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jeudi 9 septembre 2010

Y a-t-il (déjà) overdose de 3D ?

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Les films en 3D seraient-ils déjà condamnés ? Ou plutôt, n'y aurait-il pas overdose de productions de films exploitant ce nouveau format ? On en parle plus que jamais, à tel point qu'il commence à envahir les écrans télé, potentiellement les joujoux high-tech qui pourraient cartonner en ces fêtes de fin d'année. En tous cas c'est ce qu'espèrent les constructeurs, qui se démènent pour imposer leurs tous jeunes écrans télés 3D, les stars de la dernière édition de l'IFA, le salon de l'électronique de Berlin, qui fermait ses portes mercredi. Comme j'en parle longuement dans cette enquête parue dans ''Mediapart'' (en accès réservé aux abonnés, sorry).

"If you can't make it good, make it 3D"...

La 3D était aussi une des stars du dernier Comic-Con de San Diego (une convention spéciale pour fans de BD), outre-Atlantique. Mais pas tout à fait de la manière attendue: elle semble bien avoir provoqué un début de polémique à Hollywood, relayée lors de ce dernier Comic-Con.

Il y a cette image, qui circule en ce moment sur le Net, un photomontage où l'on voit des lunettes bicolores pour voir en relief, et, au-dessus en flou, ce slogan qui s'affiche: "Votre film n'est vraiment pas bon ? Faites-le en 3D". Une image parodique qui ressemble furieusement à une contre-campagne...

La 3D, pépite pour les studios

Dommage, il y a encore quelques mois, dopé par l'effet ''Avatar'', Hollywood était persuadé que le spectacle des films en 3D relancerait les entrées en salles, freinées par le home cinema et le téléchargement. Entre parenthèses, avec un bon sens du business curieusement, en cette rentrée, James Cameron a ressorti en salles Avatar 3D en une sortie de version reloaded, avec "quelques minutes inédites".

Mieux, pour les studios et les exploitants, cette pépite permettait de majorer les prix des tickets d'entrée. Seulement voilà, au Comic Con, plusieurs cinéastes se sont exprimés contre la 3D, demandant le retour du "plat", approuvés par la foule, comme le relatait le ''New York Times''| (traduction ici) , relayé par Télérama la semaine dernière.

Ce sont pourtant des représentants de la fine fleur Hollywood qui ont mené cette fronde anti-3D, raconte le NY Times: J.J. Abrams, auquel on doit 24 Heures chrono et Star Trek, Jon Favreau (Iron Man), Edgar Wright (qui vient de terminer Scott Pilgrim vs. the world, tiré d'une BD).

Prouesse technique

James Cameron a tourné son film dans les règles de l'art avec une véritable caméra à double objectif, après avoir développé avec l'ingénieur Vince Pace une gamme de caméras 3D dernier cri en haute définition, comme le raconte ce passionnant papier paru dans ''Le Figaro''. Une prouesse technique qui rend les images d'Avatar d'autant plus bluffantes (même si on peut ne pas être fan du scenar, ce qui fut mon cas ;), et préfigure le cinéma à grand spectacle de demain. Du même coup, il a consacré - et industrialisé - la 3D au cinéma.

Au vu de son succès, plusieurs studios hollywoodiens ont choisi d'adapter, dans la précipitation, en phase de post-production, leurs films déjà tournés en 2D pour une diffusion en 3D. Erreur fatale : le rendu était loin d'être le même. Exemples: Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Le Dernier Maître de l'air de M. Night Shyamalan, et Le Choc des Titans de Louis Leterrier. A la grande fureur de James Cameron, qui a brocardé ce dernier, un film en "2,5D, voire en 1,8D ".

Certains réalisateurs ont d'ailleurs dû lutter contre leurs producteurs pour ne pas se voir imposer la 3D: ce fut le cas de Christopher Nolan, avec son exigeant film fantastique Inception. Il a d'ailleurs exprimé à plusieurs reprises ses réserves pour tourner en 3D relief. Son film en 2D a (pourtant) cartonné en salles.

Passage trop rapide à la TV 3D ?

Du coup, les spectateurs vont-ils accepter d'adopter ce format encore balbutiant sur leur télé ? Le rendu 3D sur les télés est loin d'être parfait, avait un certain nombre d'imperfections. En vrac, comme me le citait @replikart dans un commentaire très détaillé à mon papier publié dans Mediapart, on a "une purge de la colorimétrie, une purge du contraste, une réduction drastique du piqué, un aplatissement des nuances/teintes, des problèmes de profondeur souvent liés à un mauvais ajustement en post-prod', des angles de vision dérisoires que les dalles TN ne font qu'empirer"... Voilà pour les imperfections techniques.

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Image Philips

Et sur la question des usages (là, c'est davantage mon rayon ;), alors que le consommateur lambda s'habitue à peine à la haute définition (HD) et au Blue-Ray, n'est-ce pas un peu tôt ? Il y a ce chiffre issu du Japon que l'on m'a cité plusieurs fois à l'IFA ("10% des utilisateurs auraient des problèmes oculaires avec la 3D")... Sans compter les nombreux astigmates, ou personnes ayant des problèmes oculaires plus complexes (une bonne part de la population mine de rien), qui ne peuvent regarder plus de 2 heures d'un programme en 3D sans avoir mal à la tête - ou, carrément, ne peuvent voir l'effet de relief inhérent à la 3D.

Un sacré saut technologique, où en plus le cerveau doit s'habituer à ce mode de vision. Il faudra voir si la 3D est entrée dans les foyers d'ici quelques années. Rendez-vous dans dix ans ;)

dimanche 13 décembre 2009

La couv' de la semaine : James Cameron, "Avatar", la 3D dans le cinéma...

Cela faisait longtemps que j'avais délaissé ce rendez-vous dominical sur mon blog. J'avais gardé le sujet de la 3D dans le cinéma sous le coude depuis un certain temps, et finalement, la couv' du dernier numéro du Monde magazine m'a décidée à l'aborder sous cet angle.

Dans le Monde mag donc, on a droit à une interview-fleuve de James Cameron, qui présente son film-blockbuster-futuriste-le plus attendu avant les fêtes (rayez la mention inutile ;), "Avatar". Forcément, le film en lui-même suscite beaucoup d'attentes (que l'on mesure au nombre d'articles et sujets télé consacrés ces derniers jours) : parce que c'est le grand retour au cinéma du canadien James Cameron avec un film grand public, 12 ans après "Titanic". Parce que l'on connaît sa vision pessimiste du monde et de son évolution à venir (il n'y à qu'à voir le futur sombre qu'il nous prédit dans "Terminator" 1 et 2, l'avertissement dans "Abyss"...). Parce qu'il reste l'un des cinéastes américains "qui comptent" à Hollywood, étant coutumier de la démesure et des succès phénoménaux.

Mais aussi parce que ce réalisateur mainstream, habitué des blockbusters, s'empare, à l'occasion de la sortie d'"Avatar", film annoncé comme le plus cher de tous les temps (budget officiel : 250 millions de $), d'une des technologies les plus innovantes - et les plus incertaines - pour le cinéma de demain : la 3D. Comme je l'évoquais dans ce billet, la 3D débarqué dans la télé. Elle débarque donc aussi dans le cinéma : le film de science-fiction "Avatar" sera en effet proposé en format classique (en 2D donc), mais aussi en 3D dans les salles équipées pour diffuser dans ce format.

A ce titre, je vous invite à lire la longue interview de James Cameron : il est loin de se contenter d'assurer la promo de son film - plus besoin, la promo gargantuesque est lancée depuis longtemps. Je suis même tombée cette semaine sur ce magasin tech, à Londres, entièrement aux couleurs d'"Avatar".

Non, on y apprend que lui-même a des obsessions en termes de recherche et de cause écologiste, ce qui prend un certain relief en plein Sommet de Copenhague. Ces dernières années, il a sorti des docus à gros budget sur les fonds marins.Il avait même prévu de partir en 2000 à bord du vaisseau spatial russe Soyouz pour passer un mois à bord de la station Mir. Son prochain projet : il veut mettre en scène, pour la Nasa, la découverte de la vie sur Mars.

Après quelques films destinés à tester ce marché naissant (comme "Flying to the moon"), l'industrie du cinéma est prête à s'emparer de ce nouveau format, comme l'a notamment montré le succès du dessin animé "Là-haut" en 2009, des studios Pixar. Forcément, c'est intéressant : à priori plus attrayant pour les jeunes, et plus rentable, le billet étant vendu plus cher. Et les films en 3D seront plus difficiles à pirater sur Internet, en raison du poids des fichiers.

Si le film de James Cameron est un succès, cela donnera sans doute un coup d'accélérateur au développement de ce nouveau format. De fait, Avatar sortira la semaine prochaine en France sur 500 écrans équipés en 3D . Encore faudra-t-il que les exploitants des salles s'équipent, ce qui a un coût (50 000 à 60 000 € par salle), auquel s'ajoutent le coût des lunettes et le coût de la licence RealID. Actuellement, près de 10% des salles en France sont équipées pour, d'après Le Monde magazine.