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lundi 8 novembre 2021

Le dernier James Bond sur petit écran à partir de demain aux Etats-Unis - seulement 31 jours après sa sortie

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Une nouvelle brèche est ouverte, dans un monde du cinéma où la hiérarchie des réseaux de diffusion des films est de plus en plus bouleversée. Le dernier James Bond, No time to die (Mourir peut attendre), réalisé par Cary Joji Fukunaga (Beasts of No Nation) pourra être visionné à la télévision aux Etats-Unis à partir de... demain, mardi 9 novembre, soit seulement un mois après sa sortie en salles dans le monde.

Il sera disponible «à la location» pour 20 dollars (soit 17,30 euros) via les principales vitrines PVOD comme Amazon, Apple TV (iTunes), Google Play Movies, Xfinity et Vudu, ont annoncé hier soir plusieurs médias spécialisés américains, comme Deadline.

C'est là la consécration de la PVOD (Premium Video on Demand) - applicable uniquement aux Etats-Unis - qui permet de découvrir dans son salon des films sortis au cinéma trois semaines plus tôt. A partir du 9 novembre, les téléspectateurs américains pourront le louer chez eux, a confirmé MGM. Il n'a pas commenté les projets de marchés internationaux. Les studios MGM ont fait un choix radical - en quelque sorte risquer d'écourter la vie en salles de leur dernier blockbuster - alors que les studios disposent déjà, pour les Etats-Unis, d'une chronologie adaptée à leurs plateformes de streaming vidéo (SVoD), 45 jours après la sortie en salles.

Après cette sortie en PVOD, No Time to Die sera-t-il mis en ligne en SVoD sur Amazon Prime Video, qui a racheté MGM pour 8,45 milliards de dollars ?

Blockbuster de l'année

Alors évidemment, c'était pour le moins inattendu. Cela représente une fenêtre de diffusion inhabituellement courte de seulement 31 jours, pour l'un des plus grands films de l'année, sur lequel les exploitants misaient beaucoup pour faire revenir les gens en salles. Parce que c'est un film à grand spectacle, qui se prête à la diffusion sur (très) grand écran; parce que James Bond est une des marques de cinéma les plus connues au monde; avec ici sa 25ème déclinaison au cinéma; et parce que c'est le cinquième et dernier opus où l'acteur Daniel Craig incarne l'agent 007.

D'autant que en un mois, Mourir peut attendre a rapporté pour l'instant plus de 610 millions de dollars au box-office mondial, dont 136 millions de dollars aux Etats-Unis et 49 millions rien qu'en Chine à l'issue de son deuxième week-end d'exploitation. 610 millions, c'est tout de même, pour l'heure, bien moins que le 1,1 milliard de dollars rapporté par Spectre en 2012. La performance serait donc moindre qu'attendu par les studios MGM.

Il est vrai que le film a connu un parcours chaotique, le fragilisant d'emblée: sa production s'est terminée en octobre 2019, sa sortie a été retardée à plusieurs reprises par la pandémie de Covid-19, avant sa sortie mondiale ce 8 octobre.

Mais avec ce nouveau précédent, MGM consacre un des rêves des studios de cinéma - beaucoup moins pour les exploitants de salles.

On n'en est plus à cela près: après tout, le mois dernier, HBO a de son côté sorti son blockbuster de l'année, le film de SF Dune, à la fois en salles et sur sa plateforme de streaming HBO Max.

mardi 22 juin 2021

Steven Spielberg s'allie à son tour à Netflix (et pourquoi c'est historique)

netflix-et-steven-spielberg-reconcilies-et-prets-pour-de-futurs-films-.jpeg, juin 2021

Décidément, la terre tremble à Hollywood.

Netflix a annoncé lundi avoir conclu un accord avec Steven Spielberg via sa société de production Amblin Partners. Il produira plusieurs films ces prochaines années pour Netflix. Ce partenariat ne signifie pas forcément que le réalisateur va tourner lui-même des longs métrages pour Netflix, puisque l'accord concerne sa société Amblin, issue de l'union de plusieurs sociétés de productions, notamment DreamWorks Pictures. Amblin a produit, ces dernières années, 1917, réalisé par Sam Mendes, Green Book: Sur les routes du sud (Oscar du meilleur film 2020) de Peter Farelly, ou Jurassic World: Fallen Kingdom de Juan Antonio García Bayona.

Cet accord, un symbole très fort, ouvre une brèche de plus. Netflix signe dont avec une signature de plus, un enchanteur historique de l'Hollywood (d'antan ?), avec la saga Indiana Jones, ou encore E.T. Et traduit davantage l'intégration poussée de Netflix au sein de Hollywood. La firme de Los Gatos parvient donc à brouiller un peu plus les lignes entre les films en salles et les films en streaming.

Plus troublant, le communiqué publié lundi par Netflix ne précise pas si Spielberg réalisera et signera des films directement diffusés sur Netflix. Ni si les films produits par Amblin pour Netflix bénéficieraient d'une sortie en salles. Ce qui est, rappelons-le, un des points de friction continus entre Netflix et plusieurs acteurs-clé du cinéma, dont le Festival de Cannes - Netflix en sera encore absent cette année.

Spielberg pourfendeur de Netflix

Cela a aussi été, longtemps, un sujet pour Steven Spielberg, qui était assez critique du streaming, s'inquiétant notamment de la menace qu'il faisait peser sur le cinéma en salles. Un peu à la manière des organisateurs du festival de Cannes, il s'est longtemps opposé à la participation aux Oscars de sociétés - dont Netflix - qui refuseraient de sortir leurs films en compétition en salles.

Lors de la tournée de promotion de son film Ready Player One, en 2018, il avait vertement critiqué la façon dont les plateformes se contentaient de mettre certains films à l'affiche une semaine seulement, dans un nombre très limité de salles, uniquement pour leur permettre de satisfaire aux critères d'éligibilité aux Oscars.

A ses yeux, les longs métrages Netflix n'auraient pas dû «être éligibles» à une nomination aux Oscars, avait-il déclaré à la chaîne britannique ITV. «Une fois que vous vous engagez sur un format télévision, vous êtes un téléfilm», avait-il lâché. En février 2019, il avait même décidé de présenter un projet qui visait à empêcher la plateforme de pouvoir accéder aux Oscars, rapportait alors IndieWire. Il estimait alors que les films présentés par des plateformes devraient se contenter des récompenses réservées aux œuvres télévisuelles, comme les Emmy Awards.

En avril 2019, il avait rectifié le tir dans un entretien au New York Times, affirmant ne jamais avoir eu d'opposition aux plateformes.

Depuis, Steven Spielberg a réalisé pour le service Apple TV+ - un autre géant du streaming vidéo - des épisodes de la série Amazing Stories, mise en ligne en mars 2020.

Maintenant, tout va pour le mieux. Ce partenariat est «une opportunité fantastique de raconter de nouvelles histoires ensemble» avec Netflix «et de s'adresser aux spectateurs par de nouvelles voies», a déclaré Steven Spielberg, cité dans le communiqué, sortant quelque peu les violons ;)

Certes, Amblin Partners continuera à sortir des films en salles. Outre son partenariat avec Netflix, il demeure engagé contractuellement avec Universal Pictures, son partenaire historique, dans la distribution de longs métrages.

Mais quelques semaines à peine après le rachat des studios MGM pour près de 9 milliards de dollars par un Big Tech américain, Amazon, cela ouvre une brèche de plus. Alors que plusieurs salles de cinéma sont en train de fermer aux Etats-Unis. En deux ans, une pandémie mondiale aura décidément eu des ondes sismiques inimaginables.