Lointain ancêtre du casque électroencéphalographe dans "Orange
mécanique"
Une sorte de marronnier de début d'année sur ce blog,
auquel je m'étais déjà livrée l'an dernier, il y a deux ans... Je vous laisse
vérifier si mes prédictions étaient bonnes ;) Quelles sont les innovations de
rupture les plus attendues pour cette année 2013, les services et produits les
plus prometteurs, susceptibles de bouleverser le quotidien des
utilisateurs ? Il y a aussi le très bon Hype Cycle de Gartner, qui sert chaque
année de baromètre des innovations. Autres indicateurs, les projets de R&D
du moment, ou encore la grand-message high-tech qui se tient à Las Vegas début
janvier, le Consumer Electronic Show...
Je précise tout de suite que cette liste de tendances est non-exhaustive ;)
(mais vos compléments en commentaires sont tout-à-fait bienvenus). J'ai par
ailleurs choisi d'en exclure le big data (même s'il promet de révolutionner le
marketing, comme j'en parlais
dans cette enquête), le BYOD, les QR codes, ou encore la gamification
(version 2012 des serious games), des
tendances à éviter pour 2013, estimait carrément la CNBC !
Les smartphones à écrans souples
C'est un mythe, j'en parlais par exemple déjà dans ce
billet : cette fois grâce à la technologie Oled, on y est
(peut-être) ! La rumeur veut que Samsung soit sur le point de dévoiler,
lors du CES, son premier smartphone à écran souple, d'après le
Wall Street Journal.
Google plancherait lui aussi sur un tel projet. Nom de code: X
Phone, qui pourrait être lancé courant 2013, suivi par une tablette.
Avec pour objectif d'en faire un concurrent aux appareils conçus par Apple et
Samsung, d'après le
Wall Street Journal. Pour cela, Google utilisera Motorola, qu’il a acquis
mi-2012 pour 12,5 milliards de dollars (10 milliards d’euros). Sur la forme, le
X Phone comporterait un écran flexible, des formes différentes de ce qui existe
grâce à une base en céramique, donc très résistante. Sur le fond, le quotidien
rappelle que Motorola a acheté il y a deux mois Viewdle, une société qui a
développé une technologie qui allie reconnaissance des images et des
mouvements. Google devenant ainsi constructeur (stratégie certes amorcée avec
la série Nexus), il se retrouverait directement concurrent de Samsung et
d'Apple. Oups. Ce qui pourrait bouleverser le paysage des télécoms, largement
contrôlé par le duo Apple - Samsung, où Google a, certes, déjà avancé ses pions
avec son OS Android.
Main artificielle commandée par la pensée, corps humain
robotisé...
Et si les interfaces hommes-machines (IHM) entraient dans
les usages ? Cela fait longtemps que la recherche s’intéresse à
l'interface cerveau-machine (ICM) , qui, par l’intermédiaire d’implants de
fines électrodes, permet de détecter les signaux électriques émis par la partie
du cerveau associée aux mouvements. Ces signaux sont transcrits en langage ou
code informatique, pour actionner la prothèse artificielle.
C'était un des grands espoirs en cette fin d'année 2012 : des
chercheurs ont mis au point un nouveau type de "bras-robot" commandé par la
pensée, qui a permis à une femme paralysée d’avoir un degré de contrôle et de
liberté de mouvements de la main artificielle jamais inégalé jusque-là avec
cette sorte de prothèses,
révélait la revue médicale britannique The Lancet. Une avancée de
taille dans le développement des prothèses de membre contrôlées par la pensée,
qui pourraient un jour équiper des patients paralysés (accidents, attaque
cérébrale…) ou amputés.
En février dernier, l’équipe de l'Université de Pittsburgh
a implanté deux réseaux de microélectrodes dans le cortex moteur gauche d’une
femme de 52 ans devenue tétraplégique à cause d’une maladie neurodégénérative.
Deux semaines après l’opération, la prothèse a été connectée et la patiente
s’est lancée dans plus de 3 mois d’entraînement (saisir des objets, etc), mais
dès le deuxième jour, elle a pu bouger la main artificielle par la pensée. À la
fin, elle a pu accomplir des tâches avec un taux de succès de 91,6 %.
Prochaines étapes : intégrer des capteurs permettant par exemple de
déceler le froid et le chaud, et recourir à une connexion sans fil, type Wi-Fi,
pour relier le cerveau à la prothèse.
Autre exemple, révélé par le New York Times il y a quelques
semaines, des marines amputés testent actuellement un bras artificiel qui
déchiffre les ordres du cerveau, développé par des ergothérapeutes avec le
Center for thé intrépide du Brook army Medical Center à San Antonio. Le
dispositif robotisé (110 000 dollars, soit 85 000 euros) comporte un moteur
électrique, et des capteurs pouvant déchiffrer les signaux de son cerveau.
Les prémisses du corps humain robotisé, "augmenté", dont j'ai déjà parlé
ici, là...
Premiers casques électroencéphalographes (EEG) grand
public
Mais les IHM pourraient aussi, bientôt, avoir des usages ludiques. On voit
apparaître les premiers casques électroencéphalographes (EEG) grand public, et
les sites de téléchargement de jeux adaptés à cette nouvelle interface (allez
jeter un œil sur cette
excellente enquête publiée par Le Monde). Les sociétés américaines
NeuroSky et Epoc commercialisent déjà des casques EEG, pour environ 150
dollars. Pour développer ce marché prometteur, elles publient même des outils
logiciels permettant aux développer des nouvelles applications, qui seront
proposées dans de futurs AppStores.
Pour jouer au jeu vidéo SpaceRace, édité par WayForward, en
lieu et place d'un joystick et d'un clavier, vous devez ainsi vous munir d'un
bonnet doté de fines électrodes, lesquelles captent les signaux cérébraux sur
une zone précise du cerveau. Le vaisseau spacial du jeu est ainsi piloté par
votre cerveau - plus précisément au gré des ondes cérébrales alpha émises par
vos neurones. Vertigineux...
Et ce n'est pas fini : le labo de recherche qui travaille à partir de
ce jeu imagine déjà des usages thérapeutiques de cette technologies, pour
soigner certaines maladies mentales : les chercheurs pourraient ainsi
rééduquer certaines zones du cerveau grâce à des exercices ludiques sur
ordinateur.
Les projets de recherches de consortiums associant labos, universités et
start-up autour de cet Eldorado potentiel que représentent les IHM et ICM se
développent déjà, de gros budgets à la clé. Je ne les citerai pas ici ;) mais
il y a entre autres un projet européen qui planche sur des robots contrôlés par
un cerveau humain, ou encore un consortium de 10 partenaires consacré au
Interfaces Cerveau-Ordinateur (ICO) et jeux vidéo.
Lentilles de contact et lunettes "augmentées"
Autre déclinaison de ce corps humain "augmenté", des
interfaces qui pourraient améliorer les capacités de notre œil. Il y a pile un
an sortait Mission Impossible 4, où l'on voyait des personnages dotés
de lentilles de contact à réalité augmentée, qui leur permettaient de voir
superposés, à une image du monde réel, des éléments virtuels (un plan, une
photo, etc). Un peu comme Terminator voyait déjà en réalité
augmentée.
C'est en train de devenir réalité ! Les chercheurs de l’Université de
Gand viennent de sortir un prototype de lentille de contact intelligente. Elle
comporte un écran LCD capable d’afficher des images (principalement du texte)
directement sur votre œil. Les précédents essais ne permettaient d'avoir qu'un
écran de... deux pixels.
Les géants Google et Microsoft, eux, conçoivent carrément des lunettes
"augmentées". En juin 2012, Google dévoilait son "Projet Glass", des lunettes
Google à réalité augmentée. Elles permettraient de prendre des photos, lancer
une visioconférence, trouver son chemin... grâce à des microphones et des
caméras intégrés aux branches et contrôlables à la voix. Google a promis de les
commercialiser en 2013 aux Etats-Unis, pour 1 500 dollars. Je vous laisse le
plaisir de mater la vidéo de la keynote, très hollywoodienne...
Le 23 novembre, on apprenait
que Microsoft avait déposé un brevet pour des lunettes à réalité augmentée. Le
brevet,
déposé en mai 2011, décrit un dispositif capable d’amener devant les yeux
de l’utilisateur des informations pertinentes et/ou complémentaires à ce qu’il
regarde déjà. Bien que l’on puisse imaginer facilement que les jeux puissent
faire partie du projet, le brevet ne parle que d’évènements "live" et donc
réels. Les lunettes seraient reliées à un mini-ordinateur qui pourrait prendre
la forme d’un bracelet. Ce dernier s’occuperait des traitements tels que
l’identification des objets, des personnes, ou le calcul des informations à
afficher. Les lunettes, elles embarqueraient une caméra, un microphone, un
gyroscope, un magnétomètre, un capteur de position des pupilles de
l’utilisateur ainsi qu’un capteur infrarouge. La connexion avec le bracelet se
ferait par Wi-Fi ou Bluetooth.
Next, Apple ?
Pour vous donner une idée de ce que sera notre quotidien demain avec ce type
d'interface visuelle, regardez ce court-métrage conçu par deux étudiants
israéliens...
...Et développement des robots "de services"
Nao, le robot humanoïde d'Aldebaran Robotics
La presse l'a évoqué courant 2012 (comme ici
et là), une poignée de grosses start-ups (dont françaises) croient dur comme
fer à l'avenir des robots "de services", ces robots humanoïdes qui entreront
dans le quotidien des familles, des personnages âgées ou handicapées, des
hôpitaux...
Robots-jouets, robots ménagers, robots dans les hôpitaux... Il y a le
distributeur de robots Robopolis, et son charismatique patron Bruno Bonnell qui
fait acte d'évangélisation sur le sujet
depuis plusieurs années... Peut-être que les "robots ménagers", tel le
Roomba d'iRobot, sont une première étape dans la banalisation des robots. Le
fait que le magazine Challenges inclue dans sa sélection de fin d'année de
produits high-tech Nao, le so cute robot humanoïde d'Aldebaran est,
aussi, loin d'être anodin. Sans compter la multiplication des expos et animations grand
public sur le sujet.
Preuve de l’industrialisation du secteur, l'impressionnante
entrée au capital du Français Aldebaran Robotics à hauteur de 80% par la banque
japonaise Softbank, en
mars dernier, lequel rachetait ensuite son
confrère Gostai... Dernière annonce en date,
en décembre dernier, l'investissement par Grishin Robotics de 250 millions
de dollars dans RobotAppStore, premier Appstore dédié aux apps pour robots, des
aspirateurs Roomba d'iRobot aux robots Nao d'Aldebaran, en passant par
l'hélicoptère AR Drone de Parrot. Comme dans l'Appstore d'Apple, les
développeurs indépendants sont invités à y commercialiser les apps et services
pour robots qu'ils ont conçues... Et comme chez Apple, ils devront reverser une
commission de 30%. Demain, aura-t-on un robot tout comme un a un smartphone et
une tablette, avec une série d'apps ?
Impression 3D, DIY
Fabriquer en quelques heures un objet à partir d’un modèle
numérique, de la science-fiction ? Ça ne vous aura pas échappé, cette
expression aussi étrange que prometteuse annonce peut-être une révolution de
demain. Exit l'imprimante à encre, demain, chacun devrait avoir avec son
ordinateur une imprimante 3D, qui permet donc d'"imprimer", ou plutôt de
concevoir, des objets en plastique (voire en métal...) en trois dimensions, en
venant déposer des fines couches de matière les unes au-dessus des autres.
Chris Anderson, un des maîtres de l'innovation, ex-rédacteur en chef du
magazine Wired, théoricien de la "long tail" (la "longue traîne", il y
a dix ans, déjà...) annonce même une nouvelle révolution, celle des "makers".
Ils pourront réaliser des objets chez eux grâce à ces imprimantes bon marché
(comptez tout de même environ 1 500 $). Le DIY (Do it yourself - Faites-le
vous-même), nouvelle révolution industrielle ?
Même une poignée de start-ups commercialisent des imprimantes 3D, telle la
Française Sculpteo, qui propose sur son app iPhone à chacun de customiser, sur
l'écran de son mobile ou de sa tablette, toute une galerie d'objets (tasse,
vase...). D'ailleurs, Bercy commence à s'intéresser de très près au sujet, et
aux premiers espaces de coworking dédiés, les Fab Labs...
Parmi les applications promises: coques de smartphones customisées,chocolats, pièces
pour la Nasa,
voiture de course,
flingues pour les obsédés de la NRA, ou même, peut-être, presser ses disques
vinyles chez soi, ou, plus enivrant encore, des organes tels qu'un
cœur humain...
Banalisation du décryptage ADN pour les particuliers
Il est toujours illégal dans la plupart des pays européens,
dont la France, mais insensiblement, le décryptage d'ADN pour les particuliers
qui se généralise, pour la recherche de paternité, de prédispositions face à
des maladies... 23AndMe (start-up fondée il y a quelques
années par Anne Wojcicki, la femme de Sergey Brin, un des cofondateurs de
Google) qui propose désormais le décryptage d'ADN pour le même prix qu'un
smartphone (99 $), a ainsi levé en décembre 50 millions de dollars - elle en
avait déjà levé 68 millions depuis son lancement en 2006. Parmi les
investisseurs, le Russe Yuri Mulner, et... Sergey Brin, ainsi que Google
Ventures, le fonds d’investissement de la firme californienne. Les deux
sociétés ont des locaux voisin. Et on imagine facilement l'intérêt que Google,
qui possède les données propres à notre identité numériques, ait un certain
intérêt pour l'activité de 23AndMe...
Objets connectés
Cela fait 10 ans que l'on en parle, mais à la faveur du
développement du wifi notamment, ils semblent réellement entrer dans les
usages, comme l'ont montré les services innovants d'une kyrielle de start-up
lors du Web'12. Tout comme les lunettes connectées, des milliers d'objets
connectés déparquent : la serrure
Lockitron commandée à distance par une appli iPhone (dévoilée au Web'12),
les
ampoules connectées par Wifi de Philips, le
frigo connecté imaginé par Evian... Ou encore, côté santé, l'Eldorado des
services du "quantified self" (l'automesure, qui consiste à
mesurer les données du quotidien perso), tels le capteur One de la start-up
Fitbit, qui qui mesure en temps réel plusieurs paramètres physiques (nombre de
pas faits dans une journée, de calories brûlées), et Withings, qui a développé
balance connectée, tensiomètre, babyphone, et apps mobiles dédiées .