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samedi 28 juillet 2007

"Affaire" Pfizer - suite - les choses se corsent

J'en parlais début juin dans ce billet, le géa&nt de l'industrie pharma Pfizer est accusé par le gouvernement nigérian d'avoir testé un de ses médicaments, avant sa commercialisation, sur des enfants nigérians. 200 en seraient morts, selon un schéma qui rappelle étrangement celui de "The constant gardener".

"Le Monde" revient longuement sur cette affaire dans cet article, où l'on apprend plusieurs éléments :

  • Lorsque l'équipe de Pfizer arrive au Nigéria en 1996, c'est dans un climat d'urgence, où le pays est ravagé par une terrible épidémie de méningite, maladie rapidement mortelle. Avec un médicament à tester, le Trovan. Et l'équipe est accompagnée d'un professeur nigérian mandaté par le gouvernement. "il utilisait de aiguilles ordinaires pour faire des ponctions lombaires à des enfants", souligne dans ce papier Evariste Lodi, un médecin belge de l'ONG Médecins sans frontières.
  • décembre 2000: plusieurs journaux commencent er les décès d'enfants souffrant de méningite, et ayant testé le Trovan.
  • Depuis, en Europe, le Trovan n'a jamais été autorisé, son usage a été très restreint aux US en 1999, étant associé "à de sévères affections du foie et des décès".
  • Le déclencheur du procès actuel : un document officiel nigérien resté dans les tiroirs jusque 1996, jusqu'à sa publication dans le "Washington Post ". Accablant, un panel de médecins y concluait que Pfizer n'avait obtenu d'accord ni dse familles,ni du Nigeria... Et, cerise sur le gâteau, qu'un médecin nigérien avait rédigé une lettre antidatée "certifiant que l'expérimentation du Trovan avait été approuvée par un comité d'éthique".

=> Le gouvernement nigérien, à l'origine des dernières plaintes en date, semble difficilement totalement innocent dans cette affaire. Corruption, mauvaise foi... voire une collusion, à un certain moment, avec Pfizer?

La Cour Suprême du Nigeria devait examiner, le 20 juillet, cette plainte déposée par l'Etat de Keno, puis le Nigeria même, contre le n°1 mondial de l'industrie pharma, où il réclame 7 milliards de dollars de dommages-intérêts. Finalement, le 20 juillet, Le gouvernement du Nigeria a renouvelé et modulé sa plainte, réclamant 6,5 milliards de dollars de dédommagements. Il avait été débouté le 26 juin dernier, alors qu'il souhaitait amender sa plainte pour expliquer le temps écoulé - onze années - entre les faits et son recours en justice. A suivre, donc...

vendredi 1 juin 2007

Pfizer aurait testé un prototype de médicament sur des enfants malades au Nigeria

Un labo pharmaceutique épinglé pour avoir testé le prototype d'un de ses médicaments sur une population africaine, à laquelle elle administrait ce "médicament" à titre "humanitaire" : ça ne vous rappelle rien ? C'était la trame de l'excellent film The constant gardener.

Or la réalité vient de rattraper la fiction. Déjà "The constant gardener" , adapté d'un roman de John Le Carré, était basé sur des faits réels, comme il souvent de mise avec Le Carré, connu pour ses thrillers extrêmement documentés.

Or, le Nigéria attaque le labo US Pfizer pour avoir testé en 1996 un antibiotique... sur des enfants nigériens, alors atteints par une épidémie de méningite, qui sévissait alors en Afrique. 5 malades sont décédés après avoir reçu du Trovan, l'antibiotique alors testé par Pfizer. Révélée par cet article du Washington Post, l'affaire vient de rebondir suite à une plainte déposée par l'Etat du Nigéria - une plainte antérieure, déposée par les familles nigériennes avec un cabinet d'avocats new-yorkais, s'était enlisée.

Le procès, qui devra trancher sur des questions d'ordre éthique, mais aussi sur le rôle du Trovan dans les décès - dans un autre groupe de jeunes malades, suivant un traitement classique, 6 personnes étaient décédées - alors que Pfizer n'a pas obtenu son agrément en Europe, et ne l'a eue que de façon très restrictive aux US, pour lancer le Trovan.

lundi 14 mai 2007

Disease mongering, des maladies sur ordonnance

(Encore) un peu d'autopromo, j'ai publié dernièrement dans le bimensuel éco "Terra Economica" (un journal un peu alter qui gagne à être connu, allez faire un tour sur leur site...), dans l'édition du 26 avril, article sur le "disease mongering", ces pathologies plus ou moins créées ou gonflées par les labos pharmaceutiques.

Inutile de vous dire que le sujet est difficile à aborder sans exagérer le phénomène... Article consultable , sur abonnement.

Pour résumer : un des précédents les plus connus date d'automne 2001, où en plein traumatisme post-11 septembre, le laboratoire pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) annonce des « millions d’Américains » souffriraient de « troubles d’angoisse sociale ». Epidémie ? Non, stratégie marketing. C’est Cohn & Wolfe, l’agence de relations publiques du laboratoire, qui tire les ficelles. Pour doper les ventes d’un antidépresseur du nom de Paxil, laminé par son concurrent mondialement connu : le Prozac. Et l’agence Cohn & Wolfe casse les habitudes de la profession. Plutôt que vanter son médicament, elle opte pour une campagne « d’information » à destination du grand public et des médias. Cohn & Wolfe va créer et « vendre » à l’opinion un trouble mental calibré pour les propriétés du Paxil. ..

Le « disease mongering » consiste donc à « construire » une maladie pour vendre des médicaments. Calvitie, problèmes d’érection masculine, dysfonction sexuelle féminine, hyperactivité de l’enfant, dépression : ces syndromes, authentiques mais complexes à définir et à quantifier, sont montés en épingle par l’industrie pharmaceutique nord-américaine.

En fait, le phénomène s’est accéléré en partie grâce à la réglementation sur le « direct to consumer advertising », par laquelle les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande autorisent la publicité grand public pour des médicaments sur prescription.

En Europe, on peut citer la start-up Neorphys, qui brevete depuis septembre 2005 des molécules de médicaments du bien-être, destinés à « rendre la vie plus agréable plutôt que de soigner », ou Pelvipharm, prestataire de recherches pour des laboratoires, qui planche aussi sur les troubles sexuels féminins, un « domaine médical presque vide », estime le professeur François Giuliano, son directeur scientifique.

Voir à ce sujet le site dédié, monté par des chercheurs, et l'édition spéciale de la revue PLoS Medicine.