Vous avez remarqué ? Depuis quelques mois, on assiste au grand retour de T-shirts à l'effigie de groupes de musique, de préférence rock'n roll, vintage labellisés 70's, et parfois bien trash. Cela va de pair, certes, avec le retour de 'vrai' rock alternatif depuis le début des années 2000, initié avec des groupes tels que les Libertines ou les Strokes, et poursuivi avec des 'baby rockers' tels que les Arctic Monkeys. Avec dans la lignée la renaissance de groupes de rock dans les lycées, qui aboutissent parfois à des groupes (comme les Plasticines) - il y a quelques années, Philippe Manoeuvre organisait d'ailleurs des 'rock'n roll Fridays' au Triptyque, pour permettre à ces rockers en herbe de se tester devant un public. Cette vogue rock se traduit par le retour du vinyle dans un marché de niche (j'y reviendrai très bientôt), la bonne santé des concerts (au détriment des ventes de disques, comme on le sait), e, par la grâce du téléchargement musical, les ados se remettent à écouter les mêmes classiques que leurs parents, des Doors aux Beatles.
On voit de plus en plus de trentenaires ou d'ados porter des T-Shirts à l'effigie de groupes tels que les Clash, les Who ou, plus pointu, les New York dolls ou les Ramones. Une manière pour les porteurs de ces T-Shirts de revendiquer, d'afficher ces références culturelles comme étant leurs, et bien sûr un mode de pensée et une culture - le rock'n roll (et la liberté qui va avec). Plus profondément, je trouve cela passionnant de voir des ados afficher des références culturelles à priori anciennes. Même si, certes, cela se rattache à la vogue du look 'rock' qui rejaillit d'autant plus cet automne dans la presse féminine, avec le retour du cuir dans les fringues, du strass etc.
En tous cas, côté business, les marques de textile l'ont bien compris. Je me souviens avoir vu chez H&M, l'année dernière, des T-shirts pour ados à l'effigie de Blondie, et des Ramones. Imaginez : il y a quelques années, ce groupe était quasi-inconnu des ados. D'ailleurs, c'était un des groupes les plus trash des 70', dont certains membres se prostituaient, me racontait il y a quelques jours un ami mélomane averti. Littéralement, sexe, drogue et rock'n roll... Au passage, du point de vue business, je me demande comment H&M, spécialisé dans la fringue low-cost, a pu s'offrir le droit de licence des Ramones (du le prix a, certes, sans doute baissé en quelques décennies).
Les marques bobos (et chères ;) se sont aussi emparées de ce business lucratif de la fringue rock. Tel Zadig&Voltaire, qui a des pulls (en cachemire - so chic !) en hommage aux mythes du rock, arborant en lettres strassées les noms d'Elvis, Mick Jagger ou Patty Smith.
Dans le sens inverse, on voit parfois des marques solliciter des groupes poru qu'ils créent leurs propres T-shirts à leur effigie. Début 2008, Daft Punk créait un tT-shirt pour le concert "Playboy Rock the Rabbit Series", organisé par le magazine Playboy.Déjà Hot Chip, Iggy Pop, Duran Duran, The Shins, Jamie T et Tokyo Police Club avaient fait de même, ces T-shirts étant ensuite vendus aux Etats-Unis chez Bloomingdales et sur Shopthebunny.com. Là, certes, c'était pour la bonne cause, les recettes étant reversées à l’association Rock The Vote, dédiée à l’insertion des jeunes dans la vie politique.
Du coup, les groupes (ou leurs ayants-droits) tentent de se réapproprier ce business juteux, en l'adossant à leur politique de merchandising. Pour des fans ou simple addicts de jolis T-shirts parfois prêts à mettre cher dans un simple T-shirt. La semaine dernière, j'étais à un des concerts parisiens des Pixies, à l'occasion de la tournée qu'il organise pour les 20 ans de son album 'Doolitle'. Le p'tit T-shirt proposé dans la boutique idoine m'a tout de même coûté 25 €...
En butinant sur la Toile, je me suis aperçue que le T-shirt des Ramones (dudit groupe un temps sur des T-shirts H&M, donc...) était proposé jusque 45€ sur le site de la boutique officielle... et tout juste quelques euros ou £ sur des sites de ventes aux enchères. Preuve que la contrefaçon doit sévir assez largement dans ce secteur aussi.