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dimanche 17 octobre 2010

Le journalisme de demain, entre news brutes, "chaudron participatif" et info à haute valeur ajoutée?

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Je suis passée mercredi aux Entretiens de l'information, une journée de réflexion autour de l'évolution du journalisme à l'INA, organisée par Jean-Marie Chrron, sociologue des médias, qui m'y avait gentiment conviée. J'avais envie de revenir sur plusieurs points de vues émis ce jour-là. Vous trouverez aussi un compte-rendu très fidèle chez mon confrère Cyrille Frank (aka @Cyceron) qui, lui, a courageusement assisté à toute la journée de débats :)

Premier sujet abordé, les effets de la crise sur l'organisation du travail des journalistes. Les symptômes décrits par Olivier Da Lage (SNJ, ancien président de la Commission de la Carte de presse) étaient loin de m'être inconnus: avec en particulier le développement des contrats groupe au détriment des contrats de travail rattachés à un seul titre, si jamais le titre de presse (« produit ») disparaît. Un confrère m'avait raconté, il y a quelques mois, avoir signé un "contrat Hadopi lors de son embauche, par lequel il s'engageait à signer des articles pour les titres du groupe de presse qui venait de l'embaucher...

News brutes, chaudron participatif, ou journaux à haute valeur ajoutée

Inévitablement, on en est arrivé à l'évolution des contenus journalistiques en eux-mêmes. Pour Frédéric Filloux (ex-20 Minutes, co-fondateur de la newsletter Monday Note), le premier effet kiss cool de l'économie de l'Internet telle qu'elle s'esquisse, c'est la disparition (relative) de la notion de droit d'auteur en ligne. Je suis content quand je vois que le Washington Post me reprend dans ses colonnes... Mais il y a 20 ans le Washington Post aurait donné un deal, un droit de reproduction. Maintenant, quand est repris par le Washington Post gratuitement, on est payé en notoriété.

Pour lui, trois manières de traiter l'info sur Internet - et donc trois modèles - s'ébauchent :

- le traitement brut de l'info (Commodity news), qui est devenue une sorte de matière première, recueillie avec des moyens électroniques, où la technologie sert l'utilisateur. Les infos sont mises à disposition sur Internet, sur Twitter, très rapidement. On pense par exemple aux photos du crash aérien de l'Hudson River, au printemps 2009, publiés 18 minutes après sur Twitter, avant même les agences de presse. Là, c'est l'instantanéité de l'info qui compte.

- Chaudron participatif : le critère premier n'est plus l'exactitude de l'info, mais la résonance, le buzz, faire réagir les lecteurs. Ce qui renvoie bien sûr à nombre de sites d'info grand public, où l'actu qui fait le buzz - ou mieux, la polémique - devient le fait du jour à traiter le plus vite possible, car susceptible d'alimenter les clics, et les commentaires. Et de dézinguer, non sans provoc', le modèle Huffington Post, et les projet de HoffPost de gauche ou de droite qui fleurissent en France. Car si le succès du HuffPost est certain, dans les faits, c'est un système de pillage absolu, avec quelques blogueurs vedettes payés, et 6 000 non rémunérés, mais trop contents d'être repris. CQFD.

- Mais tout n'est pas perdu, le vrai refuge du journalisme pourrait résider dans des niches qualitatives mais à audiences très faibles : ce vers quoi tendent la plupart des journaux. Le New York Times, le Washington Post... vont sûrement se replier sur un petit segment raisonnablement profitable.

On imagine facilement qu'en misant sur leur image de marque, ces médias vont capitaliser sur des sites payants avec de l'info à haute valeur ajoutée accompagnés d'une publication papier (à fréquence plus réduite puisque les quotidiens papier auront inévitablement disparu), le tout destiné à un lectorat âgé, aisé, cultivé. Ou comment l'info de qualité risque de devenir d'autant plus élitiste...

Fin annoncée des médias d'informations généraliste ou recomposition ? Le cas du Télégramme

Question intéressante, un peu fourre-tout... Bien sûr, on pense aux Médiapart et autres Rue89 comme égéries d'un nouveau modèle de médias en ligne, pas encore rentables (et taclés assez sévèrement par Manu Paquette dans L'Express cette semaine).

Mais un média old school comme le quotidien régional breton Le Télégramme teste, lui,, de nouvelles recettes. Comme le gâteau des recettes des petites annonces lui a échappé ces dernières années au profit du Web, qu'à cela ne tienne, il bascule vers d'autres sources de revenus. Avec une diffusion à 200 000 exemplaires et un fort enracinement local, notre modèle éco est classique, combinant vente journaux + pub, qui nous génèrent à peine 1/3 des recettes, voire moins. Mais nous avons connu une stagnation des revenus pubs et abonnements, et dû basculer vers d'autres sources de revenus, précise Hubert Coudurier, patron du Télégramme.

Du coup, il a développé de nouvelles sources de revenus: on organise des courses comme la Route du Rhum. On a racheté RegionsJob, n°3 dans offres d'emplois en ligne derrière Monster. Ces diversifications représentent 1/3 des revenus du groupe.

Le quotidien régional tente aussi de s'adapter à l'évolution des modes de consommation, le Journal a basculé sur le Net à partir de 1996, il sera sur l'iPad via une appli commune ouverte avec d'autres éditeurs de PQR, et va carrément devenir opérateur mobile dans les semaines à venir. Une déclinaison surprenante...

dimanche 14 février 2010

"Ma région vu d'ici", des forums locaux lancés par Radio France

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Cette initiative de Radio France, dont m'a parlé le responsable, lors d'un brunch ce midi, m'a semblé tellement intéressante, et même innovante (qui plus est émanant d'un mastodonte tel que Radio France) qu'il m'a semblé intéressant d'en dire un mot ici.

Alors que les élections régionales approchent, Radio France Bleu a eu la bonne idée d'ouvrir, lundi dernier, le site MaRégionVudici. Un site qui fait l'objet d'une campagne de pub sur les radios du groupe, mais aussi, ces prochains jours, sur France Télévisions, en PQR, ainsi que dans Le Point, qui est partenaire. Il s'agit "d'une opération commune à l'ensemble des chaines du groupe , mais qui a pour vitrine logique, s'agissant des régions , France Bleu. L'opération durera 3 semaines, en amont des régionales", m'expliquait mon interlocuteur. L'idée étant donc, via la vitrine France Bleu (la radio du groupe perçue comme la plus proche des gens, moins CSP ++ que France Info et Inter), de susciter le débat auprès des internautes-auditeurs à propos de leur région : sur le patrimoine, la qualité de vie, leur rapport à leur région, son dynamisme...

En creux, cela permettra de faire remonter aux élus (ou aspirants) un succédané des sujets de préoccupations de certains internautes-citoyens attentifs. Une initiative sans précédent, par laquelle Radio France teste une nouvelle manière d'utiliser le web, avec un aspect communautaire. J'aime bien cette idée de cart e de France interactive : un clic sur une des régions permet d'accéder directement aux forums et questions soulevées par les habitants. Cette initiative n'est pas sans rappeler ce qu'expérimentent déjà plusieurs groupes de presse quotidienne régionale sur leurs sites web, comme Le Télégramme.

dimanche 18 octobre 2009

La couv' de la semaine : Le Télégramme

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Le quotidien régional breton Le Télégramme méritait, pour le moins, de figurer ici, alors qu'il publiait cette semaine son 20 000ème numéro, avec cette couv' étonnante, comme le signale ici l'ami Gilles Klein.

Le titre, qui a 65 ans, a donc tiré à 18 éditions et plus de 200 000 exemplaires par numéro en 2008, est né le 18 septembre 1944. Comme il le rappelle dans son historique ici, comme beaucoup de quotidiens (tel La Voix du Nord), Le Télégramme a été fondé par des résistants, puis est né officiellement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, la SARL d'origine, créée le 10 novembre 1944 avec un capital initial de 65 000 francs, a été fondée par Victor Le Gorgeu, ancien sénateur-maire de Brest, "un des 80 parlementaires qui avaient refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain", rappelle le quotidien dans un très intéressant diaporama.

Comme de plus en plus de titres de presse régionale, il a visiblement une stratégie ambitieuse de développement sur Internet, dont la presse régionale a été la première à comprendre qu'il pouvait lui permettre, avec des fonctionnalités 2.0 et simples, de se rapprocher de ses lecteurs. Comme le montre cette rubrique, Mes communes, qui permet d'accéder aux éditions locales en ligne, et surtout de créer son menu personnel à partir des communes que l'on souhaite suivre.

En la matière, à titre d'exemple, Paris-Normandie teste aussi des nouveaux formats, de nouvelles formes d'interactivité avec le lecteur très intéressants, depuis l'arrivée aux manettes de Sébastien Bailly, en tant que responsable des activités Internet pour le pôle normand PQR (Déville-lès-Rouen) du Groupe Hersant Medias. Outre le blog de la rédaction, il a initié des blogs thématiques, un flux RSS, un espace communautaire où les membres peuvent échanger leurs photos, participer aux forums...