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mercredi 29 septembre 2010

Bilan Hackthepress : un nouveau format journalistique, l'appli iPhone BD - photojournalisme

Le datajournalism fait polémique, il n'empêche, il est bel et bien en train de donner naissance à de nouveaux formats journalistiques ? C'était un des sujets au cœur de la journée HackThePress, organisée par l'équipe de la soucoupe Owni, qui se tenait hier à la Cantine, à Paris.

Au cours de cette journée, 6 équipes pluridisciplinaires (composées de développeurs, designers et journalistes) devaient concevoir une application (pour ordi, iPhone, iPad...) sur un des sujets d'actualité sélectionnés au préalable via Google News. Une battle très amicale donc, qui a bien montré en quoi ces applis pouvaient faire évoluer la manière de présenter l'info.

A la manoeuvre, Rue89, la Netscouade & Mediapart, Umaps, StreetPress, un duo d’indépendants, David Castello-Lopes et Pierre Bance, ainsi qu' OWNI.

"Expérience des profondeurs", graphe comparatif...

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Je suis passée hier soir à la présentation des applications concurrentes, qui se concluait par un vote (à main levée ;) pour désigner les gagnants. Résultat: un joli bouillonnement créatif autour du datajournalism.

Dans ces différents projets (voir la présentation en temps réel sur le fil dédié conçu par Owni, à parcourir de bas en haut), j'ai bien aimé celui de Rue89 (pour qui je signe de temps à autre des papiers): ils sont partis de l’histoire des mineurs chiliens, coincés à 700 mètres sous terre depuis le 5 août, et se sont basés sur des témoignages d'internautes, sollicités pour raconter leur "expérience des profondeurs" (du crowdsourcing donc), pour concevoir une infographie participative: il suffit de cliquer sur un des cercles pour voir un témoignage d'internaute, que l'on fait défiler en scrowlant.

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Bien aimé aussi l'appli du duo Mediapart (autre media pour lequel j'écris parfois) - La Nestcouade : ils sont partis des deux actus (buzz) politiques qui s'entrechoquaient en premières positions sur Google Actu, la quote de François Fillon expliquant que «Nicolas Sarkozy n’est pas son mentor» et le lapsus "économique" de Rachida Dati sur la fellation...

A partir de requêtes quêtes sur un corpus d’articles de 20 sites d’information et de tweets recueillis sur 10.000 comptes Twitter, ils ont conçu ce graphe de "propagation sociale de actualités".

Finalement, c'est un inconnu (mon projet préféré :) qui a remporté la mise (un Minitel ;): StreetPress.com, qui a conçu une BD-reportage multimédia pour supports mobiles. Il est vrai que la BD-reportage a le vent en poupe. Pour couvrir le sujet qu'ils avaient choisi - la fin du gel des constructions en Cisjordanie - ils ont alterné plusieurs formats : vignettes de BD, diaporama de photos, et interview vidéo. "Une manière de mettre en scène le reportage, l'info, pour le web", a résumé un des cofondateurs, Johan Weisz.

mardi 15 juin 2010

La couv' de la semaine: Rue 89 / Le mensuel: du web au papier...

Rue89couv

Parcours surprenant pour Rue89, le site d'infos généraliste en ligne qui a choisi un second support : un titre de presse papier, Rue 89 - Le mensuel donc, qui sera disponible en kiosques à partir de demain.

J'ai eu la chance de pouvoir le feuilleter en avant-première, donc ça mérite un nouvel exercice de feuilletage virtuel, que j'ai déjà eu l'occasion d'exercer ici.

La démarche d'abord: étrange, ces pure players du web qui choisissent d'investir les kiosques à journaux. J'ai eu l'occasion d'en parler sur 20minutes.fr il y a quelques semaines, et encore dans cet article.

En résumé, cela leur permet de partir à la conquête d'un nouveau lectorat qui ne connaissait pas forcément leur site, de gagner en visibilité, et de diversifier leurs revenus, notamment en attirant les annonceurs. De fait, ce premier numéro de Rue89 papier compte 9 pages de pub: pas mal pour un magazine d'une centaine de pages...

Format mini

Ce mensuel sera donc vendu 3,90 €, et si Rue89 a mis les moyens pour ce premier numéro (diffusé à 85 000 exemplaires en kiosques), il lui faudra assurer une vente moyenne de 20 000 exemplaires par numéro pour atteindre le seuil de rentabilité.

Première surprise lorsqu'on l'a entre les mains: le format. Certes, c'est un mensuel, mais ici, pas de grand format en papier glacé , plutôt un mag au format mini: le Glamour de l'info géné, pour résumer un peu vulgairement. En tous cas, je trouve assez osé qu'ils aient opté pour ce format mini, plutôt en presse féminine, mais pas dans les presse d'infos "sérieuse". Un format qu'a certes adopté aussi Le Monde pour son nouveau mensuel, me faisait remarquer une collègue. Reste à voir si le lecteur accrochera, d'autant que le prix au numéro est relativement élevé...

La maquette, ensuite. Étonnamment, le sommaire reste très fidèle à celui de Rue89 en V.O. sur le web. Ils ont conservé les codes-couleurs, et les intitulés de rubriques ou de rendez-vous récurrents. Le sommaire est basique: "la rencontre", "la politique", "la société", "le monde", ainsi que les déclinaisons de Rue89 déjà présentes sur le Web (qui se sont presque imposées comme des marques), "Eco89", "Planète89", et "Rue69", émanation d'un des blogs érotiques féminins les plus réussis à mon sens.

Transposition du web au papier

Rue89 a fait le pari de proposer environ "70% de contenus issus du web, que nous avons réadaptés, et 30% de contenus originaux "produits pour le papier", m'expliquait Pierre Haski, directeur de la rédaction et co-fondateur de Rue89. Gonflé: le lecteur acceptera-t-il de payer pour des articles qu'ils trouve déjà en grande partie (gratuitement) sur le site web de Rue89 ?

En fait, plus qu'une déclinaison de la "marque" Rue89 en magazine, il s'agit presque d'une transposition du web vers le papier. Ce qui est loin d'être illogique: il s'agit donc pour eux de conquérir de nouveaux lecteurs, qui ne connaissent pas forcément leur site.

Rue892

Le lecteur est loin d'y être perdant: cela permet à Rue89 de valoriser ses articles (qu'ils aient déjà été publiés sur le web ou pas), grâce à une maquette, des illustr, des photos... J'aime bien, par exemple, des effets de maquette assez osés comme celui ci-dessus. Surtout, il s'agit de rentabiliser leurs écrits, en les déclinant sur un second support: "les producteurs de contenus doivent rentabiliser leurs articles sur plusieurs canaux", m'expliquait l'expert des médias (mais pas que...) Jean-Clément Texier.

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Dans les pages, la maquette est assez classique, en même vivante, très mag, avec la part belle donnée aux photos. Surprenant, ce choix éditorial - très culture web en somme - de publier une sélection de commentaires d'internautes à la suite d'articles repris du web.

En le feuilletant, on a donc des news, des interviews au long court, enquêtes (bon sujet - fact checking sur les 3 premières années de mandat de Nicolas Sarkozy), un (timide) portfolio, des chroniques culture vers la fin, et enfin, les bonnes feuilles d'un essai d'un philosophe sur le foot.

And next ? Reste à voir si Rue89 version papier trouvera sa place en kiosques, alors que pour Bakchich - qui a certes une ligne éditoriale très différente - l'essai semble difficile à transformer...

dimanche 1 février 2009

Ruefrontenac.com, un journal en ligne ouvert par des journalistes et salariés québécois en lock-out

Jrnal de Frontenac

Avec un canon pour emblème, Par la bouche de nos crayons ! pour slogan guerrier, depuis samedi dernier (24 janvier), 253 journalistes et employés du Journal de Montreal, un tabloïd québecois à gros tirage, ont ouvert un Ruefrontenac.com, site d'informations un peu particulier. Présenté comme « le site des employés en lock-out des employés du Journal de Montreal", ce site d’informations a été en effet ouvert par des journalistes et employés au chômage forcé, le propriétaire du journal québecois ayant déclaré le 24 janvier un lock-out, cette procédure par laquelle un patron peut empêcher ses salariés de travailler en riposte à leurs revendications.

Il reproche au Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal de refuser les « mutations nécessaires » pour s’adapter à l’Internet. Et ce alors que les parties doivent renégocier la convention collective, arrivée à échéance. En l’absence des journalistes, le quotidien continue à paraître, mais réalisé par ses cadres.

En mesure de rétorsion, et pour continuer à travailler, les journalistes et employés du Journal de Montreal ont donc ouvert leur propre site d’actualités, avec les mêmes rubriques, les mêmes caricaturistes et les mêmes chroniqueurs, mis en avant sur le site, tout en faisant référence à Rue89.

Plusieurs grandes plumes et chroniqueurs y expliquent les motifs de ce départ précipité, et présentent parfois ce changement brutal avec émotion, tel Bertrand Raymond, "tatoue des pieds à la tête":

"En septembre dernier, je suis entré dans ma 40e année au Journal de Montréal. Avec sincérité je vous le dis, ce furent 40 années de pur bonheur. Le Journal de Montréal a été toute ma vie. Dans l'ordre affectif des choses,il y a eu ma femme, mes deux enfants et le Journal, même si les miens ont parfois eu l'impression que le journal occupait toute la place. Compte tenu de l'ardeur, de l'énergie et de l'amour du métier que j'y ai mis, c'était parfois assez près de la réalité."

"Ma tuque, mes mitaines, une pomme et les bottes thermo de mon fils. Je suis bien armé pour vivre ma première journée de piquetage. À 56 ans.", résumé Serge Touchette, un des journalistes "sur le trottoir".

La situation est tendue depuis un certain temps : comme l'explique le syndicat sur cette page, "Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal, affilié à la Fédération nationale des communications (CSN) vit son premier conflit de travail.

Depuis que Pierre K. Péladeau est à la direction de Quebecor Media, l’entreprise a décrété pas moins de 13 lock-out en 14 ans. La position de la direction du Journal, depuis la première journée de négociation avec le STIJM–CSN, le 22 octobre 2008, a toujours été la même, à peu de différences près. Le plan d’affaires de Quebecor comprend quelque 230 demandes qui visent entre autres : • à diminuer les conditions de travail; • à allonger la semaine de travail de 25 %, sans compensation; • à éliminer des départements en favorisant la sous-traitance; il est question d’éliminer 75 emplois occupés par une très grande majorité de femmes dont plusieurs comptent plus de 30 ans d’ancienneté; • à diminuer de 20 % les avantages sociaux; • à introduire des clauses de disparité de traitement (clauses orphelin); • à sabrer dans les libérations syndicales; • à réduire ou à transformer des postes à la rédaction; • à diminuer des clauses de la convention collective qui assurent le respect des règles de déontologie journalistiques et la qualité de l’information; • à assurer la convergence illimitée par le droit d’utiliser dans le Journal tout le contenu provenant des plateformes actuelles et futures de Quebecor et vice versa."

Allez y jeter un oeil, c'est encore une nouvelle manière de pratiquer le journalisme, avec cette fois un contexte inédit - quand des journalistes se donnent les moyens de continuer de poursuivre leur métier...

dimanche 21 septembre 2008

Eco89.com et e24.fr, deux nouveaux sites d'information économique

L'information circulait depuis un certain temps, cette fois, c'est officiel : le géant des journaux gratuits et le site alternatif Reu89 s'apprêtent à lancer chacun leur site d'information économique, courant octobre. Ainsi, le norvégien Schibsted, éditeur du quotidien gratuit 20 Minutes, va lancer e24, "la déclinaison d'une marque lancée en Suède en octobre 2005, et, depuis, aux Pays-Bas et en Norvège", d'après Le Monde d'aujourd'hui. L'équipe comptera une quinzaine de journalistes, présidée par Stéphane Marchand, ex-Le Figaro, et Catherine Vincent, issue de La Correspondance de la presse. Ce site grand public sera gratuit - donc financé par la pub je suppose.

De son côté, le média alternatif Rue89 annonce la lancement de Eco89 d'ici la fin du mois, à vocation participative.

Je me demande si le lancement de ces deux sites, qui auront donc des contenus économiques totalement gratuits, vont faire de l'ombre à la presse économique ? Notamment aux Echos et à La Tribune, mais aussi aux mensuels économiques, qui se cherchent encore une stratégie bi-média. L'avantage de ces derniers résidant néanmoins dans la force de leur marque. Leur prochain enjeu, et beaucoup planchent déjà sur cela, sera donc de proposer des contenus spécifiques aux internautes, complémentaires de ce qu'ils offrent déjà sur le papier. A suivre...

lundi 8 septembre 2008

Trop peu de nanas dans la blogosphère ?...

féminisme

Bon ben voilà, dans cet article sur Rue89, Olympe aborde justement un sujet dont je voulais vous parler depuis longtemps : le manque criant de nanas dans la blogosphère "qui compte", autrement celle des blogs d'influence et:ou réalisant une forte audience.

A ce titre, le classement Wikio est édifiant : parmi les kyrielle de blogs "qui comptent", consacrés presque tous au high tech, au marketing/conso, à la gastronomie, à l'environnement, aux sciences... ceux tenus par des nanas se comptent sur les doigts d'une main. Et - je vous le donne en mille - les premiers d'entre eux sont consacrés... à la gastronomie, comme Mes tables de fêtes ou Les gourmandises d'Isa (soupir...).

Après, les blogs qui comptent et consacrés à des sujets plus tendance et plus crédibles sont peu nombreux. En répertoriant pêle-même et très vite (excuses à toutes celles que j'oublie... liste non exhaustive) les blogs de copines, de consoeurs, ceux repérés... je vous citerais ceux de Laurence Thurion, de Karine Papillaud, bien sûr Durosedanslegris, lancé par Isabelle Germain, Mémoire Vive de Natacha Quester-Séméon, Fanny et sa vie de geekette à Hong Kong, MissBlaBlaBla... D'autres, que j'aime pour leur ton, leur manière de raconter "les choses de la vie", et les innombrables blogs de nanas qui racontent leur vie, leurs plans Q, avec parfois un féminisme rafraîchissant...

A côté de cela, on compte (beaucoup trop) de "blogs de filles", ceux consacrés aux fringues, au make-up etc, qui donnent le prétexte à des chroniques parfois bien acides chez des blogueurs en vue (comme Mry ;)... Soit dit en passant, au vu de ces blogs qui explosent leurs chiffres d'audience en mettant régulièrement en ligne des portfolios de pin-ups virtuelles, je me dis qu'un jour, j'ouvrirais bien un blog plus personnel et plus léger... avec quelques beaux beaux gosses dénudés (après tout, y a pas de raison hein ;).

Voilà, c'était le coup de sang féministe du jour (je suis un petit peu désabusée en ce moment, c'est vrai), dans la lignée de celui de l'année dernière.

Màj du 14 septembre : il m'a semblé nécessaire d'ajouter qques compléments à ce billet, suite aux infos éclairées apportées par plusieurs : à ajouter donc, le blog féministe assez marrant d'Emelire, Le féminin l'emporte, le blog Toutpourelles sur les femmes et l'emploi (merci Marie), ainsi que les blogs marketing de Vanina Delobelle ou Du marketing plein les doigts de Diane (merci Greg) Et précisons l'existence du réseau GirlPower3.com, créé par Natacha QS.

vendredi 4 mai 2007

Journalisme participatif en ligne

J'en parle dans Les Echos d'aujourd'hui, les projets de journalisme participatif, qui consiste à faire jouer une complémentarité entre journalistes et internautes - experts/passionnés dans certains domaines, commencent à fleurir sur la Toile en France.

Des médias mixtes « proam » (professionnels-amateurs) déjà apparus aux US, comme Newsassignment. Voir la bonne synthèse qu'esquissait il y a qques mois Emmanuel Parody dans ce billet.

En France, les projets les plus excitants du moment sont, à mon avis : - Rue89.com, un site d'information généraliste lancéce dimanche 6 mai en version bêta par 3 anciens journalistes de « Libération ». Chapeauté par une dizaine de journalistes professionnels, il sera nourri par des « experts » dans différents domaines (universitaires, chercheurs, critiques, avocats...) et par une communauté d'internautes. Les journalistes auront le "final cut"'. A noter que Rue89 est développé sous la plateforme libre Dropal - Youvox. projet plus magazine, déjà ouvert en version bêta, il se décline en thématiques (cinéma, sport, médias...) et fait appel, là aussi, à des experts ou des passionnés - Obiwi, qui doit ouvrir en version publique cet automne : magazine en ligne sur « la mode, la décoration, le tourisme et les loisirs », indique son cofondateur Julien Jacob, ancien directeur général de CNET France (editeur du site ZDNet). - CaféBabel, le journal européen en ligne, qui propose des articles traduits en 7 langues avec ses 1.000 correspondants, lance cet été une sorte de MySpace participatif, - « Terra economica » (lbimensuel économique (dans lequel j'ai de temps en temps le plaisir de signer) : lance ces prochains jours "Planète Terra", un site participatif sur le développement durable, qui pourrait devenir à terme un journal Internet quotidien.

Reste que tous ces projets devront asseoir leurs modèles économiques...