Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - Robotique2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclearRobopocalypse, récit d'un putsch des robotsurn:md5:c0409673cb6b5e0c47fdfa49ae6621722013-01-13T17:33:00+01:002013-01-15T09:03:57+01:00Capucine CousinR&D, innovationsDystopieHumain augmentéRobopocalypseRobotiqueRobotsscience-fiction <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/41v0m7eiF3L._SL500_AA300_.jpg" alt="41v0m7eiF3L._SL500_AA300_.jpg" title="41v0m7eiF3L._SL500_AA300_.jpg, janv. 2013" /></p>
<p><strong>D</strong>es machines devenues indispensables, des GPS des
téléphones portables aux voitures à pilotage automatique, en passant par les
robots-nurses, les robots-jouets pour enfants, ou jouets sexuels pour adultes
esseulés (les love dolls), les robots de manutention... Ils se nomment Big
Happy, Super Toy, Sappy, sont devenus omniprésents dans nos vies, nos
foyers.</p>
<p>Et si les robots pouvaient se soulever, tenter de prendre le pouvoir dans un
putsch parfaitement organisé ? C'est ce qu'a imaginé dans son premier
livre, <em>Robopocalypse</em> (ed. Fleuve Noir), Daniel H. Wilson, 34 ans,
<a href="http://www.20minutes.fr/article/1048008/daniel-h-wilson-je-naurais-jamais-reve-spielberg-adapte-robopocalypse">
chercheur en intelligence artificielle</a>,</p>
<p><strong>Blockbuster Sci Fi</strong></p>
<p>Certes, le sujet est omniprésent dans la science-fiction, de
<em>Metropolis</em> à <em>i,Robot</em>, en passant par la saga des
<em>Terminator</em>. Mais ici, l'ouvrage reprend autant les codes du récit de
science-fiction que du thriller, et même consacre le genre de la
science-fiction avec des recettes dignes d'un blockbuster. Pas surprenant que
ce récit très cinématographique soit susceptible de servir de base au prochain
film de Steven Spielberg - même s'il vient d'annoncer <a href="http://www.reuters.com/article/2013/01/10/entertainment-us-spielberg-film-idUSBRE90905M20130110">
repousser ce projet</a> à gros budget initialement prévu pour 2014, crise
oblige.</p>
<p><strong>D</strong>aniel H. Wilson imagine donc ici le <strong>soulèvement
des machines</strong> dans un futur proche. Des androïdes serviles qui
fomentent une révolution... après tout, la notion d'esclavage est présente de
manière subliminale dans la notion même de robot : étymologiquement, le
terme robot est issu des langues slaves, et formé à partir de
<strong><em>rabot</em></strong> (работа en russe) qui signifie travail, corvée,
que l'on retrouve dans le mot Rab (раб), esclave en russe. Ce terme aurait été
utilisé pour la première fois par l’écrivain tchécoslovaque Karel Čapek dans sa
pièce de théâtre <em>R. U. R</em>. (Rossum's Universal Robots) en 1920, qui met
en scène... un soulèvement des machines.</p>
<p><strong>Robopocalypse</strong>, c'est avant tout un thriller high-tech mené
tambour battant, au rythme un peu mécanique, comme les machines qui en
deviennent les protagonistes, qu'on lâche difficilement, le long de ses 439
pages, tant qu'on ne l'a pas fini. Le décompte se poursuit au fil des
chapitres: "Virus précurseur + 30 secondes", "Virus précurseur + 5 mois",
"Heure zéro - 40 minutes"...</p>
<p>Une première partie, “Incidents isolés”, relate les prémices du soulèvement
aux quatre coins du monde ; “Heure zéro” raconte le basculement dans la
guerre civile, avec pour déclencheur un chercheur qui conçoit un robot doué
d'intelligence artificielle, appelé Archos, qui va mener la révolte des robots.
Les deux dernières parties montrent comment s’organise la résistance, et décrit
la possibilité d’une renaissance de l’humanité. Tout cela nous est rapporté du
futur via une boîte noire, sorte de “cerveau" qui a enregistré les étapes de la
révolution et l’éclosion de son leader, Archos.</p>
<p><strong>Dystopie</strong></p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.dystopie_m.jpg" alt="dystopie.jpg" title="dystopie.jpg, janv. 2013" /></p>
<p><strong>L</strong>e récit met donc en scène un monde qui frôle littéralement
l'Apocalypse (en tous cas pour les humains). L'auteur ne s'attarde donc guère
sur l'aspect récit d'anticipation, ce qui l'intéresse davantage, c'est le
combat entre les humains survivants et des robots organisés. Un monde sombre,
en déshérence, une <strong>dystopie</strong> en somme; un des genres
littéraires propres à la science-fiction, une contre-utopie, qui dépeint un des
pires mondes possibles qui puisse être envisagé, contre l'avènement de laquelle
l'auteur entend mettre en garde le lecteur. Une forme de récit que l'on a déjà
vue avec <em>Le Meilleur des mondes</em> d'Aldous Huxley, <em>1984</em> de
George Orwell, ou encore <em>Fahrenheit 451</em> de Ray Bradbury.</p>
<p><strong>Humains "augmentés"</strong></p>
<p>Classique dans la science-fiction, <em>Robopocalypse</em> dénonce les
risques d'extinction de la civilisation humaine et l’angoisse que génère la
place croissante des machines dans notre société. <em>"Les machines nous ont
attaqués sans prévenir, elles ont bouleversé notre vie quotidienne, elles sont
nées de nos rêves, mais aussi de nos cauchemars"</em>, constate un des
survivants.</p>
<p>Mais il surfe aussi sur une vogue paranoïaque quant à ces machines et ces
réseaux sociaux, qui nous entourent, et font de la vie privée, du secret, un
luxe. <em>“Il faut savoir qu’au tout début, l’ennemi ressemblait à des trucs
ordinaires : voitures, immeubles, téléphones”</em>, lâche un survivant
dans <em>Robopocalypse</em>. Bref, méfiez-vous des portables qui vous
géolocalisent, et des ordinateurs qui mémorisent ce que vous faites sur
Internet...</p>
<p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.androide_m.jpg" alt="androide.gif" title="androide.gif, janv. 2013" /></p>
<p>Image CC Flickr Roberto Rizzato</p>
<p><strong>C</strong>ôté anticipation, le chercheur en robotique met de manière
tout à fait réaliste les avancées de la robotisation, des perspectives
vertigineuses qu'ouvrent les interactions hommes-machines (j'en parle <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2012/08/29/Hype-Cycle-2012">ici</a>), et celles de l'humain "augmenté",
déjà esquissées par Cyril Fiévet dans son <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2012/06/28/Le-%22body-hacking%22%2C-les-pr%C3%A9misses-de-l-humain-%22augment%C3%A9%22">
remarquable livre</a> sur le sujet. Les voitures sont désormais automatiques
(ça vous rappelle <a href="http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/la-voiture-sans-pilote-passe-une-vitesse-de-plus-en-californie_339967.html">
quelque chose</a> ?), et communiquent entre elles grâce à leurs
<strong><em>"puces intravéhiculaires connectées"</em></strong>, devenues
obligatoires, grâce auxquelles les voitures <em>"se débrouillent pour éviter
les collisions"</em>... Des humains combattants s'équipent
d'exosquelettes...</p>
<p>Des humains "augmentés" d'appareils, tel cet ado qui a , greffée à son
avant-bras, <em>"une coque métallique graisseuse, terminée par deux
lames"</em>, ou la jeune Mathilda, qui a, greffés sur le visage, des yeux
"augmentés" lui permettant de voir en réalité augmentée. <em>"Les machines nous
ont transformés. Nous sommes à la fois différents... et pareils. Nous sommes
les transhumains"</em>, dit l'un d'entre eux.</p>
<p><strong>Mimer les émotions</strong></p>
<p><strong>E</strong>t Daniel H. Wilson soulève cette question (périlleuse):
jusqu'où les robots pourront-ils mimer les comportements humains, dont les
émotions? Seront-ils capables de s'attacher à leurs maîtres?... Plusieurs des
robots mis en scène sont décrits, de manière troublante, avec des expressions
humaines. Telle la love roll - androïde Kiko, qui, lorsqu'elle étrangle son
maître, a <em>"son visage qui se tord d'émotions. Des larmes jaillissent de ses
yeux, le bout de son nez rougit, un air d'angoisse pure lui cisaille les
traits. Elle est en train d'étrangler M. Nomura en pleurant"</em>.</p>
<p>Plus loin, vers la fin des combats, l'auteur fait s'exprimer au style direct
un robot, Rob : <em>"Bizarre. Je prends enfin conscience que je veux vivre
au moment où ils (les humains) veulent me tuer. je décolle les bras de ma
poitrine et j'appuie mes deux coudes sur le fond de la caisse"</em>. (...) Plus
loin, <em>"il appelle des humains à l'aide, rectifiant : "Tu es
cassé ? Négatif. Je suis vivant. (...) Aujourd'hui, je suis libre -
vivant. Et je souhaite le rester"</em>. <em>"Immédiatement après avoir pris
conscience d'eux-mêmes et de leur liberté, les membres du Freedom Squad ont
fait preuve d'une détermination à ne plus jamais tomber sous l'entité d'une
emprise extérieure"</em>, raconte un des narrateurs. On remarquera ici toutes
les capacités d'émotions on ne peut plus humaines qui sont prêtées aux robots:
tristesse, prise de conscience, réflexe de survie...</p>
<p><strong><em>Théorie de l’information</em> et intelligence
artificielle</strong></p>
<p>Une réflexion cybernétique qui a nourri de manière plusieurs ouvrages
récents. Aurélien Bellanger, évoque à plusieurs reprises dans sa
<strong><em>Théorie de l’information</em></strong> l’intelligence artificielle
et à sa capacité à surpasser son concepteur, l'humain. Et émet l’hypothèse
d’une déshumanisation qui s’attaquerait au langage et aux affects.</p>
<p><strong>D</strong>éjà le jeu vidéo, <em>"expérience anthropologique
radicale, confronte, pour la première fois, l'homme à sa nature brute. (...)
L'homme est une machine qui explore à l'aveugle les circuits compliqués de son
propre cerveau, un labyrinthe de plaisirs et de peines, de récompenses et
d'obstacles. (...) Jouer, c'est plonger son corps dans un acide qui en dissout,
couche après couche, tous les tissus et membranes, toute la nature organique et
sensible, jusqu'à ce que le cerveau soit mis à nu, comme machine électrique
autonome et comme réseau logique terminal"</em>.</p>
<p>Facebook même le préfigurerait, <em>"monde conclave et bouclé. Coupés du
sol, les branchages algorithmiques de Facebook formaient pourtant une résille
capable de capturer la vie. Les hommes étaient devenus des robots calculateurs,
susceptibles et sociaux. (...) Les êtres humains, privés de leurs organes
biologiques, n'y échangaient plus que des informations. La touche 'J'aime'
était froide. Facebook s'était transformé en inconscient collectif, puis en
tribunal du Jugement dernier"</em>.</p>Paro, du robot-jouet au robot-substituturn:md5:63de6c2dd400b8ac61ceb95cbcc36e012009-12-27T18:57:00+01:002009-12-27T19:40:37+01:00Capucine CousinR&D, innovationsBruno BonnellJaponParoRobopolisRobot de compagnieRobotique <p>Il revêt une certaine utilité sociale,mais n'en n'est pas moins troublant,
voire un rien flippant. Au hasard d'un feuilletage du <em>Monde magazine</em>,
je suis tombée sur un papier qui parlait d'un robot "de compagnie" (comment
appeler ça autrement ?) qui commence à cartonner au Japon, Paro. Si vous allez
voir cette vidéo YouTube, rien d'extraordinaire : une vague peluche
blanche qui ressemble à un phoque, qui émet d'étranges cris et ferme ses grands
yeux noirs quand on lui demande, et peut aussi remuer la tête et les pattes.
Une peluche en version améliorée, en somme. N'empêche, sur la vidéo, on entend
la personne s'adresser à ce truc à poils comme à un animal de compagnie.
Edifiant.</p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/Vx8mv87e6wE&hl=en_US&fs=1" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/Vx8mv87e6wE&hl=en_US&fs=1" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p>Paro, une tétine jaune dans le bec, peut aussi repérer la provenance d'une
voix ou la présence d'une personne grâce à ses capteurs. Ce qui assure une
certaine présence à ce robot de compagnie. C'est pourtant un chercheur très
sérieux, Takanori Shibatéa, de l'Institut japonais des sciences et technologies
industrielles avancées, qui l'a conçu, avec pour objectif d'assurer une
présence aux personnes âgées isolées ou diminuées. Paro commence du coup à se
tailler un petit succès au Japon, pays du monde ayant la plus grande proportion
de plus de 65 ans. Problème : ces robots deviennent de véritables
substituts affectifs pour des personnes isolées. Ca me rappelle un reportage
d<em>'Envoyé spécial</em> assez flippant, où l'on voyait un couple de Japonais
âgés ayant adopté un robot ressemblant à une petit fille, qu'ils traitaient
comme telle.</p>
<p>Le robot comme <em>substitut affectif</em>, dérive possible de l'émergence
de la robotique dans la vie de demain ? Il y a quelques temps, je parlais
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2009/08/02/Les-robots-pole-dancers-de-Giles-Walker">dans ce
billet-là</a> et <a href="https://blog.miscellanees.net/post/2008/03/26/Des-robots-dotes-demotion-le-sexe-en-2050">celui-ci</a> (avec
les <em>love dolls</em>) des robots capables de mimer les émotions,</p>
<p>La robotique sera peut-être la révolution technologique d'après-demain, dans
le sens où les robots entreront dans la vie quotidienne du tout-venant par les
robots ménagers, ainsi que par les robots de services à la personne, notamment
pour l'assistance aux personnes âgées ou handicapées. C'est d'ailleurs ce
qu'imagine Bruno Bonnell, ex- dirigeant d'Infogrames, maintenant à la tête de
sa nouvelle start-up, Robopolis, et qui croit dur comme fer à l'émergence de la
<em>"robolution"</em>, à laquelle il consacre un livre, annoncé pour courant
2010. Il y a quelques semaines, il présentait à la presse ses projets en la
matière : je l'aborde dans un article à paraître dans
<em>L'Entreprise</em> de janvier, mais comme l'indique <strong><a href="http://monecranradar.blogspot.com/2009/10/bruno-bonnell-fomente-une-robolution.html">
dans ce très bon billet</a></strong> mon confrère Jean-Christophe Féraud, pour
lui, c'est certain, le robot entrera dans le quotidien de tout un chacun par
les robots ménagers (comme l'iRobot), puis les robots d'assistance aux
personnes âgées etc. Et c'est déjà le cas au Japon, avec les robots Asimo ou
Ri-Man.</p>
<p>Ça tombe bien, alors que les personnes médicalisées à domicile seront de
plus en plus nombreuses, les robots pourront assurer leurs soins. Et justement,
les coûts de production - et donc de vente- de robots baissent, y compris pour
les robots-jouets, tels le chien Mio. Mais on peut craindre un accompagnement
déshumanisé des personnes âgées ou handicapées avec des robots ou, pire, un
attachement affectif cache-misère par des personnes seules, comme le laisse
craindre un Paro.</p>