Des journalistes (presque) embedded en prisons
Par Capucine Cousin le lundi 12 octobre 2009, 08:21 - Journalisme - Lien permanent
Info intéressante dans la dernière édition du mag "Médias" hier midi sur La cinquième. Où l'on a appris que le ministère de la Justice, en plein débat sur les conditions de vie des détenus en France et sur d'éventuelles réformes de l'incarcération en France, souhaitait "reprendre en main la communication de l'administration pénitentiaire". L'idée étant notamment d'éviter la diffusion de reportages télé, avec des images parfois tournées en caméra cachée, donnant à voir les conditions parfois plus que discutables dans lesquelles vivent les prisonniers en France.
Pour cela, Michèle Alliot-Marie, depuis son arrivée au ministère de la Justice, a réfléchi à une nouvelle forme d'"encadrement" des journalistes, généralistes ou spécialisés dans l'actu judiciaire : il pourront bénéficier de "stages d'immersion en prison". Vous avez bien lu.
Concrètement, ils pourront passer plusieurs jours dans une prison, donc "immergés" à plein temps... Déjà une cinquantaine de journalistes se seraient inscrits pour bénéficier de cette sorte de "stage".
Cela me rappelle ces journalistes "embedded", expression que l'on a vu apparaître aux US avec la guerre en Irak, puis, lors des élections présidentielles, avec des photographes et des journalistes politiques qui suivaient à plein temps tel ou tel candidat, étant de facto "embedded" lors de leurs déplacements, au sein de leur staff...
Est-ce une nouvelle forme de journalisme, qui permet de couvrir un sujet au plus près, à plein temps ? Ou n'est-ce pas une manière pour les pouvoir publics de contrôler ce que le journaliste pourra voir - ou pas - de tel ou tel sujet en lui entrouvrant plus ou moins la porte ?
A voir... Concrètement, le milieu carcéral est difficile d'accès pour les journalistes qui veulent y faire des reportages, entre autres à cause d'une administration extrêmement lourde, avec des délais très longs pour obtenir une accréditation, et un lourd encadrement.
Ces 'stages' sont aussi, pour le ministère, une manière de préparer le terrain pour la campagne de prévention qu'il prépare, relayée déjà par ce site, bientôt par un livre...