Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Pir@tage2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearPirat@ge: du hacktivisme au hacking de masseurn:md5:6949d071893257e42dbf47fee4d3fc742011-03-27T20:49:00+02:002011-03-28T20:13:26+02:00Capucine CousinWebAnonymousFrance 4Gregory BrothershackersHacktivismeMITOwniPir@tage <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.pirater-blog_m.jpg" alt="pirater-blog.gif" title="pirater-blog.gif, mar. 2011" /></p>
<p>Ils sont quatre, dont trois frères, jeunes et (à première vue ;) innocents,
et leur clip, "<a href="http://www.youtube.com/watch?v=MX0D4oZwCsA">Double
Rainbow song</a>", bidouillé non pas au fond d'un garage mais dans le salon
familial, avec un piano, a attiré plus de 20 millions de visiteurs. Un clip
parodique qui a généré un buzz énorme, à partir d'une simple vidéo amateur d'un
homme à la limite de la jouissance devant un phénomène rare : deux arcs en
ciel.. Au point - le comble - que Microsoft a recruté le "Double Rainbow guy"
pour sa nouvelle pub pour Windows Live Photo Gallery. Ou quand l'industrie
pirate les pirates...</p>
<p>Les Gregory Brothers ont réalisé sans le faire exprès quelques tubes par la
seule voie numérique grâce à un petit outil, <strong>Auto-Tune the
News</strong> (Remixe les infos en français dans le texte), qui permet à tout
un chacun de détourner des reportages TV en y superposant des montages de sons,
avec le logiciel de correction musicale Auto-Tune. Comme "Bed intruder song",
un remix de reportage qui montre Antoine Dodson interviewé par une chaîne TV
suite à un fait divers (l’intrusion d’un inconnu dans la chambre de sa sœur).
Un témoignage qui va le propulser en superstar du web lorsque les Gregory
Brothers transforment ses paroles en une mélodie hip-hop vraiment efficace.
Plein d'internautes ont été prêts à la voir - et la payer en ligne - une fois
qu'elle était disponible sur iTunes - CQFD. Je vous laisse le plaisir de
déguster cette mise en bouche...</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/VKsVSBhSwJg?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/VKsVSBhSwJg?fs=1&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
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<p><strong>"La propriété c'est le vol"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.hackermanif_m.jpg" alt="hackermanif.jpg" title="hackermanif.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>De détournement satirique à piratage, il n'y a qu'un pas. J'ai eu la chance,
cette semaine, de voir en avant-première le documentaire
<strong>"Pirat@ge"</strong>, réalisé par les journalistes Étienne Rouillon
(magazine "Trois couleurs") et Sylvain Bergère, diffusé le 15 avril sur France
4 (1). Pour la première fois, un docu retrace l'histoire du piratage, avec un
parti-pris du côté des hackers, parfaitement assumé. <em>"A quoi ressemblerait
Internet sans les pirates ? Au Minitel ! Depuis cinquante ans, des
petits génies ont façonné le web, souvent en s’affranchissant des lois. Des
pirates ? Ils sont à la fois grains de sable et gouttes d’huile dans les
rouages de la grosse machine Internet"</em>. Voilà le postulat des auteurs de
ce docu.</p>
<p>Un docu malin, forcément un peu brouillon à force de vouloir englober tout
ou presque de la <strong>culture du hacking</strong> (en effleurant
l'hacktivisme et les engagements citoyens qu'il implique) en 1 heure 30,
parfois en surface. Mais il offre une plongée assez passionnante dans cette
culture des <strong>flibustiers des temps modernes</strong>, apparus dans les
années 80 - bien avant l'Internet. Dès 1983, lorsque lorsque les premiers
ordinateurs font leur apparition dans les foyers (remember l'Apple I de Steve
Wozniak et Steve Jobs en 1976...), les hackers font leurs débuts en essayant de
casser les protections anti-copie ou en détournant les règles des jeux
informatiques. Ils font leur le dicton de Pierre-Joseph Proudhon,
<strong><em>"La propriété c'est le vol"</em></strong>.</p>
<p>Dans un esprit très post-70s, l'<strong>éthique du hack</strong>, élaborée
au MIT (mais que l'on peut retrouver dans le <a href="http://www.mithral.com/~beberg/manifesto.html">Hacker Manifesto</a> du 8
janvier 1986), prône alors six principes:</p>
<ul>
<li>L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous apprendre comment le
monde marche vraiment - devrait être illimité et total.</li>
<li>L'information devrait être libre et gratuite.</li>
<li>Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation.</li>
<li>Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des
critères qu'ils jugent factices comme la position, l’âge, la nationalité ou les
diplômes.</li>
<li>On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur.</li>
<li>Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.</li>
</ul>
<p>Eh oui! Car dès ses débuts, le hacking a été théorisé au mythique MIT:
<em>"Au MIT, le besoin de libérer l'information répondait à un besoin pratique
de partager le savoir pour améliorer les capacités de l'ordinateur.
Aujourd'hui, dans un monde où la plupart des informations sont traitées par
ordinateur, ce besoin est resté le même"</em>, résume <a href="http://biblioweb.samizdat.net/article39.html">ce billet</a> chez Samizdat.
Dans l'émission, Benjamin Mako Hill, chercheur au <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/MIT_Media_Lab">MIT Media Lab</a>, ne dit pas
autre chose: développeur, membre des bureaux de la FSF et Wikimedia, pour lui,
<em>"l’essence du logiciel libre est selon moi de permettre aux utilisateurs de
micro-informatique d’être maître de leur machine et de leurs données"</em>.</p>
<p>Pour ce docu, Étienne Rouillon et Sylvain Bergère sont allés voir plusieurs
apôtres du hacking, tel John Draper, hacker, alias "Captain Crunch", un des
pionniers hackers en télécoms. Un détournement qui tient du simple bidouillage,
mais qui a contribué à créer la légende, la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Blue_Box_%28phreaking%29">blue box</a>. Il
s'agissait d'un piratage téléphonique qui consistait à reproduire la tonalité à
2600 Hz utilisée par la compagnie téléphonique Bell pour ses lignes longue
distance, à partir d'un simple sifflet ! Une propriété exploitée par les
phreakers pour passer gratuitement des appels longue distance, souvent via un
dispositif électronique - la blue box - servant entre autres à générer la
fameuse tonalité de 2600 hertz.</p>
<p><strong>"Napster a ouvert la voie à l'iPod"</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.The-pirate-Bay_s.jpg" alt="The-pirate-Bay.jpg" title="The-pirate-Bay.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>Leur théorie ? Internet a été construit par des hackers pour faire
circuler l'information. Mais peut-être <strong>Internet a-t-il marqué la fin du
hacking</strong> et son éthique d'origine. Car avec Internet, après l'ère
idéaliste d'un Internet libertaire, l'industrialisation des réseaux prend vite
le dessus. Les pirates du net, cybercriminels et contrefacteurs en ligne
prennent le pas sur les hackers, la confusion est largement entretenue...</p>
<p>1999: Napster, cette immense plateforme d'échange de fichiers musicaux en
ligne à tête de chat, débarque sur la Toile. Elle est fermée deux ans après
mais a ouvert une brèche: le partage de fichiers musicaux entre internautes.
<strong><em>"Napster a ouvert la voie à l'iPod"</em></strong>, ose le
documentaire. Vincent Valade bidouillera eMule Paradise - presque par hasard,
comme il le raconte aux auteurs du docu, encore étonné. Sa fermeture avait fait
grand bruit - initialement simple site de liens Emule, Vincent Valade est
poursuivi pour la mise à disposition illégale de 7 113 films, son procès
<a href="http://www.zdnet.fr/actualites/p2p-le-proces-de-vincent-valade-createur-d-emule-paradise-reporte-en-2011-39754523.htm">
doit avoir lieu cette année</a>. D'autres s'engouffrent dans la brèche, comme
The Pirate Bay, entre autres sites d'échanges de fichiers torrents.</p>
<p>Les industriels de l'entertainment s'emparent aussi de ce modèle naissant.
TF1 - face au piratage massif de ses séries TV ? - lance sa plateforme de
vidéo à la demande - payante bien sûr, à 2,99 euros puis 1,99 euro l'épisode.
<em>"C'était un projet de marketing. C'est mon job"</em>, lance face à la
caméra Pierre Olivier, directeur marketing de TFI Vidéo et Vision. Rires dans
la salle.</p>
<p><strong>Hacktivisme journalistique</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.bandeau_indymedia_m.jpg" alt="bandeau_indymedia.jpg" title="bandeau_indymedia.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>Et aujourd'hui? Le culture hacktiviste a imprégné plusieurs pratiques: dans
le domaine du logiciel libre bien sûr, même si le docu aborde à peine ce sujet.
Mais elle rayonne aussi sur de nouvelles <strong>pratiques
journalistiques</strong>. <a href="http://paris.indymedia.org/">Indymedia</a>,
né en 1999 pour couvrir les contre-manifestations de Seattle, lors de la
réunion de l'OMC et du FMI, fut un des précurseurs: ce réseau de collectifs,
basé sur le principe de la publication ouverte et du "journalisme citoyen" en
vogue au début des années 2000 (<em>"Don't hate the media, become the
media"</em>), permet à tout un chacun de publier sur son réseau.</p>
<p>De jeunes médias expérimentent des méthodes d'investigation en ligne, comme
le site d'information <strong>Owni</strong> (dont j'ai déjà parlé <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2011/03/06/Transmedia%3B-dress-code-Jobs-Zuckenberg">ici</a> et là
notamment). Qui a pour particularité de compter dans ses équipes autant de
développeurs que de journalistes - voire des jeunes geeks qui ont le double
profil. Son dernier fait d'armes: <a href="http://owni.fr/2011/03/03/ben-ali-les-compromission-dorange-en-tunisie/">cette
enquête</a>, et sa révélation selon laquelle Orange aurait "monnayé" son
implantation en Tunisie en surévaluant sa participation dans une société
détenue par un gendre de Ben Ali. Ici, plus d'enquête sur le terrain ou de
rendez-vous avec des informateurs: le jeune journaliste Olivier Tesquet et
Guillaume Dasquié (journaliste précurseur de l'investigation en ligne, qui
s'est fait connaître au début des années 2000 avec <em>Intelligence
Online</em>, une lettre professionnelle consacrée à l’intelligence économique),
s'appuie sur des documents officiels (comme le rapport d''activité 2009
d'Orange), et d'autres plus confidentiels, et est illustré a renfort de copies
de ces documents et de visualisations, datajournalism oblige.</p>
<p><strong>Un vent nouveau</strong> dû à l'éclosion ces derniers mois de
<strong>Wikileaks</strong> - là encore, son impact est effleuré dans
"Pirat@ges" - dont l'ADN réside dans l'ouverture des frontières numériques -
rendre accessibles à tous des données publiques, et son double, OpenLeaks. Car
Wikileaks a instauré la "fuite d'informations" en protégeant ses sources, et a
remis au goût du jour la transparence et le partage de données si chères aux
premiers hackers. Au point que, courant 2010, les révélations de WikiLeaks ont
été relayées par une poignée de grands quotidiens nationaux (dont <em>Le
Monde</em>), qui en ont eu l'exclusivité, au prix de conditions fixées en bonne
partie par Julian Assange, <a href="http://www.strategies.fr/actualites/medias/152011W/dans-les-coulisses-du-partenariat-wikileaks-le-monde.html">
comme j'en parlais dans cette enquête</a> pour <em>Stratégies</em>.</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.anonymous1_s.jpg" alt="anonymous1.jpg" title="anonymous1.jpg, mar. 2011" /></p>
<p>Parmi les dignes successeurs des premiers hacktivistes, citons bien sûr les
<strong>Anonymous</strong>, des communautés d'internautes anonymes qui prônent
le droit à la liberté d'expression sur internet (j'y reviendrai dans un billet
ultérieur...). Une de leurs dernières formes d'actions (évoquées sur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anonymous_%28communaut%C3%A9%29">la page
Wikipedia</a> dédiée) rappelle bien celles des premiers hackers: les attaques
par déni de service (DDOS) <em>"contre des sites de sociétés ciblées comme
ennemis des valeurs défendues par le mouvement"</em>. Ce fut le cas avec le
site web de Mastercard en décembre 2010, qui avait décidé d'interrompre ses
services destinés à WikiLeaks.</p>
<p><strong>... et hacking culture de masse</strong></p>
<p>La donne a changé: le hacking n'est plus l'affaire de seuls bidouilleurs de
génie. L'arrivée de plusieurs industries de l'entertainment sur le numérique,
et de nouvelles barrières sur les contenus mis en ligne, implique que tout le
monde est aujourd'hui concerné par le piratage numérique. Comme des Mr Jourdain
qui s'ignorent, nombre d'internautes ont déjà été confrontés, de près ou de
loin, au piratage numérique, en le pratiquant (qui n'a jamais téléchargé
illégalement de films, de musique ou de logiciels ?), ou y étant confrontés
(fishing).</p>
<p>De culture underground, <strong>le hacking frôle la culture de
masse</strong>, avec une certaine représentation cinématographique, entre
<em>Matrix</em>, <em>Tron</em>, <em>Millenium</em> et Lisbeth Salander,
geekette neo-punk qui parvient à rassembler des données personnelles en ligne
en un tournemain..</p>
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<p>Et bien sûr <em>The social network</em>, qui a fait de la vie du fondateur
de Facebook un bioptic. Qui a même sa version parodique, consacrée à...
Twitter. En bonus, un petit aperçu du trailer de "The twitt network" ;).</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
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<p>Car Facebook, après tout, est un lointain dérivé de la culture du hacking,
né d'une association de piraterie + industrie numérique: son fondateur l'avait
créé en bidouillant un réseau local affichant les plus jolies filles de son
campus... Mais pas sûr que Mark Zuckerberg ait retenu ces deux principes de la
culture des hackers :</p>
<ul>
<li>Ne jouez pas avec les données des autres.</li>
<li>Favorisez l’accès à l’information publique, protégez le droit à
l’information privée.</li>
</ul>
<p>(1) produit par MK2 TV avec la participation de France Télévisions,
"Pirat@ge" sera diffusé sur France 4 le 15 avril prochain à 22h30</p>