35 millions de "friends" sur Facebook, 24 millions de "followers" sur Twitter, mais aussi, bien sûr, plus de 775 500 retweets de son tweet Four more years, annonçant en direct sur le média social sa réélection...
Pas de doute, la campagne électorale de Barack Obama, cette année, a été plus "digitale" que jamais. Avec une véritable machine de guerre de marketing en ligne. Pour la décrypter, des agences digitales (Spintank, La Netscouade, La Fonderie), et la revue Regards sur le numérique (éditée par Microsoft) avaient invité pour un débat à la Gaïté Lyrique, la semaine dernière, l'équipe digitale de la campagne d'Obama. Un véritable cas d'école, où ces (à peine) trentenaires montraient très sérieusement (certaines) de leurs recettes au fil de leurs slides, tout en jurant qu'il ny a rien de nouveau, "les entreprises ont employé ces méthodes bien avant nous", dixit Ethan Roeder, le Mr Big data de la campagne. Pourtant, il y a bien des communicants de grosses entreprises ou d'agences de pub dans le public de l'auditorium, pour suivre cette leçon...
C'est une lapalissade, la com' politique utilise une sélection d'outils venus du marketing. Il y a bien sûr la très forte présence numérique de Barack Obama sur les médias sociaux: Facebook, Twitter, Tumblr, mais aussi le plus confidentiel site communautaire de social bookmarking Reddit...
Mais le coeur de cette campagne digitale, c'était le fundraising, la levée de fonds, qui aura permis, in fine, de lever 690 millions de dollars, explique Teddy Goff, 27 ans, ex-directeur digital de l'équipe Obama for America. Comment motiver les internautes-militants (ou simples sympathisants) à donner, et inciter leurs amis à donner pour financer la campagne d'Obama?
Il y a bien sûr la classique campagne d'emailings. Mais affutée, avec 26 types de mails, tels qu'affichés sur une des slides, aux argumentaires différents qui étaient envoyés, selon les types de cibles identifiées: "Thankful every day" ; "Michelle time" ; "The most popular Obama"… Là encore, il s'agissait d'inciter les sympathisants d'Obama déjà présents sur la base d'e-mailings de la campagne de 2008 à motiver leurs amis. Chaque mail d'appels aux dons était préalablement testé auprès de 18 groupes, avant son envoi massif. Autre canal testé, les SMS de relance.
Pour le fundraising, il y avait aussi quelques outils technos bien pensés. Tel le service Obama for America’s Quick Donate, distingué par Mashable dans les innovations techno-politiques de l'année, qui permettait, en un clic, d'effectuer une donation par carte bancaire sur le site dédié, par email ou par SMS, rendant ainsi les donations "sans contact".
Des outils technos que l'on retrouve aussi dans le dispositif prévu pour gérer et impliquer les supporters dans cette campagne très "sociale". Avec une hiérarchisation, des 2,165 millions de bénévoles enregistrés aux "core team members", explique Betsy Hoover, directrice de l'organisation online. Un tableau de bord ("Dashboard") permettait ainsi à chaque volontaire d'afficher dernières activités, équipe, événements, ressources, messages etc. ''Trip Planner'', une sorte de Couchsurfing.com version militante permettait aux militants d'organiser et partager leurs transports et logements dans les 50 Etats. Et de fait, les militants ont effectué plus de 146 millions de porte-à-porte et appels téléphoniques en 2012...
Autre outil malin, GottaRegistrer, l’appli mobile d’Obama pour inscrire les électeurs - aux Etats-Unis, les partis s’occupent de les inscrire. Map Maker, permettait aux internautes de voir quels projets près de chez eux avaient été financés avec le controversé Recovery Act.
Mais cette année, c'est le data management qui a été une des nouvelles armes du staff (et de la victoire) d'Obama, chargé de faire le tri, dans des tableaux Excel, des données récoltées sur les votants, mais aussi dans les quelques 24,1 millions de conversations sur les médias sociaux. Et voici les données récoltées par l'équipe d'Obama sur les électeurs américains, nous livre Ethan Roeder, en toute transparence, sur ce slide. Nom, adresse, âge, ethnie, revenu probable, propriétaire ou pas... Rien que cela.
Que savait l'équipe d'Obama sur les électeurs américains? via @RSLNMag