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dimanche 14 septembre 2008

Mexican marketing (4) : l'église de Santo Domingo et ses SMS surtaxés

On repart sur le marketing mexicain, avec cette fois un exemple assez marrant d'une tentative très high tech de la part de l'Eglise mexicaine.

Les Mexicains ont un rapport assez complexe avec la religion catholique - pour mémoire, implantée de force par les conquistadors espagnols, qui ne se sont pas privés de construire nombre d'églises avec des pierres des temps mayas qu'ils avaient anéantis auparavant... Du coup, on observe aujourd'hui dans leurs pratiques religieuses un mélange de ferveur et de paganisme, peut-être un lointain héritage des mayas.... Sachant qu'au moins 85% des Mexicains sont catholiques, tandis que l'évangélisme gagne du terrain, tout comme aux US et au Brésil.

L'exemple de la Santa Catarina, une sorte de divinité trash (un squelette revêtu d'atours féminins), adorée des plus modestes et des voleurs paraît-il, montre ce rapport assez étrange à la religion... Bref, voilà pour le petit aperçu sociologico-religieux :)

santa Catarina Photo C. C.

Or, qu'ai-je découvert à San Cristobal de Las Casas ? Comme beaucoup de villes mexicaines, elle regorge d'églises et cathédrales magnifiques, qui attirent les touristes. Pour l'église Santo Domingo, à la place du traditionnel panneau explicatif sur l'histoire de l'église, on a découvert... une liste de numéros que l'on nous invité à composer pour obtenir un SMS pour avoir des infos sur l'histoire, l'architecture, ou encore les légendes entourant cette église ! Le SMS est surtaxé cela va sans dire. C"est bien la première fois que je découvre cette tentative de marketing direct développée par une autorité religieuse ;)

SMS église

lundi 8 septembre 2008

Mexican marketing (3) - de la toxicité de la culture nord-américaine

Nouveau volet pour ma série de billets sur le marketing au Mexique... Bon, je la joue un peu provoc' en parlant de la toxicité de la culture US ;) En fait, il n'y a pas très longtemps, je discutais justement avec une amie, en me demandant si j'étais atteinte d'anti-américanisme primaire (comme on le reproche souvent aux Français)...

Mais de fait, un phénomène saute aux yeux dans les modes de consommation de la population mexicaine : ils évoluent de plus en plus vers un mode de consommation à l'américaine, que ce soit pour le cinéma ou pour la bouffe... Et en la matière, la situation est préoccupante : j'en parlais dans ce billet avant les vacances, un tiers de la population américaine est atteinte d'obésité...Or, le Mexique atteint le même chiffre, avec près de la moitié de la population atteinte d'obésité ou de surpoids ! Ce qui est dû à la fois à la malnutrition (la junk food étant bon marche...) et à la popularité de la bouffe américaine, surtout chez les jeunes mexicains. Tout le problème est qu'avec l'apparition d'une junk food très bon marché ces dernières années, la disponibilité accrue de nourriture à des prix inférieurs signifie que les pauvres ont accès à une alimentation plus riche. Si l'élite peut choisir d'adopter un style de vie sain, moins de choix alimentaires s'offrent aux pauvres qui ont un accès plus limité à l'éducation à la nutrition.

Autre phénomène, à Mexico, j'ai remarqué avec surprise que les mexicains qui nous hébergeaient (représentatifs des jeunes classes moyennes supérieures nous emmenaient non pas dans des brasseries typiques, mais dans des sortes de fast-foods servant à la fois des burgers et des tortillas - paradoxe. Des fast-foods très souvent filiales du géant US Wallmart.

Les pouvoirs publics mexicains ont commencé à monter des politiques de santés publiques, avec notamment des insertions de sortes de messages sanitaires dans les pubs TV pour certains aliments, l'insertion de menus "lights" dans certains fast-foods... Mais cela reste encore léger.

mardi 26 août 2008

Mexican marketing (2) - la guerilla marketing pro-Marcos dans le Chiapas

Le marketing peut aussi avoir une teneur politique, fût-il révolutionnaire. Deuxième volet de ma série sur le mexican marketing donc, avec cette fois un focus sur comment est entretenue une certaine ferveur autour du Commandant Marcos. Un grand merci à Anne Daubrée, qui a sillonné le Mexique avec moi, pour donner sa patte à ce billet, et pour ses photos.

Pour mémoire, Marcos incarne le mouvement des "sans-terre", dans la lignée du zapatisme, ces nombreux paysans (souvent pauvres) de la région du Chiapas (sud-est du Mexique) qui veulent récupérer leurs terres, souvent réquisitionnées par des gros propriétaires. Le mouvement a connu son apogée en 1994, avec des affrontements entre les forces militaires et les zapatistes de l'EZLN (Ejercito Zapatista de Liberacion Nacional), mené par un homme masqué, le sous-commandant Marcos, dans la ville de San Cristobal de Las Casas. Le mouvement avait alors été relayé en Europe, par des artistes comme Noir Désir, par José Bové, ou encore le photojournaliste Sebastiao Salgado.

La "mémoire" du commandant Marcos (réfugié avec ses troupes dans les forêts du Chiapas) est toujours vive à San Cristobal, comme nous l'avons constaté. Avec de véritables outils de guerilla marketing déployés dans les rues. Comme le montrent les photos d'Anne, cartes postales, T shirts à la gloire du commandant, et même poupées de lui sur son cheval, prolifèrent sur les marchés, pour le plus grand plaisir des touristes. On trouve même en centre-ville, en face du Burger King, un café très branché, "La Revolucion" à la déco explicite... Et, dans les librairies, les biographies du commandant Marcos et les DVD sur la révolution cubaine jouxtent les livres sur la civilisation maya.

Du véritable marketing de rue donc. Est-il structuré ou artisanal ? A-t-il l'aval des troupes de Marcos ? Et de la mairie ?...

Mexiq mktg Marcos 1

Mexiq mktg Marcos 2

Mexiq mktg Marcos 3

Mexiq mktg Marcos 4

Photos Anne Daubrée - Tous droits réservés

lundi 25 août 2008

Mexican marketing (1) - le wait marketing au Mexique

De retour après la traditionnelle pause estivale, pour rester un peu en vacances, je vais vous proposer un peu d'évasion ces prochains jours avec une série dédiée à certaines pratiques marketing que j'ai remarqué cet été en sillonnant le Mexique.

L'idée m'a semblé intéressante, car j'ai relevé plusieurs formes de marketing - et donc de consommation - particulièrement innovantes lors de mon voyage. Le Mexique est frontalier des Etats-Unis, du coup, la population adopte certaines habitudes de consommation US, voire, pour les jeunes générations, assume totalement sa conversation à la consommation US - avec des effets pervers, j'y reviendrai.

Premier phénomène marquant, ici, les annonceurs peuvent s'appuyer sur de nombreux outils permettant le wait marketing - ou comment faire de la pub auprès des clients en train d'attendre, comme je l'évoquais dans ces billets.

De fait, le Mexique est un pays immense, où les gens circulent beaucoup par bus, lui-même un formidable relais publicitaire. Alors que le réseau ferroviaire y est peu développé, et que beaucoup de Mexicains ne possèdent pas de voitures pour faire de gros trajets. Toute salle d'attente dans une station de bus comporte ainsi des écrans télé, qui diffusent essentiellement des clips, et des pubs pour des annonceurs locaux ou nationaux, comme ici à Villahermosa. Ces annonceurs sont une ressource inespérée pour les quelques compagnies de bus dits "de luxe", qui se partagent la quasi-totalité du marché. wait mktg Mexiq 1

Egalement, aperçue dans la station de bus de Campeche, cette machine un peu particulière qui permet en fait de se cirer les chaussures... en regardant un écran défilant de publicités.

wait mktg Mexiq 2

Photos C. C. Reproduction interdite sans autorisation

Les bus en eux-mêmes, qui assurent les liaisons entre grandes villes, moyennant souvent plusieurs heures de trajets, sont bien sûr dotés d'écrans télé, qui diffusent télénovelas sirupeuses et films américains bas de gamme... Mais diffusent aussi, en plus des traditionnels spots publicitaires, de véritables publi-reportages. Lors de mes trajets en bus, j'ai ainsi vu plusieurs publi-reportages visiblement réalisés par la même boîte de prod (avec toujours le même présentateur) autour du concept de vacances de luxe et de design de maisons de luxe. Une profusion à laquelle seule une petite minorité de mexicains a accès - et qui n'emprunte sûrement pas ces bus...