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lundi 12 octobre 2009

Des journalistes (presque) embedded en prisons

Info intéressante dans la dernière édition du mag "Médias" hier midi sur La cinquième. Où l'on a appris que le ministère de la Justice, en plein débat sur les conditions de vie des détenus en France et sur d'éventuelles réformes de l'incarcération en France, souhaitait "reprendre en main la communication de l'administration pénitentiaire". L'idée étant notamment d'éviter la diffusion de reportages télé, avec des images parfois tournées en caméra cachée, donnant à voir les conditions parfois plus que discutables dans lesquelles vivent les prisonniers en France.

Pour cela, Michèle Alliot-Marie, depuis son arrivée au ministère de la Justice, a réfléchi à une nouvelle forme d'"encadrement" des journalistes, généralistes ou spécialisés dans l'actu judiciaire : il pourront bénéficier de "stages d'immersion en prison". Vous avez bien lu.

Concrètement, ils pourront passer plusieurs jours dans une prison, donc "immergés" à plein temps... Déjà une cinquantaine de journalistes se seraient inscrits pour bénéficier de cette sorte de "stage".

Cela me rappelle ces journalistes "embedded", expression que l'on a vu apparaître aux US avec la guerre en Irak, puis, lors des élections présidentielles, avec des photographes et des journalistes politiques qui suivaient à plein temps tel ou tel candidat, étant de facto "embedded" lors de leurs déplacements, au sein de leur staff...

Est-ce une nouvelle forme de journalisme, qui permet de couvrir un sujet au plus près, à plein temps ? Ou n'est-ce pas une manière pour les pouvoir publics de contrôler ce que le journaliste pourra voir - ou pas - de tel ou tel sujet en lui entrouvrant plus ou moins la porte ?

A voir... Concrètement, le milieu carcéral est difficile d'accès pour les journalistes qui veulent y faire des reportages, entre autres à cause d'une administration extrêmement lourde, avec des délais très longs pour obtenir une accréditation, et un lourd encadrement.

Ces 'stages' sont aussi, pour le ministère, une manière de préparer le terrain pour la campagne de prévention qu'il prépare, relayée déjà par ce site, bientôt par un livre...

dimanche 28 juin 2009

Après la Loppsi, Périclès... Un pas de plus vers l'interconnexion des fichiers

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Après le projet de loi Loppsi, que je passais en revue dans ce billet, un autre projet de loi, cette fois qui implique plus directe la centralisation de données, risque de faire du bruit à la rentrée 2009. Le Figaro vantait il y a quelques jours le logiciel Périclès, qui '"sera mis en œuvre dans le cadre d'enquêtes judiciaires par des agents habilités"', pour"tous les crimes et délits passibles d'au moins cinq ans de prison".

Ce logiciel, qui sera géré depuis la gendarmerie de Rosny-sous-Bois, ne sera pas utilisable par n'importe qui : seuls les gendarmes ou policiers exerçant dans une unité de recherche, ainsi que les magistrats, pourront y accéder, après s'être identifiés.

Un peu comme sur un moteur de recherche, ils pourront ouvrir un dossier de traitement, et mener une requête, en cochant "les fichiers policiers à croiser : ceux des antécédents judiciaires, tout d'abord, mais aussi ceux des permis, des cartes grises. Le ministère de l'Intérieur en gère une quarantaine à lui seul ", précise le Fig'. "Alors qu'avant l'enquêteur devait éplucher chaque fichier, chaque dossier, quasiment manuellement. Nous n'aurons plus à attendre deux semaines qu'un opérateur de téléphonie daigne nous transmettre les éléments", approuve un commissaire de police

Une des infos essentielles qui en ressort est que, si le projet Périclès voit le jour (le quotidien emploie le conditionnel), il induira une autorisation de ''croiser les fichiers policiers''. Il croisera les traditionnels outils de police, comme les fichiers d'antécédents judiciaires Stic et Judex (bientôt refondus dans Ariane), avec des éléments complémentaires d'abord puisés dans les procédures judiciaires. Et même, d'autres administrations, qui restent à préciser (le fisc, les Douanes, la Sécurité Sociale), pourraient devoir ouvrir leurs bases sur requête. Les opérateurs de téléphonie pourront aussi être sollicités.

Périclès consacrerait donc l'interconnexion des fichiers . Ce qui ouvre, à mon sens, une inquiétante boîte de Pandore. Car cela s'ajouterait à "e que les individus révèlent de leur vie spontanément sur Internet", lâche ingénument Le Figaro.

De fait, dans cet autre papier, le quotidien révèle que Périclès permettra aussi de mener des recherches dans Google... et Facebook, soit des "sources ouvertes au public". Reste à voir s'il pourra aussi accéder aux zones grises (comme les pages Facebook protégées par leurs utilisateurs), et au Web invisible.

Est-ce que Périclès verra le jour ? Et quand ? Pour l'instant, la CNIL ne s'est pas prononcée sur l'ex-AJDRCDS (Application judiciaire dédiée à la révélation des crimes et délits en série, qu'évoquait déjà PC Impact en mars). Michèle Alliot-Marie, lorsqu'elle était Place Beauvau, avait prévu de faire voter un article spécial dans sa loi d'orientation pour la sécurité (Loppsi 2), présentée au Parlement cet automne. A suivre...