Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - BFM Business2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearPourquoi les médias ressuscitent les forums de discussion (sur Facebook)urn:md5:644b66e1379799fca12f2a5a24d6abda2018-03-18T18:25:00+01:002018-03-18T20:58:41+01:00Capucine CousinMédiasalgorithmeBFM BusinessFacebookNice MatinPresse <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_e_cran_2018-03-18_a__20.02.53_m.jpg" alt="Capture_d_e_cran_2018-03-18_a__20.02.53.png" title="Capture_d_e_cran_2018-03-18_a__20.02.53.png, mar. 2018" /></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Capture_d_e_cran_2018-03-18_a__20.04.19_m.jpg" alt="Capture_d_e_cran_2018-03-18_a__20.04.19.png" title="Capture_d_e_cran_2018-03-18_a__20.04.19.png, mar. 2018" /></p>
<p><strong>M</strong>ark Zuckerberg savait sans doute très bien ce qu'il
faisait en annonçant, le 11 janvier dernier, que les contenus de la presse
(articles, vidéos, Lives) apparaîtraient moins sur les murs des utilisateurs.
Priorité était désormais données aux <strong>contenus "personnels"</strong>,
des amis et de la famille, plutôt qu'aux pages publiques. Dès lors, panique à
bord: au fil des années, les marques et médias avaient capitalisé sur ces Pages
Facebook pour retenir (un peu) l'attention de ces internautes versatiles, qui
passent désormais le plus clair de leur "temps numérique" sur Facebook - il
engrange 26,4 millions de visiteurs uniques quotidiens en France, d'après
Médiamétrie. Pendant longtemps, pour une marque ou un média, le nombre de fans
était un indicateur en soi.</p>
<p>Les médias, Facebook les a même dragués outrancièrement en les incitant à
produire des contenus sur mesure pour lui, de préférence de longues vidéos,
baptisées les Facebook Live. Plusieurs éditeurs de presse ont même
<strong>signé des accords avec Facebook</strong>, pour toucher une généreuse
rémunération, comme le détaillait <a href="https://fr.ejo.ch/economie-medias/facebook-remuneration-medias-francais-live-video">
cet article très fouillé</a> du journaliste Nicolas Becquet, responsable du
numérique à <em>L'Echo</em>. Las, la firme de Menlo Park leur brutalement coupé
les vivres fin 2017. On a mieux compris pourquoi ce 11 janvier.</p>
<p><strong>Facebook, un Linkedin bis</strong></p>
<p><strong>A</strong>lors, comment les médias vont-ils pouvoir continuer
d'assurer leur présence sur Facebook, où ils sont devenus brutalement moins
désirables? Une chose est sûre, même si zuck' veut un retour aux sources
(refaire de Facebook le média social où on partage des bribes de son
quotidien), il est trop tard. Le newsfeed (fil d'actualité Facebook) n'est plus
l'endroit où le chaland poste ses précieux contenus personnels - ses photos,
vidéos ou statuts pour relater son quotidien. Peut-être parce qu'il est devenu
plus méfiant envers Facebook, au fil des scandales et polémiques sur sa
perception particulière du respect de la vie privée par ce dernier. Maintenant,
la vraie vie se raconte en images sur sa page Instagram, ou Snapchat pour les
millenials. Désormais, Facebook a <strong>des faux airs de
Linkedin-bis</strong>: on partage sur son newsfeed des articles, des vidéos
d'actualité (coucou Brut), des centres d'intérêt 'publics' ou
semi-professionnels.... Mais certainement plus de photos de brunchs entre amis
ou de vacances en famille (qui étaient tout de même monnaie courante il y a 10
ans).</p>
<p><strong>C</strong>e dimanche en fin de journée, j'ai sur mon newsfeed, en
vrac: un commentaire sportif sur un championnat de foot en Californie, une
photo de monument à Riga prise par un ancien photographe avec son iPhone,
quelqu'un qui promeut sa formation en vidéo mobile, les photos des nouveaux
locaux d'une start-up par son fondateur, une photo de la collection de robots
d'une geekette revendiquée, une photo-portrait d'il y a 4 ans repostée (sur la
suggestion de Facebook ;), un partage d'article sur SpaceX, un abonné à Canal+
qui partage une expérience malheureuse... Peu d'articles de presse des médias
dont j'ai liké la page Facebook (<em>Le Monde, Challenges; Wired</em>, etc)
remontent automatiquement (je dois beaucoup scroller pour les trouver):
désormais, la plupart des articles de presse "en bonne position" sont ceux
partagés par mes "friends" sur Facebook.</p>
<p><strong>Le Facebook group, ce nouveau club des lecteurs</strong></p>
<p>Alors, les médias ont peut-être trouvé une nouvelle marotte pour rester
présents - et indispensables - dans le newsfeed Facebook de leurs lecteurs:
créer un groupe Facebook. Ou comment le vieux forum de discussion, en vogue au
début des années 2000 (la préhistoire, l'ère d'avant les réseaux sociaux !) est
ainsi ressuscité ! Comme on dit en novlangue marketing, le groupe Facebook
a pour avantage de créer un <strong>engagement sans précédent</strong> de
l'internaute: c'est un "club" qu'il choisit de rejoindre, où il dialogue,
commente, poste des suggestions, des photos... Il interagit avec d'autres
membres d'une communauté, créée et chapeautée par un média. Cette sorte de
<strong>club des lecteurs</strong> numérique, c'est une audience hyper
captive.</p>
<p>Surtout, c'est du pain-bénit pour des médias critiqués pour leur
parisianisme qui cherchent à recréer un lien de proximité avec leurs lecteurs -
comme le montrent les jeunes titres <strong><em>Ebdo</em></strong>, et bientôt
'<strong>'Vraiment''</strong>, qui organisent des réunions "IRL" avec leurs
lecteurs, ou les sollicitent pour des idées de sujets.</p>
<p>Mieux, chaque nouvelle publication, ou commentaire qui la "rafraichit",
remonte automatiquement en haut du fil d'actualité et peut être doublée d'une
notification (qui apparaît par exemple en pop-up sur le mur Facebook de
l'internaute). Parfait pour contourner les derniers impératifs de l'algorithme
de Facebook.</p>
<p><strong>Facebook groups Nice Matin, BFM...</strong></p>
<p>Dans l’Hexagone, plusieurs médias ont bien vu l'aubaine. Mais comme pour une
rubrique, il faut trouver un angle, une thématique propre à leur groupe.
Mention spéciale pour le quotidien régional '<strong>'Nice Matin'</strong>',
qui a créé des premiers groupes autour de services: l'un, <a href="https://www.facebook.com/groups/480812125423231/">Nice-Matin des
solutions</a>, près de 1 500 membres, est dédié au journalisme de solutions: il
invite certes à voir "les coulisses de reportages" (classique), mais surtout,
se veut "dédié aux initiatives positives qui émergent chaque jour dans nos
départements, aux gens qui se bougent et proposent des solutions". Un autre
groupe, Kids-Matin, encore naissant (il compte 300 membres) veut proposer des
solutions et services autour des enfants dans la région de Nice.</p>
<p>D'autres médias ont aussi sauté le pas. <strong>BFM Business</strong> avec
<a href="https://www.facebook.com/groups/141537413183810/">BFM Stratégie</a> (1
848 membres 1 mois après sa création) propose "un cours de 40 épisodes donné
par Xavier Fontanet, ancien président d'Essilor, éditorialiste et professeur
affilié à HEC". Des cours d'éco-management, mis en ligne après leur diffusion
TV. Au menu, "La stratégie, c'est l'art de bien vivre avec son concurrent",
"Valeur part de marché : le cas de forte croissance"... Dans un autre
genre, le média en ligne <strong><em>Les Jours</em></strong> (créé par des
anciens de <em>Libération</em>) propose sur "Obsession Migrant" les coulisses
de l'enquête de ses journalistes sur la trace des migrants morts en
Méditerranée.</p>
<p>Outre-Atlantique, plusieurs médias ont anticipé ce virage de Facebook dès
l’année dernière. Le <em>Washington Post</em> a ouvert "<a href="https://www.facebook.com/groups/postthis/">PostThis</a>" (4 300 membres),
spécialisé dans le fact-checking. Vox avec <a href="https://www.facebook.com/groups/TheWeeds/">The Weeds</a> (15 000 membres), il
y a 10 mois, tout juste présenté comme un "espace collaboratif". Citons aussi,
comme <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/0301140415871-les-groupes-facebook-nouvelle-frontiere-des-sites-dinformation-2144523.php">
le relate</a> Les Echos, Bloomberg avec <a href="https://www.facebook.com/groups/1887499601510183/?source_id=266790296879">Money
Talks</a> (4 200 membres) pour parler de finances personnelles, le
<em>Financial Times</em> a lancé en janvier le <a href="https://www.facebook.com/groups/139838140082304/?ref=br_rs">FT Books Café</a>
(2 100 membres) un "book club" avec à la clé des sessions live avec des
écrivains...</p>
<p>Reste à voir si la parade sera suffisante pour combler le trou dans les
audiences provoqué par la nouvelle politique de Facebook. Pour l'instant, les
groupes que je cite comptent à peine quelques milliers de membres. Bien loin
des millions de membres qui avaient liké la page Facebook d'un média. Et si
cette nouvelle audience ramènera des lecteurs sur les sites des médias. Voire
suscitera l'intérêt des annonceurs.</p>