Hype Cycle 2013: 3D Bioprinting, Smart dust, Quantified Self, Wearable interfaces, biométrie...
Par Capucine Cousin le mercredi 21 août 2013, 18:42 - R&D, innovations - Lien permanent
C'est la rentrée (que je vous souhaite lumineuse et dynamique ;), et comme chaque année en cette fin de mois d'août, revoici un de mes marronniers préférés depuis 2010 : la nouvelle édition du Hype Cycle de l'institut Gartner, portant sur les technologies émergentes, qu'il présente ici. Une courbe qui se veut une photographie par anticipation (avec, forcément, une certaine marge d'erreurs ;) des innovations de rupture d'aujourd'hui et de demain, donc prometteuses, émergentes, en pleine ascension... ou déjà dépassées. Gartner a adopté cette méthodologie, où cette courbe de l'innovation est découpée en 5 étapes-clés, par cycles de vie de technologies, allant des technologies naissantes ("technology trigger") à la phase d'industrialisation et d'adoption par le grand public ("Plateau of productivity" ), en passant par le trou d'air inévitable ("Trough of disillusionment").
D'abord, du côté des innovations juste naissantes, "Innovation trigger" (intéressant de noter que Gartner parlait jusqu'à présent de "technology trigger") : sans surprise, on retrouve comme dans la Hype Cycle de l'an dernier l'"augmentation humaine", l'humain augmenté de demain (de puce sRFID insérées, etc), annoncé pour dans plus de 10 ans qui se dotera de puces RFID, etc, comme en parlait Cyril Fiévet dans son livre Body hacking.
Et de nouveau, y figure le 3D Bioprinting , l'application médicale de l'impression 3D, soit un système basé sur l'exploitation de "data" en imagerie médicale, mais aussi le service d'impression 3D qui permettra de créer des organes humains (et même un cœur humain...) à partir des cellules d'un individu. On va le voir plus loin, l'impression 3D est décidément l'innovation-star pour Gartner cette année, récurrente dans cette courbe.
En résumé, pour Gartner, c'est sûr, on va en venir aux "humains augmentés par les technologies". "Les technologies permettent d'augmenter les performances humaines dans les domaines physiques, émotionnels et cognitifs". Et l'institut de louer les avantages pour les entreprises d'avoir des salariés "augmentés", et donc plus productifs (cela fait un peu froid dans le dos)...
Gartner annonce l'arrivée, dans plus de 10 ans, des Smart dust, ces "poussières intelligentes", soit des micro-capteurs invisibles qui serviront à surveiller les déplacements des gens ou des objets, les puces étant discrètement placées sur les objets à protéger, et les capteurs répartis dans les murs, plafonds et planchers... Pour la première fois aussi, il évoque l'electrovibration (ou "virtual touch"), une technologie de réalité augmentée qui facilite la transmission électronique du sens humain du toucher, permettant aux utilisateurs finaux de percevoir les textures et contours d'objets éloignés. En la matière, il y a par exmeple le projet REVEL de Disney Research de Pittsburgh. Il annonce aussi, d'ici 2 à 5 ans (mais on y est déjà...) l'explosion des usages liés au quantified self, qui permet à chacun de mesurer et partager ses données personnelles liées à sa santé, alors que pullulent déjà des objets connectés, développés par des start-up telles que Withings, qui a levé 23,5 millions d'euros cet été.
Parmi les innovations attendues à un plus court terme, et qui suscitent énormément d'attentes en ce moment ("Peak of inflated expectations"), figurent les scanners 3D, les véhicules autonomes (soit les voitures connectées... avec de nouveaux projets attendus à l'IFA à Berlin le mois prochain), forcément les objets connectés, et dans leur lignées, les Wearable user interfaces (avec les Smartwatches et lunettes connectées, on y est déjà...), le Big data (et toutes les attentes qu'il suscite notamment dans le marketing)...
En revanche, des innovations commencent à attendre l'étape fatidique du "trough of disillusionment" (premiers échecs à la suite d'expérimentations, même si ces innovations font encore l'objet d'investissements) : c'est le cas pour la réalité augmentée (les fameux codes-barres 2D permettant d'accéder à des contenus complémentaires), la norme NFC (censé notamment favoriser le paiement depuis un téléphone mobile), le cloud computing (effet-boomerang de PRISM, selon Wired: une entreprise ou un particulier peut-il avoir encore confiance en la protection de ses données dans un tel système ?).
En phase "Slope of enlightenment" (une seconde ou une troisième génération de produits autour de ces technologies émergent), Gartner affiche notamment l'impression 3D en entreprises, et les méthodes d'authentification biométrique : pas étonnant, alors qu'Apple pourrait faire figurer un capteur biométrique avec un lecteur d'empreintes digitales sur sur prochain iPhone 5S, attendu fin septembre. Apple avait d'ailleurs acquis l'an dernier pour 350 millions de dollars AuthenTec, start-up spécialisée dans le cryptage et des solutions de reconnaissance digitale: tous deux ont déposé un brevet commun allant dans ce sens.
Enfin, pour Gartner, des innovations ont atteint l'étape Plateau of productivity (phase d'industrialisation et début d'adoption par le grand public) : la reconnaissance vocale, soit cet écosystème de services de traduction et reconnaissance vocale, consacré par Siri sur iPhone. Troublant d'ailleurs, la société Mobile Technologies, spécialisée en reconnaissance vocale et en traduction, à l'origine de l'application Jibbigo (service de traduction vocal d'une quinzaine de langues), vient tout juste d'annoncer son rachat par Facebook. L'institut table aussi sur les Predictive analytics (analyse prédictive), qui permettrait de faire des hypothèses prédictives sur des évènements futurs, à partir de "data" historiques et transactionnelles, surtout dans le secteur bourse-finances.