Y a-t-il de la place pour un Wired en France ?

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"Wired" US, octobre 2012

Le projet d'un Wired en version française a bien été dans la balance chez le groupe Conde Nast, face au projet Vanity Fair français jusque juin 2011... Mais le groupe y a renoncé, pour cause de lectorat potentiel insuffisant (20 à 25 000 lecteurs par numéro), selon des études de marché qu'il a réalisées. Voilà ce que nous a confirmé Xavier Romatet, patron de Conde Nast France, croisé samedi à la soirée Glamour. Dommage pour les geeks, même si un Vanity Fair en VF, qui sera chapeauté par Michel Denisot, et Anne Boulay rédactrice en chef, est évidemment un des projets de presse les plus excitants pour l'année 2013.

On savait que le groupe avait hésité entre les deux, avant de trancher, mais pas que cela avait duré aussi longtemps... En tous cas, c'est l'éternel fantasme des geeks, de voir le mythique magazine techno-utopiste débarquer en France, tout comme il a déjà été lancé en Grande-Bretagne en 2009 en Italie en Europe. Cela pose encore une fois la question: y a-t-il (encore) un marché, un lectorat potentiel en France pour un tel magazine ? Car 25 000 lecteurs, c'est peu... J'en avais déjà parlé dans ce billet, plusieurs mooks et magazines ont pris la relève pour couvrir les technologies et l'innovation, de Tank à Usbek & Rica, en passant par WE Demain.

On se souvient des tentatives au début des années 2000, de magazines techno-prospectifs, avec une dose d'utopie, comme Transfert et Futur(e)s, et avec une dose d'éco chez Newbiz. Tous ont finalement mis la clé sous la porte (il y a 10 ans, déjà !), après l'explosion de la bulle de la Net-économie, qui impliquait qu'il y avait moins d'annonceurs pour ce type de journaux... Et moins de lectorat, parce que les technologies avaient perdu l'attrait de la nouveauté. Pourtant, ces journaux ont innové, y compris avec des maquettes bluffantes - souvenez-vous de Newbiz et ses mots-clés surlignés.. Rien que pour le fun, je vous ai remis des extraits de Futur(e)s et Newbiz (avec un article alors signé par ma pomme ;).

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Un peu de presse vintage de 2002...

Des techs et de l’innovation sous forme d'un magazine en France : c'est risqué en effet, alors que les blogs, sites spécialisés et newsletters prolifèrent sur le sujet, et que les mooks et magazines haut de gamme permettent aux éditeurs de s'offrir des maquettes bluffantes sur le sujet... D'autant que ce thème a conquis, au fil des années, les pages éco des news grand public.

Tout juste Conde Nast France avait-il lancé un ballon d'essai l'an dernier en lançant un supplément Wired ajouté au GQ daté de décembre 2011, en print et sur son site Web, comme j'en parlais dans ce billet. Et d'après mes informations, ce serait de nouveau le cas cette année (du moins sur le site Web de GQ)...

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Mais c'est surtout au niveau de la presse quotidienne que la mue est la plus intéressante. Lointains successeurs aux cahiers tech du début des années 2000 (rappelez-vous Le Monde Interactif, Les Echos.net, devenu Echos Innovation, pour lequel j'ai longtemps pigé, etc), des pages spécialisées sont réapparues depuis ces derniers mois dans quelques quotidiens: notamment Le Monde, avec son cahier "Sciences et techno" dans son édition du samedi, et dans une certaine mesure, son cahier "Eco & entreprise" du mardi, qui aborde les thèmse de l'innovation. Libération vient aussi lui aussi de remettre le sujet au goût du jour, en publiant le lundi un cahier de 8 pages, intitulé "EcoFutur", qui aborde l'économie de l'innovation : testé en mensuel ce printemps, il est hebdo depuis la rentrée.