La diffusion simultanée de "Matrix Resurrections" en salles et sur HBO Max, une dangereuse rupture de contrat

ec96413790f1d8235a4b751c5ccfd7aedb562ff3.jpg, fév. 2022

Après Scarlett Johansson contre Disney, c’est le co-producteur de Matrix qui attaque Warner Bros, quant à la décision du studio de sortir simultanément en salles et sur plateforme de streaming américaine HBO Max. Le coproducteur de The Matrix Resurrections, Village Roadshow Entertainment Group, a intenté une action en justice contre Warner Bros, alléguant que la décision du studio de sortir le film simultanément sur HBO Max et dans les salles était une rupture de contrat, rapporte le Wall Street Journal.

Dans une plainte déposée devant la cour supérieure de Los Angeles lundi, Village Roadshow a également affirmé que Warner Bros, propriété de l'unité AT&T WarnerMedia, avait déplacé la date de sortie du film à 2021 à partir de 2022 pour aider HBO Max à attirer plus d'abonnés. Le studio a également avancé la date de sortie de The Matrix Resurrections à 2021 dans le but d'aider HBO Max à attirer plus d'abonnés, selon le recours.

«Le seul but de WB en avançant la date de sortie de "The Matrix Resurrections" était de créer une vague désespérément nécessaire d'abonnements premium HBO Max de fin d'année à partir de ce qu'elle savait être un film à succès, même si elle savait très bien que cela décimerait le les revenus du box-office du film et privent Village Roadshow de tout avantage économique dont WB et ses affiliés bénéficieraient», indique le dossier de l'action en justice, déposé lundi devant la Cour supérieure de Los Angeles.

Le procès a pointé du doigt d'autres gagnants du box-office tels que SpiderMan: No Way Home qui sont sortis fin 2021 sans sortie en streaming simultanée.

Comme je l'écrivais alors, Warner Bros avait annoncé fin 2020 que tous ses films devant sortir en 2021 seraient disponibles dans les salles et sur HBO Max le même jour - sur le marché américain. Disney avait suivi, faisant des annonces similaires. Ce qui constituait un sévère coup de canif porté et à la chronologie des médias - certes très limitée outre Atlantique. Il est vrai que, face aux incertitudes provoquées par la pandémies et les périodes de confinement à répétition, qui avaient entraîné une fermeture des salles de cinéma sur plusieurs continents, faute de pouvoir anticiper leur équilibre économique pour 2021, plusieurs studios avaient bouleversé, dans la précipitation, leur schéma de distribution de films.

Mais est-il nécessaire de pérenniser ce modèle, alors que le grand public commence progressivement à revenir en salles? Si des précédents comme celui de Matrix se confirment, ils ouvrent dangereusement une brèche. Alors que le carton mondial du dernier Spiderman - plus de 1,6 milliard de dollars de recettes dans le monde à ce jour, et plus de 6 millions d'entrées en France - montre que des blockbusters peuvent encore attirer massivement les gens en salles.

Cette bataille juridique qui s'ouvre entre la Warner et le coproducteur de Matrix souligne en tous cas les tensions croissantes entre les acteurs de l'entertainment, alors que les entreprises de médias se concentrent davantage sur leurs plateformes de streaming au détriment des plateformes de distribution traditionnelles.

Ces décisions auront des implications financières potentiellement importantes pour les acteurs, les producteurs et les partenaires financiers qui craignent que la poussée vers le streaming ne se fasse à leurs dépens.

L'année dernière, l'actrice Scarlett Johansson a eu un différend juridique avec Walt Disney à propos du film Black Widow après que la société ait proposé le film sur son service de streaming par abonnement Disney+ au même moment où le film était diffusé dans les salles. Disney, qui a nié avoir violé son accord, a versé à Scarlett Johansson une somme non divulguée en septembre.