon
subconscient tournant en tâche de fond me faisait douter de ce que j'avais fait
croire à tous les autres"</em>, lâche Elliot). Voilà pour résumer. Je ne vais
pas jouer les <em>spoilers</em> sur cette série que j'ai trouvée brillante,
radicale, provocatrice (peut-être trop pour qu'elle trouve un diffuseur chez
nos diffuseurs française ?), malgré quelques facilités dans le scénario.</p>
<p>Assurément, Mr Robot consacre <strong>un nouveau type de super-héros des
temps modernes</strong>, équipé de sa cape et son épée virtuels : le
hacker. Et j'y reviendrai, mais Hollywood adore : il a besoin en
permanence de nouveaux héros autour desquels broder des storytellings qui vont
faire rêver les foules... De quoi ringardiser les vieux super-héros qui donnent
des films cheap à (trop) gros budget. Qu'est-ce qui colle mieux à notre époque
déstabilisée q'un héros solitaire, rebelle, névrosé, et shooté à sa vie
numérique ?</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.mrrobot__m.jpg" alt="mrrobot_.jpg" title="mrrobot_.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>C'est bien le personnage de Elliot qui est au cœur de la série : tout
se déroule de son point de vue, il commente parfois en voix off, voire, semble
prendre à témoin nous, les téléspectateurs, dans certaines séquences. Elliot
donc, est en résumé "différent", n'accepte qu'a minima les codes de la vie en
société et en entreprise, a une vie numérique cachée, solitaire, a ses névroses
(qui deviendront centrales au fil de la série), ses addictions, a des opinions
politiques radicales (tendance gauche libertaire)... Mais il se veut justicier,
appliquant la justice à sa manière dans la vie numérique. Car il dispose de
compétences rares et peu connues, comme prodige de l'informatique, capable
d'accéder aux profondeurs du Dark Net - de quoi faire fantasmer le commun des
mortels, et, là encore, Hollywood...</p>
<p><strong>"Je ne sais pas comment parler aux gens"</strong></p>
<p><strong>P</strong>ortrait-robot de notre jeune (anti)-héros donc, qui
possède nombre de caractéristiques du hacker (et nerd)-type: l'adaptation au
monde du travail et la vie sociale n'ont rien de naturel pour lui. Son boss,
plutôt bienveillant à son égard, l'enjoint à ôter son hoodie (costume-type du
nerd depuis Mark Zuckerberg) pour être sagement en chemise sur son lieu de
travail. Sa meilleure amie, dans la même boîte que lui, tente vaimeent de le
convertir au bases de la vie sociale en l'invitant régulièrement aux pots
after-work avec d'autres jeunes dans le bar du coin. Souvent, il renonce au
moment de franchir la porte du bar. D'ailleurs, Elliot l'avoue: <em>"je ne sais
pas comment parler aux gens"</em>.</p>
<p>Sa vision de la société est radicale : il n'a pas de page Facebook,
qu'il hait, car <em>"les réseaux sociaux <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/10/03/gros%20plan%20sur%20un%20fil%20Twitter" title="gros plan sur un fil Twitter">gros plan sur un fil Twitter</a> consistent à se
spammer les uns les autres avec nos communautés de m***, en se faisant passer
pour un fake, sur les réseaux sociaux qui nous volent notre intimité"</em>.
Steve Jobs, héros des geeks, <em>"s'est fait des millions de dollars sur le dos
d'enfants"</em> <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2015/10/03/images%20d'une%20keynote%20de%20Steve%20Jobs,%20puis%20d'enfants%20qui%20travaillent%20dans%20des%20usines" title="images d'une keynote de Steve Jobs, puis d'enfants qui travaillent dans des usines">
images d'une keynote de Steve Jobs,...</a>. <em>"C'est pas parce que les Hunger
Games nous rendent heureux, mais parce qu'on veut être sous sédatifs. (...)
J'emmerde la société!"</em>, lâche Elliott à sa psy.</p>
<p>Il y a d'ailleurs des fulgurances dans la série, sous le prisme de la
dénonciation de la fausse transparence des réseaux sociaux : à un moment
donné (épisode 3), il lâche: <em>"Et si on affichait le code-source pour les
gens aussi ? Les gens aimeraient-ils voir?..."</em> Et cette séquence
surréaliste où il imagine les employés de son bureau portant des pancartes sont
placardés leurs secrets inavouables... Des fulgurances qui rendent la série
radicale, en se référant clairement à <em>Fight Club</em> de David Funcher
(1999).</p>
<p>Il a une haine certaine des multinationales, de 'Evil Corp', des puissants,
qui forment à ses yeux une secte secrète, <em>"un groupe puissant de gens
secrètement en train de contrôler le monde"</em>.</p>
<p>Il a <strong>un secret obsessionnel, une addiction</strong>: il hacke tous
les gens de son entourage: amis, collègues... Evidemment, il excelle dans le
hacking, ce qui lui servira au de Fsociety, allant jusqu'à hacker un parking, à
se créer une fausse page Wikipedia pour intègre le siège des serveurs de E
Corp, ou encore une prison en piratant à distance le portable t'un flic posté à
l'entrée... Parfois pour jouer les justiciers - autre caractéristique de la
culture hacker (référence aux Anonymous...), comme menacer l'amant infidèle de
sa psy. C'est d'ailleurs pour jouer les justiciers qu'il s'embarquera dans
l'aventure Fsociety, pour mettre à genoux 'Evil Corp'. A un moment donné
(épisode 3), il fixe le téléspectateur, affirmant <em>"J'ai bien droit à
quelques erreurs, je suis sur le point de changer le monde"</em>. Avec ce côté
noir et blanc propre à tout hacker ( <strong><em>Black hat & White
hat</em></strong>), à la fois "gentil" qui veut améliorer la sécurité
informatique pour le bien de l'Humanité (car le hacher est souvent idéaliste),
et "méchant" qui utilise se compétences à des fins criminelles.</p>
<p><strong>Le hacker, ce rebelle du Dark Net qu'Hollywood adore</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.v-for-vendetta-02_m.jpg" alt="v-for-vendetta-02.jpg" title="v-for-vendetta-02.jpg, oct. 2015" /></p>
<p><strong>A</strong>ssurément, le hacker est hype. Un reflet de la société, et
d'un certain syndrome de Stockholm auquel semble être en proie l'industrie de
l'entertainment US. En novembre 2014, alors que USA Network commandait à Sam
Esmail les 10 épisodes de la série, Sony Pictures était victime d'un piratage
des mails de ses dirigeants par le collectif Guardians of Peace, dévoilant
caprices de stars et blagues de mauvais aloi. Quatre mois plus tôt, les comptes
iCloud de dizaines de people étaient hackés par un sale gosse, et les photos de
Kate Upton et autres Kirsten Dunst circulaient sur 4chan et Reddit... La série
<em>Mr Robot</em> est aussi imprégnée des mouvements comme le Printemps arabe
en 2010 - 2011 et le rôle des réseaux sociaux (le réalisateur Sam Esmail est
égyptien), Occupy Wall Street en 2011 qui fustige le monde de la finance, ou
encore le piratage du site de rencontres extraconjugal Ashley Madison en
juillet 2015.</p>
<p>Il y a quelques années encore, le hacker vu par Hollywood était cet ado
boutonneux et bidouilleur à lunettes, cantonné à des seconds rôles. Puis il
devient un héros, tant dans la société que les médias. <strong>Edward
Snowden</strong> (consacré dans le documentaire <em>Citizenfour</em>, sorti en
2014), est devenu la star intègre des lanceurs d'alerte (une nouvelle race de
hackers intègres qui risquent leur vie au nom de la vérité...), comme le plus
ambigü <strong>Julian Assange</strong>. Dans le dernier James Bond,
<em>Skyfall</em>, on a vu réapparaître <strong>Q</strong> (vous savez,
l'inventeur) sous les traits d'un jeune geek hacker sexy.</p>
<p><strong>"Black hat, white hat", hacker freak, et cyber
justicier</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.millenium_m.jpg" alt="millenium.jpg" title="millenium.jpg, fév. 2012" /></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.thecode_main-620x349_m.jpg" alt="thecode_main-620x349.jpg" title="thecode_main-620x349.jpg, oct. 2015" /></p>
<p>Le hacker le plus connu est bien sûr <strong>Lisbeth Salander</strong> (une
femme, enfin), personnage central de la saga <em>Millenium</em> (dont le tome 4
cartonne): la punkette gothique sombre, un brin hardcore, passée par la case
hôpitaux psychiatriques, aide le journaliste dans son enquête par sa propre
investigation en ligne grâce au hacking. Elle aussi, elle a ce côté un peu
freak où elle a une difficulté à interagir avec l'autre, et manie donc mieux le
clavier que les relations humaines. Comme <strong>Elliot</strong> de <em>Mr
Robot</em>. Ou encore comme <strong>Jess</strong> dans la série TV dystopique
<em>The Code</em> (diffusée par Arte ce printemps), dont on comprendra au fil
de la série qu'il est atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme qui
serait propre aux nerds.</p>
<p>C'est justement un hacker que Michael Mann a mis en scène dans son dernier
polar subtil, <em>Hacker</em> (Blackhat, en VO, sorti en mars 2015),
<strong>Nicholas Hathaway</strong>, un pirate informatique qui purge une peine
de prison, et est libéré s'il accepte de collaborer avec le FBI et le
gouvernement chinois pour démasquer le coupable d'une attaque informatique
contre une centrale nucléaire chinoise... Le héros solitaire est donc confronté
à un ennemi virtuel, une nouvelle Mafia numérique qui menace de détruire une
centrale. Michael Mann représente comme personne ce nouveau virus virtuel, qui
circule dans une multitude de circuits informatiques...</p>
<p>Cela fait longtemps que Hollywood représente le hacker comme justicier
masqué, tel un nouveau Batman. Depuis la mythique saga 80s <em>Tron</em>, ou
encore <em>Matrix</em>, et bien sûr <strong>Guy Fawkes</strong> dans <em>V for
Vendetta</em>, ce collectif de justiciers - bientôt rattrapé par la réalité,
lorsque les <strong>Anonymous</strong>, au début des années 2000, en viennent
revêtir son masque. Masque de justicier grimaçant qui est réapparu dans <em>Mr
Robot</em>.</p>Pirat@ge: du hacktivisme au hacking de masseurn:md5:6949d071893257e42dbf47fee4d3fc742011-03-27T20:49:00+02:002011-03-28T20:13:26+02:00Capucine CousinWebAnonymousFrance 4Gregory BrothershackersHacktivismeMITOwniPir@tage <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.pirater-blog_m.jpg" alt="pirater-blog.gif" title="pirater-blog.gif, mar. 2011" /></p>
<p>Ils sont quatre, dont trois frères, jeunes et (à première vue ;) innocents,
et leur clip, "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=MX0D4oZwCsA">Double
Rainbow song</a>", bidouillé non pas au fond d'un garage mais dans le salon
familial, avec un piano, a attiré plus de 20 millions de visiteurs. Un clip
parodique qui a généré un buzz énorme, à partir d'une simple vidéo amateur d'un
homme à la limite de la jouissance devant un phénomène rare : deux arcs en
ciel.. Au point - le comble - que Microsoft a recruté le "Double Rainbow guy"
pour sa nouvelle pub pour Windows Live Photo Gallery. Ou quand l'industrie
pirate les pirates...</p>
<p>Les Gregory Brothers ont réalisé sans le faire exprès quelques tubes par la
seule voie numérique grâce à un petit outil, <strong>Auto-Tune the
News</strong> (Remixe les infos en français dans le texte), qui permet à tout
un chacun de détourner des reportages TV en y superposant des montages de sons,
avec le logiciel de correction musicale Auto-Tune. Comme "Bed intruder song",
un remix de reportage qui montre Antoine Dodson interviewé par une chaîne TV
suite à un fait divers (l’intrusion d’un inconnu dans la chambre de sa sœur).
Un témoignage qui va le propulser en superstar du web lorsque les Gregory
Brothers transforment ses paroles en une mélodie hip-hop vraiment efficace.
Plein d'internautes ont été prêts à la voir - et la payer en ligne - une fois
qu'elle était disponible sur iTunes - CQFD. Je vous laisse le plaisir de
déguster cette mise en bouche...</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
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<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p><strong>"La propriété c'est le vol"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.hackermanif_m.jpg" alt="hackermanif.jpg" title="hackermanif.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>De détournement satirique à piratage, il n'y a qu'un pas. J'ai eu la chance,
cette semaine, de voir en avant-première le documentaire
<strong>"Pirat@ge"</strong>, réalisé par les journalistes Étienne Rouillon
(magazine "Trois couleurs") et Sylvain Bergère, diffusé le 15 avril sur France
4 (1). Pour la première fois, un docu retrace l'histoire du piratage, avec un
parti-pris du côté des hackers, parfaitement assumé. <em>"A quoi ressemblerait
Internet sans les pirates ? Au Minitel ! Depuis cinquante ans, des
petits génies ont façonné le web, souvent en s’affranchissant des lois. Des
pirates ? Ils sont à la fois grains de sable et gouttes d’huile dans les
rouages de la grosse machine Internet"</em>. Voilà le postulat des auteurs de
ce docu.</p>
<p>Un docu malin, forcément un peu brouillon à force de vouloir englober tout
ou presque de la <strong>culture du hacking</strong> (en effleurant
l'hacktivisme et les engagements citoyens qu'il implique) en 1 heure 30,
parfois en surface. Mais il offre une plongée assez passionnante dans cette
culture des <strong>flibustiers des temps modernes</strong>, apparus dans les
années 80 - bien avant l'Internet. Dès 1983, lorsque lorsque les premiers
ordinateurs font leur apparition dans les foyers (remember l'Apple I de Steve
Wozniak et Steve Jobs en 1976...), les hackers font leurs débuts en essayant de
casser les protections anti-copie ou en détournant les règles des jeux
informatiques. Ils font leur le dicton de Pierre-Joseph Proudhon,
<strong><em>"La propriété c'est le vol"</em></strong>.</p>
<p>Dans un esprit très post-70s, l'<strong>éthique du hack</strong>, élaborée
au MIT (mais que l'on peut retrouver dans le <a href="http://www.mithral.com/~beberg/manifesto.html">Hacker Manifesto</a> du 8
janvier 1986), prône alors six principes:</p>
<ul>
<li>L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous apprendre comment le
monde marche vraiment - devrait être illimité et total.</li>
<li>L'information devrait être libre et gratuite.</li>
<li>Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation.</li>
<li>Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des
critères qu'ils jugent factices comme la position, l’âge, la nationalité ou les
diplômes.</li>
<li>On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur.</li>
<li>Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.</li>
</ul>
<p>Eh oui! Car dès ses débuts, le hacking a été théorisé au mythique MIT:
<em>"Au MIT, le besoin de libérer l'information répondait à un besoin pratique
de partager le savoir pour améliorer les capacités de l'ordinateur.
Aujourd'hui, dans un monde où la plupart des informations sont traitées par
ordinateur, ce besoin est resté le même"</em>, résume <a href="http://biblioweb.samizdat.net/article39.html">ce billet</a> chez Samizdat.
Dans l'émission, Benjamin Mako Hill, chercheur au <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/MIT_Media_Lab">MIT Media Lab</a>, ne dit pas
autre chose: développeur, membre des bureaux de la FSF et Wikimedia, pour lui,
<em>"l’essence du logiciel libre est selon moi de permettre aux utilisateurs de
micro-informatique d’être maître de leur machine et de leurs données"</em>.</p>
<p>Pour ce docu, Étienne Rouillon et Sylvain Bergère sont allés voir plusieurs
apôtres du hacking, tel John Draper, hacker, alias "Captain Crunch", un des
pionniers hackers en télécoms. Un détournement qui tient du simple bidouillage,
mais qui a contribué à créer la légende, la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blue_Box_%28phreaking%29">blue box</a>. Il
s'agissait d'un piratage téléphonique qui consistait à reproduire la tonalité à
2600 Hz utilisée par la compagnie téléphonique Bell pour ses lignes longue
distance, à partir d'un simple sifflet ! Une propriété exploitée par les
phreakers pour passer gratuitement des appels longue distance, souvent via un
dispositif électronique - la blue box - servant entre autres à générer la
fameuse tonalité de 2600 hertz.</p>
<p><strong>"Napster a ouvert la voie à l'iPod"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.The-pirate-Bay_s.jpg" alt="The-pirate-Bay.jpg" title="The-pirate-Bay.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>Leur théorie ? Internet a été construit par des hackers pour faire
circuler l'information. Mais peut-être <strong>Internet a-t-il marqué la fin du
hacking</strong> et son éthique d'origine. Car avec Internet, après l'ère
idéaliste d'un Internet libertaire, l'industrialisation des réseaux prend vite
le dessus. Les pirates du net, cybercriminels et contrefacteurs en ligne
prennent le pas sur les hackers, la confusion est largement entretenue...</p>
<p>1999: Napster, cette immense plateforme d'échange de fichiers musicaux en
ligne à tête de chat, débarque sur la Toile. Elle est fermée deux ans après
mais a ouvert une brèche: le partage de fichiers musicaux entre internautes.
<strong><em>"Napster a ouvert la voie à l'iPod"</em></strong>, ose le
documentaire. Vincent Valade bidouillera eMule Paradise - presque par hasard,
comme il le raconte aux auteurs du docu, encore étonné. Sa fermeture avait fait
grand bruit - initialement simple site de liens Emule, Vincent Valade est
poursuivi pour la mise à disposition illégale de 7 113 films, son procès
<a href="http://www.zdnet.fr/actualites/p2p-le-proces-de-vincent-valade-createur-d-emule-paradise-reporte-en-2011-39754523.htm">
doit avoir lieu cette année</a>. D'autres s'engouffrent dans la brèche, comme
The Pirate Bay, entre autres sites d'échanges de fichiers torrents.</p>
<p>Les industriels de l'entertainment s'emparent aussi de ce modèle naissant.
TF1 - face au piratage massif de ses séries TV ? - lance sa plateforme de
vidéo à la demande - payante bien sûr, à 2,99 euros puis 1,99 euro l'épisode.
<em>"C'était un projet de marketing. C'est mon job"</em>, lance face à la
caméra Pierre Olivier, directeur marketing de TFI Vidéo et Vision. Rires dans
la salle.</p>
<p><strong>Hacktivisme journalistique</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.bandeau_indymedia_m.jpg" alt="bandeau_indymedia.jpg" title="bandeau_indymedia.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>Et aujourd'hui? Le culture hacktiviste a imprégné plusieurs pratiques: dans
le domaine du logiciel libre bien sûr, même si le docu aborde à peine ce sujet.
Mais elle rayonne aussi sur de nouvelles <strong>pratiques
journalistiques</strong>. <a href="http://paris.indymedia.org/">Indymedia</a>,
né en 1999 pour couvrir les contre-manifestations de Seattle, lors de la
réunion de l'OMC et du FMI, fut un des précurseurs: ce réseau de collectifs,
basé sur le principe de la publication ouverte et du "journalisme citoyen" en
vogue au début des années 2000 (<em>"Don't hate the media, become the
media"</em>), permet à tout un chacun de publier sur son réseau.</p>
<p>De jeunes médias expérimentent des méthodes d'investigation en ligne, comme
le site d'information <strong>Owni</strong> (dont j'ai déjà parlé <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/03/06/Transmedia%3B-dress-code-Jobs-Zuckenberg">ici</a> et là
notamment). Qui a pour particularité de compter dans ses équipes autant de
développeurs que de journalistes - voire des jeunes geeks qui ont le double
profil. Son dernier fait d'armes: <a href="http://owni.fr/2011/03/03/ben-ali-les-compromission-dorange-en-tunisie/">cette
enquête</a>, et sa révélation selon laquelle Orange aurait "monnayé" son
implantation en Tunisie en surévaluant sa participation dans une société
détenue par un gendre de Ben Ali. Ici, plus d'enquête sur le terrain ou de
rendez-vous avec des informateurs: le jeune journaliste Olivier Tesquet et
Guillaume Dasquié (journaliste précurseur de l'investigation en ligne, qui
s'est fait connaître au début des années 2000 avec <em>Intelligence
Online</em>, une lettre professionnelle consacrée à l’intelligence économique),
s'appuie sur des documents officiels (comme le rapport d''activité 2009
d'Orange), et d'autres plus confidentiels, et est illustré a renfort de copies
de ces documents et de visualisations, datajournalism oblige.</p>
<p><strong>Un vent nouveau</strong> dû à l'éclosion ces derniers mois de
<strong>Wikileaks</strong> - là encore, son impact est effleuré dans
"Pirat@ges" - dont l'ADN réside dans l'ouverture des frontières numériques -
rendre accessibles à tous des données publiques, et son double, OpenLeaks. Car
Wikileaks a instauré la "fuite d'informations" en protégeant ses sources, et a
remis au goût du jour la transparence et le partage de données si chères aux
premiers hackers. Au point que, courant 2010, les révélations de WikiLeaks ont
été relayées par une poignée de grands quotidiens nationaux (dont <em>Le
Monde</em>), qui en ont eu l'exclusivité, au prix de conditions fixées en bonne
partie par Julian Assange, <a href="http://www.strategies.fr/actualites/medias/152011W/dans-les-coulisses-du-partenariat-wikileaks-le-monde.html">
comme j'en parlais dans cette enquête</a> pour <em>Stratégies</em>.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.anonymous1_s.jpg" alt="anonymous1.jpg" title="anonymous1.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>Parmi les dignes successeurs des premiers hacktivistes, citons bien sûr les
<strong>Anonymous</strong>, des communautés d'internautes anonymes qui prônent
le droit à la liberté d'expression sur internet (j'y reviendrai dans un billet
ultérieur...). Une de leurs dernières formes d'actions (évoquées sur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anonymous_%28communaut%C3%A9%29">la page
Wikipedia</a> dédiée) rappelle bien celles des premiers hackers: les attaques
par déni de service (DDOS) <em>"contre des sites de sociétés ciblées comme
ennemis des valeurs défendues par le mouvement"</em>. Ce fut le cas avec le
site web de Mastercard en décembre 2010, qui avait décidé d'interrompre ses
services destinés à WikiLeaks.</p>
<p><strong>... et hacking culture de masse</strong></p>
<p>La donne a changé: le hacking n'est plus l'affaire de seuls bidouilleurs de
génie. L'arrivée de plusieurs industries de l'entertainment sur le numérique,
et de nouvelles barrières sur les contenus mis en ligne, implique que tout le
monde est aujourd'hui concerné par le piratage numérique. Comme des Mr Jourdain
qui s'ignorent, nombre d'internautes ont déjà été confrontés, de près ou de
loin, au piratage numérique, en le pratiquant (qui n'a jamais téléchargé
illégalement de films, de musique ou de logiciels ?), ou y étant confrontés
(fishing).</p>
<p>De culture underground, <strong>le hacking frôle la culture de
masse</strong>, avec une certaine représentation cinématographique, entre
<em>Matrix</em>, <em>Tron</em>, <em>Millenium</em> et Lisbeth Salander,
geekette neo-punk qui parvient à rassembler des données personnelles en ligne
en un tournemain..</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/QPxwcNxkVgA?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/QPxwcNxkVgA?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Et bien sûr <em>The social network</em>, qui a fait de la vie du fondateur
de Facebook un bioptic. Qui a même sa version parodique, consacrée à...
Twitter. En bonus, un petit aperçu du trailer de "The twitt network" ;).</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/putQn89TQzc?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/putQn89TQzc?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Car Facebook, après tout, est un lointain dérivé de la culture du hacking,
né d'une association de piraterie + industrie numérique: son fondateur l'avait
créé en bidouillant un réseau local affichant les plus jolies filles de son
campus... Mais pas sûr que Mark Zuckerberg ait retenu ces deux principes de la
culture des hackers :</p>
<ul>
<li>Ne jouez pas avec les données des autres.</li>
<li>Favorisez l’accès à l’information publique, protégez le droit à
l’information privée.</li>
</ul>
<p>(1) produit par MK2 TV avec la participation de France Télévisions,
"Pirat@ge" sera diffusé sur France 4 le 15 avril prochain à 22h30</p>Anonymous; Science-fiction still relevant?; Malbouffe; Twitter Connections; Facebook Phone; Zélium; LCI Radio...urn:md5:d68008b9c589ac64bbf81d0366ff48bd2011-01-29T19:37:00+01:002011-01-30T10:25:59+01:00Capucine CousinLiens liensAnonymousFacebookHTCLCI RadioScience-fictionSmooth CriminalTwitterWiredZélium <p>Eh oui, j'ai quelque peu délaissé me revue de liens hebdos ici
dernièrement... Donc, petite moisson non exhaustive de liens récoltés sur le
web, des blogs, Twitter et d'autres médias sociaux, à propos de ce qui a fait
l'actu médias, tech, innovation, culture, people (eh oui, faut bien..). Et pour
mémoire, vous pouvez me retrouver <a href="http://twitter.com/Capucine_Cousin">sur Twitter</a> donc.</p>
<ul>
<li>En pleine révolution tunisienne, alors que d'autres pays du croissant du
Moyen-Orient commencent eux aussi à s'embraser, cette <a href="http://fr.readwriteweb.com/2011/01/29/divers/dclaration-de-principe-des-anonymous/">
déclaration de principe</a> des <strong>Anonymous</strong>, décrypté par le
RWW, prend un certain sens. On a beaucoup parlé d'eux, alors que l'un de leurs
membres (jeune crack techno âgé de 15 ans) vient d'être arrêté...</li>
</ul>
<ul>
<li>Le bouquin s'est déjà vendu à 30 000 exemplaires, et est en cours de
réédition: le brûlot de Jonathan Safran Foer, <strong><em>Faut-il manger les
animaux ?</em></strong> (Stock), dont <em>Les Inrocks</em> <a href="http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/57745/date/2011-01-18/article/faut-il-manger-les-animaux-entretien-avec-jonathan-safran-foer/">
a été l'un des premiers</a> à évoquer, enquête et réquisitoire contre l'élevage
industriel, cristallise sous les débats sur l'alimentation, l'environnement, la
malbouffe, et pourrait tous nous faire virer veggies...</li>
</ul>
<ul>
<li>Suite <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/01/02/Et-si-la-science-fiction-%C3%A9tait-has-been">à mon
billet</a> où je me demandais si la <strong>science-fiction</strong> est en
voie de disparition (dont la reprise <a href="http://owni.fr/2011/01/12/la-science-fiction-en-voie-de-disparition/">chez
Owni</a> a suscité une bonne dose de commentaires... et un joli débat),
<em>Wired</em> se pose <a href="http://www.wired.com/geekdad/2011/01/is-science-fiction-still-relevant-asks-australian-radio/">
à son tour</a> la question ("Is Science-Fiction still relevant ?"), relayant
ainsi un programme de l'Australian Radio National et son <a href="http://www.abc.net.au/rn/futuretense/">émission Future Tense</a>, dédiée à
l'<strong>avenir de la SF</strong>. Ça tombe bien.</li>
</ul>
<ul>
<li>Une des grosses infos media sociaux de la semaine: <strong>Twitter</strong>
<a href="http://techcrunch.com/2011/01/26/twitter-launches-connections-its-own-version-of-facebooks-mutual-friends/">
lance "Connections"</a>, sa propre version de l'outil "Mutual Friends" de
Facebook. Lequel <strong>Facebook</strong> suscite de nouveaux des frayeurs
chez les défenseurs de la <em>privacy,</em> en lançant un nouveau service pour
les annonceurs, qui leur permettra d'exploiter dans leurs pubs les "likes" et
commentaires des membres de leurs fan pages.</li>
</ul>
<ul>
<li>J'avais déjà <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2010/09/08/Y-a-t-il-%28d%C3%A9j%C3%A0%29-overdose-de-3D">quelques
doutes</a> sur l'avenir de la <strong>3D</strong>, sa <a href="http://www.passemoilesel.net/1704/les-films-3d-sont-voues-a-disparaitre/">démocratisation</a>
fait de nouveau débat.</li>
</ul>
<ul>
<li>Facebook encore, à l'origine d'un petit bubuzz côté produits: il aurait
missionné HTC pour lancer un (deux ?) <strong>téléphone mobile
"Facebook"</strong> lors du Mobile World Congress de Barcelone, qui se
déroulera du 14 au 18 février.</li>
</ul>
<ul>
<li>Cela ne vous aura pas échappé, <a href="http://www.strategies.fr/actualites/medias/153799W/orange-s-invite-au-capital-de-dailymotion.html">
Orange s'invite</a> au capital de <strong>Dailymotion</strong>, à hauteur de
49%, pour un montant de 58,8 millions d'euros. Et se veut désormais "agrégateur
et diffuseur de contenus".</li>
</ul>
<ul>
<li>Good news côté médias: alors que Bakchich s'éteint, le premier numéro de
<strong>Zélium</strong>, un mensuel satirique, sera <a href="http://www.strategies.fr/actualites/medias/153941W/lancement-de-zelium-mensuel-satirique-le-11-fevrier.html">
lancé le 11 février</a> et tiré à 70 000 exemplaires en France et Belgique sur
24 pages et dans un format identique à celui du Canard enchaîné.</li>
</ul>
<ul>
<li><strong>RIP Daniel Vermeille</strong>, co-fondateur contesté, en tous cas
un des premiers collaborateurs à <em>Rock & Folk</em>, journaliste
spécialisé dans le rock californien et le punk, compagnon de route des Rolling
Stones lors de l'enregistrement de leur mythique <em>Exile on Main Streets</em>
en 1972... Il est <a href="http://www.midilibre.com/articles/2011/01/25/A-LA-UNE-Daniel-Vermeille-vie-et-mort-d-un-clochard-celeste-1518312.php5">
parti cette semaine</a>, SDF presque anonyme.</li>
</ul>
<ul>
<li>Faites votre <a href="http://www.nytimes.com/recommendations">journal sur
mesure</a> sur le <strong><em>New York Times</em></strong>.</li>
</ul>
<ul>
<li>Plus d'1,7 million de pages vues pour la reprise très rock et un rien
destroy de <em>Smooth Criminal</em> de Michael Jackson... au violoncelle.
J'adore. Joli coup de pub pour Stjepan Hauser et Luka Sulic.</li>
</ul>
<ul>
<li>RIP la French Connection. LCI Radio va fermer ses portes, faute de
fréquence radio décrochée par TF1. Contente d'avoir parfosi contribué à cette
émission. La dernière, enregistrée vendredi dernier, c'est <a href="http://www.wat.tv/audio/french-connection-82-voila-3bk67_2exyh_.html">par
ici</a>.</li>
</ul>