
Billet initialement publié [chez
Nicolas Bordas - qu'il en soit remercié :]
Quand Nicolas Bordas m'a proposé de m'essayer à mon tour à la (visiblement
fameuse) ascension du #cocotier, j'ai accepté bien volontiers, d'autant plus
lorsqu'il m'a confié que les contributrices étaient trop minoritaires... Encore
fallait-il trouver un sujet idoine, accrocheur, susceptible d'entraîner un
maximum de lecteurs. J'aurais pu parler sexe en biaisant cela par un angle
techno (dommage,
c'est déjà fait), ou encore écrire un énième sujet sur telle marque tech en
pleine ascension - ou en pleine descente aux enfers (sujets que je préfère
réserver à mon employeur...).
Jeunesse éternelle sur pellicule argentique
En cette fin d'année, propice aux bilans et autres rétrospectives, j'ai
préféré partager avec vous deux créations qui m'ont bluffée cette année, d'un
point de vue culturel et "sociétal". Il y a eu cette expo photo de Larry Clark,
qui donne à voir plusieurs générations d'ados, à la jeunesse éternellement
saisie sur des pellicules argentiques. Alors oui, il y a eu cette polémique
autour de leur côté (supposé) sulfureux, qui a valu une interdiction de cette
expo aux mineurs... Un fait intéressant, on ne peut plus révélateur d'une
certaine frilosité ambiante - les photos quelque peu plus complaisantes de Nan
Goldin, exposées en 2006 http://icartiens.com/spip.php?article195 au Centre
Pompidou n'ont guère suscité un tel émoi.
J'en ai parlé
ici , cette expo est follement touchante parce que l'on y voit avant tout
des portraits d'ados, parfois disparus depuis ces shootings, aufil des
décennies - des punks des années 80 aux skateurs des années 90, ensuite filmés
par Larry Clark dans Wassup rockers. Des ados nous renvoient à notre
propre adolescence. Des portraits d'ados, miroirs (peut-être déformants) qui
auraient dû avant tout être vus par les ados...
"Skins", série post-punk
Un autre miroir pour ados m'a bluffée ces dernières mois: la série
britannique "Skins" (qui a bien sûr sa page
officielle, son fil Twitter etc).
Vous avez peut-être entendu parler de cette série créée par Jamie Brittain et
Bryan Elsley, et diffusée depuis janvier 2007 sur la chaîne E4 (rediffusée par
Canal + en France), qui a bien cartonné là-bas (1,4 millions de personnes ont
suivi l'épisode pilote sur E4). On en a parlé en France pour les soirées d'ados
quelque peu dévoyées qu'elle a suscitées (lesquels ados, "génération Facebook"
oblige, exposent sans pudeur leurs photos, comme le montre cette simple
Google search ).
A mille lieues de"Berverly Hills" et autres niaiseries, là, on y aborde
l'homosexualité, l'abus de substances illicites, la pauvreté, la grossesse,
l'anorexie, les familles monoparentales et à problèmes, les troubles de la
personnalité, l'autisme et la mort. Parfois c'est un peu trash, ça nous secoue,
nous émeut, ça nous retranche dans nos limites, mais c'est profondément
réaliste. Là, c'est la jeunesse (parfois) dissolue de lower middle class
british (la série se déroule à Bristol, dans le Sud-Ouest de l'Angleterre) qui
est mise en scène, avec l'accent des quartiers popus (série à regarder
absolument en VO).
"Somptueuse série sur les affres/atermoiements/Illusions/Désillusions de
l'Adolescence" m'écrit @Co_SwEuphoria sur Twitter, la mise en scène y est
soignée, hyper réaliste, alors que la série a pour marque de fabrique de
recourir à de jeunes acteurs inconnus, et que le casting est intégralement
changé toutes les deux saisons, créant ainsi une nouvelle génération de
personnages, auxquels on s'attache durant quelques épisodes. Du beau gosse
manipulateur Tony à Cassie, anorexique un peu fraca, en passant par Chris,
fêtard invétéré et amoureux de sa prof (saisons 1 et 2), jusque le skater cool
Freddie, et Cork, le post-punk provocateur.
De manière assez remarquable, elle comporte une série de références
culturelles intemporelles, qui en font une série totalement post-punk: Cork (le
personnage le plus touchant) est sapé en Levi's, Fred Perry (marque culte des
mods Britisth dans les années 80, pour mémoire, qui commence à être portée par
de jeunes bobos ;), Harrington Jacket...
Sans compter la bande-son musicale de folie (sur la version British en tous
cas - pas sûre que l'on l'a retrouve dans les diffusions et DVD à l'étranger
pour des raisons de droits d'auteur...), patiemment listée pour partie
ici, entre autres blogs de fans: des Sex Pistols en passant par Blur, les
Clash, Motorhead, The Drums, Sparklehorse, les Pixies... D'après ce même blog,
pour la saison 4, la production a carrément nommé un superviseur musical, et
signé un contrat avec un label/éditeur (Artists Without A Label), avec pour
idée de faire appel à des groupes non-signés pour les faire connaître sur la
bande originale des différents épisodes de la saison.
"Forever young"...