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jeudi 28 novembre 2013

Internet des objets connectés, troisième révolution numérique ?

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Et si les objets connectés étaient la prochaine révolution numérique? En tous cas, celle qui succèderait aux révolutions de l'Internet et du smartphone - elle est même complémentaire à celles-ci. Depuis quelques semaines, l'effervescence ne cesse de monter autour de ce sujet, avec certains indicateurs, tels que la commercialisation de la montre connectée de Samsung en septembre, ou encore la levée de fonds de 45 millions d'euros réalisée cet été par notre petite pépite (cocorico), Withings. Même Bercy vient de créer une mission dédiée aux objets connectés, pilotée par Eric Careel, fondateur de Withings.

Le sujet était au cœur du dernier débat organisé, mardi soir, par le très select think tank G9+, qui rassemble des professionnels du numérique. Pour mémoire, l'Internet des objets connectés, ce sont ces objets qui peuvent se connecter les uns aux autres grâce à plusieurs protocoles (Wifi, 3G, Bluetooth...), avec pour point central le smartphone. Ils sont souvent accompagnés d’applications mobiles de services.

C'est bien le smartphone qui est le hub, le point central, de cet écosystème d'objets connectés. Et du coup, on est sans doute arrivés au bon moment: le taux d'équipement des Français en smartphones - au moins 54% en possèdent un - est suffisamment large pour qu'il permette la montée en puissance de cette nouvelle industrie. S'y ajoutent d'autres facteurs, comme le coût des compostants qui a chuté ces dernières années.

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Le smartphone étant devenu le device le plus personnel, et le plus utilisé, sur lequel on fait en moyenne 150 checks par jour : entre SMS, coups de fil, mails, sélection de musique sur son lecteur MP3, surf sur les réseaux sociaux.. je pense que le chiffre n'est pas exagéré. Des usages qui pourraient, pour la plupart, être effectués depuis un wereable device, telle une montre connectée. En un sens, l'utilisateur sur-sollicité sur son smartphone est donc déjà prêt.

"Connecter les objets est une simple étape. Ce qui est important, c'est la transformation de nos modes de capture des informations: on aura des capteurs un peu partout dans la vie des gens: autant d’informations, de data récupérées, à partir desquelles on peut fabriquer un service. Cela devient intéressant lorsque l'on a une long tail, avec beaucoup de data", souligne Rafi Haladjian, père de fameux lapin Nabaztag, un des premiers objets connectés (10 ans déjà...), et qui vient de lancer sa nouvelle start-up, Sen.se, avec une plateforme dont le but est de connecter entre eux données, objets et machines, qui sera primée au CES de Las Vegas en janvier 2014.

Pour lui, c'est sûr, l'industrie des objets connectés touchera tous les secteurs: l'agroalimentaire, l'eau minérale, (cf ce projet Smart drop d'Evian dont on parle beaucoup)... Même la Mairie de Paris vient de lancer un appel à projets sur le mobilier urbain intelligent de demain.

On distingue déjà plusieurs segments d'activité pour ce secteur industriel émergent - je suis en cela la typologie esquissée par Pascal Cagni, ex-DG d'Apple EMEA.

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Le wereable lifestyle d'abord, qui pourrait peser 50 milliards de dollars en 2016, d'après les prévisions (certes très optimistes) de l'institut IDC. Le créneau le plus prometteur, le plus grand public, parce qu'il touche à des usages très quotidiens, à la santé parfois, avec une touche fashion. J'en parlais ici, cela inclut ces montres, lunettes, bracelets... connectés, tels le bracelet Jawbone, les Google Glass, les smartwatches, ou encore le génial T-shirt d'OM Signal, qui surveille le pouls, la respiration,mais aussi le nombre de pas effectués et les calories dépensées grâce à son accéléromètre... Prometteur, parce que le déclencher a résidé dans le lancement de sa Galaxy watch par Samsung, un géant de l'électronique grand public, avec ce spot publicitaire qui réinscrit cet objet dans tout un idéal de science-fiction...

Le second segment, la digital health (e-santé), est d'ailleurs indirectement lié: là, cela représenterait 170 milliards d'objets, est un chiffre d'affaires de 26 milliards de dollars. J'en parlais dans cette enquête, outre les bracelets et montres connectés liés au bien-être (chez Fitbit, Jawbone) et au sport (Nike+ Fuelband, Adidas), et la balance connectée (Withings), on trouve par exemple Adheretech, qui permet de gérer la médication à distance, ou encore Glucodock.

Les moyens de transports, ensuite, qui représenteraient 55 milliards de dollars en 2016. Il y a déjà la Google Car, pour laquelle 7 Etats américains ont donné leur go pour des tests grandeur nature sur autoroutes. Et ces premières apps mobiles autour de l'auto, comme PayByPhone, pour repérer en temps réel les places vides sur un parking, ou ces apps qui vous poussent à monitorer votre façon de conduire pour réduire votre consommation d'essence, telles Telematics et Progressive.

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Autre segment, la maison connectée, certes annoncée depuis une dizaine d'années, mais qui pourrait cette fois enfin se lancer grâce au smartphone. Une kyrielle de start-ups proposent déjà des services mobiles liés à la domotique: le système de serrure à distance de Lockitron, le système de vidéosurveillance distant de Dropcam, où l'on peut consulter la vidéo à certains moments sur le cloud distant, ou encore le thermostat connecté de Netatmo: celui-ci, branché sur la chaudière, permet de contrôler son chauffage à distance et délivrer des diagnostics thermiques de l'habitation. Il sera primé en janvier prochain au CES de Las Vegas.

samedi 31 août 2013

Rattrapage de rentrée: nouveaux tycoons des médias, Omnicom-Publicis...

Faut-il encore parler de trêve des confiseurs estivale, y a-t-il un temps suspendu dans l'actu ? Cet été, alors que les quotidiens mincissaient à vue d’œil, et les hebdos abondaient en marronniers et stories estivales, une poignée d'annonces ont provoqué quelques déflagrations. De nouvelles preuves que le paysage des (nouveaux) média, des technologies et de l'innovation est de plus en plus mouvant. Quelques sujets qui risquent de provoquer plusieurs ondes sismiques en cette rentrée. Passage en revue...

Les nouveaux tycoons des médias

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La Washington Post, à l'origine du Watergate

Trois petites bombes tombées en trois jours : trois titres emblématiques de la presse US ont annoncé presque coup sur coup un changement de propriétaire, emblèmes d'une presse face aux défis du numérique. Le 3 août, le New York Times annonce la cession du Boston Globe à John Henry, milliardaire et principal actionnaire... du club de base-ball local, les Red Sox. Une cession à perte, pour seulement 70 millions de dollars, pour ce quotidien acquis pour 1,1 milliard de dollars en 1993 par le NY Times. La presse deviendrait-elle un actif ayant trop peu de valeur pour les actionnaires ?

Le même jour, IBT Media, éditeurs de plusieurs titres de presse en ligne, annonce l'acquisition de Newsweek, pour un montant non précisé. Le rachat d'une marque, avant tout : Newsweek, exsangue, ne paraît plus que sur le web, le magazine ayant sorti sa dernière édition en décembre 2012.

Le 5 août, nouveau coup de théâtre : le Washington Post, quotidien à l'origine de l'affaire du Watergate, annonce en Une sa vente, pour 250 millions de dollars, à Jeff Bezos, fondateur d'Amazon. Celui-ci, à l'origine d'un empire basé sur le e-commerce, et à la tête d'une fortune de plus de 25 milliards de dollars, assure certes qu'il s'agit d'un rachat à titre personnel. Il n'empêche : dans une lettre ouverte aux salariés, Jeff Bezos l'assure, "Internet transforme presque tous les aspects du marché de l'information, en réduisant les cycles de l'information, en érodant les sources de revenus à long terme et en introduisant de nouvelles formes de concurrence". Exactement comme dans le e-commerce...

Pourquoi la famille Graham, propriétaire du titre depuis quatre générations, a revendu son joyau à ce tycoon d'une start-up ? Le tremblement de terre suscité par Amazon dans le secteur de l'édition a de quoi préoccuper au sein du Wash Post. Si Bezos a sûrement des convictions sur comment innover, et un (petit) pied dans les media numérique avec la tablette Kindle, pour un certain nombre d'observateurs US, comme au ''New Yorker'', ce media puissant devrait lui servir indirectement d'outil de lobbying, pour acquérir des réseaux, des bons contacts (au hasard, chez les parlementaires...) pour peser sur les dossiers sensibles pour Amazon en ce moment - comme par exemple, en matière de politique d'optimisation fiscale...

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D'ailleurs, de plus en plus, certains de ces "tech tycoons" se mêlent de politique, soulignait dernièrement The Economist, comme l'a montré, en avril dernier, le lancement de FWD.Us, une campagne pour la réforme de l'immigration américaine, menée par Mark Zuckerberg, qui a embarqué Reid Hoffman, fondateur de LinkedIn, Marissa Mayer, patronne de Yahoo!, Eric Schmidt, CEO de Google...

L'hydre publicitaire Omnicom-Publicis

L'annonce est tombée le dernier week-end de juillet, lors d'une conférence de presse organisée à Paris un dimanche (!) matin, créant rien de moins que l'un des géants mondiaux de la publicité, Publicis Omnicom Group. Un échiquier publicitaire mondialisé, un an après l'acquisition d'Aegis par le japonais Dentsu.

Au-delà de la simple fusion ente deux sociétés, on retrouve ce même contexte, où les médias, la publicité, sont bouleversés par les nouveaux concurrents venus du numérique, tels IBM et Salesforce, mais aussi Google et Facebook, qui disposent de nombre de data (les données personnelles des internautes qu'ils ont patiemment collectées - le profil des consommateurs, leurs goûts, leurs envies d'achat, leur manière de consommer...) à partir de leurs vastes audiences. Avec certains, des annonceurs commencent à dealer des achats d'espaces en direct. Google contrôlerait ainsi un tiers des ventes de pub en ligne, relevait eMarketer.

L'attrait de l'art pour Google & co

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Après la culture, l'édition, c'est l'art, le patrimoine. Un vecteur de communication puissant pour des géants du Net, prestigieux, un peu venimeux, de manière bien plus subtile que les classiques sponsoring et mécénats d'événements. Google l'a annoncé il y a quelques jours, il va inaugurer en septembre, à son siège parisien, son Institut culturel. Déjà, il a créé avec une kyrielle de musées (260 dans 43 à ce jour) une sorte de mega-galerie virtuelle, le Google Art Project, Les musées partenaires peuvent être visités en ligne, évidemment avec un outil maison, Google Street View, S'y ajoutent des visites virtuelle des grands sites du patrimoine mondial, et des expositions d'archives historiques. Une forme de vernis artistique donc, auquel on pourrait ajouter d'autres initiatives de Google : dans la presse bien sûr, avec par exemple la création, en partenariat avec une école de journalisme (l'Ecole de journalisme de Sciences Po) d'un Prix de l'innovation en journalisme...

J'en parle dans le même papier, Amazon (de nouveau) a annoncé début août le lancement d'une plateforme de vente d’œuvres en ligne, Amazon Art. Après les livres, les biens de consommation courante et l'épicerie, les internautes seraient donc prêts à acquérir des œuvres sur photo en quelques clics ?

Twitter & presse écrite, et la social TV...

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Et pourquoi ne pas suggérer directement aux téléspectateurs/auditeurs/internautes des tweets prêts à l'emploi ? On connaissait cela en télé, la tendance débarque aussi en presse écrite. Twitter et The New York Times testent ainsi une nouvelle fonction qui permet de tweeter directement des phrases marquées issues d’un article. Carrément. Cela devrait bientôt permettre à l'internaute de partager directement les citations fortes d'un article de presse ou tout autre contenu écrit, révèle Twitter sur son blog. Avec pour objectif d'inciter davantage les internautes à partager des articles. Alors que la contrainte des 140 caractères et les fonctionnalités jusque-là développées par Twitter ne permettaient en général de ne partager que le titre des papiers, l’internaute pourrait désormais mettre davantage un contenu en valeur sans le tweeter "manuellement". Désormais, les médias pourraient se charger d'effectuer cette tâche. Les citations peuvent alors être rattachées en plus du compte du média à celui de son auteur, amplifiant potentiellement sa visibilité.

Mais Twitter sait qu'il doit aussi développer de nouveaux services pour les annonceurs, les marques, en télévision, faute de pouvoir proposer des formats publicitaires classiques. Alors que la Social TV est de plsu en plus prometteuse - il est devenu normal pour un télspectateur de naviguer sur Internet - et Twitter - depuis sa tablette en regardant la télé. Il y a quelques jours, on apprenait ainsi l'acquisition par Twitter de acquis Trendrr, start-up spécialisée dans l'analyse en temps réel des messages échangés sur les réseaux sociaux concernant les programmes télévisés. Le logiciel développé par Trendrr permet en effet d'analyser les échanges sur les réseaux sociaux sur les programmes de télévision ou les publicités et d'offrir un point de vue sur la perception de ces programmes par le public. Encore mieux que les mesures d'audience classiques...

Montres intelligentes

Côté high tech, certains sujets nourrissent aussi une certaine attente. Le géant sud-coréen Samsung va dévoiler sa montre connectée Galaxy Gear la semaine prochaine à l'IFA de Berlin, le 4 septembre, damant ainsi le pion à Apple, alors que les rumeurs sur l'iWatch courent depuis 2011, mais qui est attendue pour seulement pour 2014. Sony a déjà lancé la sienne, le Français Archos annonce les siennes pour 2014... Google s'y intéresse aussi: il vient tout juste d'acquérir WIMM Labs : avec à la clé son propre App store en version beta, ses apps dédiées pour smartwatches...

Les smartwatches, innovation de rupture ou gadget ? Nouvel accessoire (et segment marketing) créé par des constructeurs après le smartphone et la tablette ? Comme je l'écrivais dans cette enquête, l'avenir serait-il à ces accessoires high-tech, montres et lunettes connectées ?

Concrètement, son écran tactile vissé au poignet permet de téléphoner, naviguer sur Internet, surveiller ses mails, recevoir des notifications depuis les réseaux sociaux, écouter de la musique... grâce à une connexion Bluetooth et/ou NFC... Reste une question: ces smartatches seront-elles compatibles avec les smartphones et tablettes de toutes les marques ou pas ? Ou les marques choisiront-elles de créer un écosystème fermé comme Apple ?