Mot-clé - Windows phones

Fil des billets

dimanche 11 octobre 2009

'Windows Mobile', ou comment Microsoft veut à son tour tirer profit des widgets et applis mobiles

Windows65

C'était l'événement tech/mainstream de la semaine, accompagné du grand show médiatique idoine : ce mardi 6 octobre, Steve Ballmer, le patron de Microsoft, venait en personne au siège flambant neuf de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, pour le lancement mondial de la nouvelle version de Windows Mobile, la "6.5".

L'OS de Microsoft, derrière Apple et sa pépite

L'enjeu est de taille : car Microsoft, (pour le moins) ultra-dominant sur le marché des logiciels pour ordinateurs (9 sur 10 dans le monde "tournent" sous Windows), pâtit d'un retard certain sur les téléphones mobiles.

Au premier degré, l'éditeur de logiciels entend donc reprendre le leadership sur le marché des plateformes (on ne parle pas encore de logiciels) mobiles, certes encore étroit, naissant, mais stratégique pour (après-)demain, ce qu'Apple a bien compris, avec son diamant iPhone et toutes les pépites qui en découlent (j'y reviens). Car l'OS de Microsoft n'est présent que sur 11,5% des mobiles les plus utilisés dans le monde, contre 51% pour Symbian, et...13% pour l'iPhone (ce qui permet de relativiser le succès de l'iPhone), d'après IDC.

De fait, avec 'Windows 6.5' (surnommé Windows Mobile, manière d'universaliser le sujet), Microsoft propose un logiciel permettant, comme les autres logiciels d'exploitation de ses concurrents camarades de jeux (cf les OS Android de Google, iPhone OS, Blackberry OS, Symbian de Nokia...), d'utiliser des applications sur un terminal mobile. Avec à la clé une pléiade de services d'ailleurs, dont nous parlions , mais trop souvent ignorées par les utilisateurs...

Archivage, synchronisation...

Là, donc, Microsoft promet de nombreuses fonctions : avec, globalement, une grande intégration de tous les outils Windows et une synchronisation aisée entre son PC et son téléphone, un OS plus intuitif et adapté aux écrans tactiles... Dans les détails, l'éditeur promet via 'Microsoft My phone' une sauvegarde (et archivage) gratuite des données du téléphone sur un serveur Internet (contacts, SMS, photos... service facturé 79€ par an chez Apple - sic), pratique en cas de vol. Et important, à l'ère où les consommateurs commencent à vouloir archiver et trier ce parcelles de mémoire trop fragmentées, à l'ère du numérique (objet d'un prochain billet).

Au programme aussi, une version mobile du moteur de recherche Bing (développé à partir de travaux communs avec l'Inria), un système de blocage à distance du téléphone en cas de vol, une fonction simplifiée du partage de photos, la messagerie Messenger gratuite, une ergonomie multitâches (qui permet d'ouvrir plusieurs applications en même temps)...

La guerre des applis, source de revenus (potentielle), vitrine pour marques...

Et surtout, de nombreuses applications. Au second degré, c'est l'autre enjeu-clé, ce sur quoi Microsoft veut prendre la main. Car c'est là le nerf de la guerre, comme j'en parlais dans cette enquête (volets 1 et 2) : les applis sont une source de revenus pour l'éditeur, une vitrine (voire une support de communication) pour les marques. Sur le modèle de l'AppStore de l'iPhone, véritable pépite qui compte près de 80 000 applications (et génèrerait 1,5 milliard de téléchargements pour un chiffre d'affaires de 1 millard de $), Microsoft annonce en effet sa boutique virtuelle d'applis en ligne. Histoire de s'attirer leurs bonnes grâces, l'éditeur annonce d'ailleurs un système de partage des revenus engendrés avec les opérateurs.

Il arrive un peu en dernier sur ce terrain, avec Windows marketplace. Et la concurrence est rude : après l’AppStore d’Apple, Google a dégainé Android Market dès fin 2008, Windows MarketPlace de Microsoft a ouvert fin juillet, Samsung Application Store était annoncé pour le 14 septembre (pour les utilisateurs de Player Addict et Player HD), sans oublier Nokia Ovi Store , inauguré en France le 17 septembre,ou encore BlackBerry App World (ouvert cet été). Même Archos, qui se lance dans l’arène de la téléphonie mobile avec son premier smartphone, dévoilé le 15 septembre à la presse, lance son propre ‘AppStore’, dénommé AppLib.

Autre preuve que Microsoft veut s'imposer comme éditeur d'OS pour mobile (même s'il l'était déjà... mais de manière discrète), contrairement à Apple, Nokia ou RIM, il ne sera pas constructeur de ses mobiles (déjà surnommés Windows Phones), et commercialisera pas de mobiles sous sa propre marque. Il laisse le soin à des fabricants d'équiper certains de leurs mobiles de Windows Phone (comme Google avec Android) , moyennant l'acquisition d'une licence (environ 8 $ par mobile). LG, Samsung, Sony-Ericsson, HTC, mais aussi deux nouveaux-venus Acer et Toshiba, ont dévoilé leurs "Windows phones" ce 6 octobre. Et ce alors que Microsoft a récemment perdu Motorola et Palm.

Tout (ou une bonne partie) se jouera donc sur la guerre des applis, et la capacité des différents constructeurs/éditeurs à séduire les développeurs (voire les fédérer en communautés). Et les constructeurs, pour qu'ils adoptent leurs OS. Nul ne sait combien de mobiles sous Windows sortiront d'ici la fin de l'année. Alors qu'un développeur me confiait qu'une vingtaine de mobiles sous Android sortiraient d'ici la fin de l'année. Viendra ensuite la 'seconde génération', avec les netbooks, les tablets... A suivre en tous cas, en attendant le next step, Windows 7...