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dimanche 17 avril 2011

Kit de data visualisation, un community manager Facebook; 3D sur iPad; rétribution des blogueurs; lobbying cookies IAB; SF...

Après une petite pause, retour de ma sélection de liens hebdomadaires, repérages d'actus technos, médias, innovation, marketing, people...

  • Une mise en abyme... Quand le réseau social mainstream Facebook investit dans ses relations avec les journalistes... en nommant un community manager (si, si) rien que pour eux.
  • L'IAB Europe lance un site pour gérer ses données personnelles, où elle nous explique que non, il n'y a rien de mal dans les cookies publicitaires, qui ne font que repérer votre parcours sur le Web. En toute innocence... L'enjeu étant la transposition, d'ici le 25 mai, d'une directive européenne, dont un des volets prévoit justement d'encadrer plus sévèrement lesdits cookies. C'est dire que les publicitaires sont très attentifs - et que la bataille de lobbying est engagée, comme j'en parlais dans cette enquête.
  • Coup médiatique ou retour du journalisme engagé? Les Inrocks n'y allaient pas de main-morte avec cette couv' cette semaine...
  • Et nous, on s'est penchés cette semaine dans Stratégies sur le mythe de l'économie de la gratitude, qui a agité la blogosphère dernièrement: Faut-il payer les blogueurs? Enquête (en accès abonnés) ici.
  • Gros #fail de la semaine, Cisco a décidé d'arrêter les frais avec la caméra Flip. Normal: la Flip déjà has-been face aux smartphones, d'après le ''New York Times''...
  • Flipboard lève 50millions de $ pour une valorisation à 200 millions de $, d'après AllThingsDigital... Petit goût de survalorisation , nouvelle bulle ?
  • La 3D sans lunettes sur iPad. On en reparlera sans doute, alors que, pour l'instant, les constructeurs se bagarrent entre écrans TV 3D avec ou sans lunettes, et lunettes actives ou passives...
  • Salvador Allende, ce héros. 38 ans après, la justice chilienne enquête sur sa mort. Jean-Christophe Féraud rend un vibrant hommage à ce héros oublié.
  • Last but not least, mercredi prochain, ruez-vous dans les salles obscures. Duncan Jones sort le 20 avril un nouveau film de science-fiction, Source Code, après le culte et trop méconnu. Chronique à venir...

dimanche 3 avril 2011

Crowdsourcing + direct + journalisme "de bureau" = Le "live", un format journalistique confirmé

A côté des articles, billets, vidéos, chats, diaporamas, webdocumentaires et autres infographies (datajournalism oblige), il s'est imposé comme un format journalistique à part entière, prisé des rédactions web. Une consécration au bout de 3/4 ans d'existence, au gré d'une actualité internationale en plein bouillonnement - de l'Afrique du Nord au Proche-Orient, en passant par le Japon, et, ces tous derniers jours, la Côte d'Ivoire. Le live donc, entre live-blogging et live-tweet, se présente sous forme d'enchaînements de phrases courtes, où le journaliste commente en direct un événement, tout en interagissant en direct avec les internautes qui peuvent y publier leurs commentaires.

Le live, concentré des nouvelles pratiques journalistiques online

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Cela faisait un certain temps que je ne m'étais pas penchée sur les nouvelles pratiques journalistiques sur le web, et ces nouveaux formats qu'utilisent - voire créent - les médias en ligne, comme le webdocumentaire, que j'avais décrypté ici. Car les rédactions web sont les mieux placées pour inventer de nouvelles pratiques journalistiques online, mêlant des écritures journalistiques propres au web (écriture simple et factuelle, brièveté des articles, journalisme de liens avec liens hypertextes pour partager ses sources), une organisation du travail propre (avec des journalistes de permanence à tour de rôle jusque tard en soirée, les weekend, et jours fériés) une ligne éditoriale propre (culte de l'instantanéité, du grand public, voire du popu - on y reviendra), des impératifs de mise en page et d'infographie...

Une nouveau format journalistique, avec ses travers, mais particulièrement innovant, qui m'avait déjà frappée lors de mon (bref ;) passage par la rédaction de 20minutes.fr l'année dernière, clairement la rédac web qui y recourt le plus, sous diverses déclinaisons. L'occasion était rêvée pour décrypter ce format du live, un concentré de compétences parfois d'un nouveau type que revêtent les rédactions web. Un format également révélateur des nouvelles pratiques des internautes: ils vont sur des sites d'info pour suivre des événements en direct lorsqu'ils sont au bureau, et interroger en direct le journaliste qui le "couvre". Le soir, ils commentent depuis leur laptop ou leur smartphone une émission qu'ils suivent sur leur téléviseur.

Le Monde a frappé fort en ouvrant un live de cinq jours, du 14 au 17 mars, pour couvrir les événements au Japon. Cinq jours! Imaginez: durant cinq journées d'affilée, des journalistes se sont succédés pour assurer la couverture en permanence des événements au Japon. Une première dans les pratiques liées à cet outil, le live - quitte à en essuyer les plâtres, en comme l'a longuement décrypté Vincent Glad dans ce billet, reprenant André Gunthert.

Ces dernières semaines, plusieurs média en ligne ont aussi monté des lives spéciaux, autour des événements en Libye et dans le monde arabe (comme par exemple France 24, sur l'Egypte, puis la Libye), Slate France, ou encore Owni, puis à propos du séisme du Japon et la centrale nucléaire de Fukushima. Des media plus confidentiels l'ont adopté aussi, comme le site web de Jeune Afrique depuis vendredi dernier, à propos de la Côte d'Ivoire et l'entrée à Abidjan des pro-Ouattara.

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Via Vincent Glad

C'est là, à la lumière de ces soubresauts de l'actu internationale, que l'on a pu prendre toute la mesure de l'adaptabilité de ce format journalistique: complémentaire des articles en ligne et des longues enquêtes publiées sur le print, le live permet d'informer le lecteur en temps réel des bribes d'information. Comme le souligne Vincent Glad, les media en ligne y trouvent un format qui se rapproche dans sa forme des éditions spéciales des chaînes d’infos en continu qui associent les images à un bandeau défilant de breaking news, alimenté par des dépêches d'agences, "avec une insistance sur l’événementialité avec un logo 'édition spéciale'".

Pourquoi le recours à a un tel dispositif ? "Sur de gros événements internationaux, les live sont un outil assez fantastique, ils permettent de suivre rapidement et dans les détails un événement, d'agréger rapidement des sources issues d'autres médias, d'être très précis, de relativiser ou de corriger immédiatement une information", me précise Samuel Laurent, journaliste politique au Monde.fr, ex-Figaro.fr.

Et d'évoquer "tous les apports que nous donne l'audience, que ce soit en posant des questions qui nous obligent à préciser des infos, en apportant des informations locales (pour des événements comme le conflit des retraites), en donnant des liens (lives "internationaux"), des éclairages techniques spécialisés (Fukushima...) et même de l'information brute lorsque les personnes sont sur place (Tunisie, Egypte...). Il y a un travail à faire pour vérifier l'info, évidemment, mais l'apport est fantastique".

Flux d'infos, crowdsourcing, articles évolutifs

Le live, c'est donc un flux continu d'infos, de l'ordre des infos factuelles ou des commentaires, publié sur un outil de publication ad hoc. Le journaliste publie donc en direct des infos concernant un événement, très souvent à partir d'un direct en télé, via une chaîne généraliste ou d'infos continues. D'autres media, comme Owni, l'utilisent surtout pour partager des ressources - articles, blogs, vidéos.

Sur cet outil de publication "ouvert", comme pourrait l'être un blog, les internautes peuvent publier en direct (donc sans modération à priori) leurs commentaires et questions, auxquels le journaliste répond, autant que possible en y ajoutant à l'envi des compléments d'infos glanées dans les dépêches, des liens hypertextes vers des articles publiés par son média sur le sujet, ou vers d'autres sources. Un flux d'infos qui constitue une sorte d'article évolutif, complété au fil de l'eau par les commentaires et compléments des internautes. Le journalisme participatif dans toute sa splendeur, assicé à une certaine transparence, et à un crowdsourcing...

Les premiers lives ont débarqué sur les sites web d'information en 2006. On en était alors encore au stade d'expérimentation: la technologie était encore lourde. Du côté du Figaro, "les journalistes de sport24 devaient utiliser un back office spécifique aux live, qui étaient des modules javascript assez pénibles. A l'époque, il y avait les chats du Monde.fr ou de 20minutes.fr où l'on utilisait des technologies pour faire du temps réel, mais elle était peu employée ailleurs et pas pour faire des suivis d'actus", me raconte Samuel Laurent. CoverItLive, l'outil maintenant utilisé par la majorité des rédacs pour monter des "live", n'existait alors pas.

Après 20minutes.fr, LeFigaro, puis leMonde.fr, d'autres médias en ligne l'ont adopté. Marianne2.fr (par exemple ici pour les Européennes de juin 2009 - où l'on observe que le live n'est pas ouvert aux commentaires extérieurs)

Sport, TV réalité, politique...

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Les thèmes concernés ? Depuis quelques années, progressivement, 20minutes.fr l'a étendu à divers sujets: du sport à des actus politiques, en passant par l'international, et bien sûr des émissions de télé-réalité trash. Le Figaro.fr, lui, s'est toujours cantonné à l'actu sportive. En 2006, c'est à la faveur du rachat du site Sport24.fr que le groupe Figaro y a lancé ses premiers lives sport.

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Chez 20minutes.fr, le sport s'imposait d'emblée: c'est l'un des thèmes qui génère le plus d'audience sur le site d'informations de 20 Minutes (à côté des sujets people, télé, et des faits divers). Durant des matchs-clés (de foot et rugby essentiellement, mais le basket et le tennis s'y prêtent aussi bien), un des journalistes du service sport, devant son ordi, et en regardant la rediffusion en direct à la télé, devient commentateur sportif sur le web. Après avoir publié un avant-papier pour annoncer l'événement, et un chapo d'introduction, il se lance dans le live, racontant en direct le match, les passes de balles entre tel et tel joueur, les réactions du public... Sans manquer d'y ajouter ses émotions, retranscrites dans le texte, ou via une typographie ad hoc (typo couleurs par exemple).

Le genre est prisé des services sports depuis belle lurette, comme le décryptent Florian Vautrin et Laure Gamaury sur Journalismes.info : "Le principal site généraliste sportif, lequipe.fr, utilise ce procédé quotidiennement pour éviter la diffusion en streaming qui est très coûteuse. Mais il n’est pas le seul à s’être lancé dans l’aventure : notons football 365, France football, rugbyrama, etc. C’est le cas également du site eurosport.fr".

Durant le Mondial de foot en été 2010, 20minutes.fr avait imaginé des compléments à ce dispositif. Notamment en faisant venir des invités de marque pour commenter certains matches: j'ai vu passer des journalistes spécialisés qui venaient commenter un live avec leur propre regard, mais aussi des people ou politiques footeux, comme Jean-Paul Huchon.

20minutes.fr a également testé, très tôt, les live des émissions de télé-réalité. Logique: le genre était en pleine éclosion sur les chaines de télé. Et c'est l'occasion rêvée de traiter du people trashy, gros vecteur d'audience pour le site d'infos généralistes. Là, on demande au journaliste - pas forcément spécialisé en médias, mais doté d'un semblant de culture télé - de commenter en direct le déroulement de l'émission, les personnalités des participants à l'émission. Pas besoin d'analyse pointue, juste du commentaire léger et déconnant, pour être dans le même mood que l'internaute...

Le format se prête aussi très bien à la couverture d'événements politiques: soirées électorales, discours, meetings, émissions politiques... "Le format est très efficace pour une soirée électorale, il permet de suivre le fil des déclarations, réactions, chiffres qui tombent de toute la France... Pour une émission ou une interview présidentielle, par exemple, on tente généralement de fournir à la fois le verbatim des propos tenus et de décrypter rapidement, de vérifier les chiffres donnés, de fournir du contexte à telle ou telle annonce... En politique aussi, la participation de l'audience fait l'essentiel de la richesse du live. D'une part elle peut elle aussi apporter des précisions ou du contexte, d'autre part elle peut réagir et nous poser des questions", estime Samuel Laurent.

"Journalisme de bureau"

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James Nachtwey; photoreporter

La quintessence du journalisme web: ce format permet de restituer de manière incroyablement vivante un événement, une actualité immédiate, de le faire vivre à l'internaute, avec offrant une grande variété de registres, entre info factuelle et commentaire (sérieux ou total déconnant, selon le sujet traité.

A défaut de voir le grand reporter sur une zone de conflits raconter, images à l'appui, sur une chaîne de télé, ce qui se passe, l'internaute peut "vivre" l'info en direct, poser des questions au journaliste, qui lui apportera ses infos et son expertise sur le sujet. Cet exercice journalistique requiert des compétences d'un nouveau type du côté du journaliste: ultra-réactivité, bonne expertise sur son sujet (du moins dans le cas d'actus pointues: actu internationale, politiques, ou encore scientifique dans le cas de Fukushima) pour pouvoir répondre en temps réel aux questions des internautes, et aussi capacité à adapter son ton (son "angle" dans un sens) au ton de l'actu commentée - et des internautes.

Accessoirement, il consacre le "journalisme de bureau" qui se pratique de plus en plus dans les rédactions, par économie, et pour faire face aux manques d'effectifs. Dans certains cas, le journaliste "live" parfois en direct depuis l'événement (conférence de presse, Assemblée Nationale...), mais dans les effets, en général, grâce aux diffusions télé en direct (surtout sur les chaînes d'information), il "live" souvent depuis son bureau, en regardant le direct depuis un des écrans télé disséminés dans la rédaction. Revers de la médaille, l'info risque d'y être schématisée, à du consommable, de l'écume, au détriment de l'analyse.

Autre grain de sable, un tel dispositif qui met l'accent sur le caractère exceptionnel de ces actus, les met en scène, crée la surenchère dramatique (par rapport aux autres médias), leur donne un côté (trop ?) spectaculaire.

dimanche 27 mars 2011

Pirat@ge: du hacktivisme au hacking de masse

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Ils sont quatre, dont trois frères, jeunes et (à première vue ;) innocents, et leur clip, "Double Rainbow song", bidouillé non pas au fond d'un garage mais dans le salon familial, avec un piano, a attiré plus de 20 millions de visiteurs. Un clip parodique qui a généré un buzz énorme, à partir d'une simple vidéo amateur d'un homme à la limite de la jouissance devant un phénomène rare : deux arcs en ciel.. Au point - le comble - que Microsoft a recruté le "Double Rainbow guy" pour sa nouvelle pub pour Windows Live Photo Gallery. Ou quand l'industrie pirate les pirates...

Les Gregory Brothers ont réalisé sans le faire exprès quelques tubes par la seule voie numérique grâce à un petit outil, Auto-Tune the News (Remixe les infos en français dans le texte), qui permet à tout un chacun de détourner des reportages TV en y superposant des montages de sons, avec le logiciel de correction musicale Auto-Tune. Comme "Bed intruder song", un remix de reportage qui montre Antoine Dodson interviewé par une chaîne TV suite à un fait divers (l’intrusion d’un inconnu dans la chambre de sa sœur). Un témoignage qui va le propulser en superstar du web lorsque les Gregory Brothers transforment ses paroles en une mélodie hip-hop vraiment efficace. Plein d'internautes ont été prêts à la voir - et la payer en ligne - une fois qu'elle était disponible sur iTunes - CQFD. Je vous laisse le plaisir de déguster cette mise en bouche...

"La propriété c'est le vol"

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De détournement satirique à piratage, il n'y a qu'un pas. J'ai eu la chance, cette semaine, de voir en avant-première le documentaire "Pirat@ge", réalisé par les journalistes Étienne Rouillon (magazine "Trois couleurs") et Sylvain Bergère, diffusé le 15 avril sur France 4 (1). Pour la première fois, un docu retrace l'histoire du piratage, avec un parti-pris du côté des hackers, parfaitement assumé. "A quoi ressemblerait Internet sans les pirates ? Au Minitel ! Depuis cinquante ans, des petits génies ont façonné le web, souvent en s’affranchissant des lois. Des pirates ? Ils sont à la fois grains de sable et gouttes d’huile dans les rouages de la grosse machine Internet". Voilà le postulat des auteurs de ce docu.

Un docu malin, forcément un peu brouillon à force de vouloir englober tout ou presque de la culture du hacking (en effleurant l'hacktivisme et les engagements citoyens qu'il implique) en 1 heure 30, parfois en surface. Mais il offre une plongée assez passionnante dans cette culture des flibustiers des temps modernes, apparus dans les années 80 - bien avant l'Internet. Dès 1983, lorsque lorsque les premiers ordinateurs font leur apparition dans les foyers (remember l'Apple I de Steve Wozniak et Steve Jobs en 1976...), les hackers font leurs débuts en essayant de casser les protections anti-copie ou en détournant les règles des jeux informatiques. Ils font leur le dicton de Pierre-Joseph Proudhon, "La propriété c'est le vol".

Dans un esprit très post-70s, l'éthique du hack, élaborée au MIT (mais que l'on peut retrouver dans le Hacker Manifesto du 8 janvier 1986), prône alors six principes:

  • L'accès aux ordinateurs - et à tout ce qui peut nous apprendre comment le monde marche vraiment - devrait être illimité et total.
  • L'information devrait être libre et gratuite.
  • Méfiez-vous de l'autorité. Encouragez la décentralisation.
  • Les hackers devraient être jugés selon leurs œuvres, et non selon des critères qu'ils jugent factices comme la position, l’âge, la nationalité ou les diplômes.
  • On peut créer l'art et la beauté sur un ordinateur.
  • Les ordinateurs sont faits pour changer la vie.

Eh oui! Car dès ses débuts, le hacking a été théorisé au mythique MIT: "Au MIT, le besoin de libérer l'information répondait à un besoin pratique de partager le savoir pour améliorer les capacités de l'ordinateur. Aujourd'hui, dans un monde où la plupart des informations sont traitées par ordinateur, ce besoin est resté le même", résume ce billet chez Samizdat. Dans l'émission, Benjamin Mako Hill, chercheur au MIT Media Lab, ne dit pas autre chose: développeur, membre des bureaux de la FSF et Wikimedia, pour lui, "l’essence du logiciel libre est selon moi de permettre aux utilisateurs de micro-informatique d’être maître de leur machine et de leurs données".

Pour ce docu, Étienne Rouillon et Sylvain Bergère sont allés voir plusieurs apôtres du hacking, tel John Draper, hacker, alias "Captain Crunch", un des pionniers hackers en télécoms. Un détournement qui tient du simple bidouillage, mais qui a contribué à créer la légende, la blue box. Il s'agissait d'un piratage téléphonique qui consistait à reproduire la tonalité à 2600 Hz utilisée par la compagnie téléphonique Bell pour ses lignes longue distance, à partir d'un simple sifflet ! Une propriété exploitée par les phreakers pour passer gratuitement des appels longue distance, souvent via un dispositif électronique - la blue box - servant entre autres à générer la fameuse tonalité de 2600 hertz.

"Napster a ouvert la voie à l'iPod"

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Leur théorie ? Internet a été construit par des hackers pour faire circuler l'information. Mais peut-être Internet a-t-il marqué la fin du hacking et son éthique d'origine. Car avec Internet, après l'ère idéaliste d'un Internet libertaire, l'industrialisation des réseaux prend vite le dessus. Les pirates du net, cybercriminels et contrefacteurs en ligne prennent le pas sur les hackers, la confusion est largement entretenue...

1999: Napster, cette immense plateforme d'échange de fichiers musicaux en ligne à tête de chat, débarque sur la Toile. Elle est fermée deux ans après mais a ouvert une brèche: le partage de fichiers musicaux entre internautes. "Napster a ouvert la voie à l'iPod", ose le documentaire. Vincent Valade bidouillera eMule Paradise - presque par hasard, comme il le raconte aux auteurs du docu, encore étonné. Sa fermeture avait fait grand bruit - initialement simple site de liens Emule, Vincent Valade est poursuivi pour la mise à disposition illégale de 7 113 films, son procès doit avoir lieu cette année. D'autres s'engouffrent dans la brèche, comme The Pirate Bay, entre autres sites d'échanges de fichiers torrents.

Les industriels de l'entertainment s'emparent aussi de ce modèle naissant. TF1 - face au piratage massif de ses séries TV ? - lance sa plateforme de vidéo à la demande - payante bien sûr, à 2,99 euros puis 1,99 euro l'épisode. "C'était un projet de marketing. C'est mon job", lance face à la caméra Pierre Olivier, directeur marketing de TFI Vidéo et Vision. Rires dans la salle.

Hacktivisme journalistique

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Et aujourd'hui? Le culture hacktiviste a imprégné plusieurs pratiques: dans le domaine du logiciel libre bien sûr, même si le docu aborde à peine ce sujet. Mais elle rayonne aussi sur de nouvelles pratiques journalistiques. Indymedia, né en 1999 pour couvrir les contre-manifestations de Seattle, lors de la réunion de l'OMC et du FMI, fut un des précurseurs: ce réseau de collectifs, basé sur le principe de la publication ouverte et du "journalisme citoyen" en vogue au début des années 2000 ("Don't hate the media, become the media"), permet à tout un chacun de publier sur son réseau.

De jeunes médias expérimentent des méthodes d'investigation en ligne, comme le site d'information Owni (dont j'ai déjà parlé ici et là notamment). Qui a pour particularité de compter dans ses équipes autant de développeurs que de journalistes - voire des jeunes geeks qui ont le double profil. Son dernier fait d'armes: cette enquête, et sa révélation selon laquelle Orange aurait "monnayé" son implantation en Tunisie en surévaluant sa participation dans une société détenue par un gendre de Ben Ali. Ici, plus d'enquête sur le terrain ou de rendez-vous avec des informateurs: le jeune journaliste Olivier Tesquet et Guillaume Dasquié (journaliste précurseur de l'investigation en ligne, qui s'est fait connaître au début des années 2000 avec Intelligence Online, une lettre professionnelle consacrée à l’intelligence économique), s'appuie sur des documents officiels (comme le rapport d''activité 2009 d'Orange), et d'autres plus confidentiels, et est illustré a renfort de copies de ces documents et de visualisations, datajournalism oblige.

Un vent nouveau dû à l'éclosion ces derniers mois de Wikileaks - là encore, son impact est effleuré dans "Pirat@ges" - dont l'ADN réside dans l'ouverture des frontières numériques - rendre accessibles à tous des données publiques, et son double, OpenLeaks. Car Wikileaks a instauré la "fuite d'informations" en protégeant ses sources, et a remis au goût du jour la transparence et le partage de données si chères aux premiers hackers. Au point que, courant 2010, les révélations de WikiLeaks ont été relayées par une poignée de grands quotidiens nationaux (dont Le Monde), qui en ont eu l'exclusivité, au prix de conditions fixées en bonne partie par Julian Assange, comme j'en parlais dans cette enquête pour Stratégies.

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Parmi les dignes successeurs des premiers hacktivistes, citons bien sûr les Anonymous, des communautés d'internautes anonymes qui prônent le droit à la liberté d'expression sur internet (j'y reviendrai dans un billet ultérieur...). Une de leurs dernières formes d'actions (évoquées sur la page Wikipedia dédiée) rappelle bien celles des premiers hackers: les attaques par déni de service (DDOS) "contre des sites de sociétés ciblées comme ennemis des valeurs défendues par le mouvement". Ce fut le cas avec le site web de Mastercard en décembre 2010, qui avait décidé d'interrompre ses services destinés à WikiLeaks.

... et hacking culture de masse

La donne a changé: le hacking n'est plus l'affaire de seuls bidouilleurs de génie. L'arrivée de plusieurs industries de l'entertainment sur le numérique, et de nouvelles barrières sur les contenus mis en ligne, implique que tout le monde est aujourd'hui concerné par le piratage numérique. Comme des Mr Jourdain qui s'ignorent, nombre d'internautes ont déjà été confrontés, de près ou de loin, au piratage numérique, en le pratiquant (qui n'a jamais téléchargé illégalement de films, de musique ou de logiciels ?), ou y étant confrontés (fishing).

De culture underground, le hacking frôle la culture de masse, avec une certaine représentation cinématographique, entre Matrix, Tron, Millenium et Lisbeth Salander, geekette neo-punk qui parvient à rassembler des données personnelles en ligne en un tournemain..

Et bien sûr The social network, qui a fait de la vie du fondateur de Facebook un bioptic. Qui a même sa version parodique, consacrée à... Twitter. En bonus, un petit aperçu du trailer de "The twitt network" ;).

Car Facebook, après tout, est un lointain dérivé de la culture du hacking, né d'une association de piraterie + industrie numérique: son fondateur l'avait créé en bidouillant un réseau local affichant les plus jolies filles de son campus... Mais pas sûr que Mark Zuckerberg ait retenu ces deux principes de la culture des hackers :

  • Ne jouez pas avec les données des autres.
  • Favorisez l’accès à l’information publique, protégez le droit à l’information privée.

(1) produit par MK2 TV avec la participation de France Télévisions, "Pirat@ge" sera diffusé sur France 4 le 15 avril prochain à 22h30

dimanche 6 mars 2011

Orange en Tunisie; Transmedia; dress code; Julian Assange Inc.; Atlantico

Comme de coutume (même si vous aurez remarqué que je ne tiens pas vraiment le rythme hebdo ;) ma sélection de liens hebdos, entre les billets que j'ai appréciés, l'actu tech, médias, innov... de la semaine.

  • Avec un peu de retard, cette enquête que j'avais publié dans Stratégies - Quand les musées accueillent des expos dédiées aux marques... Une vitrine idéale pour mettre en avant leur patrimoine et leur histoire, mais cette association marques-musées fait débat.
  • Quand des médias s'insurgent contre la transparence. qui minent modèles d'affaires et scoops : à lire chez

governingpeople.com.

  • S'il se confirme, assurément c'est un des premiers scoops du jeune média (dont j'ai parlé ici) Owni: d'après cette enquête, Orange aurait monnayé son implantation en Tunisie.
  • Comment s'habiller quand on a du pouvoir? Le dress code mûrement réfléchi de Steve Jobs et Mark Zuckerberg, entre autres personnes de pouvoir, passé en revue par le NYT.
  • A 19 ans, il lève 5 millions de $ et s'attaque à Google sur le social search... Chez Ink.
  • L'apôtre de la transparence Julian Assange dépose son nom comme marque commerciale, décrypte Numerama. Business is business...
  • C'était le lancement de de la semaine, le dernier-né pure player de l'info en ligne, on en parlait en avant-première dans Stratégies la semaine dernière: Atlantico se lance à la conquête du Web.
  • Et enfin, RIP Pierre Bilger - ancien PDG d'Alstom, un des rares patrons-blogueurs, que j'ai eu l'occasion d'interviewer il y a qques années, investisseurs chez Owni lors de son lancement (10 000 € pour 5% du capital de la société à la création).

dimanche 7 novembre 2010

Urgence médiatique; Les seins de Scarlett Johansson; code-barres + iPhone; Richards vs Jagger; écrans numériques...

C'est parti pour la sélection hebdo de liens liens d'articles, billets, photos... lus ailleurs, en innovation, marketing, médias et culture numérique, people. Il va falloir que je retrouve l'inspiration ici, pas mal investie ces derniers jours chez mon nouvel employeur - l'excellent hebdo Stratégies que j'ai le plaisir et la grande joie de rejoindre, pour ceux qui ne le savaient encore... Le mag, la newsletter quotidienne et accessoirement , le site web, cela fait beaucoup de de choses. Promis, billet sur une thématique un peu sexy et punk à venir ;)

  • Un des meilleurs papiers lus ces derniers jours: pourquoi, aux yeux de Thomas Baumgartner, poussés par les réseaux sociaux et les blogs, les médias vont trop vite, et préfèrent le storytelling aux faits, aux reportages fouillés à la Hunter S. Thompson (dédicace à.. il se reconnaîtra ;)
  • Mango censure les seins de Scarlett Johansson, trop opulents à ses yeux, pour en faire une quelconque mannequin trop mince... Darplanneur s'en inquiète, et il n'a pas tort.
  • Owni a décroché un des Oscars du web journalisme décerné par l'ONA (association des journalistes multimédia US), aux côtés du ''NY Times'' et de CNN. Il a aussi bouclé une levée defonds de 340 000 euros (moins que les 600 000 initialement annoncés par Nicolas Voisin certes), et développé un modèle original expliqué par Philippe Couve.
  • Sex, drugs & rock'n roll. Ça ne vous aura pas échappé, Keith Richards a publié son autobiographie, où il épingle son meilleur ennemi de toujours, Mick Jagger. Ce dernier n'a pas tardé à apporter ses rectifs (thks @magescas).
  • Le JT "interactif" de Direct 8 : grosses ficelles et petits arrangements pour un résultat navrant, pour les Garriberts, très en forme (via eni_kao).
  • Eh oui, Elle a présenté sa sélection de blogs féminins pour son Grand Prix, comme chaque année. Et comme d'habitude, toujours pas de blog tech / sciences / politique / éco...
  • Le site du Times de Londres perd 88% de ses lecteurs en devenant payant. Comment cela va se passer en France pour ceux qui expérimentent le même modèle ?

dimanche 31 octobre 2010

Course à l'attention sur le net, prix ONA, Facebook + storytelling, Obsweb, journalistes frondeurs au Québec...

Et hop, comme de coutume, une petite sélection hebdo de liens d'articles, billets, photos... lus ailleurs, en tech, innovation, marketing, médias et culture numérique. Oui oui j'ai quelque peu délaissé ce blog ces derniers jours, because nouveau boulot dans une nouvelle rédac...

  • Papier correct du Fig Mag de ce weekend sur les nouvelles stars du Net, entre stars de Twitter et de la blogosphère, tels Vincent Glad, @papilles, @jeanlucr, @Korben...
  • ... Mais ruez-vous plutôt sur cet excellent billet de @Cyceron sur la course à l'attention et la société de l'ego, où il cause personal branding et perpétuelle quête de reconnaissance et de notoriété via les réseaux sociaux, dans une société où l'on nous demande d'être toujours très occupés, hyperactifs et (forcément) LOL.
  • Facebook se met à son tour au storytelling: il va désormais vous raconter l’histoire que vous partagez avec un autre membre, d'après Mashable, avec une nouvelle fonction, FriendShip Pages.
  • La palme revient au jeune et prometteur média expérimental Owni (dont j'ai déjà causé ici), qui vient de décrocher le prestigieux prix ONA de l'association américaine de journalistes multimédia Online News Association. Pas peu fière d'y avoir participé de temps en temps...
  • Preuve que, en matière de futur du journalisme online, les initiatives intéressantes se multiplient, avec la création d'un Observatoire du webjournalisme.
  • Samsung vient de dévoiler un écran transparent OLED : bluffant, à voir la vidéo.

dimanche 24 octobre 2010

Burger King, tutoriel Twitter, "XXI", Wikileaks chez Owni, hebdo érotique "Jasad"...

Une fois n'est pas coutume, mon butinage hebdo de liens sur la Toile : une revue de presse non-exhaustive autour de ce qui a fait l'actu techno / innovation / marketing & conso / médias cette semaine...

  • Le virtuel qui "s'ouvre dans le réel", avec par exemple la réalité augmentée sur les téléphones, la connexion et la géolocalisation en permanence, la puissance des réseaux sociaux, l'individu qui exprime sa personnalité "All about me"), la co-création.. Voilà les principales tendances de 2011 sur Internet qu'a dégagé l'agence de com' digitale Isobar.
  • Aller à Londres pour manger chez Burger King ? Si si, Eurostar a osé cet argumentaire publicitaire, alors que la Toile glosait sur le retour de Burger King en France...
  • Un tutoriel complet sur Twitter pour les pros : applications-clés, chiffres, usages en marketing, en recrutement... Dossier très complet chez FrenchWeb.fr.
  • Retour bienvenu chez @Couve sur la success-story de la revue trimestrielle XXI, revue exigeante qui mêle BD-reportage, photojournalisme et retour au journalisme de récit. Je m'y étais déjà intéressée il y a un an.
  • Boulets, vie de famille virtuelle, mise en scène du quotidien... Ce que Facebook a changé dans nos vies en dix points.
  • Dossier prospectif et optimiste bien intéressant chez Capital sur La France en 2020: pas d'accord sur tous leurs choix à propos des créateurs de start-ups prometteuses, à vous de vous faire votre opinion...
  • Ikea teste une forme de publicité innovante, des sortes de liens invisibles dans des vidéos YouTube: Owni a repris mon billet à ce sujet.
  • Allez lire ce portrait de Joumana Haddad écrivaine féministe et fondatrice de l'hebdo féminin et érotique Jasad, dont je parlais ici et .

dimanche 10 octobre 2010

David Bowie forever, bébés facebookés, niche fiscale, crowdsourcing...

journaux

Quels liens pour cette semaine ? Repérages high-tech, actu musicale, réseaux sociaux, pratiques journalistiques...

  • D'abord, côté musique, ce billet de Jean-Christophe Féraud, à cause duquel je suis toujours amoureuse de David Bowie (well, Mr David Robert Jones). Tiens, et toujours côté musique, même si ça n'a rien à voir, mais Pascal Nègre débarque sur Twitter, il compte déjà 718 followers...
  • Un profil Facebook pour votre nouveau-né ? Près de 5 % des bébés de moins de deux ans auraient leur propre profil social, d'après cet article. Flippant... Alors que Télérama consacrait (enfin) sa couv' au droit à l'oubli sur le Net.
  • Cela en fait rire certains, mais Archos s'apprête à lancer 5 tablettes, et rêve toujours de rivaliser avec Apple.
  • Sur le sujet pour le moins polémique de l'abattement fiscal des journalistes, dont je parlais , @cyceron s'en empare à son tour.
  • "Ami", "partager", "liker" "j'aime"... Toute une nouvelle terminologie autour des univers de Facebook et Twitter sur laquelle revient ce papier publié chez Owni.
  • Chez Owni toujours, d'ailleurs je suis revenue dans ce papier sur la notion de crowdsourcing dans le marketing. Je me souviens avoir écrit sur cela pour la première fois pour Les Echos en octobre 2007.

mercredi 29 septembre 2010

Bilan Hackthepress : un nouveau format journalistique, l'appli iPhone BD - photojournalisme

Le datajournalism fait polémique, il n'empêche, il est bel et bien en train de donner naissance à de nouveaux formats journalistiques ? C'était un des sujets au cœur de la journée HackThePress, organisée par l'équipe de la soucoupe Owni, qui se tenait hier à la Cantine, à Paris.

Au cours de cette journée, 6 équipes pluridisciplinaires (composées de développeurs, designers et journalistes) devaient concevoir une application (pour ordi, iPhone, iPad...) sur un des sujets d'actualité sélectionnés au préalable via Google News. Une battle très amicale donc, qui a bien montré en quoi ces applis pouvaient faire évoluer la manière de présenter l'info.

A la manoeuvre, Rue89, la Netscouade & Mediapart, Umaps, StreetPress, un duo d’indépendants, David Castello-Lopes et Pierre Bance, ainsi qu' OWNI.

"Expérience des profondeurs", graphe comparatif...

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Je suis passée hier soir à la présentation des applications concurrentes, qui se concluait par un vote (à main levée ;) pour désigner les gagnants. Résultat: un joli bouillonnement créatif autour du datajournalism.

Dans ces différents projets (voir la présentation en temps réel sur le fil dédié conçu par Owni, à parcourir de bas en haut), j'ai bien aimé celui de Rue89 (pour qui je signe de temps à autre des papiers): ils sont partis de l’histoire des mineurs chiliens, coincés à 700 mètres sous terre depuis le 5 août, et se sont basés sur des témoignages d'internautes, sollicités pour raconter leur "expérience des profondeurs" (du crowdsourcing donc), pour concevoir une infographie participative: il suffit de cliquer sur un des cercles pour voir un témoignage d'internaute, que l'on fait défiler en scrowlant.

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Bien aimé aussi l'appli du duo Mediapart (autre media pour lequel j'écris parfois) - La Nestcouade : ils sont partis des deux actus (buzz) politiques qui s'entrechoquaient en premières positions sur Google Actu, la quote de François Fillon expliquant que «Nicolas Sarkozy n’est pas son mentor» et le lapsus "économique" de Rachida Dati sur la fellation...

A partir de requêtes quêtes sur un corpus d’articles de 20 sites d’information et de tweets recueillis sur 10.000 comptes Twitter, ils ont conçu ce graphe de "propagation sociale de actualités".

Finalement, c'est un inconnu (mon projet préféré :) qui a remporté la mise (un Minitel ;): StreetPress.com, qui a conçu une BD-reportage multimédia pour supports mobiles. Il est vrai que la BD-reportage a le vent en poupe. Pour couvrir le sujet qu'ils avaient choisi - la fin du gel des constructions en Cisjordanie - ils ont alterné plusieurs formats : vignettes de BD, diaporama de photos, et interview vidéo. "Une manière de mettre en scène le reportage, l'info, pour le web", a résumé un des cofondateurs, Johan Weisz.

mercredi 21 juillet 2010

Twitter, incarnation d'un (nouvel) idéal de transparence politique ?

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On pourrait y voir la nouvelle marotte des politiques, un des outils (joujoux ?) tech qu'il est de bon ton d'exhiber. Parce que l'outil de microblogging Twitter est un peu moins connu que Facebook - "en être" vous classe d'emblée dans la catégorie des avant-gardistes. Mais son utilisation même fait débat chez les politiques.

Ce matin encore, sur France Inter, François Hollande ne voyait pas trop de problème à ce qu'un député rompe le huis-clos d'une séance en commission parlementaire par tweets interposés.

No tweets sur les retraites cette semaine

Parce que justement, hier, c'était le branle-bas de combat: l'UMP et le Parti socialiste réaffirmaient vouloir garantir un débat à huis-clos sur les retraites, sans Twitter. Pas question que, en plein débat sur le polémique projet de loi sur les retraites, quelque élu s'avise de raconter minute par minute ce qui se disait dans la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée...

De fait, hier, le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie, a décrété le huis-clos sur la réforme des retraites, pour préserver le sérieux et le "naturel" des débats sur les retraites.

Pour rapporter la teneur des débats, censés durer jusqu'à vendredi, 3 points de presse sont prévus chaque jour par la majorité et l'opposition. Une forme de communication classique, donc.

Et c'est promis, les députés ne tricheront pas en twittant. Le groupe socialiste a bien débattu de cette option, "et nous avons décidé de ne pas le faire", a déclaré mardi matin la députée PS Marisol Touraine. Et d'ajouter: "Je ne sais pas si des individualités s'affranchiront de notre décision collective mais, nous, ça nous semble relever du gadget et nous tenons à ce qu'il y ait une discussion de fond entre deux projets", relevait l'agence Reuters.

Rompre ou pas le sacro-saint huis-clos parlementaire ?

A première vue, c'est logique. Le huis-clos est un des fondements démocratiques et une des bases des règles de fonctionnement de l'Assemblée.

Dans le cas du débat sur les retraites, est-ce une bonne idée ? La réforme des retraites touche à l'avenir de notre système de retraite, de notre société, de la nécessité de trouver un système juste pour tous... Après tout, le gouvernement ne s'est pas privé de s'offrir de pleines pages de pub dans les principaux quotidiens nationaux pour vendre "son" projet de réforme, avant même qu'aient commencé les débats parlementaires.

Certes, les 50 heures de débats publics seront ouverts à la presse. Le débat à huis-clos, sur les amendements, " a toujours été sans présence de la presse, rien n'a changé", expliquait Pierre Méhaignerie sur LCI. A l'inverse, le député UMP Lionel Tardy a dénoncé un procédé "anti-démocratique".

Du coup, faut-il craindre les SMS et autres messages Twitter pendant ces trois jours de débats? "Ce n'est pas incompatible avec le huis clos", a reconnu Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée. Et de glisser: "désormais tout ça est totalement à la mode".

La tentation du piratage

En clair, il y a un certain vide juridique. Et il y a fort à parier que certains médias cèderont à la tentation de suivre une séance en huis-clos par un de ces moyens électroniques... Avec la complicité active de parlementaires, trop heureux de jouer les pirates par la même occasion.

Dommage pour Marisol Touraine, plusieurs députés socialistes ont joué les rebelles en tweetant furieusement, Sandrine Mazetier (@S_Mazetier) et Gaëtan Gorce (@GGorce) en tête - on remarquera que ce dernier est inscrit sur Twitter depuis... hier, le 20 juillet ;) - racontant dans les moindre détails les débats animés entre le ministre du Travail, Eric Woerth, et l'opposition .

La mode de la transparence ?

Pour quelle raison ? Cela permet aux députés de se distinguer, de prendre une posture "rebelle", au nom de la "transparence". Une vertu un peu éternelle, récurrente, et délicieusement hypocrite en politique, pour laquelle Twitter devient un nouveau support, comme le montre très bien Olivier Cimelière dans ce billet publié sur ''Owni''.

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C'est sûr que Twitter a effectué une irruption en force dans les travées et les réunions de l'Assemblée, permettant à des parlementaires de rendre public ce qui était censé être privé. Le phénomène s'amplifie, au-delà des coups d'éclats individuels qu'ils constituait, pour les premiers députés qui s'y risquaient. Comme le 30 juin dernier, lorsque le député UMP Yannick Favennec a relayé l'annonce par le chef de l'Etat d'un remaniement ministériel en octobre.

Ou lors de l'audition de Raymond Domenech après la déroute des Bleus au Mondial. Là le député UMP Lionel Tardy, blogueur et twitterer invétéré (désolée, j'ai encore du mal à employer le terme "twittos"), a tweeté... Avant d'être contraint de s'interrompre, au bout de quelques minutes, étant relayé par le député Yvan Lachaud. Mais l'objectif était atteint: il ont pu lâcher quelques tweets.

Source d'un nouveau genre pour les médias

Du même coup, ces tweets non-autorisés devienne une source d'un nouveau genre pour les médias. Qui y trouvent parfaitement leur compte. Lors de l'audition de Domenech, LeMonde.fr a repris les tweets des deux députés, ce qui lui a permis de présenter une sorte de ''live'' de cette audition. Au grand dam de ses concurrents - les journalistes du service sport de 20 Minutes n'étaient pas ravis ce jour-là...

Encore hier, Le Monde a mis en ligne sur son site des extraits de transmissions sauvages, grâce à un membre de la Commission qui avait bien voulu laisser son portable branché.

Provoc'? Carrément. Aucun scoop dans ces bribes d'échanges de la Commission. C'est juste une manière de monter aussi que cela reste possible - pour l'heure, le quotidien n'a pas été poursuivi ou sermonné.

Dans ces deux cas, il s'agit d'éléments bruts portés à la connaissance du lecteur. Pas grave s'il y a peu de révélations, comme je le disais plus haut, cela permet au média de monter qu'il a pu le faire. Si c'est une vraie info, il y aura tout de même le travail de recoupement derrière: Une info reprise peu après dans une "alerte" de l'AFP avant d'être recoupée et confirmée par d'autres députés ayant participé au déjeuner. Dès lors, Twitter s'imposait comme possible source d'informations pour les journalistes - à condition qu'ils ne la recoupent par la suite. Le tweet de Yannick Favennec a ainsi été repris peu après dans une "alerte" de l'AFP avant d'être recoupé et confirmé par d'autres députés ayant participé au déjeuner.

dimanche 25 avril 2010

La nouvelle mue de la "soucoupe" Owni, labo d'expérimentations journalistiques (et des modèles éco qui vont avec)

"Digital Journalism. Société, pouvoirs et cultures numériques". Le slogan est simple, avec une ouverture "sociétale" évidente, bien au-delà de la high tech. Cela faisait un certain temps que je voulais en parler, et justement, ils ont lancé ce vendredi la nouvelle version de leur site, (très agréable) choc esthétique, par lequel on comprend d'emblée que l'on ne se ballade pas sur un simple site d'infos.

Owni.fr est l'un des derniers-nés dans cette nouvelle génération de sites d'information apparus sur la Toile depuis 3 ans. Qui, fait notable, sont toujours là 3 ans après... Après Rue89, Bakchich.info, Mediapart, Arretsurimages.net (présentés alors comme relevant du "journalisme participatif... notion déjà démodée depuis), ''Slate'' France en 2009, Eco89 et E24.fr (dont je parlais ici) ainsi qu'ElectronLibre, Owni.info explore lui aussi, depuis un an, les voies du "journalisme digital". Comme d'autres, il tâtonne, expérimente des voies susceptibles d'être empruntées par le journalisme de demain.

Un autre pure player de la Toile, qui, lui, a pour particularité de mêler ses productions journalistiques, écrites/filmées par son équipe, à des billets de blogs repris ailleurs (dont les miens). D'ailleurs, il se réclame clairement du "journalisme de liens".

A l'origine de ce projet, Nicolas Voisin, blogueur, qui s'est notamment distingué avec le Politic'Show, une Web TV qui suivait les candidats à l'élection présidentielle.

Engagement, journalisme de liens

Ce site hybride, fort d’un réseau de multiples contributeurs (auteurs, professionnels, chercheurs, entrepreneurs,internautes actifs, journalistes... dont moi-même ;) est né en avril 2009 en France lors de la bataille contre la loi Hadopi, engagé pour les libertés numériques, et vise à faciliter un débat public constructif, critique et technophile.

A la Une en ce moment: une itw vidéo du groupe Hocus Pocus et sa vision d'Internet, une itw de Renée, 76 ans, amatrice éclairée d'Internet, un focus sur IlPost.it, premier pure player d'info de la péninsule italienne, un focus sur Prison Valley, le webdoc du moment, un outil malin pour débusquer les images photoshopées (pardon, retouchées)...

Hybride donc, il se veut à la fois "média, réseau social et plateforme de publication", et présente une sélection d'articles et billets (tous publiés sous licence Creative Commons, donc librement reproductibles sur la Toile) pour refléter ce qui fait débat sur l’évolution de la société numérique. Texto, "Owni est un media social collaboratif sur les cultures numériques et l'avenir de l'information en réseau. Un think thank à ciel ouvert auquel participent journalistes, blogueurs, entrepreneurs, étudiants et chercheurs. On y expérimente le digital journalism et on y pense le monde qui nous entoure sous un regard critique, constructif et technophile", explique son fondateur Nicolas Voisin.

En fait, plutôt qu'un média grand public, il faut y voir un laboratoire d'expérimentation pour initiés, qui reflète une multitude de points de vues émis par ses nombreux contributeurs. A vrai dire, sa ligne éditoriale (et même la maquette du site) rappelle furieusement ses lointains prédécesseurs du début des années 2000, comme (feus) Transfert, Newbiz, Futur(e)s, et les contemporains Technology Review et, bien sûr, the master ''Wired''.

Nouveau design épuré

La nouvelle version du site, en ligne depuis deux jours, renverse les codes esthétiques des sites webs d'infos. J'en avais eu un aperçu il y a une quinzaine de jours, en voyant les storyboards placardés aux murs des bureaux de l'équipe de journalistes et geeks passionnés d'Owni, Rue de Malte à Paris.

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Pas d'accumulation de titres et de colonnes, comme ont tendance à le faire beaucoup de sites d'infos, ici, la mise est épurée, moderne. Les quelques dernières publications sont mises en avant dans des carrés, un grand rectangle flashy, vers le bas de la page, permet de valoriser quelques best-of, avec des magnifiques illustrations, entre lesquels on peut naviguer à l'horizontale. Un site qui repose sur le scrolling, donc. En bas de page sont affichés les derniers commentaires.

Pour naviguer entre les pages, pas d'onglets, juste de discrètes notifications en haut de page ("aujourd'hui", "-1", "-2", "-3", "l'hebdo", "le mensuel", "date"); Pour naviguer par rubriques, idem, le minimalisme est de mise: il y a l'actu ("On air"), les articles comportant les tags Acta (pour mémoire, Owni a été créé en réaction au projet Hadopi), "Journalisme" (ie avant tout les nouvelles pratiques journalistiques), "LOL" (ouais, il faut bien un peu de déconne), et Twitter.

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Sur les pages des jours précédents, même chose, design très recherché avec des articles et billets mis en avant par un système de carrés, eu surimpression de photos ou dessins, et un header assez remarquable pour la page Le Mensuel. Une manière de distinguer cette page de l'actu immédiate plus mise en avant sur les pages quotidiennes, nourries par le flux des billets et articles des contributeurs.

Nouvel écosystème des médias

La question qui tue pour tous ces nouveaux médias, qui expérimentent de nouvelles manière de pratiquer le journalisme : où trouver l'argent ? La pub, discrète chez ses congénères, et carrément absente des pages de Owni.

Les autres cherchent des nouvelles recettes de financement : Rue89 propose des prestations de formation, Mediapart a misé sur un modèle semi-payant (il faut s'abonner pour accéder aux contenus les plus approfondis, comme les enquêtes et reportages), tout comme Arretsurimages...

Les media old school, pour leurs sites, tâtonnent quant à lancer une dose de payant, comme Liberation.fr et LeFigaro.fr, qui se sont prudemment lancés sur le payant il y a quelques semaines L'Express.fr, qui avait annoncé fin 2009 lancer (un peu) de contenus payants

En fait, Owni repose sur la société 22mars, qui est la vraie cheville ouvrière du tout. Elle assure des prestations de conseil, créa & développement, ainsi que de formation, autour des media sociaux. Dans les détails, "l'entreprise 22 Mars, maison-mère d'Owni, a décidé d'ouvrir son capital à hauteur de 10 % à de généreux investisseurs pour lever 600.000 euros. L'opération valorise 22 Mars à 6 millions d'euros. Ce qui peut paraître un peu élevé...mais 22 Mars/Owni n'est pas une coquille vide. Avec cette levée de fonds, l'entreprise vise raisonnablement 1 million d'euros de chiffre d'affaires et une rentabilité de l'ordre de 20 à 30 % dès 2012. Ce qui semble jouable compte tenu du modèle et de l'économie de moyens (6 salariés à ce jour) du projet", comme le révèle Jean-Christophe Féraud, qui m'a devancée en consacrant un long et passionnant billet à cette nouvelle mue de la "soucoupe" Owni.

Ambitions européennes

Intéressant, Owni a des ambitions européennes. Comme l'annonce Nicolas Voisin dans ce billet, OWNI vise, à moyen terme, à faire une veille d'actu "numérique", avec bientôt "un réseau de vigies européennes", puis le lancement d'une version anglaise d’OWNI courant 2011, ainsi que le lancement international d’"OWNIeditors, l’association en cours de constitution des éditeurs d’OWNI", qui visera à obtenir des "subventions et partenariats d’ampleur transfrontalière".