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mercredi 27 mai 2015

A qui appartiennent vos photos sur Instagram ?

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Il y avait longtemps que je ne vous avais pas parlé photo ici... L'actualité qui m'a interpellée cette semaine est intéressante car, derrière le scandale arty un rien absurde, se mêlent des questions inédites d'usages autour d'un des réseaux sociaux les plus hype (Instagram), racheté en 2012 à prix d'or par Facebook, qui doit son succès à ses photos faussement vintage, le principe du droit d'auteur foulé aux pieds, la surenchère des prix, et même le vol. Et cette question de fond : les photos que vous partagez sur les réseaux sociaux vous appartiennent-elles vraiment ?

Cela a fait scandale il y a quelques jours, bien au-delà du petit milieu arty new-yorkais, et même de la bulle des réseaux sociaux. L'artiste américain Richard Prince a organisé une exposition de photographies, à la Gagosian Gallery de New York, qui s'est tenue de septembre à octobre 2014. Mais pas n'importe lesquelles : des photos qu'il avait sélectionnées sur Instagram, et dûment retouchées à sa sauce. Avant de les revendre, au prix fort. Imaginez : 38 clichés Instagram ont été présentés à la Gagosian Gallery, et se sont ainsi écoulés aux alentours de 100 000 $ pièce. Jolie flambée des prix.

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Il y a quelques jours, on apprenait ainsi qu'il avait vendu pour 90 000 dollars un portrait de femme, Doe Deere, créatrice d'une marque de cosmétiques. Laquelle a fait savoir la semaine dernière - sur Instagram - sa stupéfaction (on peut la comprendre) en voyant son portrait vendu pour cette somme plutôt coquette. Une photo qu'elle avait vue placardée sur les murs de la galerie, sans que l'artiste ne lui ait demandé au préalable son accord. Pour autant, elle n'a aucunement déposer plainte.

Au fil des clichés, on voit souvent des femmes dénudées. Pour attirer le chaland, l'artiste aussi avait sélectionné autant des photos de people (telle Kate Moss, Pamela Anderson), de personnes influentes, et d'illustres inconnus. Il glisse des commentaires volontiers grivois, et même carrément sexistes, comme l'a pointé Artnet.

La méthode de Richard Prince : sélectionner une photo dans le "feed" de son compte Instagram, l'agrémenter de ses commentaires (sa propre légende de ladite photo, en quelque sorte), faire une capture d'écran, et l'envoyer par mail à un assistant. Le document sera ensuite recadré, agrandi, pour un tirage de 1,20 m sur 1,65 m, puis imprimé en bonne définition avant d'être accroché au mur. Comme une oeuvre d'art ?

Flambée des prix, goût du scandale

Assurément, l'artiste américain a monté son "coup" avec un art assumé du scandale, et s'est offert un joli coup de com'. Et il foule gentiment des pieds le marché - de plus en plus juteux - de la vente de photos de collection. Dans les plus grandes maisons de ventes aux enchères, telles Sotheby's, les stars de la photo classique, tels Eugene Smith, Robert Capa, Marc Riboud, Sebastião Salgado, ou plus à la mode, un Richard Avedon, affichent des prix qui plafonnent à 10 000 $.

Mais Richard Prince soulève ainsi d'abyssales questions. Un tirage papier d'une photo dégotée sur le Net, est-ce une oeuvre d'art ? Est-ce un art reflet de son époque, une mise en abyme critique de ce site de partage de photos qui repose en partie sur le culte de l'ego à travers l'auto-portrait ? Est-ce du plagiat ? Des oeuvres détournées ? Et surtout, peut-on piocher à sa guise des photos d'inconnus sur les réseaux sociaux pour en faire oeuvre commerciale ?

Propriété intellectuelle

A qui appartiennent ces photos nouvelle génération ? Certes, elles sont mises à disposition de tous sur des réseaux sociaux, mais ne sont-elles pas protégés par le droit d'auteur ou le copyright ? In fine, les clichés que vous prenez et que vous partagez sur Instagram, ou même Facebook ou Twitter, vous appartiennent-ils ? Pas si sûr... Il y avait eu en 2010 (oui, il y a longtemps...) ce précédent, à propos d'une photo récupérée par l'AFP sur Twitter.

Il faut y voir aussi une remise en cause radicale et inédite de la propriété intellectuelle, dont témoigne le cas Doe Deere.

Encore plus sujet à caution, le fait qu'il fasse commerce de ces clichés Instagram. Par le simple fait qu'il les commente et les tire sur papier, ces clichés instagram deviennent-ils des oeuvres d'art ? Le malaise, le sentiment d'impudeur absolue et d'opportunisme tient aussi au fait qu'il vend ces "œuvres". Les 38 clichés Instagram qui ont été présentés à la Gagosian Gallery se sont ainsi arrachés pour des prix disproportionnés (le goût du scandale aurait-il créé une explosion des prix ?). Sans qu'un seul centime ne soit reversé aux auteurs de ces photos.

lundi 9 juin 2014

"Stop phubbing", nouvelle règle de vie sociale avec son smartphone

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Après la "nomophobie", le ''"phubbing"''. Alors que le téléphone portable, puis plus encore le smartphone, est devenu central dans nos vies ultra connectées, de nouveaux comportements apparaissent. Et un nouveau champ lexical pour les cerner. Logique. Commençons ce billet par une petite lapalissade : alors qu'au moins la moitié des Français possèdent un smartphone, celui-ci est devenu à la fois doudou, couteau suisse, objet transactionnel, et parfait passe-temps durant le moindre temps d'attente, d'ennui ou de pause.

Voici donc le phubbing, contraction de "snubbing" (ignorer, snober) et "phone" (téléphone). Le phubbing désigne ce nouveau type d'attitude crispant de tout quidam qui a un smartphone en main, qui consiste à ignorer (pas forcément sciemment) son interlocuteur, trop occupé à tapoter sur l'écran de son téléphone portable. Pour mettre à jour son statut Facebook poster un tweet, envoyer un SMS, quitte à vous lâcher un pauvre "Je dois envoyer ce mail urgent". Sans compter bien sûr, au resto, celui qui dégaine son iPhone devant son plat à portée de fourchette pour immortaliser le dîner tant attendu, prend sa photo, la aussitôt sur Instagram. Et en profite pour "checker" au passage les "likes" de son post précédent.

Le terme désigne donc un nouveau type de comportement "qui dénote une mauvaise éducation et un manque de respect", souligne à juste titre ce billet. D'ailleurs, le phubbing a son monument, immortalisé dans le bronze par le sculpteur Paul Day à la gare Saint-Pancras, à Londres. Et un site, Stopphubbing.com, est consacré à la lutte contre le phubbing : il a été créé par Alex Haugh, un Australien de 23 ans qui a lancé une véritable campagne : nulle technophobie de sa part, mais il y dénonce des comportements grossiers de prisonniers de la technologie. Une manière de créer et formaliser de nouvelles règles de vie sociale, de nouveaux comportements de politesse - à défaut de pouvoir effacer le smartphone de notre quotidien.

No phubbing, no Instagram

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Récemment, un ado me racontait une pratique en vogue chez les lycéens : au bistrot, chacun met ostensiblement son portable au centre de la table. Le premier qui craque paye la facture pour tous. Un jeu autant qu'une nouvelle règle de vie sociale : la trêve des tweets et SMS le temps de partager un verre IRL..

D’ailleurs, la marque de bières Guinness a su rebondir sur le phénomène, en fournissant cette affiche publicitaire aux patrons d’établissements publics, qui annonce : "Profitez de manière responsable. Éteignez vos portables, s’il vous plaît".

Toujours dans ces nouvelles règles de politesse - instants de déconnexion imposés donc - certains restaurateurs, tel le chef étoilé étoilé Alexandre Gauthier, commencent à apposer des affiches avec un mobile barré, interdisant d'"instagrammer" (c'est joli, hein ;) leurs plats.

Le phubbing s'inscrit dans la lignée de la notion de nomophonie, une véritable pathologie, une phobie propre à l'ère numérique, la peur absolue d'être séparé de son téléphone mobile. Qui n'a pas fait demi-tour le matin, quitte à se mettre en retard en allant au boulot, parce qu'il avait oublié son portable chez lui ? Le mot, bricolé à partir de la contraction d'une expression anglaise ("no mobile-phone phobia") a en fait été inventé en 2008, lors d'une étude menée par la UK Post Office qui accrédita YouGov, une organisation de recherche basée au Royaume-Uni, pour observer les angoisses subies par les utilisateurs de téléphones mobiles. Mais l'expression a commencé à faire florès en France il y a 2-3 ans, au moment où ces comportements étaient devenus réalité.

Etre connecté en permanence, la norme

Ce que l'on peut associer avec le Fomo ("Fear of missing out"), cette "peur de louper quelque chose", inhérente au smartphone, où l'on a pris l'habitude de consulter plusieurs fois par jour Twitter et Facebook. Ou plus précisément notre "timeline" Facebook et notre "fil" Twitter - là encore un nouveau vocable, qui montre que ces réseaux sociaux se sont imposés - plus encore avec Twitter - comme de véritables fils d’informations, nourris en contenu par les commentaires, photos, et autres contenus, postés au fil du temps.

Alors que paradoxalement nos sommes pieds et poings liés à nos smartphones, nous téléphonons pourtant de moins en moins. Certes, les jeunes sont précurseurs, mais les adultes ont suivi : le smartphone sert plus à tchater, envoyer des SMS, qu'à... téléphoner. Une étude TNS Sofres sur les adolescents et l’usage du téléphone mobile, citée par Slate, révèle ainsi que ces derniers étaient près des deux tiers en 2009 à textoter tous les jours, mais seulement 39% à appeler tous les jours.

En fait, la déconnexion volontaire est un luxe, comme l'ont relevé certaines études : seuls certains professions et CSP peuvent s'autoriser à être déconnectées, injoignables par leur employeur. Mais dans la vie sociale - et la vie tout court - être connecté en permanence est devenu une telle norme que l'on voit donc émerger de nouveaux codes sociaux, des rituels, des règles de politesse imposant des instants sans connexion. C'est déjà le cas avec les smartphones. Imaginez ce que ce sera par la suite avec les objets connectés toujours plus omniprésents, entre smartwatches et Google glasses.

mardi 11 décembre 2012

Twitter / Instagram / Google: la guerre photo est déclarée

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La photo, l'image, se place décidément à l'épicentre des médias sociaux. J'en parlais plus tôt dans l'année, le rachat d'Instagram par Facebook pour 1 milliard de dollars l'illustrait, tout comme le lancement par Facebook de sa propre app mobile photo. Car l'utilisation de la photo est devenue centrale dans les usages des mobinautes - apprentis photographes: encore un sondage CNIL/ TNS Sofres publié mercredi 12 décembre le montre: 58% des mobinautes sondés publient des photos sur Internet pour les partager avec d’autres, et même 86% des 18-24 ans.

Même les constructeurs IT l'ont compris, à voir la bataille acharnée que livrent Apple et Samsung, prêts à s'allier pour racheter les nombreux brevets photo de Kodak, en train de dépérir... Maintenant, la guerre se déplace entre médias sociaux, qui ont bien compris que les fonctionnalités photo + mobile deviennent centrales.

Filtres photo Twitter...

C'est officiel depuis ce lundi soir, Twitter se lance à son tour dans la course aux filtres photo : de facto, il a lancé les siens avec deux mises à jour gratuites de ses apps sur Android et iOS. Au menu, huit filtres (du délicieux vintage couleur sepia au classique noir et blanc), que lui fournit l'entreprise Aviary, laquelle avait déjà un partenariat avec Flickr. L'utilisateur a pour l'instant juste accès à des fonctions d'édition basiques (recadrage, contrastes, etc), à l'inverse d'Instagram. Par ailleurs, ces fonctions de filtres ne semblent applicables que sur les clichés pris directement via Twitter.

La rumeur courait, relayée par AllThingsD, d'autant qu'il y a quelques jours, un des co-fondateurs de Twitter, Jack Dorsey, publiait des clichés persos avec un filtre noir et blanc.

C'est en tous cas une nouvelle bataille dans la guerre des images que se livrent les médis sociaux. Il y avait déjà eu un indice il y a quelques jours : la rumeur courait que les photos provenant d' Instagram, publiées sur sur Twitter, y étaient coupées, voire floutées. Instagram ayant décidé de couper les ponts avec Twitter. Histoire de doper son audience

... Réseau social Instagram

Car Instagram est, désormais, à la fois outil de publication et d'édition de photos (avec ses fameux filtres), et réseau social. Au passage, il annonçait hier sur son blog de nouvelles fonctionnalités photo: nouvelle ergonomie de sa fonctionnalité de caméra, nouveau filtre, "Willow", enregistrement des photos dans iOS dans un dossier Instagram...

Fort de ses 120 millions d'utilisateurs, disponible sur Android et l’App Store, il est aussi accessible, depuis peu, sur le web. Les utilisateurs d'Instagram peuvent y créer un profil comme sur Facebook, avec une bannière, une biographie, des followers, etc. Comme Twitter. Oups.

Plus question, pour Instagram, de rediriger son audience vers Twitter. "Il y a quelques mois, nous avions accepté les cartes Twitter parce que notre présence sur le web était minime", expliquait la semaine dernière Kevin Systrom, cofondateur d'Instagram, lors des conférences LeWeb, organisées aux Docks d'Aubervilliers. Ces cartes Twitter permettent à des contenus(images, etc) d’être inclus dans les tweets, et de ne pas être redirigés vers d’autres sites ou applications. "Nous avons fait évoluer notre plateforme afin que les utilisateurs puissent directement réagir à des contenus Instagram via des ‘like’, des commentaires et des mots-clés. Désormais, la meilleure chose pour nous est de tout rediriger directement vers le site Instagram". Ça a le mérite d'être clair.

Son propriétaire, Facebook, espère ainsi concurrencer des plateformes à succès, telle la plateforme de microblogging Tumblr. Alsro que l'on voit émerger des communautés de fans de culture, qui partagent leurs photos d'événements culturels... sur Instagram. Il y a 15 jours, lors des Rencontres du wsebjournalisme à Metz, Nicolas Loublet, fondateur de Knowtex, nous racontait ainsi l'essor des "communautés créatives", constituées de "museogeeks", dont certains effectuent carrément des livetweets d’expositions. Ce qu'ont repéré certains musées, tel le Musée du Quai Branly, qui va jusqu'à organiser des événements pour ces Instagramers...

Google n’est pas en reste dans cette bataille. Il a racheté en septembre la société Nik Software, à l'origine du service d'application photo pour mobile, Snapseed, disponible elle aussi sur l’App Store. Google l'a rendue, il y a peu, gratuite sur Android et sur l'Apple Store. Snapseed était jusque-là vendu pour 4,99$ sur l'App Store. Fort de Goole+, Google compte bien faire de Snapseed son propre Instagram en l'intégrant davantage à son réseau social. Avec notamment l'ouverture de son nouveau service sur Google+, Google+ Communities, qui comporte des thématiques verticales (photo, people, et bien sûr marques).

Màj 13/12 : Dernier-venu dans cette bataille, Flickr, filiale de Yahoo!, à son tour à l'assaut, avec son application pour iOS qui passe en version 2.0... et comporte, elle aussi des filtres photographiques (carrément 16), d'après ZDNet. Ces photos "améliorées" pourront être partagées sur Twitter, ou géolocalisées via Foursquare. A la clé aussi, un nouveau système de téléchargement de photos, de nouveaux modes d’affichage et la possibilité de rajouter des informations à propos de chaque photo (type d’objectif, réglages, éclairage, etc).

mercredi 12 septembre 2012

Appareil Photo Facebook, Instagram: comment la photo (vintage) devient centrale sur les media sociaux

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Mosaïque Instagram

L'image devient-elle centrale dans les médias sociaux ? Non seulement le partage de photos est en train de devenir un business important dans les médias sociaux, mais l'image devient le type de contenu central, autour duquel s'organisent l'ensemble des contenus. Notamment dans Facebook. Cela faisait un certain temps que je voulais revenir sur ce sujet, alors que la consécration d'Instagram et le retour de Polaroid, cette année, ont marqué ce paradoxe, du grand retour de la photo vintage, à l'ancienne, à l'ère de la photo numérique et dématérialisée, comme je le soulignais déjà dans ce billet. Et la semaine dernière, justement, on m'assurait chez Facebook France que le réseau social souhaitait se renforcer sur la photo et le mobile. C'est donc chose faite.

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Souriez, vous êtes sur Facebook... Jeudi 6 septembre, Instagram est devenu très officiellement une filiale de Facebook, et l'application Appareil Photo Facebook, disponible aux Etats-Unis depuis fin mai, a fait son apparition dans l'AppStore Apple français. C'est donc la première fois que Facebook se dote d'une appli destinée uniquement à des usages mobiles, qui esquisse un réseau social mobile (et photo).

Une application qui est donc à la fois un réseau social exclusivement autour des photos, et un ensemble de services, outils et filtres de retouches photo. Une fois l'application téléchargée, en toute logique, on s'y connecte à partir de ses identifiants Facebook - manière de prouver que l'on reste bien dans l'univers du "méta-réseau" Facebook. Première étrange surprise, à l'ouverture, l'application vous demande (et même exige) d'activer la géolocalisation pour accoler un lieu aux photos que vous publierez... Impossible d'intégrer des photos si on ne souhaite pas se géolocaliser - CQFD.

Ensuite, on accède à un newsfeed où défilent uniquement les photos de nos friends Facebook. Avec une ergonomie minimaliste : plus de statuts, liens et vidéos, on voit juste des photos, avec les commentaires et likes. Assurément, l'affichage est optimisé : les photos s'affichetn en plein écran sur notre smartphone (et sans doute sur iPad), on peut parcourir de haut en bas les photos et abums de nos amis sans ouvrir chaque photo en grand format. Par ailleurs, on peut faire défiler les albums à l'horizontale.

Côté outils, on trouve donc quelques services de retouche, auxquels on accède en éditant une photo de notre "pellicule" (les photosdéjà stockées dans notre téléphone), ou sur l'onglet "appareil photo" après avoir pris notre cliché. On peut ainsi augmenter le contraste de l'image, et choisir entre les 13 filtres proposés, pour un résultat qui s'approche de celui des 17 filtres d'Instagram. Autres fonctions de retouche, innovantes puisque l'on ne les trouve pas chez Instagram : la possibilité de recadrer et rogner une photo, et un outil pour faire pivoter les photos jusque 360°.

Prime au cliché sur les media sociaux

Assurément, le visuel, le cliché, la photo "sociale" - et sur smartphone - devient un business en soi. Le rachat hallucinant d'Instagram par Facebook pour 1 milliard de dollars ce printemps a sans doute servi de révélateur à cette fameuse bulle "sociale", mais cela prouve surtout que le partage de photos est devenu sur les mediasociaux est devenu un "big business". Une étude publiée par l'école d'Harvard ce printemps affirmait que 70% des activités de Facebook tournaient autour des images : téléchargées, vues, commentées, likées... Instagram vient de passer le cap des 100 millions d'utilisateurs, a annoncé hier Mark Zuckerberg hier au TechCrunch Disrupt event, à San Francisco. Autre réseau social à succès de cette année : Pinterest, 10 millions de visiteurs uniques par mois, où l'on "épingle" ses instants de vie en images.

Mais l'image s'impose aussi pour le marketing et le personal branding sur les media sociaux. Parce que les images sont faciles à partager, à faire tourner, à commenter. Elle attire l’œil, suscite l'émotion immédiate - et les réactions - bien plus qu'un status écrit. Sur Facebook, Instagram, et plus encore sur Twitter, elle peut résumer une émotion. Ce n'est pas un mystère si, dans sa nouvelle ergonomie - le fameux "journal" individuel, devenu obligatoire pour tous les utilisateurs en France le 2 septembre - Facebook a imposé cette mise en page très visuelle, avec une grande photo ("couverture") qui ouvre notre page perso, et les photos et vidéos qui s'affichent de manière bien plus importante que les textes...

Une étude réalisée par la start-up Pixable en mai 2011, qui a passé au crible les profils de 500 000 utilisateurs Facebook, relevait ainsi que les utilisatrices de Facebook changaient leur photo de profil en moyenne toutes les deux semaines. Au fil du temps, les utilisateurs de Facebook, hommes ou femmes, se sont mis à renouveler leur photo de plus en plus souvent. Depuis 2006, le nombre de photos de profil postées par utilisateur a triplé. Le signe qu'aujourd'hui la présence en ligne, sa représentation virtuelle, représente pour eux une norme à entretenir.

mardi 13 mars 2012

La résurrection du Photomaton, Polaroid: la photo de la nostalgie à l'ère du numérique

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Le Photomaton, ses photos noir et blanc qui tirent vers le jaune, Polaroid, les photos instantanées avec le fameux liseré blanc... Elles avaient disparu depuis quelques décennies, les photos noir et blanc des années 50 - 60 ressurgissent à l'ère du numérique triomphant, sur Facebook, sur Twitter, sur Instagram. Deux pratiques photos d'un autre temps, à l'ère de l'argentique, qui trouvent paradoxalement une seconde vie grâce au numérique.

Photophones

Simple phénomène de mode vinage? Pas forcément. Paradoxe ou snobisme, mais pas anodin, car ces nouvelles pratiques et cette esthétique vintage se développent avec des smartphones toujours plus perfectionnés, des petites bombes d'innovation technologique... Y compris sur leurs fonctions de photos: on commence à parler pour certains de "photophones", appareils hybrides autant smartphones qu'appareils photos. Au point qu'ils grappillent des parts de marché sur les appareils photo compacts. Il y a 15 jours au Congrès mobile de Barcelone (résumé sommaire des principales tendances par ici), c'était assez frappant en voyant la surenchère photo sur certains joujoux technos: Nokia dévoilait son 808 Pureview, smartphone comportant un appareil photo avec une résolution de de 41 megapixels. HTC dévoilait sa gamme HTC One, qui intègre cinq niveaux de flashs différents, un logiciel de montage photo... Panasonic, sa gamme de photophones Lumix... qui portent le même nom que sa gamme-star d'appareils photos numériques.

Cabines Photomaton & collectifs

Prenez le Photomaton. Avec le passage au numérique, l'entreprise Photomaton, qui en possédait le monopole depuis 1936, avait bien remisé ses cabines, forcément obsolètes. Elles commencent pourtant à ressurgir, lentement. Les jeunes branchés adorent. Un papier de M le Mag l'évoquait la semaine dernière, des collectifs de passionnés commencent à ressusciter des vieilles cabines à Paris. Igor Lenoir et Camille Pachot, créateur de la bien-nommée La Joyeuse de la photographie, ont décidé de rétablir la photo d'identité à l'ancienne, en ouvrant 4 cabines dans des lieux-phares des branchés. Le collectif FotoAutomat a ouvert de vieilles cabines allemandes à la Cinémathèque et au Palais de Tokyo, respectivement haut lieu du cinéma d'antan et d'aujourd'hui, et de l'art le plus moderne - un lien du passé au présent. La nouvelle génération de cabines Photomaton, signées Starck, permettent d'envoyer sa photo sur Facebook.

Le mythique studio Harcourt, prisé des stars, a lui aussi ressuscité sous forme de cabine, installée dans le cinéma MK2 Bibliothèque, et dans certains cinémas Pathé et Gaumont en régions, pour permettre aux amoureux d'immortaliser leurs portraits. So romantic... A l'excellente expo "Tous fichés", dans la cour des Archives nationales à Paris, les visiteurs pouvaient aussi se faire tirer le portrait en Photomaton à l'ancienne, dans une cabinet Photomaton, estampillé "Terroriste", "Fille facile" ou "Poête".

Instagram, le Polaroid numérisé

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Ce qu'illustre aussi Instagram, un de ces réseaux sociaux alternatifs aux Facebook et autres Twitter désormais trop maintream. Un réseau social de photo en soi doublé d'une fonctionnalité, qui permet de revêtir de simples photos prises avec son smartphone d'un vernis vinage, avec ce cadre blanc et ces couleurs passées, usées... Là encore, de quoi rendre n'importe quel paysage ou portrait quelconque empreint d'une certaine patine, qui serait presque touchante. Précisément, il surfe sur l'esthétique propre aux photos Polaroid, qui fut une des pratiques photographiques- stars des années 80, où (résumé pour les plus jeunes, qui n'ont pas connu cela ;) on pouvait prendre une photo avec son appareil Polaroid, et la tirer immédiatement sur papier avec ce même appareil).

Mais pourquoi cet engouement pour ces photos aux contours imparfaits, au grain parfois approximatif et au noir et blanc brut? Il y a comme un parfum de nostalgie, dans ces photos au petit goût de madeleine, au même goût un peu suranné que lorsque l'on regarde des anciennes photos de familles, ou des trésors dénichés chez les grand-parents, photos d'anciennes générations à l'ère des premiers appareils argentiques. Peut-être une manière de sacraliser un peu, de rendre intemporels ces clichés, ces traces numériques que l'on laisse sur la Toile, sur les réseaux sociaux.

Avec le numérique, les médias sociaux, tout va vite, toujours plus vite, c'est le triomphe de l'instantanéité, de l'immédiateté (une info ou photo trop "vieille" revêt très vite du statut maudit de "oooold"): on peut partager ses photos, liens et informations en temps réel avec ses contacts, "followers" sur Twitter" ou "amis" sur Facebook", en deux clics sur son smartphone. Alors bien sûr, à l'ère de l'immédiateté obligatoire, sur ces mêmes réseaux sociaux, ces photos patinées permettent de créer une illusion d'intemporel...