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dimanche 23 septembre 2012

L'actu des médias, nouvel entertainment pour le grand public ?

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Cinq émissions hebdomadaires rien qu'en télévision, au moins trois en radio... En cette rentrée, on a pu voir une multiplication assez ncroyable des émissions dédiées aux médias, sans parler des rubriques médias récurrentes, et des émissions consacrées à la vie numérique, aux nouveaux médias et aux technologies. L'univers des médias, un nouvel entertainment pour le grand public ?

A première vue, rien de nouveau. Depuis plusieurs années, il y a des émissions consacrées aux médias dans les grilles de programmes en télés et radios, qui disparaissent ou sont remplacées au fil des saisons, sur des chaînes de diverses audiences. Il y a eu, sur France 5, la mythique "Arrêt sur images", qui continue d'être diffusée sur le Net. Canal+ a eu pendant plusieurs années consécutives son émission médias le samedi midi, ou encore "Pop com" dimanche après-midi. Paris Première aussi, avec "Pif paf", animée par Philippe Vandel. Mais en cette rentrée, vous n'y échapperez pas.

Rien qu'en télévision, Jean-Marc Morandini inaugure "Vous êtes en direct" sur NRJ 12, émission certes plus large que sa quotidienne, "Morandini !", elle totalement consacrée aux médias, qu'il tenait sur Direct8. Cyril Hanouna a quitté France 4, embarquant "Touche pas à mon poste" sur Direct8, avec une nouvelle formule attendue pour octobre. La chaîne d'info i>télé a lancé le 2 septembre "L'hebdo des médias", le dimanche à 11h45, animée par Matthias Gurtler, rédacteur en chef de Gala. Sur LCI, Julien Arnaud, qui assure l’interview politique quotidienne le matin, a entamé une nouvelle saison de "La Médiasphère", programmée le vendredi. Enfin, France 5 a entamé il y a 8 jours la cinquième saison de "Médias le mag", le dimanche à 12h35.

En radio, deux des principales radios ont maintenu leurs rendez-vous médias : RTL avec son émission "Les dessous de l'écran", le dimanche à 13 heures, et Europe 1 avec "Le grand direct des médias", animée tous les matins à 9 heures en semaine par Jean-Marc Morandini. Et depuis la rentrée, France Inter a confié à Sonia Devillers, ex-journaliste médias au Figaro, une émission hebdomadaire, "Le grand bain", diffusée tous les samedis à 16 heures.

Les médias et la culture numérique omniprésents dans notre quotidien

En élargissant le spectre, on constate que les médias et nouveaux médias sont devenus une thématique récurrente, nombre d'émissions ont une rubrique dédiée. Logique : cela reflète le fait que les médias, la culture numérique et les technologies sont devenus omniprésents dans notre quotidien. Dans la matinale du samedi, sur France Inter, Alexandra Hakoun a, depuis la rentrée une petite case, "Parlez-moi médias". Dans le nouveau talk-show programmé les samedi et dimanche midi sur Canal+, "Le supplément", animé par Maïtena Biraben, l'actu médias et numérique a aussi largement sa place. La semaine dernière, un sujet (très fouillé) portait sur les déconnectés volontaires, et l'animatrice recevait Julian Brugier, journaliste qui présente occasionnellement le JT sur France 2.

Les émissions consacrées à la culture numérique et aux technologies se sont elles aussi multipliées: France Culture a reconduit deux émissions hebdomadaires, l'excellente "Place de la toile", consacrée chaque samedi après-midi aux écrans et "aux différents aspects de la révolution numérique", animée par Xavier de la Porte, et "Soft Power",programmée chaque dimanche à 19h, consacrée "aux industries créatives et aux médias". Le Mouv' a reconduit son rendez-vous hebdomadaire (me semble-t-il) consacrée à la culture numérique et aux technos, dans son 7 à 9 du lundi matin. Et j'en oublie sûrement...

Certes, la presse écrite continue de traiter le sujet. Le Figaro, Les Echos, Libération, L'Express, Le Nouvel Obs, Challenges... ont depuis plusieurs années des pages consacrées à l'actu médias / high-tech (avec une rubrique Indiscrets récurrente dans les hebdos). A cela s'ajoute une série de publications (souvent des newsletters payantes) spécialisées: bien sûr l'hebdo Stratégies (mon employeur), CB News, désormais mensuel, et plusieurs newsletters spécialisées (La Correspondance de la presse, Satellifax, Tarif Media, etc). Pourtant, il faut noter la disparition du mensuel spécialisé Médias, dirigé par Robert Ménard et sa compagne Emmanuelle Duverger, qui a cessé sa parution en juin dernier.

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Quand L'Express lance sa web-émission médias

Mais plusieurs journaux cherchent une extension audiovisuelle (sur le Web) de leurs rubriques médias. Le Figaro a lancé, il y a quelques années, une déclinaison "audiovisuelle", avec "Le buzz média", une quotidienne sous forme d'interview vidéo diffusée sur son site, dont certains extraits sont repris dans les pages saumon du quotidien. L'Express a lui aussi monté, en début d'année, Immédias, une web-émission médias animée par Renaud Revel (chef du service médias, qui tient un blog éponyme), diffusée toutes les semaines sur son site.

Attirer les CSP+ et la ménagère de moins de 50 ans

Pourquoi un tel engouement des chaînes de télé et radio - et potentiellement des téléspectateurs et auditeurs - autour de l'univers des médias ? Et pourquoi se déporte-t-il à ce point dans les médias audiovisuels ? Tous ces programmes qui dévoilent les coulisses de la télévision et de de la presse écrite ont pour avantage de brasser plusieurs thèmes: séries du moment, économie des médias, évolution des pratiques journalistiques, voire people (entre animateurs et acteurs de série), et paillettes des soirées...

Et en cette rentrée 2012, l’actualité a rarement été aussi intense : rachat de Direct8 par Canal+, qui en fait une nouvelle chaîne, marché publicitaire en crise, difficultés pour la presse écrite, multiplication des chaînes TNT, incertitudes chez France Télévisions... Cette effervescence se reflète dans les émissions elles-mêmes : certaines sont arrêtées, de nouvelles s’installent et des têtes d’affiche changent de chaîne.

L'occasion de viser aussi bien les CSP+ que la fameuse ménagère de moins de 50 ans. Les CSP+, à l'évidence, soit les cadres, professions libérales et patrons, qui regardent peu la télé et écoutent peu la radio en semaine, mais un peu plus le weekend... Voilà pourquoi presque toutes ces émissions médias sont programmées le weekend. Du coup, les chaînes qui en font un outil d’information, de lobbying, une vitrine, et d'entertainment.

Car d'un côté, les chaînes ont bien compris la possibilité d'attirer ces fameuses CSP+ en parlant de l'économie des médias (coût des émissions, situation économique des journaux, etc). Grâce à ces émissions-vitrines, elles attirent du même coup l’attention des annonceurs et des agences médias susceptibles d’acheter des spots publicitaires. Il ne faut rien négliger... D'un autre côté, en révélant "la face cachée des médias que vous regardez", elles flattent le très grand public (la fameuse ménagère...), en tirant sur le côté people et paillette: avec des images de soirées de lancements, des sujets sur la vie privée d'animateurs télé...

Ainsi, certes, les nouvelles émissions médias des chaînes d'info continue (tout de même, deux d'entre elles en ont, à l’exception notable de BFM - pour l'instant ?), visent ces fameuses CSP+, avec des sujets plutôt orientés business, entre coût des programmes, parts de marché et présentateurs stars. Tout comme, dans une certaine mesure, "Médias le mag", animée par Thomas Hugues: ici, on est cependant plus dans le décryptage, avec parmi les nouveaux chroniqueurs le sociologue Jean-Louis Missika et Anthony Bellanger, ex-Courrier international, et l'analyse pédago et volontiers impertinente des techniques de com' des médias et des entreprises - un bon point en particulier pour la nouvelle rubrique "Coup de com'", qui a passé au crible cette semaine les dessous de la soirée de lancement de Direct8 (avec les fameux "éléments de langage" appris au préalable que les animateurs-stars répétaient devant les caméras ;).

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D'autres visent un public plus popu. Ce sera probablement le cas de l'émission de Cyril Hanouna sur Direct8, qui s'était imposé sur France4 avec le ton très LOL / bande de potes de son émission précédente. Jean-Marc Morandini (dont on lira le compte-rendu sardonique chez Samuel Gontier, de Télérama) ne dit pas autre chose, lorsqu'il parle au "Buzz" du Figaro [de sa nouvelle émission |http://www.lefigaro.fr/medias/2012/08/28/20004-20120828ARTFIG00544-jean-marc-morandini-invite-du-buzz-media-orange-le-figaro.php] :

NRJ12 a cette image de chaîne des 15-25 ans, or elle n'est pas que cela. Mon objectif, c'est d'aller chercher la famille, cette fameuse ménagère, les 25-45 ans, sans faire fuir les jeunes. (...) L'audience des ménagères, c'est ce qui intéresse vraiment NRJ12, de même que TF1 et M6. Or avec 2,9% de part de marché sur les ménagères, nous avons gagné plus d'un point sur les premières émissions sur cette case, par rapport au programme précédent.

dimanche 19 septembre 2010

TV connectée: c'est (bientôt) parti

C'est un sujet récurrent depuis le début des années 2000. Je me souviens avoir écrit mes premiers papiers sur la "télévision interactive" (comme on disait alors) en 2002 pour ''Les Echos'', puis de nouveau en septembre 2008, où étaient dévoilés les premiers projets de télévision connectée à l'IFA, le salon électronique grand public qui se tient chaque année à Berlin.

Mais cette année, la télé connectée était LE nouveau service qui fait rêver les constructeurs, à côté de la TV 3D. Car la télé hyper-connectée à Internet est une des formes les plus probables - et prometteuses - que revêtira la télévision de demain.

Tous les constructeurs ont leurs TV "connectées"

Le projet de TV connectée de France Télévisions, dévoilé à l'IFA - Photo C. C.

La plupart des constructeurs (LG, Samsung, Sony, Loewe, Philips, Panasonic...) ont dévoilé leurs télés connectées, qui seront commercialisées cet automne, d'ici les fêtes de fin d'année. Du côté des diffuseurs, comme j'en parlais dans mon papier, France Télévisions est lancée à fond sur cette télé du futur. Une équipe dédiée, avec à sa tête Arthur Mayrand, directeur des technologies des nouveaux services, planche dessus à plein temps. D'ailleurs, Arthur Mayrand présentait à l'IFA, sur le stand de LG, une version bêta des services de télévision connectée. Des services basés sur ce qui sera peut-être LA norme de la TV connectée, le standard HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV), qui vient d’être approuvé par le CSA.

"Hyper-TV" de France 24 sur Google TV au premier trimestre 2011

Cette semaine, c'est France 24 qui dévoilait son projet. Il me l'avait annoncé via Twitter, Michel Levy-Provençal (@mikiane), responsable Internet à France 24, présentait cette semaine au Gartner PPC 2010 à Londres un projet web d’hyper-TV, qui sera d'abord disponible sur Google TV l’an prochain. Le prototype du service sera lancé début 2011, annonce Michel Levy-Provençal, avec une version alpha du service (hâte de pouvoir la tester ^^). Un projet qu'il détaille dans un billet publié ce matin, comme l'a signalé Benoît Raphaël.

Voilà 2 ans que Michel Levy-Provençal planchait avec son équipe chez France 24 sur ce projet, ainsi qu'avec plusieurs sociétés du consortium Quaero - avec notamment les sociétés françaises Exalead et Yakast. D'après ce qu'il décrit sur son blog, leur hyperTV - si le prototype se transforme bien en une version industrialisable - proposera des fonctionnalités telles que vidéo à la demande, indexation sémantique, chapitrage, géolocalisation, sous-titrage, hyperliens vidéos, contrôle du direct…

Ce qui colle parfaitement avec la TV connectée, et les services que l'on a pu voir dans les premières démos à l'IFA.

Dans sa démo telle que présentée à Londres (allez un jeter un oeil à la vidéo ci-dessous, c'est passionnant), Michel Levy-Provencal rappelle que France 24 a d'abord été diffusée sur le web dès 2006, et s'est dotée d'un portail collaboratif dès 2007, The Observers.

La démo est assez bluffante : le JT s'accompagne d'une transcription synchronisée, et d'une timeline horizontale, qui comporte mots-clés (tags), noms cités... par séquences. A la clé également, de la VoD, qui donnera accès à l'ensemble du catalogue de programmes de France 24 en 3 langues. Il sera aussi possible d'accéder à des contenus via une recherche pas mots-clés (les débuts du web sémantique...).

Source: Gartner PPC 2010 / Michel Levy-Provencal (FRANCE 24) / Exalead