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dimanche 22 janvier 2012

Huffington Post made in France: info, débats, entertainment

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Ett voilà. Lundi 23 janvier, le Huffington Post français était lancé lors d'une conférence de presse organisée dans les locaux du Monde, avec Ariana Huffington et l'équipe du jeune media, une dizaine de jeunes journalistes, Anne Sinclair pour responsable éditoriale et Paul Ackermann (ex-chef d'édition du Figaro.fr) pour rédacteur en chef.

Le débarquement dans l'Hexagone de cet étrange Ovni médiatique - on y reviendra - avait soigneusement été préparé par Ariana Huffington, entre buzz savamment orchestré et plan media réglé comme du papier à musique. Dès septembre dernier, la fondatrice du HuffPo inaugurait la session de rentrée du CFJ (Centre de perfectionnement des journalistes) - rien de tel pour asseoir sa notoriété et mettre un pied dans le journaliste traditionnel. Après tout, encore au printemps 2011, le HuffPo avait surtout une odeur de soufre à cause de la grève de ses contributeurs - blogueurs bénévoles bien malgré eux.

Plan médias pour le HuffPo français... Et pour Anne Sinclair

Dans les semaines qui ont suivi, la feuilleton s'est poursuivi: rumeurs d'arrivée de Marc-Olivier Fogiel, d'Anne Sinclair, survivance (ou pas) du Post, bruits de report du lancement, de difficultés à recruter un rédacteur en chef... Le 13 janvier, un visuel de la page d'accueil du Huffington Post français fuite sur Twitter.

tweet_Glad_2.jpg Le 16 janvier, la presse est conviée à la conférence de presse de lancement. Et a confirmation du même coup que qu'Anne Sinclair prend bien les rênes de ce media. Le fait n'est pas anodin: retour au journalisme pour celle-ci, exposée dans les media ces derniers mois uniquement en tant qu'épouse de DSK. Elle va étrangement faire office de vitrine médiatique pour le lancement du HuffPo français. Elle a conçu son propre plan media, visiblement avec Anne Hommel, conseillère en communication chez Euro RSCG, amie du couple Strauss-Kahn, déjà connue pour conseiller DSK. C'est aussi elle et l'agence Euro RSCG qui ont organisé la conférence de lancement du lundi 23 janvier.

Anne Sinclair choisit pour son retour en journalisme - et pour tourner la page médiatique de l'affaire DSK - l'hebdomadaire Elle, où elle a bénéficié d'une couverture favorable en plein tourment, ces derniers mois. Une interview-fleuve ("l'interview-vérité", nous promet-on) de 8 pages, où elle parle de ses années de retrait du journalisme, de son bouquin à venir, du HuffPo, de l'affaire DSK, bien sûr de ce qu'est être une femme trompée, mais sûrement pas de ses sentiments (avec cette chute déjà culte, à la question "Etes-vous une femme amoureuse ? Ca - ne - vous - re - garde - pas !). Si Elle sort habituellement en kiosques le vendredi, ici, des exemplaires sont envoyés dans une poignée de rédactions dès mercredi après-midi. L'émission C'est à vous dévoile la Une de Elle en direct et sur son fil Twitter ce mercredi soir.

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Ce matin, on en a eu confirmation. Ambiance surprenante pour cette conférence de presse, qui rassemblait au bas mot 250 journalistes, à l'importance peut-être surestimée, certains osant parler ce matin d'"événement médiatique de l'année". A l'évidence, cette nuée de caméras art de photographes étaient plus là pour voir Anne Sinclair que ce nouveau projet de media. Et c'est vrai qu'entendre ce matin sa voix grave et posée, exactement la même qu'à l'époque de 7 sur 7 - que beaucoup, comme moi, n'avaient probablement pas réentendue depuis - ne pouvait laisser indifférent.

Durant une heure, parallèlement à cette conférence de presse, il y avait presque une conférence bis, rythmée par cet étrange ballet des photographes, dont les flashes ont crépité à l'arrivée d'Anne Sinclair et Ariana Huffington (effet Fashion week ?), puis les rafales de photos se sont poursuivies au moindre geste, au moindre rire, au moindre aparté des deux femmes, donnant un côté people bizarre à cette conf'.

Actu, entertainment, débat...

'"En association avec le groupe Le Monde", indique le header de la page d'accueil, il ouvre sur le discours au Bourget du candidat à la présidentielle François Hollande, sondage maison à l'appui ("sondage ViaVoice pour Le HuffPost"), et balaie l'essentiel de l'actu: RTT des médecins, Fukushima, démission du PDG de RIM, taxe Tobin, le divorce Heidi Klum - Seal, la cravate "toujours dans le vent" durant la Fashion Week... De l'actu et de l'entertainment donc, comme sur le HuffPo'' version US. D'ailleurs, le rubricage du site est simple: A la Une - Présidentielle 2012s - Economie - International - Culture.

Le Huffington Post français reprend donc les recettes du HuffPo US: des articles maison, des synthèses d'articles publiés ailleurs, et surtout une flopée de blogs alimentés par divers contributeurs, connus ou pas - et tous bénévoles. "On sera un site de débats, avec des contributions très pointues. Ce qui nous différenciera des autres médias. On a déjà plus de 150 contributeurs qui vont apporter leur tribune au HuffPo, à la fois des experts très connus, mais aussi des gens de terrain (...)", dévoilait Anne Sinclair dans Elle. Parmi ces contributeurs, Ariana Huffington annonce dans son édito le constitutionnaliste Guy Carcassonne, la reporter de guerre Anne Nivat, Rachida Dati, Julien Dray, porte-parole de Lionel Jospin en 2007, l'historien Benjamin Stora, ou encore Nicolas Bedos.

Rubrique sponsorisée

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Quid du modèle économique ? La pub déjà: ce lundi matin, le site comporte une bannière publicitaire (avec L'Oréal pour annonceur), et une seconde en bas (Les 3 Suisses). Mais on découvre aussi une rubrique sponsorisée: la rubrique, tech, "La vie digitale", qui comporte la mention "Avec Orange". Dans la lignée de ce qu'il a fait l'an dernier - le sponsoring de dossiers high-tech dans Les Inrocks notamment, évoqué ici - l'opérateur télécoms sera donc le sponsor permanent de cette rubrique. Il fournit notamment des "articles" dans cette rubrique ("Des applis mobiles à prix mini Bénéficiez de promotions exceptionnelles !", ou encore des comptes-rendus du CES de Las Vegas écrits par Eric Dupin, alias Presse Citron), pudiquement intitulés "Contenu de marque", que Corine Mrejen (responsable de la régie publicitaire du Monde) nous a détaillés ici.

Indéniablement, le HuffPo made in France consacre une nouvelle tendance apparue dans les nouveaux media qui ont fleuri sur la Toile ces derniers mois. Entre Le Plus du Nouvel Obs, Quoi.info, Newsring, dans une certaine mesure Le Lab... Une nouvelle génération de pure players participatifs, qui reposent plus sur le participatif, les contributions des internautes, le débat, plutôt que la publication classique d'articles. On ne sait plus trop comment les qualifier: pas vraiment médias, ni sites d'information, en quelque sorte "plateformes de contenus".

dimanche 27 novembre 2011

Newsring et Quoi.info: entre débats et Wikipedia de l'actu

Assurément, sur la Toile, on est en plein bouillonnement, avec une foison de nouveaux projets qui mêlent participatif et actu, le tout étant d'autant plus porté par les échéances électorales de 2012, qui incitent médias old school ou start-ups des médias à proposer au grand public de nouvelles expériences, de nouvelles approches de l'actu. Il y a eu le lancement ce printemps du Plus du Nouvel Obs, France Télévisions qui a lancé il y a 15 jours son très prometteur site Francetv.info (site qui se revendique du "live", de "l'actu en continu"), et consacre ainsi le format journalistique du live, dont je parlais dans ce billet), Canal+ qui a lancé Présidentielle2012, son site d'infos dédié aux présidentielles, Le Lab du groupe Lagardère (site d'actu dédié aux présidentielles commun aux rédactions d'Europe 1 et Paris-Match, piloté par Laurent Guimier, directeur général adjoint chez Lagardère Active) qui est attendu ces prochains jours, et bien sûr l'arrivée très attendue (surestimée ?) du Huffington Post en France, au mieux pour décembre (s'ils parviennent à trouver un rédacteur en chef...). Peut-être simple effet de hype, comme l'adore la Toile, en tous cas, ces nouveaux médias tentent d'innover, de proposer d'autres lectures de l'actu à l'internaute.

Pour aujourd'hui, j'ai testé deux de ces petits nouveaux, Newsring.fr et Quoi.info, qui viennent de s’entrouvrir en version beta privée, annoncés sur la Toile respectivement pour début décembre et le 30 novembre, que j'ai parcourus. J'en ai parlé dans cet article et celui-là fin octobre pour Stratégies: on a donc Newsring.fr, site de débats thématiques qui privilégiera les contributions des internautes, experts et blogueurs, et Quoi.info, site d'information sélectionnant des sujets d'actualité, où les internautes pourront contribuer. Dans les deux cas, tous les contenus sont en accès libre, mais il faut créer son profil pour pouvoir contribuer. Aux manettes pour Newsring.fr, Julien Jacob (cofondateur d'Obiwi, ex-vice président de CBS France), qui s'est associé au groupe Webedia (PurePeople, Ozap, etc.), Philippe Couve (ex- RFI, Rue89 et Owni) et Frédéric Taddeï jouera un rôle transversal, tandis que Quoi.info a été cofondé par Cyrille Frank (ex-rédacteur en chef d'AOL France), Frédéric Allary (ancien DG des Inrockuptibles), rejoints par Serge Faubert. Le premier projet a levé 3,5 millions d'euros, et le second 400 000 euros.

Newsring.fr, "amener ceux qui discutent dans des cafés sur la place du marché"

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C'est l'image employée par Frédéric Taddéi à propos de Newsring.fr, en quelque sorte un Ce soir au jamais en version totalement numérique... Le sous-titre de Newsring.fr est d'ailleurs "Faire progresser le débat". Le découpage thématique, classique (Politique, Société, Monde, Economie, Culture, Local, Medias & tech, Planète & sciences, Philo) est affiché dans le header du site. Les sujets d'actu pour lesquels le site propose des débats sont affichés dans une colonne centrale, avec par exemple, en ce dimanche soir, "Faut-il empêcher l’Iran d’avoir l’arme nucléaire ?", "Les bons sentiments font-ils de bons films ?" (en rapport avec le succès phénoménal d'Intouchables, qui vient d'atteindre les 9 millions de spectateurs), "Eva Joly est-elle la meilleure candidate écolo ?", "Pour ou contre le droit de vote des étrangers aux élections locales ?", "Les réseaux sociaux nuisent-ils à la productivité des salariés ?"...

En colonne de gauche sont affichées les contributions / tribunes de personnalités. Et en colonne de droite les fonctions "sociales" du site: le bloc Activité compile commentaires, votes, contributions... des membres, mais aussi qui suit qui. On trouve plus bas un classement des "Top contributeurs", puis les "Débats du moment", où les sujets les plus débattus (donc qui suscitent le plus de commentaires et de votes) remontent automatiquement en tête, dans un système similaire à Digg.

Par exemple, en cliquant sur le sujet Les réseaux sociaux nuisent-ils à la productivité des salariés ?, qui m'intéresse particulièrement, en cliquant sur "Le contexte", un court article (un feuillet environ) me précise le contexte. En cliquant sur "Le débat", j'ai plusieurs points de vue, entre la blogueuse Agnès Maillard, l'entrepreneur Olivier Cambournac, l'entrepreneur Nicolas Le Gall, et la community manager Anne-Laure Raffestin, chargés au préalable par les journalistes - "orchestrateurs" de Newsring de lancer le débat en donnant leurs points de vues. Là encore, on visualise l'activité du débat, les Top contributeurs, ainsi que le nombre et le pourcentage de votes (oui ou non) sur le sujet. L'internaute-membre peut voter ou commenter ces points de vue, ou cliquer sur "Suivre le débat", ce qui lui permet de recevoir les notifications sur ce débat par e-mail.

Sympa, ce volet très "culture numérique", qui permet à l'internaute de suivre sur le Tumblr de l'équipe les conférences de rédaction en direct via un live sur Coveritlive: modéré par un journaliste, les internautes peuvent commenter les choix de sujets.

Quoi.info, "l'actu expliquée", Wikipedia de l'actu

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Dans le cas de Quoi.info, site qui revendique comme angle en sous-titre "l'actu expliquée", outre un rubricage classique pour les contenus - politique - éco - société - justice -people - international - pratique - culture - sciences - le découpage de la home est simple, entremêlant "social" et infos. e qui reflète l'ADN de Quoi.info, site hybride "social" et d'actu: des fonctions "sociales", avec commentaires des membres et liens vers des réseaux sociaux mis en avant, et bien sûr de l'actu

Côté infos, on a donc l'actu du jour en "Une", suivie des actus présentées sous forme de questions dans un menu déroulant de haut en bas, similaire à celui que l'on trouve sur les sites d'infos. Comme sur des sites d'infos tels que 20minutes.fr, les articles sont "compilés" de bas en haut en colonne centrale, au fil de l'actualité. J'ai bien aimé quelques rubriques marrantes comme "Question bêtes" (Pourquoi les restos japonais sont tenus par des chinois, D'où vient l'expression "Les éléphants du PS"...), "Que suis-je" (les citations qui font l'actu), en alternance dans un même bloc avec "Ça veut dire quoi" (le mots que l'on entend beaucoup: offshore, bien sûr bunga bunga...), "Merci pour l'explication" (À quoi ressemble l’"humain moyen" ?)... On voit clairement l'angle très pédago / Wikipedia de Quoi.info, qui ressort dans ce rubriquage.

Au menu pour ce dimanche 27 novembre, l'Egypte fait la Une, avec tout un dossier dans un même bloc - là encore que l'on pourrait retrouver dans un site d'informations tel que 20minutes.fr ou Lefigaro.fr: "Pourquoi la révolution reprend", "Qui sont les Frères musulmans et que veulent-ils ?", quelle différence entre Chiites, sunnites, alaouites, et druzes, "Pourquoi l'armée égyptienne ne lâche rien ?", "Qu'est-ce que la charia ?". S'ensuivent des articles très divers, où la variété des sujets est vraiment très appréciable, entre actu internationale exigeante ("Syrie : pourquoi la Ligue arabe lâche-t-elle Bachar el-Assad ?, "Pourquoi les Israéliens veulent-ils bombarder l’Iran ?"), faits divers et société - un dossier intitulé "Que font les autres pays face aux délinquants sexuels?" qui rebondit sur le meurtre de la jeune Agnès, un papier sur les changements d’horaires à la SNCF annoncés le 11 décembre, ce MOX qui embarrasse les socialistes, pourquoi le film de Matthieu Kassovitz fait polémique - et sujets plus... légers, comme "Où acheter, en Europe, une Rolex, du Chanel et un costume Hugo Boss pas chers ?", ou encore "Miss Monde, miss Univers, miss France : qui est la plus retouchée ?" (dont on remarquera qu'il figure dans les articles les plus lus ;).

Dans une colonne plus étroite figurent les fonctions "sociales" de Quoi.info, de manière assez classique : un bloc affiche les articles les plus vus ou les plus commentés, un autre les "activités" récentes (commentaires par les abonnés, ...), un autre la fanpage Facebook, un autre, dédié à Twitter, présente en temps réel les tweets relatifs à Quoi.info, et enfin, on trouve un attendu nuage de tags, qui permet, comme dans un blog, d'afficher en un clic l'ensemble des articles relatifs au tag sur lequel on clique.

Membre expert correcteur - rédacteur

En entrant plus dans les détails,j'ai davantage l'impression de lire des notules très pédago plutôt que des articles: avec le ton simple, clair, les éléments-clés surlignés en gras, et le découpage très pucé qui permet de les parcourir en diagonale. Logique, c'est bien là la vocation de Quoi.infos, "site d'information et outil serviciel, avec de l'info et des décryptages d'actualité", m'indiquait courant octobre Cyrille Frank. L'idée est de donner les clés, les bases de l'actualité, à un internaute pressé.

Comme pour son lointain cousin Newsring, Quoi.info innove dans ses fonctions participatives, avec pour originalité qu'il permet à l’internaute de corriger ou commenter l'article, à condition qu'il se soit préalablement inscrit comme membre. Là encore, pour cela, on peut passer par Facebook connect. "Il y aura un côté Wikipédia : nous voulons favoriser les corrections et compléments apportés par les internautes-membres", me précisait Frédéric Allary. A la fin de chaque article, il peut en effet proposer une correction, si elle est approuvée par la rédaction, elle sera intégrée dans l'article et il apparaitra comme contributeur. Le contributeur-commentateur régulier peut gagner le statut d'"expert", ce qui lui permettra même de publier ses propres papiers sur le site dans son domaine de compétence, et obtenir un badge par niveau d'expertise (amateur, connaisseur, ou expert), selon le nombre de commentaires publiés et de votes obtenus par les lecteurs.

Bilan ? Évidemment, on n'en n'est qu'aux débuts. L’internaute se voit proposer la possibilité de voter, commenter, corriger, voire - le Graal - de publier ses propres articles s'il atteint le stade d'expert sur Quoi.info. Des expériences intéressantes, prometteuses. Reste à voir si l'effet "média social" sera assez fort pour créer de vraies communautés, et donner l'envie à l'internaute - déjà sollicité par plusieurs réseaux sociaux - d'y revenir régulièrement, voire provoquer chez lui une certaine addiction ;) A suivre...

dimanche 17 octobre 2010

Le journalisme de demain, entre news brutes, "chaudron participatif" et info à haute valeur ajoutée?

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Je suis passée mercredi aux Entretiens de l'information, une journée de réflexion autour de l'évolution du journalisme à l'INA, organisée par Jean-Marie Chrron, sociologue des médias, qui m'y avait gentiment conviée. J'avais envie de revenir sur plusieurs points de vues émis ce jour-là. Vous trouverez aussi un compte-rendu très fidèle chez mon confrère Cyrille Frank (aka @Cyceron) qui, lui, a courageusement assisté à toute la journée de débats :)

Premier sujet abordé, les effets de la crise sur l'organisation du travail des journalistes. Les symptômes décrits par Olivier Da Lage (SNJ, ancien président de la Commission de la Carte de presse) étaient loin de m'être inconnus: avec en particulier le développement des contrats groupe au détriment des contrats de travail rattachés à un seul titre, si jamais le titre de presse (« produit ») disparaît. Un confrère m'avait raconté, il y a quelques mois, avoir signé un "contrat Hadopi lors de son embauche, par lequel il s'engageait à signer des articles pour les titres du groupe de presse qui venait de l'embaucher...

News brutes, chaudron participatif, ou journaux à haute valeur ajoutée

Inévitablement, on en est arrivé à l'évolution des contenus journalistiques en eux-mêmes. Pour Frédéric Filloux (ex-20 Minutes, co-fondateur de la newsletter Monday Note), le premier effet kiss cool de l'économie de l'Internet telle qu'elle s'esquisse, c'est la disparition (relative) de la notion de droit d'auteur en ligne. Je suis content quand je vois que le Washington Post me reprend dans ses colonnes... Mais il y a 20 ans le Washington Post aurait donné un deal, un droit de reproduction. Maintenant, quand est repris par le Washington Post gratuitement, on est payé en notoriété.

Pour lui, trois manières de traiter l'info sur Internet - et donc trois modèles - s'ébauchent :

- le traitement brut de l'info (Commodity news), qui est devenue une sorte de matière première, recueillie avec des moyens électroniques, où la technologie sert l'utilisateur. Les infos sont mises à disposition sur Internet, sur Twitter, très rapidement. On pense par exemple aux photos du crash aérien de l'Hudson River, au printemps 2009, publiés 18 minutes après sur Twitter, avant même les agences de presse. Là, c'est l'instantanéité de l'info qui compte.

- Chaudron participatif : le critère premier n'est plus l'exactitude de l'info, mais la résonance, le buzz, faire réagir les lecteurs. Ce qui renvoie bien sûr à nombre de sites d'info grand public, où l'actu qui fait le buzz - ou mieux, la polémique - devient le fait du jour à traiter le plus vite possible, car susceptible d'alimenter les clics, et les commentaires. Et de dézinguer, non sans provoc', le modèle Huffington Post, et les projet de HoffPost de gauche ou de droite qui fleurissent en France. Car si le succès du HuffPost est certain, dans les faits, c'est un système de pillage absolu, avec quelques blogueurs vedettes payés, et 6 000 non rémunérés, mais trop contents d'être repris. CQFD.

- Mais tout n'est pas perdu, le vrai refuge du journalisme pourrait résider dans des niches qualitatives mais à audiences très faibles : ce vers quoi tendent la plupart des journaux. Le New York Times, le Washington Post... vont sûrement se replier sur un petit segment raisonnablement profitable.

On imagine facilement qu'en misant sur leur image de marque, ces médias vont capitaliser sur des sites payants avec de l'info à haute valeur ajoutée accompagnés d'une publication papier (à fréquence plus réduite puisque les quotidiens papier auront inévitablement disparu), le tout destiné à un lectorat âgé, aisé, cultivé. Ou comment l'info de qualité risque de devenir d'autant plus élitiste...

Fin annoncée des médias d'informations généraliste ou recomposition ? Le cas du Télégramme

Question intéressante, un peu fourre-tout... Bien sûr, on pense aux Médiapart et autres Rue89 comme égéries d'un nouveau modèle de médias en ligne, pas encore rentables (et taclés assez sévèrement par Manu Paquette dans L'Express cette semaine).

Mais un média old school comme le quotidien régional breton Le Télégramme teste, lui,, de nouvelles recettes. Comme le gâteau des recettes des petites annonces lui a échappé ces dernières années au profit du Web, qu'à cela ne tienne, il bascule vers d'autres sources de revenus. Avec une diffusion à 200 000 exemplaires et un fort enracinement local, notre modèle éco est classique, combinant vente journaux + pub, qui nous génèrent à peine 1/3 des recettes, voire moins. Mais nous avons connu une stagnation des revenus pubs et abonnements, et dû basculer vers d'autres sources de revenus, précise Hubert Coudurier, patron du Télégramme.

Du coup, il a développé de nouvelles sources de revenus: on organise des courses comme la Route du Rhum. On a racheté RegionsJob, n°3 dans offres d'emplois en ligne derrière Monster. Ces diversifications représentent 1/3 des revenus du groupe.

Le quotidien régional tente aussi de s'adapter à l'évolution des modes de consommation, le Journal a basculé sur le Net à partir de 1996, il sera sur l'iPad via une appli commune ouverte avec d'autres éditeurs de PQR, et va carrément devenir opérateur mobile dans les semaines à venir. Une déclinaison surprenante...