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jeudi 12 mai 2011

La couv' de la semaine: Capital, storytelling et pipolisation économique

Capital

Il était temps que je reprenne cette rubrique, avec ce titre que vous connaissez forcément, qui incarne une certaine idée du journalisme économique. Couv' (sur)chargée aux couleurs vives, titraille et mise en page accrocheuse, et bien sûr l'inimitable ton popu qui lui donne parfois un côté café du commerce : pas de doute, vous avez bien entre les mains Capital, le titre de presse économique le plus vendu, avec une diffusion payante de plus de 320 000 exemplaires par mois (chiffres OJD). Eh oui, car l'un des fleurons du groupe Prisma Presse fête ses 20 ans ! Né à la fin des années 80, "années-fric" incarnées par Bernard Tapie, le culte de la compétition et de la gagne pour des jeunes cadres sup' qui se rêvaient en yuppies.

La naissance de ce titre n'a rien d'anecdotique. Mine de rien, tout comme son lointain cousin en télé sur M6, Capital a créé une ligne éditoriale, un ton journalistique (souvent crispant, il faut le dire). L'économie, une science ennuyeuse ? Qu'à cela ne tienne, les concepteurs de Capital ont eu l'idée, dès le début, de raconter des histoires aux lecteurs, force anecdotes : les prémices du storytelling... Quitte à y ajouter ce ton crispant à la Capital, qu'il a inventé (et repris par beaucoup), avec formules accrocheuses, formules-clichés (je vous laisse savourer ce délicieux billet de mon confrère Erwann Gaucher sur les tics de langage de Capital en télé - toi aussi fais ton reportage Capital...), et tournures de phrases trèès familières qui assurent le lecteur. Et situent Capital à la lisière du mag de divertissement.

C'était l'occasion rêvée de revenir sur ce titre ici, où je m'était déjà adonnée au plaisir du feuilletage des pouffe-mags (ici et ), alors que le mensuel économique s'est offert un sérieux lifiting pour son bithday, avec une nouvelle formule lancée en avril, accompagnée dans la foulée de sa première appli iPad payante, et le lancent imminent d'une appli mobile, dédiée aux conseils boursiers de Capital.fr.

Le nouveau Capital, donc. On remarquera déjà la couverture parfaitement adaptée à la vente en kiosques (où il ne pourra échapper à votre regard): élégante couleur de fond rose vif, titres de Une divers et variés mis en avant, avec une légère tendance alarmiste ("les acteurs trop bien payés", "pourquoi votre facture santé s'envole", le "nouveau Big Brother" Facebook..).

Le feuilletage réserve quelques surprises. Déjà, visiblement, la nouvelle formule a plu aux annonceurs, avec 39 pages de pub (ainsi que 6 pages de publi- flotte d'entreprise - un classique dans la presse éco) sur une pagination totale de 154 pages.

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Dès l'édito, François Genthial nous promet "de nouvelles rubriques plus proches de l'actualité". Et de fait: après l'interview d'ouverturedu DG d'Air France - KLM (bon, une page de photo, une page de texte...), on enchaîne sur cette maagnifique infographie "big business du Festival de Cannes"

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S'ensuit cette non moins magnifique double info-people, que l'on pourrait volontiers imaginer dans d'autres magazines ("soirées business", tout de même).

On retrouve ensuite les traditionnelles rubriques de Capital: Hommes et affaires, avec la touche hommes d'affaires peopolisés propre à Capital, tel François-Henry Pinault ("people malgré lui" depuis son mariage à l'actrice Salma Hayek, sa "coûteuse passion écolo" y sont abordés entre autres indiscrétions)

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Puis la rubrique Succès et dérapages d'entreprises. Là, agréable surprise, Capital donne de la place à l'enquête. 13 pages sur Facebook, alors que le journaliste Gilles Tanguy s'est rendu au siège de la société, à Palo Alto en Californie (un reportage que je rêve de faire...): il raconte l'ambiance de travail dans cette ruche, le management interne (il "règne sur une bande de copains", eh oui), ses rapports étroits avec les annonceurs...

Quelques prémices de format bi-média s'esquissent, avec ce prolongement vidéo ("exclusif" bien sûr) bien vu, où il a suivi Mark Zuckerberg.

S'ensuivent un long dossier sur le coût de la santé et le traditionnel comparatif des cliniques... tiens, un marronnier classique que l'on retrouve régulièrement dans certains hebdos généralistes), un portfolio ("l'économie en images"), la rubrique "révélations" (dont ces vilains comédiens cloués au pilori car "peu rentables")...

Et ensuite, une partie "Votre Capital pratique" enrichie, désormais dans un cahier entier: ces fameuses rubriques services - infos pratiques dont la presse mag raffole... C'est bien connu, les lecteurs adooorent ce côté boîte à outils. Infos carrière, droit, argent et placements, ou encore vie privée (où l'on mêle cours de cuisine et high-tech...) y sont abordés.

Bilan ? Capital reprend cette recette qui a fait son succès : quelques enquêtes et documents prestigieux (intéressante enquête sur les dérives du trading assisté par ordinateur, traduction de Wired), un peu de paillettes, et beaucoup de sujets d'actus tirés sous un angle très vendeur, voire polémique.

jeudi 5 juin 2008

Sofia et Francis Ford Coppola sous l'oeil d'Annie Leibovitz pour Louis Vuitton

Vuitton Coppola

Louis Vuitton poursuit sa saga, toujours pour gommer son image de malletier trop poussiéreux - et contrefait. Après Mikhaïl Gorbatchev, Catherine Deneuve, Steffi Graf, André Agassi et Keith Richards, Sofia et Francis Ford Coppola posent pour la dernière vague de la campagne de Louis Vuitton, montée par Ogilvy & Mather.

Clairement, Vuitton poursuit son virage dans son image de marque. Pour éviter tout côté trop bling bling, dans ses dernières campagnes, il cherche à raconter une histoire au consommateur, avec une invitation au voyage comme itinéraire personnel, comme le montrent ses derniers spots TV.

Il y a quelques semaines, il avait fait poser une icône du rock, Keith Richards, peu connu pour être un porte-marque jusqu'à présent. Le tout sous l'oeil de la photographe Annie Leibovitz . Je vous renvoie à ce sujet sur ce billet, avec une vidéo sur les coulisses du shooting, du très bon blog consacré au buzz2luxe de Stéphane Galienni, qui vient de monter son agence Balistik* Art.

Cette fois, Annie Leibovitz shoote Sofia et Francis Ford Coppola aux alentours de Buenos Aires. Storytelling toujours... "ce visuel fait des spectateurs les témoins privilégiés d’un instant rare et les invite à rentrer dans l’intimité de deux personnages au parcours personnel unique et fascinant", d'après le communiqué. L'annonce, qui porte l'accroche "Un voyage commence souvent par une belle histoire”, paraitra dans les titres internationaux à partir d'août 2008 et sera suivie d'un volet Internet.