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dimanche 26 juillet 2015

Unfollowez responsable !

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Capture d'écran page Unfollow responsable / Capucine Cousin Miscellanees.net

Comment unfollower quelqu'un poliment sur Twitter ? (et même sur les autres réseaux sociaux). Et par extension, quelles règles de politesse s'appliquent sur un tel réseau social, lorsque l'on décide de prendre virtuellement congé de quelqu'un ? Il y a cette initiative un poil second degré, drôle, et tout à fait bienvenue, que je viens de repérer via Twitter (logique). Trois utilisateurs patentés de Twitter, @MVCDLM, @VChabrette et @Deraw_eu, on créé un "Formulaire d'unfollow", disponible sur un site dédié.

Le principe : sur le site unfollow-responsable.fr, une fois inscrite l'adresse @ de la personne que vous avez décidé de ne plus suivre sur Twitter, vous cochez une des cases, où du même coup, vous expliquez votre choix. Là, les formules sont imprégnées d'humour et de diplomatie, mais dans les faits, vous vous mouillez en justifiant et assumant votre choix (entre l'unfollow pour cause d'humour lourd, d'attention whore, d'absence de follow-back... Une manière de responsabiliser le twittos. Après, vous le signez et vous devez attendre la décision de la personne concernée. Si elle accepte, elle disparaît de vos abonnements. Si elle refuse, eh bien...

Netiquette

L'intérêt est que cette initiative met en relief la nouvelle Netiquette, les règles de politesse propres à Twitter apparues implicitement au fil des années - il faut se rappeler que Twitter est devenu réellement populaire (notamment chez les médias) avec l'affaire DSK, en mai 2011.

Est donc considéré comme impoli, notamment, l'"humour en déclin", l'attention-whore, la "lourdeur intensive", et l'absence de follow-back. Pour moi ce dernier point est discutable: je ne me formalise pas si des gens que que je suis ne me suivent pas. A mes yeux, il y a plus une dimension pratique, de "veille media", dans les gens que je choisi de suivre sur Twitter - je me constitue mon fil de veille, d'actus en continu personnalisé en choisissant de suivre certaines personnes sur Twitter, selon le type d'infos qu'elles y partagent. Même s'il y a aussi une dimension personnelle, affective: selon ce critère, je suivrai des proches, des amis, des collègues... En revanche, est-ce que je suivrai les gens que je n'apprécie pas dans la vraie vie ?

En tous cas, ce formulaire implique une sorte de formalisation des relations virtuelles sur Twitter: après tout, retweeter quelqu'un, "liker" se propos, le citer est aussi un facteur de popularité (tout comme jadis, le mentionner en Follow Friday). Mais en l'état actuel des choses, les personnes unfollowent en douce, sans explication, souvent au gré des tris effectués de temps en temps (surtout lorsqu'on s'aperçoit que son fil Twitter devient surchargé). Là, cela permet aux personnes unfollowées de comprendre pourquoi.

mercredi 10 décembre 2014

"Men, women & children", liaisons dangereuses par écrans interposés

Cela commence par ces plans de foules, dans le métro, dans la rue, dans un centre commercial, dans une cantine de lycée, où se superposent des images d'écrans - des extraits de tweets, de chats, puis plus tard, de pages Facebook. Ces enchevêtrements de mots parfois très intimes des personnages du film qui tweetent, textotent, hésitent en écrivant des des messages sur Facebook. C'est le cœur du film, une de ses originalités. Ces images frappent déjà dans la bande annonce, il faut y voir une manière nouvelle, qui casse les codes du cinéma classique, de mettre en scène notre société numérique. Au passage, on notera cette mode, sur les affiches de films - dont du nôtre, évidemment - de citer des tweets en lieu et place des extraits de critiques de films classiques.

Dans Men, women & children, sorti en salles mercredi 10 décembre, Jason Reifman esquisse un état de lieu désenchanté des effets de la culture Internet sur la société d'aujourd'hui. On y voit des extraits de la vie - trop - numérique sur des habitants d'une banlieue pavillonnaire américaine. Un brin moralisateur, Jason Reifman est tenté de laisser entendre que ses personnages sont en partie malheureux à cause de cette vie numérique. Un peu facile, certes. Le pitch donc: un ado accro au porno en ligne, ce que son père (lui aussi adepte des Youporn cheap ;), découvre en se connectant à son ordinateur dans sa chambre, un autre ado accro aux MMORPG, ces jeux vidéo multijoueurs en ligne, une jeune fille qui suit de trop près les conseils de sites "pro-ana", une mère parano adepte du cyber-espionnage de sa fille, une autre mère qui, elle, met en ligne des images aguichantes de sa fille adolescente...

Le réalisateur illustre ces faits de manière très concrète: la mère qui flique littéralement sa fille (avec son consentement) en la géolocalisant sur son smartphone, en parcourant régulièrement sa page Facebook et son profil MySpace, et même les tréfonds de son ordinateur, l'ado anorexique qui se fait conseiller sur un forum pro-ana lorsqu'elle est tentée de manger...

Ultra moderne solitude "sociale"

De manière assez classique au cinéma (un peu à la manière de l'excellent Short cuts de Robert Altmann), on y voit donc une multitude de vies, d'histoires, qui s'entrecroisent. Avec un point commun, le sujet du moment, le Zeitgeist dont Jason Reifman tente de s'emparer: les conséquences du tout-numérique, où comment les réseaux sociaux multiples (Twitter, Facebook, les réseaux de gamers adeptes des MMORPG, les sites de rencontres...) son devenus omniprésents dans nos vies. Au point de créer de nouvelles formes d'ultra moderne solitude que dénonçait Alain Souchon, et nos difficultés à communiquer avec ces réseaux sociaux qui nous isolent autant qu'ils nous connectent partout dans le monde.

On avait déjà vu Jason Reifman faire dans la satire féroce (super Thank you for smoking) ou l'analyse sociologique un peu gnangnan (l’ambigu Juno, ou le désir de maternité d'un adolescente), il fait de nouveau dans l'analyse sociétale. Un peu simpliste et cliché. Avec, pèle-mêle, l'ado en proie à se fantasmes à la sauce Youporn, un autre ado isolé par son jeu vidéo... Sans compter les parents quadras las qui trouvent de nouveaux moyens - sur ce maudit Web, toujours ;) - pour contourner leurs frustrations de couple, soit ces nouveaux sites de rencontres extraconjugales - on note au passage le placement de produit sur mesure qu'offre Jason Reifman au site Ashley Madison, qui a tenté son lancement en France avec un coup de pub provoc'.

Si l'ironie des débuts du film cède ensuite le pas à une romance plus sage, ce qui m'intéresse ici est la manière innovante dont Reifman tente de narrer les affres de notre nouvelle société numérique, rythmée par les Twitter, Instagram, Facebook, YouPorn, et autres Tinder. De rares fictions ont mis en scène jusqu'à présent ce tournant : cela a surtout été le cas de films d'anticipation, comme le remarquable Her de Spike Jonze (que je chroniquais ici), ou, dans une certaine mesure, la série Real Humans.

Texto sur grand écran

Alors, comment représenter en images ces nouvelles manières qu'ont les êtres humains de communiquer entre eux?__ Que faire du texto à l’écran ? Comment l'intégrer le texto dans une fiction ? Après tout, rien qu'en France, on envoie en moyenne 8 sms ou mms par jour, et même jusque 80 pour un adolescent. Le classique champ-contrechamp ne suffit plus. Pour représenter cette société où l'on a nos regards fixés sur les écrans de nos téléphones, tablettes et ordinateurs, Reifman ouvre donc Men, Women & Children avec cette superbe scène de foule avec en "nuage" ces mini-écrans de textos et messages sur Facebook que s'envoient les personnages. Un gadget visuel qu'il abandonne au bout d'une bonne demi-heure, mais qu'il a donc été un des premiers à tenter dans une fiction.

Le texto en surimpression, on l'a déjà vu, notamment, dans le film politique L’exercice de l’Etat (Pierre Schoeller, 2011), ou encore la série politique Les hommes de l'ombre (France 2, 2013/2014). On le vit ensuite dans la série House of cards de Netflix, ainsi que la série britannique Sherlock (2010) de la BBC. Au passage, une fois de plus, la surimpression du texto permet de faire du placement de produit: non plus simplement la pomme d’Apple, mais une interface, celle de l'iPhone, désormais familier à tous, décidément entré dans notre quotidien.

lundi 20 octobre 2014

7 ans avec mon iPhone

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C'était le 27 novembre 2007: les premiers iPhone étaient mis en vente en France. J'ai eu la chance de pouvoir tester, ces premiers jours, un de ces étranges appareils "combinant un téléphone, un baladeur iPod et un terminal internet" (comme on disait à l'époque), sous Edge, et où on pouvait accéder à des contenus et services en effleurant du doigt des applications mobiles.

Quelques mois avant, Steve Jobs présentait l’iPhone à un parterre de journalistes médusés, laissant entendre qu’il allait présenter trois produits différents, un pour naviguer sur le web, un autre pour lire de la musique et un autre pour téléphoner, avant de préciser qu’il parlait bien d'un seul et même appareil : l’iPhone.

Bien sûr, en l'absence d'AppStore, cet iPhone "1" ne pouvait pas encore profiter des jeux ou des applications tierces, et arrivait juste avec les applications que Apple avait pré-installées dessus. Au fil des années, Apple a intégré à ses appareils la 3G, un GPS, une caméra, l'écran Rétina, un programme d'assistance à reconnaissance vocale (Siri), un lecteur d'empreintes digitales...

Mais ce qui est fascinant est que avec ce premier iPhone, il y a (seulement) 7 ans, j'ai découvert peu à peu des nouveaux usages, qui sont déjà entrés dans notre quotidien. Au point qu'on a du mal à se rappeler comment était notre vie "avant". Ca faisait quoi de pouvoir lire ses mails uniquement sur son PC ? C'est devenu tellement naturel. L'iPhone a façonné une multitude de nouveaux comportements. Lui, puis tous les smartphones suivants, ont rendu notre vie réellement numérique, à portée de main, dans notre poche, et plus seulement sur l'ordinateur posé sur le bureau.

Ecran tactile, apps, réseaux sociaux mobiles

L'iPhone était le premier appareil de geeks pour le quidam. Plus besoin de manuel, autant pour la phase de démarrage que pour son utilisation, tant il était intuitif, avec un design d'interface facile à utiliser et rassurant, et joli. L'Apple touch, comme sur les Mac.

Déjà, il y a eu l'écran tactile, grand, tout lisse, sans clavier, où on adresse des commandes non plus en appuyant sur des touches physiques, mais en l'effleurant. Plus de touches pour taper des SMS ou composer un numéro - touches que j'avais connues toute ma vie, du Minitel au PC - mais un "clavier virtuel" qui s'affichait en bas de mon écran. La révolution: en 2007, il n'y avait que quelques start-ups et Microsoft avec sa table tactile Surface qui testaient déjà ce nouveau mode d'interaction avec une machine. La commande tacite, prémisse à la commande gestuelle, puis vocale...

L'iPhone c'était aussi la naissance des applis mobiles, ces petites icônes qui permettaient d'accéder à un contenu ou un service en effleurant l'écran. C'est grâce à elles que l'iPhone est devenu un couteau suisse, avec une multitude de fonctions. Des applis bien plus ergonomiques et légères (y compris en consommation de datas) que les sites web pour mobiles: une aubaine pour tous les médias et marques qui se sont tous mis à créer furieusement leurs "apps" à partir de 2007. Et bien sûr, la pépite pour Apple, c'est son Appstore, et son diabolique système où il prélève une commission de 30% sur les apps payantes vendues.

Mais attention, on est peut-être cool mais (très) prudes chez Apple: pas question d'accepter des apps "pour adultes" dans son univers, comme l'a rappelé Steve Jobs en son temps...

Des applis, par ailleurs, à partir desquelles le mobinaute a pu, peu à peu, faire des m-paiements en ligne, donc directement depuis son smartphone, depuis ses billets de train sur Voyage-Sncf à des vêtements sur Vente-Privée.com.

Avec cet Appstore, la marque à la pomme a pu populariser son autre pépite: iTunes, et un mode d'achat dématérialisé de musique à l'unité, au morceau: des singles numériques en quelques sorte, facturés 99 centimes d'euro par morceau. Car si 'iPod l'avait lancé, c'est bien avec mon iPhone et son iPod intégré que j'ai encore plus pris l'habitude d'écouter - et d'acheter - de la musique directement depuis mon smartphone. Une facilité - là encore sans devoir allumer mon PC - qui m'encourageait à des achats compulsifs de titres et d'albums.

Bien avant les objets connectés, Apple a aussi inventé, avec ces apps, des trackers d'activité qui permettent de récolter une multitude de données sur nos comportements - et nous suivre à la trace. Les marques adorent. Au passage, "Ces apps sont une part de la gamme des trackers d'activité destinés à aider les gens à collecter des datas et informations sur leurs goûts et leurs vies, les analyser, et théoriquement, les changer", rappelle dans cet article le New York Times.

L'autre révolution de l'iPhone, c'est qu'il a rendu les réseaux sociaux mobiles. C'est lorsque Twitter est apparu en version mobile, et surtout avec des "clients" (des apps dédiées), tel Echofon, que l'utilisation de Twitter a explosé. Logique: on pouvait enfin tweeter, retweeter, lire son "fil" de tweets en temps réel - et en permanence. Facebook aussi a connu une seconde vie lorsqu'il a été transposé sur mobile.

Culture du zapping, déconcentration et phubbing

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Donc, l'iPhone a façonné une multitude de nouveaux usages, de nouveaux comportements dans notre quotidien. Il a créé le marché du smartphone, cet appareil sur lequel téléphoner est devenu secondaire: avant tout, on a pris l'habitude de surfer sur Internet, de meubler chaque temps d'attente. On s'occupe les mains et l'esprit, on se donne une attitude, comme avec la clope naguère. Regarder ses mails, surfer sur les sites d'actualités, jouer les stalkers à propos de ses connaissances sur Facebook, prendre le pouls de la vie sur Twitter, jouer bêtement au 2048... tout en écoutant de la musique. L'iPhone a généré une foule de micro-activités, qui permet à chacun de se créer sa bulle perso aussi bien dans la file d'attente de la Sécu que dans le métro.

Il a changé mon quotidien. Quand je me réveille - au son du réveil de mon iPhone, bien sûr - premier réflexe, avant de me lever, je regarde machinalement mes derniers mails, et je prends "un shoot de tweets", comme se moquait mon mec. De fait, comme le révélait une récente étude de l'institut Deloitte, 17% des mobinautes utilisent leur téléphone dès leur réveil, et même 27% dans les 15 minutes qui suivent.

Il a changé ma vie (pour le meilleur?) avec une multitude de petits services révolutionnaires, au gré des apps que j'ai téléchargées, depuis mes débuts avec lui: Google Maps pour me repérer dans la rue avant mes rendez-vous, Shazam pour "shazamer" (identifier) un titre de musique en cours de lecture... J'ai pris l'habitude d'être joignable en permanence par appels vocaux, SMS, mails, tweets et notifications diverses.

Mais depuis que j'ai vu, en début d'année, le brillant exercice d'anticipation de Spike Jonze, "Her", où un écrivain esseulé tombe amoureux de son assistant vocal intelligent, je me rends davantage compte de la manière dont j'utilise mon téléphone.

En petit-déjeunant, en regardant la télé, et même en discutant, ou en prenant un verre, j'en viens à le sortir machinalement, et caresser ce nouveau doudou, au risque de faire preuve d'une nouvelle impolitesse de notre ère numérique, le "phubbing", comme j'en parlais ici (je suis d'ailleurs ravie d'avoir inspiré ma consœur du Nouvel Obs ;). Je suis aussi souvent distraite par les multiples vibrations et pings venus de mon iPhone : la faute aux apps dont j'ai activé les systèmes d'alertes: alertes médias, "pings" de notifications de mon nom dans des posts Facebook ou tweets, sans compter les SMS.

Parfois, je sature. Je sens le besoin urgent de déconnecter, alors qu'être injoignable est devenu un luxe, dont pour la nouvelle caste des "déconnectés volontaires". Le smartphone a créé une nouvelle forme de zapping, où on lit des articles plutôt court (adaptés à l'écran du smartphone), et on passe d'appli en sites différents. Encore plus au gré des liens que l'on butine sur les réseaux sociaux. Depuis que je suis utilisatrice (très) régulière de mon smartphone, spontanément, je ferais moins l'"effort" de lire des articles longs ou des livres d'une traite. La concentration sur un temps long n'est plus habituelle, déjà à cause de Google, comme le soulignait déjà en 2008 Nicholas Carr dans son article Is Google Making Us Stupid?

Comme dans "Her", dans les transports en commun, je vois une multitude de gens seuls avec leur smartphone, dont ils fixent l'écran en le "scrollant" (le faisant défiler) à toute vitesse, ou semblent parler tous seuls d'un ton enjoué: souvent parce qu'ils téléphonent avec le mini-casque audio intégré, parfois parce qu'ils utilisent l'assistant vocal Siri. Comme le démontre le New York Times, le smartphone (et les réseaux sociaux), des outils de communication, ont accentué la solitude de leurs utilisateurs.

lundi 9 juin 2014

"Stop phubbing", nouvelle règle de vie sociale avec son smartphone

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Après la "nomophobie", le ''"phubbing"''. Alors que le téléphone portable, puis plus encore le smartphone, est devenu central dans nos vies ultra connectées, de nouveaux comportements apparaissent. Et un nouveau champ lexical pour les cerner. Logique. Commençons ce billet par une petite lapalissade : alors qu'au moins la moitié des Français possèdent un smartphone, celui-ci est devenu à la fois doudou, couteau suisse, objet transactionnel, et parfait passe-temps durant le moindre temps d'attente, d'ennui ou de pause.

Voici donc le phubbing, contraction de "snubbing" (ignorer, snober) et "phone" (téléphone). Le phubbing désigne ce nouveau type d'attitude crispant de tout quidam qui a un smartphone en main, qui consiste à ignorer (pas forcément sciemment) son interlocuteur, trop occupé à tapoter sur l'écran de son téléphone portable. Pour mettre à jour son statut Facebook poster un tweet, envoyer un SMS, quitte à vous lâcher un pauvre "Je dois envoyer ce mail urgent". Sans compter bien sûr, au resto, celui qui dégaine son iPhone devant son plat à portée de fourchette pour immortaliser le dîner tant attendu, prend sa photo, la aussitôt sur Instagram. Et en profite pour "checker" au passage les "likes" de son post précédent.

Le terme désigne donc un nouveau type de comportement "qui dénote une mauvaise éducation et un manque de respect", souligne à juste titre ce billet. D'ailleurs, le phubbing a son monument, immortalisé dans le bronze par le sculpteur Paul Day à la gare Saint-Pancras, à Londres. Et un site, Stopphubbing.com, est consacré à la lutte contre le phubbing : il a été créé par Alex Haugh, un Australien de 23 ans qui a lancé une véritable campagne : nulle technophobie de sa part, mais il y dénonce des comportements grossiers de prisonniers de la technologie. Une manière de créer et formaliser de nouvelles règles de vie sociale, de nouveaux comportements de politesse - à défaut de pouvoir effacer le smartphone de notre quotidien.

No phubbing, no Instagram

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Récemment, un ado me racontait une pratique en vogue chez les lycéens : au bistrot, chacun met ostensiblement son portable au centre de la table. Le premier qui craque paye la facture pour tous. Un jeu autant qu'une nouvelle règle de vie sociale : la trêve des tweets et SMS le temps de partager un verre IRL..

D’ailleurs, la marque de bières Guinness a su rebondir sur le phénomène, en fournissant cette affiche publicitaire aux patrons d’établissements publics, qui annonce : "Profitez de manière responsable. Éteignez vos portables, s’il vous plaît".

Toujours dans ces nouvelles règles de politesse - instants de déconnexion imposés donc - certains restaurateurs, tel le chef étoilé étoilé Alexandre Gauthier, commencent à apposer des affiches avec un mobile barré, interdisant d'"instagrammer" (c'est joli, hein ;) leurs plats.

Le phubbing s'inscrit dans la lignée de la notion de nomophonie, une véritable pathologie, une phobie propre à l'ère numérique, la peur absolue d'être séparé de son téléphone mobile. Qui n'a pas fait demi-tour le matin, quitte à se mettre en retard en allant au boulot, parce qu'il avait oublié son portable chez lui ? Le mot, bricolé à partir de la contraction d'une expression anglaise ("no mobile-phone phobia") a en fait été inventé en 2008, lors d'une étude menée par la UK Post Office qui accrédita YouGov, une organisation de recherche basée au Royaume-Uni, pour observer les angoisses subies par les utilisateurs de téléphones mobiles. Mais l'expression a commencé à faire florès en France il y a 2-3 ans, au moment où ces comportements étaient devenus réalité.

Etre connecté en permanence, la norme

Ce que l'on peut associer avec le Fomo ("Fear of missing out"), cette "peur de louper quelque chose", inhérente au smartphone, où l'on a pris l'habitude de consulter plusieurs fois par jour Twitter et Facebook. Ou plus précisément notre "timeline" Facebook et notre "fil" Twitter - là encore un nouveau vocable, qui montre que ces réseaux sociaux se sont imposés - plus encore avec Twitter - comme de véritables fils d’informations, nourris en contenu par les commentaires, photos, et autres contenus, postés au fil du temps.

Alors que paradoxalement nos sommes pieds et poings liés à nos smartphones, nous téléphonons pourtant de moins en moins. Certes, les jeunes sont précurseurs, mais les adultes ont suivi : le smartphone sert plus à tchater, envoyer des SMS, qu'à... téléphoner. Une étude TNS Sofres sur les adolescents et l’usage du téléphone mobile, citée par Slate, révèle ainsi que ces derniers étaient près des deux tiers en 2009 à textoter tous les jours, mais seulement 39% à appeler tous les jours.

En fait, la déconnexion volontaire est un luxe, comme l'ont relevé certaines études : seuls certains professions et CSP peuvent s'autoriser à être déconnectées, injoignables par leur employeur. Mais dans la vie sociale - et la vie tout court - être connecté en permanence est devenu une telle norme que l'on voit donc émerger de nouveaux codes sociaux, des rituels, des règles de politesse imposant des instants sans connexion. C'est déjà le cas avec les smartphones. Imaginez ce que ce sera par la suite avec les objets connectés toujours plus omniprésents, entre smartwatches et Google glasses.

samedi 21 décembre 2013

The Circle, dystopie horrifique où "Privacy is theft"

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Lorsqu'elle arrive sur le campus, à la vue de la fontaine, des courts de tennis et de volley, de la boutique intégrée, des cris d'enfants qui jaillissent de la crèche, "'Mon Dieu', pensa Mae. C'est le paradis". C'est la première ligne du livre, qui raconte le premier jour de travail de Mae Holland, une jeune femme lors de son arrivée dans une société appelée The Circle ("Le cercle"). On entrevoit ainsi, dès le début, que ledit paradis de The Circle, décrit dans le nouveau roman de Dave Eggers (ed. McSweeney's, 2013, disponible uniquement en V.O. pour l'instant) sera un enfer.

Dave Eggers, fondateur du magazine littéraire The Believer, de Might Magazine, et de la maison édition McSweeney's.qui a commis cette fiction, a publié entre autres A Hologram for the King en 2012, l'histoire d'un looser qui incarne la classe moyenne américaine qui combat pour réaliser ses rêves dans un monde globalisé et en récession.

Sur 450 pages, Dave Eggers nous raconte donc, sous le regard d'une jeune et naïve recrue, la toile que tisse la start-up The Circle dans la société - et plus que la vie numérique, comme on va le voir. Une sorte de meta-réseau social qui compile Facebook, Twitter, Google et Paypal, avec un réseau social d'échelle planétaire, Zing. Dans un futur proche, la start-up est devenue une des plus puissantes grâce à son système TruYou, qui a unifié tous les services sur Internet et aboli l'anonymat. Ses membres ont une seule identité et y rassemblent l'ensemble de leurs données - même personnelles. Une manière d'organiser la "big data" de tout individu... Le récit, qui se déroule dans un futur proche, n'est pas vraiment de la science-fiction: le quotidien des personnages nous semble très proche. Les trois Wise Men cofondateurs de The Circle nous rappellent tout créateur de start-up contemporain.

Dystopie

Mais le récrit est bien une dystopie, sous-genre de science-fiction qui est une sorte de contre-utopie, où l'auteur prend pour point de départ des fragilités de notre société contemporaine pour les tordre, les exagérer, dans un récit qui devient peu à peu horrifique, dans un Cercle vicieux. Comme tout ouvrage d'anticipation, il a donc une dimension d'avertissement. Son univers nous semble un peu familier: les blogs, Twitter, Facebook posent déjà des questions telles que la tyrannie de la transparence, la privacy en ligne perçue comme inutile (Vinton Cerf, vice-président et Chief Internet Evangelist de Google, déclarait récemment que "la vie privée peut être considérée comme une anomalie"), notre état d'esprit reflété par notre présence perpétuelle sur les réseaux sociaux, nos vies perpétuellement sous surveillance du gouvernement (effet NSA), la voracité de Google pour s'intégrer dans le monde de l'information...

The Circle apporte sa part à ces débats naissants. Eggers l'aborde par une fable, une sorte de conte destiné à être pédagogique, avec des personnages tels que la naïve héroïne qui va être dévorée par son ambition, les trois Wise Men, un Transparent Man, le mystérieux Kalden, qui émerge de l'ombre (seul personnage, dans cette ère de la transparence, à ne pas être traçable dans The Circle)... Le risque de tomber dans le pur récit de SF horrifique est contrebalancé par des anecdotes légères et distrayantes.

Secrets are lies, Sharing is caring, Privacy is theft

L'idée : on découvre au fil du récit que la merveilleuse start-up The Circle a formalisé une certaine idéologie : elle exige la transparence en tous domaines, ses slogans étant SECRETS ARE LIES ("Les secrets sont des mensonges"), SHARING IS CARING ("Partager est prendre soin"), et PRIVACY IS THEFT ("La vie privée c'est le vol", lointain détournement du mantra d'un certain Proudhon...). L'anonymat est banni, le passé de chacun est révélé, le présent de toute personne doit être enregistré et diffusé dans une vidéo en direct. Ce qui est enregistré et diffusé ne sera jamais effacé. Ces directives s'appliquent à l'ensemble des salariés de The Circle, mais au fil du livre, le grand public commence à les appliquer... L'objectif de The Circle est ainsi de couvrir tous les aspects de l'existence humaine, du vote aux histoires d'amour, sous forme de flot d'informations qui se déversent sur son portail en ligne.

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Le futur siège social de Facebook

D'ailleurs, The Circle s'avère plus que paternaliste envers ses salariés : dans ce phalanstère du futur, un peu à la manière du Googleplex que nous connaissons (reflété il y a quelques mois dans cet étrange film publicitaire dont je parlais ici, Les stagiaires), ils y ont accès à une multitude de services - restaurants, courts et salles de sports, magasin, agence de voyage intégrée qui leur organise leurs vacances dès qu'ils rentrent leurs dates de congés, chambres à disposition... Ce qui sonne étrangement contemporain : le futur siège social de Facebook, situé loin de toute ville, prévoit bien des logements juste à côté pour ses salariés. Au passage, ils sont fortement incités à participer à des multiples soirées afterwork à thèmes, dans un agenda partagé - leur vie ne doit-elle pas se dérouler au sein de The Circle ?

Monitoring de soi

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Au fil des pages, on assiste donc à la plongée aux enfers de Mae. Elle est recrutée à The Circle via sa colocataire Annie. Au début simple chargée de relation client, où elle répond en ligne aux questions et plaintes de clients, ses performances en ligne s'affichent au vu de tous sur l'Intranet de The Circle, où remontent ses notes après chaque interaction. Acharnée, Mae obtient un score record dès son premier jour de travail. Elle devient vite une championne de The Circle, approchant le cercle des fondateurs de la société.

Au passage, très corporate, elle devient de plus en plus "transparente" acceptant tout ce que la société lui demande : fusionner les données personnelles de son propre PC et son téléphone avec les appareils fournis par la société, puis partager en temps réel tout ce qu'elle fait sur le feed de The Circle, s'équiper d'un bracelet connecté qui relève ses données de santé (nous sommes bien dans le quantified self) - données dont son employeur a connaissance... Si elle est silencieuse trop longtemps, ses followers lui envoient des messages urgent pour lui demander si tout va bien. Très vite, l'entreprise exige - comme de tout salarié - sa participation active à la communauté en ligne : impossible de refuser de nouveaux "friends", ou de prendre part à de nouveaux cercles. Ceux qui s'écartent de ce "réseau social" sont de facto des parias.

L'individu doit s'effacer face à cette communauté, nouvelle humanité à l'ère virtuelle. Dans le récit, salariés de The Circle, puis personnalités politiques commencent à s'équiper de petites caméras (sortes de GoPro du futur): tout ce qu'ils font doit pouvoir être capté et partagé pour la mémoire commune, au nom de la "transparence". Une forme de nouveau totalitarisme. D'ailleurs, puisque rien ne peut être effacé, The Circle retire le bouton "supprimer". Les études, questionnaires et pétitions sont diffusés sans interruption, on vote d'un simple clic.

Peu à peu, c'est le cercle vicieux. Mae travaille de plus en plus sur les réseaux sociaux pour la prochaine récompense : augmenter ses "rates" (notations) et le nombre de millions de followers. Elle trouve chaque nouvelle demande "délicieuse" et "exaltante". Une quête éperdue de notoriété et de reconnaissance numérique, qui se mesure en données chiffrées - une sorte de monitoring de soi qui nous paraît étrangement contemporain.

Mae est plutôt la méchante que la victime de l'histoire. Elle cherche à évincer Annie du Circle vers la fin du récit. Ses motivations sont celles d'une teenager à l'ère d'Internet: décrocher les notes les plus élevées, se rapprocher des cercles de pouvoir du Circle, être populaire. C'est plus une bonne élève qu'une opposante qui voudrait prendre le pouvoir.

samedi 31 août 2013

Rattrapage de rentrée: nouveaux tycoons des médias, Omnicom-Publicis...

Faut-il encore parler de trêve des confiseurs estivale, y a-t-il un temps suspendu dans l'actu ? Cet été, alors que les quotidiens mincissaient à vue d’œil, et les hebdos abondaient en marronniers et stories estivales, une poignée d'annonces ont provoqué quelques déflagrations. De nouvelles preuves que le paysage des (nouveaux) média, des technologies et de l'innovation est de plus en plus mouvant. Quelques sujets qui risquent de provoquer plusieurs ondes sismiques en cette rentrée. Passage en revue...

Les nouveaux tycoons des médias

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La Washington Post, à l'origine du Watergate

Trois petites bombes tombées en trois jours : trois titres emblématiques de la presse US ont annoncé presque coup sur coup un changement de propriétaire, emblèmes d'une presse face aux défis du numérique. Le 3 août, le New York Times annonce la cession du Boston Globe à John Henry, milliardaire et principal actionnaire... du club de base-ball local, les Red Sox. Une cession à perte, pour seulement 70 millions de dollars, pour ce quotidien acquis pour 1,1 milliard de dollars en 1993 par le NY Times. La presse deviendrait-elle un actif ayant trop peu de valeur pour les actionnaires ?

Le même jour, IBT Media, éditeurs de plusieurs titres de presse en ligne, annonce l'acquisition de Newsweek, pour un montant non précisé. Le rachat d'une marque, avant tout : Newsweek, exsangue, ne paraît plus que sur le web, le magazine ayant sorti sa dernière édition en décembre 2012.

Le 5 août, nouveau coup de théâtre : le Washington Post, quotidien à l'origine de l'affaire du Watergate, annonce en Une sa vente, pour 250 millions de dollars, à Jeff Bezos, fondateur d'Amazon. Celui-ci, à l'origine d'un empire basé sur le e-commerce, et à la tête d'une fortune de plus de 25 milliards de dollars, assure certes qu'il s'agit d'un rachat à titre personnel. Il n'empêche : dans une lettre ouverte aux salariés, Jeff Bezos l'assure, "Internet transforme presque tous les aspects du marché de l'information, en réduisant les cycles de l'information, en érodant les sources de revenus à long terme et en introduisant de nouvelles formes de concurrence". Exactement comme dans le e-commerce...

Pourquoi la famille Graham, propriétaire du titre depuis quatre générations, a revendu son joyau à ce tycoon d'une start-up ? Le tremblement de terre suscité par Amazon dans le secteur de l'édition a de quoi préoccuper au sein du Wash Post. Si Bezos a sûrement des convictions sur comment innover, et un (petit) pied dans les media numérique avec la tablette Kindle, pour un certain nombre d'observateurs US, comme au ''New Yorker'', ce media puissant devrait lui servir indirectement d'outil de lobbying, pour acquérir des réseaux, des bons contacts (au hasard, chez les parlementaires...) pour peser sur les dossiers sensibles pour Amazon en ce moment - comme par exemple, en matière de politique d'optimisation fiscale...

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D'ailleurs, de plus en plus, certains de ces "tech tycoons" se mêlent de politique, soulignait dernièrement The Economist, comme l'a montré, en avril dernier, le lancement de FWD.Us, une campagne pour la réforme de l'immigration américaine, menée par Mark Zuckerberg, qui a embarqué Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn, Marissa Mayer, patronne de Yahoo!, Eric Schmidt, CEO de Google...

L'hydre publicitaire Omnicom-Publicis

L'annonce est tombée le dernier week-end de juillet, lors d'une conférence de presse organisée à Paris un dimanche (!) matin, créant rien de moins que l'un des géants mondiaux de la publicité, Publicis Omnicom Group. Un échiquier publicitaire mondialisé, un an après l'acquisition d'Aegis par le japonais Dentsu.

Au-delà de la simple fusion ente deux sociétés, on retrouve ce même contexte, où les médias, la publicité, sont bouleversés par les nouveaux concurrents venus du numérique, tels IBM et Salesforce, mais aussi Google et Facebook, qui disposent de nombre de data (les données personnelles des internautes qu'ils ont patiemment collectées - le profil des consommateurs, leurs goûts, leurs envies d'achat, leur manière de consommer...) à partir de leurs vastes audiences. Avec certains, des annonceurs commencent à dealer des achats d'espaces en direct. Google contrôlerait ainsi un tiers des ventes de pub en ligne, relevait eMarketer.

L'attrait de l'art pour Google & co

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Après la culture, l'édition, c'est l'art, le patrimoine. Un vecteur de communication puissant pour des géants du Net, prestigieux, un peu venimeux, de manière bien plus subtile que les classiques sponsoring et mécénats d'événements. Google l'a annoncé il y a quelques jours, il va inaugurer en septembre, à son siège parisien, son Institut culturel. Déjà, il a créé avec une kyrielle de musées (260 dans 43 à ce jour) une sorte de mega-galerie virtuelle, le Google Art Project, Les musées partenaires peuvent être visités en ligne, évidemment avec un outil maison, Google Street View, S'y ajoutent des visites virtuelle des grands sites du patrimoine mondial, et des expositions d'archives historiques. Une forme de vernis artistique donc, auquel on pourrait ajouter d'autres initiatives de Google : dans la presse bien sûr, avec par exemple la création, en partenariat avec une école de journalisme (l'Ecole de journalisme de Sciences Po) d'un Prix de l'innovation en journalisme...

J'en parle dans le même papier, Amazon (de nouveau) a annoncé début août le lancement d'une plateforme de vente d’œuvres en ligne, Amazon Art. Après les livres, les biens de consommation courante et l'épicerie, les internautes seraient donc prêts à acquérir des œuvres sur photo en quelques clics ?

Twitter & presse écrite, et la social TV...

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Et pourquoi ne pas suggérer directement aux téléspectateurs/auditeurs/internautes des tweets prêts à l'emploi ? On connaissait cela en télé, la tendance débarque aussi en presse écrite. Twitter et The New York Times testent ainsi une nouvelle fonction qui permet de tweeter directement des phrases marquées issues d’un article. Carrément. Cela devrait bientôt permettre à l'internaute de partager directement les citations fortes d'un article de presse ou tout autre contenu écrit, révèle Twitter sur son blog. Avec pour objectif d'inciter davantage les internautes à partager des articles. Alors que la contrainte des 140 caractères et les fonctionnalités jusque-là développées par Twitter ne permettaient en général de ne partager que le titre des papiers, l’internaute pourrait désormais mettre davantage un contenu en valeur sans le tweeter "manuellement". Désormais, les médias pourraient se charger d'effectuer cette tâche. Les citations peuvent alors être rattachées en plus du compte du média à celui de son auteur, amplifiant potentiellement sa visibilité.

Mais Twitter sait qu'il doit aussi développer de nouveaux services pour les annonceurs, les marques, en télévision, faute de pouvoir proposer des formats publicitaires classiques. Alors que la Social TV est de plsu en plus prometteuse - il est devenu normal pour un télspectateur de naviguer sur Internet - et Twitter - depuis sa tablette en regardant la télé. Il y a quelques jours, on apprenait ainsi l'acquisition par Twitter de acquis Trendrr, start-up spécialisée dans l'analyse en temps réel des messages échangés sur les réseaux sociaux concernant les programmes télévisés. Le logiciel développé par Trendrr permet en effet d'analyser les échanges sur les réseaux sociaux sur les programmes de télévision ou les publicités et d'offrir un point de vue sur la perception de ces programmes par le public. Encore mieux que les mesures d'audience classiques...

Montres intelligentes

Côté high tech, certains sujets nourrissent aussi une certaine attente. Le géant sud-coréen Samsung va dévoiler sa montre connectée Galaxy Gear la semaine prochaine à l'IFA de Berlin, le 4 septembre, damant ainsi le pion à Apple, alors que les rumeurs sur l'iWatch courent depuis 2011, mais qui est attendue pour seulement pour 2014. Sony a déjà lancé la sienne, le Français Archos annonce les siennes pour 2014... Google s'y intéresse aussi: il vient tout juste d'acquérir WIMM Labs : avec à la clé son propre App store en version beta, ses apps dédiées pour smartwatches...

Les smartwatches, innovation de rupture ou gadget ? Nouvel accessoire (et segment marketing) créé par des constructeurs après le smartphone et la tablette ? Comme je l'écrivais dans cette enquête, l'avenir serait-il à ces accessoires high-tech, montres et lunettes connectées ?

Concrètement, son écran tactile vissé au poignet permet de téléphoner, naviguer sur Internet, surveiller ses mails, recevoir des notifications depuis les réseaux sociaux, écouter de la musique... grâce à une connexion Bluetooth et/ou NFC... Reste une question: ces smartatches seront-elles compatibles avec les smartphones et tablettes de toutes les marques ou pas ? Ou les marques choisiront-elles de créer un écosystème fermé comme Apple ?

dimanche 5 mai 2013

Vine, micro-vidéo en slow motion, le nouveau GIF animé (voire plus?)

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Une application iOS de partage vidéo, et service de micro-vidéo ,qui permet de prendre et partager des clips de 6 secondes... Mais sans doute un peu plus. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ici, ou , on est dans un paysage de médias sociaux où la photo, l'image prédomine de plus en plus dans les usages, porté par le succès d'Instagram, mais aussi des Socialcom et autres Viddy.

C'était au début une (micro) start-up de 3 salariés, discrètement rachetée par Twitter en octobre 2012, qui comportait alors un service de partage vidéo en cours de développement. Son service est devenu numéro un des téléchargements d'app gratuites sur l'Apple Store US début avril... Comme Twitter et Instagram, Vine est basé sur des contraintes. Vous ne pouvez pas ajouter de son. Les vidéos sont en slow motion (basse définition). Vous ne pouvez pas faire de montage vidéo ni retouches : la séquence tournée sera partagée et diffusée telle quelle. Pas de filtres photo à la Instagram. Pas de boutons Enregistrer ou Jouer. On lance le tournage en un effleurement de son smartphone (ou sa tablette). Et enfin, on ne dispose que de 6 secondes. La consécration de la brièveté, de la séquence ultra-courte, comme chez Twitter.

Culture GIF

Mais Vine n'a pas débarqué totalement par hasard. Je le disais, il y a dans cet univers "social" et digital déjà l'ultra prédominance de l'image, des captures d'écrans brutes et peu retravaillées. Mais Vine a aussi débarqué en pleine culture GIF, ces GIF animés, ces simples clips souvent utilisés our exprimer des idées complexes et des émotions (comme le drolatique Vis ma vie de pigiste...). Ce sont des vidéos en streaming denses en informations. Alors certes, il y a des hiatus, comme l'arrivée en trombe du porno sur Vine, après les GIFS Q - d'ailleurs, peu après son lancement, début février, l'entreprise a prestement modifié les conditions générales d’utilisation dans sa version 1.0.5, en changeant l’âge minimal pour utiliser l’application dans l’App Store, passé brutalement de 12 à 17 ans. Ou comment Twitter s'est dédouané vis-à-vis de certains usages inévitables...

Egalement, certaines fonctionnalités "sociales" manquent cruellement. Comme celles liées à la découverte de nouveaux contacts : d'autant que Facebook a très vite interdit à Vine l'utilisation de son "social graph". Impossible d'éditer des titres ou des tags une fois que vous avez posté des micro-vidéos.

Certes, Twitter a lancé Vine un peu à l'arrache, en sachant que ce nouveau service était loin d'être parfait. Mais il est prometteur: un peu comme la culture LOL inhérente aux GIF animés, Vine va générer sa propre culture.

Usages multiples

La multitude de ses usages émerge déjà: en marketing, publicité, mode, cuisine, cinéma, autour des people... Début mars, lors de la Fashion Week parisienne, on a ainsi vu une multitude de mini-vidéos Vine tournées dans les coulisses des défilés par journalistes et blogueurs, qui, à travers ces micro-séquences, montraient leur capacité à récupérer des bribes d'indiscrétions. Du côté des marques, Toyota était la première à monter sa micro-pub, fin janvier, avec un montage malin montrant une voiture en papier roulant successivement sur un iPad et le T shirt d'un homme. MacDo dégaine très vite sa propre Vine-pub. Ou comment bricoler des micro-clips à micro-budget, et s'offrir un vernis so cool...

Du côté du cinéma, fin mars, James Mangold, le réalisateur du prochain volet de Wolverine, lançait sur Vine sa première (micro) bande-annonce , avant de dévoiler un teaser plus classique de 20 secondes, puis une bande-annonce standard. Plus loufoque, en télé, Adam Goldberg (2 Days in Paris, Il faut sauver le soldat Ryan) initiait, le 31 janvier, la diffusion d'une "micro-série", reconnaissable au hashtag #merrittxanadu44, avec une succession de vidéos mettant en scène sa femme Merritt, qui serait devenue folle après sa première utilisation de Vine. En musique, citons les Daft Punk, qui ont utilisé Vine pour dévoiler la tracklist de leur nouvel album, Random Access Memory.

Côté culinaire, out les éternelles photos des petits plats (qui ont, un temps, envahi Instagram), Vine montre comment vous les préparez. Côté culture LOL, un site comme Vinecats.com compile exclusivement des clips de lolcats, déjà stars d'antan sur Tumblr et les GIF animés. Pour ces petits chats, Vine a rapidement engendré ses propres hashtags.

"Journalisme citoyen"

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Mais des nouveaux usages (presque) journalistiques émergent autour de Vine. Certains médias se dotent de leur propre page Vine : en janvier, NBC a inauguré cette pratique en publiant sur sa page Vine des images d’un dauphin coincé dans le Gowanus Canal à New York. De même, le mensuel américain Rolling Stone avait suscité la curiosité sur Vine autour de sa prochaine Une de mars.

Autre usage qui a émergé, lors des attentats de Boston : la vidéo produite avec Vine qui a alors généré le plus de vues a été diffusée non pas par un témoin du drame présent sur place, mais par un certain Doug Lorman, qui filmait sur son téléviseur, avec son smartphone, un reportage de NBC. C’est en réalisant, dans les minutes qui ont suivi, qu’aucune chaîne d’info ne reprenait les images du reportage qu’il a eu le réflexe de les diffuser lui-même sur Twitter. Moins d’une heure plus tard, la vidéo avait été partagée plus de 15 000 fois et regardée par plus de 35 000 personnes.

Ensuite, d'autres vidéos vont circuler, notamment sur le Boston Globe, le format très court de Vine les rendant d'autant plus impressionnantes, marquantes, mémorisables. D'autant que ce qui est nouveau avec Vine, c’est la facilité avec laquelle tout citoyen peut immédiatement retransmettre un événement filmé, sans être CNN ou une autre chaîne d’info en direct. On avait déjà vu cela avec Twitter, mais là, un nouveau "journalisme citoyen" (rappelez-vous, l'expression était en vogue il y a une dizaine d'années...) a émergé : sans même être sur place, Lorman a partagé en direct son "montage", au moment où sur place, quelques premières personnes commençaient tout juste à poster sur Twitter des photos de l’événement. Vine n'est plus là un simple outil LOL.

mardi 11 décembre 2012

Twitter / Instagram / Google: la guerre photo est déclarée

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La photo, l'image, se place décidément à l'épicentre des médias sociaux. J'en parlais plus tôt dans l'année, le rachat d'Instagram par Facebook pour 1 milliard de dollars l'illustrait, tout comme le lancement par Facebook de sa propre app mobile photo. Car l'utilisation de la photo est devenue centrale dans les usages des mobinautes - apprentis photographes: encore un sondage CNIL/ TNS Sofres publié mercredi 12 décembre le montre: 58% des mobinautes sondés publient des photos sur Internet pour les partager avec d’autres, et même 86% des 18-24 ans.

Même les constructeurs IT l'ont compris, à voir la bataille acharnée que livrent Apple et Samsung, prêts à s'allier pour racheter les nombreux brevets photo de Kodak, en train de dépérir... Maintenant, la guerre se déplace entre médias sociaux, qui ont bien compris que les fonctionnalités photo + mobile deviennent centrales.

Filtres photo Twitter...

C'est officiel depuis ce lundi soir, Twitter se lance à son tour dans la course aux filtres photo : de facto, il a lancé les siens avec deux mises à jour gratuites de ses apps sur Android et iOS. Au menu, huit filtres (du délicieux vintage couleur sepia au classique noir et blanc), que lui fournit l'entreprise Aviary, laquelle avait déjà un partenariat avec Flickr. L'utilisateur a pour l'instant juste accès à des fonctions d'édition basiques (recadrage, contrastes, etc), à l'inverse d'Instagram. Par ailleurs, ces fonctions de filtres ne semblent applicables que sur les clichés pris directement via Twitter.

La rumeur courait, relayée par AllThingsD, d'autant qu'il y a quelques jours, un des co-fondateurs de Twitter, Jack Dorsey, publiait des clichés persos avec un filtre noir et blanc.

C'est en tous cas une nouvelle bataille dans la guerre des images que se livrent les médis sociaux. Il y avait déjà eu un indice il y a quelques jours : la rumeur courait que les photos provenant d' Instagram, publiées sur sur Twitter, y étaient coupées, voire floutées. Instagram ayant décidé de couper les ponts avec Twitter. Histoire de doper son audience

... Réseau social Instagram

Car Instagram est, désormais, à la fois outil de publication et d'édition de photos (avec ses fameux filtres), et réseau social. Au passage, il annonçait hier sur son blog de nouvelles fonctionnalités photo: nouvelle ergonomie de sa fonctionnalité de caméra, nouveau filtre, "Willow", enregistrement des photos dans iOS dans un dossier Instagram...

Fort de ses 120 millions d'utilisateurs, disponible sur Android et l’App Store, il est aussi accessible, depuis peu, sur le web. Les utilisateurs d'Instagram peuvent y créer un profil comme sur Facebook, avec une bannière, une biographie, des followers, etc. Comme Twitter. Oups.

Plus question, pour Instagram, de rediriger son audience vers Twitter. "Il y a quelques mois, nous avions accepté les cartes Twitter parce que notre présence sur le web était minime", expliquait la semaine dernière Kevin Systrom, cofondateur d'Instagram, lors des conférences LeWeb, organisées aux Docks d'Aubervilliers. Ces cartes Twitter permettent à des contenus(images, etc) d’être inclus dans les tweets, et de ne pas être redirigés vers d’autres sites ou applications. "Nous avons fait évoluer notre plateforme afin que les utilisateurs puissent directement réagir à des contenus Instagram via des ‘like’, des commentaires et des mots-clés. Désormais, la meilleure chose pour nous est de tout rediriger directement vers le site Instagram". Ça a le mérite d'être clair.

Son propriétaire, Facebook, espère ainsi concurrencer des plateformes à succès, telle la plateforme de microblogging Tumblr. Alsro que l'on voit émerger des communautés de fans de culture, qui partagent leurs photos d'événements culturels... sur Instagram. Il y a 15 jours, lors des Rencontres du wsebjournalisme à Metz, Nicolas Loublet, fondateur de Knowtex, nous racontait ainsi l'essor des "communautés créatives", constituées de "museogeeks", dont certains effectuent carrément des livetweets d’expositions. Ce qu'ont repéré certains musées, tel le Musée du Quai Branly, qui va jusqu'à organiser des événements pour ces Instagramers...

Google n’est pas en reste dans cette bataille. Il a racheté en septembre la société Nik Software, à l'origine du service d'application photo pour mobile, Snapseed, disponible elle aussi sur l’App Store. Google l'a rendue, il y a peu, gratuite sur Android et sur l'Apple Store. Snapseed était jusque-là vendu pour 4,99$ sur l'App Store. Fort de Goole+, Google compte bien faire de Snapseed son propre Instagram en l'intégrant davantage à son réseau social. Avec notamment l'ouverture de son nouveau service sur Google+, Google+ Communities, qui comporte des thématiques verticales (photo, people, et bien sûr marques).

Màj 13/12 : Dernier-venu dans cette bataille, Flickr, filiale de Yahoo!, à son tour à l'assaut, avec son application pour iOS qui passe en version 2.0... et comporte, elle aussi des filtres photographiques (carrément 16), d'après ZDNet. Ces photos "améliorées" pourront être partagées sur Twitter, ou géolocalisées via Foursquare. A la clé aussi, un nouveau système de téléchargement de photos, de nouveaux modes d’affichage et la possibilité de rajouter des informations à propos de chaque photo (type d’objectif, réglages, éclairage, etc).

mercredi 7 novembre 2012

Twitter / Barack: les médias traditionnels dépassés

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Très exactement 327 453 tweets liés à l'élection présidentielle par minute, a décompté Twitter, lors de l'annonce de la victoire de Barack Obama, à 23h19 (5h19 à Paris). Un record. Le réseau social avait précisé, avant même l'annonce des résultats, que la présidentielle était devenue dans la soirée l'événement politique le plus tweeté de l'histoire américaine.

Et, fait sans précédent, c'est directement sur Twitter et sur Facebook que le président des Etats-Unis a annoncé sa réélection, en postant cette simple photo où il enlace sa femme, intitulée "Four more years". Et non plus sur une tribune, dans une déclaration diffusée par les chaînes de télé. Preuve que les médias sociaux se sont imposés comme les médias de l'immédiateté, et même de l'instantanéité, devant la télévision et la radio.

Un tweet qui restera probablement dans l'histoire, envoyé par Obama avant même de monter sur scène pour son discours, et bien avant de prononcer son premier discours.

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Quelques minutes auparavant, Obama indiquait déjà "This happened because of you. Thank you.", puis signait lui-même, de ses initiales, un deuxième tweet: "We're all in this together. That's how we campaigned, and that's who we are. Thank you. -bo (Nous sommes tous ensemble. C'est comme ça que nous avons fait campagne et c'est ce que nous sommes. Merci)".

La photo date du 17 août 2012, et a été prise lors d'un meeting dans dans le village d'East Davenport (Iowa). Pas grave, elle incarne à la perfection cette émotion par l'image (avec un pathos très américain) que le président veut faire passer. Son tweet de réélection aura été retweeté à près de 460 000 reprises - un record, qui en fait le "tweet" le plus populaire de tous les temps (pour l'instant !) d’après Buzzfeed, un site américain spécialisé. Barack Obama prend ainsi la place d’un message du chanteur Justin Bieber. En tout, plus de 31 millions de tweets concernant l’élection ont été postés. De même, sur Facebook, quelques heures après le post du président, plus de deux millions de personnes l'avaient "liké", en faisant la photo la plus aimée de l'histoire selon Facebook.

Il est vrai que déjà en 2008, la couverture médiatique de la campagne qui vit l’ascension de Barack Obama fut déjà marquée par l’avènement des réseaux sociaux, notamment Twitter, alors jeume média social à peine connu en France. Quatre ans plus tard, il s'est imposé au fil de la campagne, comme caisse de résonnance pour les partisans républicains et démocrates, notamment lors des trois débats télévisés entre les deux rivaux.

Mobilisation sur Reddit, appels à retweets

Les réseaux sociaux seraient-ils en train de supplanter les médias traditionnels comme relais ? Quelques jours auparavant, mardi après-midi, Barack Obama avait choisi le site Internet Reddit, réseau social très en vogue aux États-Unis, pour mobiliser les jeunes pour voter. Et il a appelé ses supporteurs tout au long de la soirée à se mobiliser - sur Twitter, les enjoignant à appeler leurs amis résidant dans des États clés (les fameux swing states) à retweeter son message s’ils font "partie de la @TeamObama".

Voire. Evidemment, les partisans républicains étaient également très actifs sur Twitter. Pourtant, les tendances sur le média social préfiguraient déjà de la victoire de Barack Obama avant même la fermeture des bureaux de vote. Sur les plus de 7 millions de tweets liés à l’élection que Twitter a comptabilisés mardi en milieu d’après-midi, 40 % évoquent Barack Obama, contre seulement 24 % pour Mitt Romney, relevait l'AFP. L’indexation mise en place par Twitter pour jauger la tonalité des messages donne 71 % de tweets positifs au président sortant depuis l’ouverture des bureaux de vote, contre 59 % pour le républicain Mitt Rowney.

Twitter, premier relais pour féliciter Barack Obama

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Forme de mise en abyme, même pour les traditionnelles et très officielles félicitations au président réélu, plusieurs personnalités politiques ont choisir eux aussi Twitter comme premier relais. Et par la même occasion, plusieurs se permettaient d'emprunter un ton très décontracté, bien plus que dans un classique communiqué compassé.

"Congratulations !", écrivait simplement e premier ministre russe Dmitri Medvedev sur son compte. "Chaleureuses félicitations à mon ami @BarackObama. Impatient de continuer à travailler ensemble", tweetait, très à l'aise, mercredi matin le premier ministre britannique David Cameron. "Heureux de l’élection du président Obama", écrivait en néerlandais puis en français le président du Conseil de l’Union européenne Herman Van Rompuy. Même le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, s'est fendu de "chaleureuses félicitations" au président Obama via Twitter.

lundi 23 avril 2012

Radio Londres, ou l'impertinence de Twitter face à la loi

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Le Schtoumpf Bleu, le Fouquet's, Flamby, la Hongrie versus les Pays-Bas, le printemps Vert, le bleu marine... On se doutait que, inévitablement, des estimations du premier tour des élections présidentielles fuiteraient sur Internet et les réseaux sociaux avant le délai fatidique de 20 heures. C'est surtout sur Twitter que les internautes ont rivalisé d'inventivité, dès vendredi, pour contourner la loi. Certains "twittos" ont pris l'initiative de lancer un vocabulaire et des métaphores dédiées, et même un hashtag spécifique, #RadioLondres, au délicieux goût d'impertinence et de résistance ("Ici Londres. Les Français parlent aux Français"...). Et aussi, certes, une certaine manie de l'entre-soi dans Twitterland, avec "ce côté très énervant 'nous on sait avant les autres'", me soulignait à juste titre Emmanuel Tellier hier matin sur Twitter.

Ce qui s'est confirmé dans la journée de dimanche, où RadioLondres était certes en tête des trending topics sur Paris... Mais nullement en France (merci @krstv pour cette très bonne info), ce qui reflétait le décalage évident entre les préoccupations des élites twittos parisiens... et des autres utilisateurs de Twitter en France en ce jour d'élections.

Une manière aussi de signifier par le jeu l'archaïsme du CSA - ie l'interdiction pour tout média de mentionner avant 20 heures toute estimation après la fermeture des premiers bureaux à 18 heures, sous peine d'une amende de 75 000 euros, conformément à la loi de 1977. Une loi qui s'appliuque aussi - et c'est là la nouveauté - aux quelques millions de citoyens-internautes ((25 millions de Français inscrits sur Facebook, 5 millions sur Twitter) désormais habitués à partager en temps réel des infos sur les media sociaux. Ce qui a fait débat dès jeudi, au point que la Commission des sondages a dû organiser précipitamment, dès vendredi, une conférence de presse pour sonner le rappel à l'ordre, aussi destiné aux instituts de sondage.

Web & réseaux sociaux 1 - TV 0

Dès vendredi donc, des twittos ont organisé la riposte: je ne vais pas épiloguer sur cela, c'est déjà très bien résumé entre autres dans ce billet et cet article. Mais au long de ce dimanche après-midi, une évidence s'est imposée: le décalage entre le Web et la télévision, avec une multitude d'informations sur le Web, notamment - comme redouté par la Commission des sondages - des informations et premiers résultats de sondages publiés sur des sites étrangers (dont Rtbf.be, surchargé une partie de l'après-midi) et Twitter, où les twittos jouaient à #RadioLondres, tandis que les chaînes de télévision en ont été réduites à meubler jusque l'heure fatidique, 20 heures... D'ailleurs, faute de mieux, vers 18 heures, la radio Nova s'y met aussi et nous annonce, citant Twitter (joli paravent...) un "sirop de fraises qui recouvre la coupe bleue"...

Embargo explosé

La question sur Twitter était: qui allait craquer ? Un old media allait-il lâcher les premières estimations avant 20 heures ? Dans un édito publié deux jours avant, Libération avait donné rendez-vous à ses lecteurs à 18h30 sur son site. Las, trop risqué... Nicolas Demorand expliquait dimanche après-midi pourquoi Libé y renonçait finalement.

A 18h46, craquage en direct: l'AFP balance les résultats du premier tour de "sources concordantes" - uniquement à son fil d'abonnés, en les intimant de ne pas les divulguer auprès du grand public. Ou comment jouer sur le fil rouge... Et exploser la loi non-écrite de l'embargo. Aussitôt après la RTBF publie la dépêche presque in extenso sur son site. Contrefeu de l'AFP suite aux résultats partiels (premières estimations, résultats partiels des DOM-TOM...) publiés par des sites étrangers (comme la radio-télé francophone publique (RTBF), le journal Le Soir, la radio-télévision suisse (RTS), le site 20minutes.ch, ou Radio Canada) ? Coup de pression face à ce qui fuitait sur Twitter ?... Elle se justifie en ce sens sur sa page Facebook. Au passage, dans un papier du JDD de ce dimanche 22 avril, signé Camille Neveux, on apprend que "Dans une note diffusée à ses clients, l'AFP a indiqué qu'elle 'mettrait à disposition les informations dont elle dispose' dans le cas où un média, en France ou à l'étranger, 'briserait ce qui s'apparente à un embargo'". Depuis, une enquête ouverte par le Parquet sur la publication des résultats avant l'heure, par ces media étrangers et par l'AFP.

A 20 heures, ouf, les old media peuvent enfin donner les premières estimations à l'antenne. Plus tard dans la soirée, vers 23 heures, David Pujadas lâche sur le plateau de France 2 "Bon sur Twitter, y'a rien eu de transcendant finalement". Mais bien sûr...

mercredi 18 avril 2012

Bulle "sociale": media sociaux, mobiles, communauté d'utilisateurs, (sur)valorisation

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Cela ne vous aura pas échappé: le 9 avril, Instagram, start-up de 14 salariés, connue pour son application mobile qui permet de partager sur Twitter et Facebook des photos vintage style Polaroïd, a été rachetée par Facebook pour quelque 1 milliard de dollars - son fondateur, Kevin Systrom, en voulait même le double, 2 milliards. Elle avait effectué quelques jours avant une levée de fonds de 50 millions de dollars qui débouchait sur une valorisation boursière de 500 millions de dollars.

Spectre d'une nouvelle bulle de la "neteconomie" version 2012, 12 ans après la première, folie autour de ces boîtes gonflées artificiellement par des survalorisations boursières... Et volonté pour Facebook de s'ancrer davantage dans l'image, la photo, en acquérant ce service simple, et surtout dans l'univers mobile - puisque c'est désormais là que tout se passe. Je ne vais pas entrer dans les détails de ce rachat, déjà commenté ici et - et qui fait l'objet d'une analyse (par ma pomme) dans Stratégies en kiosques demain.

Mais ce fait est le dernier révélateur de plusieurs mouvements de fond que l'on observe dans ce nouvel écosystème de startups "sociales" - souvent des médias sociaux, avec des fonctions de création et de partage de contenus autour de "cercles" d'amis, où les pépites sont désormais non plus simplement le nombre de visiteurs uniques ou d'acheteurs, mais le nombre d'utilisateurs - et donc la puissance de leur communauté d'internautes abonnés.

Aujourd'hui, les stars médiatiques sont ainsi Zynga (éditeur de "jeux sociaux" qui cartonnent sur Facebook, tel Farville) , Pinterest (qui permet de "pinter" ses jolies images sur son tableau virtuel, comme j'en parle dans ce papier), Twitter (le site de microblogging bien connu...), Tumblr (autre plateforme de microblogging), Klout (outil d'analyse des media sociaux, censé délivrer le "degré d'influence" des internautes), Path (réseau social limité à 150 amis, uniquement sur téléphones mobiles), Pair (un réseau social pour vous et votre moitié ;), Foursquare (où l'on se géolocalise, de préférence depuis son mobile) et autres Storify (l'outil de "curation")...

On voit aussi apparaître de plus en plus de micro-réseaux sociaux, de niches, tels Path, FamilyLeaf, et Pair.

Levées de fonds records et (sur)valorisations

Mais ce qui est nouveau est que nombre de ces start-ups ont, ces derniers jours, souvent levé des fonds qui donnent le tournis - un nouvel indicateur de valorisation ? Ce qui s'est accompagné pour plusieurs d'entre elles d'une (sur?)valorisation boursière surprenante - d'autant plus pour celles valorisées de manière "grise", alors qu'elles ne sont même pas (encore) cotées en Bourse ! L'an dernier, Tumblr levait 85 millions de dollars. Ces derniers jours, Path a ainsi levé 40 millions de dollars, l'appli "talkie walkie" Voxer 30 millions de dollars.

Mercredi, Le Figaro reprenait ainsi une information de l'agence Bloomberg, selon laquelle Zynga, après avoir acquis 23 sociétés pour 350 millions de dollars en 2 ans, Zynga dispose de 1,8 milliard pour des achats d'autres sociétés. La valorisation boursière est à l'avenant: 200 millions de dollars pour Pinterest et pour Klout, 250 millions pour Path, 8 milliards pour Zynga, près de 10 milliards pour Twitter et Linkedin… sans compter Facebook lui-même, qui devrait être valorisé 100 milliards de dollars sur le Nasdaq lors de son introduction courant mai. Et l'on apprenait ce soir que Square, lancée par Jack Dorsey, fondateur de Twitter, s'apprêtait à atteindre une valorisation de 4 milliards de dollars.

Meta - réseaux sociaux

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Autre fait, plusieurs ont été rachetées par les media sociaux"leaders", à tel point qu'un nouvel écosystème est en train de se façonner, où plusieurs meta-réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Groupon...) se dotent ainsi de services supplémentaires. Dans ce nouvel écosystème "social", on distingue les petits réseaux sociaux, destinés à un cercle limité, les méta-réseaux sociaux, tels que Facebook et Linkedin, et les plateformes de géolocalisation mobile. Le cas d'Instagram est bien sûr emblématique. Ce mercredi, Twitter révélait l'acquisition du service de social media analytics Hotspots.io.

Quelques jours avant, Facebook s'offrait la start-up US Tagtile, qui a développé un système de fidélisation client sur mobile (elle permet de réunir dans un même espace les coupons de réductions et promotions après avoir effectué une visite ou un achat en ligne), compatible avec la norme NFC (on se souvient de l'échec, l'an dernier, du service Facebook Places), et Groupon acquérait l'app de recommandation "sociale" Ditto.me, qui édite depuis mars 2011 une application mobile de recommandation sociale de lieux et d'activités.

lundi 13 juin 2011

L'"écriture" Twitter, nouvelle source d'inspiration pour la presse écrite

Tweets-chroniques, tweets du jour (ou de la semaine / du mois, au choix), et même tweet-interview.. C'est incroyable à quel point Twitter est devenu une source d'inspiration pour la presse écrite depuis quelques semaines. Bon bien sûr il y a eu une floraison d'articles pratiques ("On vous donne les clés" sur Europe1.fr, "Mode d'emploi - Le tweet c'est chic" dans Elle il y a 15 jours...) sur ce formidaaable outil qu'est Twitter, plateforme de micro-blogging qu'ont découvert nombre de journalistes lors de l'affaire DSK, qui a consacré Twitter comme canal d'information immédiate. Ou à propos de son impact sur les pratiques journalistiques.

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Mais aussi, des formats de rubriques commencent à fleurir dans la presse écrite, qui s'imprègne inévitablement des pratiques issues du Web. Gadgets éditoriaux (ou de maquette) ou simple tendance de la presse écrite à s'approprier un des phénomènes de mode web du moment ?

Il y a quelques semaines, j'ai tilté en découvrant le "tweet du jour" en der des Echos, où sont aussi présentés quelques papiers et billets à lire sur son site Web. Ou comment résumer en un tweet une actu qui a fait du bruit sur la Twittosphère. La démarche a du sens: c'est à l'occasion du reliftage de la maquette du quotidien qu'a été créée cette mini-rubrique. Sur cette dernière page, très lue (avec notamment un Crible éco et un portrait brossé chaque jour), "je me suis dit qu'on ne pouvait pas seulement mettre en avant l'actu du site, comme c'était déjà le cas avant, mais aussi ce qui se passait sur Internet. Après tout on fait bien une revue de presse étrangère, pourquoi pas le web, les blogs, etc?). Bref j'y ai mis une info par jour sur un bon sujet repéré ailleurs et j'ai cherché un autre type d'info, + originale, d'où cette idée d'un tweet sélectionné chaque jour", m'explique François Bourboulon, rédacteur en chef des Echos.fr.

Des reprises de tweets qui alternent annonces, infos factuelles et petites phrases très Lol, émis alternativement par des twittos pas ou peu connus et des "people" de la Twittosphère ou du Web (bon, j'aurais tendance à voir une certaine surreprésentation de ces derniers ;). Avec pour principe de retenir "des tweets se suffisant à eux-mêmes, c'est à dire ne nécessitant pas de cliquer sur un lien pour les comprendre (sur le print, ce serait un peu compliqué)", explique François Bourboulon. Extraits: "La mort de Ben Laden a généré 1.694.000 réactions en ligne contre 1.203000 pour le #RoyalWedding" (@Kriisiis, 6 mai 2011), "#frenchrevolution à la Bastille : 60 manifestants selon la police, 1.000 tweets selon les organisateurs" (@pascalriche, 26 mai), "The British Goverment want us to move LeWeb to London next year for the Olympics should we do it ?" (@loic, 8 juin), "Plus fort que le tweetclash : pour gagner 250 followers en 24h, change de travail" (@ronez, 9 juin - on apprenait alors sur Twitter son passage de Arte.tv à Radio France)...

De fil en aiguille, via un hashtag dédié, #tweetdujour, la rubrique a pris vie sur Internet, étant relayée par la community manager des Echos sur Twitter, et même, depuis début mai, sur le site des Echos via un blog dédié, qui les répertorie. " Le + sympa, c'est quand le twitto scanne la rubrique du print et rebalance l'image dans Twitter", pour François Bourboulon. La boucle est bouclée...

Un peu dans le même genre, à l'occasion de sa nouvelle formule, L'Express s'est aussi offert un "Tweet express" (avec heure et date précises) en bas de sa page d'indiscrets médias gérée par Renaud Revel. Donc là, on publie sur papier un tweet maison chaque semaine.

Tweet-chronique chez "Be", tweet-interview chez "CB News"

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Repéré via @vincentglad

Twitter, c'est branché. Pour tenter d'"en être" à sa manière, l'hebdo féminin Be (que l'on apprécie ou pas - vous connaissez mon point de vue depuis ce billet ;) a lancé récemment une nouvelle rubrique sur une demi-page, sobrement intitulée "Les 10 tweets de la semaine - Le best-of de notre chroniqueur 2.0 en 140 caractères". De fait, chaque semaine, le féminin publie une sélection de tweets (et le "twitpic hebdo" - photo prise chaque semaine avec un people) de Mouloud Achour @mouloudachour), chroniqueur comique qui officie par ailleurs chaque soir dans "Le Grand Journal" de Canal + (interviews résolument Lol, parfois drôles). Pratique: on connaissait les chroniques tenues dans la presse mag par des journalistes ou people de la télé... Ledit titre s'offrant ainsi une signature connue. Là, on voit apparaître le concept de chronique-express qui ne nécessite même pas un travail éditorial : Mouloud Achour a juste à reprendre certains de ses tweets pour en faire une "chronique" papier. CQFD.

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Et comme Twitter c'est décidément très in, on a même vu apparaître la première... Tweet-interview, dans la nouvelle formule de CB News (désormais publié sous forme de mensuel), avec pour invité - original et inattendu sur ces sujets ;) - Loïc Le Meur."Les meilleures réponses sont les plus courtes", résume le chapô de cette interveiw un peu particulière. Le concept: 15 questions et des réponses qui tiennent en 140 signes. Résultat: une interview un peu zapping qui balaie tour à tour Seesmic, le Web '11, Hadopi, l'antienne des "blogueurs influents", la vie à LA...

dimanche 22 mai 2011

Le buzz du Web (LCI) - L'affaire DSK & le Web, Twitter, entre hyper-réactivité et approximations

Eh oui, cela ne vous aura pas échappé, le traitement par les médias de l'affaire DSK (et notamment le rôle de Twitter, comme relais d'information immédiate, parfois repris par les médias audiovisuels, dont j'ai parlé dans ce billet, notamment lors des audiences, a fait débat dans le microcosme journalistique. Autant sur le traitement de l'info, les erreurs et détournements observés, que la nouvelle notoriété de Twitter... Benoît Gallerey de LCI a eu la gentillesse de m'inviter pour en débattre vendredi après-midi avec Aude Baron (Le Plus du Nouvel Obs) et Christophe Carron (Voici.fr). Enjoy !

lundi 16 mai 2011

Affaire DSK : Twitter 1 - TV 0, immédiateté, émotion, approximations

Un fait presque sans précédent. Ces dernières 36 heures, Twitter a supplanté les dépêches, la radio et la TV, traditionnels relais d'info immédiate. Dès dimanche au petit matin, l'info a fait l'effet d'une bourrasque: Dominique Strass-Kahn, président du FMI, un des potentiels présidentiables socialistes les plus prometteurs, venait d'être arrêté pour agression sexuelle dans un hôtel à New York. Une information dévoilée presque en temps réel sur Twitter, à peine DSK interpellé à bord de son avion Air France en partance pour Paris.

Viralité de l'information

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Le tweet qui a agité la tweetosphère (et les noctambules français) dès la nuit de samedi à dimanche, c'est Jonathan Pinet qui l'a lâché. Ce qui n'a pas manqué de susciter, dès lors, des rumeurs de manipulation : le jeune Franco-Canadien, étudiant à Sciences Po, est par ailleurs militant aux Jeunesses Populaires. Voire: prévenu par un ami new-yorkais, il publiait ce tweet à peine une heure après l’arrestation.

Mais clairement, Twitter s'est imposé comme un outil de veille et de viralité. Il permet à tout un chacun - journaliste ou pas - de publier l'info du jour en temps réel, sans filtre, et ce avant même les plus grands médias. En quelques minutes, en une poignée d'heures, tout le monde était au courant sur Twitter et Facebook, sur la Toile, avant que les chaînes de télé et les radios ne s'emparent à leur tour du sujet. Avec l'immédiateté de l'enchaînement, la vitesse de la chute de DSK n'en paraît que plus vertigineuse.

Une viralité hors-médias, qui déplaît à certains de la garde rapprochée de DSK. Dimanche soir, missionné par les conseillers de DSK à Euro RSCG au 20 heures de France 2, Jean-Marie Le Guen, un des plus proches de DSK, ne peut s'empêcher de lâcher : "il se passe de choses parfois un peu bizarres sur le web"... Raccourci anti-Web qui pourrait sembler délicieusement suranné dans un autre contexte.

Effet à double tranchant

Un outil d’information, et aussi le lieu de débats, tout comme Facebook, au sujet des rumeurs de manipulation… Durant 24 heures, Twitter, tout comme Facebook, a été le relais en temps réel des multiples informations publiées par les médias - la presse US surtout. Classique.

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Mais ce lundi après-midi, on a franchi un cap supplémentaire. DSK est convoqué devant le juge, les caméras sont interdites d'entrée - dans un premier temps - à l'audience. Qu'à cela ne tienne, une poignée de journalistes vont tweeter en direct l'audience. @valeria_e crée illico une liste Twitter avec quelques-uns des journalistes twittos : JP Balasse (@balasseNY), correspondant d'Europe 1 aux Etats-Unis, Yannick Olland de RMC, Emmanuel Duteil (@EDUTEILBFMRADIO), correspondant de BFM Radio, Jon Swaine -@jonswaine), correspondant du Daily Telegraph, Stéphane Jourdain de l'AFP (@daftkurt)... Le live-tweet, une source première et unique pour suivre le procès. Tweets de 140 signes, souvent factuels, parfois touchants, entre arguments du procureur et de l'avocat, brèves descriptions d'un Dominique Strauss-Kahn complètement défait. Jusqu'au verdict : refus du procureur de la libération sous caution de DSK pour 1 million de dollars, placé en détention préventive jusqu'au 20 mai.

Sur les chaînes de télé, Twitter devient une source par défaut pour relater la tenue du procès fermé aux caméras. Et devance les bonnes vieilles dépêches. Des tweets sont cités comme source par les chaînes d'information continue : sur iTélé, le présentateur évoque le "dernier tweet qui nous parvient..." . Au prix d'approximations, tel ce journaliste de France 24 qui source "selon Twitter"... sans donner le nom de l'auteur dudit tweet, pointe alors @gillesbruno.

De 20minutes.fr à France24, en passant par LeMonde.fr, Les sites d'information relaient abondamment le procès historique en recourant au live-tweet, un format journalistique dans l'air du temps, adapté à la couverture de ces actus chaudes, comme j'en parlais dans ce billet.

Une trentaine de minutes plus tard, une fois l'audience achevée, iTélé rediffuse les images en différé. Images en plans serrés, voyeuristes, gros plans sur le visage de DSK anéanti. Autre étape après les images de lundi matin montrant DSK sortant du commissariat de Harlem, où il avait été inculpé pour tentative de viol. Une crucifixion médiatique en temps réel, diffusée par la plupart des chaînes d'info du monde. J'apprendrai quelques minutes plus tard par un twittos, @diabymohamed, que la chaîne populaire ABC est la seule autorisée à tenir une caméra dans la salle d'audience - image rediffusée ensuite par les autres chaînes d'infos.

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La viralité et l'immédiateté de l'info telle que diffusée sur Twitter entraîne les autres médias dans son sillage. Source d'infos pour iTélé, qui, lundi après-midi, reprend illico presto un tweet présenté comme issu du compte de @Tristane_Banon , une jeune journaliste et auteure qui prétend avoir été agressée sexuellement par DSK en 2002, et avait jusque là refusé de porter plainte, dont Agoravox a opportunément ressorti l'extrait d'une émission enregistrée en 2007 avec Thierry Ardisson. Un compte Twitter authentifié par personne... mais quand même cité en direct à l'antenne, relève alors sur Twitter le journaliste Vincent Glad. Pendant plusieurs minutes, la chaîne diffuse un bandeau indiquant que l'écrivaine et journaliste a déposé une plainte contre DSK, comme le relate ensuite Arrêtsurimages.net. Quelques minutes après, plusieurs journalistes sur Twiter, puis LeMonde.fr, démontreront qu'il s'agit d'un fake, Tristane Banon n'ayant pas de compte Twitter, précise alors son avocat.

Donc les tweets ont supplanté les dépêches ce lundi soir, sous nos yeux.

Mise à jour jeudi 19 mai : évidemment je suis loin d'être la seule à avoir écrit sur ce sujet... Allez butiner chez mes confrères: la métarédaction web à l'ouvrage chez Sébastien Bailly, Erwan Gaucher qui se demande si les médias ont basculé, Benoît Raphael si Twitter est un "nouveau média historique ?", "le bruit et la fureur documentaire" chez Olivier Ertzscheid, ou encore le décryptage de la mécanique du live sur Twitter chez Laurent Dupin.

dimanche 1 mai 2011

Ben Laden & Twitter; Netflix HBO du Web; Storify; Beastie Boys; Apple & datas; Filtrage dans les box...

Et hop une petite revue de liens au débotté (en français... et en anglais VO, eh oui, nouveauté de la semaine !), sélection de news, tweets et billets en médias, nouveaux médias et high-tech pour ces derniers jours...

  • Twitter was the very first (media ?) this morning to reveal the death of Ben Laden, before official sources - and Barack Obama... A story that Twitter Broke (Fast Company). Right from this monday morning, there was already an "Osama Bin Laden is Dead" Facebook page. 120,000 Likes and counting. And this paper, right from this morning, about the 'coulisses" of the death of Bin Laden (NYT).
  • L'Internet illimité c'est fini ? AT&T l'enterre aux US.. (Wired)
  • Portrait du futur HBO du Web ? J'en parle ici dans Stratégies (accès abonnés sorry) : non content d'avoir acquis les droits de Mad Men, Netflix se lancer à corps perdu dans la production de séries, d'après le Hollywood Reporter. A suivre !
  • Storify, opening this monday: Filtering the Social Web to Present News Items, according to the New York Time.
  • Du bon son - avant sa sortie le 4 mai, le nouvel album des Beastie Boys (so 90s... toute mon adolescence) en écoute intégrale chez les Inrocks.
  • Que se passera-t-il le jour où les ordinateurs seront plus intelligents que les humains ? (InternetActu.
  • Apple's Data Collection Practices - Europe is beginning its own investigations, according to the New York Times... But he's not alone, Android smartphones too are attempting to the privacy (Guardian).
  • Une de mes découvertes de Pâques - l'existence d'oeufs brandés. L'omniprésence des marques...
  • Nouvelle étape dans la sédition des blogueurs du Huffington Post: ils réclament leur part du gâteau (Les Inrocks). Notre enquête (accès abos) sur cette rébellion des blogueurs dans Stratégies.

samedi 29 janvier 2011

Anonymous; Science-fiction still relevant?; Malbouffe; Twitter Connections; Facebook Phone; Zélium; LCI Radio...

Eh oui, j'ai quelque peu délaissé me revue de liens hebdos ici dernièrement... Donc, petite moisson non exhaustive de liens récoltés sur le web, des blogs, Twitter et d'autres médias sociaux, à propos de ce qui a fait l'actu médias, tech, innovation, culture, people (eh oui, faut bien..). Et pour mémoire, vous pouvez me retrouver sur Twitter donc.

  • En pleine révolution tunisienne, alors que d'autres pays du croissant du Moyen-Orient commencent eux aussi à s'embraser, cette déclaration de principe des Anonymous, décrypté par le RWW, prend un certain sens. On a beaucoup parlé d'eux, alors que l'un de leurs membres (jeune crack techno âgé de 15 ans) vient d'être arrêté...
  • Le bouquin s'est déjà vendu à 30 000 exemplaires, et est en cours de réédition: le brûlot de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? (Stock), dont Les Inrocks a été l'un des premiers à évoquer, enquête et réquisitoire contre l'élevage industriel, cristallise sous les débats sur l'alimentation, l'environnement, la malbouffe, et pourrait tous nous faire virer veggies...
  • Suite à mon billet où je me demandais si la science-fiction est en voie de disparition (dont la reprise chez Owni a suscité une bonne dose de commentaires... et un joli débat), Wired se pose à son tour la question ("Is Science-Fiction still relevant ?"), relayant ainsi un programme de l'Australian Radio National et son émission Future Tense, dédiée à l'avenir de la SF. Ça tombe bien.
  • Une des grosses infos media sociaux de la semaine: Twitter lance "Connections", sa propre version de l'outil "Mutual Friends" de Facebook. Lequel Facebook suscite de nouveaux des frayeurs chez les défenseurs de la privacy, en lançant un nouveau service pour les annonceurs, qui leur permettra d'exploiter dans leurs pubs les "likes" et commentaires des membres de leurs fan pages.
  • Facebook encore, à l'origine d'un petit bubuzz côté produits: il aurait missionné HTC pour lancer un (deux ?) téléphone mobile "Facebook" lors du Mobile World Congress de Barcelone, qui se déroulera du 14 au 18 février.
  • Cela ne vous aura pas échappé, Orange s'invite au capital de Dailymotion, à hauteur de 49%, pour un montant de 58,8 millions d'euros. Et se veut désormais "agrégateur et diffuseur de contenus".
  • Good news côté médias: alors que Bakchich s'éteint, le premier numéro de Zélium, un mensuel satirique, sera lancé le 11 février et tiré à 70 000 exemplaires en France et Belgique sur 24 pages et dans un format identique à celui du Canard enchaîné.
  • RIP Daniel Vermeille, co-fondateur contesté, en tous cas un des premiers collaborateurs à Rock & Folk, journaliste spécialisé dans le rock californien et le punk, compagnon de route des Rolling Stones lors de l'enregistrement de leur mythique Exile on Main Streets en 1972... Il est parti cette semaine, SDF presque anonyme.
  • Plus d'1,7 million de pages vues pour la reprise très rock et un rien destroy de Smooth Criminal de Michael Jackson... au violoncelle. J'adore. Joli coup de pub pour Stjepan Hauser et Luka Sulic.
  • RIP la French Connection. LCI Radio va fermer ses portes, faute de fréquence radio décrochée par TF1. Contente d'avoir parfosi contribué à cette émission. La dernière, enregistrée vendredi dernier, c'est par ici.

mardi 21 décembre 2010

Porno+Kinect; identités; HTML5; Wikileaks chez Mediapart; Twitter sous licence CC; Foursquare; Freebox, rétro techno 2010...

Et hop, l'habituelle petite sélection rapide de liens hebdos en technologies, sciences, marketing, conso, médias, people etc.

  • Wikileaks suite - Pour la première fois, le Guardian Tech publie les accusations contre Julian Assange... tandis que Mediapart héberge à son tour un miroir de Wikileaks
  • Un outil pour mettre ses gazouillis Twitter sous licence Creative Commons
  • Delicious, incarnation du Web 2.0 de 2006 (j'en parlais d'ailleurs dans mon bouquin Tout sur le Web 2.0), racheté par Yahoo, serait à vendre
  • Freebox Revolution: j'en ai fait une analyse rapide là il y a quelques jours, la réplique de autres opérateurs ne s'est pas fait attendre, notamment chez SFR: cf ce papier (où l'on remarque que Berretta rompt le "off" initialement posé par la dir'com' de SFR...) et ce joli scoop chez Freenews

dimanche 14 novembre 2010

Taxation VoD; Strokes + Sofia coppola; Potiche; Facebook et droits d'auteur...

Une fois n'est pas coutume, ma sélection hebdo de liens liens d'articles, billets, photos... lus ailleurs, en innovation, marketing, médias et culture numérique, people.

  • Au JO du jour, le décret encadrant les services de médias audiovisuels à la demande (VoD, Catch-up TV). Une nouvelle taxe s'annonce donc, j'y reviendrai sûrement...
  • Médias: nouveaux modèles économiques et questions de déontologie : demandez le rapport , co-écrit par Philippe Couve (journaliste, ex-RFI) et Nicolas kayser-Bril (Owni), à quelques jours des Assises du journalisme de Strasbourg.
  • J'en parlais cette semaine, de même qu'elle a contribué à promouvoir de nouveaux formats (cassette VHS, DVD) à leurs débuts, l'industrie du porno pourrait bien populariser la 3D sur les écrans télé...
  • Pour le plaisir des yeux et des oreilles, ce très joli single des Strokes (où l'on reconnaît un de leurs premiers titres), à entendre dans le prochain film de Sofia Coppola.
  • Courez voir "Potiche" au cinéma, comédie grand public et tout à la fois satire sociale bien menée, 70s mais tellement dans l 'air du temps... D'ailleurs, Catherine Deneuve fait la couv' de ''Têtu'' ce mois-ci comme cougar (c'est pas moi qui le dit).

jeudi 11 novembre 2010

A qui appartient une photo sur Twitter ?

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Une femme sortie des décombres dans la capitale haïtienne © AFP/DANIEL MOREL

Le droit d'auteur s'applique-t-il aussi sur une photo postée sur un réseau social tel que Twitter, ou via l'outil de publication Twitpic ? Ou appartient-elle à l'éditeur de ces réseaux ? L'affaire avait fait grand bruit en début d'année, comme j'en parlais alors, l'AFP estimant alors Tous les Twitpics nous appartiennent, après avoir gentiment piqué à un photographe indépendant une photo qu'il avait postée via Twitpic.

Tout était parti de photos postées via Twitpic par Daniel Morel, un photojournaliste qui couvrait alors les manifestations suite au séisme d'Haïti. Un autre utilisateur de Twitter, Lisandro Suero, les a alors mises à disposition. L'AFP les a alors utilisées, et carrément revendues via l'agence Getty Images. Les photos ont été créditées AFP et Lisandro Suero par un certain nombre d'autres agences.

L'affaire a tourné à la bataille juridique. Après avoir écrit à l’AFP en réclamant ses droits, l’agence s’est retournée contre Daniel Morel, en dénonçant une diffamation commerciale et demandant une déclaration d'absence de contrefaçon.

Ce que vous postez sur Twitter ne vous appartient plus (pour l'AFP)

Pour l'AFP, en mettant à disposition des photos sur Twitter ou Twitpic, un photographe accorde de facto une licence à toute personne qui voudrait utiliser ces photos, comme le spécifierait une mise à jour récente du règlement de Twitter. En clair, pour l'AFP, ce que vous postez sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, ne vous appartiendrait plus. C’est la position que soutient en tous cas l’agence devant un tribunal du district sud de New York.Cela signifierait-il donc que toute photo postée sur Twitter serait automatiquement réutilisable par n'importe qui ?

ReadWriteWeb US vient de revenir sur l'affaire : les règles d'utilisations de Twitter spécifient certes qu'il peut partager des contenus avec ses partenaires... Ce que l'AFP tente de réinterpréter, comme si tout utilisateur de Twitter était un partenaire - pouvant donc réutiliser les photos.

L'AFP étrangère à l'univers des médias sociaux

Comme le souligne le RWW, en creux, cela révèle une méconnaissance profonde mauvaise compréhension par l'AFP de l'univers des médias sociaux. C'est dans l'esprit même des médias sociaux : si je retweete une photo d'un utilisateur de Twitter, c'est pour la partager - implicitement, sans exploitation commerciale par-derrière par un autre "Twittos" indélicat. Bien loin d'une entreprise de media qui doit gagner de l'argent, qui pioche une photo dans un écosystème, pour ensuite prétendre en être propriétaire, souligne le RWW.

Au passage, l'AFP vient tout juste - en novembre 2010 - de se doter de sa page Fan de sur Facebook, quelques semaines après avoir nommé un journaliste en charge du secteur des médias sociaux. CQFD.

dimanche 24 octobre 2010

Burger King, tutoriel Twitter, "XXI", Wikileaks chez Owni, hebdo érotique "Jasad"...

Une fois n'est pas coutume, mon butinage hebdo de liens sur la Toile : une revue de presse non-exhaustive autour de ce qui a fait l'actu techno / innovation / marketing & conso / médias cette semaine...

  • Le virtuel qui "s'ouvre dans le réel", avec par exemple la réalité augmentée sur les téléphones, la connexion et la géolocalisation en permanence, la puissance des réseaux sociaux, l'individu qui exprime sa personnalité "All about me"), la co-création.. Voilà les principales tendances de 2011 sur Internet qu'a dégagé l'agence de com' digitale Isobar.
  • Aller à Londres pour manger chez Burger King ? Si si, Eurostar a osé cet argumentaire publicitaire, alors que la Toile glosait sur le retour de Burger King en France...
  • Un tutoriel complet sur Twitter pour les pros : applications-clés, chiffres, usages en marketing, en recrutement... Dossier très complet chez FrenchWeb.fr.
  • Retour bienvenu chez @Couve sur la success-story de la revue trimestrielle XXI, revue exigeante qui mêle BD-reportage, photojournalisme et retour au journalisme de récit. Je m'y étais déjà intéressée il y a un an.
  • Boulets, vie de famille virtuelle, mise en scène du quotidien... Ce que Facebook a changé dans nos vies en dix points.
  • Dossier prospectif et optimiste bien intéressant chez Capital sur La France en 2020: pas d'accord sur tous leurs choix à propos des créateurs de start-ups prometteuses, à vous de vous faire votre opinion...
  • Ikea teste une forme de publicité innovante, des sortes de liens invisibles dans des vidéos YouTube: Owni a repris mon billet à ce sujet.
  • Allez lire ce portrait de Joumana Haddad écrivaine féministe et fondatrice de l'hebdo féminin et érotique Jasad, dont je parlais ici et .

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