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jeudi 21 mars 2013

Robots-tondeuses, aspirateurs, majordomes, de surveillance, et bientôt nurses... Des robots dans notre quotidien demain ?

Grands, petits, à roulettes, noir et blanc ou multicolores, blocs fonctionnels, jouets ou humanoïdes parfois très réalistes... Il n'était pas rare de croiser des robots dans les travées du salon Innorobo, qui se tient du 19 au 21 mars à Lyon. Un véritable salon dédié aux robots, ou des start-ups ou grosses entreprises, venues de Lyon, Evry, Barcelone, de Corée du Sud ou du Japon exposaient leurs derniers joujoux. Car c'est sûr, pour les professionnels de ce secteur, la robotique de services sera le point d'entrée des robots dans notre quotidien. J'en ai déjà parlé dans ce billet, ici, ou encore ici : au-delà des fantasmes alimentés par le science-fiction, c'est bel et bien un secteur économique qui émerge. On ne serait pas loin de la robolution préconisée par Bruno Bonnell, ex-médiatique patron d'Infogrames, qui a créé en 2006 Robopolis, start-up devenue une grosse entreprise de distribution de robots.

Plusieurs types de robots de services émergent: robots au service des personnes âgées, robots de surveillance, robots de présentation, robots-tondeuses, robots laveurs de vitres, robots-jouets pour enfants, et même des robots au centre de jouets éducatifs...

Robots-majordomes

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Photos Capucine Cousin - Tous droits réservés

Il y a déjà le FutureRobot de la société coréenne Furo, robot-majordome qui roule dans les travées, s'arrête automatiquement devant vous, avec cet étrange visage féminin affiché sur un écran en guise de tête. On interagit avec lui via l'écran tactile apposé sur le buste, qui permet d'y consulter directement des informations. Il est destiné aux événements, salons et musées, et pour des prestations de téléprésence.

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Autre robot-majordome, Reem, développé par la start-up barcelonaise PAL Robotics, destiné aux universités, musées et événements. Il vous parle spontanément - dans une des trente langues qu'il maîtrise - et vous propose de taper votre nom sur l'écran tactile dont il est doté. La même voix suave vous explique que, grâce à son système de reconnaissance faciale, il pourra ensuite vous reconnaître et prononcer votre nom, tout en affichant votre visage sur son écran Troublant... Plus étrange encore, ce visage à forme humanoide doté d'une paire d'yeux, où les concepteurs ont poussé le mimétisme jusqu'à y reproduire des pupilles, qui semblent vous dévisager...

Robots-tondeuses, sentinelles...

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Dans cette génération de robots de services, le géant américain iRobot, lui, mise sur les robots de services quotidiens. "Ce sont ces robots de services qui vont faire entrer les robots dans les foyers", assure Bruno Bonnell. De fait, après les Roomba, premiers robots-aspirateurs à être devenus un succès grand public, il lance en France cette année les robots-nettoyeurs de piscine, les robots-tondeuses, comme Tuscania, conçu par la start-up israélienne Robomow. On voit aussi apparaître des petits robots pour nettoyer la piscine, les gouttières, les vitres...

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Autre créneau prometteur, les petits robots de surveillance pour entreprises. Plusieurs start-ups exposaient ainsi des robots 'rondiers", munis d'une petite caméra, destinés à assurer la surveillance dans les entrepôts, comme ce mini-tank, dévoilé par la start-up barcelonaise Robotnik, ou l'e-vigilante, développé par la start-up française Eos Innovation.

Robots ludo-éducatifs, jouets

Nao

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Avec les petits Nao, on arrive là dans la catégorie des robots qui ressemblent presque à des jouets. Ne sont-ils pas (presque) émouvants, avec leur petite bouille, leurs yeux ronds ? Ils peuvent vous parler, chanter, raconter une histoire, danser... Et même conduire une voiture. C'est une des grosses start-ups françaises, Aldebaran Robotics, qui en est à l'origine. On avait beaucoup parlé d'elle au printemps dernier, lorsqu'elle avait levé 100 millions d'euros auprès d'un fonds d'investissement... japonais.

Certes, ils ne sont pas encore en vente auprès du grand public. Mais avec un prix de vente d’entrée de gamme à 3 600 euros, pourraient-ils devenir les jouets de demain ? Car ces joujoux pourront devenir de véritable robots de services avec des fonctionnalités sur mesure, grâce à la boutique d’applications, sur le modèle de l'Appstore d'Apple, qu'Aldebaran développe, avec une communauté de développeurs. On en compte déjà une centaine, dont certaines élaborées avec des entreprises dans la santé, la domotique...

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Demain, ce sont aussi les robots-jouets et robots éducatifs qui entreront dans les foyers et les écoles. Ce qu'ont bien compris les start-ups coréennes. Avec par exemple cet ensemble ludo-éducatif, les smart robots Albert, qui cumule dock pour smartphone, appstore dédié, cartes de jeu scannées par le smartphone, une nouvelle génération de livres-jeux interactifs et un stylo intelligent... La génération de demain des jouets? En tous cas, ce jeu devrait débarquer cette année en France pour 200 euros.

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Il y a aussi ces sortes de Lego version sud-coréenne, les Robotron, des packs avec briques de jouets et système électrique, qui permettent de construire soi-même ses jouets-robots, qui peuvent même danser (je vous renvoie à ma petite vidéo). Ils sont destinés aux écoles, mais sont déjà en vente dans les grandes surfaces sud-coréennes...

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Tout comme le constructeur coréen Robotis dévoilait ses robots-jouets, inspirés de l'univers des dessins animés et des mangas.

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Troublant aussi, ce robot humanoïde, né du projet européen de R&D iCub, une plateforme open source de recherche sur la robotique humanoïde et les sciences cognitives, initiée par l'Institut italien de technologies. Son visage mime les expressions d'un enfant de 3 ans. Et voir la dextérité avec laquelle il saisit une balle...

Alors bien sûr, tous ces robots ont des fonctions très précises. Pour la plupart, leur fonction, mais aussi leur apparence, leur design, les cantonne à des machines rassurantes qui remplissent une mission simple. Reste à voir si, demain, nous accepterons des robots pouvant remplir des tâches plus complexes, où ils devront être capables de comprendrais les émotions des humains et y répondre, comme une nurse ou un robot d'assistance aux personnes âgées...

dimanche 27 décembre 2009

Paro, du robot-jouet au robot-substitut

Il revêt une certaine utilité sociale,mais n'en n'est pas moins troublant, voire un rien flippant. Au hasard d'un feuilletage du Monde magazine, je suis tombée sur un papier qui parlait d'un robot "de compagnie" (comment appeler ça autrement ?) qui commence à cartonner au Japon, Paro. Si vous allez voir cette vidéo YouTube, rien d'extraordinaire : une vague peluche blanche qui ressemble à un phoque, qui émet d'étranges cris et ferme ses grands yeux noirs quand on lui demande, et peut aussi remuer la tête et les pattes. Une peluche en version améliorée, en somme. N'empêche, sur la vidéo, on entend la personne s'adresser à ce truc à poils comme à un animal de compagnie. Edifiant.

Paro, une tétine jaune dans le bec, peut aussi repérer la provenance d'une voix ou la présence d'une personne grâce à ses capteurs. Ce qui assure une certaine présence à ce robot de compagnie. C'est pourtant un chercheur très sérieux, Takanori Shibatéa, de l'Institut japonais des sciences et technologies industrielles avancées, qui l'a conçu, avec pour objectif d'assurer une présence aux personnes âgées isolées ou diminuées. Paro commence du coup à se tailler un petit succès au Japon, pays du monde ayant la plus grande proportion de plus de 65 ans. Problème : ces robots deviennent de véritables substituts affectifs pour des personnes isolées. Ca me rappelle un reportage d'Envoyé spécial assez flippant, où l'on voyait un couple de Japonais âgés ayant adopté un robot ressemblant à une petit fille, qu'ils traitaient comme telle.

Le robot comme substitut affectif, dérive possible de l'émergence de la robotique dans la vie de demain ? Il y a quelques temps, je parlais dans ce billet-là et celui-ci (avec les love dolls) des robots capables de mimer les émotions,

La robotique sera peut-être la révolution technologique d'après-demain, dans le sens où les robots entreront dans la vie quotidienne du tout-venant par les robots ménagers, ainsi que par les robots de services à la personne, notamment pour l'assistance aux personnes âgées ou handicapées. C'est d'ailleurs ce qu'imagine Bruno Bonnell, ex- dirigeant d'Infogrames, maintenant à la tête de sa nouvelle start-up, Robopolis, et qui croit dur comme fer à l'émergence de la "robolution", à laquelle il consacre un livre, annoncé pour courant 2010. Il y a quelques semaines, il présentait à la presse ses projets en la matière : je l'aborde dans un article à paraître dans L'Entreprise de janvier, mais comme l'indique dans ce très bon billet mon confrère Jean-Christophe Féraud, pour lui, c'est certain, le robot entrera dans le quotidien de tout un chacun par les robots ménagers (comme l'iRobot), puis les robots d'assistance aux personnes âgées etc. Et c'est déjà le cas au Japon, avec les robots Asimo ou Ri-Man.

Ça tombe bien, alors que les personnes médicalisées à domicile seront de plus en plus nombreuses, les robots pourront assurer leurs soins. Et justement, les coûts de production - et donc de vente- de robots baissent, y compris pour les robots-jouets, tels le chien Mio. Mais on peut craindre un accompagnement déshumanisé des personnes âgées ou handicapées avec des robots ou, pire, un attachement affectif cache-misère par des personnes seules, comme le laisse craindre un Paro.