Miscellanees.net - blog prolixe pub, marketing & conso, high tech, innovations - Mot-clé - start-up2023-11-09T22:14:23+00:00urn:md5:e7ec1fbd7729b619d22bab365af406cbDotclear"Silicon Valley", parodie grinçante sur les geeks (et leur supposée contre-culture)urn:md5:171aa8f50410d319f27f41caa63881992015-01-25T20:00:00+01:002015-01-26T08:58:09+01:00Capucine CousinCulture numériqueFred TurnerHBOMike JudgeSatireSilicon Valleystart-up <p><img src="https://blog.miscellanees.net/public/.Silicon_Valley__m.jpg" alt="Silicon_Valley_.jpg" title="Silicon_Valley_.jpg, janv. 2015" /></p>
<p><strong>L</strong>a scène d'ouverture se déroule dans une fête dans une
villa design. <em>"Il y a du fric partout dans la Silicon Valley mais nous n'en
voyons pas la couleur"</em>, se lamente un jeune type, look de post-ado.
<em>"Tout ça, c'est de quoi ça a l'air quand Google racheté votre entreprise
200 millions de dollars. Regardez, là-bas, il y a Elon Musk et Eric Schmidt
!"</em>, lâche un autre. Bienvenue dans Silicon Valley, série potache mais pas
si légère que ça, qui retrace avec humour l'ascension de cinq programmeurs qui
partagent la même maison et une même ambition, se faire une place dans cet
univers.</p>
<p>Elle est sortie en 2013, diffusée par la toujours très inventive HBO (et
depuis peu par OCS en France), et réalisée par Mike Judge, auquel on doit déjà
Beavis and Butthead. Lui-même a travaillé par le passé dans la Silicon
Valley : il était bien placé pour ausculter cette nouvelle incarnation du
rêve américain, le "You can make it in America" version high tech.</p>
<p>Cinq développeurs pas encore trentenaires qui vivotent, Erlich (T.J.
Miller), Thomas (Thomas Middleditch), Jared (Zach WoodsJared), Dinesh (Kumail
Nanjiani), et Gilfoyle (Martin Starr) espèrent donc bien trouver La bonne idée
qui va leur permettre de percer dans la Silicon Valley. Tous bossent dans une
grosse start-up similaire à Google, Hooli, au slogan un rien grotesque
(<em>"Pour créer le changement, il faut changer")</em>. Jusqu'à ce que Thomas
découvre la recette magique, un système de compression qui, grâce à un
algorithme magique; permet de compresser tous les fichiers, même les plus
lourds, telle la vidéo 3D. La start-up, étrangement baptisée Pied Piper, est
née. Deux investisseurs-stars, et frères ennemis, vont alors jouer la
surenchère pour attirer la jeune start-up dans leurs rets...</p>
<p><strong>Satire geek</strong></p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/69V__a49xtw?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/69V__a49xtw?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
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<p><strong>C</strong>'est une satire bien informée sur l'univers des
informaticiens nouvelle génération, dans une sorte de Cour des temps modernes
où chacun veut percer. Il est vrai que l'univers des geeks est riche en
stéréotypes touchants et risibles. Mike Jugde y glisse clichés et éléments
réalistes: les looks de geeks, comme le T-shirt <em>"I know H.T.M.L."</em> (how
to meet ladies) arboré par Erlich dès le premier épisode. Dans les bandes de
geeks qui bossent sur leurs projets de start-up, <em>"il y a toujours un grand
blanc maigre, un petit asiatique, un gros avec les cheveux longs, un gars avec
une drôle de barbe et un Indien"</em>, souligne le patron de Hooli.</p>
<p>La série dresse un inventaire grinçant des codes des start-up de la Silicon
Valley dont s'emparent nos héros. Comme faire concevoir le logo pour Pied Piper
par un graffeur-star, qui a signé <em>"des fresques pour Facebook"</em>, et
réclame une rémunération par stock-options, ou embaucher sur une mission un
hacher-star arrogant du haut de ses 15 ans, accro à la Ritaline...</p>
<p>Consécration à la fin de cette saison, la jeune start-up est invitée à
présenter son pitch à la Techcrunch Disrupt, événement incontournable -
<a href="http://techcrunch.com/event-type/disrupt/">et réel</a> - organisé par
Techcrunch, une des Bibles en ligne dédiées à l'économie numérique. Et là, Mike
Judge se lâche avec quelques perles de jargon de start-uppers, autour des
start-up qui présentent leurs pitchs : toutes commencent par le slogan
<em>"Nous faisons de ce monde un monde meilleur", "nous avons des bases de
données distribuées, scalables et tolérantes", "nous sommes SoLoMo, social,
local et mobiles"</em>...</p>
<p>Jusqu'à cette tirade finale lâchée par la collaboratrice de l'investisseur
de Thomas: <em>"Tu vas devoir trouver des bureaux plus gros, embaucher, Peter
(son investisseur) va devenir plus intrusif, tout le monde va vouloir
s'attribuer le mérite de ton idée, les gens t'attaqueront en justice... Les
autres investisseurs? Ils seront toujours prêts à te mettre des bâtons dans les
roues. Bientôt tu dirigeras des milliers d'employés qui seront pendus à tes
lèvres. C'est pas formidable ça"</em>. Une vision un rien grinçante de la
Silicon Valley.</p>
<p>En tous cas, c'est une des premières fictions consacrées de manière réaliste
à la Silicon Valley, son économie, ses idées, ses gourous. Mis à part les
quelques premiers bioptics sortis au cinéma, comme l'excellent The social
network sur Facebook, Les stagiaires (qui met en scène de façon trèèès gentille
<a href="https://blog.miscellanees.net/post/2013/06/26/%C2%ABLes-stagiaires%C2%BB%2C-long-m%C3%A9trage-publicitaire-pour-le-Googleplex">
le Googleplex)</a>, ou encore celui sur Steve Jobs.</p>
<p>Je viens de visionner cette série alors que la Silicon Valley, son
idéologie, <strong>sont de plus en plus critiqués</strong>. Cela a commencé
courant 2013, lorsque l'inflation galopante du coût de l'immobilier générée par
les start-uppers commençait à générer des manifs anti- startups dans la Silicon
Valley, notamment à l'encontre de Google. Alors que se loger y est devenu
difficile, Google ayant fait doubler la population de Moutain View - 70 000
personnes sont arrivées avec Google.</p>
<p><strong>La Silicon Valley, "écho vide de la contre-culture"</strong></p>
<div class="external-media" style="margin: 1em auto; text-align: center;">
<object type="application/x-shockwave-flash" data="http://www.youtube.com/v/vOoUCXmnhVM?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" width="425" height="350"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/vOoUCXmnhVM?version=3&hl=fr_FR&feature=player_embedded&version=3" />
<param name="wmode" value="transparent" /></object></div>
<p><strong>Il</strong> y a aussi ce livre de <strong>Fred Turner</strong>, prof
à l’université de Stanford, <strong><em>Aux sources de l'économie
numérique</em></strong> : décrypté <a href="http://rue89.nouvelobs.com/2014/12/21/fred-turner-google-uber-lideologie-silicon-valley-treize-mots-256671">
par Rue89</a>, il raconte comment la Silicon Valley est un héritage des
hippies, qui rêvaient d’un monde nouveau dans les années 60. Les dernières
générations se sont converties au capitalisme dans les années 80 et 90, et sont
devenus parmi les plus importants (et riches) entrepreneurs de la Silicon
Valley. Ils ont bien cette ambition de <em>"changer le monde"</em>, comme se
moque la série TV: Eric Schmidt lui-même a affirmé à plusieurs reprises
<em>"Notre objectif est d'apporter un monde meilleur"</em>. Pour Fred Turner,
on retrouve ainsi dans les start-up de la Silicon Valley cet idéal libertaire
de contre-culture : <em>"les entreprises comme Uber ou Airbnb, où en
louant votre logement, votre voiture ou vous-même, vous mêlez le privé et le
marchand. C’est bien la réalisation d’un rêve provenant directement de la
contre-culture"</em>, y écrit-il.</p>
<p>Les start-uppeurs ? <em>"Les étudiants qui font un cursus
d’informatique n’apprennent presque rien d’autre. Ils ont très peu de culture
générale et ne connaissent que le mythe de la Silicon Valley"</em>,
poursuit-il. Bim. Et il reprend lui aussi cette anecdote de la série
<em>Silicon Valley: "Il y a une blague qui résume cet esprit : chaque
pitch de toute start-up devant ses potentiels financeurs doit finir sur :
“Et ça va changer le monde”. C’est vraiment comme ça que ça se passe. Il faut
déclarer que ce qu’on va faire va sauver le monde. C’est un écho un peu vide de
la contre-culture"</em>.</p>
<p>L'universitaire <strong>Evgueny Morozov</strong> dénonçait lui aussi la
récemment la <em>"nouvelle forme de capitalisme"</em> induite par les
entreprises du numérique. <a href="http://abonnes.lemonde.fr/pixels/article/2014/10/16/on-devrait-traiter-la-silicon-valley-avec-la-meme-suspicion-que-wall-street_4507321_4408996.html">
Dans cet entretien</a>, il dénonce le "solutionnisme", <em>"la tendance qu’ont
certains acteurs, spécifiquement les entrepreneurs et les entreprises de la
Silicon Valley, à prétendre qu’ils savent comment résoudre de grands problèmes
politiques et sociétaux, avec par exemple de la tendance à compter sur des
applications, des appareils de self-tracking, des capteurs (...) pour résoudre
des problèmes de société"</em>.</p>