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vendredi 11 juin 2021

Netflix, une marque, des produits dérivés dans un Netflix shop

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Ca y est, Netflix est devenu une marque à part entière. La preuve, le mastodonte du streaming vidéo sur abonnement vient d'ouvrir sa première boutique en ligne, Netflix.shop, pour y vendre des produits dérivés liés à certaines de ses séries.

En parcourant le site, véritable boutique en ligne au design minimaliste, on trouve des figurines ainsi que des T-shirts et sweats estampillés Eden et Yasuke, deux séries animées.

Elle proposera aussi plus tard dans le mois une kyrielle de produits dérivés inspirés par le gentleman-cambrioleur Lupin, d’après un communiqué du groupe californien. Bon sens du timing, alors que Lupin, un des gros cartons du début de l'année 2021 - au moins 70 millions de 'visionnages' revendiqués par Netflix - est de retour depuis ce vendredi matin sur les écrans pour une deuxième saison.

Outre des casquettes, des T-shirts, hoodies et sweaters, les produits dérivés Lupin s'étendront jusqu'aux coussins (60 dollars pièce) et une table basse (150 dollars), le tout conçu et produit en collaboration avec le musée du Louvre. Il faut reconnaître que le coup est magistral: non seulement Netflix fait de Lupin une marque à la french touch so chic, avec son univers - Maurice Leblanc s'en retournerait dans sa tombe - mais la firme de Los Gatos s'associe aussi avec le musée du Louvre pour l'opération (là encore le prestige français).. Il est vrai que, depuis peu, le musée français s'est lancé dans un développement de produits dérivés à coup de collabs décomplexées - rappelez-vous les T-shirts Uniqlo floqués de La Joconde. Pour les fans de la série Lupin, rappelons qu'une partie-clé de l'intrigue se déroule dans le musée du Louvre !

Développer les produits dérivés

Ouverte aux Etats-Unis, cette boutique en ligne va s'étendre à d'autres pays ces prochains mois, a indiqué Netflix dans un billet de blog. «Netflix.shop va proposer des produits en éditions limitées exclusives, soigneusement sélectionnées, de façon régulière», a indiqué le vice-président Josh Simon.

Pour développer le retail business, Netflix s'est adjoint le services d'un pro du secteur: Josh Simon, qui dirige la division produits de consommation chez Netflix. Il a rejoint la société en mars 2020 après avoir occupé des fonctions similaires chez Nike. Depuis son arrivée, son équipe est passée de 20 à 60 personnes, rapporte le New York Times, et Netflix a signé des accords avec Walmart, Sephora, Amazon et Target pour vendre des vêtements, produits de beauté, jouets et accessoires de maison liés aux films et séries Netflix.

La preuve que Netflix veut faire de ses séries à succès des marques à part entière, voire des licences. Sur cette boutique, il vendra des produits en série limitée, des vêtements, accessoires et collectibles - ces objets collectors déjà très populaires dans l'univers du jeu vidéo. Un univers qui a des points communs avec le fans de séries.

Ses séries blockbusters sont donc les prochaines qui bénéficieront donc de produits dérivés, telles Lupin et Stranger Things. Cette dernière série, qui baigne dans la nostalgie 80s, mais a réussi à conquérir un public geek transgénérationnel, lui avait d'ailleurs déjà permis d'amorcer la tendance, avec l'édition de jeux vidéos co-développés avec BonusXP depuis octobre 2017.

Netflix a carrément annoncé cette semaine la sortie d'un podcast de fiction, diffusé à partir du 29 juin prochain sur Spotify et Apple Music, et d'n roman, écrit par A.R. Capetta, qui sortira aussi le 29 juin dans les librairies américaines.

Accessoirement, Netflix cherche ainsi à se trouver de nouvelles sources de revenus à forte marge, pour faire grossir ses bénéfices. Face à une concurrence accrue d'autres streamers, ses derniers résultats trimestriels avaient déçu les investisseurs.

samedi 24 avril 2021

Bientôt des placements de produits rajoutés à postériori dans des vieux films ?

2048771871.jpg, avr. 2021

«Play it, Sam»...

Imaginez la scène. Ilsa Lund (Ingrid Bergman) boit une coupe de champagne avec Rick Blaine (Humphrey Bogart) au Rick's Café dans Casablanca. Une marque de champagne y apparaît bien en évidence. Vous ne vous rappelez pas avoir vu ce placement de produits dans ce film, un des plus grands classiques du cinéma américain ? Mais vous pourriez bien l'y voir la prochaine fois.

Le placement de produits est presque aussi ancien que l'industrie du cinéma elle-même. Le premier exemple remonte probablement à la comédie de Buster Keaton The Garage (1920), où figureraient en bonne place les logos de Zerolene, Red Crown Gasoline) et Firestone.

Mais il pourrait connaître une nouvelle révolution. Les agences de pub commencent à s'intéresser de près à une nouvelle technologie, qui pourrait intégrer de manière tout à fait naturelle des images générées par ordinateur dans des films. Plus précisément des anciens films ou des anciennes séries.

Une des firmes qui a développé cette technologies est l'agence publicitaire britannique Mirriad, signalait la semaine dernière la BBC (merci @eni_kao, en bonne vigie du Net, de me l'avoir signalé). Sa technologie permet donc d'ajouter numériquement des produits, logos ou affiches publicitaires pour des marques dans presque tous les films et programmes télévisés. Elle est actuellement utilisée par un site de vidéos en streaming chinois. Et les réalisateurs de la sitcom américaine à succès Modern Family l'ont aussi testé.

Cette firme me disait quelque chose. Initialement spécialisée dans la réalisation d'effets spéciaux pour les films, elle a aussi tenté de commercialiser, en 2014, avec l'agence Havas et Universal Music Group (UMG) , une technologie vidéo permettant d'insérer des annonces publicitaires dans une sélection de clips musicaux d'UMG, comme j'en parlais alors dans ce papier pour Stratégies. Bon, après les annonces initiales, l'initiative ne semble pas avoir fait florès. Là, Mirriad irait donc plus loin, en proposant d'«orner» des films patrimoniaux de publicités.

Ryff, basée en Californie, va plus loin: elle permet d'effectuer numériquement des placements de produits mais en ciblant les individus, selon la BBC. Ce qu'elle présentait déjà en 2018 dans cette courte vidéo. Mais elle proposait alors juste d'incruster des images directement dans les vidéos, avec un partenariat pouvant être différent pour chaque pays et réalisé après le tournage. Désormais, elle dit pouvoir se baser sur l'historique du téléspectateur, selon ce qu'il a visionné précédemment sur un ordinateur portable, un smartphone ou une télé connectée. Un peu comme Netflix et consorts peuvent déjà passer au crible notre historique de visionnages. Troublant, non ? On imagine le potentiel énorme de la technologie de Ryff utilisée par un Netflix...

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Les fondateurs de Ryff imaginent déjà que les publicités pourraient être modifiées au gré des visionnages d'un film. Et un jour, des campagnes d'achats d'espaces publicitaires ? Imaginez les panneaux publicitaires sur les gratte-ciels dans Blade Runner, qui seraient changés d'une diffusion à l'autre, au gré des annonceurs...

C'est vrai que ces technologies sont dans l'air du temps. A l'ère de l'intelligence artificielle utilisée dans des vidéos animées, qui ce soit pour générer des deep fakes, ou encore animer artificiellement des anciennes photos, ce que propose la start-up Deep Nostalgia, dont je parlais ici, ce sera peut-être la nouvelle marotte des agences de pub, et des bonnes vieilles agences de placement de produits en quête de nouvelles idées, telle Film Media, ou Casablanca (eh oui...), passée dans le giron du groupe Publicis en 2011.

Nouvelles recettes publicitaires

L'initiative est tentante. Elle permettrait de créer de nouvelles recettes publicitaires pour l'industrie du cinéma, en difficulté avec la crise sanitaire et la fermeture forcée des salles de cinéma depuis un an. Et après tout, toujours la pandémie aidant, en un an, la plupart des téléspectateurs sont devenus addicts aux services de streaming vidéo, tels Netflix et Amazon Prime, pour regarder des films, séries et documentaires. Des services qui n'incluent pas de pauses publicitaires. Ce qui pourrait habituer le public, notamment les jeunes, à regarder des «contenus» sans coupures publicitaires. Alors, face à cette évolution des usages, pourquoi pas créer de nouvelles sources de revenus publicitaires, quitte à en reverser une partie aux diffuseurs, les streamers audio ?

Le placement de produits n'a jamais été un business aussi puissant pour les annonceurs : il engendrerait 20,6 milliards de dollars de revenus par an, dans les films, programmes télévisés et clips musicaux, selon la firme d'analyse de données PQ Media. Avec ces nouvelles initiatives de placements de produits numérisés, des publicitaire rêvent déjà de «mettre à jour» des vieux films ou séries en modifiant les marques et produits cités, au gré de ceux qui deviendraient démodés.

Trahison ?

Mais cela soulève des questions inédites, autant juridiques qu'éthiques, sur le respect de la volonté initiale du réalisateur. Est-ce éthique de «revisiter» un film pour y utiliser des techniques publicitaires qui n'étaient pas dans les mœurs lors de son tournage? Et est-ce que le réalisateur l'aurait voulu ?

Certes, l'ajout de produits, d'affiches publicitaires ou de marques de produits dans un film ou une série lui fait gagner en réalisme. Une marque permet au spectateur d'identifier tout de suite une époque, des tendances de consommation, de raccrocher le film à la vraie vie d'alors.

Mais quelles conséquences légales si un film sous copyright est «retravaillé» numériquement ? Est-ce qu'il n'y a pas une atteinte portée à l'intégrité artistique de l'œuvre ? Les producteurs initiaux et ayant-droits auront-ils seulement leur mot à dire ? Des publicitaires auront-ils le droit d'acheter des espaces publicitaires "à postériori" dans une oeuvre (film ou série télévisée) près sa sortie initiale ?... Et surtout, un vieux film fait inéluctablement partie de l'histoire du cinéma, de la culture. En tant qu'archive audiovisuelle, il peut être restauré, mais modifié à postériori par des inserts numériques, à des fins purement mercantiles, c'est très discutable.

mardi 26 novembre 2019

Et si le Black Friday devenait obsolète ?

Black friday

Amazon

Importé en France depuis seulement 2013 des Etats-Unis, il est censé incarner la grand-messe consumériste, avec une journée de promotions XXL, de préférence sur internet, ce vendredi 29 novembre. Le Black Friday est né dans les années 1950 aux Etats-Unis pour accompagner le long weekend de Thanksgiving, où il s'accompagne d'une des rares journées fériées - qui laisse au consommateur américain tout loisir de se livrer à une orgie de shopping en ligne, à moins d'un mois des fêtes de fin d'année.

En France, les marques et distributeurs y ont vu l'occasion de créer un nouveau format, une journée de rabais monstres, à l'origine dans la high tech et le numérique. Tout en agitant chez le consommateur la crainte de manquer "la bonne promo" du jour (un peu comme le "fear of missing out" (dont je parlais dans ce billet, en 2014, déjà! et ), la peur de louper une actu sur les réseaux sociaux, vous suivez? ;). A la clé, 5,9 milliards d'euros de dépenses attendues pour cette année en France, selon une étude RetailMeNot.

Mais le Black Friday serait-il déjà tombé en désuétude en France ? Cette année, il est censé se dérouler dans un climat empreint de tensions sociales, de défiance vis-à-vis des pouvoirs publics, d'inquiétude diffuse face aux effets de plus en plus visibles du changement climatique, de rejet croissant de l'hyperconsommation et de l'accumulation de biens matériels... Alors, une certaine vague anti-Black Friday pourrait bien cristalliser tout cela.

Il y a une quinzaine d'années, ce mouvement anti-conso se concentrait, surtout outre-Atlantique, dans - déjà un "Buy nothing Day", porté par les mouvements anti-pub, comme je le relatais alors dans Les Echos, et dans celui-là. Mais il s'agissait de mouvements qui ciblaient les campagnes de publicité d'alors - quitte à être récupérés par les marques, plus que la (sur)consommation.

"Make Friday Green Again"

Green F

Il y a quelques semaines, une poignée de marques se sont associées sous la bannière "Make Friday Green Again", entre allusion au "Make France great again" d'Emmanuel Macron, et bien sûr, l'inénarrable "Make America great again" de Donald Trump. Epinglant "une journée infernale de surconsommation imposée par le marché", elles veulent encourager les consommateurs à trier leurs affaires, épurer leurs armoires (coucou Marie Kondō), recycler, donner. "Nous avons l'intime conviction que consommer, c'est voter", argue le collectif. Les suédois ont déjà inventé un néologisme pour désigner cette tendance naissante: le "köpskam" (la honte de faire des achats), dans la lignée du "flygskam" (la honte de prendre l'avion - et d'augmenter son empreinte CO2), soulignait récemment Le Monde - le quotidien ne se prive pourtant pas de sa page dédiée Black Friday, où il propose une kyrielle de codes promos en ligne ;)

Dans l'Hexagone, plusieurs marques semblent rejoindre ce mouvement tournant au "Fair Friday". Plus de 500 marques, associations et distributeurs, tels Naturalia, Nature et Découvertes, la Camif, ont ainsi rejoint le collectif, créé par Nicolas Rohr et Frédéric Mugnier, cofondateurs de Faguo (à l'origine de vêtements "équitables"). __ N__ouvel épisode, dimanche dernier, Amazon, un des champions du Black Friday, a essuyé un tir nourri de critiques d'ONG, chiffres à l'appui. Y compris sur sa politique de "contournement" fiscal. Attac, les Amis de la terre et Solidaires, dans un document de 60 pages, démontrent que le géant du e-commerce aurait réussi, en 2018, le tour de force de ne pas payer d’impôt sur les bénéfices, au niveau fédéral, alors qu’il a réalisé 11,2 milliards de dollars de profits - grâce au système qui permet de déduire les revenus versés aux dirigeants de l’entreprise non pas en salaires, mais sous forme de stock-options. En France, Amazon aurait réalisé 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017, mais n’aurait déclaré qu’1,6 milliard. Il est aussi pointé du doigt pour son bilan carbone. En 2019, il aurait émis 18,87 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent d’un Etat comme la Bolivie.

lundi 26 février 2018

Une série pour un Big Mac, le Menu Série de McDonald's, nouveau syndrôme du binge watching

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"McDo : Maxi Best of = 1 saison de série TV offerte". Trivial, mais efficace. Depuis quelques jours, le géant du burger low cost propose un plus-produit à priori inattendu, une série télé offerte pour un de ses menus-stars, comme le Maxi Best Of. Un rien provoc', Mac Donald's souligne, dans un de ses spots publicitaires aux faux airs de court-métrage, "Un épisode c'est bien, une saison intégrale c'est quand même mieux".

Jusqu'au 9 mars 2018, tout menu Maxi Best Of, Signature by McDonald's, ou une boîte à partager permet en effet de bénéficier d'une saison intégrale d'une série TV, téléchargeable ou en streaming, grâce à un code de téléchargement Rakuten joint au menu, compatible avec PC, Mac, Android, iOS, certains téléviseurs connectés, et les consoles de jeux vidéos Xbox 360 et One.

Au menu, une cinquantaine de séries TV sont éligibles, telles Preacher, How I Met Your Mother, Empire, Breaking Bad, Better Call Saul... MacDo n'a pas oublié son coeur de cible, les enfants, avec aussi une multitude de séries calibrées pour les moins de 12 ans, comme Le Petit Prince, Boule & Bill, Yakari, Babar.

Big Mac + une série, ue pizza + un match sur Bein Sport

Déjà il y a dix ans, le même McDo proposait des DVD offerts avec ses menus. Les technologies évoluent, le mode de fidélisation par plus-produit complémentaire reste le même. Dans la même veine, me signalait-on sur Twitter, Domino’s Pizza propose quant à lui une pizza... et un accès à la chaîne de sport Bein Sport pour visionner un match de foot pour 20 euros. Votre dîner bon marché avec en plus-produit un contenu télé, une série ou un mach de foot au choix, vive la vente couplée !

Mais au fond, derrière la ruse marketing, cette association n'est guère surprenante - le leader de la restauration low cost épouse ainsi un comportement de consumérisme culturel consacré par Netflix et son système d'abonnement pour visionner des séries en tout-illimité, le binge watching. Je l'abordais il y a bientôt trois ans - déjà ! - dans ce billet, lors de son arrivée explosive en France en septembre 2015, Netflix a servi de révélateur à cette nouvelle forme de boulimie audiovisuelle, où chacun découvrait sa capacité à ingurgiter d'affilée des épisodes de séries, sans attendre la rythme de diffusion hebdomadaire dicté jusque là par les (vieilles) chaînes de télévision. Il est vrai que les pirates du téléchargement illégal, puis du streaming (remember Popcorn Time) avait déjà cré ce type d'addiction (auquel j'ai déjà succombé, je vous rassure ;) chez les internautes - téléspectateurs.

Depuis 2015, insensiblement, on a assisté à une certaine netflixisation de la culture (affreux néologisme j'en conviens), où l'accès à des contenus ou services par abonnement, de manière illimité, s'est banalisé. Avec Spotify bien sûr, iTunes, la catch-up TV, mais aussi le "Netflix du jeu vidéo", Playstation Now, lancé par Sony en octobre dernier, XBox Game Pass, la presse avec son kiosque virtuel sur abonnement ePresse...

Ce comportement irrigue tous les pans de notre économie, au point que notre quotidien est désormais rythmé par ce mode de consommation par abonnement. Abonnez-vous pour votre TGVMax, votre voiture (cela viendra pour la Polestar de Volvo, attendue en 2019), votre PC dématérialisé (ce que propose la start-up Shadow)... A croire que Netflix a ringardisé la propriété. Ou celle-ci deviendra un luxe.

mardi 22 décembre 2015

Christmas songs 2015: feat. Phoenix, Mariah Carey, Bill Murray, Miley Cyrus, The Killers

Comme chaque année, à quelques jours de Noël, tradition pour les uns, bruit de fond agaçant pour d’autres, ces chants agrémentés de grelots et clochettes envahissent les playlists des radios, la musique d'ambiance des grands magasins, les réseaux sociaux, la télévision.

Vous ne pourrez pas échapper, au même titre que le pull en tricot orné d'un renne, l’overdose de chocolat au lait bon marché, ou la course aux cadeaux, voici donc Les chants de Noël : je ne pouvais déroger à la tradition de de billet-marronnier, en vous concoctant comme chaque année (après 2014, 2013, 2012...) une petite sélection 2015. J'y ai pensé il y a quelques jours en passant dans un magasin Gap (une des chaînes de vêtements US par excellence tout de même) ou résonnant (l'excellente) christmas song I wish it was Christmas today, de Julian Casablancas.

De fait, si la tradition est peu connue en France, c'est une institution autant culturelle qu'un rendez-vous dans l'agenda des labels musicaux : tout groupe ou chanteur, délicieusement has been ou dans le coup, se doit de sortir sa Christmas song, en respectant les codes traditionnels : gling gling de clochettes, vague bruit de hochet, paysages enneigés, paroles sirupeuses, etc. Ces tubes potentiels seront diffusés au fil des jours, tant dans les shopping malls que sur les radios.

Premier choix : sans équivoque la bonne surprise de l'année, ce titre qu'ont posté sur YouTube, il y a quelques jours, les petits Frenchies de Phoenix, une reprise des Beach Boys, Alone On Christmas Day, un morceau enregistré à la fin des années 70 et tombé dans les limbes. Pour ajouter un peu de la magie de Noël, Phoenix a fait appel au cultissime Bill Murray pour l'accompagner dans leur reprise. On pourra entendre le titre dans l'émission spéciale A Very Murray Christmas, un show entièrement consacré à l'acteur, devenu idole de la pop-culture. L'émission est diffusée sur Netflix US. A noter que tous les bénéfices générés par l'achat de la chanson iront à l'Unicef.

Bill Murray toujours (en smocking s'il vous plaît, et sous la neige), vous le retrouvez en guest star, en duo avec Miley Cyrus, en (presque) saga mini-robe de Mère Noël, dans Let It Snow (A Very Murray Christmas), heureusement fidèle à la tonalité jazz du titre initial.

Un de mes autres préférés, ce titre de The Killers, reformé pour l'occasion, Dirt Sledding, feat. ft. Ryan Pardey et Richard Dreyfuss, avec un bon rythme rock à partir de 1'30.

Une autre (mini)-star de la pop US se plie à l'exercice, Katy Perry, avec ce titre Every Day Is a Holiday. En bonne pro du marketing musical, Katy Perry s'est d'ailleurs inspirée d'un son dance diffusé dans la campagne publicitaire H&M actuelle - une manière de s'assurer qu'il reprendra son tube dans ses points de vente ? Le morceau a été produit par Duke Dumont, nominé aux Grammy Awards.

A ne pas zapper non plus, cette reprise du grand classique de Wham! (perso, une de mes Xmas songs préférées), Last Christmas, ici par Carly Rae Jepsen. Déjà dans son dernier album, Emotion, elle use et abuse des synthés langoureux, ce à quoi elle recourt de nouveau, ici avec un saxophone langoureux et (trop) réminiscent.

Kylie Milogue reste dans son style, dans Every Day's Like Christmas, avec un son synthé-pop reconnaissable sur tous ses albums... Le clip reprend les codes kitsch: Kylie et son chandail en laine pelucheuse, le sapin géant, Kylie qui décore son sapin, la fin de soirée au coin du feu... Pour les fans.

Plaisant aussi, ce titre au sein jazzy de Jessie J, The Man With the Bag, originellement de 1950. Vous remarquerez dans le clip le placement de produit Reiss...

Et enfin, pour bien clore cette sélection, un son bien punk avec August Burns Red, Home Alone Theme (instrumental).

Bonnes fêtes !!

vendredi 4 décembre 2015

Avons-nous vraiment besoin de l'internet illimité ?

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Déjà, cela m'avait fait tiquer : depuis quelques jours, les opérateurs télécoms se livrent cette bataille de prix un peu folle à coup de prix givrés (oui, j'assume le jeux de mots assez moyen ;). Free Mobile, qui adore décidément jouer les trublions depuis son lancement début 2012, a lancé il y a quelques jours sur le site de ventes événementielles Vente-privee.com (un canal de distribution dont il est devenu coutumier) une vente privée sur son forfait illimité à... 3,99 euros par mois pendant un an ! Au menu, SMS et MMS illimités, et internet mobile 4G avec 50 gigaoctets de datas (bien plus, soit dit en passant, que les 20 Go proposés par la plupart des opérateurs mobiles).

La riposte ne s'est pas faite attendre : SFR lançait à son tour une offre *événementielle* à 3,99 euros par mois pendant 12 mois (à condition d'y souscrire avant le lundi 6 décembre !), intégrant 20Go d’internet mobile ainsi les appels, SMS et MMS illimités. Virgin Mobile a suivi le mouvement, avec une offre similaire à celle de SFR, soit 3,99 euros par mois pendant 12 mois et sans engagement, avec SMS et MMS illimités, ainsi qu’internet 4G avec 20 Go de volume data.

La connexion internet, un bien commun

Cette surenchère low-cost survient dans un contexte où l'accès à internet s'est presque totalement généralisé dans les foyers français. Cela est devenu un service, presque un bien commun, au même titre que l'eau courante ou l'électricité. Imaginez: 83% des Français ont accès à internet à domicile (donc "seuls" 17% des foyers français ne sont toujours pas couverts), révélait vendredi dernier un rapport commandé par l'Arcep (le gendarme des télécoms) au Credoc, dont je parlais ici. Avec les smartphones (58% des français en possèdent) et les tablettes (35%), les Français sont devenus coutumiers de nouveaux usages : naviguer sur internet depuis leur mobile (52%, +12 points), télécharger des applis, géolocaliser un lieu (35%), ou utiliser des services de messagerie instantanée (25%), comme WhatsApp ou Snapchat.

Que ce soit sur son smartphone, avec son ordinateur, ou son téléviseur connecté, le quidam - et plus seulement le geek - a pris l'habitude de télécharger des contenus, de regarder des films en streaming... Des usages qui sont tous gourmands en données. C'est un cercle vicieux : au fil des années, alors que la qualité - et le débit - du Réseau s'améliore et grossit constamment, on a pris l'habitude de consommer de plus en plus de gigaoctets, de débit. L’internet fixe et l'internet mobile sont de plus en plus sollicités, pour connecter des appareils toujours plus nombreux.

Cet article d'InternetActu m'a aussi fait tiquer. Pourrait-on bientôt atteindre les limites du réseau, en terme de capacité de stockage ou de vitesse de transmission? Internet, le Réseau, semble propre, non-polluant, parce qu'il n'émet pas de déchets, et parce qu'il est totalement immatériel, abstrait. Mais est-il vraiment "environnementalement correct" (oui ceci est alambiqué ;), à l'heure des bilans post-COP21? Le réseau consommerait actuellement 2% de l’électricité produite dans le monde, et ce chiffre devrait doubler tous les 4 ans, avertit Rue89, citant une étude du chercheur Andrew Ellis.

Il estime carrément que notre niveau de consommation électrique lié au numérique serait de 8% de la production d’électricité total pour 2012 (en cumulant à la louche consommation des serveurs et centres de données qui stockent et distribuent l’information, consommation générée par les utilisateurs finaux, etc).

Connectés en permanence

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La faute, surtout, à la multiplication (appelée à s’accélérer) des appareils mobiles qu'utilise désormais (presque) chaque Français mobinaute. Cercle vicieux, chacun consomme de plus en plus de gigaoctets, de données distantes, et donc augmente la consommation énergétique globale. Pire: les nouveaux standards de connexion sont eux-même de plus en plus gourmands en énergie: “Le trafic sans fil via la 3G utilise 15 fois plus d’énergie que le Wifi, et la 4G consomme 23 fois plus”, pointent des chercheurs de la Columbia University dans cette étude, cités par InternetActu.

Evidemment, la multiplication des appareils portables et l'accès sans fil toujours plus simples augmente sans fin le temps que nous passons connectés, en ligne. Nous commençons à prendre l'habitude d'être connectés en mobilité de façon quasi-permanente. Qui n'a pas pesté dès qu'il perdait "sa" précieuse connexion 4G dans le métro ? Tout comme nous prenons l'habitude de "consommer" des "contenus" culturels de manière illimitée. Je vous épargne le sujet tarte à la crème du Fear of missing out (le FOMO, dont je parlais ici), et de la déconnexion volontaire comme nouveau luxe ;)

C'est bien pour cela que les marques, distributeurs, agences de pub, collectivités... multiplient les services de connexion wifi gratuit, souvent sponsorisés par des marques (vous avez le droit de vous connecter gratuitement une heure, à condition de visionner cette pub durant 15 secondes - un peu comme les pré-rolls à visionner avant votre documentaire en catch-up TV, in fine. La semaine dernière, le géant de l'affichage JCDecaux annonçait ainsi qu'il proposera le wifi gratuit (sans doute sponsorisé) sur les Champs-Elysées durant l'Euro 2016.

Limiter le débit ou la vitesse de l'internet ?

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Bref, nos usages nous entraînent vers une certaine "goinfrerie", où on consomme toujours plus de débits. Et ce n'est pas fini, avec ce que permettront la 3D à domicile, les casques de réalité virtuelle, bientôt l'holographie et les projecteurs holographiques...

Tabou: un rien radical, de Decker propose de limiter le débit, la vitesse ou les volumes. Il imagine ainsi "limiter la vitesse de connexion de l’internet sans fil, interdire ou limiter l’utilisation de la vidéo et promouvoir un internet de textes et d’images… Ou augmenter le prix de l’énergie pour rendre les alternatives hors ligne plus compétitives", précise InternetActu.

En tous cas, les opérateurs l'ont bien compris : la connexion, les SMS... en quantité "illimitée" sont devenus un argument marketing (cf le début de mon billet), Sans compter les opérations "4G illimitée" qu'instaurent certains pendant le weekend, comme Bouygues Telecom. Tout comme les uns et les autres commencement à monter des offres premium, voire haut de gamme, avec des débits personnalisés selon les usages des clients, estimait le cabinet de consulting Bain & Company, dans une étude parue il y a quelques mois. Dans le futur, on pourrait avoir des offres ultra-premium avec plus de débit à certains moments de la journée - ce qui annihilerait joyeusement le principe de la neutralité du Net, au passage.

Autre conséquence, les opérateurs surenchérissent dans des standards de connexion aux débits toujours plus rapides. Les "telcos" testent déjà la 4G+, et préparent la 5G. Tous tentent de convertir des immeubles entiers aux délices de la fibre optique, appelée à remplacer l'ADSL, déjà ringarde.

mardi 17 février 2015

"Kingsman": placement de produits sur mesure

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C'est une parodie de James Bond menée tambour battant pendant 2 heures, entre mise en scène exagérée de la lutte des classes, dialogues savoureux, (quelques) explosions incontournables, "méchants" mégalomanes... Un blockbuster à la sauce British, qui joue volontiers sur les codes des films d'espions, avec loufoquerie, au point que la grande agence d'espions, en façade, n’est qu’un tailleur très chic situé à Londres.

Surtout, c'est le premier film de l'histoire du cinéma qui aille aussi loin dans l'intégration de la logique du placement de produits. A croire que le film a été pensé pour mettre en scène les vêtements, bijoux et gadgets. Car Kingsman : services secrets, film de Matthew Vaughn, en salles ce 18 janvier, a pour particularité de voir presque tous les vêtements ou objets arborés par les acteurs vendus en ligne. On avait jamais poussé le placement de produits aussi loin.

Depuis des lustres, d'autres films ont initié ce placement de produits, en premier lieu James Bond, qui est en soi devenu une marque.

Le vêtement, marqueur social

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Mais dans Kingsman, les vêtements sont les principaux personnages de l'intrigue. Il narre l'histoire d'espions britanniques hors du commun en costumes trois pièces, les Kingsmen, lointains héritiers de James Bond tant dans leurs manières, leurs gadgets hallucinants, que leur mission - tout simplement sauver le monde. Leur planque : une boutique de tailleurs de Savile Rowe Habillés chez les tailleurs et bottiers de Savile Rowe, rue londonienne bien connue des élégants, ces agents hors du commun (avec pour personnage principal Colin Firth, qui a toujours ce flegme sexy) mettent donc en scène le vestiaire du gentleman anglais.

Tout au long du film, le vêtement, dont les marques apparaissent à l'envi, fait office de marqueur social. Point que le film exagère volontairement. Les "prolos" des quartiers popus de Londres (dont le jeune héros qui va s'émanciper) sont sapés en sweats, survets et baskets Adidas Heritage, polos Fred Perry (marque notoire des anciens mods anglais, j'en ai raconté la story ici), jeans Levi's. Tandis que les Kingsmen, incarnation des gentlemen de l'upper class britannique, arborent une multitude de marques de luxe : costumes Mr Porter, montres Bremont, costumes sur mesure Turnbull & Asser, accessoires Drake's, lunettes Cutler and Gross, stylos plume Conway Stewart, parapluies (dont on appréciera le détournement très Jamesbondien ;) Swaine Adeney Brigg... Là encore, cette surabondance de marques de luxe est censée incarner le positionnement post-aristocratique des Kingsmen.

La nouveauté, c'est que l'intégralité des vêtements portés par les acteurs, et nombre d'accessoires et bijoux, sont en vente en ligne. La production a même pensé le film en fonction de cela. Chacune des pièces du film est ainsi en vente sur le site de mode masculine haut de gamme, MR. PORTER. De fait, la marque a été associée au projet de Matthew Vaughn dès l'écriture du scénario. Ils ont conçu ensemble une collection de 60 pièces, des chemises blanches aux costumes sur mesure à rayures par Turnbull & Asser, ou encore les chaussures Oxford (qui sont même citées dans le film) signées George Cleverley. Toutes sont brandées Kingsman. Même les professionnels du product placement, tels Casablanca, n'auraient imaginé une telle intégration des marques dans un film au cinéma. Le film Kingsmen serait-il un défilé de mode, le scénario n'étant qu'un prétexte pour mettre en scène une multitude de produits en vente en ligne ? On ne peut s'empêcher d'y penser.

En tous cas, cela préfigure une tendance certaine: bientôt, il deviendra ordinaire de scanner puis acheter avec son mobile des vêtements ou objets apparaissent dans un film. On voit apparaitre des premières applis mobiles de "sourcing mode", qui permettent d’acheter en un clic une robe repérée sur une actrice ou les chaussures portées par une inconnue

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Exemple: l'appli The Take, qui permet de se saper entièrement comme ses héros de cinéma (américains, toujours). une sorte de Shazam de la fringue : grâce à la reconnaissance sonore, The Take identifie le film qu’est en train de regarder l’utilisateur pour lui proposer ensuite une sélection de modèles portées par les comédiens dans certaines scènes. Alors, je n'ai as pu tester cela au cinéma : normal, les portables y étaient interdits durant la séance. Et je ne serais pas (encore) capable de dégainer mon mobile en pleine séance et prendre des photos de l'écran.

On y trouve le blouson de Ryan Gosling dans Drive, floqué d’un dragon dans le dos (pièce unique fabriqué spécialement par un tailleur de Los Angeles - dommage) ; les bottes de combat de Jennifer Lawrence dans Hunger Games griffées Tory Burch. Car The Take nous informe de la provenance des objets utilisés dans une scène, comme un téléphone portable ou un couteau.

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L'appli The Take, que j'ai testée, qui répertorie des centaines de films, référence déjà tous les produits mis en scène dans Kingsman. Il y en a au bas mot une centaine. Cela va de la veste Adidas Originals du jeune acteur à la montre Bremont, en passant par les ordinateurs portables Samsung, les verres (sic) Villeroy & Boch, et même une voiture électrique Tesla (là, vous devrez aligner 64 000 $). On y voit des captures d'images du film où les acteurs arborent les vêtements, et parfois même semblent prendre la pose. L'avenir du financement du cinéma? Brrr.

mardi 16 décembre 2014

Les Nokia vintage, so rétro chic

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Il y avait cette étudiante, dans le tram, qui textotait à toute vitesse sur un vieux téléphone portable à petit écran, calé sur son livre de poche aux pages jaunissantes. Quelques jours après, j'ai vu à une conf cet entrepreneur envoyer des SMS en loucedé depuis ce même téléphone vintage, son smartphone flambant neuf posé sur la cuisse. Mais oui, il s'agit bien de cet inoxydable Nokia 3310, (celui avec le jeu Snake, premier exemple de gaming !) qui fut pour moi-même un de mes premiers téléphones portables, au début des années 2000. Ressortez vos Nokia 3310, Ericsson T28, Motorola V70, et autres Thomson à clapet, c'est branché !

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Rihanna et son flip phone - Credit 247PapsTV/Splash News

Depuis quelques mois, les geeks et les stars les plus chics exhibent volontiers leurs téléphones vintage, qu'on croyait ringards il y a encore un an, soigneusement planqués au fond d'un tiroir "au cas où" (notre magnifique smartphone nous lâcherait). Aux Etats-Unis, comme le relevait le New York Times, Rihanna, Scarlett Johansson ou Iggy Pop ont été photographiés par la presse people avec d’antiques téléphones des années 90, des ces "flip phones" (téléphones à clapet). La la papesse de la mode Anna Wintour a aussi été aperçue avec un téléphone archaïque. Tout comme le maire de New York, Bill de Masio: ça fait tellement plus populaire, simple, loin de ces smartphones qui furent un temps de nouveaux attributs sociaux.

Low tech

Les sacro-saints iPhone et Galaxy seraient-ils devenus trop banals, voire ringards? En exhibant votre Nokia vintage, vous prenez tout de suite une posture décalée, originale, low tech, en pleine déconnexion volontaire, imperméable aux nouvelles addictions technologiques, générées par 7 ans d'existence de l'iPhone.

Accessoirement, il y a ce petit côté nostalgique à ressortir ce vieux téléphone portable oublié, qui fut notre première incursion dans l'ère "mobile" au début des années 2000. D'autant plus alors que la mythique marque Nokia, passée sous le joug de Microsoft, est en train de disparaître...

Mais sortir le téléphone portable du placard a de nombreux avantages pour les branchés. Ils sont déjà (un peu) plus écolos que ces smartphones sophistiqués, basés sur des ressources non-renouvelables et polluantes telles que le nickel, le zinc, ou les fameuses terres rares, extraites dans des conditions très peu éco-responsables en Asie.

Autre avantage qu'on redécouvre avec ces vieux téléphones d'il y a 10 ans: leur autonomie. Contrairement à l'iPhone, vous êtes sûrs que leur batterie ne lâchera pas pitoyablement au bout de 8 ans d'utilisation. Sans compter leur solidité - faites tomber un vieux Nokia et un iPhone de 3 mètres de haut, vous verrez... Précieux, face à un iPhone acquis à prix d'or (comptez au minimum 600 euros pour un iPhone non-subventionné), à la durée d vie maxi de 2 ans (obsolescence programmée, coucou) et lui fragile au moindre choc.

A l'ère du tout-NSA, le vieux flip phone rassure: avec celui-ci, contrairement aux smarpthones, impossible d'être géolocalisé en douce par ces applis-espionnes épinglées cette semaine dans une étude de la CNIL , un des travers des smartphones. "J'utilise mon portable pour passer mes appels car je sais que ce sera en toute sécurité. Et il est sans GPS intégré... Et la connexion est souvent meilleure que sur un smartphone", m'expliquait il y a quelques jours un journaliste sur Twitter. Une vision évidemment un peu illusoire : : le micro et le réseau d'un vieux mobile n'en permettent pas moins l'écoute à distance.

Un back to basics qui va aussi de pair avec un retour à des usages vintages - dont les échanges de vrais SMS à l'ancienne. "L'iPhone a bousillé cette merveille de format qu'était le SMS : maintenant, on "tchatte" par SMS ou on écrit des messages comme des tartines et sur un petit écran, on n'a pas accès aux messages précédents quand on répond, ni au "thread" / à la conversation. C'est la même raison qui m'avait fait dire que le Blackberry n'était en fait pas un bon format pour les emails à cause de son format : je finissais par répondre à côté, ne plus suivre", m'explique Stéphane Distinguin, patron de FaberNovel, lui même Nokia-addict.

Retrogaming et marketing de la nostalgie

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Alors évidemment; ce vintage branché a suscité un nouveau business. Sur eBay et Leboncoin, un petit marché des portables vintage fait florès. Ce qui accentue chez certains des accès de collectionnite aiguë ;) "Le plus beau ever reste le 6500 classic, j'en ai eu 11. Oui 11. A la fin je ne les trouvais plus que sur eBay à Hong Kong", m'indiquait Stéphane Distinguin.

Des boutiques en ligne spécialisées, telle Vintage Mobile, proposent des portables reconditionnés, ou encore le magasin Lëkki, qui a ressorti des téléphones-stars des années 90 avec de starifs hors de prix ;), en se faisant au passage une jolie marge (comptez 90 euros pour le Nokia 3310, 150 euros pour l’Ericsson T28 - sic). Tendance Retrogaming oblige, la marque s'est d'ailleurs spécialisée dans la production d'appareils mythiques du siècle dernier, comme la Game Boy Color, la Super Nintendo ou encore des Nintendo 64. Rien de tel pour séduire les bobos trentenaires restés fans du Club Dorothée ou de Capitaine Flam ;)

jeudi 19 juin 2014

Et maintenant, voici la Barbie entrepreneur

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Elle a toujours cette chevelure blonde, ces yeux bleus un peu démesurés, ses mensurations irréelles, et une robe rose fuchsia (forcément). Mais aussi une mallette de travail avec son insigne, un smartphone qui ressemble furieusement à un iPhone, et une tablette. Voici donc Barbie Entrepreneur, en vente sur Amazon.com à partir d'aujourd'hui, et dans les magasins de jouets à partir de cet été, comme le rapportait ''Wired'' hier. En cet été 2014, quelques décennies après la création de sa première mythique poupée blonde (en 1959 très exactement), Mattel a donc eu la brillante idée de sortir la première Barbie créatrice d'entreprise - et même de start-up. Un métier aspirationnel de demain pour les petites filles ?

Il était temps. Après les multiples Barbies - stéréotypes qui étaient censés faire rêver les petites filles (danseuses, infirmières, coiffeuses, mannequins, hôtesses de l'air, et j'en passe), Mattel met enfin en scène Barbie dans un des univers glamours de demain, the place to be, la Silicon Valley. Ne soyons pas injustes: petite, ma première Barbie fut une Barbie business woman - grâce à la sagacité de ma mère.

Ces dernières années, il y a eu, heureusement, déjà des évolutions: avec les premières Barbie paléontologue, ingénieur en informatique (j'en parlais déjà dans ce billet - sur ce blog que j'avais ouvert - en février 2010), et même candidate aux Présidentielles.

Working girl tech, campagne 2.0

Là, ce qui est nouveau, pour ces Working girls version tech, est que Mattel a travaillé sur ce projet avec 8 femmes entrepreneurs, les "Barbie CIOs" (Chief Inspirational Officers), dont Reshma Saujani, fondatrice de Girls Who Code, comme l'explique Wired. Leur objectif: casser auprès des petites filles l'image des hommes développeurs et codeurs, et casser les stéréotypes de genres beaucoup trop marqués dans les jouets pour enfants, qui semblent prédéterminer quels métiers - et quels jeux - conviennent à tel ou tel sexe. Ces working girls contemporaines sont même déclinées en plusieurs ethnies.

Il y a même ce slogan sur mesure, un peu slogan "de la gagne" version années 2010,"If you can dream it, you can be it". Ces 8 entrepreneuses font aussi du mentoring, proposant des astuces aux petites filles sur un portail en ligne. Un débat a été lancé sur Twitter, à partir du hashtag #BarbieChat. La campagne pour ces poupées tellement modernes est relayée sur LinkedIn, et sur un billboard à Times Square, avec pour hashtag #unapologetic ("Sans excuses").

Les "gender messages", et tout le débat sur le mode d'éducation des petites filles, s'est intensifié ces dernières années. L'an dernier encore avec le débat - orchestré par des ultras réacs - dans le milieu scolaire, avec pour point de départ la diffusion dans des écoles de l'excellent film Tomboy de Céline Sciamma. Mais aussi dans l'industrie des jouets pour enfants, où les frontières de genres semblent se brouiller plus qu'avant.

Legos astronautes, chimistes...

Autre initiative qui prouve que les choses bougent dans les jouets pour petites filles, début juin, Lego lançait lui aussi quelques figurines de femmes scientifiques. A savoir une femme astronaute avec un téléscope, une chimiste dans son laboratoire, ou encore une paléontologiste avec son squelette de dinosaure, comme le révélait Mashable.

Le Dr. Ellen Kooiljman avait soumis son idée sur le site Lego Ideas mi-2013, où elle a rapidement attiré 10 000 supporters. Sur cette plateforme, les fans peuvent soumettre lerus idées de Lego, qui auront une chance d'être produits, l'inventeur du set recevant ensuite 1% des royalties des ventes réalisées. "Bien que Lego ait commencé récemment à designer et ajouter des figures féminines dans ses sets, elle sont toujours minoritaires. J'ai conçu des figurines de femmes professionnelles qui peuvent aussi montrer que les femmes peuvent devenir ce qu'elles veulent être, dont astronaute et paléontologue", écrit-elle.

Pour mémoire, en janvier 2012, Lego avait été au centre d'une polémique sur les jouets pour enfants trop stéréotypés, lorsqu’il avait lancé sa gamme pour petites filles Lego Friends. Lego, jusque là comme Playmobil une des marques emblématiques de jouets non-genrés (en clair, mixtes), ouvrait alors une brèche. En montrant des figurines dans des épiceries, bars à jus de fruits et salons d'esthétique.

lundi 23 décembre 2013

Christmas songs 2013 (et du ciblage marketing)

"Jingle Bells"... Version 2013. C'est un des marronniers de ce blog, comme ici ou , cette année encore, pour animer votre veillée de Noël, vous n'échapperez pas à ma petite sélection musicale des Christmas songs, véritable institution aux Etats-Unis, ces chants de Noël que concoctent bon nombre de groupes, destinés à être diffusés dans les shopping malls pour motiver les consommateurs...

Surannés, ringards, connotés d'une bien-pensance religieuse très américaine ? Peut-être. Mais cette année, il y a aussi cette tendance qu'a décryptée The Economist : les holidays jingles sont aussi prétexte à un ciblage marketing pointu, peut-être d'autant plus indispensable dans une Amérique divisée. Mood Media, longtemps spécialisé dans la musique d'ascenseur, propose ainsi 30 chaînes musicales dédiées à Noël, taillées sur mesure pour les outlets, librairies cathos et malls accueillant des latinos. Logique : Noël reste empreint d'une certaine nostalgie, de certaines valeurs (encore plus aux Etats-Unis), plus propice au retour du folk et de la country, même si tous les groupes en vogue sacrifient à cet exercice obligé...

Côté hip hop, Mood Media propose aux malls "Toy jackpot" de Blackalicious...

Ou encore "Christmas in Harlem" de Kayne West ("Won’t you come sit on my knee?/ And tell me everything that you want/’Cause, baby, I’m your Santa Claus").

Mais de manière plus générale, voici une petite sélection des Christmas blockbusters de cette année. (je précise qu'ils ne sont pas forcément dans mes goûts, hein...).

Citons notamment le nouvel album de Noël de Mary J. Blige, "This Christmas," qui a accueilli notamment The Clark Sisters ("The First Noel") et Barbra Streisand avec Chris Botti sur "When You Wish Upon A Star."

Egalement, Kelly Clarkson avec "Wrapped in Red," et des titres tels que "Wrapped In Red," "Underneath the Tree," "4 Carats."

Côté punk rock, Bad Religion a sorti un album de Xmas, baptisé "Holiday Songs". "In a world still brimming with rampant anti-intellectualism, inequality and oppression, Bad Religion's signature brand of sonically charged humanist dissent is as relevant as ever and this Christmas season, just a little more ironic", précise le groupe dans un communiqué - pas question d'être récupéré par la fête mercantile de Noël ;)

Autre bonne surprise, Kool & the Gang avec "Kool for the Holidays", qui inclut "Christmas Tyme (the Perfect Time For Love)."

Et pour bien finir le tout, je vous ai glissé une sélection de Christmas songs classiques (avec un petit penchant punk-rock ) :

The Ramones et leur “Merry Christmas (I Don’t Want to Fight Tonight)".

Lou Monte, “Dominic the Donkey:.

Frank Sinatra “Let it Snow:” Frank Sinatra signing a Sammy Kahn/Jule Styne song written on a 100 degree California day? What’s not to like?

Dans un autre genre, The Yeah Yeah Yeahs et "All I Want for Christmas".

"Fairytale of New York", des Pogues & Kirsty MacColl

Mais en leur temps, en 1957, les crooners Frank Sinatra et Bing Crosby, chantaient déjà Noël à leur manière...

dimanche 3 novembre 2013

Amazon, ZeGive... De l'achat au microdon en ligne en un clic

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Et si, un jour, il devenait ordinaire de reverser une partie du montant de son achat effectué sur un site de e-commerce à une ONG ? Amazon est peut-être en train de créer un précédent avec son nouveau projet, AmazonSmile. Comme l'explique USA Today, depuis mercredi dernier, aux Etats-Unis, les clients qui effectuent un achat en ligne sur le nouveau site Smile.Amazon.com, la société donnera 0,5% du montant total des achats à une œuvre caritative. Les clients pourront la choisir, dans une liste: entre St. Jude Children's Research Hospital, la Croix Rouge américaine, charity:water (l'ONG, quelque peu sujette à polémique, financée par des créateurs de start-ups)... Je peux également rentrer l'ONG de mon choix (ce que j'ai fait avec Human rights watch).

Presque tous les produits physiques en vente sur le site de e-commerce sont "éligibles", exceptés les biens numériques, et même les œuvres d'art - Amazon a ouvert il y a quelques semaines Amazon Art, un département de ventes d’œuvres.

Imaginez: le géant du e-commerce Amazon.com vend des millions de produits en ligne. Du côté du "département" virtuel d'art, Amazon propose actuellement une œuvre, Willie Gillis: Package from Home par Norman Rockwell, à vendre pour 4,85 million de dollars. Si elle était vendue via AmazonSmile, la société pourrait donner 24 250 dollars à une ONG, poursuit USA Today.

Selon le quotidien, Amazon justifie cette initiative par le fait que "les consommateurs vont adorer", et parce qu'ils pourraient acheter plus fréquemment sur Amazon.com en sachant que leur ONG préférée obtient de l'argent à chaque fois qu'il y achètent quelque chose. C'est assez nouveau: le consommateur aurait-il ainsi l'impression de consommer, d'acheter "mieux" ? Paradoxal, d’autant plus vu l'image de marque d'Amazon en France: non-rentable, accusé d'évasion fiscale, d'avoir une part de responsabilité dans les difficultés que connaissent les réseaux de librairies...

Màj 04/11 : Revers de la médaille, Amazon laisse aussi le choix entier au consommateur de l'ONG, association ou fondation qu'il va soutenir. Il n'a d'ailleurs pas même mis de filtre préalable. Via le moteur de recherche intégré, je m'aperçois que je peux soutenir tout aussi bien telle fondation mormone, la National Rifle Association, ou même l'Eglise de scientologie (qui n'est pas considérée comme une secte aux Etats-Unis, pour mémoire).

Après le «like», le give

Cette offre de microdon à l'acte d'achat en ligne n’est pas totalement inédite. En France, il y a notamment la start-up ZeGive, lancée en début d'année: là, l'idée est d'arrondir le prix d'un achat réalisé en ligne à l'euro supérieur, la différence étant reversée à une association caritative. L'ONG qui a reçu un don les rétribue à la transaction, à hauteur de 5% sur un microdon (jusqu'à 50 centimes). Le bouton «give» a ainsi été implanté sur Priceminister.com, Fnac.com, ou encore M6 Boutique, les internautes pouvant choisir de faire un don à des ONG et associations telles que Oxfam ou la Fondation Abbé Pierre.

«give» sur des médias en ligne

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Le bouton «give» commence à faire son apparition sur des médias en ligne. Ou comment l'engagement se retrouve poussé à son extrême sur des articles... Après tout, les internautes ont pris l'habitude de partager des contenus sur des réseaux sociaux, et de laisser des commentaires. Faire des dons en ligne à une ONG serait le stade supérieur. Depuis mi-septembre, Rue89, LeParisien.fr et Psychologies magazine affichent ainsi, sur certains articles, à côté des icônes Twitter, Facebook ou Google+, un nouveau bouton ZeGive. Il permet aux lecteurs de soutenir une cause liée à la thématique de l’article concerné: grâce à un logiciel d’analyse sémantique (développé par Exalead), ZeGive repère les articles sur lesquels proposer son bouton de don contextuel, qui sélectionne une association en lien direct avec le thème de l'article consulté. Ce bouton ne s'affiche donc que sur certains articles. "Pour Rue89, ce bouton est une façon de pousser un peu plus loin sa promesse participative. Parfois, nos lecteurs souhaitent aller au-delà du commentaire ou du «like»", expliquait ce dernier lors du lancement.

Par exemple, en haut d'un article sur le camp de réfugiés syriens de Zaatari, en Jordanie, le bouton apparaît et renvoie vers le programme "Urgence humanitaire pour la Syrie" d’Oxfam (qui vient en aide aux réfugiés en leur apportant abris, eau potable et nourriture). En cliquant dessus, une fenêtre pop up apparaît, qui permet de donner quelques euros à cette cause.

Le microdon, une nouvelle forme d'engagement, pour les ONG qui constate régulièrement une baisse des dons ? Un engagement plus indolore, en un clic, peut-être un gadget qui apporte aux sociétés de e-commerce et aux médias qui y recourent un vernis humanitaire sans trop de risques...

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mercredi 26 juin 2013

«Les stagiaires», long-métrage publicitaire pour le Googleplex

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Il y a déjà cette affiche, avec cette bonne idée visuelle : deux adultes qui regardent d'un air un peu héété le fameux logo multicolore, et que l'on voit depuis l'autre côté de l'écran - comme s'ils étaient vus du point de vue de de la machine, Google même.

Un fait sans doute inédit dans l'histoire du cinéma : un film dont le lieu de tournage, et même le centre de l'intrigue est une des entreprises les plus puissantes et tentaculaires dans le monde. Une entreprise technologique qui a grossi de manière incroyable depuis sa naissance, il y a une dizaine d'années. Les stagiaires nous montre pendant près de deux heures, le petit monde merveilleux de Google, le Googleplex, sis au ceux de la Silicon Valley. Plus surprenant encore, il ne s'agit nullement de dépeindre un nouveau monde industriel, comme Les temps modernes de Chaplin : cela prend la forme d'une comédie, avec parfois des grosses ficelles, un peu lol, quelques références geek, où tout finit (forcément) pour le mieux.

C'est donc l'histoire de la reconversion plutôt forcée de Billy et Nick (incarnés par Vince Vaughn et Owen Wilson), deux VRP quadras mis à la porte de leur entreprise. Billy, en cherchant un job sur... Google, a l'idée d'y postuler : après tout, n'est-ce pas "le meilleur employeur du monde" ? Avec son acolyte, tous deux décrochent donc un stage chez Google, au Googleplex même. Le défi : ils vont devoir prouver qu’ils ne sont pas complètement ringards, confrontés à des échantillon bien représentatifs de la génération Y : des jeunes adultes hyper brillants, rapides, surnourris de culture geek, prêts à tout pour décrocher un job dans l'usine Google alors que "un jeune diplômé sur 4 n'a pas de boulot aux Etats-Unis". Voilà le pitch des «Stagiaires», sorti en salles ce mercredi 26 juin.

Très vite, alors que se déroule le film, on a l'impression de voir un véritable long-métrage publicitaire pour le firme de Mountain View : déjà, avec toute la panoplie de produits Google que nous montre le film. Nos deux héros passent leur premier entretien d'embauche par webcam, sur... Google +. Lors des premières scènes du film se déroulant au siège de Google, on nous montre à l'envi les différentes marques de Google, de Gmail à Google Docs. Jusqu'au générique de fin du film, où les noms de l'équipe sont affichés dans des cases Gmail, GChat ou Google+...

Le merveilleux monde de Google

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Surtout, le film nous donne très vite à voir un monde du travail (presque) idyllique dans ce Googleplex : tout le monde s’y éclate. "Parc d'attraction", "pays d'Eden" pour les héros : Il est vrai que Google a été consacré "meilleur employeur au monde" à quatre reprises, dont par Dans ce Googleland, à l'image de son logo, tout est gai et multicolore: dans les espaces (très) verdoyants, les salariés circulent en vélos (multicolores), où y aperçoit des Google cars qui roulent toutes seules, d'étranges jouets, des parasols. Dans le Googleplex, des poufs sont dispersés un peu partout, des espaces zen avec des fauteuils de relaxation, à la cafétéria, tout est gratuit et à volonté, des services (du vélo au pressing) sont proposés aux salariés, les stagiaires se baladent avec d'étranges casquettes multicolores. Sur l'Intranet, un simple stagiaire peut découvrir le profil et l'agenda des salariés. Toute la panoplie de la start-up "so cool" est là. Il manquerait juste le panier de basket, le babyfoot et la table de ping-pong pour les séances de brainstorming (véridique - même feu Transfert, au débutes années 2000, avec ce dernier accessoires). De véritables slogans sont distillés tout au long du film, comme"Google aime les gens à mieux vivre".

A vrai dire, dès sa sortie aux Etats-Unis, cette production de la Twentieth Century Fox a suscité des inquiétudes dans la presse geek, qui l'a tôt surnommée «Google, the movie». Très vite, la Bible AdAge s'en est inquiétée, ("how awful will that Google movie be?"), tout comme Slashdot.

Donc pas, ou très peu de satire sociale ou de critique d'un certain monde du travail, alors que le "modèle" Google, méta- start up, incarne un certain nouveau type d'entreprises, où l'on ne compte pas ses heures, et où l'on est récompensé en actions... En fait, Google devient le sympathique cadre d'une comédie qui se veut cool, avec Vince Vaughn et Owen Wilson, duo comique qui suscite la sympathie, depuis qu'il s'incrustait dans les mariages pour la (grosse) comédie Serial Noceurs de David Dobkin. Dans Les Stagiaires, Shawn Levy donne à voir une certaine forme du rêve américain à l'heure de la crise.

Génération Y

Certes, on effleure certaines questions sociétales : le choc des générations avec une Génération Y désabusée : chez Google, tout n'est pas si rose : lors de leur entretien d'embauche, les recruteurs de Google leurs signalent "beaucoup pensent différemment, on ne les prend pas". La flopée de stagiaires devra se rassembler en équipes pour mener à terme différentes missions: trouver un bug dans des lignes de code, gérer la hotline de Google... "95% de vous partiront sans rien, 5% seront embauchés", signale aux stagiaires le coach lors du premier séminaire. Nos deux quadras se verront taclés par ces jeunes génies: "vos compétences ne servent à rien dans ce siècle", leur lâche une Y. Mais tout se finit pour le mieux: les deux quadras apportent des compétences complémentaires à leurs jeunes copains geeks, et surtout, leur démontrent que la vraie vie se déroule bien hors de leurs écrans d'ordinateurs. Ouf.

Nullement de quoi déplaire à Eric Schmidt, en tous cas. On se serait presque attendus à voir figurer Google dans les partenaires du film. S'il n'a rien déboursé, en tous cas, d'après la presse américaine, il a largement aidé au tournage du film, entre le cadre de tournage gracieusement mis à disposition (certaines scènes ont été tournées à Googleplex même, d'après le Los Angeles Times), une centaine d'employés de Google ont joué les figurants, et Google a prêté des produits comme ses Google cars.

Campagne de recrutement

Un coup de pub et une campagne de recrutement sur mesure, donc. d'ailleurs, Le Figaro a révélé cette vidéo qu'a publiée fort opportunément Google, où des (vrais) stagiaires racontent leurs extraordinaires conditions de travail.

C'est un fait inédit de voir un film mis en scène dans une entreprise contemporaine, avec son propre nom, ses propres locaux, ses propres pratiques managériales (plusieurs anecdotes du film sont authentiques). Mais sous forme, ici, de "publireportage cinématographique", bien loin du sombre et splendide bioptic conscré à Facebook par David Finsher, The social network, où il dressait un portrait grinçant de Mark Zuckerberg, ôtant de l'affiche le logo de Facebook.

vendredi 14 juin 2013

Les jeux vidéos entrent au musée (et en salles de ventes)

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Les jeux vidéos, un des emblèmes de la culture pop à néons des années 80, seraient-ils en train d'entrer dans l'histoire ? En tous cas, ils entrent dans les musées, et même les salles de ventes aux enchères.

Hier soir, à 18 heures, la prestigieuse maison de ventes aux enchères Millon & Associés (Drouot), accueillait Salle VV une foule de geeks, pour la plupart trentenaires (dont quelques-uns en costume-cravate). Pour une vente aux enchères de consoles de jeux et jeux vidéos. Une première en Europe. La maison de ventes inaugure ainsi son Département des arts des cultures populaires. Avec à l'appui, pour la vente de ces 300 lots, un très chic catalogue (numéroté s'il vous plaît) répertoriant l'ensemble des lots à vendre, par thèmes et par périodes, avec des estimations de prix de vente. Une formalisation digne d'une vente d’œuvres d'art classique... Cette pop culture serait-elle en voie d’anoblissement - voire de muséification ?

Pour cette première, pour laquelle la maison, fait rare, s'est offert un plan média (envoi de communiqués de presse et de catalogues numérotés à la presse), la maison de vente s'est offert les services de Camille Coste, 28 ans, star parmi les gamers: collectionneur patenté, game designer, il a notamment collaboré à la traduction de Final Fantasy XI.

Contraste saisissant, au même moment s'achève le salon E3 à Los Angeles, grand-messe annuelle de l'industrie des jeux vidéos, où ferraillent des géants tels que Microsoft et Sony, avec des consoles toujours plus connectées, canaux de diffusion de multiples contenus...

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Au menu hier soir, des ventes d'objets multiples : premières générations de consoles de la fin des années 70, dont la mythique Atari 2 600 de 1977, consoles Epoch, Nintendo, Mattel; premiers personal computers pour le jeu, tels les Commodore Amiga, Sinclair ZX Spectrum +... Cela a quelque chose de fascinant, car on a revu là les tous premiers ordinateurs de l'histoire, de la même génération que les Macintosh nés en 1984. Ils font désormais l'objet de collections privées...

Parmi les objets cultes figuraient ainsi la version originale de première console de salon au monde, la Magnavox Odyssey créée en 1972. Estimée à 300 euros, elle sera vendue pour 500. L'exemplaire unique de la console Magnavox Odyssey de 1974 s'arrache pour 2 800 euros. Dans les plus beaux jouets vintage de geeks, un classeur de jeux prototypes pour l'Atari 2 600 (le succès commercial de l'époque, distribué de 1977 à 1991) vendu 1 500 euros, et la valise Atari 2 600 complète, vendue pour 750 euros.

Et bien sûr les jeux cultes, comme ces exemplaires uniques de jeux Super Mario Bros & Dick Hunt pour Nintendo NES de 1985 : "des pièces de musées uniques issues de l'histoire du jeu vidéo", et "ayant servi lors du procès de Nintendo contre Magnavox", précise le catalogue. On est bien dans l'histoire du jeu vidéo qui se construit, avec ses pièces-cultes... Il sera adjugé 1 500 euros. Tout de même. Ou encore les jeux vidéos Rubik's Cube 3D pour Attari 2 600, adjugé à 600 euros.

Au fil de la vente, il y a parfois de légers remous dans le public. Les ventes sont menées tambour battant, plusieurs portables sonnent dans la salle, les heureux acheteurs étant priés de payer illico par carte bancaire. On entend les commentaires affûtés des connaisseurs : "évaluation surestimée", "joli lot", collector"... D'ailleurs, les estimations catalogue sont très rarement franchies: les acheteurs gardent toujours en tête les 26% des commission prélevés par la maison de vente, non inclus dans le prix de vente annoncé.

Les vendeurs de Million mènent cette vente particulière à la cool: à la vente de la console Odyssey 300 de 1976, "c'est un petit morceau d'histoire que l'on vend", souligne l'un d'entre eux. "Allez, enchérissez, avec cette vente, vous faites entrer Nintendo dans les mémoires", surenchérit-il plus tard. "Le principe, c'est de lever la main pour enchérir. Mais vous pouvez aussi sautillez", lance-t-il (la foule devient compacte dans la salle).

"Thomson, tu me rends micro"

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En filigramme, cette expo retraçait aussi l'émergence de la culture des premiers gamers de l'époque, préfigurant ainsi la culture geek: leurs codes, leur look, les jeux culte... On y a aperçu aussi de jolies trouvailles vintage, tel cet ensemble avec l'ordi Thomson MOS édition limitée Michel Platini (!) de 1984, avec la délicieuse sacoche en vinyl, et le slogan qui tue, "Thomson, tu me rends micro" ;), vendu aux enchères pour 150 euros...

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Ou encore ce charmant blouson "Cosmonaute" lamé argenté (qui n'est pas sans rappeler ce que portait Mickael Jackson à l'époque) "Accessoire officiel Atari", "rare", précise le catalogue de ventes !

De la "sous-culture" au retrogaming

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D'autant plus touchant de voir cette "sous-culture" de l'époque, alors haïe par les bien-pensants tout comme l'étaient les mangas et les dessins animés japonais, entrer dans des salles de ventes aux enchères, et dans des musées. Parce qu'elle a fait partie de l'enfance des geeks d'aujourd'hui, et parce qu'il y a une mémoire, matérialisée par ces jouets et consoles vintage en plastique. Des traces d'autant plus importantes à l'ère où les jeux vidéos sont devenus multijoueurs, et se dématérialisent sur les réseaux sociaux et Internet.

Et parce que le "dixième art", phénomène culturel, a été la première forme artistique à rassembler en un seul média l'image, le son, le scénario et l'animation, et un langage interactif qui lui est propre, le gameplay... Il a façonné son univers, ses propres héros, de Super Mario à Lara Croft.

Cette culture du retrograming s'expose désormais. L'an dernier, le Grand Palais de Paris a accueilli une expo dédiée au retrogaming. Du 10 au 21 juin, une expo sur L'Age d'Or du Jeu Vidéo est ainsi présentée dans le cadre du Cinema Paradiso, Drive-In cinéma installé sous la Nef du Grand Palais à Paris. On peut y jouer sur des consoles et bornes d'arcade, de Pong à Pac-Man, en passant par Mario, Space Invaders, Asteroids, Frogger, Sonic...

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Même le très chic MoMA (Modern Museum of Arts) a accueilli il y a quelques mois un département jeux vidéos vintage dans son aile design. Il devrait passer de 14 à 30 jeux exposés. Des bornes avec des extraits d'une dizaine de jeux, tels PacMan ou Space Invaders, y sont "exposées", à quelques mètres de meubles design. Pourquoi ? C'est bel et bien de l'art (vaste débat...), mais aussi du design, une représentation de l'univers, les jeux étant choisis selon les formes d'interactive design qu'ils proposent, expliquait alors le New York Times.

"Ces 20 dernières années, le design a pris de nouvelles directions. Aujourd'hui, un designer peut choisir de se concentrer sur une interaction, des interfaces, le Web, la visualisation, les espaces immersifs, le biodesign, les jeux vidéos. Avec des exemples de cette vitalité et cette diversité, tel le jeu spatial Tetris. Tetris est le premier jeu vidéo à entrer dans la collection MoMa, sélectionné avec 13 autres comme piliers du design interactif. Cette acquisition permet au MoMa d'étudier, préserver, et montrer des jeux vidéos comme des parts de sa collection Architecture et design".

lundi 20 mai 2013

"Punk, chaos to couture", la culture punk récupérée par la mode

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C'est une des expos du moment à New York. Depuis quelques jours, le très chic Metropolitan Museum of Art (MET), sis sur la Fifth Avenue, à côté de Central Park, accueille une expo qui tranche, à quelques pas de celle consacrée aux impressionnistes et la mode, ou de ses collections exceptionnelles de Degas, Rembrandt et autres Cézanne. "Punk, chaos to couture", retrace comment la mode - et surtout la haute couture - a tenté de s'approprier les codes de la culture punk.

Mais pourquoi le prestigieux musée d'art contemporain accueille une telle expo ? D’après le directeur général du MET Thomas P. Campbell, cité sur un des panneaux à l'entrée de l'expo, "Le mouvement Punk est un mélange de références et a été alimenté par les développements artistiques tels que le dadaïsme et le postmodernisme" . Et d’après Andrew Bolton, du Costume Institute, "Depuis ses origines, le mouvement Punk a eu une influence incendiaire sur la mode. (…) Les créateurs continuent de s’approprier le vocabulaire esthétique du punk pour capturer au mieux son esprit de rébellion juvénile et sa force".

Certes... Mais dès l'affiche (faussement) provoc' - une jeune femme à l'eye liner appuyé, aux cheveux en pétard et la veste de haute couture (Chanel?) savamment déchirée, on sent l'ambiguité, malgré l'intitulé malin, "Chaos to couture" - un véritable slogan marketing. L’exposition, conçue avec pour mécènes le site Moda Operandi et le groupe Condé Nast (éditeur notamment du magazine Vanity Fair), propose donc de retracer l’influence du mouvement punk sur la mode à travers une centaine de modèles de vêtements de prêt à porter et haute couture, des premiers modèles créées dans les années 70 aux plus récents. L'angle est déjà en soi périlleux.

Le mélange entre la mode et la culture punk a toujours existé : tout mouvement culturel a été doté d'une identité forte, un look affirmé chez ceux qui s'en revendiquent, et à chaque fois, une pointée de marques ont réussi à se rattacher à cette culture. Ce fut le cas pour la marque britannique Fred Perry, qui a su louvoyer entre les mods, puis les punks britanniques, comme je le racontais l'an dernier dans cette enquête (voir aussi ce documentaire).

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Et après tout, comme rappelé dans la (beaucoup trop) brève introduction historique de l'exposition, le mouvement punk a eu parmi ses premiers bastions les clubs CBGB & OMFUG (acronyme de Country, Bluegrass, Blues and Other Music For Uplifting Gormandizers), à Manhattan, ou Hilly Cristal, dans le quartier d'East Village à New York. Parallèlement, à Londres, dès le début des années 50, Malcom McLaren et Vivienne Westwood avaient ouvert une boutique avant-gardiste, au 430 Kings Road à Londres. La future papesse de la mode punk a eu pour idée d'apposer des slogans sur mesure sur ses T shirts, avec des dessins provocs: "Vive le rock", "Rape", "Piss Marilyn" (Monroe bien sûr), "Mickey & Minnie fucking"... Et le fameux slogan, dérivé de la mort de James Dean, "Too Fast To Live, Too Young To Die", sera le nouveau nom de la boutique en août 1973. Vivienne Vestwood ajoutera peu à peu à sa gamme de T shirts, des fermetures à glissière, du cuir clouté, des poches en plastique, des déchirures... Déjà surprenant de voir ces T shirts exhumés dans ce musée, comme des pièces artistiques...

Mais en cheminant dans l'expo du MET, on est pris d'un certain agacement, et l'expo apparaît de plus en plus biaisée. On voit donc plusieurs podiums où trônent des mannequins revêtus de perruques hirsutes, dans ses salles sombres, et des écrans géants sur les murs où sont diffusés en boucle quelques tubes des Clash et des Sex Pistols. Ces derniers servent également de caution à l'expo, avec certaines de leurs citations reprises (hors contexte) pour la justifier. Pas sûr que Johnny Rotten, chanteur déglingué des Sex Pistols, aurait apprécié de se voir cité sur un des murs du MET dans cette expo "de luxe", disant "Tears, safety pins, rips all over thé graff (...), that was poverty really, lack of money. The rase of your pants fall out, you just use your safetey pins".

Tailleur Chanel + épingle à nourrice...

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Précisément, ces symboles de la culture punk, pièces de récup' par les fils de prolétaires britanniques, ont ainsi été récupérés par des marques de luxe. Paradoxe à peine effleuré dans cette expo. Balenciaga, Helmut Lang, Prada, Yoji Yamamotto, Versace, Chanel, Givenchy, Dolce & Gabbana, Burberry (sic)... Tous, un jour où l'autre, ont créé des modèles de vêtements de haute couture (donc hors de prix) labellisés "punks". Et donc comportant lames de rasoir, épingles à nourrice, capsules, déchirures et trous. Des symboles de la culture punk, qui fut fondée sur le principe du DIY, de la récup' et du recyclage, et la dénonciation de la société de consommation.

Seulement voilà : il ne suffit pas de vendre un T shirt déchiré avec pour imprimé "Fuck" pour être punk. C'est pourtant ce qu'ont fait toutes les marques de haute couture ici exposées. Même s'il est vrai que les marques de luxe ont tout intérêt à aspirer ces idéaux inhérents à la culture punk pour s'offrir un vernis rebelle. Sois rebelle, ça fait vendre...

Même des marques de prêt-à-porter telles que The Kooples (destinées aux aspirants branchés) ou Zadig & Voltaire (et ses cachemires à 400 euros...) recyclent quelques codes de la culture punk, pour s'offrir cette si difficile cool attitude.

Fragments détournés de culture punk dans la pub

Alice_Dellal_Sac_Boy_Chanel__3__4.jpg Alice Dellal chez Chanel : rebelle, vraiment ?

Et depuis quelques temps, les marques de luxe tentent de s'offrir des égéries post-punks : comme j'en parlais dans cette enquête l'an dernier, Chanel a ainsi retenu pour égérie Alice Dellal, "socialite" issue d'une bonne famille mais qui a un vernis rebelle (juste ce qu'il faut) grâce à son crâne partiellement rasé et ses tatouages. Tout comme il n'est plus vraiment surprenant de voir d'ex-idoles punks ou rocks récupérées par la pub : Keith Richards poser dans une campagne du bagagiste ultra haut de gamme Louis Vuitton, ou Iggy Pop se transformer sans complexes en homme-sandwich pour SFR ou les Galeries Lafayette. Citons aussi Marilyn Manson, surprenant modèle pour la prochaine collection homme de Yves Saint Laurent.

Merchandising "punk"

Enfin, cette expo trouvait en quelque sorte son apogée dans la kyrielle de produits dérivés proposés par la MET à la sortie: magnets Punk à 6$, lots de trois épingles à 35$, planches de skate Punk à 12,95$, trousses à 20$, tirages photos de Sid Vicious par Michael Zagaris 500$, T shifts Givenchy à 565$... Sois rebelle, consomme...

dimanche 3 mars 2013

Phablets, OS "libres", 4G... Cinq tendances mobiles pour 2013

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Va-t-on téléphoner de moins en moins, et s'envoyer toujours plus de "data" depuis nos smartphones toujours plus perfectionnés ?... La frontière entre smartphones et tablettes est-elle en train de s'estomper ? La suprématie d'Android et d'iOS d'Apple pourrait-elle être remise en cause ?... Comme chaque année, le Mobile World Congress (MWC) de Barcelone, une des grand-messes de l'industrie des "telcos", qui rassemblait la semaine dernière plus de 70 000 personnes, a permis de prendre le pouls du secteur. Un secteur plus que jamais mouvant, avec des opérateurs traditionnels en difficultés, et bien sûr la crise...

Il y a aussi quelques études récentes, comme l'étude annuelle de Médiamétrie, publiée mercredi dernier, révélateur des tendances de consommation des internautes/mobinautes. Exemples de tendances naissantes ou affirmées attendues pour cette année...

Le choc attendu de la 4G

La quatrième génération de téléphonie mobile, dont les opérateurs développent (très) progressivement les réseaux, c'est le prochain champ de bataille entre opérateurs mobiles. Qui entendent relancer la guerre des prix, dans un secteur dynamité depuis l'arrivée de Free Mobile et ses tarifs low cost. Désormais, ils vont arguer de l'innovation, du développement de l'infrastructure, de la qualité de leurs réseaux respectifs... Pour justifier de nouveaux forfaits, plus chers. Mais aussi du côté des constructeurs, qui commencent tout juste à dégainer une nouvelle génération d'appareils mobiles compatibles avec cette nouvelle norme. Le sujet était omniprésent cette année sur la Fira de Barcelone, comme j'en parle dans cette enquête publiée la semaine dernière.

La question étant surtout: comment accrocher le consommateur, le convaincre de changer de mobile, de forfait...?

Les "tigres" chinois en embuscade

C'est un des aspects induits par l'arrivée de la 4G. Certes, des constructeurs de mobiles alors (presque) méconnus étaient déjà à Barcelone l'année dernière: Huawei, ZTE, Panasonic, Fujistu... Mais certains sont en délicatesse (Panasonic n'a finalement pas lancé sa gamme de smartphones Eluga en Europe, comme je l'évoque ici). Quant aux Chinois ZTE et Huawei, leurs pavillons étaient cette année bien plus imposants que l'an dernier, situés à quelques pas de ceux de Sony, Samsung et autres Nokia... Surtout, ils ont dévoilé cette année une poignée de smarpthones et tablettes compatibles 4G, bijoux technologiques proposés à des prix très offensifs.

D'ailleurs, dans mon reportage, les dirigeants français de ces deux "tigres" chinois le disent clairement: la 4G est bien l'occasion pour eux de se lancer à l'assaut du marché français, où ils s'en tenaient, jusqu'à présent, à des appareils proposés sous marque blanche, ou quelques rares smartphones sous Android. Pour lancer son Ascent P2, Huawei va d'ailleurs s'offrir sa première campagne publicitaire mondiale, ce printemps, confiée à la puissante agence McCann, comme nous le révélons dans Stratégies. Il s'était déjà essayé à la campagne institutionnelle un peu chic l'automne dernier (ce cheval blanc ne vous rappelle rien?...). Même Lenovo, à Barcelone, n'avait certes pas de stand, mais a présenté à une poignée de journalistes des tablettes et smarpthones sous Android qui seront lancé en Europe dans le courant de l'année - quelques-uns devraient être compatibles 4G. Pour mémoire, ce constructeur chinois, devenu un des leaders mondiaux dans les PC, a innocemment manifesté son intérêt, il y a quelques semaines, pour racheter le Canadien Blackberry (ex-RIM), qui tente sa survie avec son Blackberry 10...

Autre fait, révélateur, dans cette guerre de com' menée sous le ciel bleu de Barcelone, plusieurs grands constructeurs traditionnels n'ont pas daigné y tenir une conférence de presse. Pas de conf' pour LG, Samsung, Blackberry... Mais Huawei (dès dimanche après-midi, veille de l'ouverture officielle du salon) et ZTE l'ont bien tenue, eux. Les constructeurs essaient désormais de faire la différence en organisant leurs propres événements hors de ce rendez-vous multi-marques qu'est le MWC me faisait remarquer Thomas Husson, de l'institut Forrester. Blackberry a dévoilé son dernier joujou à New York, le 30 janvier dernier, HTC a dévoilé ses derniers modèles quelques jours avant le MWC, Samsung a annoncé à Barcelone un événement... à New York, mi-mars, pour la sortie de son Galaxy S4.

Smartphones, tablettes... et phablets mania

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La 4G va accélérer les nouveaux modes de consommation des contenus, et les nouveaux modes d'utilisation des appareils électroniques par le grand public. Toujours plus de mobilité, toujours plus de contenus que l'on partage et que l'on échange, que l'on produit... Ces usages ont été créés avec la 3G, qui nous a permis de lire nos emails, surfeur sur Internet, regarder des vidéos.. sur nos mobiles, nous transformant en "mobinautes". La 4G va accélérer cette tendance de consommation: elle devrait permettre de télécharger des contenus (vidéos notamment) cinq fois plus vite, et de les partager dix fois plus vite. Imaginez seulement la différence par rapport à aujourd'hui...

Thomas Husson me disait que cela devrait généraliser l'utilisation de "social games" (voire une nouvelle génération de MMORPG compatibles mobiles?), mais aussi de la combinaison réseaux sociaux + vidéos, avec, peut-être, une nouvelle génération d'Instagram version vidéo. Ce réseau mobile très haut débit va nous habituer à partager en un clin d'oeil des vidéos que nous avons tournées avec des mobiles intégrant des appareils photos toujours plus perfectionnés : les derniers smartphones présentés à Barcelone, par Samsung, LG et autres Huawei, comportent presque tous des appareils photos numériques de 12 megapixels, avec fonction vidéo, flashs intégrés etc.

Et ce alors que, en un an, on compte 24% de mobinautes supplémentaires (23,6 millions) et +138% d’utilisateurs principaux d’iPad (2,3 millions), soit un foyer sur sept, d'après la dernière étude de Médiamétrie, sur "l'année Internet 2012". Car en 2012, au gré d'une année bouillonnante en actualités politiques sportives, les Français ont été nettement plus nombreux à s'équiper et se brancher à Internet sur tous les écrans. Au passage, un internaute sur 4 a déjà commenté sur Internet un programme TV qu'il était en train de regarder.

Surtout, la 4G, ces nouvelles habitudes, devraient consacrer l'émergence d'une nouvelle génération de smartphones. Ils tiennent encore dans la main, mais sont presque des tablettes, avec des écrans de 5 pouces, voire 6 pouces : tel le Huawei Ascend Mate, doté d'un écran de 6,1 pouces. Ce sont les "phablets" (smartphone + tablette), nés dans le sillage de la "phablet" à succès de Samsung, la Galaxy Note (10 millions de modèles vendus en 2012), dévoilée il y a pile un an à Barcelone, comme j'en parlais alors dans cet article. Appareil deux en un ou nouveau segment marketing ? Une de ses particularités étant qu'elle permet aussi de téléphoner, et comporte un emplacement pour une carte SIM, contrairement à la plupart des tablettes tactiles.

Ce qui les rapproche de la nouvelle génération de tablettes, dotées d'écrans 7 pouces, ue l'on a vu émerger fin 2012, tels l'iPad Mini, ou la Google Nexus. Des tablettes davantage adaptées à des usages nomades...

OS "libres"

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Une nouvelle génération d'écosystèmes mobiles "libres", lointains héritiers des logiciels libres? Cela commence à arriver dans la galaxie mobile. Et on imagine déjà les argumentaires marketing autour de ces alternatives "libres" aux OS propriétaires (ou pas loin), tels Android de Google, qui équipe toujours plus de mobiles (70,1% fin 2012 d'après l'institut IDC), et iOS d'Apple (21% des smartphones). A Barcelone, les premiers smartphones "tournant" sous Firefox OS ont fait sensation, tel celui dévoilé par ZTE, ZTE Open. Tout petit, simplisme, j'ai trouvé sa navigation fluide, avec la multitude d'apps dont il était déjà pourvu. Un type de modèle de smartphone conçu sur mesure "pour l'Amérique du Sud" et d'autres pays en voie de développement, précisait un des dirigeants de ZTE lors de la conférence de presse de présentation à Barcelone.

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Autre OS "alternatif," très attendu cette année, Tizen. Une déjà longue histoire pour ce système d'exploitation mobile open-source. Initié par la Linux Foundation, développé par Intel, Tizen sera multiplateforme, conçu pour les smartphones, les tablettes, et les TV. En 2012, Samsung a déversé quelques 500 000 dollars (373 000 d'euros) à la Linux Foundation pour devenir un membre platinium - ce qui lui permet, au passage, de mieux gérer les orientations de Tizen. Depuis, il a été rejoint par d'autres consutructeurs, tel Huawei, et des opérateurs, comme NTT Docomo et Orange, comme annoncé à Barcelone. Autre annonce, dès cette année, Orange commercialisera des smartphones Samsung sous l'OS Tizen.

Moins de voix, plus de data

Mais au fait, le téléphone mobile sert-il encore vraiment à téléphoner? Dans les pays anglo-saxons, la consommation de "datas", allègrement au-delà d'1 giga-octet, devient de plus en plus centrales dans les nouvelles générations de forfaits proposés, surtout avec la 4G. Alors que la "voix", le fait de téléphoner, devient moins importante, comme je l'abordais déjà dans ce billet, il y a près d'un an.

lundi 18 février 2013

"Passion" de Brian De Palma, mise en abyme d'un univers ultra-technologique, placement de produit sur mesure pour Panasonic

Dès le plan d'ouverture, un long plan-séquence, il y a ce focus sur la pomme du Macbook d'une des protagonistes, au point qu'il suscite quelques petits rires dans la salle.Puis deux jeunes femmes, à la beauté glacée, qui bossent sur leur prochaine campagne publicitaire, pour le lancement du smartphone Eluga de Panasonic. Deux placements de produits les premières secondes du film.

Durant près de deux heures, ce polar esquisse un monde du travail qui fait frissonner, dans des locaux au design gris et parfait, avec des personnages aux traits trop lisses et au look trop recherché, des formes discrètes de pression et de harcèlement moral - l'"héroïne" subit humiliations publiques, piquage d'idées et manipulations diverses par sa boss. Au passage, dans ce film allemand, les personnages parlent en allemand, sauf à l'agence ou dans les séquences liées au monde du travail, où ils parlent en anglais.

Et surtout, il y a dans ce film l'omniprésence de ces produits technologiques ultra-modernes, noirs et argent. Nulle recherche de l'accumulation de placements de produits, pas de profusion de marques, Brian De Palma n'a pas cédé à la tentation. Mais deux marques ont une place de choix durant tout ce film.

Apple-mania

Apple d'abord, avec des MacBooks pros du début à la fin du film. Normal, dans une grande agence de pub comme celle du film, c'est la marque de prédilection pour les créatifs et "artistes" putatifs. L'omniprésence d'Apple dans le cinéma, et tout ce qu'il incarne - pour l'instant - j'en avais déjà parlé dans ce billet, avec notamment la saga Millenium, où l'actrice Noomi Rapace (que l'on retrouve ici chez De Palma en jeune créative publicitaire à double visage) s'était révélée avec son personnage de geekette post-punk. Mais l'omniprésence de la firme à la pomme - dans les films et séries n'est pas anodines: elle imprègnerait presque le spectateur... Au passage, la légende veut qu'Apple n'a jamais signé de contrats de placements de produits, ou n'est jamais passée par des agences de placements de produits telle que Casablanca. Pas besoin.

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Mais Brian De Palma accorde surtout une place de choix à Panasonic et son smartphone Eluga, qui fait donc l'objet du spot publicitaire "volé" puis diffusé sur YouTube, au cœur de l'intrigue du film. Il n'a même pas inventé une marque, un produit pour les besoins de cette fiction, mais est parti d'une marque existante: le constructeur japonais Panasonic, qui - ça tombe bien - lançait il y a pile un an au Mobile world Congress de Barcelone (une des grand-messes annuelles de l'univers des télécoms) sa gamme de smartphones Eluga. Des smartphones haut de gamme, au design fin et racé, qui ont pour particularité de pouvoir être immergés dans l'eau.

Exactement ce que montrent les premières minutes du film. Mais alors, De Palma a-t-il poussé la logique du placement de produit jusqu'au bout ? Au point de mettre en scène une gamme de produits dans son scénario ? Certes, pas de vulgaire placement de produit, où les actrices manipulent ostensiblement leur smartphone Panasonic. Trop grossier.

Spot publicitaire sur-mesure pour l'Eluga

De Palma esquisse comment une agence de pub va monter une campagne pour vendre un smartphone comme tant d'autres. Et montre ce qui pourrait être perçu comme un spot publicitaire réussi, la vraie bonne idée que tout créatif aurait rêvé d'avoir : le smartphone placé dans la poche arrière du jean slim d'une jeune femme, qui, allumé, permet de filmer avec la caméra intégrée ce qui se passe dans la rue, dans le dos de la jeune femme... Une jeune f allumeuse, qui parle crûment, et fait de son smartphone un accessoire sexuel.

Hasard ? Le constructeur japonais, qui bénéficie d'une vraie aura grâce notamment à la notoriété de ses téléviseurs, a connue une année 2012 difficile, entre ventes à la baisse, chiffres préoccupants (une perte nette de 6,1 milliards d’euros au terme de 9 mois de son exercice décalé 2012-2013), et production chahutée après le tsunami qui a affecté le Japon. Et sa gamme Eluga n'a finalement pas été lancée en Europe, et ne le sera pas cette année, comme le confirmait il y a quelques jours son nouveau DG France dans une interview à Challenges.

Ecrans multiples

Certes, rien d'anodin là-dedans. Ce qui intéresse De Palma, avec ce thriller d'entreprise, c'est de dénoncer une société de consommation qui prône l'ultra-performance au travail, et la quête perpétuelle de perfection, entre bureaux et appartements trop design. Même dans la scène de ballet, il nous montre essentiellement les corps et les visages (trop) parfaits, trop souriants, des danseurs. Le film montre aussi une certaine omniprésence des écrans, des ordinateurs aux smartphones, en passant par les caméras de vidéosurveillance, et un écran placé au bord de la baignoire d'une des actrices, des affrontements menés via Skype et des "call confs", des vidéos balancées sur YouTube... Sans compter les sonneries stridentes de smartphones dans la scène finale, lointain rappel de la musique de la scène-clé de Psychose de Hitchcock...

Une intégration d'écrans multiples pour mieux dénoncer ce phénomène. "Aujourd’hui, presque tout le monde marche dans la rue le regard plongé dans son téléphone au lieu de regarder la rue, ce qui est quand même un peu étrange… Dans Passion, j’ai détourné une vraie campagne de publicité pour une marque de smartphones, avec cette idée de placer un téléphone dans la poche arrière du pantalon d’une jeune femme, photographiant ainsi les passants qui matent son cul. Aujourd’hui, tout le monde possède une caméra par le biais des smartphones, c’est très bien d’un point de vue sociologique mais cela signifie la fin des beaux travellings, des plans travaillés, des séquences d’action soigneusement composées", explique-t-il dans cette interview accordée aux Inrockuptibles.

Ce n'est peut-être qu'un hasard, une marque parmi d'autres... En tous cas, Panasonic Marketing Europe Ltd est bien cité dans les remerciements pour les partenariats produits, en fin de générique. A quand la pub Panasonic qui mettra en avant des scènes du film, comme Sony avec James Bond ?

dimanche 2 décembre 2012

Fred Perry et la "subculture" British

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C'est un documentaire assez exceptionnel qui a été diffusé lors d'une soirée organisée à la Flèche d'Or la semaine dernière pour les 60 ans de Fred Perry, marque relativement confidentielle jusqu'à il y a peu, à forte connotation post-punk, mais qui a toujours su, au gré d'un marketing assez discret, surfer sur les différentes tendances musicales. Ayant été portée tour à tour par les Mods anglais, les Teddy Boys, les punks, les jeunes gens Mödernes en France, puis les tenants de la brit-pop au début des années 90... Née sur les courts de tennis, en même temps que Lacoste, elle aurait pu connaître un destin similaire, avec une connotation bourgeoise de bon aloi ;) Mais à l'inverse, elle a su se créer un positionnement underground et prolo. Je vous renvoie vers cette enquête que j'ai publié ce printemps dans Stratégies, où je reviens sur l'histoire de cette marque assez particulière, qui s'est donc toujours imbriquée dans les différents courants musicaux.

La semaine dernière, j'ai donc vu un documentaire riche, de 90 minutes, réalisé par par Don Letts, dans une co-production conjointe par la BBC et Fred Perry. Bel historique des différents courants musicaux britanniques (même si les différentes interviews virent vite à la gloire de la marque Fred Perry, un peu agaçant...). Hélas, on ne le verra probablement pas sur les télés françaises... Mais une somptueuse version en 6 volets a été diffusée en septembre dernier par la BBC. Vous les trouverez sur cette page dédiée chez Fred Perry, et je vous les ai dénichés sur YouTube. Enjoy !

mercredi 5 septembre 2012

Des stylos Bic et des cartes bancaires pour nous, les femmes

Un stylo Bic rose, une carte bancaire elle aussi rose vif... Lundi, jour de rentrée pour beaucoup, j'ai pu constater, rassurée, que les marques avaient pensé à des équipements de rentrée essentiels pour nous, les femmes.

Une nouvelle preuve que le marketing sexué (ou "gender marketing") n'en finit pas de constituer de nouvelles sources d'inspirations pour les marques, promptes à créer de nouveaux types de produits pour de nouvelles cibles marketing, dans des secteurs de plus en plus nombreux. J'en ai déjà parlé à plusieurs reprises ici: ce phénomène connaît une recrudescence inquiétante du côté des jouets pour enfants (même le très neutre Lego s'y est risqué il y a quelques mois, avec sa gamme Lego Friends).

Tout comme certaines marques agroalimentaires ont tenté, il y a quelques années, des produits alimentaires "girly", entre les yaourts Essensis chez Danone (disparus des rayons depuis), la "dermonutririton" étant alors en vogue, et les soft drinks vaguement roses, dont le Coca (déjà ringards).

Stylo Bic "girly"

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Première surprise donc, le stylo Bic, qui s'est imposé dans notre quotidien depuis notre enfance, est proposé depuis la rentrée en France dans les magasins Office Depôt en version girly. Le Cristal for her (c'est son petit nom), est rose vif (oui, pas surprenant) , mais comporte aussi des qualités intrinsèquement féminines, nous promet la marque sur son site , notamment un "corps coloré (rose, violet, bleu, vert ou orange) plus fin pour une meilleure prise en main des femmes", et est garantie d'une "écriture douce" (??). Ouf, nous voilà donc enfin équipées de notre stylo à nous, qui nous permettra d'écrire désormais en toute facilité - parce que ne sait-on jamais, peut-être qu'avec les traditionnels Bic (pour hommes donc), que nous utilisions par défaut, c'était trop compliqué ;)

Un grand coup de chapeau, donc, aux designers de la marque française, sans doute des hommes (encore que ?), qui ont compris notre incapacité à utiliser des produits de tous les jours qui ne soient mignons, rooose vif (et pourquoi pas de paillettes, ou de fleurs, hein ?) - en un mot, fé-mi-nins. Cela me rappelle vaguement les stylos roses vifs que j'avais étant fillette, mais passons... Bon, le retour e bâton ne s'est pas fait attendre pour Bic, avec de sévères critiques sur la Toile. Il y a une justice.

Carte bancaire "pour elles"

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Mais quelle ne fut pas ma surprise, également, en cette rentrée, de découvrir une carte bancaire lancée en juin dernier par la Société Générale, elle aussi, pour nous les femmes. Eh oui, une simple Carte bleue classique que nous permet juste de payer, trop banal...

Bon, en octobre 2007, lorsque les banques ont commencé à accepter les cartes bancaires co-brandée (avec donc un habillage un peu particulier), il y a certes eu quelques tentatives hasardeuses. Comme encore, en ce début d'année, la Caisse d'Epargne qui a voulu nous faire cette délicate attention, lors de la Journée de la Femme, en lançant une carte bancaire accompagnée d'un bijou. So cute.

Pour cette rentrée, la Société Générale a eu la lumineuse idée de nous proposer une carte bancaire "pour elles", avec une kyrielle de services. Qui sont à eux seuls une série de clichés parfois quelque peu sexistes. Déjà, la Société Générale nous le promet, cette carte bancaire nous permettra d'être "féminine jusqu'au bout des ongles" (si si, parfois un simple détail suffit...). Grâce entre autres au design des cartes bancaires de cette "collection pour elles" présentée sur son site (admirez le champ lexical, nous ne sommes pas loin d'une collection de mode...).

Mais c'est du côté des services très particuliers que la banque se lâche innove le plus (et que l'irritation de la lectrice attentive grandit) : avec notamment l’assurance "vol de sac à main" : ouf, on peut sortir tranquilles, en cas de vol, la banque garantit le remboursement de votre tout nouveau sac jusqu'à hauteur de 200 euros. La banque ne se donne pas la peine de proposer des services sans doute trop matérialistes, aussi liés au vol de sacs (genre remboursement des frais de renouvellement des papiers, du téléphone portable, de changement des serrures, etc).

Autre perle, les femmes - qui ont forcément du mal avec le bricolage et autres travaux manuels - se voient proposer un service de dépannage à domicile (presque) 24h sur 24, qui vous enverra plombier, vitrier, électricien ou serrurier, pour des prestations de base, pour la modique somme de 24 euros supplémentaires par an. Y compris pour des prestations très basiques (que nous serions, pour beaucoup, évidemment bien incapables d'effectuer nous-mêmes ;) : changement d'un fusible (!), fuite de joints, siphon à changer.. Déception, il n'y a pas de prestations telles que le montage de meubles Ikea ^^

Enfin, lundi soir, j'ai eu la grande surprise de trouver une chute toute trouvée à ce billet dans ma boîte mail, avec donc cette délicate invitation au Salon de l'Automobile, pour un "événement spécial femmes" (l'univers automobile étant par définition intrinsèquement masculin et compliqué pour nous). CQFD.

mercredi 25 juillet 2012

A la recherche du nouveau tube de l'été

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En pleine torpeur estivale (cette lapalissade est enfin de mise au vu des températures de ces derniers jours), il m'a semblé adéquat d'aborder un sujet crucial. J'ai déjà eu l'occasion de parler ici du single dédié à Noël, soit les Christmas songs, grande tradition pour les majors américaines. A contrario, et si son "genre" inverse, le tube de l'été, était un genre (marketing) en voie de disparition ?

Rappelez-vous, jusqu'au début des années 2000, c'était un concept marketing autant qu'un genre musical mâtiné de cette légèreté estivale : un single donc, très souvent l’œuvre d'un groupe ou d'un artiste parfaitement inconnu, néanmoins calibré pour être multidiffusé sur les radios et les pistes des boîtes de nuit (et des campings), avec une dose de latino (ou musique africaine éventuellement), des jolies filles légèrement vêtues qui se tortillent dansent en collé-serré sur la plage, et une chorégraphie minimaliste (ie facile à reproduire en boîte) dans le clip. Un single le plus souvent coproduit par un trio maison de disque - chaîne de télé - marque. Ou à l'inverse, le slow douceâtre parfait pour emballer.

Jusqu'au début des années 2000 donc, ce fut un des terrains de bataille estivaux des principales chaînes hertziennes. Avec ce coup magistral réalisé par TF1 durant l'été 1989. En plein bicentenaire de la Révolution déboulait sur les écrans "La Lambada", mega hit du groupe Kaoma, son rythme latino, sa mélodie lancinante, sa chorégraphie... Et le soutien plus qu'appuyé du sponsor Orangina (ah, le jaune vif très prédominant dans le clip...) qui s'offrait là un placement de produit grandeur nature: en revisionnant le clip, amusez-vous à trouver le placement de produit (qui sera interdit par la suite)...

Jackpot : le single s'écoule à 1,735 million d'exemplaires. A le réécouter aujourd'hui, le mélomane moyen constatera tout de même que ce single était sacrément bien conçu, au point de sembler presque intemporel (le fait que nous l'ayions écouté du haut de nos 12 ans à l'époque apporte certes une certaine subjectivité ;) - quand bien même "She Drives Me Crazy", tube estival US des Fines Young Cannibals, se situe nettement au-dessus à mon sens.

Certes, les années précédentes, il y avait souvent eu des tubes estivaux, imposés par les maisons de disques ou, par hasard, au gré de l'air du temps : égrenons "L'été indien" de Joe Dassin en 1975, "Hotel California" des Eagles en 1977 (en catégorie slows donc), "We will rock you" de Queen en 1978, "Born to be alive" de Patrick Hernandez en 1979, "L'aventurier" d'Indochine en 1983, "Still living you" (re-slow) de Scorpions en 1984, "Girls just want to have fun" (un des rares manifestes estivaux "à peu près" féministes) de Cindy Lauper le même été, "Les Démons de Minuit" (Images), "En rouge et noir" (Jeanne Mas) en 1986, "Joe le taxi" (Vanessa Paradis), "Yaka Dansé" (si, si) de Raft, "Voyage Voyage" (Desireless) - et le mythique "I want your sex" de George Michael, qui sauvait notre été 1987...

TF1 + Orangina + Sony BMG

Mais là, en cet été 1989, c'était une des premières fois qu'une mécanique musicale et marketing était calibrée à ce point pour imposer un tube sur la période estivale, avec la chaîne coproductrice, et un sponsor. Lequel tube était bombardé par la chaîne entre deux publicités (quitte à l'intercaler avec des pubs pour Orangina, dans un étrange effet de pub interstitielle). Les grands débuts du marketing musical, et un véritable cas d'école.

"La Lambada", c'était donc une multitude de clichés concentrés dans un clip de 2 minutes, avec une dose d'exotisme, de sensualité de danses endiablées sur le sable de Copacabana, les couleurs des favelas d'Amérique du Sud où les plus jeunes et démunis vivent dans l'instant présent... Un exotisme cheap formaté qui donnait le coup d'envoi à l'inévitable tube de l'été, concept marketing avec le même cahier des charges. Car Orangina est alors le premier annonceur à sponsoriser une musique et la danse qui l'accompagne. En 1990, il y aura même une pauvre tentative de produit dérivé long-métrage (il faut lire ce compte-rendu mordant).

Les étés suivants, les chaînes ont repris la même recette. Dès l'été 1990, TF1 remportait à nouveau le morceau avec "Soca Dance" (avec un peu plus de cul dans le clip) , avec là encore une musique latino, des jolies filles sur la place, et une chorégraphie parfaite pour les novices. Mais ensuite, peu à peu, la mécanique s'est enrayée, avec un effondrement des ventes, et une déformation du concept. Certes, il y a eu en 1991 la "Saga Africa" d'un joueur de tennis (assez habilement) reconverti , "Didi" de Khaled qui réinstaurait le raï en 1992, la dance habile "Dirladada" de G.O. Culture en 1993, une tentative de musique zen en 1994 par TF1 avec "Indian's Sacred Spirit" (Yeha Noha)...

En 1996, M6 remporte le morceau avec "La Macarena", single assez bien mené par un Espagnol qui avait déjà fait ses preuves, Los del Rio. Alors qu'elle est face aux blockbusters musicaux "Tic Tic Tac" (Carrapicho, autre groupe brésilien pratiquant la boï bumba), premier coup d'essai de prod' musicale de France 2, avec la marque Cap Tea, et "Sambolera mayi son" (Khadja Nin) de TF1.

Le dernier "tube de l'été" conforme au cahier des charges marketing est "Sereje" de Las Ketchup, vendu en été 2002 à 1,7 millions d'exemplaires. Suivront "Hips don't lie" de Shakira (2006), "Umbrella" de Rihanna (2007) "Mignon Mignon" de René la taupe (101 000 ex.), tandis que "Waka Waka (This Time For Africa)", de Shakira (90 100 ex.) en 2010, galvaudait lui aussi le concept (le tube était en fait le single officiel du Mondial de football)...

Depuis, le phénomène est démodé, mais aussi compliqué à monter pour les chaînes et les maisons de disque. La faute, notamment, comme relaté chez Slate.fr, à une décision du Conseil supérieur de l'Audiovisuel, en 1999, de fixer la durée minimale de diffusion des clips à 1 minute 30. Difficile, dès lors, pour TF1 et M6 notamment, de tricher un peu en bombardant toutes les heures des extraits de moins de 30 secondes. La faute aussi, en vrac, à la crise de l'industrie musicale, au concept même de single tombé en désuétude (ou du moins, on l'achète sous forme dématérialisée ou on le télécharge), tout comme du clip qu'on regarde à la télé (on les regarde directement sur YouTube), ou encore aux coûts de production élevés des clips...

jeudi 10 mai 2012

Iggy Pop sur Vente Privée

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Iggy Pop qui nous invite d'une voix posée à découvrir son nouvel album, Après, composé de reprises de classiques français et anglo-saxons, "en exclusivité et en avant-première" sur Vente-Privée.com à partir du mercredi 9 mai 19 heures, avec sa voix qui susurre en bruit de fond "La vie en rose" avec un délicieux accent... J'ai failli en tomber de ma chaise en voyant cela : Iggy Pop, l'icône punk, réduit à promouvoir son dernier album - un événement musical en soi - sur le site leader des ventes privées en ligne ! On retrouve ainsi son dernier album dans la longue timeline des ventes privées, entre des ventes Techwook, Oxbow, Sebago et des vins de Bourgogne ! Il est d'ailleurs proposé à prix cassé, pour 7 euros. Tout se perd, tristesse...

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D'ailleurs, le site de ventes événementielles en a profité pour s'offrir une promo d'enfer, en rebondissant sur cette exclu musicale pour en faire un outil de recrutement de nouveaux abonnés dès sa page d'accueil.

Alors oui, on savait que l'Iguane, cheveux longs et torse musclé, a un rapport désormais assez décomplexé avec l'univers de la publicité. Comme je le raconte dans cette enquête pour Stratégies, il s'est commis récemment dans des publicités pour le dernier parfum de Paco Rabanne, les Galeries Lafayette, ou encore il y a quelques années pour l'assureur britannique Swiftcover.com ou pour SFR. Sans pour autant abîmer son image. Le coup de trop ?

C'est peut-être surtout révélateur des nouveaux circuits de promotion et de distribution musicale qui émergent. Certes, il y a eu Patricia Kaas qui a utilisé à plusieurs reprises Vente Privée comme canal exclusif de vente, comme j'en parlais dans ce billet - mais sa notoriété est loin d'être la même que celle de l'Iguane.

Depuis hier, Iggy Pop, en pleine promo, a exprimé son ressentiment envers les maisons de disques, se disant "humilié" par celles-ci. D'après l'AFP, "Iggy Pop a expliqué s'être d'abord tourné, comme il y était obligé par contrat, vers son ancienne maison de disques, la major EMI, pour la distribution du disque. "Mais, ils n'en ont pas voulu. Ils pensaient qu'ils ne feraient pas d'argent avec, que mes fans ne l'aimeraient pas. Une attitude très sensée, venant de personnes très sensées, des personnes différentes de ce que, moi, je suis", a-t-il expliqué".

Résultat, il a choisi le canal de distribution Internet pour son nouvel album, qu'il a autoproduit, dont il a donc confié la distribution à Vente-Privée.com et à Believe Recordings. Il est ainsi disponible en CD sur Vente-Privée.com, et en version numérique sur les plateformes de téléchargement, où il est distribué par Believe Recordings. Une vente en magasins est prévue ultérieurement.

Au passage, on apprend par 'AFP que Vente-privée.com souhaite distribuer davantage d'artistes et se lancer dans la production de spectacles, éventuellement "en possédant des salles", a confié son fondateur Jacques-Antoine Granjon. Le site lance ce jeudi une application pour téléphone mobile qui permettra de réserver des billets de concerts à la dernière minute à prix cassés.Sans commentaires.

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