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mardi 8 mars 2011

Futurise-moi.com = Meetic à la sauce ésotérique

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Un site - réseau social qui vous promet "une expérience qui permettrait de prévoir votre futur", et de trouver votre "sosie", votre double virtuel, dont "le passé peut être votre futur" : la promesse marketing de Futurise-moi.com, un site français qui vient juste d'ouvrir en version beta, est surprenante, et met vaguement mal à l'aise... Imaginez: ce réseau social vous promet de pouvoir rechercher votre "sosie existentiel", ayant le même parcours de vie, mais plus âgé que vous, donc avec davantage d'expérience. Et si cette personne avait aujourd’hui 55 ans et vous 30 et que de 0 à 30 ans vous aviez eu un parcours similaire ? Son passé entre 30 et 55 ans pourrait alors être votre futur…Voilà le postulat de base. Bon.

Le concept est plutôt fascinant : Futurise-moi ne se présente pas comme un site de rencontre, mais il a plusieurs caractéristiques d'un réseau social : un profil personnel que l'on est invité à enrichir, qui sera recroisé avec d'autres profils censés être proches, la possibilité de contacter d'autres membres au profil "proche" par e-mail, et d'avoir un groupe de contacts en ligne.

J'ai quelque peu froncé les sourcils en découvrant ce site, mais ni une ni deux, j'ai décidé de le tester cette sorte de boule de cristal virtuelle : la promesse est tellement gonflée que j'étais curieuse de le tester ;)

Une fois inscrit, pour compléter notre profil, on nous demande des éléments déjà très persos : date et ville de naissance, nationalité, sexe, situation maritale, enfants, ville, "déménagements" et villes habitées. Ensuite, l'internaute est invité à répondre à une première série de questions de base, mais qui annoncent déjà la couleur: êtes-vous majeur, avez-vous plus ou moins de 60 ans, êtes-vous retraité, avez-vous des enfants ou petits-enfants, "autonomes" ou "à charge", avez-vous un emploi... Viennent ensuite une kyrielle de questions psychos (délicieusement parsemées de fautes d'orthographe), pour déterminer vos "sphères" (sic) physique, cognitive et spirituelle, et donc votre parcours de vie, etc. Là, il faut s'accrocher au vu de l'étrangeté des questions : pour déterminer notre "sphère physique", viennent des questions surprenantes sur notre "dynamisme", notre "équilibre physique", nos "objectifs pour améliorer vos capacités physiques" ; côté cognitif, si l'on est "éveillé", "curieux"...

Etape suivante, on est invité à "ajouter une rencontre", en sélectionnant le lien avec cette personne dans une liste avec différents degrés relationnels et la "sphère relationnelle" (rencontre au boulot, en assoc, "enseignement", justice"... on apprécie au passage la novlangue qui est ici de rigueur), puis faire part de l'état de la relation au début puis à la fin. Et tant qu'à faire, on nous demande d'entrer les prénom et nom de ladite personne (ben voyons). Je fais simple, je choisis "conjoint" (un de mes ex- donc), et m'"efforce de "qualifier la relation" en choisissant dans une liste de termes "attraction" au début, "rupture" à la fin. sur le même principe, on nous invité à entrer nos "relations", avec bien évidemment nom et prénom, et lien relationnel.

L'idée, en ajoutant progressivement des relations (donc en continuant de remplir ces formulaires en ligne) étant de décrire en ligne notre "sphère relationnelle", qui "marquent votre vie et influencent fortement son cours. Vos faits marquants futurs sont peut-être les faits marquants passés de quelqu'un d'autre", nous affirme-t-on carrément, en guise d'explication, sur le site. On nous invite également à entrer des "faits marquants".

Algorithme Google puissance 1000

Enfin, étape très attendue, le clou du spectacle : "vos matches". Car voilà la promesse, le vernis scientifique de Futurise-moi.com: un algorithme est censé définir votre vie en fonction des réponses données pour voir qui a le parcours de vie qui vous correspond le plus. "Notre algorithme déterminera alors votre profil, et notre moteur de recherche vous proposera des sosie existentiels qui vous correspondront le plus", promet Futurise-moi. On peut alors solliciter ces "sosies" pour comparer les expériences.

Alors forcément, je me suis interrogée sur cet incroyable algorithme : imaginez, c'est un Google puissance 1000, que l'on n'aurait osé imaginer dans nos rêves les plus fous ! En fouillant un peu sur le site, on apprend que "cet algorithme a été mis au point à la suite de recherches sur les comportements humains. L’auteur vous propose de tester sa pertinence et son exactitude. Bien évidemment l’algorithme évoluera en fonction des résultats constatés". Il s'agit donc d'un outil évolutif... Manque de bol, Futurise-moi ne communiquera jamais sur ce sujet. est-il indiqué en gras dans les FAQ du site - voilà qui est embêtant.

"Sosie existentiel"

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Dans la rubrique "matches", donc, on me conseiller bien sûr de compléter au max mon profil, et d'inviter tous mes contacts à s'inscrire sur Futurise-me.com: forcément, j'aurai plus de chances de "trouver mon sosie existentiel", me promet le site. Et donc je découvre mes "sosies virtuels" potentiels: ce n'est pas encore gagné, puisque Chloé, Catherine, Sylvain, Aurore, Denis, Grégory... sont mes doubles virtuels à hauteur de 11,85% pour presque tous d'entre eux (vous admirerez la rigueur toute scientifique du pourcentage). Re-manque de bol, je ne saurai rien sur eux, je peux juste les contacter en leur envoyant un message...

A terme, ce site doit permettre d'avoir une base de données qui facilite la rencontre de personnes qui se correspondent - à condition d'avoir une base de données importante, qui sera hyper-qualifiée au vu de la batterie de questions auxquelles l'internaute est invité à répondre. On sera curieux de voir ce qu'on feront les concepteurs du site, même s'ils promettent une confidentialité absolue sur le traitement des données. Au fait, qui est à l'origine de ce site saugrenu ? Loin d'être une start-up qui se rêverait un avenir à la Facebook en devenir, c'est une société de conception de sites web, l'agence Révolutions (filiale du groupe Leo Burnett France, Publicis Groupe), qui a lancé Futurise-moi.com.

Bon, ce type de site me laisse perplexe, avec un vague arrière-goût de délire ésotérique à la sauce 2.0: c'est cool, maintenant, après les plates-formes pour se faire des amis, pour flirter ou pour échanger des connaissances pointues, en voilà une qui vous promet de vous dire votre avenir. Alors là, un site qui me promet de me trouver mon double virtuel, par la seule grâce d'un réseau social qui croiserait les données persos de ses membres grâce à un mystérieux algorithme... Enfin, peut-être est-ce l'avenir de la voyance.

mercredi 5 janvier 2011

Et si la science-fiction était en voie de disparition ?

J'y ai passé près de 3 heures dimanche matin, j'en ai pris plein les yeux; Tous ces personnages, ces images me renvoyaient à mon enfance... ma culture SF en quelque sorte - accumulée dans les bouquins, séries et films. Il faut absolument courir voir l'expo "Sciences & science-fiction", qui se tient en ce moment à la Cité des Sciences. Comme souvent à La Villette, l'expo est d'une richesse inouïe, autant scientifique que culturelle.

La boutique de produits dérivés, à quelques pas de l'expo, vaut aussi le détour: mugs Star Wars, sabre laser grandeur nature (déboursez 150 €), DVD, BD, et même affiche de Star Wars en effet 3D...

C'est assez touchant, car notre culture SF se rejoint forcément avec notre culture culture geek: quel techie n'est pas fan de Star Wars, ne voue pas un culte absolu à Blade Runner, Terminator ou encore Minority Report ?

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Un couloir pédagogique impressionnant, où j'ai de nouveau 12 ans, des étoiles plein les yeux: entre ces exemplaires de livres de Mary Shelley, Edgar Poe et Jules Verne, qui ont été les premiers auteurs à s'emparer de la science comme support à des récits réalistes, les premiers films de science-fiction qui tournent en boucle (Voyage dans la Lune de Méliès en 1902, La femme dans la lune de Fritz Lang, 1919, Métropolis de Fritz Lang, 1929...), la culture SF a été jalonnée de plusieurs œuvres fondatrices... jusqu'aux premiers pas d'Amstrong sur la lune, où tout devenait possible. Pour Isaac Asimov, la SF est la branche de la littérature qui se soucie des réponses de l'être humain aux progrès de la science et de la technologie. Elle tient autant du divertissement, qui nous permet de nous évader, de rêver, que du récit d'anticipation, avec en creux une réflexion sur l'avenir de l'humanité (rien que cela...).

Une culture SF nourrie, donc, par une pléiade de livres anciens, mais aussi, véritables jalons pour une culture de fan, d'affiches, et des premiers produits dérivés et premières revues - les pulps, dont Science Wonder Stories, revue où apparaît pour la première fois le terme "science-fiction", en 1929.

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Le cinéma hollywoodien s'est emparé à merveille de la culture SF. Au fil des couloirs que l'on parcourt, on prend conscience de ces films et sagas (intergalactiques) qui ont nourri un imaginaire collectif, ont façonné notre univers mental. Les combinaisons et les robots conçus pour le cinéma s'alignent dans les couloirs, alors que des extraits des films-cultes tournent en boucle. Ils sont tous devenus cultes, font partie de la culture SF de l'honnête homme du XXIème siècle: Star Wars, la Planète des singes, Star Trek, Terminator...

Culture SF muséifiée

Est-ce que la culture SF parvient encore se renouveler, alors que ce qu'elle préfigurait - l'ère du numérique, des mondes virtuels, des nanotechnologies, des robots - se concrétise plus vite que l'on aurait pu le croire ? Il semblerait bien que la vraie culture SF soit en train de s'éteindre. Et que cette gigantesque expo, qui présente manuscrits, romans, pulps, storyboards (celui de Star Wars a déjà une valeur historique), extraits de films en pagaille, et vaisseaux grandeur nature retracent une culture SF (déjà) muséifiée, en voie d'extinction.

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Provoc' de ma part, vu le succès gigantesque qu'a rencontré en 2010 Avatar, incarnation d'une nouvelle génération de films de SF en 3D ? Par vraiment. Si on regarde la chronologie des films de science-fiction, la production hollywoodienne de ce genre en devenir connaît un pic dans les années 60-70, grâce à ce bon vieux Neil Armstrong qui en a fait rêver plus d'un en foulant de quelques pas sur la Lune - et surtout à la Guerre Froide, où les extraterrestres et autres petits hommes verts menaçants permettaient de symboliser l'Ennemi, l'hydre communiste...

Années 80-90 : sortie de sagas comme Star Wars, Terminator, Star Trek, Alien... Des films d'actions hollywoodiens certes, mais où s'entremêlent récits d'anticipation, une réelle réflexion sur notre avenir, les enjeux environnementaux et humains,

Philip K. Dick, génial inspirateur de scénarios hollywoodiens

Dans cette même période sortent trois films cultes pour moi (mais pas que ;): Blade Runner de Ridley Scott, sombre film où Harisson Ford incarne un flic face à des androides / répliquants qui semblent de plus en plus humains... Et qui sait, peuvent mîmer manifester des émotions.

Mais aussi Total Recall de Paul Verhoeven, et Minority Report de Steven Spielberg (en 2002, certes). Leur point commun: tous trois sont tirés de romans de Philip K. Dick. Seulement voilà, le maître des récits d'anticipation est décédé en 1982 - une source d'inspiration non négligeable pour l'industrie du cinéma s'est alors tarie.

Les films qui s'ensuivent sont plutôt des dérivés de SF : des space operas tirés de Star Wars. Mais aussi des récits d'heroic fantasy, films à grand spectacle pour enfants qui sortent souvent lors des fêtes de fin d'année - tels Le seigneur des anneaux ou Les contes de Narnia.

La culture SF condamnée ?

Les derniers films dans le sillage de la culture SF d'anticipation: Minority Report donc, qui anticipait plusieurs innovations technologiques qui commencent à s'inscrire dans notre quotidien - Steven Spielberg s'était d'ailleurs entouré de scientifiques du MIT entre autres.

Mais aussi le très sous-estimé Starship Troopers de Paul Verhoeven (1997): il y dénonce avec une ironie subtile une société dirigée par des militaires, et une diffusion en masse de la propagande par les médias: le film, d'avant-garde, qui sort à peine quelques années après la Guerre du Golfe, et coïncide avec l'arrivée du phénomène de l'internet dans les foyers, et injustement décrié par la presse US.

Ou encore la trilogie Matrix, entamée par les frères Washowski en 1999 - alors que le grand public commençait à s'emparer de l'univers du Net et des réseaux virtuels.

Les derniers en date ? 2012, qui tient plutôt du film-catastrophe (et blockbuster, avec plus de 225 millions de dollars de recettes), carrément épinglé par la Nasa comme "pire film de science-fiction" d'un point de vue scientifique... Laquelle a dû ouvrir un site pour contrebalancer les contre-vérités qu'il véhiculait !

Inception, certes gros succès outre-Atlantique, relevait plutôt du film complexe que du film qui nous projetait vers le futur. Avatar a avant tout installé la 3D sur le grand écran... Mais repose avant tout sur un scénario gentillet et écolo.

Comme me le signale @tiot en commentaire, il y a eu aussi le surprenant District 9 (qui avait pour particularité de se dérouler en Afrique du Sud), et surtout Moon, un Ovni cinématographique hommage à 2001, L'Odyssée de l'espace (réalisé par le fils de David Bowie, pour la petite histoire), que j'avais beaucoup aimé. Le pitch: Sam Bell vit depuis plus de trois ans dans la station lunaire de Selene, où il gère l’extraction de l’hélium 32, seule solution à la pénurie d’énergie sur Terre. Implanté dans sa «ferme lunaire», ce fermier du futur souffre en silence de son isolement et de la distance le séparant de sa femme, avec laquelle il communique par web-conférences. Il a pour seul compagnon un robot futé et (trop) protecteur... Jusqu’à ce que, à quelques semaines de l’échéance de son contrat, il se découvre un clone. Un film peut-être trop strangfe pour l'industrie du cinéma... Malgré deux ans de buzz sur la toile, le film est sorti au printemps 2010... directement en DVD!

Les sorties de films SF prévues ces prochains mois ? Pour l'essentiel des remakes ou suites des chefs d'œuvres passés... Preuve que l'industrie du cinéma a du mal à se renouveler dans ce registre. Il y a bien sûr Tron : Legacy, suite du cultissime Tron de... 1980. Et, pour 2012 est annoncé une réadaptation par Pierre Morel de Dune... En attendant Avatar 2 et Avatar 3...

Merci à Owni pour la reprise super bien maquettée de ce billet

jeudi 9 septembre 2010

Y a-t-il (déjà) overdose de 3D ?

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Les films en 3D seraient-ils déjà condamnés ? Ou plutôt, n'y aurait-il pas overdose de productions de films exploitant ce nouveau format ? On en parle plus que jamais, à tel point qu'il commence à envahir les écrans télé, potentiellement les joujoux high-tech qui pourraient cartonner en ces fêtes de fin d'année. En tous cas c'est ce qu'espèrent les constructeurs, qui se démènent pour imposer leurs tous jeunes écrans télés 3D, les stars de la dernière édition de l'IFA, le salon de l'électronique de Berlin, qui fermait ses portes mercredi. Comme j'en parle longuement dans cette enquête parue dans ''Mediapart'' (en accès réservé aux abonnés, sorry).

"If you can't make it good, make it 3D"...

La 3D était aussi une des stars du dernier Comic-Con de San Diego (une convention spéciale pour fans de BD), outre-Atlantique. Mais pas tout à fait de la manière attendue: elle semble bien avoir provoqué un début de polémique à Hollywood, relayée lors de ce dernier Comic-Con.

Il y a cette image, qui circule en ce moment sur le Net, un photomontage où l'on voit des lunettes bicolores pour voir en relief, et, au-dessus en flou, ce slogan qui s'affiche: "Votre film n'est vraiment pas bon ? Faites-le en 3D". Une image parodique qui ressemble furieusement à une contre-campagne...

La 3D, pépite pour les studios

Dommage, il y a encore quelques mois, dopé par l'effet ''Avatar'', Hollywood était persuadé que le spectacle des films en 3D relancerait les entrées en salles, freinées par le home cinema et le téléchargement. Entre parenthèses, avec un bon sens du business curieusement, en cette rentrée, James Cameron a ressorti en salles Avatar 3D en une sortie de version reloaded, avec "quelques minutes inédites".

Mieux, pour les studios et les exploitants, cette pépite permettait de majorer les prix des tickets d'entrée. Seulement voilà, au Comic Con, plusieurs cinéastes se sont exprimés contre la 3D, demandant le retour du "plat", approuvés par la foule, comme le relatait le ''New York Times''| (traduction ici) , relayé par Télérama la semaine dernière.

Ce sont pourtant des représentants de la fine fleur Hollywood qui ont mené cette fronde anti-3D, raconte le NY Times: J.J. Abrams, auquel on doit 24 Heures chrono et Star Trek, Jon Favreau (Iron Man), Edgar Wright (qui vient de terminer Scott Pilgrim vs. the world, tiré d'une BD).

Prouesse technique

James Cameron a tourné son film dans les règles de l'art avec une véritable caméra à double objectif, après avoir développé avec l'ingénieur Vince Pace une gamme de caméras 3D dernier cri en haute définition, comme le raconte ce passionnant papier paru dans ''Le Figaro''. Une prouesse technique qui rend les images d'Avatar d'autant plus bluffantes (même si on peut ne pas être fan du scenar, ce qui fut mon cas ;), et préfigure le cinéma à grand spectacle de demain. Du même coup, il a consacré - et industrialisé - la 3D au cinéma.

Au vu de son succès, plusieurs studios hollywoodiens ont choisi d'adapter, dans la précipitation, en phase de post-production, leurs films déjà tournés en 2D pour une diffusion en 3D. Erreur fatale : le rendu était loin d'être le même. Exemples: Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Le Dernier Maître de l'air de M. Night Shyamalan, et Le Choc des Titans de Louis Leterrier. A la grande fureur de James Cameron, qui a brocardé ce dernier, un film en "2,5D, voire en 1,8D ".

Certains réalisateurs ont d'ailleurs dû lutter contre leurs producteurs pour ne pas se voir imposer la 3D: ce fut le cas de Christopher Nolan, avec son exigeant film fantastique Inception. Il a d'ailleurs exprimé à plusieurs reprises ses réserves pour tourner en 3D relief. Son film en 2D a (pourtant) cartonné en salles.

Passage trop rapide à la TV 3D ?

Du coup, les spectateurs vont-ils accepter d'adopter ce format encore balbutiant sur leur télé ? Le rendu 3D sur les télés est loin d'être parfait, avait un certain nombre d'imperfections. En vrac, comme me le citait @replikart dans un commentaire très détaillé à mon papier publié dans Mediapart, on a "une purge de la colorimétrie, une purge du contraste, une réduction drastique du piqué, un aplatissement des nuances/teintes, des problèmes de profondeur souvent liés à un mauvais ajustement en post-prod', des angles de vision dérisoires que les dalles TN ne font qu'empirer"... Voilà pour les imperfections techniques.

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Image Philips

Et sur la question des usages (là, c'est davantage mon rayon ;), alors que le consommateur lambda s'habitue à peine à la haute définition (HD) et au Blue-Ray, n'est-ce pas un peu tôt ? Il y a ce chiffre issu du Japon que l'on m'a cité plusieurs fois à l'IFA ("10% des utilisateurs auraient des problèmes oculaires avec la 3D")... Sans compter les nombreux astigmates, ou personnes ayant des problèmes oculaires plus complexes (une bonne part de la population mine de rien), qui ne peuvent regarder plus de 2 heures d'un programme en 3D sans avoir mal à la tête - ou, carrément, ne peuvent voir l'effet de relief inhérent à la 3D.

Un sacré saut technologique, où en plus le cerveau doit s'habituer à ce mode de vision. Il faudra voir si la 3D est entrée dans les foyers d'ici quelques années. Rendez-vous dans dix ans ;)

dimanche 7 mars 2010

La pub passe aussi à la 3D

On le sait, Avatar connaît un succès bien au-delà des espoirs de ses initiateurs, et par-là même, consacre - et légitime - la trois dimensions (3D) comme nouveau format au cinéma. Du coup, les annonceurs s'en lèchent les babine, alors qu'il y a encore un an, beaucoup diminuaient leurs investissements publicitaires - support trop cher, en période de crise, estimaient-ils alors...

Blockbusters en 3D

Là, dans la lignée d'Avatar, bon nombre d'entre eux sont bien décidés à investir la publicité en 3D, un nouveau format publicitaire à part entière. Et pour cause : plusieurs blockbusters en 3D sont attendus pour cette année, que ce soient Alice au pays des merveilles revu à la sauce trash de Tim Burton, Shrek 3, Resident Evil, Harry Potter 7... Les petits frenchies ne sont pas en reste : le premier long métrage en relief made in France, dont la sortie est prévue pour 2011, est un film d’animation adapté du thriller de Bernard Lenteric, La nuit des enfants rois, produit par Fidélité et Onyx Films. Le film a été remarqué par les Américains de la Warner, qui devrait offrir au film une carrière internationale.

D'ailleurs, plusieurs start-ups françaises se positionnent sur ce nouveau créneau, telle 3DLized, maison de production de films en 3D : elle s'était fait remarquer avec Fitou, un petit bonhomme bleu qui tire la langue tout en guidant les spectateurs pour qu'ils s'approprient leurs lunettes en 3D - et est déjà connu des millions de Français qui ont vu le film de James Cameron (14 millions d'entrées à ce jour). Le même personnage - guide en 3D accompagnera les spectateurs pour les autres films (ou dessins animés) que je cite plus haut. Joli coup de pub pour la jeune pousse française...

Les marques dans l'urgence

Les marques avaient loupé le coche Avatar (où les publicités en 3D était très rares - je n'en n'avais pas vu pour ma part, contrairement à Greg qui soupçonnait déjà l'avenir prometteur de ce format publicitaire. Une des rares qui avait anticipé était Haribo, qui avait proposé, avec KR Media, le premier spot publicitaire en 3D sur les écrans français, dès l'été 2009. On y voit des nounours et autres fraises Tagada flotter et tourner autour des spectateurs. Publicité troublante, tellement réaliste : on est presque tenté d'essayer de saisir les bonbons avec les mains. D'ailleurs, la marque de confiserie a limité la pub à quelques secondes... pour ne pas provoquer de nausées. En tous cas, la marque a réussi à fédérer une nouvelle communauté de fans : le groupe Facebook (apparemment né de l'initiative de spectateurs) dédié à cette pub compte 29 400 fans.

La pub Haribo en 3D - A voir avec les lunettes appropriées...

Les autres marques, que ce soient dans les jeux vidéos, les jouets, la confiserie, ou le luxe, se préparent en quatrième vitesse. Dans l'urgence. Et nul doute que les annonceurs habitués aux écrans de cinémas vont devoir eux aussi s'adapter à cette nouvelle donne 3D, pour "en être" eux aussi, alors qu'à Hollywood, quelques dizaines de productions en 3D sont programmées pour cette année. Et que quelques régies publicitaires cinéma commencent à monter des offres tarifaires sur mesure, incluant des pubs en 3D.

Quand même bien même, certes, la 3D reste loin derrière la diffusion 2D dans les salles de cinéma. Parce que cela reste adapté à un nombre restreint de films (dessins animés, films de science-fiction, à grand spectacle...), et parce que cela coûte cher aux distributeurs. Il n'empêche, le réseau de cinémas UGC, un des derniers refuzniks à la 3D (aucune de ses salles n'a diffusé Avatar en 3D) a plié à son tour, et a annoncé il y a quelques jours que les 600 salles du réseau passeront au tout numérique, d'ici 3 ans, grâce au partenariat signé avec Ymagis. Coût : de 30 à 40 millions d'euros. Déjà une quinzaine de salles sont censées être équipées d'ici le 24 mars.

Vers la pub 3D... à la télé

Un enjeu se profile, à moyen terme, derrière ce nouvel engouement : la pub 3D... à la télé. Même si, là, on est sur une logique de moyen terme : les marques de constructeurs sont dans une logique de "pré-lancement", mais il n'est pas sûr que les écrans télé en 3D vont devenir un produit grand public, encore moins à court terme - autrement dit, qu'une majorité de consommateurs vont choisir la technologie 3D pour leur prochain écran - sachant que le renouvellement de matériel tech "lourd" est en moyenne tous les 5 ans.

La semaine dernière, Panasonic a annoncé la commercialisation en mai de son premier téléviseur écran plat 3D, le TX-P50VT20, doté d'une diagonale de 50 pouces. Le prix : autour de 2 500 €, avec chaque paire de lunettes pour une centaine d'euros. "Les chaînes de télévision travaillent d'arrache-pied sur différents projets 3D. (...) En France, Orange, France TV et Canal + sont très avancées sur la question", confiait récemment Laurent Roussel (Panasonic France) dans 20 Minutes... Samsung lui a emboîté le pas, avec le LCD LED 9000. Et il y a fort à parier que les régies pub s'y préparent aussi.

dimanche 13 décembre 2009

La couv' de la semaine : James Cameron, "Avatar", la 3D dans le cinéma...

Cela faisait longtemps que j'avais délaissé ce rendez-vous dominical sur mon blog. J'avais gardé le sujet de la 3D dans le cinéma sous le coude depuis un certain temps, et finalement, la couv' du dernier numéro du Monde magazine m'a décidée à l'aborder sous cet angle.

Dans le Monde mag donc, on a droit à une interview-fleuve de James Cameron, qui présente son film-blockbuster-futuriste-le plus attendu avant les fêtes (rayez la mention inutile ;), "Avatar". Forcément, le film en lui-même suscite beaucoup d'attentes (que l'on mesure au nombre d'articles et sujets télé consacrés ces derniers jours) : parce que c'est le grand retour au cinéma du canadien James Cameron avec un film grand public, 12 ans après "Titanic". Parce que l'on connaît sa vision pessimiste du monde et de son évolution à venir (il n'y à qu'à voir le futur sombre qu'il nous prédit dans "Terminator" 1 et 2, l'avertissement dans "Abyss"...). Parce qu'il reste l'un des cinéastes américains "qui comptent" à Hollywood, étant coutumier de la démesure et des succès phénoménaux.

Mais aussi parce que ce réalisateur mainstream, habitué des blockbusters, s'empare, à l'occasion de la sortie d'"Avatar", film annoncé comme le plus cher de tous les temps (budget officiel : 250 millions de $), d'une des technologies les plus innovantes - et les plus incertaines - pour le cinéma de demain : la 3D. Comme je l'évoquais dans ce billet, la 3D débarqué dans la télé. Elle débarque donc aussi dans le cinéma : le film de science-fiction "Avatar" sera en effet proposé en format classique (en 2D donc), mais aussi en 3D dans les salles équipées pour diffuser dans ce format.

A ce titre, je vous invite à lire la longue interview de James Cameron : il est loin de se contenter d'assurer la promo de son film - plus besoin, la promo gargantuesque est lancée depuis longtemps. Je suis même tombée cette semaine sur ce magasin tech, à Londres, entièrement aux couleurs d'"Avatar".

Non, on y apprend que lui-même a des obsessions en termes de recherche et de cause écologiste, ce qui prend un certain relief en plein Sommet de Copenhague. Ces dernières années, il a sorti des docus à gros budget sur les fonds marins.Il avait même prévu de partir en 2000 à bord du vaisseau spatial russe Soyouz pour passer un mois à bord de la station Mir. Son prochain projet : il veut mettre en scène, pour la Nasa, la découverte de la vie sur Mars.

Après quelques films destinés à tester ce marché naissant (comme "Flying to the moon"), l'industrie du cinéma est prête à s'emparer de ce nouveau format, comme l'a notamment montré le succès du dessin animé "Là-haut" en 2009, des studios Pixar. Forcément, c'est intéressant : à priori plus attrayant pour les jeunes, et plus rentable, le billet étant vendu plus cher. Et les films en 3D seront plus difficiles à pirater sur Internet, en raison du poids des fichiers.

Si le film de James Cameron est un succès, cela donnera sans doute un coup d'accélérateur au développement de ce nouveau format. De fait, Avatar sortira la semaine prochaine en France sur 500 écrans équipés en 3D . Encore faudra-t-il que les exploitants des salles s'équipent, ce qui a un coût (50 000 à 60 000 € par salle), auquel s'ajoutent le coût des lunettes et le coût de la licence RealID. Actuellement, près de 10% des salles en France sont équipées pour, d'après Le Monde magazine.