Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Brut2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearL'info vidéo, format journalistique de l'année 2018urn:md5:a9987f95f931674a20cfa4f5a37875e32017-12-29T18:18:00+01:002018-01-03T19:41:34+01:00Capucine CousinJournalismeBrutExpliciteTF1 One <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Brut_m.jpg" alt="Brut.jpg" title="Brut.jpg, janv. 2018" /></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.tf1-one2-361891_m.jpg" alt="tf1-one2-361891.jpg" title="tf1-one2-361891.jpg, janv. 2018" /></p>
<p>Et voilà, 2018, nous y sommes... Bonne année 2018 donc, chers lectrices et
lecteurs, que je vous souhaite pleine de bonheur, douceur, curiosité, et
d'innovations ! Plus de 10 ans que vous me lisez sur ce blog (pourtant
parfois laissé en jachère), donc merci à vous ! En cette nouvelle année,
il y a ce phénomène qui irrigue de plus en plus les sites d'actualité.</p>
<p>Des vidéos brèves, de 2 minutes 30 en moyenne, un montage resserré, parfois
syncopé, des sous-titres, des citations écrites en exergue, et des phrases
pédagos en surtitre... Impossible d'y échapper: tous les médias en ligne
adoptent à tour de rôle l'<strong>info vidéo</strong>, ces vidéos nouvelle
génération en format court. Il a ses codes d'écriture, un ton qui lui est
propre, et c'est peut-être une des nouveaux formats d'info en vogue. Depuis une
dizaine d'années, le journalisme web s'est enrichi de nouveaux formats, parfois
tombés en désuétude. Rappelez-vous, il y a eu la grande époque du <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/04/03/Le-%22live%22%2C-un-format-journalitistique-confirm%C3%A9-pour-les-m%C3%A9dias-en-ligne">
live comme format journalistique</a>, consacré par des rédactions web en
2008-2010, qui consistait à relater et commenter en direct un événement, pour
créer une sorte de fil d'actualité. Dans un autre genre, côté image, il y a eu
la <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2009/11/29/Le-web-documentaire%2C-nouvelle-forme-de-r%C3%A9cit-journalistique">
grande époque du webdocumentaire</a>, ce documentaire photo et/ou vidéo enrichi
de sons, de légendes, et d'une structure chronologique.</p>
<p><strong>L'info vidéo, format journalistique</strong></p>
<p>Maintenant, tous les médias en ligne adoptent différents formats vidéos. Et
voici donc venue l'info vidéo, ces vidéos en format court, au rythme incisif.
Qui, cela tombe bien, sont calibrées pour être diffusées - et partagées - sur
les réseaux sociaux. Cette <strong>nouvelle écriture journalistique</strong>
est portée par une nuée de nouveaux médias d'actu, des start-up qui embauchent,
ouvrent des bureaux à l'étranger, et pour certaines, commencent à lever des
fonds autour de leurs projets. Leur point commun: tous ces nouveaux médias
utilisent <a href="https://www.challenges.fr/media/tf1-one-brut-explicite-ces-nouveaux-medias-sur-reseaux-sociaux_462684">
les réseaux sociaux</a> (Facebook, Twitter) et YouTube comme relais principal
de leurs vidéos. Et donc l'audience intrinsèque puissante de ces réseaux, comme
les 26 millions (§) de Français qui se rendent chaque jour sur Facebook. Et en
priorité les <strong><em>millennials</em></strong> (15-25 ans), qui utilisent
en priorité les réseaux sociaux pour s’informer. Et qui sont une cible
privilégiée pour les annonceur</p>
<p>Ce phénomène m'a d'autant plus interpelée, il y a quelques jours, lorsque
j'ai consacré <a href="https://www.challenges.fr/media/dans-les-coulisses-de-l-etonnante-ascension-de-brut-le-nouveau-media-des-millennials_529411">
ce papier-bilan</a> au média <strong>Brut</strong>, qui fête bientôt sa
première année d'activité. Ses cofondateurs sont des vieux briscards de
l'audiovisuel old school, comme Renaud Le Van Kim (célèbre producteur du Grand
Journal de Canal de la belle époque), Laurent Lucas (ancien rédacteur en chef
du Petit journal), et Guillaume Lacroix (cofondateur du Studio Bagel). Très
communicants, ils l'affirment, ils sont sur le point de boucler une levée de
fonds de 10 millions d'euros; et comptent 1 milliard de vidéos vues en un an
d'existence. Alors qu'ils lancent leur activité aux Etats-Unis, et bientôt avec
une déclinaison en Inde.</p>
<p><strong>D</strong>'autres jeunes médias spécialisés dans l'info vidéo leur
ont emboîté le pas. <strong>Explicite</strong>, créé en janvier 2017 par de
anciens d'iTélé, <strong>TF1 One</strong>, créé par TF1 en mars,
<strong>Monkey</strong>, lancé en novembre par Emmanuel Chain (fondateur, par
le passé, de Capital sur M6), via sa société de production Elephant. En
janvier, ce sera <strong>Loopsider</strong> qui sera lancé. Un projet porté,
entre autres, par Johan Hufnagel, l'ancien numéro deux de
<em>Libération</em>.</p>
<p>Mais, sur les <em>timelines</em> (fils d'actualité) encombrés des
internautes, encore faut-il savoir faire la différence. Et retenir l'attention
d'un internaute ultra-sollicité. Alors, chacun essaie de s'imposer avec sa
ligne éditoriale, ses astuces. Brut a imposé un style incisif, voire engagé,
avec une pointe d'humour, en brassant des sujets divers (actualité
internationale, sport, société), de "Trois raisons de manger moins de viande"
aux composants toxiques des smartphones. TF1 One, quant à lui, joue plutôt sur
l'info positive, avec un ton parfois léger, des références à la culture pop et
la culture geek,, grâce à l’association de TF1 avec son partenaire djeuns
MinuteBuzz. Monkey promet des vidéos de décryptage en trois minutes.</p>
<p>De leur côté, les acteurs traditionnels de la presse - voire du petit écran
- gardent un œil sur ces innovations en provenance du web. TF1, réactif, s'est
déjà lancé sur ce format de la l'info vidéo via TF1 One. Les grands tide
presse, déjà dotés de rédactions web puissantes, comptant parfois plusieurs
dizaines de journalistes web, ont déjà pris le pli. <em>Le Figaro</em>, sur sa
page Actualité en vidéo. Il y privilégie d’ailleurs les actualités qui buzzent
sur le web. <em>Le Monde</em>, qui a déjà poussé jusqu'à structurer sa page
Vidéos en plusieurs parties, entre ses émissions, sa revue du web, des
éclairages, et des reportages. A suivre...</p>Dalibor Frioux imagine l'ère de l'après-pétroleurn:md5:c82fee4be14e39966a47dd605c8117842011-10-09T10:57:00+02:002011-10-10T09:31:43+02:00Capucine CousinR&D, innovationsAnticipation politiqueBrutDalibor FriouxFin du pétroleGoogle DémocratieScience-fiction <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.demagogie-petroliere_m.jpg" alt="demagogie-petroliere.jpg" title="demagogie-petroliere.jpg, oct. 2011" /></p>
<p><a href="http://carfree.free.fr/index.php/2008/09/22/demagogies-petrolieres/">Source</a>
image</p>
<p><strong>L</strong>es premières pages sont brutes de décoffrage. Dans un long
prologue très cinématographique, il plante le décor: une série d'attentats au
port de Rotterdam, dans le Golfe, aux héliports de Sao Paulo, aux centres
commerciaux de Shanghai. Durant 450 pages, dans un récit dense et complexe,
Dalibor Frioux nous raconte une Norvège au milieu du XXIème siècle, et nous
dresse le portrait de l'ère de l'après-pétrole. Un livre paru peu après le
<strong>massacre d’Utoeya</strong>, qui remettait en cause l'image de
<strong>pays de Cocagne</strong> de la Norvège. Un contrechoc d'actualité qui
n’apportait que plus de gravité au récit de Frioux.</p>
<p><strong>C</strong>'est un des romans les plus remarqués en cette rentrée
littéraire, en lice pour les Prix Médicis et Renaudot. J'en au la chance de
rencontrer récemment son auteur, Dalibor Frioux, 42 ans, discret professeur de
philosophie, qui signe là son premier roman, et renouvelle le genre du récit
d'anticipation. Lorsque nous le rencontrons avec une collègue, dans un café
Place de la Madeleine, au fil de l'interview, on sent que ça turbine: il faut
s'accrocher pour prendre des notes à toute vitesse, dans une démonstration
avant tout géopolitique et philosophique, mâtinée d'une froide lucidité. C'est
là tout l'intérêt de son livre, <em>Brut</em> (ed. Seuil) - et ce qui m'a donné
envie d'en parler ici. Dérivé lointain des récits de science-fiction et
d'anticipation, genre cinématographique (en quête de renouveau, comme <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/01/02/Et-si-la-science-fiction-%C3%A9tait-has-been">j'en parlais
ici</a>), et genre littéraire sur lequel peu de romans ont été remarqués ces
derniers mois - il faudrait citer le très bon <strong><em>Google
Démocratie</em></strong> (allez lire <a href="http://monecranradar.blogspot.com/2011/03/quand-google-regnera-sur-la.html">cette
chronique destroy</a> chez Jean-Christophe Féraud) de David Angevin et Laurent
Alexandre (ed. Naïve). L'anticipation et la science-fiction ont rarement eu
droit de cité dans les romans médiatisés en période de rentrée littéraire.</p>
<p><strong>"Anticipation politique"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/frioux_livre.jpg" alt="frioux_livre.jpg" title="frioux_livre.jpg, oct. 2011" /></p>
<p>Frioux revendique un <strong><em>"récit d'anticipation
politique"</em></strong> où <em>"tout repose sur le pétrole: la démocratie, le
fragile idéal d'égalité sociale".</em> Le récit est radical mais terriblement
réaliste. Ici, l'idée n'est pas d'imaginer l'avenir, de raconter ce que sera le
futur dans 30 ans, mais bel et bien de parler du présent. Le double attentat
meurtrier d'Oslo l'illustrait presque.</p>
<p>Bienvenue donc, dans une Norvège du milieu du XXIe siècle. Elle a exploité
au mieux sa situation géopolitique, à l'écart des grands continents minés par
la pollution et la violence. Elle est devenue un des deux seuls pays au monde
disposant de la précieuse manne, des exploitations pétrolières. Elle pense
avoir trouvé la formule du bonheur: démocratie exemplaire, nature grandiose et
pétrole de la mer du Nord, le royaume a conçu un fonds éthique où sont placés
les milliards de la manne sous-marine.</p>
<p>Un système qui va se gripper par la suite... A quelques mois des élections,
l’ex- mannequin Katrin jouit (presque) sans entraves de ce paradis, le
constructeur de barrages Kurt Jensen intrigue pour entrer au comité remettant
le Nobel de la Paix, tandis que Henryk cherche à concilier argent et vertu.
Mais au fil du récit, le système se grippe : des jeunes meurent
mystérieusement, les populistes xénophobes dressent un mur au cœur des forêts
et promettent de rendre l’argent au peuple.</p>
<p>Un récit d'anticipation politique, donc, qui prend scène en Norvège, pays où
l'auteur n'a jamais mis les pieds, mais une démocratie vertueuse, presque
utopique, qui semblait un bon terrain pour son récit: "un petit pays aux
principes éthiques rigoureux, un des seuls à ne pas être endetté... Mais où
l'extrême droite pointe déjà", précise-t-il.</p>
<p><strong>"Société du commentaire" qui l'emporte sur la hiérarchie de l'info
par les médias</strong></p>
<p>Cette fiction engagée ne met donc pas en scène un futur imaginaire: une
manière de de casser les codes du récit d'anticipation classique. ici, pas de
voitures futuristes, ou de fusées, ou de nouveaux écrans mis en scène. La seule
fantaisie que s'autorise l'auteur est d'imaginer le successeur de l'iPhone, le
M Phone, et cette étrange application qui permet de remplacer les têtes des
acteurs par la sienne dans un film - consécration du narcissisme absolu.</p>
<p>Autre digression qu'il s'offre, celle sur la <strong>perte de pouvoir des
médias</strong>. Il imagine ainsi comment sera traité un fait d'actualité, ici
l'échec du projet d'agriculture humanitaire SavannahOrg : une information
devient LE fait d'actualité une fois qu'elle atteint la tête du classement du
site WorldFans.org, <em>"et donc la Une des journaux et les premiers rangs des
flashs audio"</em>. Sur ce site, les internautes votent du monde entier pour
telle ou telle information. Eux, et non plus les journalistes, décident
désormais de la hiérarchisation de l'information. Et bien sûr, cette hiérarchie
varie selon les heures où les internautes sont réveillé: aux Etats-Unis, Japon,
Europe, Inde... WorldFans.org, site coté en Bourse, permet <em>"une évaluation
démocratique, directe, dictant les vrais intérêts des internautes à tous les
autres médias"</em>, explique le narrateur, faussement naïf. Ce qui reflète
déjà <em>"une société du commentaire, où chacun est légitime à s'exprimer sur
les réseaux sociaux et les blogs"</em>, nous explique-t-il. Une anticipation
glaçante.</p>
<p><strong>"Ébriété énergétique", fin de l'abondance pour tous</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/petrole.jpg" alt="petrole.jpg" title="petrole.jpg, oct. 2011" /></p>
<p>Car ce roman vise à poser une question (encore) taboue mais qui fait
l'unanimité: la fin annoncée de l'or noir. L'auteur a planché sur des manuels
d'études pétrolières, sur les techniques de forage offshore. <em>"Il y a un
consensus autour de la disparition du pétrole: des assurances, telle la
Lloyd's, du ministère américain de la Défense, du groupe de patrons
britanniques dirigé par Richard Bronson, Christophe de Margerie l'affirme
lui-même dans ses discours en anglais"</em>, souligne Dalibor Frioux.</p>
<p>Il imagine donc ce que sera une société sans pétrole. Dans sa fiction, la
Norvège est autosuffisante grâce à l’hydroélectricité. <em>"Notre société est
basée sur une abondance des ressources énergétiques. Il y a un volet
écologique. Mais le sujet est aussi tabou pour des raisons géopolitiques: ce
sera la fin d’une promesse politique fondée sur le pétrole, celle de
l’abondance pour tous, du voyage pour tous, du pouvoir d’achat. La société
fondée sur le suréquipement va s’effondrer. L'égalité ne pourra plus être un
idéal concret"</em>, prédit Dalibor Frioux. La rareté créera une société des
privilèges, l’égalité et la mobilité deviendront un luxe.</p>