Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Censure2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclear"Kiss the past hello", les ados éternels de Larry Clarkurn:md5:58c4fdf6f369a4e2e4376fed8f33123d2010-10-10T09:36:00+02:002010-10-10T17:43:42+02:00Capucine CousinPhotoCensureLarry ClarkPhotojournalismePolémiquePunkSexe <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.eBay_sept_2010_m.jpg" alt="eBay_sept_2010.jpg" title="eBay_sept_2010.jpg, oct. 2010" /></p>
<p>C'est sans doute la photo qui illustre le mieux l'expo de Larry Clark, qui
s'ouvrait hier au Musée d'Art Moderne à Paris. Ils sont jeunes, ils sont
magnifiques, et il y a un discret érotisme qui émane de cette photo, pas loin
d'un Botticelli, qui nous renvoie tous à nos premiers ébats.</p>
<p>J'ai vu l'expo Larry Clark, qui ouvrait ses portes vendredi au Musée d'art
moderne de Paris. Et non, je ne vais pas vous parler ici de la polémique autour
de son interdiction aux moins de 18 ans (que je trouve absurde çà titre
perso... C'est une expo <strong>sur les ados et avant tout pour les
ados</strong>, comme le dit très bien Larry Clark dans <a href="http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/10/02/larry-clark-une-attaque-des-adultes-contre-les-ados_1419322_3246.html">
cette interview</a> au <em>Monde</em>), mais retour ici à l'essentiel, l'art.
Que valent ces photos ?</p>
<p><em>Kiss the past hello</em> ("Dis bonjour au passé", détournement du dicton
<em>Kiss the past goodbye</em> - "Fais table rase du passé", référence punk qui
colle assez bien à Larry Clark...), avec 300 photos et 2 films inédits, montre
plusieurs représentations de la jeunesse vue par Larry Clark, en 40 années de
photo. La jeunesse plutôt rock, plutôt trash, qui <strong>cherche à tester les
limites de la liberté, voire qui fraye avec les bas-fonds et la
marginalité</strong>. Loin des polémiques un peu stériles sur une supposée
complaisance (ou des photos qui revêtiraient un caractère "pornographique"), on
y voit surtout des portraits d'ados que Larry Clark a suivis, succédanés des
dernières décennies.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.EN-IMAGES-Larry-Clark-l-expo-polemique_scalewidth_630_m.jpg" alt="EN-IMAGES-Larry-Clark-l-expo-polemique_scalewidth_630.jpg" title="EN-IMAGES-Larry-Clark-l-expo-polemique_scalewidth_630.jpg, oct. 2010" /></p>
<p>Et cela nous touche follement, parce que cela nous renvoie à <strong>notre
propre adolescence</strong> (censée être <em>"le bel âge"</em>), à nos excès,
aux frontières que l'on a failli franchir. Un véritable uppercut, même si
j'aurais sans doute été encore plus touchée si j'avais été un mec - <em>Kiss
the past hello</em> est l'adolescence vue par un homme photographe, donc de
manière avant tout masculine (nombreux portraits de jeunes mecs), avec une
sensibilité bien plus personnelle des années 60 aux années 80. Lorsque Larry
Clark était encore lui-même proche de l'adolescence...</p>
<p>Qu'est-ce que l'on y voit ? Des années 60 à Tulsa (Oklahoma) aux années
2000, on y voit son regard sur la jeunesse américaine. On y voit la drogue, le
sexe, mais aussi des bandes de potes, au sein desquels Larry Clark a travaillé
en immersion, en allant jusqu'à suivre certains ados durant des années, pour
montrer leur évolution. Au-delà du cinéaste provoc' habitué aux scandales (cf
la sortie de Kids en 1995), on découvre là un photographe qui a une p/ù^$* de
sensibilité, dans les prises de vues, la lumière, ce qui ressort de ses très
nombreux portraits d'ados.</p>
<p>Organisée de manière chronologique, l'expo donne à voir, en creux, les
formes de contre-cultures portées par les ados au fil des décennies.</p>
<p>Premier uppercut, les quelques photos de sa mère, Frances Clark, reflets
d'une Amérique idéalisée, qui tranchent avec la première partie de l'oeuvre de
Larry Clark. Le portfolio <em><strong>Tulsa</strong></em>, qui couvre les
années 60 (qui avait donné un livre éponyme) révèle la vie quotidienne du jeune
artiste. Entre l'ennui et la violence dans les suburbs de Tulsa, il y
photographie ses potes zonards.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.dailymotion.com/swf/video/x3jwl9_larry-clark-tulsa_creation?additionalInfos=0" width="480" height="360"><param name="movie" value="http://www.dailymotion.com/swf/k29j6w29ah7uG0m6Y3&related=1" />
<param name="wmode" value="transparent" />
<param name="FlashVars" value="playerMode=embedded" /></object><br />
<a href="http://www.dailymotion.com/video/x3jwl9_larry-clark-tulsa_creation?start=103#from=embed">
larry Clark - Tulsa</a></div>
<p>Alors oui, là la pauvreté va de pair avec les premiers shoots, qu'il
photographie dans son entourage, avec parfois des photos très crues: une femme
enceinte qui se pique, un ado qui joue avec un revolver, le visage tordu de
douleur de cet homme, le premier shoot de la girlfriend, des scènes qui mêlent
piqouze et sexe... Il y a aussi les dates de décès de certains potes de Larry
Clark partis bien trop tôt...</p>
<p>Mais aussi un film muet de 16 mm de 1964, où l'on voit un jeune mec qui se
shoote - film touchant et d'une tristesse absolue, qui s'affiche
progressivement sur le visage de sa copine, au fur et à mesure du shoot.</p>
<p><strong><em>Lust for life</em></strong></p>
<p>Les années 70 donnent à voir là encore des portraits en noir et blanc d'une
jeunesse qui découvre le sexe, l'amitié, parfois la drogue... Mais déjà
prédominent les portraits magnifiques de ces ados, des jeunes mecs dont on se
dit juste qu'ils sont beaux et sereins. Et dont on devine qu'ils ont déjà
beaucoup vécu. Il y a aussi ces photos de couples, s'adonnant à l'amour (voire
au triolisme) ou à la drogue, ces scènes d'ados découvrant le sexe, entre
fraîcheur et expériences déjà hard..</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.ntm3-1-11_m.jpg" alt="ntm3-1-11.jpg" title="ntm3-1-11.jpg, oct. 2010" /></p>
<p>Pour les années 80 (portfolio intitulé avec un certain sens de la provoc'
<strong><em>Teenage Lust</em></strong> - "luxure d'ados") , Larry Clark a
adopté ce qui constituera la sève de son travail: il réalise des portraits au
sein de groupes de jeunes dont il parvient à se faire adopter, ou avec des
prostitués de la 42e rue de New York. Là, ce sont les années punks: jeunes mecs
au crâne rasé et aux jeans moulants.</p>
<p>A partir des années 90, il s'intéresse aux jeunes skaters. Ce seront les
prémices de son film "Wassup Rockers". Là, ses photos changent, on voit une
jeunesse presque plus sereine. Dans ces portraits grand format, aux couleurs
saturées, on y voit des jeunes punks skaters latinos qui prennent la pose, avec
fierté et provocation (superbe photo de cet ado qui porte un T-shirt avec pour
slogan <em>"Let's start a war"</em> en 1992, en pleine guerre d'Irak...).</p>
<p>Mais aussi, en toile de le fond, là encore la pauvreté absolue: comme ce
jeune mec de 12/13 ans qui pose à poil, la clope au bec, près de son père, qui
a la bouteille et son dernier-né sur les genoux... Et là, on se demande :
quel avenir pour ces ados ?</p>