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jeudi 19 juin 2014

Et maintenant, voici la Barbie entrepreneur

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Elle a toujours cette chevelure blonde, ces yeux bleus un peu démesurés, ses mensurations irréelles, et une robe rose fuchsia (forcément). Mais aussi une mallette de travail avec son insigne, un smartphone qui ressemble furieusement à un iPhone, et une tablette. Voici donc Barbie Entrepreneur, en vente sur Amazon.com à partir d'aujourd'hui, et dans les magasins de jouets à partir de cet été, comme le rapportait ''Wired'' hier. En cet été 2014, quelques décennies après la création de sa première mythique poupée blonde (en 1959 très exactement), Mattel a donc eu la brillante idée de sortir la première Barbie créatrice d'entreprise - et même de start-up. Un métier aspirationnel de demain pour les petites filles ?

Il était temps. Après les multiples Barbies - stéréotypes qui étaient censés faire rêver les petites filles (danseuses, infirmières, coiffeuses, mannequins, hôtesses de l'air, et j'en passe), Mattel met enfin en scène Barbie dans un des univers glamours de demain, the place to be, la Silicon Valley. Ne soyons pas injustes: petite, ma première Barbie fut une Barbie business woman - grâce à la sagacité de ma mère.

Ces dernières années, il y a eu, heureusement, déjà des évolutions: avec les premières Barbie paléontologue, ingénieur en informatique (j'en parlais déjà dans ce billet - sur ce blog que j'avais ouvert - en février 2010), et même candidate aux Présidentielles.

Working girl tech, campagne 2.0

Là, ce qui est nouveau, pour ces Working girls version tech, est que Mattel a travaillé sur ce projet avec 8 femmes entrepreneurs, les "Barbie CIOs" (Chief Inspirational Officers), dont Reshma Saujani, fondatrice de Girls Who Code, comme l'explique Wired. Leur objectif: casser auprès des petites filles l'image des hommes développeurs et codeurs, et casser les stéréotypes de genres beaucoup trop marqués dans les jouets pour enfants, qui semblent prédéterminer quels métiers - et quels jeux - conviennent à tel ou tel sexe. Ces working girls contemporaines sont même déclinées en plusieurs ethnies.

Il y a même ce slogan sur mesure, un peu slogan "de la gagne" version années 2010,"If you can dream it, you can be it". Ces 8 entrepreneuses font aussi du mentoring, proposant des astuces aux petites filles sur un portail en ligne. Un débat a été lancé sur Twitter, à partir du hashtag #BarbieChat. La campagne pour ces poupées tellement modernes est relayée sur LinkedIn, et sur un billboard à Times Square, avec pour hashtag #unapologetic ("Sans excuses").

Les "gender messages", et tout le débat sur le mode d'éducation des petites filles, s'est intensifié ces dernières années. L'an dernier encore avec le débat - orchestré par des ultras réacs - dans le milieu scolaire, avec pour point de départ la diffusion dans des écoles de l'excellent film Tomboy de Céline Sciamma. Mais aussi dans l'industrie des jouets pour enfants, où les frontières de genres semblent se brouiller plus qu'avant.

Legos astronautes, chimistes...

Autre initiative qui prouve que les choses bougent dans les jouets pour petites filles, début juin, Lego lançait lui aussi quelques figurines de femmes scientifiques. A savoir une femme astronaute avec un téléscope, une chimiste dans son laboratoire, ou encore une paléontologiste avec son squelette de dinosaure, comme le révélait Mashable.

Le Dr. Ellen Kooiljman avait soumis son idée sur le site Lego Ideas mi-2013, où elle a rapidement attiré 10 000 supporters. Sur cette plateforme, les fans peuvent soumettre lerus idées de Lego, qui auront une chance d'être produits, l'inventeur du set recevant ensuite 1% des royalties des ventes réalisées. "Bien que Lego ait commencé récemment à designer et ajouter des figures féminines dans ses sets, elle sont toujours minoritaires. J'ai conçu des figurines de femmes professionnelles qui peuvent aussi montrer que les femmes peuvent devenir ce qu'elles veulent être, dont astronaute et paléontologue", écrit-elle.

Pour mémoire, en janvier 2012, Lego avait été au centre d'une polémique sur les jouets pour enfants trop stéréotypés, lorsqu’il avait lancé sa gamme pour petites filles Lego Friends. Lego, jusque là comme Playmobil une des marques emblématiques de jouets non-genrés (en clair, mixtes), ouvrait alors une brèche. En montrant des figurines dans des épiceries, bars à jus de fruits et salons d'esthétique.