Reuters tente d'imposer (à son tour) les mojo-journalistes

Lu dans ce billet d'AFP Mediawatch, au hasard d'un rattrapage de mes revues de web en retard...), les journalistes de l'agence de presse Reuters (groupe Thomson - Reuters) "vont être équipés d'un kit multimédia portable, surnommé 'la valise-studio". Ce kit, présenté ici en images, inclut une caméra Tandberg Edge 95, un micro, un système d'éclairage, un trépied et un moniteur.

Reuters avait déjà amorcé ce tournant en équipant ses journalistes de Nokia N95 et de caméras de poche Flip. Mais là, on passe au niveau supérieur, ave des journalistes potentiellement "multitâches". Reuters espère d'ailleurs impliquer tous ses 2.700 journalistes dans le monde.

Le mouvement vers le mojo-journaliste, pour reprendre l'expression déjà consacrée (ce journaliste capable de prendre du son, de l'image... sur le terrain, et de redispacher le ton en radio, tv et web) tend à se développer dans tous les groupes de presse. Comme l'évoque le journaliste et blogueur Alain Joannes, auteur de l'excellent Le journalisme à l'ère électronique, livre que je fais circuler parmi les jeunes journalistes de mon équipe.

"La plupart des agences de presse se sont lancées dans la production de vidéo et testent, à plus ou moins grande échelle, des matériels légers pour leurs journalistes dont la vidéo n'est pas la spécialité", rappelle AFP Mediawatch. Et d'autres demandent aux (souvent jeunes) journalistes web ou stagiaires de tourner, mettre en ligne de nombreuses vidéos. De fait, le format se prête à des genres journalistiques jusque là connus en télé (interviews, coulisses, reportages...) et engendre des clics.

Ces journalistes multitâches risquent-ils de déposséder d'autres professions, notamment en agences filaires, comme les journalistes de la section vidéo (je pense à l'AFP, qui a une section dédiée), voire les photographes de presse ? A voir... Le sujet avait déjà fait polémique à propos des "O. S. de l'info" du groupe NextRadio TV, comme je l'évoquais dans ce billet.

Commentaires

1. Le lundi 4 mai 2009, 15:46 par Olivier Rafal

"Ces journalistes multitâches risquent-ils de déposséder d'autres professions" ? La question appelle une réponse de Normand, oui et non. Bien sûr qu'en tant que journaliste, surtout travaillant sur un média protéiforme comme le Web, on aimerait tous aller en reportage avec une équipe complète, preneur de son, photographe, cameraman... Dans les faits, les moyens sont tels qu'on se contente de ce qu'on a et de ce que chacun sait faire. Et souvent une mauvaise photo vaut mieux que pas de photo du tout. Même si on peut le déplorer.
Reste à espérer que certains médias et un certain public continueront de privilégier les sons et images de qualité, pour éviter le nivellement pas le bas.

2. Le lundi 4 mai 2009, 22:52 par Capucine

@ Olivier : bien d'accord avec toi, je pense que le modèle classique perdurera, ne fut-ce que pour la photo (il est vrai que j'écrivais un peu vite à leur sujet)... Les photos d'actus demeurent un créneau important pour les agences filaires. Ce qu'amorce Reuters restera-til marginal, juste pour nourrir son site web de contenus disponibles gratuitement ? Et donc à côté de photos, sons, reportages, dépêches... plus exigeants (et payants) ? Cela me semble probable...

Pour l'instant, les agences tout comme les sites web des médias tâtonnent, testent. A suivre.

3. Le mardi 5 mai 2009, 10:19 par [Enikao]

Ahem...
<mode pénible>
Mojo = mobile journalist. Donc désolé de m'en excuser mais un mojo journaliste, au jour d'aujourd'hui, je suis sûr d'être certain qu'il n'y a pas moyen de moyenner...
</mode pénible>

J'aime bien l'idée développée par Fred Cavazza : le syndrome du canard. Animal formùidable s'il en est, il vole, marche et nage. Mais... il n'est que très moyen pour les 3. La polyvalence n'est pas toujours gage de qualité dans l'ensemble des activités.