Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Place de marché2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearUn reportage du New York Times payé par des internautesurn:md5:da5ba5455adf3e0990f9fdc4634d78562009-11-15T18:17:00+01:002009-11-15T19:37:29+01:00Capucine CousinJournalismeCo-productionJournalisme participatifNew York TimesPlace de marchéSpot.US <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.SpotUS_m.jpg" alt="SpotUS.JPG" title="SpotUS.JPG, nov. 2009" /></p>
<p>Cette semaine, le <em>New York Times</em> a publié dans sa rubrique Sciences
un article un peu particulier : il retrace l'histoire d'un amas de déchets
flottant dans l'océan Pacifique. Mais surtout, il est signé par une pigiste
pigiste... <strong><em>"payée par la foule"</em></strong> dans le cadre d'une
initiative inédite.</p>
<p>Les frais engagés par la journaliste Lindsey Hoshaw pour réaliser son
reportage lui ont été réglés d'avance non pas par le commanditaire de cet
article, le NY Times, mais par des centaines de donateurs, via
<strong>Spot.Us</strong>, qui se définit comme <em>"un projet à but non
lucratif visant à être pionnier du journalisme payé par la communauté"</em>.
Sur <strong><a href="http://spot.us/stories/252-dissecting-the-great-pacific-garbage-patch">son
site Internet</a></strong>, Spot.Us déclare d'ailleurs vouloir permettre au
public <em>"de lancer des enquêtes avec des donations déductibles fiscalement,
sur des sujets importants et peut-être négligés</em> (sous-entendu par les
rédactions classiques)". A ce jour, le reportage de Lindsey Hoshaw a récolté 6
000 dollars de dons.</p>
<p>Un peu sur le modèle des sites musicaux où les internautes peuvent
plébisciter et financer en ligne, et donc <strong>permettre aux artistes de se
faire produire par des internautes</strong> (tels <a href="http://www.akamusic.com">Akamusic.com</a> ou <a href="http://www.mymajorcompany.com/">MyMajorCompany</a>), SpotUS propose aux
internautes de choisir le sujet d'article (leur <em>story</em> favorite) qui
les intéresse le plus, parmi les <em><a href="http://spot.us/news_items">pitch</a></em> présentés sur le site, et
visiblement postés par des journalistes freelance (équivalent aux
journalistes-pigistes ici). Il y a <a href="http://spot.us/pages/reporter_agreement">plusieurs tarifs</a> présentés selon
le type de reportage prévu (investigation, reportage sur une entreprise).
L'internaute qui finance un reportage peut en connaître la progression via le
blog du journaliste. C'est donc une sorte de place de marché, où l'internaute
peut choisir de financer des sujets de reportages qui l'intéressent, ou qui lui
semblent peu traités par les médias.</p>
<p>L'initiative de SpotUS me laisse quelque peu perplexe. Le NY Times surfe
ainsi sur la vogue (quelque peu dépassée d'ailleurs) du journalisme
participatif (dont je me souviens avoir parlé <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2007/05/04/Journalisme-participatif-en-ligne">en 2007</a>). Un site
comme Newsassignment.net proposait déjà à sa communauté d'internautes de
contribuer à la rédaction d'articles.</p>
<p>Certes, c'est un moyen de financer des reportages aux coûts (déplacements,
etc) parfois élevés, surtout pour des journalistes indépendants, qui doivent
habituellement avancer les frais avant de les voir (éventuellement) couverts
par la rédaction qui publiera leur papier. Qui plus est, cela donne au
journaliste le temps d'enquêter en profondeur. Du temps et des moyens, une
denrée qui se raréfie d'ailleurs pour les journalistes dans les rédactions.</p>
<p>Le truc étant que le modèle de relation classique entre les rédactions et
les journalistes indépendants qu'elles font travailler repose sur une commande,
puis une rémunération directe par la rédaction au journaliste. Là, SpotUS se
pose en <strong>intermédiaire</strong> (et prélève une commission ?).
Normalement, l'article finalisé est publié sous licence Creative Commons, et
donc reexploitable gratuitement par autrui. Là, le NY Times avalise ce modèle
en publiant dans ses pages un article commandé et "produit" par SpotUS, et
financé par des internautes.</p>
<p>Est-ce que l'on verra un jour ce modèle importé en France ? Où se
distinguent déjà des intermédiaires entre rédactions et journalistes
indépendants, comme la Nouvelle Agence Centrale de Presse (ACP), qui suscite
déjà beaucoup de débats... Et vous, qu'en pensez-vous ?</p>
<p><strong>Mise à jour</strong> : Quelques compléments à partir d'infos
ben intéressantes que m'ont fait parvenir des internautes (que je remercie :):
- Dans la lignée de Spot.US, en France, on trouve le projet <a href="http://www.glifpix-project.com/?page_id=202">Glifpix</a> qui repose sur le
même principe. Parmi ses fondateurs, on trouve un ancien rédacteur en chef du
<em>Monde</em>, Patrick Jarreau, un transfuge de Mopndadori France, Bertand
Paris, Eric Scherer, directeur de la stratégie et des partenariats à l’AFP... -
Le photojournaliste Cyril Cavalié (qui vient de publier <a href="http://recherche.fnac.com/ia823508/Cyril-Cavalie">cet excellent bouquin</a>,
dont j'ai parlé <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2009/09/06/Le-photojournalisme%2C-%22en-soldes%22-ou-engag%C3%A9">ici</a>)
m'indique qu'il a eu (et bénéficié de) la même idée : "en début d'année,
et le don de quelques internautes des réseaux Facebook, Twitter et Flickr qui
connaissaient mon travail, m'avait permis de partir à Washington sans commande
pour couvrir l'investiture de Barack Obama".</p>