Une "comédie romantique" en version 2011 avec des néo-yuppies qui baignent dans la technologie - et l'omniprésence des marques : ce pitch de Sexe entre amis, sur les écrans depuis 10 jours, justifiait en soi que je parle ici de ce film, un des succès attendus au box-office.
Au premier degré, il reflète la conception qu'a désormais Hollywood des comédies romantiques. Plus de prince charmant classique ici, ni même de mari rêvé ou d'amant, il est remplacé par le "sex friend" ou "fuck buddie", le bon pote - amant occasionnel dans une situation réaliste assumée et encadrée par les deux parties.
Le prince charmant remplacé par le "sex friend"
Plus tôt dans cette année, Sex Friends mettait en scène Natalie Portman et Ashton Kutcher dans une intrigue similaire, tout comme dans Love & autres drogues ou encore Mes meilleures amies. La question qui taraude le spectateur n'est plus "Vont-il coucher ensemble?", mais "Vont-ils se mettre en couple?". En clair, "Hollywood semble avoir troqué le mythe du prince charmant contre le cliché du “sex friend", comme le résume Diane Lisarelli dans Les Inrocks, qui m'a devancée avec ce papier.
En tous cas, ce film emprunte à outrance certains codes des blockbusters: esprit de compétition des protagonistes, mère de l'héroïne déjantée tendance cougar, patriotisme à peine voilé, sans compter des placements de produits à outrance (j'y reviendrai).
Comédies sentimentales ringardisées
Ce qui est amusant est que ce film bat joyeusement en brèche les "anciennes" comédies sentimentales, reléguées au rang d'antiquités. Au début, à quelques secondes avant sa scène de rupture, un des personnages cite Pretty Woman comme son film-culte: la référence en comédie romantique hollywoodienne des année 90, où une Cendrillon prostituée sera sauvée par un prince charmant milliardaire - ça tombe bien.
Dans Sexe entre amis, Mila Kunis l'affirme, “Je ne crois pas au cliché hollywoodien du grand amour”. Dans une séquence - assez cliché - des deux potes qui regardent une vieille comédie romantique en buvant une bière, Justin Timberlake se moque de la musique de fin de film, "vouée à nous satisfaire avec une happy end censée rattraper la médiocrité du film". Le genre de scène que l'on retrouve souvent dans les séries TV américaines, comme dans "Beverly Hills 90210", où Kelly et Brandon visionnent (en bons potes) Casablanca - la quintessence du drame romantique avec une femme fatale pour héroïne.
Néo-yuppies surconnectés
Autre aspect que j'ai trouvé passionnant, la photographie de notre génération (génération Y ?) qu'il offre, forcément en version plus glamour. Nos deux "sex friends" sont des néo-yuppies des années 2010: ils ont des jobs branchés (lui devient directeur artistique pour le magazine GQ - magnifique placement de produit dans le film au passage ;), des apparts immenses (la crise immobilière ne semble pas exister à New York)...
Surtout, ils sont surconnectés, et donnent l'impression de passer d'écran en écran, entre smartphones, téléviseur, écran de PC et tablette. Ce que reflète le montage du film, très rapide, où l'on a l'impression de zapper d'une séquence à une autre. Justin Timberlake visualise les pages du prochain numéro de GQ sur écran (Sony) ou sur iPad (Apple), réserve expressément des billets d'avions pour son amis (sur smartphone Sony Xperia), elle assure son job de chasseuse de tête en négociant avec ses clients par visioconférences... Sans compter les échanges de SMS sur mobiles. Sony a lui aussi droit à de maaagnifiques placements de produits (toute une galerie). Même le générique de fin se veut un clin d'œil à notre génération surconnectée: il défile de gauche à droite, par glissement des écrans, que des doigts font glisser ou agrandissent, comme sur un iPhone ou un iPad...